Les Tchadiens du Cameroun 1e partie : Quand l’eldorado se transforme en cauchemar
Fuyant les conflits et les persécutions ou poussés par le désespoir, un grand nombre de Tchadiens se retrouvent aujourd’hui au Cameroun voisin. Dans des conditions souvent précaires. Etat des lieux.
Ils sont fonctionnaires de l’Etat, diplômés sans emploi, étudiants, commerçants, simples paysans… Certains sont réfugiés statutaires ou demandeurs d’asile. D’autres, des nomades ordinaires, des migrants économiques ou des aventuriers tout azimut. À ce jour, nul ne peut chiffrer avec précision le nombre de ces Tchadiens venus au Cameroun dans l’espoir de sauver leur vie, d’échapper aux persécutions ou de bénéficier de la relative prospérité du pays.
Selon les sources, les chiffres varient : certains parlent de 500 mille Tchadiens vivant sur le territoire camerounais ; d’autres, de 1 million. Le Haut-Commissariat pour les Réfugiés, de son côté, annonce le chiffre de 39.642 réfugiés tchadiens, rien que dans les villes de Garoua, Yaoundé et Douala. Et chaque jour, il en arrive d’autres. Djingaotoudji Issac, Président de la Colonie tchadienne au Cameroun témoigne : « Ici, nous sommes nombreux, très nombreux. Dans toutes les villes, dans tous les villages du Cameroun, on a quatre chances sur deux de rencontrer un Tchadien (…) Et nous constituons une main d’œuvre quasi gratuite dans les chantiers de construction, dans les ports, sur le réseau ferroviaire… »
Mais c’est surtout dans les champs de maïs de l’Adamaoua et les plantations de coton de la localité de Garoua, au Nord du Cameroun, que la communauté tchadienne est légion. « Chaque année, entre mai et septembre, mille à deux mille Tchadiens débarquent au Nord du Cameroun. Par dizaines, ils sont recrutés par des propriétaires terriens qui les exploitent dans des conditions souvent inhumaines », déclare en substance un fonctionnaire camerounais d’origine tchadienne qui réclame l’anonymat. Il faut ajouter que certains, en particulier des femmes, évoluent à la débrouille. Rassem Dorkass, 38 ans et mère de 5 enfants, est de ceux-là. Au bord de la grande voie bitumée reliant le quartier Elig-Ezao au stade Omnisports au cœur de Yaoundé, elle passe 10 à 15 heures par jour devant son petit commerce. Indifféremment, Dorkass parle : « Cela fait 16 ans que je suis à Yaoundé. Mon mari est un gardien de nuit dans un restaurant au quartier Mokolo. Il gagne 23.500 F CFA par mois. Cela ne lui permet pas de payer à la fois le loyer, la nourriture, le savon, des habilles, des médicaments et la scolarité des enfants. Je suis alors obligée de me mettre dans la vente des arachides grillées pour lui venir en secours. » A quelques dix pas de l’étal de Dorkass, un groupe de vendeurs à la sauvette se chamaille dans un arabe qui rappelle le marché central de N’Djaména. Ce sont des jeunes Ouaddaïens qui se disputent l’ordre de payement de leur tontine…
Exode massif et continu
Selon nos sources, la migration tchadienne vers le Cameroun n’est pas un phénomène nouveau. Déjà en 1965, alors que le Tchad amorce une dérive dictatoriale sous la mégalomanie de feu président Ngarta Tombalbaye et que l’activité économique prend son essor au pays d’Amadou Ahidjo, les Tchadiens commencent à migrer au Cameroun. Une migration alors devenue unilatérale et qui, tout en fluctuant en fonction de la situation politique et économique du Tchad, n’a jamais cessé. Les seigneurs de la guerre qui se sont succédé au pouvoir au Tchad de 1975 à nos jours, n’ont fait qu’accélérer ce mouvement migratoire ; tandis que la déperdition économique et la déréliction sociale qui ont suivi et qui perdurent, servent de catalyseur à cet exode massif.
Mais pour les milliers de Tchadiens qui traversent illégalement la frontière vers « l’Ouest », le rêve de l’eldorado camerounais se transforme vite en cauchemar. Car depuis toujours, ils sont victimes d’une xénophobie ambiante et de la violence policière. Il faut rappeler qu’en 1988, huit à dix mille Tchadiens, selon les sources, ont été expulsés sans bagages du Cameroun. En 1991, un autre programme de refoulement de Tchadiens a été annulé in extremis. En février 2002, les étudiants tchadiens de l’université de Ngaoundéré, dans la province de l’Adamaoua au Nord du Cameroun, ont été l’objet d’une violente agression dont les causes n’ont pas encore été précisées. Aujourd’hui encore et en dépit de la Charte de la CEMAC qui appelle à l’intégration entre les peuples des six Etats de l’Afrique centrale, les tracasseries policières et « l’anti-tchadinisme » demeurent tenaces au Cameroun. À l’évidence, nos sources indiquent qu’au moment où nous écrivons ces quelques lignes, « pas moins de trois cents ressortissants tchadiens croupissent à la prison centrale de Yaoundé » pour des motifs souvent fallacieux ; tandis que bien d’autres sont régulièrement traqués par la police à cause du permis de séjour. Précisons que le permis de séjour au Cameroun pour les ressortissants de la CEMAC coûte 80.000 F CFA pour une validité de deux ans.
« Tchadien, mon chien »
« Ce dernier temps, on sent que les autorités camerounaises jouent la carte de l’apaisement ; parce que nous ne sommes pas aussi menacés comme par le passé », observe Barka Youssouf, un ancien élément de la Sécurité Présidentielle sous Habré, devenu vendeur de chaussures au marché central de Yaoundé. Est-ce l’odeur des royalties du projet pétrole de Doba, dont l’Etat camerounais est bénéficiaire à hauteur de plus de 50 milliards de dollars, qui change ainsi la donne ?
Quoi qu’il en soit, les efforts – bien intéressés – de l’Etat camerounais pour améliorer le sort des Tchadiens n’ont pas survécu à l’anti-tchadinisme longtemps ancré dans l’imaginaire du Camerounais. Pour Gareng Prosper, bachelier tchadien installé depuis 7 ans à Yaoundé, « quand un Camerounais t’appelle Tchadien, en appuyant sur le premier syllabe, c’est qu’il te traite de chien. » Laoudoumaye Timothée, employé à la boulangerie Caravelle à Yaoundé, ajoute : « Ce qui me choque le plus dans l’attitude des Camerounais, c’est le traitement qu’ils nous accordent au travail. Quel que soit notre niveau d’étude ou notre compétence, ils n’acceptent jamais nous payer au-dessus de 30.000 F CFA quand bien même ils ne peuvent pas se passer de nous. Il y a dans cette attitude du racisme et de l’esclavagisme. »
Pour le bureau de la colonie tchadienne, 3 Tchadiens sur 5 installés dans les villes du Cameroun travaillent comme veilleurs de nuit ou domestiques. Et l’immense majorité de ceux-ci gagne un salaire ridiculement bas : « Ils perçoivent en général entre 5 à 30 mille F CFA par mois », précisent nos sources. Entre-temps, une maison de deux chambres à Yaoundé coûte en moyenne 15 mille F CFA le mois ; la scolarité d’un enfant se situe entre 45 et 120 mille F CFA l’année ; le kilo de riz coûte 750 F CFA ; les frais médicaux sont pratiquement inaccessibles à ces nombreux Tchadiens du Cameroun.
Malgré cette précarité de la situation des travailleurs tchadiens au Cameroun, la majorité de ceux-ci n’est ni immatriculée à la Caisse nationale de prévoyance sociale, ni protégée par un quelconque syndicat. Exits donc les droits des travailleurs migrants chers au Bureau International du Travail (BIT) ; et tant pis pour celui qui se fait arrêter ou renvoyer de son boulot…
Pour tempérer ce calvaire, bien de Tchadiens se laissent embarquer dans les partis politiques, en particulier le RDPC du président Paul Biya et l’UDPC du nordiste Bello Bouba Maigari ; et obtiennent de ce fait des cartes nationales d’identité camerounaise. Toutefois, le nombre de ceux qu’on peut qualifier de « sans papier » reste important. Et ceux-ci continuent à mettre au monde des enfants qui ne sont enregistrés ni au Cameroun, ni au Tchad. Ces enfants seraient plus de 10 mille à être privés de nationalité et n’ont aucune possibilité d’accès à l’instruction.
Bétoubam Mbaïnaye
Le Ministre des relations extérieures, Monsieur Ahmad Allam-mi, n’est pas un vrai Tchadien. Il ne doit en conséquence pas jouir des privilèges qui doivent être réservés aux seuls vrais Tchadiens. C’est en substance ce qui ressort des affirmations publiquement assumées du Ministre plénipotentiaire hors classe, Hassan Abakaka Mayo, lorsqu’il écrit sans détours que : « Si le Tchad n’est pas plongé dans le désordre politique actuel, ‘‘des personnes n’ayant pas d’attache sérieuse’’ (…) ne seront pas à la tête de notre diplomatie ». Autrement dit, pour occuper un poste prestigieux de responsabilité politique, il est impératif d’avoir ses racines paternelle et maternelle au Tchad. Avoir un seul parent ayant des racines au Tchad ne serait pas suffisant pour se revendiquer Tchadien. Surtout, être né d’un parent Blanc est une situation qui devrait définitivement restreindre vos chances de prétendre occuper des fonctions politiques au Tchad.
Dans l’absolue, il peut paraître surprenant qu’à notre époque de métissage, entre Noirs et Noires de différents pays, entre Blancs et Noirs ou encore entre toutes les races…, il puisse exister des individus pour tenir de tels propos. Il est encore plus surprenant que de tels propos soient tenus par une personne qui se revendique intellectuel, docteur, très haut fonctionnaire, diplomate de carrière ayant sillonné le monde et côtoyé diverses cultures.
Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, il est regrettable de constater que les propos de Monsieur Abakaka Mayo trouvent un appui dans la Constitution tchadienne qui classe expressément les Tchadiens en plusieurs catégories pour l’élection à la magistrature suprême. Notre Constitution (art.62) indique clairement que pour prétendre aux fonctions de Président de la République, il faut impérativement « être Tchadien de naissance né de père et de mère, eux-mêmes Tchadiens d’origine… ». Aussi, ni la nationalité que l’on peut acquérir jus soli ou jus sanguini, ni la naturalisation que l’on acquière en en faisant la demande, ne suffisent-elles à octroyer les mêmes droits à l’éligibilité qu’aux « vrais » Tchadiens, c’est-à-dire ceux qui sont nés de père et de mère Tchadiens « d’origine ». Cette disposition ne s’est pas retrouvée fortuitement dans la Constitution tchadienne. Elle a été défendue unguibis et rostro à la Conférence Nationale Souveraine (1993) par des individus qui pensent et réfléchissent exactement comme Abakaka Mayo. Elle a surtout été effectivement appliquée pour écarter la candidature d’Abderamane Khoulamallah lors de l’élection présidentielle de 1996. Les membres de la CENI ne se sont pas gênés de lui rappeler que sa mère était Soudanaise. La circonstance que sa mère ait passé toute sa vie au Tchad et que son père ait été plusieurs fois ministre et même Premier Ministre du 12 au 24 mars 1959, n’a pas suffi à faire de lui un « vrai » Tchadien.
Certains me rétorqueront sans doute qu’il est normal qu’il y ait des distinctions entre citoyens pour les fonctions du Président de la République. Notre Directeur de la Publication m’a fait la remarque suivante : « dans tous les pays, il existe des conditions pour être Président ». Cette remarque serait exacte si et seulement si elle n’insinue pas que la condition « d’origine tchadienne » posée par notre Constitution est une condition objective. Il est incontestable que pour occuper la plus haute fonction de l’Etat, il faut au moins établir ses attaches avec le pays qu’on prétend diriger. Cette condition est à mon sens valable pour toutes les fonctions politiques, quelles qu’elles soient. Par exemple, la Constitution exige des candidats à la présidence qu’ils aient au moins 35 ans qu’ils n’aient pas une double nationalité. Je suis entièrement d’accord avec cette dernière exigence. L’on ne peut pas être naturalisé Français ou Canadien et ensuite venir prétendre diriger le Tchad. Déjà dans le domaine du sport en général et du football international en particulier, un joueur ayant participé à une compétence internationale sous les couleurs d’un pays ne peut plus faire partie de l’équipe nationale d’un autre pays. A fortiori, diriger un pays doit exclure la double nationalité.
Ce qui est totalement absurde, c’est d’exiger, pour les fonctions présidentielles, une filiation doublement originelle avec son propre pays. Si cette condition subjective est appliquée dans les démocraties occidentales, ni Sarkozy (25% Français) ni Obama (12,5% Américain) ne pourrait prétendre exercer des fonctions politiques dans leurs pays respectifs. Surtout si comme le prétend Abakaka Mayo, il faut avoir une double filiation paternelle et maternelle avant d’occuper des postes politiques dans un pays donné, l’acteur américain Schwarzenegger n’aurait pas été élu Gouverneur de l’Etat de Californie. À moins de modifier la Constitution pour en abroger la disposition sur la double racine tchadienne, gageons que les membres de la CENI ne se gêneront pas de contester éventuellement la qualité de « vrai » Tchadien de : mon ami Ahmat Yacoub d’Alwihda et de ses enfants, du ministre Adoum Younousmi et de ses enfants, du juge Ahmed Bartchiret et de ses enfants, de Moukhtar Wawa Dahab et de ses enfants, de Kogri Issa et de ses enfants, des enfants d’Hissein Habré de mère sénégalaise, des enfants d’Idriss Déby nés de Wazouna. Bref, de tout Tchadien ou descendants de Tchadiens n’ayant pas une double racine au Tchad. Et en ces temps de test ADN, il serait difficile de cacher sa double filiation étrangère et tchadienne.
Mais être Tchadien, est-ce seulement être né de père et de mère Tchadiens d’origine ? Beaucoup de nos compatriotes sont Tchadiens sans avoir une double racine au Tchad. Ils doivent néanmoins jouir des mêmes droits que tous les Tchadiens de « souche » à l’éligibilité à la plus haute fonction de l’Etat. Et puis, si l’on devait continuer à raisonner en termes d’origine, je voudrais que l’on me dise à partir de quelle époque faut-il situer l’origine du Tchad. À partir du 25 février 1885 ou seulement depuis le 11 août 1960 ? Et pourquoi pas avant ou après ces deux dates ? Dans une récente « mise au point » adressée à un certain Kossadingar, qui aurait voulu lui contester son appartenance à la nation tchadienne, le Ministre des relations extérieures, Monsieur Allam-mi, s’est-il senti obligé de préciser qu’il est « le fruit d’un métissage de Gorane, d’Arabe et de Français ». Il précise ensuite avoir vu le jour à Faya où naquirent d’ailleurs sa mère ainsi que ses grands-parents. Il dit aussi avoir fait l’essentiel de ses études primaires et secondaires au Tchad où il a obtenu son bac avant de partir en France pour y poursuivre ses études supérieures qu’il a achevées au Cameroun grâce à une bourse tchadienne. Enfin, il aurait intégré le Ministère des relations extérieures où il a effectué toute sa carrière professionnelle conformément à sa formation universitaire. Il dit parler la langue française et le dialecte gorane. L’on suppose aussi qu’il parle parfaitement l’arabe véhiculaire tchadien.
Précisions utiles sans doute pour donner des indications sur sa filiation métisse, mais précision manifestement superflues pour revendiquer ses attaches avec le Tchad. Ahmad Allam-mi est Tchadien de notoriété publique. Il représente le Tchad sur le plan international et ne revendique aucune autre nationalité que sa nationalité tchadienne. Monsieur Abakaka Mayo me semble être un dangereux Lepéniste (idéologie de Jean-Marie Le Pen, politique français raciste et xénophobe). Il le revendique d’ailleurs au travers de cette affirmation : « Le Tchad a besoin d’un homme d’expérience certes, mais ayant une identité crédible et conforme aux réalités nationales pour conduire sa politique étrangère ». Réveillez-vous Monsieur Mayo Abakaka. Vous vivez aux USA et on est au 21ème siècle. On ne choisit pas ses parents on ne choisit pas non plus son pays de naissance. Si vous-même vous avez « réussi » à garder vos prétendues attaches originelles avec le Tchad, rien ne vous détermine à croire que cette situation sera maintenue par vos descendants. Et j’espère que si par hasard un de vos petits-enfants ait eu une filiation à moitié étrangère, vous ne lui fermerez pas les portes de la fonction publique. Je l’espère vraiment.
Lyadish AHMED
Tout a été déjà dit sur le régime politico-militaire au pouvoir au Tchad. On n’y a retenu absolument rien de positif. Un régime politique initialement révolutionnaire devenu autoritaire, puis clanique et enfin autocratique. Un régime totalitaire, réfractaire à toute réforme politique. Un régime entretenu et soutenu par une poignée de personnes à moralité douteuse, rompues dans l’art de la prostitution politique, corrompues jusqu’à la moelle. Un régime politique vénal, qui des projets de développements n’en maîtrise que les affreuses techniques de détournements de fonds publics. Un régime qui clochardise ses hauts fonctionnaires, pratique le népotisme sans discernement, rétribue généreusement les repris de justice et responsabilise publiquement les ripoux. Un régime politique qui ne connaît ni autorité judiciaire ni pouvoir législatif. Un régime politique qui, pour le maintien au pouvoir d’un lobby mafieux contesté, n’hésite pas à se servir des jeunes vies innocentes comme rempart. Un régime politique taillé aux dimensions d’un homme qui du pouvoir et de la gestion de la cité a une conception singulièrement néfaste.
Vous doutez certainement de ce que je sois incapable de dresser une typologie exhaustive des tares du régime politico-militaire au pouvoir à N’Djamena. Rassurez-vous, il ne s’agit plus seulement de stigmatiser et d’attendre un hypothétique changement de comportement de la part du chef de l’Etat et de ses adjudants. Sachez-le, Idriss Déby ne changera pas, sinon en pire. Ses adjudants l’encouragent à rester comme il est, quitte à voir périr tous les Tchadiens dans les combats fratricides. Chaque jour qui passe, des innocents meurent dans des guerres sciemment orchestrées pour permettre à certains parvenus de piller les maigres richesses du pays. Paradoxe d’un régime politique complètement avili, certains ministres et hauts fonctionnaires sont immensément riches alors que l’Etat est incapable de faire soigner au pays ses soldats blessés aux combats. Pour ne prendre que cet exemple, malgré les milliers de milliards de recettes pétrolières de ces dernières années, il n’y a pas encore un véritable hôpital au Tchad où l’on peut soigner de simples blessures physiques. Et il n’y en aura pas aussi longtemps que les Tchadiens se laisseront abuser par des discours effrayants sur la rébellion et les prévisions des Cassandres sur l’après-Déby.
Non ! Sérieusement, il n’est pas besoin d’être devin pour dire qu’à l’avenir personne ne fera pire que ce que font aujourd’hui Idriss Déby et ses faucons. Lui cherche absolument à conserver son pouvoir. Pour cela, il n’hésite pas à s’approprier l’argent du pays pour acheter des armes sophistiquées quitte à les faire manipuler par d’innocents enfants. Conséquemment, ses faucons trouvent dans la guerre un moyen de transvaser le contenu des caisses de l’Etat vers leurs caisses personnelles illicitement constituées. Ils s’enrichissent du sang des Tchadiens. Font tout pour décourager les initiatives de paix et de réconciliation parce que celles-ci menacent leurs intérêts. Le Tchad est devenu une véritable vache à lait pour cette poignée d’individus aussi vils que méchants. Refuser de voir cette réalité, c’est donner quitus aux aigrefins qui se moquent éperdument de la situation sociale de notre pays.
Á mon sens, si l’on souhaite que le Tchad rompe définitivement avec l’injustice et renoue avec la légalité, il est désormais plus que jamais urgent de se débarrasser aussi vite que possible de ce régime gangrené. Nous devons dépasser nos préjugés, surtout ceux qui nous ont été subtilement distillés par des individus ayant manifestement intérêt à ce que perdure le désordre dans notre pays. Tout comme on nous a toujours dit que le pouvoir ne doit plus repartir dans le « Sud des Kouffars », on nous dit aujourd’hui que les Erdimi ont suffisamment pillé le pays et qu’il importe de les empêcher de chercher à renverser Déby afin de conserver le pouvoir au sein de la communauté zaghawa. On nous fait également croire qu’il faudra empêcher Mahamat Nouri de combattre le régime parce que sinon les Goranes reviendront au pouvoir. Mais jusqu’à preuve du contraire, personne n’est capable de dire exactement ce que les Sara (terme générique), les Goranes ou encore les Zaghawa ont fait de particulièrement atroce aux Tchadiens. Surtout, ces manipulateurs ne sont pas capables de nous dire exactement ce que le régime de Déby (dont ils profitent personnellement) à apporter de positif aux populations tchadiennes.
Il est important d’être conscient du fait que ni les Sara ni les Goranes, moins encore les Zaghawa n’ont exclusivement contrôlé le pouvoir qu’un des membres de leur communauté a eu à exercer. La manipulation qui consiste à indexer une communauté en particulier afin de se disculper alors même que l’on a soi-même activement participé aux forfaitures d’un pouvoir vénal et répressif n’est plus acceptable. Ceux qui gravitent tout autour du pouvoir d’Idriss Déby ne sont pas tous des Zaghawa. Mais ils profitent de la propension des Tchadiens à raisonner ethniquement pour minorer leur part de responsabilité dans la gestion chaotique du pouvoir. Aussi, afin que demain ceux qui gravitent aujourd’hui autour du chef de l’Etat ne cherchent-ils pas à faire endosser leurs propres responsabilités par les seuls Zaghawa sous prétexte que Déby était un Zaghawa au pouvoir, il est plus qu’urgent de réorienter désormais nos critiques. La manipulation des faucons ne doit plus passer !
Lyadish Ahmed
Trois Nordistes sur quatre pensent que les Sudistes sont plus aptes à assainir les finances publiques, à moraliser les institutions, à reconstruire le Tchad, à former les futures élites du pays, à soigner les malades, à participer au rayonnement de notre pays sur la scène internationale à travers les activités culturelles, artistiques et sportives, etc. La même proportion doute en revanche de la capacité des Sudistes à reprendre la gestion politique et socio-économique de notre pays. Le quart restant des Nordistes refuse d’entrer dans les considérations géographiques et croit que ni la bêtise ni le génie ne peuvent être le fait ou l’œuvre des seuls Sudistes ou des seuls Nordistes. Cette petite statistique ne repose sur aucune étude scientifique. Elle est établie sur la base de simples idées reçues constatées au travers des discussions entre compatriotes sur le devenir de notre pays. Elle témoigne néanmoins de notre véritable état d’esprit de Nordistes.
Dans nos diverses discussions informelles entre Nordistes, l’intelligentsia tchadienne est au Sud. L’essentiel des personnalités tchadiennes célèbres l’est aussi. Pour constater cette réalité, il suffit de ne pas simuler la cécité. Les Sudistes sont partout nombreux, dans les administrations publiques, la police, l’armée, la gendarmerie, à la Justice, dans les hôpitaux, les écoles, à l’Université, à la télé, à la radio, dans les banques, les travaux publics, les plates-formes pétrolières, dans les Institutions internationales, etc. Tout ou presque repose encore aujourd’hui sur leurs épaules. Aucune institution, aucune administration ne peut efficacement fonctionner sans leur participation active. Les moins connus d’entre eux nous ont notamment formés de la maternelle à l’Université. Les plus illustres s’appellent NDoram Japhet, Kaltouma Nadjina, Nimrod, Masdongar, Nocky Djédanoum, et même MC Solaar. Certains sourient certainement de l’étendue limitée de cette liste. Encore faudrait-il sourire de la rareté d’illustres personnalités issues du Nord du pays. À moins peut-être de prendre un décret en Conseil de Ministres pour attribuer valeur de « célébrité » afin de rééquilibrer la répartition des personnalités en fonction d’appartenance géographique comme il est maintenant d’usage dans l’administration civile et militaire de notre pays, il me semble évident qu’en la matière le Nord est largement déficitaire. Le cinéaste Mahamat Saleh Yacoub ne peut combler à lui seul le fossé.
En regard de cette formidable certitude largement partagée par les Nordistes, une autre certitude, assez négative celle-là, n’est pas moins largement partagée : les Sudistes ont la couardise dans la peau. L’appellation « Laoukoura » qu’ils se sont donnée eux-mêmes en guise d’autodérision ne contient-elle pas une part de vérité ? Laoukoura signifie « un Sudiste qui exécute le travail d’un responsable Nordiste intellectuellement incapable ». Plus généralement, tous les Sudistes sont des Laoukoura. En conséquence, tous les Nordistes sont des incapables. Même si cette vision des choses est un peu excessive, la proportion des responsables Nordistes intellectuellement incapables dans l’administration suffit à asseoir la réalité des Laoukoura. Malgré l’importance de leur formation, les Sudistes demeurent donc de simples exécutants. Cette situation paradoxale où ceux qui ont plus de diplômes sont confinés à des tâches subalternes et ceux moins ou pas du tout instruits occupent les postes les plus prestigieux est une particularité tchadienne.
Pourtant, tout porte à croire que les Sudistes se complaisent dans ce rôle de Laoukoura. Voilà ce qu’on peut relever dans les discussions entre Nordistes : « Les Sudistes ne dénoncent jamais les insuffisances, même les plus criantes, de leurs responsables hiérarchiques, acceptent toutes les humiliations, se montrent condescendants et n’hésitent pas à se trahir mutuellement pour plaire à leurs supérieurs Nordistes ». En somme, des compatriotes sans personnalité, sans caractère et surtout sans courage. Si la peur de mourir sous les balles d’un forcené nommé Préfet ou sous-préfet par népotisme explique, pour certains, le manque de courage des compatriotes sudistes, il est amusant de noter que pour les fanatiques ignorants, « l’appartenance à une des ethnies du Sud soumet de fait aux Nordistes par la volonté de Dieu des musulmans ». Des explications d’ordre pratique ne sont pas du reste. Il est des compatriotes qui croient dur comme fer que les Sudistes n’ont aucun sens de responsabilité et peuvent se montrer parfois indignes des postes auxquels ils sont affectés.
Avec un ami cher de ce nom, on s’était posé la question de savoir « pourquoi les Sudistes ne sont-ils jamais associés aux différentes négociations politiques avec les politico-militaires ? ». Une réponse assez hasardeuse conduirait à voir dans cette mise à l’écart, le manque d’implication directe des Sudistes dans les conflits entre Nordistes. Elle est bien hasardeuse puisque les discussions politiques du Gouvernement avec les rebelles intéressent les Tchadiens dans leur ensemble sans distinction basée sur l’appartenance géographique. Aussi, en principe, seule l’aptitude à la négociation sans considération ethnique est-elle à privilégier. Une autre réponse fondée sur des idées reçues incite à voir dans cette mise à l’écart ni plus ni moins qu’un manque de considération pour nos compatriotes Sudistes.
En effet, il est peu douteux que les politico-militaires refuseraient de se mettre autour d’une table de négociation avec un certain Nagoum Yamassoum ou encore avec Houdeingar David. On ne discute pas avec des Laoukoura. D’ailleurs, au temps où il était encore en rébellion avec le FUC, Laouna Gong Raoul, actuellement ministre dans le Gouvernement de Kassiré, m’avait assuré s’être fait traiter d’ « assujetti », lors d’une rencontre au Soudan, par un des responsables politico-militaires aujourd’hui en négociation à Tripoli. De même, nos compatriotes militaires sudistes sont rarement envoyés sur les terrains des combats malgré leur aptitude reconnue par les différents grades obtenus. S’ils y sont envoyés c’est, sinon pour servir de chair à canon, du moins pour « préparer le thé et servir à manger aux vaillants combattants » entend-t-on dire souvent dans les discussions.
Certes, il y a une part d’imagination dans ces idées reçues (pléonasme). Néanmoins, nos compatriotes du Sud semblent ne rien faire pour corriger cette image erronée ou simplement pour se faire respecter. Partageraient-ils la même approche sur leur propre condition que les Nordistes ? Si tel est le cas, l’affirmation selon laquelle « il n’y aura jamais plus un Sudiste au pouvoir au Tchad » sera une réalité. Ce sera alors bien dommage pour notre pays.
Lyadish Ahmed
Idriss Deby était-il sincère quand il s’adressait aux tchadiens le 8 mars dernier à propos du Code de la Famille ? Que cache cet engagement en faveur d’un texte tout à fait contraire aux désirs de la bande de bouffons qui l’entoure ?
N’Djamena, 5 avril 2005, 19 heures 30, dans une petite mosquée de l’un des quartiers reculés de la ville. L’imam prend la parole après la prière, il prêche l’honnêteté et la rigueur dans nos actes de tous les jours. En même temps, il dénonce les dérives et la corruption sans cesse croissante dont font preuve nos dirigeants. Son discours sur la “honte” semble plaire au public qui lui accorde toute son attention et lui manifeste son approbation par de vigoureux hochements de têtes. Le discours de cet imam était particulièrement anticonformiste ce soir-là. La subversion de ses propos apporte réconfort et espoir dans le cœur de ces hommes durs, travailleurs, honnêtes citoyens qui n’ont pour seule ressources que la force de leurs bras, et pour seul espoir Dieu. Fatigués par une rude journée de travail, et aussi de vexations / humiliations de toutes sortes, ils buvaient comme de l’eau bénite les paroles de cet homme qui apportaient un peu d’espoir dans leurs cœurs désormais indécis, dans leur quotidien précaire. J’écoutais aussi, séduit par la force du discours de cet imam qui me semblait hors du commun, et qui semble montrer une très grande maîtrise des sujets qu’il aborde.
Puis directement, sans aucune transition, l’imam évoque le code de la famille. Voici exactement ses paroles : « ce code de la famille, nous ne l’accepterons jamais. Ce code qui légalise le mariage entre hommes, ce code qui encourage la prostitution de nos filles, ce code qui nous enlève le droit d’éduquer nos enfants et nous interdit de les envoyer a l’école coranique, nous devrons le rejeter et le combattre par tous les moyens». Puis il passe, très rapidement, sur un autre sujet, totalement différent. Mais la petite intervention sur le code de la famille a frappé juste. A la fin du prêche tout le monde s’interrogeait sur ce fameux code et s’engageait à ne jamais accepter qu’il devienne effectif.
Regardons cet engagement présidentiel de plus près. Il me semble que le discours de Idriss Deby le 8 mars passé est la première brique de sa stratégie globale de réélection. En prenant ouvertement parti pour le code de la famille, le président Idriss Deby savait pertinemment qu’il jouait à la provocation avec l’Union des Cadres Musulmans du Tchad (UCMT). Mieux, sachant que le fameux projet de code de la famille n’a jamais été clairement vulgarisé ni expliqué, il s’attendait pertinemment à provoquer, en guise de réaction, une contre-action de désinformation que conduira l’UCMT. Ceux-ci, comme tout mouvement se réclamant d’obédience religieuse, disposent en effet de redoutables réseaux de communications qui peuvent au besoin servir de canaux d’intoxication. Les mosquées, les places mortuaires, les baptêmes, les prêches publics, les prières du Vendredi, n’importe quel regroupement de deux ou plus de musulmans devient un lieu de description et de re-explication du code de la famille. Le gouvernement, ni aucune autre organisation nationale ou de la Société Civile au Tchad ne dispose d’autant de réseau, ni d’autant d’efficacité.
En très peu de temps le code de la famille aura été expliqué selon les vœux et suivant les grilles de l’union des cadres musulmans. En très peu de temps aussi, un mouvement anti-code de la famille d’une grande ampleur verra le jour dans la partie septentrionale du pays. En homme politique avisé et rusé Idriss Deby voudra alors se montrer à l’écoute de ses compatriotes et de leurs préoccupations. Pour une fois !
Mais le re-positionnement à venir de Idriss Deby en faveur d’une ré-discussion du projet du Code de la famille entraînera un lever immédiat de boucliers de la part des partis d’opposition et des associations de la société civile. En période de campagne électorale, rien ne sera alors plus facile pour Idriss Deby de se positionner auprès de nos compatriotes musulmans comme étant le seul en mesure de se soucier de leurs préoccupations spirituelles et morales. Et l’argument massue sera son nouveau projet de code, en remplacement de l’ancien. Le divorce entre les Tchadiens de confession musulmane et les partis d’opposition sera alors définitivement consommé à ce moment. Les partis seront en effet présentés comme anti-islamiques, contre les populations et les sociétés nordistes. Le sauveur des musulmans sera Idriss Deby, qui sera présenté comme le seul candidat capable de faire face aux objectifs inavoués des partis kirdi : insulter l’islam, précariser les nordistes, les marginaliser pour finalement leur imposer une manière de voir, une façon d’être et de vivre contraire à l’islam. Diviser pour mieux gagner. Les amalgames sur la religion auront encore une fois de plus servie à faire le deuil de nos aspirations puisque, Idriss Deby, j’en suis sûr, sera alors réélu sans coup férir, même sans aucune fraude.
Amine Idriss Adoum
Dans quelques deux mois se dérouleront les prochaines élections présidentielles tchadiennes. Et comme à l'accoutumée, tous les acteurs sont en train de se réveiller, l'un après l'autre, pour faire entendre leurs voix ensommeillées et profondément en des-écho avec le quotidien. Bien que nous y soyons déjà habitues, cela ne manque pas de nous irriter. Plus personne n'est surpris, sauf bien entendu les quelques rares personnes qui viennent de se forger une espèce de conscience politique.
Ce qui est surprenant dans le discours des soi-disant acteurs et observateurs (étranges personnages qui disent agir pour nous à distance depuis les fenêtres de leurs appartements parisiens ou new-yorkais – ça frise la sorcellerie comme auraient dit mes amis camerounais), c'est la récurrence des idées, des concepts et des postures. Des phrases vieillottes, des postures entièrement inadaptées, des stratégies désuètes. A croire que les hommes politiques, les associations et les observateurs de la vie de notre pays vivent hors du temps.
Massalbaye Ténébaye et Delphine Kemneloum se réveillent et nous resservent une veille idée de pacte pour la paix ! La CPCDC (désolé je ne connais pas le sigle exact de ce groupuscule de personnes dispersées entre Paris et Washington et qui ne semblent être connus que des lecteurs de ialtchad) se cramponnent à des stratégies que l'Actus de Fidel Moungar à l'époque a testé sans succès. Beaucoup d'étudiants, longtemps endormis, se réveillent subitement et se rendant compte de leur situation de « perdus dans les vastes étendues américano-canadiennes ou sur les bords de la Seine », reviennent nous servir des analyses académico-intellectuelles sensées éclairer notre compréhension de la politique de notre pays. Certains encore, se demandant comment se faire connaître, vont jusqu'à vouloir jouer au révisionniste (mais sans la classe et le talent qui fait d'un révisionniste quelqu'un de dangereux - d'où je recommanderai simplement aux familles et aux associations des victimes de Habré de ne pas se laisser impressionner par monsieur Assilec Halata ; il n'a ni la carrure ni l'intelligence d'une personne capable de déformer la vérité) certainement en vue d'un positionnement politique prochain. Bref, que de litanies et de discours ennuyeux et qui sont devenus à la longue énervants.
À part les articles de Ahmed Lyadish et de Enoch Djondang que je trouve osé en ces temps difficiles, la plupart des commentateurs restent décevants. La plupart des positions sur les futures élections ne sont ni opératoires ni spectaculaires. Quand Delphine Kemneloum coordonnatrice du Comité pour la Paix au Tchad déclare qu'aller aux élections maintenant empirerait la situation, je me dis que l'adresse postale de cette dame doit être Jupiter ou Pluton. La situation ne va pas empirer. Elle n'a jamais été aussi pire. Et ce n'est pas le fait d'aller aux élections qui la rendrait encore plus dramatique. Massalbaye Tenebaye, président de la LTDH, Delphine Kemneloum, Soubiane, la CDPDC et l'ensemble des poltrons politiques et associatifs qui les peuplent doivent arrêter de vouloir partager avec nous de cette façon grossière leurs peurs du quotidien, leurs fantasmes aussi. Nous avons nos propres peurs et nous les assumons déjà avec beaucoup de difficultés. À N'Djaména, et dans n'importe quelle petite ville du Tchad, personne n'a osé applaudir quand la banque mondiale a décidé de suspendre ses crédits. Qui oserait d'ailleurs ricaner devant la fermeture de la seule boutique encore capable de faire des prêts dans un quartier ? Sauf bien sur ces quelques personnes que je viens de citer, et qui croient encore que l'avenir se dessine à Paris.
Je crois que nos commentateurs et nos acteurs politiques, nos « élites », devraient simplement revoir leurs copies (ils me rappellent nos bons vieux professeurs de la faculté d'Ardep-Djouml, qui relisaient les mêmes cours dix années durant) avant de nous les resservir les prochaines semaines. Nous voulons du neuf. Nous attendons d'eux de l'espoir et non de la fuite. Nous attendons d'eux des positions fermes et pas des déclarations lâches. Nous attendons d'eux qu'ils nous conduisent et pas qu'ils viennent se cacher à Paris ou derrière nous. Nous attendons d'eux qu'ils se comportent en hommes et en femmes capables de faire face à une situation unique dans l'histoire de notre pays, des hommes et des femmes capables d'assumer ce rôle unique que l'histoire est en train de leur offrir sur un plateau d'argent. Si ce n'est pas cela, qu’ils se taisent donc et nous laissent combattre avec nos armes à nous, qui sont les armes de la résistance quotidienne.
Amine Idriss Adoum
Cela fait bientôt 20 jours que Messieurs Lol Mahamat Choua, Yorongar Ngarlejy et Ibni Oumar Mahamat Saleh, tous personnalités politiques de l’opposition démocratique, ont été enlevés par la garde rapprochée du Président Idriss Déby. Le premier sur la liste serait actuellement en détention. La destination et le sort des deux autres restent inconnus à ce jour.
Le Chef de l’Etat tchadien ainsi que certains membres de son gouvernement, en l’occurrence son ministre de l’intérieur Mahamat Ahmat Bachir et le ministre porte-parole du gouvernement Hourmadji Moussa Doumgor, reprochent aux opposants démocratiques enlevés d’avoir tenté de conspirer contre le gouvernement en place en prenant contact avec les rebelles lors de l’attaque de N’Djamena.
Cette scandaleuse accusation ne se fonde évidemment sur aucun élément de fait sérieux puisque Idriss Déby et ses ministres s’étaient d’abord défendus d’avoir procédé à l’arrestation de ces opposants politiques avant d’avouer, sous la pression médiatique, l’enlèvement de Lol Mahamat Choua. Selon les grotesques propos de Ministre porte-parole du gouvernement, le président du RDP avait été arrêté ensemble avec « les prisonniers de guerre qui ont survécu aux combats ». Néanmoins, cet aveu d’arrestation n’a toujours pas été suivi d’une mise en examen du prétendu coupable, Lol Mahamat Choua, lequel continue à croupir dans les geôles de la milice politique du régime de N’Djamena.
À ce jour, et selon une déclaration faite ce matin par les suppôts français du Président Déby, les recherches continues d’être menées au sujet d’Ibni Oumar Mahamat Saleh et de Ngarlejy Yorongar. Cette déclaration paraît d’autant plus inquiétante qu’elle laisse supposer que ces opposants politiques ne seraient pas détenus par la milice politique d’Idriss Déby. Autrement dit, ils se seraient soit « cachés dans leur famille » comme l’a vulgairement affirmé Ahmat Bachir, soit ils auraient été purement et simplement exécutés comme le supposent les organisations internationales des droits de l’Homme.
Si toutefois Ibni Oumar Mahamat Saleh et Ngarlejy Yorangar sont bel et bien en vie et qu’ils sont détenus par les forces de Déby, il est plus qu’impérieux de formuler les chefs d’inculpation au plus vite et les remettre aux mains de la Justice qui est seule compétente pour les juger. À défaut de chefs d’inculpation, le gouvernement doit remettre ces opposants en liberté tout aussi plus vite. Monsieur Kouchner qui s’est érigé en défenseur de la légitimité politique d’Idriss Déby et de la divine démocratie tchadienne doit assumer jusqu’au bout les conséquences de sa « clairvoyante » appréciation de son protégé.
Quant à Monsieur Déby et à ses ministres, sachez que ceux qui méritent d’être arrêtés et mis hors d’état de nuire, ce sont principalement les rebelles qui cherchent par tout moyen à renverser le pouvoir par les armes et non pas les opposants à qui la Constitution reconnaît expressément le droit de participer à la vie démocratique de notre pays. Vous prétendez défendre la Constitution, mais tous vos actes prouvent le contraire. Parmi les plus récents :
Que reprochez-vous aux opposants que vous détenez ? D’avoir refusé de prendre les armes contre votre régime ? J’espère que ni Ibni Oumar Mahamat Saleh ni Yorongar Ngarlejy ne tueront jamais les Tchadiens pour gagner votre amitié. Et maintenant, il faudra les libérer s’ils sont encore en vie.
Lyadish AHMED
21 jours après son enlèvement et 10 jours après sa « découverte » parmi les « rebelles faits prisonniers sur le champ de bataille », Lol Mahamat Choua est toujours gardé dans les geôles de la police politique du régime de N’Djamena. Les autorités gouvernementales l’accusent d’avoir noué des contacts avec les rebelles lors de l’attaque de la capitale. Il a été « pris en flagrant délit » selon un communiqué du gouvernement. En d’autres termes, Lol Mahamat Choua avait été, sinon surpris arme à la main contre l’ANT, du moins en négociation effective avec les rebelles. Sa famille dément cette thèse et affirme que l’ex-chef de l’Etat a été arrêté chez lui, à son domicile privé.
Aujourd’hui, malgré les multiples appels à la raison de la part de son parti politique, de la CPDC et des ONG, les autorités tchadiennes maintiennent leur version des faits et affirment avoir décidé de traduire Lol Mahamat Choua devant les instances judiciaires afin que celui-ci réponde de ses actes. Idriss Déby Itno a indiqué que la libération de M. Lol Mahamat Choua, « demeurait conditionnée à l'aboutissement de la procédure judiciaire ». Cette volonté de traduire le président du PLD en justice est confirmée par Ahmad Allam-Mi qui a précisé que « nous sommes actuellement dans une situation d'exception. On ne va pas libérer (Lol) tant que le pouvoir judiciaire n'aura pas clarifié sa situation ».
Lol Mahamat Choua sera donc probablement présenté devant un juge judiciaire pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Il sera alors le premier Tchadien à être jugé pour un tel motif. Cette situation pose toutefois la question de « l’égalité des opposants démocratiques et des opposants rebelles devant la loi ». En effet, aucun rebelle n’a jamais été inquiété pour avoir tenté de renverser Idriss Déby. Bien au contraire, le Président tchadien récompense largement toute personne ayant essayé de le renverser par les armes. Les exemples sont légion en la matière. D’ailleurs, Ahmad Allam-Mi a révélé récemment vouloir engager des négociations avec les rebelles qui ont attaqué N’Djamena les 2 et 3 février dernier. Pourquoi donc Lol Mahamat Choua, accusé pourtant de rébellion, doit-il être soumis à un régime spécifique ? Il aurait été mieux traité s’il avait réanimé son mouvement rebelle d’antan, le MPLT ?
Les autorités tchadiennes doivent adopter une attitude cohérente face à la situation qui prévaut actuellement au pays. Il me paraît totalement ubuesque que d’une part, Idriss Déby et ses ministres cherchent à choyer des opposants armés qu’ils placent au-dessus de la loi, et que d’autre part des opposants démocratiques soient accusés injustement par ces mêmes autorités et traduits arbitrairement devant le juge. Les Tchadiens ne sont-ils pas égaux devant la loi ? J’espère que les juges devant qui sera présenté Lol Mahamat Choua sauront garder leur lucidité et prononcer un non-lieu dans cette affaire. Il faut arrêter de fouler au pied les lois de notre pays.
Lyadish AHMED
« N'Djaména-Malabo : petit pont de poussières et de misères »
N’Djaména-Malabo. Qu’est ce qui peut rapprocher ces deux villes de deux pays totalement différents ? Je crois que N’Djamena, ville poussière à l’architecture sahélienne, et Malabo, ancien comptoir colonial espagnole vieillissant de la côte atlantique devenue capitale de la Guinée équatoriale peuvent aisément être comparées.
Il y a dix ans, la partie citadine de Malabo se limitait à ce qui est devenu son centre – ville aujourd’hui avec ses restaurants neufs, ses petites rues entièrement pavées et ses lampadaires. N’Djamena, il y a dix ans, montrait le visage d’une ville en pleine reconstruction après les affres des guerres civiles des années 80. Malabo, en ces temps-là, en dehors du centre-ville, ressemblait plus à un gros village de la savane tchadienne qu’à autre chose. Les gens qui l’avaient connue à cette époque, et qui connaissent aussi bien le Tchad, la comparaient volontiers à Kelo… en 1990.
Dix années plus tard, le boom pétrolier aidant, Malabo commence par prendre des allures d’une véritable petite ville, avec des rues entièrement bitumées, ses lampadaires, ses magasins et ses restaurants, des espaces verts et des zones nouvelles d’habitation en pleine construction. Tout dans la ville sent le pétrole à plein nez. Des immeubles poussent un peu partout, de nouveaux quartiers apparaissent chaque année, des hôtels et des restaurants sont inaugurés tous les six mois, un nouvel aéroport, un stade en construction, une université en chantier etc. Le pétrole ici, bien que mal géré comme un peu partout en Afrique semble avoir profité à toute ville. Il suffit pour s’en convaincre de voir le nombre de voitures en circulation dans la ville. Il y a une dizaine d’années, les statistiques officielles de la ville dénombraient juste une centaine de voitures. On compte aujourd’hui plus de 150 000 véhicules roulant en Guinée Équatoriale, dont plus de trois-quarts seulement à Malabo. La ville continue par connaître encore des problèmes d’alimentation en eau potable et en énergie électrique. Mais le tout nouveau complexe gazier construit par la société Marathon prévoit dans un avenir proche un système connectant la centrale thermique de la ville à ses propres usines de production électriques. Tout le monde s’accorde à reconnaître que l’évolution de la ville a été extraordinaire. Il reste à Malabo le défi de changer de culture pour passer du mode de vie villageois avec ses pesanteurs, à un mode de vie citadin, plus ouvert sur le monde et aux autres.
N’Djamena, je le disais, il y a dix années, avait alors fait mine de vouloir rompre avec son passé morbide et humiliant de ville assassine. Mais quelque chose a certainement dû se passer entre 1992 et 2005. La poussière et les dépotoirs sont aujourd’hui les principaux habitants de la ville. Chaque jour qui passe apporte son lot de saletés et de destruction. On détruit d’anciens quartiers soi-disant pour réhabiliter des rues ou créer des espaces verts pour en réalité simplement aménager des pâturages pour les moutons et les vaches des ministres et des nouveaux riches qui poussent chaque nuit dans la ville. Si Malabo a aussi le syndrome de la création du nouveau riche, N’Djamena semble être déjà rentrée bien loin dans la phase morbide de cette maladie qui a pour origine la corruption. La corruption en Guinée Équatoriale est aussi importante, et tous ceux qui viennent pour la première dans ce pays en expérimentent l’amère pilule dès leur première descente d’avion. Mais au Tchad, le mal a pris des formes et des proportions monstrueuses qu’il en a fini par dénaturer l’allure et l’architecture de notre capitale. L’indécence qui caractérise cette maladie (la corruption) se répercute jusqu’a sur les modèles de construction et de décoration de nos maisons. Les maisons « à étages », signe suprême de richesses s’il en est, poussent dans tous les quartiers, aussi bien dans ceux prétendument riches que dans ceux où la misère semble avoir investi toutes ses économies. Construire une maison à étages dans un quartier comme Arbou-Soulbak où dès que la fenêtre dépasse deux mètres on peut regarder dans les toilettes de son voisin. Cela est pire que le manque de décence. C’est un manque d’éducation. De toutes les façons, les N’djaménois et les Tchadiens dans leur grande majorité, ont oublié le sens du mot « honte ». Ou alors ils seraient nés après l’invention de ce mot par Dieu.
N’Djamena, ville cruelle, ville poussière, pour paraphraser Eza Boto, et plus près de nous, notre compatriote Nimrod Bene Djangrang. N’Djamena, condamnée à disparaître sans doute, par la faute de ses enfants, qui jouent à se faire peur toutes les nuits à coups de pistolets et de couteaux, et qui passent chacune de leurs journées à s’auto escroquer, à s’auto corrompre.
Il est vrai que Malabo n’est pas mieux lotie en termes de corruption. Mais en Guinée au moins, on remarque toutes de suite qu’il y a eu un effort, voulu et soutenu, pas encore avec toute l’énergie qu’il aura fallu, mais au moins cet effort a été fait. Et continue d’être fait pour donner une fierté à la ville. Chaque responsable guinéen, aussi corrompu soit-il, est fier de vous dire qu’il est guinéen, et qu’il travaille pour la Guinée. Je n’ai pas vu, ni entendu un responsable tchadien parler de la fierté d’être tchadien, encore moins de la fierté de travailler pour le Tchad. Comme je le disais dans un précédent article, le sens de l’histoire semble être la qualité au Tchad la moins partagée. Aucun de nos maires à N’Djamena ne s’est jamais adressée de façon solennelle à ses administrés pour leur parler de la fierté d’être N’Djamenois. Aucun ne le pourra d’ailleurs, eux tous, ces maires dont la seule fierté reste le nombre de leurs épouses épousées après leur nomination.
Amine Idriss Adoum
Sans aller chercher dans les indicateurs économiques et sociaux, force est de constater que notre pays reste à la traîne dans la course à la modernité en Afrique. Pas de routes, peu d'écoles, pas d'hôpitaux, pas d'intellectuels ou alors très peu, et assurément un système politique, social et culturel des plus archaïques, et des dirigeants parmi les plus nuls de la planète.
Allez pourtant dire cela à mes compatriotes et ils vous sauteront dessus à coup de canons et de coutelas bien aiguisés. Notre histoire récente elle-même n'est pas des plus glorieuses. Guerres fratricides, massacres et spoliation des siens, apartheisation des ethnies et des groupes sociaux, on dirait que les dieux ont assurément classé le Tchad dans les tiroirs des damnés de l'histoire.
Pendant que les autres avancent les Tchadiens font de grands pas pour reculer, tout en expliquant aux autres que c'est là leur voie à eux du progrès (sic). Le pire dans cette histoire c'est que nous sommes bien conscients que nous reculons, et pourtant nous continuons à nous délecter dans cet enfoncement. Cette attirance morbide pour le suicide a commencé il y a seulement quelques années, aux moments des grandes sécheresses des années 80, et quand les FAN( Forces Armées du Nord), s'étant déjà emparé du pouvoir et tronqué leurs sinistre sobriquet "Force Armées du Nord" par celui non moins tordu de Forces Armées Nationales Tchadiennes (FANT),s'étaient lancées dans une véritable campagne de vendetta dans la brousse profonde. Si l'exode rural au Tchad existait bien autrefois, il a pris une ampleur massive sous l'effet conjuguée des sécheresses des années 80, des FAN bien sûr, mais aussi (et la encore ce sont les FAN) de l'appel de Hisseine Habré à tous ses co-régionnaires de se déverser dans N'Djamena pour le «recolonisé". Idriss Deby est venu compléter le tableau en affamant les campagnes à son tour et en demandant lui aussi aux siens de venir prendre leur butin à N'Djamena.
Les effets de tous ses facteurs ont été désastreux pour notre identité de citadins tchadiens. Chassés par les FAN, FAP, MPLT, MPS, FAR, etc. Tous ces groupes de bandits bizarrement appelés « politico-militaires» de la brousse du Centre et Sud ou des dunes désertiques du Nord, nos compatriotes ont migré massivement vers les quelques faméliques regroupements de maisons que nous osons encore appeler villes et qui portent le nom ridicule (parce que jamais nom n'a autant juré avec sons sens propre) de N'Djamena, Moundou, etc.
Autrefois nomade ou pratiquant une culture sur brûlis donc constamment en déplacement, l'homme rural tchadien se retrouve, par le fait des facteurs précités, embarqué dans un environnement totalement différent où il ne devrait pas avoir besoin de faire de la culture sur brûlis ou de faire transhumer son bétail. Mais comme son irruption dans cet environnement totalement nouveau pour lui ne s'est pas fait de son propre et plein gré, il n'a pas vu pourquoi il devrait abandonner les principes moteurs qui ont guidé sa vie jusqu'à ce jour. De plus, meurtri par plusieurs mois de fuites, son atavisme ancestrale de maraudeur a vite fait de refaire jour.
Du coup, N'Djamena et Moundou, villes qui ne devraient logiquement pas avoir un statut de cités parce qu'elles ne remplissent plus aujourd'hui aucun des critères qu'il faudra pour cela, se sont très vites transformées en taudis fantomatiques, grouillant de saletés et de puanteurs, gérées par des bandits de grands chemins qui ont pris le titre de politiciens, et ou la seule caractéristique visible reste l'envie de partir qu'affichent ses habitants. Rien de structurel, rien de permanent, tout est construit sur le mode du temporel et du temporaire, sur le mode du départ. Personne n'est chez soi, surtout pas tous les nouveaux venus chassés par la sécheresse ou par les FAN/FAP/FAR/MPS, etc. Poussés en villes malgré eux par les injonctions d'un Hisseine Habre/Idriss Deby les appelant à venir profiter des richesses (imaginaires) de la ville.
Au demeurant, tout ceci reste classique de l'histoire de la formation de toute ville. Le seul ennui avec le Tchad, ce que si au départ les traits de N'djamena se devaient bien d'hériter de cette période trouble de son histoire, en principe avec le temps les blessures devraient être gommées, et non accentuées. Que Nenni !
Au Tchad, où la déstructuration du passé reste un exercice très fort quand il s'agit de se fermer les yeux, on accumule non seulement les blessures sur nos villes, mais en plus, on en ouvre de nouvelles. Et elles sont nombreuses, faites de manière volontaire. Les citadins d'hier, complètement engloutis dans la masse des nouveaux venus, ont perdu tout repère. Le désordre et la saleté ont tout envahi, jusqu'à nos cours. Ceux qui devraient en principe donner le tempo pour aider les arrivants à intégrer la ville et ses structures ont baissé les bras dans les meilleurs des cas. Le plus souvent, ils ont tronqué leurs habits de citadins contre des pratiques dites traditionnelles d'un autre âge. Le rural a fini par absorber l'urbain et le campagnard posséder la cour du citadin.
Résultat : des villes nauséabondes, où il fait mal vivre, et d'où la culture a pris ses jambes à son coup. Plus de cinéma, pas de théâtre, plus de bibliothèques. Pour tromper leur échec les N'Djamenois ou les Moundoulais, qui ont non seulement été complètement digéré par les nouveaux venus et leurs pratiques, mais se sont aussi laissé bouter hors du champ économique et décisionnel (le pouvoir politique) se sont lancé dans une course folle contre la bouteille de la gala. La seule distraction reste l'alcool, ou battre sa femme et injurier ses voisins !
Que faut-il faire finalement ? Chasser les nouveaux venus ? En fait les nouveaux venus comme je les appelle font maintenant partie du paysage de nos «villes ». Il faudrait plutôt exhorter le politique à mettre en place de véritables campagnes de sensibilisation sur le sens de ce qu'est une ville, une cité. Au lieu de folklorique rond points qui n'ont pour seul résultat que de rendre la circulation des voitures plus difficiles et vider à la vitesse de la lumière les caisses des municipalités (il faudrait être un maire complètement idiot pour remplir une ville entière de rondpoint et compter cela dans les réalisations politiques.) On fera mieux d'investir dans la construction de parcs et de centres de loisirs, de cinémas et de zones d'animations. Mais finalement je crois que tout ceci n'arrivera pas. Surtout quand on se souvient d'où sortent nos maires et avec quelles organisations politiques ils sont liés.
À bientôt, et ne vous gênez pas pour me répondre si vous vous sentez visé
Amine Idriss Adoum