Dans une déclaration faite le dimanche, le conseil militaire de transition refuse de négocier avec les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact) qu’il considère comme des hors-la-loi. Pour la classe politique et la société, ce refus risque de compromettre la paix et la stabilité.
L’annonce est tombée tel un coup de massue. Dans une déclaration radiodiffusée le dimanche 25 avril, le conseil militaire de transition (CMT) dit exclure toute négociation avec les « mercenaires » venues de la Libye (allusion faite au groupe rebelle du FACT). « L’heure n’est ni à la médiation ni à la négociation avec des hors-la-loi », a martelé le porte-parole du CMT, le général Azema Bermandoa Agouna. Pourtant en date du 24 avril, le chef rebelle Mahamat Mahdi Ali a déclaré sur les ondes de la Rfi, être disposé à dialoguer et à un cessez-le-feu. Ce refus de dialoguer avec ces hommes en arme pour une sortie de crise est condamné à la majorité par la classe politique.
François Djekombe, président du parti USPR, est l’un des acteurs politiques appelant le groupe rebelle du FACT à un cessez-le-feu pour l’organisation d’un dialogue inclusif. Pour lui, cette déclaration va-t’en guerre du CMT est la résultante du soutien que Paris lui apporte. « C'est une erreur stratégique », relève-t-il. Toujours selon lui, ce genre d’erreur a été à la cause du génocide au Rwanda. « Ce genre de prise de position ambiguë et de soutien aveugle qui étaient à l'origine du génocide au Rwanda en 1994, parce que les autorités en place pensent toujours sortir victorieuses de n'importe quelle guerre avec le soutien et la bénédiction de Paris », a-t-il écrit sur sa page Facebook. Il dit ne pas comprendre pourquoi les nouvelles autorités de N’Djamena se refusent à la médiation proposée par les chefs d’Etat du G5 Sahel. « Dans la mesure où nous exigeons la dissolution de la junte militaire et la mise en place d'un gouvernement d'union nationale de transition, le CMT jouit de quelle notoriété pour refuser l'offre de dialogue avec la médiation du Niger, exigeant plutôt la capture du chef du FACT? », s’est-il interrogé, toujours sur sa page Facebook. « Si le CMT veut la guerre, ''à la guerre comme à la guerre'', la majorité des Tchadiens souhaitent la paix et c'est ça le plus important », conclut-il.
L’opposant Saleh Kebzabo a aussi réagi. Il dit désapprouver cette décision qui, selon lui, est contre-productive. « On veut aller à la paix donc il faut nécessairement dialoguer et encore un cessez-le-feu », déclare-t-il. Du côté de la société civile, la réaction est aussi la même. « C’est du mépris quand les gens rejettent l’appel au dialogue », dit Max Loalngar, président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme. Il est pour lui de dire que ce groupe politico-militaire est composé des Tchadiens qui, face au refus de dialogue du régime Déby, ont pris les armes. Dans tous les cas, Max Loalngar dit exiger toujours la dissolution de ce CMT qui est illégal et illégitime.
Hormis l’exclusion du dialogue avec le groupe du FACT, le CMT appelle à la solidarité sous régionale, très précisément des États du G5 Sahel pour combattre ces « terroristes ». « Le Tchad lance un vibrant appel à tous les États membres du G5 Sahel pour plus de solidarité, de coordination et de mutualisation des efforts en vue de mettre hors état de nuire ceux qui ont assassiné le Maréchal du Tchad Idriss Déby Itno, attenté à sa sécurité ainsi qu’à celle de l’ensemble du Sahel », a communiqué le général Azema Bermandoa Agouna.