Après un décret signé par le Président de Transition portant nationalisation des actifs de la compagnie pétrolière Esso. Les conseillers nationaux ont approuvé lors de la plénière ce 29 mars à l'Assemblée nationale un projet de loi sur cette controversée nationalisation d'Esso. Selon l'ingénieur en économie pétrolière, cet acte est illégal.
Le ministre de l'Énergie et celui des finances ont défendu hier à la plénière le projet de loi portant nationalisation des actifs de la société d'exploitation pétrolière, Esso. Le projet qui au départ a été décrété est revu et adopté par les conseillers nationaux.
Oumar Ali Fadoul, ingénieur en économie pétrolière et ancien cadre à la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), affirme que pour bien comprendre les faits il faut les situer dans leur contexte, dit-il. « Esso fait partie du consortium d'entreprises au départ composé de Chevron, Exxon et Petronas pour l'exploitation du champ pétrolier de Doba ». Il ajoute que la part les actifs de Chevron ont été rachetés par l'État tchadien transformé en société des hydrocarbures du Tchad et dernièrement Esso a vendu ses actifs à Savannah, a-t-il précisé. Selon lui, le rachat des actifs d'Esso par cette entreprise anglaise a créé des complications et conduit brusquement, de façon unilatérale les autorités tchadiennes à sa nationalisation. L'ingénieur affirme que des négociations ont été faites entre Savannah et Esso et ont abouti avec succès à la vente des actifs.
Selon les explications de Oumar, Esso n'a plus des actifs à Doba, « ils appartiennent à Savannah depuis décembre 2022 », a-t-il confié. Il explique que l'État ne peut aucunement de façon unilatérale nationaliser la part d'une compagnie pétrolière, « parce qu'ils sont liés par une convention », dit-il. Il ajoute, « s'il y a un différend ou quoi que ce soit, ça doit se régler au chambre commerciale internationale de Paris », a-t-il expliqué. Toujours selon l'ingénieur, « au regard de la loi, la nationalisation des acquis de Savannah qui est confondue sciemment à Esso n'est pas légal ».
Au sujet des arguments avancés par le gouvernement, notamment les capacités techniques et financières, il affirme qu'ils ne sont pas fondés. « Sur le paln technique, Savannah a démontré ses capacités techniques en augmentant la production jusqu'à 9%. Cela prouve que les capacités techniques de cette société sont avérées, mais Esso n'a pas pu faire depuis plusieurs années malgré les moyens qu'ils en disposent », dit-il.
Du côté financier, M. Fadoul explique que le moment n'est pas propice, « cela devrait être fait lorsque Savannah négociait avec Esso avant l'acquisition de ses actifs ». Toujours sur la capacité économique de cette société, l'ingénieur s'interroge « pourquoi le ministre de l'Énergie a-t-il accepté de signer un partenariat avec cette même entreprise dans le domaine de l'énergie solaire de 500 Mw pour la ville de Moundou, Doba, etc.?», se demande-t-il. « Si les capacités financières de Savannah n'étaient pas avérées, il n'aurait pas dû signer cet accord». Il révèle aussi que les conséquences seront lourdes. « Les investisseurs ne viendront jamais s'installer par peur de cette méthode ancienne », a-t-il élucidé. L'ingénieur craint le pire, « avec la projection telle qu'on voit, les Tchadiens doivent se serrer les ceintures », a-t-il conclu.
Abderamane Moussa Amadaye