Après la rencontre avec le facilitateur de la Communauté Économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi en visite au Tchad, des acteurs politiques et de la société civile réagissent ce vendredi 21 juillet. Vox pop.
Gilbert Morba, représentant de Groupe de Concertation des Acteurs Politique (GCAP). « Le facilitateur a fait semblant de nous écouter. En l’entendant, on croirait être en face du porte-parole du gouvernement de transition. Une confusion lourde planait sur la qualité du débat. Il a rencontré différemment les acteurs. D'abord les partis politiques, ensuite la société civile et les religieux. Nous avons souligné les évènements de 20 octobre, mais M. Tshisekedi n'a pas été clair sur ce sujet. Il a affirmé que cette question ne regarde pas le facilitateur, mais ça relève des Tchadiens entre eux-mêmes. Il a esquivé les problèmes liés à la réconciliation nationale. Quel est le rôle et l'utilité d’un facilitateur qui ne se prononce pas sur les morts du 20 octobre ? Pire, il était incapable de réaffirmer ce que l'Union Africaine (UA) a exprimé dans sa décision de non-éligibilité de ceux qui gèrent la transition. Nous exigeons une enquête internationale sur l'assassinat du président Idriss Deby Itno pour que les Tchadiens soient tous éclairés. Pareil sur les évènements de 20 octobre ».
Gam Robert, secrétaire général du PSF. « Nous avons tous été surpris par le virage que cette visite a pris. Le facilitateur dit simplement venez accompagner la transition. Toutes les propositions qui ont été faites ont été balayés. Nous avons compris qu’il ne faut rien attendre de facilitateur. Il a commencé à faire l'éloge du président de transition. Ensuite, il a dit que si les partis d'opposition rentrent dans la CONOREC, le processus sera bloqué. C'est pourquoi il faut que ça soit le gouvernement qui gère. Et devienne juge et partie. Nous n'allons pas accompagner ces gens-là tant que les conditions d'une élection transparente ne soient pas réunies. Le PSF ne prendra pas part à cette mascarade ».
Soumaïne Adoum, porte-parole de Wakit Tamma. « Premièrement, un facilitateur doit être neutre et à équidistance par de tous les acteurs. Deuxièmement, il lui faut du recul pour ne pas donner une opinion sur le sujet auquel il est facilitateur. Nous les membres de Wakit Tamma ont protesté dans la salle parce qu'on n’a pas eu droit à la parole. Sur la forme de l'État, le facilitateur prodigue des conseils pour attirer notre attention en soulignant les risques de l'État fédéral. Il est venu pour trouver aux Tchadiens la forme de l'État qui les arrange, mais pas pour choisir. Il fait un choix pour les déguiser en conseils. La seule enquête de la CEEAC acceptée par le président de transition n'a toujours pas été rendue publique. Nous avons fait face à un mur. Il nous a quittés sans aucune perspective. Ce n'est pas responsable. Il doit démissionner ».
Banyara Yoyana porte-parole du Bloc fédéral. « Le Bloc fédéral dérange le système, c’est pourquoi il a été écarté. Nous avons essayé de lui poser des questions, mais il les a étouffés. Tshisekedi est venu pour autre chose. Pas pour écouter les Tchadiens et les sortir de la crise. C'est un héritier qui est venu apporter son soutien à un autre héritier ».
Propos recueillis par Noël Adoum