Le Président du conseil militaire de transition (PCMT) s’est adressé à la nation ce 19 avril 2022. Il a insisté sur la tenue du dialogue national inclusif (DNI) le 10 mai prochain.
La mort du Président Deby le 20 avril 2021 a ouvert une nouvelle ère de transition au Tchad. Une transition militaire dirigée par le General Mahamat Idriss Deby, fils de défunt président. Le pouvoir militaire organisé sous l’appellation du Conseil militaire de la transition (CMT) était contesté à ses débuts par les organisations de la société civile, les partis politiques de l’opposition démocratiques et militaires. Plusieurs manifestations ont fait l’objet des bavures policières coûtant la vie à des Tchadiens. Pour récapituler un an d’exercice de transition, le PCMT le général Mahamat Idriss Deby s’est adressé à la nation. Le point d’orgue c’est le Dialogue national inclusif (DNI). « Comme annoncé précédemment, les travaux du Dialogue National Inclusif commenceront le 10 mai 2022 à N’Djaména », a annoncé le PCMT dans son discours. Selon lui, c’est un rendez-vous crucial à l’issue duquel, le pays va se doter des institutions pérennes répondant aux aspirations profondes et légitimes du peuple tchadien souverain.
Le Chef de la junte a évoqué que la prise du pouvoir par les militaires est un acte historique entrepris pour assurer la continuité de l’État. Il soutient aussi que cette transition militaire a garanti de la paix, la quiétude, la sécurité des populations, la préservation de l’intégrité territoriale et la sauvegarde de la souveraineté internationale du Tchad. Selon le PCMT, une feuille de route a été établie par le gouvernement de transition avec pour objectif de créer les conditions propices à l’organisation des élections générales transparentes et démocratiques au terme de la transition. Le général Mahamat Deby a signalé aussi la mise sur pied du Conseil national de la transition (CNT). Il faut rappeler qu’au lendemain de la prise du pouvoir par la junte la constitution et le parlement avaient été dissous. Une charte de transition, trop critiquée, a été confectionnée en lieu et place de la loi fondamentale.
Au sujet de la sécurité, le PCMT a estimé que la situation est stable mis à part les malheureux évènements dans quelques provinces. Le général Mahamat Deby, a abordé également la révision du statut des armées. À son avis, un paquet de réformes nouvelles pour une gestion optimale de la carrière militaire. Ce qui va améliorer leurs conditions de vie et de travail des militaires, dit-il.
S’agissant du social, il faut signaler que plusieurs manifestations notamment des syndicats, des diplômés sans emplois ont rendu morose le climat social du pays. Toutefois, à en croire le PCMT, les autorités de la transition ont fourni des efforts importants. Il justifie leurs efforts par la signature du pacte social avec les organisations syndicales, le recrutement de 5000 jeunes diplômés à la Fonction publique en cours, la création d’un fonds spécial pour les micros projets pour les femmes rurales, la réduction des coûts d’Internet, etc. Comme approche pour le développement, il dit dans son discours mettre l’accent sur l’énergie, l’élevage et l’agriculture. Il reconnaît l’instabilité et l’insuffisance de l’énergie en ce moment au pays. Le PCMT promet s’investir pour résoudre la défaillance du réseau électrique, en mettant l’accent sur la production de l’énergie verte.
La justice a fermé à plusieurs reprises ses portes suite aux menaces des magistrats dans l’exercice de leur fonction et leurs conditions de travail. Récemment, les syndicats des magistrats ont lancé une grève illimitée qui a duré trois semaines sans trouver une solution définitive. Dans son adresse à la nation, le PCMT note l’instauration d’un système judiciaire soucieux des libertés individuelles et des droits fondamentaux des citoyens. Pour lui, la justice fait partie des priorités du CMT. Il déclare réitérer clairement sa ferme volonté de mobiliser les moyens nécessaires en vue d’améliorer les conditions de vie, de travail et de protection des magistrats. « Aucun moyen à notre portée ne sera épargné pour soutenir la justice qui représente le cœur d’un État de droit, tout en exigeant en retour, un fonctionnement optimal de l’appareil judiciaire pour restaurer la confiance entre la Justice et les justiciables », a souligné le général Mahamat Deby. Il appelle les Tchadiens à l’unité pour un Tchad prospère.
Moyalbaye Nadjasna
Cela fait exactement un an que le président tchadien le maréchal Idriss Deby Itno est mort. Le 20 avril 2021, l’annonce de sa mort a créé une panique à N’Djamena, la capitale tchadienne. La nouvelle a défrayé la chronique et les « Unes » des médias nationaux et internationaux. Une véritable surprise pour les militants du Mouvement patriotique du Salut (MPS) qui attendaient pour fêter leur victoire aux élections présidentielles pour un sixième mandat consécutif. Retour sur cet évènement.
La nouvelle du décès du maréchal du Tchad a surpris tous les Tchadiens. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) proclamait sa victoire aux élections d’avril 2021 avec plus de 92 % de suffrage exprimé. Les militants s’organisaient pour la fête du sixième mandat consécutif du président fondateur du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) Idriss Deby Itno.
Ce 20 avril 2021, les chars de combat quadrillaient la ville de N’Djamena. C’est une débandade totale, piétons, motocyclistes et automobilistes créent un embouteillage sans pareil. Il faut beaucoup de manœuvres pour arriver chez soi pour ceux qui ont appris la nouvelle. Sur les antennes des médias publics et privés mêmes internationales, la mort du maréchal tchadien passait en boucle et les éditions spéciales se multipliaient. Les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) avaient lancé l’offensive coûtant ainsi la vie au président tchadien qui s’était rendu au front. Rapidement, un calme relatif régnait sur N’Djamena malgré la nouvelle du décès du Chef de l’État.
Aussitôt, les militaires ont mis sur pied un Conseil militaire de transition (CMT) et Mahamat Idriss Deby, fils du président prend le pouvoir. Les militaires déclarent de leur intention à la télévision nationale. La junte dissout de facto la constitution et l’Assemblée nationale (AN) qui vont être réhabilitées plus tard en attendant la mise sur pied d’un Conseil national de la transition (CNT). À la place de la constitution, les militaires formulent une charte de transition qui confère tout le pouvoir entre les mains du Président du CMT. Quelques jours après les obsèques du maréchal sont organisés en présence du Président français Emmanuel Macron, et du Président en exercice de l’Union africaine (AU) Félix Tshisekedi. À la place de la Nation tchadienne, des tirs de canon ont salué la mémoire du fils du soldat Idriss Deby Itno mort au front. La dépouille mortelle du maréchal Idriss Deby Itno va être ensuite transportée à Amdjaras (Ennedi Est) son village pour être inhumé.
L’entame de la transition au Tchad était cadencée par des mouvements d’humeurs, les manifestations et des vives contestations. Certaines organisations de la société civile, des partis politiques de l’opposition, les forces vives de la nation parlent de coup d’État. D’autres doigtaient les Français et les accusaient de soutenir les militaires au pouvoir. Ces manifestations ont été pour la plupart réprimées dans le sang créant ainsi un climat de tension entre la population et les militaires.
Un an après la mort du président Idriss Deby, la transition avance difficilement. Après les pré-dialogues civils, les politico-militaires militaires et le gouvernement n’arrivent pas à s’entendre pour donner la chance au Dialogue national inclusif prévu pour le 10 mai prochain. Or la transition en compte déjà 12 mois sur les 18 mois prévus dans la charte.
Moyalbaye Nadjasna
Depuis l’entame de la transition, le climat social est peu reluisant. Des mécontentements sociaux se cristallisent dans des grèves, des manifestations violemment réprimées par les forces de l’ordre, etc. Les autorités de la transition semblent s’égarer dans ce tourbillon d’évènements. À qui la faute ?
La température sociale au Tchad n’est pas constante. L’éducation souffre, la santé aussi et même la justice a pris un coup de froid terrible tout dernièrement. Un ensemble des maux qui affectent la stabilité sociale du pays. Le Tchad depuis le 20 avril 2021, après le décès du maréchal Idriss Deby Itno, a enclenché un processus transitoire. La junte au pouvoir a été très contestée, mais a réussi malgré tout à s’installer. Le Premier ministre de la transition à son temps a présenté un programme du gouvernement jugé évasif par certains députés de la troisième législature remplacés par l’actuellement Conseil national de transition (CNT). Dans la foulée de la transition, les faits les plus marquants sont sans doute les grèves et les manifestations souvent violemment réprimées par les forces de défense et de la sécurité.
Niveau Éducation : des manifestations intermittentes d’élèves tantôt, ils revendiquent le manque d’enseignants surtout scientifiques, tantôt, les conditions d’études pour les étudiants. Les enseignants scientifiques, eux, cessent le travail après plusieurs préavis de grèves pour leur reversement à la fonction publique. Les lauréats des écoles professionnelles et ceux de l’École normale fatigués par les promesses qu’ils qualifient de fallacieuses choisissent la rue pour se faire entendre.
Niveau social : les retraités, personne de 3es âges cumulent des arriérés de pensions. Même si limitées par la performance physique, organisent des sit-in, des marches pour clamer justice. Les différentes plateformes syndicales sont perdues dans leurs revendications et la base ne sait à quel saint se vouer. Il a fallu prendre hausser le ton pour parvenir à la signature d’un pacte social le 4 octobre 2021 entre le gouvernement et ses partenaires sociaux. Les défenseurs des droits des consommateurs et les ménagères crient la flambée des prix des produits..
Niveau santé : ce secteur n’a pas épargné par la tempête des revendications. Dernièrement, l’ensemble des contractuels dans les hôpitaux publics appelle à la grève. Ils ont lancé un préavis qui expirer bientôt. Le Président du Conseil militaire de transition a promis le recrutement de 5000 jeunes diplômés à la fonction publique. Depuis lors, des milliers frappent à la porte de la fonction publique.
Niveau justice : depuis deux semaines, l’institution judiciaire a fermé ses portes. Les magistrats dénoncent les violences sous toutes les formes qu’ils font l’objet. Ils déplorent que tous les acteurs judiciaires soient en insécurité dans l’exercice de leur fonction. Aussi, ils réclament des conditions de travail et l’amélioration de leur indice salarial.
À qui la faute ? Est-ce les autorités qui ne tiennent pas à leurs promesses ? Est-ce les manifestants qui sont impatients ? Le social constitue-t-il une priorité en cette période de transition ? La liste des maux qui accablent les Tchadiens est longue.
Il est encore temps de s’armer du courage. Les Tchadiens doivent croire à un futur beau jour, à un destin radieux de ce beau pays.
Moyalbaye Nadjasna
L’incertitude plane sur la date du Dialogue national inclusif (DNI) annoncé pour le 15 février prochain par le Président du conseil militaire de transition(PCMT), Mahamat Idriss Deby le 31 décembre 2021. Quelques indicateurs semblent indiquer que cette date est intenable à moins que…. Chronique.
Les Tchadiens sont à quelque deux semaines de la date officielle pour la tenue du DNI le 15 février prochain. Une date tombée comme un coup de semonce sur les membres du comité d’organisation du dialogue national (CODNI). Depuis lors, plusieurs consultations se sont enchaînées. Objectif, présenter aux différentes entités l’état d’avancement des travaux d’organisation du DNI et les impliquer davantage dans le processus.
Le premier indicateur n’est pas favorable. Et risquerait de compromettre le rendez-vous du 15 février prochain. Par exemple la société civile et certains partis politiques de l’opposition sont sceptiques. La coordination des actions citoyennes Wakit Tama, et certains partis d’opposition posent des conditions avant leur participation. Ils exigent « la révision de la charte de transition, la définition de critères de participation au dialogue, la non-représentativité des membres de la transition aux prochaines élections etc. » Ces revendications seraient-elles satisfaites avant la date du 15 février ? Le dialogue serait-il inclusif si ces acteurs politiques et de la société civile ne prennent pas part ?
Le second indicateur, c’est la participation des politico-militaires au DNI. Même si la concertation des mouvements politico-militaires à Rome du 20 au 22 janvier 2022 à l'invitation de la communauté Sant Egidio dans le sens du dialogue inclusif semble s’être bien déroulée, ce n’est pas totalement joué. À Rome la rencontre à consister essentiellement à presque un séminaire de formation à comment négocier à Doha au Qatar. Selon nos sources le Comité spécial technique (CTS) est reparti à N'Djamena, la capitale tchadienne, surpris par le sérieux des Qataris qui étaient très exigeants et regardant sur les financements de cette rencontre. Doha veut garder la main en cadrant le processus et en voulant impliquer l’Union africaine (UA) et les Nations-Unies dans le processus. Ce qui semble ralentir les ardeurs du Conseil militaire de transition (CMT). Le temps talonne le CMT.
Le troisième indicateur la libération partielle des rebelles par le CMT la semaine passée. C’est un pas positif selon certaines organisations de défense des droits de l’homme au Tchad. Mais elles déplorent le caractère sélectif de l’amnistie. Pour ces défenseurs des droits humains, l’amnistie générale ne doit laisser personne derrière. C’est la seule possibilité de garantir un dialogue sincère et inclusif. Il y a aussi le mouvement rebelle du Front d’alternance et de la concorde au Tchad (Fact) de Mahamat Mahdi Ali exige toujours la libération de ses prisonniers de guerre et un cessez-le-feu formel.
Selon nos sources, tous ces indicateurs il sera difficile de respecter ce rendez-vous du 15 février. Surtout que le CTS n’a même pas encore déposé son rapport. Toutefois les choses peuvent débloquer dans les prochains jours, mais difficile de tenir un DNI incontestable le 15 février. À moins que le CMT ne veuille tenir un DNI à minima.
Moyalbaye Nadjasna
Le GMIP (groupe mobile d’intervention de la Police) est un nid de barbares. Vous trouvez le mot barbare fort? Pas du tout. Ils sont de vrais barbares parce qu’ils se sentent étrangers à tout traitement humain raisonnable. Ils sont brutaux, incultes, intolérants, violents et usent d’un langage qui relève de l’ordure. Pourquoi le GMIP est barbare?
Les faits parlent d’eux-mêmes. Hamid Kodi, cofondateur du GROUPE IALTCHAD MEDIA et actuellement Directeur Général Adjoint de la Communication du Conseil National de Transition (CNT) assiste à des scènes de ce que la Mairie de N’Djamena a appelé opération déguerpissement des kiosques de commerces qui ont poussé, comme des champignons, dans l’anarchie sur presque toutes les grandes avenues de la ville. Et surtout que les autorités municipales, en tête le Maire Ali Haroun, appelaient les médias à couvrir l’opération. Comme bien de passant, Hamid a eu le réflexe de photographier avec son téléphone l’opération. 4 à 5 policiers, armes chargées et gâchette à la main, encerclent sa voiture et le brutalise. Un autre collègue, le journaliste reporter Jules Doukoundjé, intervient pour filmer la scène, il est à son tour roué des coups. Malgré leurs protestations clamant leurs identités.
Rien n’y fait. Les éléments du GMIP ont agi en barbare. Ils n’ont voulu rien entendre. N’ont voulu rien comprendre. Ils croient dur comme fer que la force est pour eux. Peu importe le contexte. Peu importe, les citoyens, les journalistes, ils ont droit d’atteindre à l’intégrité physique de tout homme, de toute femme, parce qu’ils sont la police. Ils étaient arrogants, violents, baveux et barbares. Ils ont, aux mépris de la loi, embarqué mes collègues décidant de les conduire à leur quartier général. Devant cet arbitraire, ils ont refusé d’obtempérer. Ils décident d’appeler le maire. Une fois chez M. le maire Ali Haroun, ils se sont confondus rejetant ainsi la méprise sur la Mairie. Le Maire gêné s’est excusé du bout de ses lèvres. Quel mépris! Voilà les faits.
Dans cette affaire, la première responsabilité incombe à M. Ali Haroun. Il est directement engagé parce que les éléments du GMIP étaient sous sa responsabilité. De plus, il est le maître d’œuvre de l’opération. Il devait, en amont, s’assurer que la mission du GMIP est simplement de surveiller le déroulement de l’opération pour empêcher les commerçants de s’en prendre aux agents de la mairie. Elle ne consiste pas à se comporter en hors-la-loi semant la violence à la moindre présence de journaliste, au moindre clic d’appareil photo ou de téléphone des citoyens. Cette agression est grave. Le cas de Hamid est encore plus grave, car il est à la vielle d’une opération médicale. Le voilà brutalisé par des brutes qui n’ont ni le sens du service ni celui de la protection civile.
Presque toutes les interventions du GMIP se soldent par des abus. Pas plus tard qu’hier lors d’une de leur opération de déguerpissement, ils ont molesté des paisibles citoyens leur confisquant leurs téléphones du simple fait qu’ils étaient en train de photographier une opération publique. Tout le monde se souvient de l’affaire du diocèse de Walia où ils ont violenté un homme d’Église parce qu’il leur a signifié d’évacuer la cour de sa paroisse qu’ils avaient envahie sans avoir la politesse de demander l’accès. M. le Maire Ali Haroun doit expliquer au GMIP leur mission. À défaut de le faire, son opération déguerpissement risque d’être un fiasco médiatique. Et surtout une catastrophe pour l’image de la Mairie, premier palier administratif proche des citoyens. Nous soutenons totalement les démarches des familles et leurs avocats qui sont en cours. L’agression est documentée. Justice doit être rendue.
Enfin, Ialtchad Presse a reçu de la part de ses lecteurs et des autres médias un solide soutien. Trouvez ici dans cette chronique nos remerciements. Aux internautes tchadiens « alif choukourr ». Le métier de journaliste au Tchad est un métier dur, ingrat, dangereux mais passionnant plus que partout ailleurs. Ialtchad Presse se réserve le droit d’agir contre le comportement de ceux qui sont responsables de les protéger dans l’exercice de leur fonction. Informer a un prix, mais pas celui de la violence gratuite de certaines crapules en kaki.
Bello Bakary Mana
Le 15 février 2022, c’est la date de la tenue du prochain Dialogue national inclusif(DNI) au Tchad. C’est ce qu’a annoncé à la nation le 31 décembre 2021, Mahamat Idriss Deby, Président du conseil militaire de la transition (CMT). Décryptage.
Les Tchadiens attendaient la date de la tenue du prochain dialogue national inclusif (DNI). C’est chose faite. Le général Mahamat Idriss Deby, Président du conseil militaire de la transition (PCMT) a tranché, c’est le 15 février 2022. Le dialogue national est l’un des principaux axes de la transition en marche après le décès du maréchal Idriss Deby Itno, le 20 avril 2021.
Dans son adresse à la nation ce 31 décembre 2021, le président du CMT évoque un dialogue sans tabou et souverain. « Les conclusions seront pleinement exécutoires, à l’issue duquel, une nouvelle Constitution va être adoptée par voie référendaire et des élections générales, transparentes, libres, crédibles et démocratiques vont être organisées », a dit le général. Il rappelle que de larges consultations de différentes composantes de la société tchadienne ont été organisées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays à la satisfaction de tous. Le PCMT estime que toutes les forces vives de notre nation ont adhéré de façon unanime au principe du dialogue. « C’est une étape importante franchie, dans la marche pour la réconciliation nationale », a-t-il soutenu.
Le président de la transition soutient que les Tchadiens vont continuer à reconstruire des ponts et des passerelles. Selon lui, chaque citoyen doit trouver satisfaction à ses attentes au sein de la République. Il insiste sur le respect des règles qui régissent les institutions. « Il nous faut donc consolider les acquis de la transition en cultivant la paix et le vivre ensemble par un comportement responsable et patriotique. Tous les Tchadiens, de tous les bords, ont le devoir de se sentir concernés par le processus », a dit le PCMT. Le général Mahamat Idriss Deby dit que le DNI est un processus qui doit construire un nouveau Tchad, réconcilié et fort de l’apport de tous.
Il faudra remarquer que le PCMT n’a nullement fait mention dans son discours de l’épineuse question de révision de la charte de transition. Pourtant, une modification réclamée par plusieurs mouvements telle que la Coordination pour des actions citoyennes « Wakit Tama ». Cette plateforme a toujours insisté sur la révision de la charte, l’une aussi des exigences du Conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine.
« Nous sommes tous, embarqués dans un même bateau à destination d’un seul port : un Tchad fort par l’unité de ses fils, un Tchad stable, en paix et tourné résolument vers le développement durable, un Tchad de justice et de fraternité », a conclu le général Mahamat.
Moyalbaye Nadjasna
2022 est là. Le Tchad aussi est là, mais en pleine phase de transition. Beaucoup de choses se passeront au cours de la nouvelle année. Je me suis dit, cette fois-ci, ce pays soit il se redresse pour tous les Tchadiens, soit nous allons tous sombrer. Je ne suis pas un oiseau de malheur, mais un observateur du « yougou yougou » de la scène politique tchadienne. D’ailleurs, bien malin serait celui qui lira l’avenir. Avec cette chronique, j’ajoute mon grain de sel dans la marmite bouillante de la transition. Alors que réserve 2022 aux Tchadiens?
D’abord, le Dialogue national inclusif aura lieu le 15 février. C’est décidé à la surprise de tous par le président du Conseil Militaire de transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby Itno. Il a choisi le moment et l’endroit seul sans concertation. Signe qu’il a pris confiance en lui. Il donne le tempo. Il a quelques coups d’avance sur ce rendez-vous. Et fort probablement, il veut être le maître d’œuvre et en sortir gagnant. Les autres acteurs et participants n’ont qu’à suivre le rythme. Les questions importantes à se poser sont : de quoi accouchera cette rencontre? Sera-t-elle inclusive? Souveraine? Les décisions et recommandations qui en sortiront seront-elles appliquées? Il faudra maintenant débattre des outils qui feront que ce dialogue ne soit accaparé par aucun groupe ou individu pour asseoir ses seuls intérêts. Tous ceux qui défilent à N’Djamena reprennent la chansonnette « dialogue inclusif », mais personne ne discute des outils qui feront le succès de cet évènement. Il est temps de commencer le débat. Je crois que la seule façon d’y parvenir est de s’atteler à modifier la charte de transition pour disqualifier tous ceux qui sont impliqués dans cette transition en cours. Oui les disqualifier pour les futures échéances électorales. Le premier qui doit donner l’exemple, c’est le président de la transition Mahamat Idriss Deby Into. Je crois qu’il n’y a aucune autre alternative que celle-ci. Sinon le pays risque de basculer dans l’instabilité et les rancunes hostiles. 2022 sera l’année de tous les dangers. Mahamat Idriss Deby Itno ne modifiera pas la charte. Il tentera de se présenter. Et les mêmes d’hier feront tout pour garder le pouvoir demain même au prix de la violence et des tripatouillages.
Il y a aussi l’Amnistie qui est acquise, le pré-dialogue avec les politico-militaires se tiendra. On ne sait ni quand ni comment. Seule certitude, cette rencontre se tiendra au pas de charge parce qu’il manquera du temps pour bien faire. En un mois, rencontrer les politico-militaires, s’entendre avec eux et organiser le grand DNI me paraît serré. La liste des amnistiés est publiée. Des grandes figures de la lutte armée y figurent; si le CMT arrive à une entente, ils pourront enfin rentrer chez eux. Des flammèches se produiront certainement, car ces leaders ne se laisseront pas faire. 2022 promet de l’action politique. L’autre inconnue est la rébellion du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT). Elle ne rentre pas dans la case amnistie. Pourtant elle est la plus dangereuse des mouvements politico-militaires. C’est un casse-tête pour la transition. Il faudra trouver une formule pour amener cette rébellion à la table du DNI. J’espère qu’elle ne sera pas le foyer d’un incendie qui enclenchera la encore de la violence pour la conquête du pouvoir.
Aussi, la prolongation de la transition aura-t-elle lieu ou n’aura-t-elle pas lieu? Cela se saura dans les prochains jours. Mais le CMT et ses amis politiques auront-ils besoin d’une prolongation? Oui si la machine se grippe quelque part. Non si tout baigne dans l’huile pour eux comme cela semble être le cas pour l’instant. Le CMT a les cartes entre ses mains. C’est le suspense sans suspense de l’année qui commence.
Ensuite, la forme de l’État, voilà un thème qui reviendra au cours de l’année. Et j’espère que le débat amorcé continuera pour que les Tchadiens se fassent une tête sur le sujet. Faut-il à ce pays le fédéralisme pour tenter un autre système? Ou faudra-t-il continuer avec l’État unitaire? Les partisans de deux options doivent affûter chacun leurs arguments. Déjà, il me semble que certains tentent d’escamoter le débat en remuant les vieux démons de la division. Ils tentent de faire croire que fédéralisme rime avec division. Ce qui est faux. D’autres, plus mesurés, croient que le Tchad a besoin d'abord de justice et de bonne gouvernance. Ces positions augurent un excellent débat. Le prochain DNI doit en tenir compte et faire ressortir les deux options. Aux Tchadiens d’en décider après une campagne référendaire.
Enfin, le débat sur médias publics s’impose dans cette transition. Dire que les médias publics tchadiens sont les plus médiocres de la planète est un compliment. Ils sont en dessous de la médiocrité. Le journalisme pratiqué dans ces organes de presse n’est pas du journalisme. C’est maintenant que les acteurs politiques tentent, de façon hypocrite, d’en parler. La preuve de cette médiocrité est étalée aux yeux de tous par l’interpellation du ministre de la Communication par le Premier ministre (PM). Ne sont-ils pas tous en conflit d’intérêts? Ou du moins en apparence de conflit d’intérêts? Vu leur rôle et leurs casquettes de président de parti? Bref, le dossier des médias publics est un véritable enjeu démocratique. Les assises du DNI doivent s’en occuper. Tout est à construire dans ce secteur. Il faudra innover, mais avec des vrais professionnels, des vrais passionnés du métier. Parce que les médias publics appartiennent à tous les Tchadiens et ne doivent pas servir de relais d’un groupe politique au détriment de l’intérêt public.
Bonne année.
Bello Bakary Mana
C’est la suite de la première chronique : Les grands perdants de la transition. Ce second papier je l’ai intitulé : Les grands gagnants de la transition. Le titre s’est imposé de lui-même. Alors qui sont les gagnants de cette première manche de la transition? J’ouvre la boîte aux enveloppes. Je saisi la première enveloppe.
Je l’ouvre ….
C’est Mahamat Idriss Deby Itno dit l’agneau-loup. Surnommé affectueusement « Mahamat Kaka », Kaka un sobriquet qui signifie au Tchad fils de grand-mère. Presque tous ceux élevés par une grand-maman, le porte. Subtilement cela veut dire enfant dorloter, enfant gâté, etc. Ces enfants sont souvent curieux, ou turbulents, intelligents, sages, et taiseux à force de côtoyer les personnes âgées qui leur consacre beaucoup d’attention, d’affection et leur donne la liberté d’expérimenter la vie réelle dans l’enfance. Le président de la Transition semble être dans la catégorie des taiseux. Plusieurs le prenaient pour un agneau de sacrifice. Je parie ma langue aux chats qu’ils mordront la poussière comme on dit.
À 37 ans le pouvoir lui est tombé sur la tête, dit-on. Il était un fils parmi d’autres. Je me suis renseigné sur le « pourquoi lui » ? Pourquoi en République cela est-il possible de s’accaparer du pouvoir par la force, quelles que soient les circonstances? J’ai reçu les mêmes réponses : « il est mieux que les autres », comme si cela lui revenait de droit. Aussi, je me suis rendu compte que le Tchad n’est une République que de nom. La République s’est « monarchisée ». Les esprits aussi. Je relance ma question sous une autre forme. Qu’est-ce que le président de Transition a de plus que ses autres frères ? Il semblerait, selon les mêmes sources, qu’il n’est pas flamboyant. Qu’il est simple, courtois, reconnaissant, calme, etc. C’était un jeune général qui recevait tout le monde sans distinction. Il écoutait les doléances de tous ses soldats, les aide à trouver des solutions, etc. J’avais envie de leur répondre : et alors? Aucun des arguments avancés ne répondaient à des critères objectifs.
Bon voilà, il est président de la transition parce qu’il est le plus gentil. Parce qu’il est le « fils de l’autre ». C’est tout. Et la République et sa Constitution alors ? Il y a même une source qui me répond en disant, sans sourciller, que le pays est au-dessus de la Constitution. Bizarre. Moi qui croyais naïvement que le pays, c’est un territoire, ses habitants et sa Constitution. J’ai lâché prise en concédant que la première manche du rendez-vous historique est remportée par le président du Conseil Militaire de Transition (PCMT). Peut-être même malgré lui.
Les jours passent, l’agneau du sacrifice cravache dur durant cette seconde manche. Il est transformé. Il est désormais un jeune loup. Il tente de mordre. De s’imposer. La démonstration a été faite lors de son entrevue à la télévision française France 24. Sur le fond, il ne s’est pas amélioré. Ses réponses sont courtes, sans entrain et presque sans argumentations. Elles sont pointées par des « oui », des « non », des « on verra ». Elles finissent presque toujours abruptement. Il semble répéter des réponses apprises par cœur au grand dam du journaliste. Il invoque Allah en justifiant son fauteuil et la légitimé en jurant la main sur le cœur que c’était le contexte sécuritaire qui l’a propulsé président. Il a, par contre, gagné en assurance. Il refuse de dire clairement comme, par exemple, le président de la transition de la Guinée Mamady Doumbouya qu’il ne se présentera pas. J’invite les partisans de Mahamat Idriss Deby Itno de regarder et d'écouter ce autre jeune président de transition, éloquent dans ses propos, clair dans ses pensées et juste dans ses actions. J’envie les Guinéens. Le nôtre, le PCMT, est resté flou. Et quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup disent les Français. Il confirme par ce flou qu’il sera bel et bien candidat. L’agneau est devenu loup. Les autres agneaux dans l’enclos sont avertis. Toutefois, il faut toujours espérer qu’il a le temps de changer et d’être clair comme Doubouya. S’il s’exécute, en organisant les élections sans se présenter, il sera un grand gagnant. Le Tchad aussi. Il évitera ainsi une autre tragédie au pays. Il a sa jeunesse pour lui. Il lui faut droiture et conviction pour tenir. Un pari difficile, mais pas impossible.
Ensuite, je saisi la seconde enveloppe et l’ouvre…
C’est Succès Masra dit l’ambitieux gourou. Tel un pasteur méthodiste il applique sa stratégie avec de la méthode. Il trace son chemin vaille que vaille et bouscule tout sur son passage. Beaucoup des Tchadiens l’ont regardé commencer presque seul. Le pouvoir du défunt Maréchal et ses amis le prenaient pour un illuminé mais rien n’y fait. La politique c’est comme une religion pour lui. Et son parti Les Transformateurs est pour lui presque une révélation divine. Lui, le gourou presque messianique y croit. Il a construit son parti comme une foi religieuse : croire, croire et croire. Le salut est dans la croyance. Et le Tchad transformé par les Transformateurs est la Terre promise aux enfants d’Israël, les Tchadiens. Il fait souvent référence à cette histoire religieuse. Le chef des Transformateurs fascine et fait peur en même temps. Comme journaliste, j’étais curieux de l’évolution de ce jeune politique. Je suis allé le rencontrer, échanger avec lui en lui proposant une entrevue « One to One », il a marqué son accord de principe. Avant cette rencontre, j’ai même écrit une chronique lorsque le défunt président l’a invité au palais pour lui serrer les mains, faire des photos. Une rencontre surprise qui a fait couler beaucoup d’encre et de salives. Un proche conseiller a même quitté le parti, clamant être trahi par le simple fait que son chef a rencontré le défunt président. Cette histoire a fait ruer dans les brancards comme on dit. Succès a fait le dos rond. La tempête a passé avec elle Idriss Deby Itno. Une nouvelle donne s’est installée. Masra est sorti des bois, ragaillardi. Il est jeune. Il incarne la nouveauté, la rupture avec le passé. Surtout avec tous ses vieux collègues qui soit se sont précipités dans les bras du CMT, soit sont dépassés par la méthode Masra. Il parle aux jeunes. Il sait les dénicher dans les réseaux sociaux. Cette stratégie à l’avantage de reléguer les autres politiques dans l’Ancien Monde.
Succès a donc du succès. Il s’est imposé sur la scène politique. Il a su garder le cap et est resté cohérent. Il a refusé d’embarquer dans la transition sans qu’on accepte ses préalables. Il réclame entre autres choses la modification de la charte en écrivant noir sur blanc que les membres de la junte ne se présenteront pas aux futures élections. Il exige un dialogue inclusif et souverain. Au sujet du Conseil national de transition (CNT), il a une formule lapidaire « pas de charrue avant les bœufs ». Masra c’est aussi l’Ancien Monde avec ses meetings sous le balcon devant le siège de son parti. Souvent, c'est après que la foule soit chauffée à blanc qu’il apparaît tel un messie haranguant ses jeunes militants majoritairement du sud du pays. Ils slament en s’interrogeant en Arabe locale « mâla mâa bi dorouna? » (Pourquoi ne veulent-ils pas de nous?) Cette « méthode Coué », version Transformateur, hypnotise ses militants et fait peur ses adversaires, les railleurs d’hier. Ce qui les terrifie c’est lorsque le leader s’adresse à cette foule compacte en affirmant, « plus rien ne se fera comme avant. Plus rien ne se fera sans nous. On rendra ce pays ingouvernable », en ces temps où l’option du Fédéralisme commence à contaminer le septentrion, les esprits en haut lieu commencent à s’interroger.
Enfin, les meetings des Transformateurs ont déjà transformé la façon de faire de la politique. Une gaieté contagieuse au rythme des pas de danses et du son du tam-tam traditionnel. Cela annonce, je l’espère, la naissance d’une nouvelle génération d’hommes et des femmes politiques intrinsèquement démocrates. Elle n’annonce pas, je le souhaite, la naissance des leaders politiques obtus, calculateurs et sectaires que le pays a connus depuis le matin de l’Indépendance. Succès a, également comme le PCMT, gagné la première manche de cette transition. Il gagnera encore plus en implantant son parti dans le septentrion tchadien. Et en intégrant dans son organisation beaucoup de jeunes militants nordistes. Le Tchad y gagnera.
Bello Bakary Mana
Il y a 6 mois et quelques jours depuis que le Président Idriss Deby Itno est mort. Et bientôt le pays aura consommé la moitié du délai de 18 mois réclamé par la junte militaire. Je réfléchissais à haute voix en monologuant comme un fou : qu’est-ce qu’il faut retenir de ces 6 mois? Je repose la question autrement. Qui sont les perdants et les gagnants de ces 190 jours? J’ai décidé d’écrire 2 chroniques. Vous lisez la première chronique, en 3 volets, que j’ai intitulée : les grands perdants.
Bon, les faits sont là. Ils sont têtus, mais ils sont vrais. Le fils du défunt président Mahamat Idriss Deby Itno a pris le pouvoir par la force pour dit-il, à voix basse, le rendre plus tard aux civils. Et puis clopin-clopant, il risque de le garder pour lui, rien que pour lui. Les fâcheries étouffées du palais commencent à sortir dans la rue et dans les réseaux sociaux. Les informations provenant du bord du fleuve Chari confirment qu’une lutte fratricide entre les enfants Deby est engagée pour héritier de la République. Oui la République du défunt papa Maréchal. Un des fils a même créé son parti politique. L’ambiance n’est plus à la fraternité parmi la ribambelle des princes. Le Roi est mort, vive le Roi. Pour l’instant, l’entreprise d’accaparement du pouvoir tourne à plein régime pour le président de la transition. Ceux qui l’ont aidé et soutenu, volontairement ou involontairement, sont définitivement des perdants. Oui, ils sont des grands perdants. Pourquoi? Pour 2 raisons. Un, ils n’ont pas compris l’enjeu. Deux, ils ont raté un rendez-vous avec l’histoire.
Et ces perdants sont, j’ouvre la première enveloppe…
C’est Haroun Kabadi, dit « le Druide ». Que dire de lui? Il avait tout à gagner, il a presque tout raté. La Constitution l’autorisait d’assurer automatiquement l’intérim et d’organiser des élections dans les 90 jours, il refuse prétextant le contexte sécuritaire complexe du pays. Pourtant, il était le dauphin constitutionnel légal. Comment interpréter ce refus? Haute trahison? Peur? Sagesse? Si j’étais à sa place, j’aurais assumé mes responsabilités. Pour les questions sécuritaires, il aurait pu appeler à un cessez-le-feu entre les rebelles et l’armée loyaliste pour éviter de transformer la capitale en poudrière. Tout le monde aurait intérêt. À sa place, je forme un gouvernement d’union nationale en prêtant serment et en démontrant n’avoir aucune velléité de confisquer le pouvoir. Il pouvait, compte tenu du contexte, demander un délai supplémentaire de 2 ans de transition. Il amnistie tout le monde s’il le faut, réorganise l’armée, lance une conférence nationale souveraine entre tous les Tchadiens, limite, pour 10 ans, la création des partis à 4 grandes familles politiques. Et à la fin organise des élections législatives et présidentielles et passe la main aux vainqueurs. Il sera un héros et peut se retirer tranquillement au village ou à l’étranger en ayant le sentiment d’avoir rendu un ultime service à son pays. Ça, c’est le scénario idéal. Même dans le pire des scénarios, il pouvait s’imposer et tenir son « bout de bâton » comme on dit. Advienne que pourra.
Ben non! Kabadi a fait un autre choix. Celui de continuer à éreinter sa vie du haut de sa respectable longévité. Il a préféré être perdant que gagnant. Peut-être qu’il a été forcé à être perdant. Peut-être il aurait aimé au fond de son cœur être gagnant. Et faire gagner pour une fois le Tchad. Toutefois, il est encore là. Il est remis à la tête du Conseil national de transition (CNT), organe législatif, après avoir refusé d’être à la tête du pays. 6 mois plus tard, je tente de comprendre la logique de son raisonnement, je n’arrive toujours pas.
…j’ouvre la deuxième enveloppe…
C’est Saleh Kebzabo, dit « Leuk, le lièvre ». On dit de lui qu’il est calculateur, fin politique, c’est le Maradona de la politique me disait un confrère journaliste. C’est le Djédjé Okocha renchérit un homme politique. J’avoue que Kebzabo est bluffant d’intelligence, de classe, de manière et de politesse. Il écoute beaucoup, mais au fond de son regard brille une malice particulière qui rassure et effraie. Au pays de ses parents peuls on l’aurait surnommé « Djiré », « Sabara » en Arabe locale. Il me rappelle le mythique livre des contes d’Abdoulaye Sadji et l’ancien président Léopold Sedar Senghor et l’histoire de « Leuk, le lièvre ». Un malin lièvre qui s’en sort toujours face à l’adversité.
Depuis plus de 10 ans, Kebzabo dit avoir pris ses distances avec le défunt président Deby Itno. Il dit l’avoir toujours accompagné en période crise, mais seulement en période crise. Et en signant des accords comme parti politique. Il clame n’avoir rien fait en son nom et contre la volonté du Bureau politique de son parti, l’Union nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR). À l’arrivée de la junte militaire, il a été ciblé, calculé pour aider. Il a lui aussi comme disent les Camerounais « calculé » la junte en quittant le mouvement Wakit Tama. On l’attendait comme Premier ministre du gouvernement de transition. Il rate le poste de peu. Il refuse alors d’être ministre. Il a préféré faire entrer deux de ses lieutenants. Il se réserve pour les futures échéances. Il est convaincu que son heure a sonné. Mais n’a-t-il pas raté la dernière marche du pouvoir en collaborant? Il aurait pu, définitivement, incarner l’avènement d’un Tchad nouveau sans se lier à la junte. Ainsi, il pourra jouer le rôle de garde-fou des dérives de la transition et émergera alors comme une autorité morale et politique incontestable. Il aurait gagné en se « présidentialisant » encore plus. Peut-être que les électeurs tchadiens lui sauront gré en lui confiant la destinée du pays lors des futures élections. Il semble avoir déçu beaucoup des Tchadiens. Il apparaît de plus en plus comme un perdant malgré qu’il souffle le chaud et le froid. La stratégie du « lièvre », qui consiste à dormir d’un œil, risque de l’emporter définitivement.
…et enfin, j’ouvre la troisième et dernière enveloppe.
C’est Mahamat A. Al Habbo , dit « l’intransigeant prof ». À son sujet, je me suis posé cette question : diantre, qu’est-il allé chercher dans cette galère? Il y a presque 20 ans qu’il a quitté le gouvernement Deby. L’intransigeant professeur a tenu 20 ans de privations et d’intimidations du père Deby. Il a jeté rancune et rancœur au fleuve Chari pour aller embrasser le fils Deby. Il est entré dans ce gouvernement, certainement, avec des intentions louables. Il a lui aussi cru comme son ami Kebzabo que le président de la transition est jeune, innocent et n’a aucune intention de s’éterniser au pouvoir. Il a visé un grand ministère régalien. Il l’a obtenu, le ministère de la Justice dans un pays où presque personne ne croit à cette institution. Son entrée au gouvernement a été fracassante. Les Tchadiens se souviennent de sa mémorable allocution lors de la passation de service. Une sortie qui a suscité de l’espoir et qui a été unanimement saluée. Au lendemain de sa sortie, il a été recadré en conseil des ministres, disent plusieurs sources. La solidarité gouvernementale a eu raison de l’intransigeance du professeur qui sentait que les Tchadiens avaient soif de justice. Et qui voyait dans les premières paroles du Grade des sceaux, une rédemption. Hélas, le prof a plié.
Depuis lors, il est à l’étroit et mal à l’aise dans ce gouvernement. Pourtant c’est une forte tête qui n’hésitera pas à démissionner aux premiers accros pensaient plusieurs observateurs. Le prof réalise que la politique en période de transition est plus abstraite que les chiffres et les théorèmes mathématiques. C’est du concret, du coup pour coup. Pourtant il a les ressources nécessaires comme lorsqu’il enfanta l’Alliance Victoire en professant la théorie du candidat unique de l’opposition face à Deby et où son collègue Kebzabo trébucha pour céder la place à Me Théophile Bongoro. À sa place j’aurais démissionné pour me consacrer à rebâtir mon parti (le Parti pour les Libertés et le Développement, PLD). Un parti cassé, saccagé par le défunt président. Le PLD n’a presque plus des militants, ils sont partis ailleurs. Très peu sont restés. Il semblerait que ce sont eux qui insistent pour qu’Al Habbo reste encore ministre espérant que le PLD se refait des forces. Le ministre de la Justice a beaucoup à gagner en reprenant sa liberté. Il est minuit moins 5 minutes pour lui et sa formation politique. Parce qu’il continue de bénéficier de son image d’homme intransigeant et de celui d’homme intègre de son ex-chef leader disparu, le prof Ibni Oumar Mahamat Saleh. Le temps passe et Al Habbo semble de plus en plus pris dans la mélasse de la junte. S’il se défait de ce piège, il gagnera et fera gagner le pays en jouant le contrepoids à la junte. Sinon il restera un perdant de plus de cette tragique transition qui ne compte ni transiter ni transiger tellement le chef de la junte est embarqué dans une logique de confiscation du pouvoir.
Bello Bakary Mana
Le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes dans le monde, avant et après la ménopause. Selon l’organisation mondiale pour la Santé (OMS), une femme sur 9 sera atteinte d’un cancer de sein au cours de sa vie et une sur 27 en mourra. Au Tchad, comme dans bien d’autres pays en développement, ce mal tue et continue de traumatiser les femmes. Le mois d’octobre, appelé aussi octobre rose, devrait permettre à toutes les forces vives de la nation de faire bloc et de se pencher sur ce fléau qui menace notre pays. Chronique.
Octobre rose, ou mois de campagne de communication destinée à sensibiliser sur le dépistage du cancer de sein. Au Tchad, il n’y a pas un chiffre officiel, mais l’augmentation des cas donne froid au dos. Selon le président de la ligue tchadienne de lutte contre le cancer, plusieurs nouveaux cas sont enregistrés chaque année au Tchad. L’annonce du Dr Manikassé devrait sonner fort et pousser toutes les parties prenantes à peser sur la cloche et agir urgemment.
Phénomène encore méconnu ou sous-estimé, ce type de cancer continue pourtant inexorablement sa progression, surtout dans les pays en développement comme le nôtre, plus que partout dans le monde. Si le taux de survie dans ces pays est exceptionnellement bas, c’est parce que la honte de la maladie, le manque d’informations sont autant d’obstacles qui dissuadent les malades à consulter un médecin avant que cette maladie n’atteigne un stade avancé et incurable.
Dans le cadre de la lutte contre ce fléau, force est également de constater que de nombreux obstacles existent pour mener à bien le combat. Notamment le manque de sensibilisation de la population, le manque de ressources, l’absence de programmes et de politiques de lutte contre le cancer, mais aussi le manque d’infrastructures médicales et des personnels qualifiés, sans parler des coûts élevés des thérapies anticancéreuses.
Le cancer jette dans la précarité les malades, on a besoin de fonds et d’un engagement en faveur de l’amélioration du traitement des femmes, une fois qu’elles sont diagnostiquées. L’absence d’accès au diagnostic et de matériel de radiologie en particulier pour les femmes en zones rurales est un réel problème.
Il a été constaté que les progrès sont lents, malgré l’immense connaissance dont disposent les médecins qui s’accordent à dire que l’heure est plus que jamais à la sensibilisation si l’on sait que les nouveaux médicaments contre le cancer, surtout du sein, permettent de prolonger la survie, mais pas de les guérir complètement parce que les tumeurs deviennent résistantes. Donc notre principal espoir par rapport à ce mal, c’est de prévenir la maladie, plus que de la soigner.
Au-delà de la recherche médicale et des traitements adaptés, certaines pratiques et quelques habitudes saines de vie, peuvent diminuer les risques de développer un cancer du sein ou d’en mourir. L’observation régulière des seins et la mammographie de dépistage sont des exemples pratiques qui peuvent faire la différence.
Il est donc primordial que les femmes tchadiennes soient conscientes du fait qu’elles peuvent juguler cette tendance à la mortalité en étant de vraies actrices dans le combat. Il faudra aussi adopter des habitudes saines de vie pour mettre toutes les chances de leur côté.
Les Ministères concernés, tels que le Ministère de la femme, de la famille et de la petite enfance et enfin le Ministère de la Santé publique devraient mettre en place un programme de sensibilisation visant à apprendre aux femmes à pratiquer l’auto-examen de leurs seins. Ces ministères devraient aussi aller dans les écoles, les marchés, dans les mosquées et dans les églises pour parler davantage de ce mal qui menace sérieusement la santé des femmes du pays. Aujourd’hui, la lutte contre le cancer du sein au Tchad reste un vaste chantier.
Jules Doukoundjé