Ces derniers jours certains sites d’information du Tchad sont suspendus, dont le dernier est Tchadinfos. Le site a été suspendu durant quatre jours. La raison : l'ancien conseiller à la présidence Abakar Manany demandent à plusieurs médias ligne de retirer les articles le concernant. Face à ces agitations, Reporters sans frontières (RSF) dénonce un acte frauduleux liberticide et appelle les autorités à réagir face à ce type de procédés malhonnêtes flagrants.
Abakar Manany, ancien conseiller à la présidence a pu faire censurer certains médias afin d’effacer les traces de son passage comme ministre conseiller lors de la transition. Le site d’information Tchadinfos.com a ainsi été inaccessible du 26 au 29 juillet de l'année en cours. D'après Reporters sans frontière, l'hébergeur du site, basé aux États-Unis, a suspendu Tchadinfos.com après une plainte pour reprise illégale de contenus déposée par M. Manany, homme d’affaires et ancien conseiller à la présidence.
RSF renseigne que le directeur général de Tchadinfos Mamadou Djimtebaye lui a signifié que Abakar Manany a créé un blog où il a copié-collé tous les articles le concernant. Par le biais de son avocat, il a ensuite contacté leur hébergeur, basé aux États-Unis, en avançant que Tchadinfos a usurpé le contenu de son blog. Ce que Mamadou Djimtebaye rejette d'ailleurs.
RSF dit que Abakar Manany s’est appuyé sur le Digital Millenium Copyright Act (DMCA), une loi américaine adoptée en 1998, qui oblige l’hébergeur à suspendre un site d’information, mais selon les défenseurs de la liberté d'expression, cette loi entrave à la liberté de la presse et porte atteinte aux droits d'informer.
Cependant, Reporters sans frontière souligne que, quand des hommes politiques ou des hommes d’affaires, comme Abakar Manany, peuvent détourner la loi en utilisant des procédés clairement frauduleux pour censurer des informations factuelles vérifiées et suspendre un média en ligne, nous sommes face à un précédent dangereux. Afin d’effacer toute trace de ses activités politiques antérieures au sommet de l’État tchadien, Abakar Manany, a violé, de manière parfaitement éhontée, le droit à l’information en détournant la loi américaine du Digital Millenium Copyright Act. RSF appelle les autorités tchadiennes à réagir face à l’utilisation d’un tel procédé, aussi malhonnête qu’ubuesque, et à protéger l’exercice libre du journalisme.
Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, pour sa part indique qu'au moins quelques autres médias, comme Le Pays, Le N’Djam Post, et l’Agence de presse africaine (Apanews) ont reçu des mises en demeure. Tous ont décidé de supprimer les articles en question, afin que leur site ne soit pas bloqué. Le coordinateur de la rédaction d’Apanews, Abdou Khadr Cissé, a également retrouvé un article de l’agence sur le blog d’Abakar Manany, qui a même laissé la signature du média. « Nous avons décidé de mettre en suspens l’article le temps que les Américains vérifient les informations que nous avons transmises », explique le journaliste.
RSF affirme que le 29 juillet dernier, Abakar Manany a même menacé directement le président de l’Association des médias en ligne du Tchad (AMET), Bello Bakary Mana, lors d’un échange téléphonique.
Dans un communiqué publié ce 31 juillet, l’avocat de M. Manany, Me Jean-Marc Fedida dément en bloque et nie que son client est l’auteur de cette censure. Il soutient que c’est une manipulation pour porter atteinte à l’honneur de son client.
Amadou Voundia