A l’international comme au national, les organisations de la défense des droits de l’homme continuent à réagir suite aux arrestations des leaders des droits de l’homme, suite à la marche autorisée du 14 mai passé. Dans un communiqué conjoint signé le 21 mai, elles demandent leur libération immédiate et inconditionnelle. Retour sur la teneur du document avec Ialtchad.
D’abord, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (FIDH-OMCT), la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH), et l’Association Tchadienne pour la Promotion et défense des Droits de l’Homme (ATPDH) condamnent les arrestations suite à la marche du samedi 14 mai dernier. Selon le contenu du document signé ce 21 mai par M. Dobian Assingar, Délégué permanent de la Fédération Internationale des droits de l’homme auprès de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et le président par intérim de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH), Me Adoum Mahamat Boukar, « c’est une marche pacifique pour dénoncer le soutien de la France aux autorités militaires de la transition au Tchad ainsi que la présence supposée d’une base militaire française sur le territoire tchadien.»
Pour ces défenseurs des organisations des droits de l’homme, cette manifestation de la coalition Wakit Tamma avait été dûment autorisée par le Ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration. Ils précisent que l’encadrement par les forces de défense et de sécurité tchadiennes tout au long du parcours en est une preuve. La FIDH et la LTDH réalisent que les incidents qui se sont produits en marge de la manifestation et des actes de vandalisme commis contre les stations-service du groupe pétrolier français Total sont en dehors du parcours autorisé. Ils déplorent que ces leaders de Wakit Tamma soient placés sous mandat de dépôt par le Procureur de la République près le Tribunal de N’Djamena et incarcérés à la maison d’arrêt de Klessoum, à N’Djamena. La FIDH-OMCT et la LTDH précisent que ces leaders sont poursuivis pour « destruction de biens » et « troubles à l’ordre public ». Elles ont aussi mentionné qu’ils s’inquiètent de la répression systématique envers les manifestants pacifiques au Tchad. Ils rappellent aux autorités de la transition leur obligation de respecter et de protéger les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Pour appuyer leur propos, ils citent les articles 19 et 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et les articles 9 et 11 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, ratifiés par le Tchad.
La FIDH-OMCT et la LTDH demandent aux autorités de la transition à garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et le bien-être psychologique de l’ensemble des défenseurs des droits humains au Tchad. Elles réclament un strict respect des libertés fondamentales (libertés d’expression, et de manifestation), une enquête prompte, exhaustive, impartiale et transparente afin de faire toute la lumière sur les violations et atteintes aux droits humains commises à l’encontre des défenseurs des droits humains, une garantie des conditions d’un environnement favorable aux actions légitimes de promotion et de défense des droits, cesser toute forme de pression exercée sur la société civile au Tchad. Aux partenaires internationaux du Tchad et particulièrement les Nations Unies, l’Union africaine, la CEMAC, l’Union européenne et la France, la FIDH-OMCT et la LTDH leur demandent de contribuer au respect et à la protection des droits humains et des défenseurs et manifestants au Tchad.
« L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible », a rapporté le communiqué. Le communiqué précise que la FIDH et l’OMCT sont membres de Protect Defenders, un mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.
Moyalbaye Nadjasna