mardi 6 juin 2023

Chronique

Chronique (61)

Tout a été déjà dit sur le régime politico-militaire au pouvoir au Tchad. On n’y a retenu absolument rien de positif. Un régime politique initialement révolutionnaire devenu autoritaire, puis clanique et enfin autocratique. Un régime totalitaire, réfractaire à toute réforme politique. Un régime entretenu et soutenu par une poignée de personnes à moralité douteuse, rompues dans l’art de la prostitution politique, corrompues jusqu’à la moelle. Un régime politique vénal, qui des projets de développements n’en maîtrise que les affreuses techniques de détournements de fonds publics. Un régime qui clochardise ses hauts fonctionnaires, pratique le népotisme sans discernement, rétribue généreusement les repris de justice et responsabilise publiquement les ripoux. Un régime politique qui ne connaît ni autorité judiciaire ni pouvoir législatif. Un régime politique qui, pour le maintien au pouvoir d’un lobby mafieux contesté, n’hésite pas à se servir des jeunes vies innocentes comme rempart. Un régime politique taillé aux dimensions d’un homme qui du pouvoir et de la gestion de la cité a une conception singulièrement néfaste.

Vous doutez certainement de ce que je sois incapable de dresser une typologie exhaustive des tares du régime politico-militaire au pouvoir à N’Djamena. Rassurez-vous, il ne s’agit plus seulement de stigmatiser et d’attendre un hypothétique changement de comportement de la part du chef de l’Etat et de ses adjudants. Sachez-le, Idriss Déby ne changera pas, sinon en pire. Ses adjudants l’encouragent à rester comme il est, quitte à voir périr tous les Tchadiens dans les combats fratricides. Chaque jour qui passe, des innocents meurent dans des guerres sciemment orchestrées pour permettre à certains parvenus de piller les maigres richesses du pays. Paradoxe d’un régime politique complètement avili, certains ministres et hauts fonctionnaires sont immensément riches alors que l’Etat est incapable de faire soigner au pays ses soldats blessés aux combats. Pour ne prendre que cet exemple, malgré les milliers de milliards de recettes pétrolières de ces dernières années, il n’y a pas encore un véritable hôpital au Tchad où l’on peut soigner de simples blessures physiques. Et il n’y en aura pas aussi longtemps que les Tchadiens se laisseront abuser par des discours effrayants sur la rébellion et les prévisions des Cassandres sur l’après-Déby.

Non ! Sérieusement, il n’est pas besoin d’être devin pour dire qu’à l’avenir personne ne fera pire que ce que font aujourd’hui Idriss Déby et ses faucons. Lui cherche absolument à conserver son pouvoir. Pour cela, il n’hésite pas à s’approprier l’argent du pays pour acheter des armes sophistiquées quitte à les faire manipuler par d’innocents enfants. Conséquemment, ses faucons trouvent dans la guerre un moyen de transvaser le contenu des caisses de l’Etat vers leurs caisses personnelles illicitement constituées. Ils s’enrichissent du sang des Tchadiens. Font tout pour décourager les initiatives de paix et de réconciliation parce que celles-ci menacent leurs intérêts. Le Tchad est devenu une véritable vache à lait pour cette poignée d’individus aussi vils que méchants. Refuser de voir cette réalité, c’est donner quitus aux aigrefins qui se moquent éperdument de la situation sociale de notre pays.

Á mon sens, si l’on souhaite que le Tchad rompe définitivement avec l’injustice et renoue avec la légalité, il est désormais plus que jamais urgent de se débarrasser aussi vite que possible de ce régime gangrené. Nous devons dépasser nos préjugés, surtout ceux qui nous ont été subtilement distillés par des individus ayant manifestement intérêt à ce que perdure le désordre dans notre pays. Tout comme on nous a toujours dit que le pouvoir ne doit plus repartir dans le « Sud des Kouffars », on nous dit aujourd’hui que les Erdimi ont suffisamment pillé le pays et qu’il importe de les empêcher de chercher à renverser Déby afin de conserver le pouvoir au sein de la communauté zaghawa. On nous fait également croire qu’il faudra empêcher Mahamat Nouri de combattre le régime parce que sinon les Goranes reviendront au pouvoir. Mais jusqu’à preuve du contraire, personne n’est capable de dire exactement ce que les Sara (terme générique), les Goranes ou encore les Zaghawa ont fait de particulièrement atroce aux Tchadiens. Surtout, ces manipulateurs ne sont pas capables de nous dire exactement ce que le régime de Déby (dont ils profitent personnellement) à apporter de positif aux populations tchadiennes.

Il est important d’être conscient du fait que ni les Sara ni les Goranes, moins encore les Zaghawa n’ont exclusivement contrôlé le pouvoir qu’un des membres de leur communauté a eu à exercer. La manipulation qui consiste à indexer une communauté en particulier afin de se disculper alors même que l’on a soi-même activement participé aux forfaitures d’un pouvoir vénal et répressif n’est plus acceptable. Ceux qui gravitent tout autour du pouvoir d’Idriss Déby ne sont pas tous des Zaghawa. Mais ils profitent de la propension des Tchadiens à raisonner ethniquement pour minorer leur part de responsabilité dans la gestion chaotique du pouvoir. Aussi, afin que demain ceux qui gravitent aujourd’hui autour du chef de l’Etat ne cherchent-ils pas à faire endosser leurs propres responsabilités par les seuls Zaghawa sous prétexte que Déby était un Zaghawa au pouvoir, il est plus qu’urgent de réorienter désormais nos critiques. La manipulation des faucons ne doit plus passer !

Lyadish Ahmed

Trois Nordistes sur quatre pensent que les Sudistes sont plus aptes à assainir les finances publiques, à moraliser les institutions, à reconstruire le Tchad, à former les futures élites du pays, à soigner les malades, à participer au rayonnement de notre pays sur la scène internationale à travers les activités culturelles, artistiques et sportives, etc. La même proportion doute en revanche de la capacité des Sudistes à reprendre la gestion politique et socio-économique de notre pays. Le quart restant des Nordistes refuse d’entrer dans les considérations géographiques et croit que ni la bêtise ni le génie ne peuvent être le fait ou l’œuvre des seuls Sudistes ou des seuls Nordistes. Cette petite statistique ne repose sur aucune étude scientifique. Elle est établie sur la base de simples idées reçues constatées au travers des discussions entre compatriotes sur le devenir de notre pays. Elle témoigne néanmoins de notre véritable état d’esprit de Nordistes.

Dans nos diverses discussions informelles entre Nordistes, l’intelligentsia tchadienne est au Sud. L’essentiel des personnalités tchadiennes célèbres l’est aussi. Pour constater cette réalité, il suffit de ne pas simuler la cécité. Les Sudistes sont partout nombreux, dans les administrations publiques, la police, l’armée, la gendarmerie, à la Justice, dans les hôpitaux, les écoles, à l’Université, à la télé, à la radio, dans les banques, les travaux publics, les plates-formes pétrolières, dans les Institutions internationales, etc. Tout ou presque repose encore aujourd’hui sur leurs épaules. Aucune institution, aucune administration ne peut efficacement fonctionner sans leur participation active. Les moins connus d’entre eux nous ont notamment formés de la maternelle à l’Université. Les plus illustres s’appellent NDoram Japhet, Kaltouma Nadjina, Nimrod, Masdongar, Nocky Djédanoum, et même MC Solaar. Certains sourient certainement de l’étendue limitée de cette liste. Encore faudrait-il sourire de la rareté d’illustres personnalités issues du Nord du pays. À moins peut-être de prendre un décret en Conseil de Ministres pour attribuer valeur de « célébrité » afin de rééquilibrer la répartition des personnalités en fonction d’appartenance géographique comme il est maintenant d’usage dans  l’administration civile et militaire de notre pays, il me  semble évident qu’en la matière le Nord est largement déficitaire. Le cinéaste Mahamat Saleh Yacoub ne peut combler à lui seul le fossé.

En regard de cette formidable certitude largement partagée par les Nordistes, une autre certitude, assez négative celle-là, n’est pas moins largement partagée : les Sudistes ont la couardise dans la peau. L’appellation « Laoukoura » qu’ils se sont donnée eux-mêmes en guise d’autodérision ne contient-elle pas une part de vérité ? Laoukoura signifie « un Sudiste qui exécute le travail d’un responsable Nordiste intellectuellement incapable ». Plus généralement, tous les Sudistes sont des Laoukoura. En conséquence, tous les Nordistes sont des incapables. Même si cette vision des choses est un peu excessive, la proportion des responsables Nordistes intellectuellement incapables dans l’administration suffit à asseoir la réalité des Laoukoura. Malgré l’importance de leur formation, les Sudistes demeurent donc de simples exécutants. Cette situation paradoxale où ceux qui ont plus de diplômes sont confinés à des tâches subalternes et ceux moins ou pas du tout instruits occupent les postes les plus prestigieux est une particularité tchadienne.

Pourtant, tout porte à croire que les Sudistes se complaisent dans ce rôle de Laoukoura. Voilà ce qu’on peut relever dans les discussions entre Nordistes : « Les Sudistes ne dénoncent jamais les insuffisances, même les plus criantes, de leurs responsables hiérarchiques, acceptent toutes les humiliations, se montrent condescendants et n’hésitent pas à se trahir mutuellement pour plaire à leurs supérieurs Nordistes ». En somme, des compatriotes sans personnalité, sans caractère et surtout sans courage.  Si la peur de mourir sous les balles d’un forcené nommé Préfet ou sous-préfet par népotisme explique, pour certains, le manque de courage des compatriotes sudistes, il est amusant de noter que pour les fanatiques ignorants, « l’appartenance à une des ethnies du Sud soumet de fait aux Nordistes par la volonté de Dieu des musulmans ». Des explications d’ordre pratique ne sont pas du reste. Il est des compatriotes qui croient dur comme fer que les Sudistes n’ont aucun sens de responsabilité et peuvent se montrer parfois indignes des postes auxquels ils sont affectés.

Avec un ami cher de ce nom, on s’était posé la question de savoir « pourquoi les Sudistes ne sont-ils jamais associés aux différentes négociations politiques avec les politico-militaires ? ». Une réponse assez hasardeuse conduirait à voir dans cette mise à l’écart, le manque d’implication directe des Sudistes dans les conflits entre Nordistes. Elle est bien hasardeuse puisque les discussions politiques du Gouvernement avec les rebelles intéressent les Tchadiens dans leur ensemble sans distinction basée sur l’appartenance géographique. Aussi, en principe, seule l’aptitude à la négociation sans considération ethnique est-elle à privilégier. Une autre réponse fondée sur des idées reçues incite à voir dans cette mise à l’écart ni plus ni moins qu’un manque de considération pour nos compatriotes Sudistes.

En effet, il est peu douteux que les politico-militaires refuseraient de se mettre autour d’une table de négociation avec un certain Nagoum Yamassoum ou encore avec Houdeingar David. On ne discute pas avec des Laoukoura. D’ailleurs, au temps où il était encore en rébellion avec le FUC, Laouna Gong Raoul, actuellement ministre dans le Gouvernement de Kassiré, m’avait assuré s’être fait traiter d’ « assujetti », lors d’une rencontre au Soudan, par un des responsables politico-militaires aujourd’hui en négociation à Tripoli. De même, nos compatriotes militaires sudistes sont rarement envoyés sur les terrains des combats malgré leur aptitude reconnue par les différents grades obtenus. S’ils y sont envoyés c’est, sinon pour servir de chair à canon, du moins pour « préparer le thé et servir à manger aux vaillants combattants » entend-t-on dire souvent dans les discussions.

Certes, il y a une part d’imagination dans ces idées reçues (pléonasme). Néanmoins, nos compatriotes du Sud semblent ne rien faire pour corriger cette image erronée ou simplement pour se faire respecter.  Partageraient-ils la même approche sur leur propre condition que les Nordistes ? Si tel est le cas, l’affirmation selon laquelle « il n’y aura jamais plus un Sudiste au pouvoir au Tchad » sera une réalité. Ce sera alors bien dommage pour notre pays.

Lyadish Ahmed 

Idriss Deby était-il sincère quand il s’adressait aux tchadiens le 8 mars dernier à propos du Code de la Famille ? Que cache cet engagement en faveur d’un texte tout à fait contraire aux désirs de la bande de bouffons qui l’entoure ?
N’Djamena, 5 avril 2005, 19 heures 30, dans une petite mosquée de l’un des quartiers reculés de la ville. L’imam prend la parole après la prière, il prêche l’honnêteté et la rigueur dans nos actes de tous les jours. En même temps, il dénonce les dérives et la corruption sans cesse croissante dont font preuve nos dirigeants. Son discours sur la “honte” semble plaire au public qui lui accorde toute son attention et lui manifeste son approbation par de vigoureux hochements de têtes. Le discours de cet imam était particulièrement anticonformiste ce soir-là. La subversion de ses propos apporte réconfort et espoir dans le cœur de ces hommes durs, travailleurs, honnêtes citoyens qui n’ont pour seule ressources que la force de leurs bras, et pour seul espoir Dieu. Fatigués   par une rude journée de travail, et aussi de vexations / humiliations de toutes sortes, ils buvaient comme de l’eau bénite les paroles de cet homme qui apportaient un peu d’espoir dans leurs cœurs désormais indécis, dans leur quotidien précaire. J’écoutais aussi, séduit par la force du discours de cet imam qui me semblait hors du commun, et qui semble montrer une très grande maîtrise des sujets qu’il aborde.

Puis directement, sans aucune transition, l’imam évoque le code de la famille. Voici exactement ses paroles : « ce code de la famille, nous ne l’accepterons jamais. Ce code qui légalise le mariage entre hommes, ce code qui encourage la prostitution de nos filles, ce code qui nous enlève le droit d’éduquer nos enfants et nous interdit de les envoyer a l’école coranique, nous devrons le rejeter et le combattre par tous les moyens». Puis il passe, très rapidement, sur un autre sujet, totalement différent. Mais la petite intervention sur le code de la famille a frappé juste. A la fin du prêche tout le monde s’interrogeait sur ce fameux code et s’engageait à ne jamais accepter qu’il devienne effectif.

Regardons cet engagement présidentiel de plus près. Il me semble que le discours de Idriss Deby le 8 mars passé est la première brique de sa stratégie globale de réélection. En prenant ouvertement parti pour le code de la famille, le président Idriss Deby savait pertinemment qu’il jouait à la provocation avec l’Union des Cadres Musulmans du Tchad (UCMT). Mieux, sachant que le fameux projet de code de la famille n’a jamais été clairement vulgarisé ni expliqué, il s’attendait pertinemment à provoquer, en guise de réaction, une contre-action de désinformation que conduira l’UCMT. Ceux-ci, comme tout mouvement se réclamant d’obédience religieuse, disposent en effet de redoutables réseaux de communications qui peuvent au besoin servir de canaux d’intoxication. Les mosquées, les places mortuaires, les baptêmes, les prêches publics, les prières du Vendredi, n’importe quel regroupement de deux ou plus de musulmans devient un lieu de description et de re-explication du code de la famille. Le gouvernement, ni aucune autre organisation nationale ou de la Société Civile au Tchad ne dispose d’autant de réseau, ni d’autant d’efficacité.

En très peu de temps le code de la famille aura été expliqué selon les vœux et suivant les grilles de l’union des cadres musulmans. En très peu de temps aussi, un mouvement anti-code de la famille d’une grande ampleur verra le jour dans la partie septentrionale du pays. En homme politique avisé et rusé Idriss Deby voudra alors se montrer à l’écoute de ses compatriotes et de leurs préoccupations. Pour une fois !
Mais le re-positionnement à venir de Idriss Deby en faveur d’une ré-discussion du projet du Code de la famille entraînera un lever immédiat de boucliers de la part des partis d’opposition et des associations de la société civile. En période de campagne électorale, rien ne sera alors plus facile pour Idriss Deby de se positionner auprès de nos compatriotes musulmans comme étant le seul en mesure de se soucier de leurs préoccupations spirituelles et morales. Et l’argument massue sera son nouveau projet de code, en remplacement de l’ancien.  Le divorce entre les Tchadiens de confession musulmane et les partis d’opposition sera alors définitivement consommé à ce moment. Les partis seront en effet présentés comme anti-islamiques, contre les populations et les sociétés nordistes. Le sauveur des musulmans sera Idriss Deby, qui sera présenté comme le seul candidat capable de faire face aux objectifs inavoués des partis kirdi : insulter l’islam, précariser les nordistes, les marginaliser pour finalement leur imposer une manière de voir, une façon d’être et de vivre contraire à l’islam. Diviser pour mieux gagner. Les amalgames sur la religion auront encore une fois de plus servie à faire le deuil de nos aspirations puisque, Idriss Deby, j’en suis sûr, sera alors réélu sans coup férir, même sans aucune fraude.

Amine Idriss Adoum 

Dans quelques deux mois se dérouleront les prochaines élections présidentielles tchadiennes. Et comme à l'accoutumée, tous les acteurs sont en train de se réveiller, l'un après l'autre, pour faire entendre leurs voix ensommeillées et profondément en des-écho avec le quotidien. Bien que nous y soyons déjà habitues, cela ne manque pas de nous irriter. Plus personne n'est surpris, sauf bien entendu les quelques rares personnes qui viennent de se forger une espèce de conscience politique.

Ce qui est surprenant dans le discours des soi-disant acteurs et observateurs (étranges personnages qui disent agir pour nous à distance depuis les fenêtres de leurs appartements parisiens ou new-yorkais – ça frise la sorcellerie comme auraient dit mes amis camerounais), c'est la récurrence des idées, des concepts et des postures. Des phrases vieillottes, des postures entièrement inadaptées, des stratégies désuètes. A croire que les hommes politiques, les associations et les observateurs de la vie de notre pays vivent hors du temps.

Massalbaye Ténébaye et Delphine Kemneloum se réveillent et nous resservent une veille idée de pacte pour la paix ! La CPCDC (désolé je ne connais pas le sigle exact de ce groupuscule de personnes dispersées entre Paris et Washington et qui ne semblent être connus que des lecteurs de ialtchad) se cramponnent à des stratégies que l'Actus de Fidel Moungar à l'époque a testé sans succès. Beaucoup d'étudiants, longtemps endormis, se réveillent subitement et se rendant compte de leur situation de « perdus dans les vastes étendues américano-canadiennes ou sur les bords de la Seine », reviennent nous servir des analyses académico-intellectuelles sensées éclairer notre compréhension de la politique de notre pays. Certains encore, se demandant comment se faire connaître, vont jusqu'à vouloir jouer au révisionniste (mais sans la classe et le talent qui fait d'un révisionniste quelqu'un de dangereux - d'où je recommanderai simplement aux familles et aux associations des victimes de Habré de ne pas se laisser impressionner par monsieur Assilec Halata ; il n'a ni la carrure ni l'intelligence d'une personne capable de déformer la vérité) certainement en vue d'un positionnement politique prochain. Bref, que de litanies et de discours ennuyeux et qui sont devenus à la longue énervants.

À part les articles de Ahmed Lyadish et de Enoch Djondang que je trouve osé en ces temps difficiles, la plupart des commentateurs restent décevants. La plupart des positions sur les futures élections ne sont ni opératoires ni spectaculaires. Quand Delphine Kemneloum coordonnatrice du Comité pour la Paix au Tchad déclare qu'aller aux élections maintenant empirerait la situation, je me dis que l'adresse postale de cette dame doit être Jupiter ou Pluton. La situation ne va pas empirer. Elle n'a jamais été aussi pire. Et ce n'est pas le fait d'aller aux élections qui la rendrait encore plus dramatique. Massalbaye Tenebaye, président de la LTDH, Delphine Kemneloum, Soubiane, la CDPDC et l'ensemble des poltrons politiques et associatifs qui les peuplent doivent arrêter de vouloir partager avec nous de cette façon grossière leurs peurs du quotidien, leurs fantasmes aussi. Nous avons nos propres peurs et nous les assumons déjà avec beaucoup de difficultés. À N'Djaména, et dans n'importe quelle petite ville du Tchad, personne n'a osé applaudir quand la banque mondiale a décidé de suspendre ses crédits. Qui oserait d'ailleurs ricaner devant la fermeture de la seule boutique encore capable de faire des prêts dans un quartier ? Sauf bien sur ces quelques personnes que je viens de citer, et qui croient encore que l'avenir se dessine à Paris.

Je crois que nos commentateurs et nos acteurs politiques, nos « élites », devraient simplement revoir leurs copies (ils me rappellent nos bons vieux professeurs de la faculté d'Ardep-Djouml, qui relisaient les mêmes cours dix années durant) avant de nous les resservir les prochaines semaines. Nous voulons du neuf. Nous attendons d'eux de l'espoir et non de la fuite. Nous attendons d'eux des positions fermes et pas des déclarations lâches. Nous attendons d'eux qu'ils nous conduisent et pas qu'ils viennent se cacher à Paris ou derrière nous. Nous attendons d'eux qu'ils se comportent en hommes et en femmes capables de faire face à une situation unique dans l'histoire de notre pays, des hommes et des femmes capables d'assumer ce rôle unique que l'histoire est en train de leur offrir sur un plateau d'argent. Si ce n'est pas cela, qu’ils se taisent donc et nous laissent combattre avec nos armes à nous, qui sont les armes de la résistance quotidienne.

Amine Idriss Adoum

Cela fait bientôt 20 jours que Messieurs Lol Mahamat Choua, Yorongar Ngarlejy et Ibni Oumar Mahamat Saleh, tous personnalités politiques de l’opposition démocratique, ont été enlevés par la garde rapprochée du Président Idriss Déby. Le premier sur la liste serait actuellement en détention. La destination et le sort des deux autres restent inconnus à ce jour.

Le Chef de l’Etat tchadien ainsi que certains membres de son gouvernement, en l’occurrence son ministre de l’intérieur Mahamat Ahmat Bachir et le ministre porte-parole du gouvernement Hourmadji Moussa Doumgor, reprochent aux opposants démocratiques enlevés d’avoir tenté de conspirer contre le gouvernement en place en prenant contact avec les rebelles lors de l’attaque de N’Djamena.

Cette scandaleuse accusation ne se fonde évidemment sur aucun élément de fait sérieux puisque Idriss Déby et ses ministres s’étaient d’abord défendus d’avoir procédé à l’arrestation de ces opposants politiques avant d’avouer, sous la pression médiatique, l’enlèvement de Lol Mahamat Choua. Selon les grotesques propos de Ministre porte-parole du gouvernement, le président du RDP avait été arrêté ensemble avec « les prisonniers de guerre qui ont survécu aux combats ». Néanmoins, cet aveu d’arrestation n’a toujours pas été suivi d’une mise en examen du prétendu coupable, Lol Mahamat Choua, lequel continue à croupir dans les geôles de la milice politique du régime de N’Djamena. 

À ce jour, et selon une déclaration faite ce matin par les suppôts français du Président Déby, les recherches continues d’être menées au sujet d’Ibni Oumar Mahamat Saleh et de Ngarlejy Yorongar. Cette déclaration paraît d’autant plus inquiétante qu’elle laisse supposer que ces opposants politiques ne seraient pas détenus par la milice politique d’Idriss Déby. Autrement dit, ils se seraient soit « cachés dans leur famille » comme l’a vulgairement affirmé Ahmat Bachir, soit ils auraient été purement et simplement exécutés comme le supposent les organisations internationales des droits de l’Homme.

Si toutefois Ibni Oumar Mahamat Saleh et Ngarlejy Yorangar sont bel et bien en vie et qu’ils sont détenus par les forces de Déby, il est plus qu’impérieux de formuler les chefs d’inculpation au plus vite et les remettre aux mains de la Justice qui est seule compétente pour les juger. À défaut de chefs d’inculpation, le gouvernement doit remettre ces opposants en liberté tout aussi plus vite.  Monsieur Kouchner qui s’est érigé en défenseur de la légitimité politique d’Idriss Déby et de la divine démocratie tchadienne doit assumer jusqu’au bout les conséquences de sa « clairvoyante » appréciation de son protégé.

Quant à Monsieur Déby et à ses ministres, sachez que ceux qui méritent d’être arrêtés et mis hors d’état de nuire, ce sont principalement les rebelles qui cherchent par tout moyen à renverser le pouvoir par les armes et non pas les opposants à qui la Constitution reconnaît expressément le droit de participer à la vie démocratique de notre pays. Vous prétendez défendre la Constitution, mais tous vos actes prouvent le contraire. Parmi les plus récents :

  •   Mahamat Nour Abdelkérim avait sa place en prison puisqu’il avait tué beaucoup trop de Tchadiens le 13 avril 2006. Vous avez préféré le nommer Ministre de la Défense et ainsi empêché que la Justice le poursuive pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » comme décidé par vous-mêmes quelque mois auparavant.
  •   Hassan Al-Djinédi avait sa place en prison puisqu’il avait tenté plusieurs fois, avec toutes les factions rebelles de l’Est, de renverser le pouvoir. Vous avez préféré le nommer Ministre. Idem pour le chef d’inculpation et l’obstruction à la Justice. 
  •   Yaya Dillo Djérou avait sa place en prison puisqu’il était le fondateur du Scud et avait participé à plusieurs escarmouches à ce titre. Son mouvement a été repris et réorganisé par Timan Erdimi. Vous venez de le nommer Ministre. Idem pour le chef d’inculpation et l’obstruction à la Justice. 
  •   Amine Ben Barka a sa place en prison. Il est actuellement en attente d’une nomination à l’une des plus hautes fonctions de l’Etat.
  •   Plusieurs membres du RFC ayant participé aux récents combats de N’Djamena qui ont fait plus de 700 morts et de nombreux dégâts matériels sont aujourd’hui accueillis à N’Djamena et sont en attente d’être rétribués.

Que reprochez-vous aux opposants que vous détenez ? D’avoir refusé de prendre les armes contre votre régime ? J’espère que ni Ibni Oumar Mahamat Saleh ni Yorongar Ngarlejy ne tueront jamais les Tchadiens pour gagner votre amitié. Et maintenant, il faudra les libérer s’ils sont encore en vie.

Lyadish AHMED

21 jours après son enlèvement et 10 jours après sa « découverte » parmi les « rebelles faits prisonniers sur le champ de bataille », Lol Mahamat Choua est toujours gardé dans les geôles de la police politique du régime de N’Djamena. Les autorités gouvernementales l’accusent d’avoir noué des contacts avec les rebelles lors de l’attaque de la capitale. Il a été « pris en flagrant délit » selon un communiqué du gouvernement. En d’autres termes, Lol Mahamat Choua avait été, sinon surpris arme à la main contre l’ANT, du moins en négociation effective avec les rebelles. Sa famille dément cette thèse et affirme que l’ex-chef de l’Etat a été arrêté chez lui, à son domicile privé.

Aujourd’hui, malgré les multiples appels à la raison de la part de son parti politique, de la CPDC et des ONG, les autorités tchadiennes maintiennent leur version des faits et affirment avoir décidé de traduire Lol Mahamat Choua devant les instances judiciaires afin que celui-ci réponde de ses actes. Idriss Déby Itno a indiqué que la libération de M. Lol Mahamat Choua, « demeurait conditionnée à l'aboutissement de la procédure judiciaire ». Cette volonté de traduire le président du PLD en justice est confirmée par Ahmad Allam-Mi qui a précisé que « nous sommes actuellement dans une situation d'exception. On ne va pas libérer (Lol) tant que le pouvoir judiciaire n'aura pas clarifié sa situation ».

Lol Mahamat Choua sera donc probablement présenté devant un juge judiciaire pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Il sera alors le premier Tchadien à être jugé pour un tel motif. Cette situation pose toutefois la question de « l’égalité des opposants démocratiques et des opposants rebelles devant la loi ». En effet, aucun rebelle n’a jamais été inquiété pour avoir tenté de renverser Idriss Déby. Bien au contraire, le Président tchadien récompense largement toute personne ayant essayé de le renverser par les armes. Les exemples sont légion en la matière. D’ailleurs, Ahmad Allam-Mi a révélé récemment vouloir engager des négociations avec les rebelles qui ont attaqué N’Djamena les 2 et 3 février dernier. Pourquoi donc Lol Mahamat Choua, accusé pourtant de rébellion, doit-il être soumis à un régime spécifique ? Il aurait été mieux traité s’il avait réanimé son mouvement rebelle d’antan, le MPLT ?

Les autorités tchadiennes doivent adopter une attitude cohérente face à la situation qui prévaut actuellement au pays. Il me paraît totalement ubuesque que d’une part, Idriss Déby et ses ministres cherchent à choyer des opposants armés qu’ils placent au-dessus de la loi, et que d’autre part des opposants démocratiques soient accusés injustement par ces mêmes autorités et traduits arbitrairement devant le juge. Les Tchadiens ne sont-ils pas égaux devant la loi ? J’espère que les juges devant qui sera présenté Lol Mahamat Choua sauront garder leur lucidité et prononcer un non-lieu dans cette affaire. Il faut arrêter de fouler au pied les lois de notre pays.

Lyadish AHMED

« N'Djaména-Malabo : petit pont de poussières et de misères »

N’Djaména-Malabo. Qu’est ce qui peut rapprocher ces deux villes de deux pays totalement différents ? Je crois que N’Djamena, ville poussière à l’architecture sahélienne, et Malabo, ancien comptoir colonial espagnole vieillissant de la côte atlantique devenue capitale de la Guinée équatoriale peuvent aisément être comparées. 

Il y a dix ans, la partie citadine de Malabo se limitait à ce qui est devenu son centre – ville aujourd’hui avec ses restaurants neufs, ses petites rues entièrement pavées et ses lampadaires. N’Djamena, il y a dix ans, montrait le visage d’une ville en pleine reconstruction après les affres des guerres civiles des années 80. Malabo, en ces temps-là, en dehors du centre-ville, ressemblait plus à un gros village de la savane tchadienne qu’à autre chose. Les gens qui l’avaient connue à cette époque, et qui connaissent aussi bien le Tchad, la comparaient volontiers à Kelo… en 1990.

Dix années plus tard, le boom pétrolier aidant, Malabo commence par prendre des allures d’une véritable petite ville, avec des rues entièrement bitumées, ses lampadaires, ses magasins et ses restaurants, des espaces verts et des zones nouvelles d’habitation en pleine construction. Tout dans la ville sent le pétrole à plein nez. Des immeubles poussent un peu partout, de nouveaux quartiers apparaissent chaque année, des hôtels et des restaurants sont inaugurés tous les six mois, un nouvel aéroport, un stade en construction, une université en chantier etc. Le pétrole ici, bien que mal géré comme un peu partout en Afrique semble avoir profité à toute ville. Il suffit pour s’en convaincre de voir le nombre de voitures en circulation dans la ville. Il y a une dizaine d’années, les statistiques officielles de la ville dénombraient juste une centaine de voitures. On compte aujourd’hui plus de 150 000 véhicules roulant en Guinée Équatoriale, dont plus de trois-quarts seulement à Malabo. La ville continue par connaître encore des problèmes d’alimentation en eau potable et en énergie électrique. Mais le tout nouveau complexe gazier construit par la société Marathon prévoit dans un avenir proche un système connectant la centrale thermique de la ville à ses propres usines de production électriques. Tout le monde s’accorde à reconnaître que l’évolution de la ville a été extraordinaire. Il reste à Malabo le défi de changer de culture pour passer du mode de vie villageois avec ses pesanteurs, à un mode de vie citadin, plus ouvert sur le monde et aux autres.

N’Djamena, je le disais, il y a dix années, avait alors fait mine de vouloir rompre avec son passé morbide et humiliant de ville assassine. Mais quelque chose a certainement dû se passer entre 1992 et 2005. La poussière et les dépotoirs sont aujourd’hui les principaux habitants de la ville. Chaque jour qui passe apporte son lot de saletés et de destruction. On détruit d’anciens quartiers soi-disant pour réhabiliter des rues ou créer des espaces verts pour en réalité simplement aménager des pâturages pour les moutons et les vaches des ministres et des nouveaux riches qui poussent chaque nuit dans la ville. Si Malabo a aussi le syndrome de la création du nouveau riche, N’Djamena semble être déjà rentrée bien loin dans la phase morbide de cette maladie qui a pour origine la corruption. La corruption en Guinée Équatoriale est aussi importante, et tous ceux qui viennent pour la première dans ce pays en expérimentent l’amère pilule dès leur première descente d’avion. Mais au Tchad, le mal a pris des formes et des proportions monstrueuses qu’il en a fini par dénaturer l’allure et l’architecture de notre capitale. L’indécence qui caractérise cette maladie (la corruption) se répercute jusqu’a sur les modèles de construction et de décoration de nos maisons. Les maisons « à étages », signe suprême de richesses s’il en est, poussent dans tous les quartiers, aussi bien dans ceux prétendument riches que dans ceux où la misère semble avoir investi toutes ses économies. Construire une maison à étages dans un quartier comme Arbou-Soulbak où dès que la fenêtre dépasse deux mètres on peut regarder dans les toilettes de son voisin. Cela est pire que le manque de décence. C’est un manque d’éducation. De toutes les façons, les N’djaménois et les Tchadiens dans leur grande majorité, ont oublié le sens du mot « honte ». Ou alors ils seraient nés après l’invention de ce mot par Dieu.

N’Djamena, ville cruelle, ville poussière, pour paraphraser Eza Boto, et plus près de nous, notre compatriote Nimrod Bene Djangrang. N’Djamena, condamnée à disparaître sans doute, par la faute de ses enfants, qui jouent à se faire peur toutes les nuits à coups de pistolets et de couteaux, et qui passent chacune de leurs journées à s’auto escroquer, à s’auto corrompre.

Il est vrai que Malabo n’est pas mieux lotie en termes de corruption. Mais en Guinée au moins, on remarque toutes de suite qu’il y a eu un effort, voulu et soutenu, pas encore avec toute l’énergie qu’il aura fallu, mais au moins cet effort a été fait. Et continue d’être fait pour donner une fierté à la ville. Chaque responsable guinéen, aussi corrompu soit-il, est fier de vous dire qu’il est guinéen, et qu’il travaille pour la Guinée. Je n’ai pas vu, ni entendu un responsable tchadien parler de la fierté d’être tchadien, encore moins de la fierté de travailler pour le Tchad. Comme je le disais dans un précédent article, le sens de l’histoire semble être la qualité au Tchad la moins partagée. Aucun de nos maires à N’Djamena ne s’est jamais adressée de façon solennelle à ses administrés pour leur parler de la fierté d’être N’Djamenois. Aucun ne le pourra d’ailleurs, eux tous, ces maires dont la seule fierté reste le nombre de leurs épouses épousées après leur nomination.

Amine Idriss Adoum 

Sans aller chercher dans les indicateurs économiques et sociaux, force est de constater que notre pays reste à la traîne dans la course à la modernité en Afrique. Pas de routes, peu d'écoles, pas d'hôpitaux, pas d'intellectuels ou alors très peu, et assurément un système politique, social et culturel des plus archaïques, et des dirigeants parmi les plus nuls de la planète.

Allez pourtant dire cela à mes compatriotes et ils vous sauteront dessus à coup de canons et de coutelas bien aiguisés. Notre histoire récente elle-même n'est pas des plus glorieuses. Guerres fratricides, massacres et spoliation des siens, apartheisation des ethnies et des groupes sociaux, on dirait que les dieux ont assurément classé le Tchad dans les tiroirs des damnés de l'histoire.

Pendant que les autres avancent les Tchadiens font de grands pas pour reculer, tout en expliquant aux autres que c'est là leur voie à eux du progrès (sic). Le pire dans cette histoire c'est que nous sommes bien conscients que nous reculons, et pourtant nous continuons à nous délecter dans cet enfoncement. Cette attirance morbide pour le suicide a commencé il y a seulement quelques années, aux moments des grandes sécheresses  des années 80, et quand les FAN( Forces Armées du Nord), s'étant déjà emparé du pouvoir et tronqué leurs sinistre sobriquet "Force Armées du Nord" par celui non moins tordu de Forces Armées Nationales Tchadiennes (FANT),s'étaient lancées dans une véritable campagne de vendetta dans la brousse profonde. Si l'exode rural au Tchad existait bien autrefois, il a pris une ampleur massive sous l'effet conjuguée des sécheresses des années 80, des FAN bien sûr, mais aussi (et la encore ce sont les FAN) de l'appel de Hisseine Habré à tous ses co-régionnaires de se déverser dans N'Djamena pour le «recolonisé". Idriss Deby est venu compléter le tableau en affamant les campagnes à son tour et en demandant lui aussi aux siens de venir prendre leur butin à N'Djamena.

Les effets de tous ses facteurs ont été désastreux pour notre identité de citadins tchadiens. Chassés par les FAN, FAP, MPLT, MPS, FAR, etc. Tous ces groupes de bandits bizarrement appelés « politico-militaires» de la brousse du Centre et Sud ou des dunes désertiques du Nord, nos compatriotes ont migré massivement vers les quelques faméliques regroupements de maisons que nous osons encore appeler villes et qui portent le nom  ridicule (parce que jamais nom n'a autant  juré avec sons sens propre) de N'Djamena, Moundou, etc. 

Autrefois nomade ou pratiquant une culture sur brûlis donc constamment en déplacement, l'homme rural tchadien se retrouve, par le fait des facteurs précités, embarqué dans un environnement totalement différent où il ne devrait pas avoir besoin de faire de la culture sur brûlis ou de faire transhumer son bétail. Mais comme son irruption dans cet environnement totalement nouveau pour lui ne s'est pas fait de son propre et plein gré, il n'a pas vu pourquoi il devrait abandonner les principes moteurs qui ont guidé sa vie jusqu'à ce jour. De plus, meurtri par plusieurs mois de fuites, son atavisme ancestrale de maraudeur a vite fait de refaire jour.

Du coup, N'Djamena et Moundou, villes qui ne devraient logiquement pas avoir un statut de cités parce qu'elles ne remplissent plus aujourd'hui aucun des critères qu'il faudra pour cela, se sont très vites transformées en taudis fantomatiques, grouillant de saletés et de puanteurs, gérées par des bandits de grands chemins qui ont pris le titre de politiciens, et ou la seule caractéristique visible reste l'envie de partir qu'affichent ses habitants. Rien de structurel, rien de permanent, tout est construit sur le mode du temporel et du temporaire, sur le mode du départ. Personne n'est chez soi, surtout pas tous les nouveaux venus chassés par la sécheresse ou par les FAN/FAP/FAR/MPS, etc. Poussés en villes malgré eux par les injonctions d'un Hisseine Habre/Idriss Deby les appelant à venir profiter des richesses (imaginaires) de la ville.

Au demeurant, tout ceci reste classique de l'histoire de la formation de toute ville. Le seul ennui avec le Tchad, ce que si au départ les traits de N'djamena se devaient bien d'hériter de cette période trouble de son histoire, en principe avec le temps les blessures devraient être gommées, et non accentuées. Que Nenni !

Au Tchad, où la déstructuration du passé reste un exercice très fort quand il s'agit de se fermer les yeux, on accumule non seulement les blessures sur nos villes, mais en plus, on en ouvre de nouvelles. Et elles sont nombreuses, faites de manière volontaire. Les citadins d'hier, complètement engloutis dans la masse des nouveaux venus, ont perdu tout repère. Le désordre et la saleté ont tout envahi, jusqu'à nos cours. Ceux qui devraient en principe donner le tempo pour aider les arrivants à intégrer la ville et ses structures ont baissé les bras dans les meilleurs des cas. Le plus souvent, ils ont tronqué leurs habits de citadins contre des pratiques dites traditionnelles d'un autre âge. Le rural a fini par absorber l'urbain et le campagnard posséder la cour du citadin.
Résultat : des villes nauséabondes, où il fait mal vivre, et d'où la culture a pris ses jambes à son coup. Plus de cinéma, pas de théâtre, plus de bibliothèques. Pour tromper leur échec les N'Djamenois ou les Moundoulais, qui ont non seulement été complètement digéré par les nouveaux venus et leurs pratiques, mais se sont aussi laissé bouter hors du champ économique et décisionnel (le pouvoir politique) se sont lancé dans une course folle contre la bouteille de la gala. La seule distraction reste l'alcool, ou battre sa femme et injurier ses voisins !

Que faut-il faire finalement ? Chasser les nouveaux venus ? En fait les nouveaux venus comme je les appelle font maintenant partie du paysage de nos «villes ». Il faudrait plutôt exhorter le politique à mettre en place de véritables campagnes de sensibilisation sur le sens de ce qu'est une ville, une cité. Au lieu de folklorique rond points qui n'ont pour seul résultat que de rendre la circulation des voitures plus difficiles et vider à la vitesse de la lumière les caisses des municipalités (il faudrait être un maire complètement idiot pour remplir une ville entière de rondpoint et compter cela dans les réalisations politiques.) On fera mieux d'investir dans la construction de parcs et de centres de loisirs, de cinémas et de zones d'animations. Mais finalement je crois que tout ceci n'arrivera pas. Surtout quand on se souvient d'où sortent nos maires et avec quelles organisations politiques ils sont liés.

À bientôt, et ne vous gênez pas pour me répondre si vous vous sentez visé

Amine Idriss Adoum 

“Si le « monde arabe », plus particulièrement sa partie moyen-orientale, est en train d'être recolonisé, c'est qu'il était « colonisable » écrivait Bechir Ben Yahmed dans son éditorial du 5 Mars 2005 dans l’Intelligent.com de la même semaine. La même phrase pourrait être appliquée avec plus ou moins de bonheur à l’analyse du cas Tchadien. Si les Tchadiens chaque jour qui passe courbent l’échine un peu plus, ce que leur déterminisme les destine peut-être à le faire. Si les Tchadiens sont encore le peuple le plus retardé d’Afrique, c’est parce que leur parcours historique, de même que leurs structures sociales et culturelles actuelles les destinent à demeurer les derniers de la course à la modernité. Si Hisseine Habre, et aujourd’hui Idriss Deby se sont imposé par la force et la bêtise avec une facilite aussi déconcertante aux Tchadiens, ce que les Tchadiens étaient peut être  « soumissables ».
En guise d’illustration je vous recommande une lecture : Les Pays du Tchad dans la Tourmente de Jean Claude Zeltner, ouvrage paru il y a plus d’une décennie, décrivant les évènements intervenus dans la période 1880-1902 dans le bassin Tchadien. Le Livre de Zeltner qui fait la part belle à la narration des faits d’armes des principaux protagonistes des guerres coloniales effectue aussi un détour temporel et interroge les deux ou trois siècles ayant précédé le début du fait colonial dans les pays du bassin du Lac Tchad. Il interroge avec beaucoup de lucidité les systèmes sociaux et culturels des grands regroupements d’alors : le Kanem-Bornou déclinant, le Ouaddaï au crépuscule de son apogée, et le Baguirmi déjà dans la force de l’age. Il nous livre une photographie saisissante d’une portion de l’histoire en plein déclin, un tableau humaniste d’une région du monde ou l’esclavage et la chasse à l’homme sont élevées aux rangs de vertus. Une enclave d’Afrique abritant des sociétés certes ayant été toujours en contacts avec le monde extérieur mais où curieusement les peuples et les choses sont demeurés encore « intactes ». L’arrivée des nomades arabes d’abord, puis l’irruption brutale de Rabbeh bientôt suivi des européens va bouleverser définitivement l’ordre des choses dans ce monde vaste comme la France d’alors.

Si au Cameroun voisin, ou encore au Congo ou au Sénégal, la pénétration européenne s’est effectuée graduellement (premiers contacts marchands avec les côtiers, ensuite les missionnaires, puis après les colons), l’immixtion des colons dans les affaires des pays du bassin Tchadien s’est fait en une seule étape. Bien sûr il y a eu Barth, il y a eu aussi Nachtigal et quelques autres explorateurs. Mais ce n’était alors que des missions scientifiques, et pas grand-chose. Les blancs ont fait irruption dans cet espace ou moment où il commençait sa recomposition. Autrement dit, entre 1880 et 1902, les pays du Tchad étaient en pleine révolution politique, culturelle et sociale. Les structures sociales, vieilles de plusieurs siècles, avaient commencé leurs mues, et les perceptions/représentations culturelles, complètement déphasées, avaient commencé, avec les bouleversements qu’impliquait l’arrivée violente de Rabbeh, à se transformer. Des sociétés complètement fermées, construites sur une perception dépassée de l’homme commençaient à s’ouvrir et à évoluer. Et cela malgré les réticences des princes d’alors. Mais tout le processus s’est trouvé brutalement arrêté. Que s’est-il exactement passé ? Je ne pourrai pas relater les évènements ni donner leur chronologie ici. Il faudra toutefois noter les points suivants :
D’abord, sociétés agraires aux économies essentiellement basées sur la chasse à l’homme et sa revente, les royaumes du bassin tchadien ont vu entre 1880 et 1902 tarir leurs plus grandes sources de revenus (l‘esclavage) du fait de Rabbeh d’abord, puis des européens ensuite.
Ensuite, sans ressources suffisantes donc, et toutes déjà aux crépuscules de leur vie, les sociétés du bassin tchadien n’avaient pas la force, ni la volonté de vraiment résister. Elles ont d’ailleurs essayé, mais sans succès.
Enfin, pour la plupart des peuplades soumises au joug esclavagiste de ces empires déclinants, l’arrivée de Rabbeh puis des colons représentaient une planche que la providence semblait leur avoir tendu (quoiqu’ils se trompaient encore). D’où les ralliements massifs aux troupes de Rabbeh puis les enrôlements dans les armées coloniales pour combattre le Baguirmi (Rabbeh) ou soutenir les campagnes « punitives » francaises contre le Ouaddaï, le Kanem – Bornou (a moitie défait par Rabbeh d’ailleurs).

Entre 1880 et 1902, la situation politique et sociale des pays du bassin Tchadien les rendait donc facilement colonisables. Si j’ai volontairement refusé d’évoquer la supériorité technologique et militaire des colons ou des troupes de Rabbeh pour insister sur l’analyse des structures sociales et politiques/culturelles pendant cette période trouble, c’est surtout pour pouvoir établir une relation entre cette époque, et les années 1979-1982.

Mille neuf soixante-dix-neuf (1979) marque la fin du processus de pourrissement des institutions politiques et administratives tchadiennes. Processus de pourrissement lui-même déclenché par Tombalbaye, et clairement poussé par le Frolinat. Au moment où Hissein Habre devenait Premier ministre en 1979, tous les éléments étaient réunis pour faire sauter la république tout entière : un peuple aux abois parce que profondément blessé par plusieurs années d’une guérilla meurtrière, des structures économiques complètement brisées, et une administration qui n’existait plus que sur le papier.

Si les appels à la haine tribale et ethnique d’un Mahamat Hisseine ont été positivement reçus en 1979 par une partie des populations musulmanes de N’Djamena, c’est parce que plus personne à ce moment-la n’avait rien à perdre. Il devenait donc facile de récupérer le Tchad sans coup férir puis de le mettre en coupe réglée. Si Kamougue avait eu la force des armes et la combativité nécessaire chez ses hommes à ce moment-là, il est indéniable qu’il aurait remporté la première bataille de N’Djamena. Mais rien n’aurait changé aussi, puisque Kamougue, aussi bien que Habre, visait le même objectif, la même finalité : la mise en coupe réglée du pays. On aurait toujours eu notre Mobutu Tchadien !

Si depuis 1990, Idriss Deby parvient sans trop de peine à garder le Tchad dans sa poche comme on dit vulgairement, c’est que la situation qui prévalait en 1990 rendait cela possible : un peuple fatigué après trente années de guerres civiles et de ponction démographique, des structures sociales / culturelles complètement anachroniques, des consciences en guerre avec elles-mêmes. Et si la situation perdure jusqu’à aujourd’hui, ce que les Tchadiens dans leur immense majorité restent toujours ces malades de l’histoire, sans repères ni amour-propre. Ce peuple capable de se prostituer et de courber l’échine face au premier bandit venu. Conséquence de notre histoire ? Peut-être. Mais ceci ne nous dédouanera pas du tout. Car à la réflexion, je me demande si les Tchadiens ne sont pas ce genre de peuple seulement crées pour être asservis.

Amine Idriss Adoum 

La question, déjà posée par Lyadish Ahmed dans un article paru dans Ialtchad Presse il y a quelques semaines, semble n'avoir suscité aucune réaction de la part des lecteurs et des internautes. Ce qui est bien dommage à mon avis car une telle interrogation mérite bien sa place aujourd'hui. Plus d'une décennie de gouvernement de désordre a apporté la preuve que Deby Itno est incapable d'engager le pas qui placerait enfin le Tchad sur la route de la réduction de la pauvreté, de la lutte contre la corruption, et du recouvrement de notre dignité nationale.

En tout état de cause, après l'avoir observé et subi quinze années durant, aucun Tchadien muni d'un minimum de bon sens ne devrait voter Deby Itno lors des prochaines présidentielles.
Mais la situation n'est pas aussi simple qu'elle le paraît. Car pour sanctionner un homme dans une démocratie, il faudrait être en mesure de lui substituer un autre homme, plus capable, plus dynamique, plus juste. Ce qui est loin d'être  le cas pour l'instant au Tchad. En face de Deby Itno, ou à côté de lui, se trouvent des hommes ayant plus ou moins les mêmes caractéristiques : viles, lâches, veules, incultes et complètement ignorants de l'intérêt publique.

Il me semble que la lâcheté est la chose la mieux partagée en politique au Tchad. S'il me paraît évident que le changement, en politique, comme en toute chose, doit être une règle de gestion, j'ai en revanche de gros doutes, sinon une grande certitude, que le changement, dans l'esprit des hommes sensés nous conduire, est synonyme de retourner sa veste afin de se mettre au service du plus offrant, en termes de « postes de responsabilité », et donc dans le jargon politique tchadien, de possibilités d'emporter la caisse sans être inquiété. Car encore, dans leurs esprits, la caisse publique n'appartenant à personne, appartient au premier qui se l'approprie.

Au demeurant, certains hommes politiques de certains pays voisins pensent et agissent aussi de la même façon. En revanche, dans aucun autre pays que le nôtre, la lâcheté politique, la lâcheté tout court, n'a été érigée en système de gestion des carrières politique. S'opposer à Idriss Deby Itno pour la plupart des élites de notre pays, c’est, vous disent-ils, signer son arrêt de mort. Et pourtant, cela fait curieusement plusieurs années que nous n'avons déploré aucun assassinat politique (je n'évoque pas ici les cas de Laokein, Ketté, Togoïmi, qui sont des cas de rebellions militaires). Il est tout à fait possible que certains parmi nos hommes politiques ont fait l'objet d'intimidations et de menaces. Mais le plus souvent, ces menaces sont plutôt d’ordre matériel : les passer aux oubliettes au moment des grands partages. Ce qui a toujours semblé insupportable à nos politiciens. La politique du ventre dont parlait un célèbre politologue français en qualifiant les pratiques camerounaises il y a une décennie n'a jamais eu meilleure illustration qu'au Tchad. Et donc pour ne pas tomber dans les trappes que Deby Itno ne se gêne jamais de leur présenter, beaucoup adoptent soit une stratégie de collaboration avec lui, ou alors une posture de mise d'auto - mise à l'écart volontaire- mais sans jamais oser effaroucher le prince. Je préfère encore ceux qui collaborent. Au moins ils montrent leurs couleurs. Ils sont certes veules mais pas lâches.

Je hais, et je méprise (les mots ne sont pas assez forts) ceux-là qui s'adonnent à cette politique incompréhensible de mise à l'écart volontaire, et qui veulent nous pousser à faire comme eux.  Leurs lâchetés ne doivent pas être partagées. Beaucoup de partis et d'hommes publics tchadiens appellent aujourd'hui leurs compatriotes à boycotter les élections. Ce genre d'appel n'est pas nouveau. Au contraire, il est si récurrent que c’est le fait qu'un opposant appelle à voter qui surprend les populations aujourd'hui. Les arguments pour appeler au boycott ont tous été passés en revue. Et aucune des conséquences escomptées d'un appel au boycott n'a jamais été effective.

Bien au contraire, boycott après boycott, Deby Itno continue par consolider son pouvoir et son parti, et aujourd'hui, quoiqu'on dise, il passe aux yeux de beaucoup de nos compatriotes comme le seul homme politique tchadien qui ait du courage, et de la continuité dans les idées. Peu importe les effets désastreux de ses différents mandats. Sa présence seule, dans n'importe quel village du Tchad, attire, qu'on le veuille ou non, de milliers de personne. On pourra très bien me rétorquer que les gens accourent dans l'espoir que Idriss Deby Itno leur « lâchera quelques miettes ». Soit, mais la fonction présidentielle en elle-même, la personne qui l'occupent, paraissent suffisamment fascinants aux yeux des populations pour qu'elles se déplacent. Idriss Deby Itno n'a jamais appelé au boycott. Bien au contraire. Et même s'il n'a jamais réalisé aucune de ses promesses électorales, le simple fait qu'il encourage les citoyens à exercer leurs droits et devoirs civiques le place d'emblée au-dessus des autres, du point de vue du courage.

Bien sûr, cela paraît trop simple comme raisonnement. Mais à toujours vouloir fuir la réalité ou se cacher à Paris ou à Washington, la seule alternative que nos politiciens nous laissent est celle de nous ranger derrière la première personne capable de décider de ce qu'il veut faire de sa vie politique. Appeler au boycott n'a rien d'héroïque, surtout si on le fait depuis un salon parisien, ou encore derrière les murs de sa villa climatisée à N'Djamena, pendant que les autres sont en train de rôtir au soleil et crever faute de soins suffisants.

Les arguments de ceux qui appellent au boycott me paraissent aujourd'hui épuisés. Il faudra se résoudre à aller aux élections, avec les moyens qui sont les nôtres. À moins de faire preuve encore une fois, de lâcheté. La politique n'est pas une affaire de salons feutrés et climatisés.
C’est d'abord et avant tout une question de tripes. Et si on se croit investi d'une mission de service publique, on doit être en mesure de le démontrer. Et le démonter passe forcement par la conquête puis la possession d'un territoire. Le principal territoire d'un opposant en Afrique reste la rue. C'est par et grâce à la rue que Gbagbo règne et perdure aujourd'hui en Côte d'Ivoire. C’est grâce à la rue que les Maliens ont chassé leur ancien président Moussa Traoré. C’est toujours par la rue et par elle seule que l'ANC a vaincu l'apartheid en Afrique du Sud. Ce qui se passe au Tchad aujourd'hui en termes de prédation n'est rien comparé à ce que les sud-africains ont vécu plus de six huit décennies. Si les Tchadiens avaient été à la place des sud-africains, nul doute que l'Afrique du Sud resterait éternellement « apartheidisée ».

Pour convaincre la rue de vous soutenir, il n'y a qu'un moyen : l'encourager à faire acte des droits naturels qui sont les siens, et lui demander d'agir dans le cas où ces droits sont niés. Comment voulez-vous avoir le soutien de la rue, messieurs et mesdames des partis politiques, des associations et des ONG, si vous lui refusez la simple possibilité d'exercer ses droits de citoyens ? La rue n'a jamais eu peur. La lâcheté n'a jamais été sa tasse de thé. Mais tant qu'elle n'est pas blessée dans ses droits, elle reste calme. Appelons les gens à voter, c'est la seule et unique possibilité de faire partir Deby Itno, qui pourra bien truquer les élections à l'infini s'il le souhaite, mais ne pourra jamais truquer la colère des gens qui se sentiront spoliés de leur victoire. À moins que, comme le dit Lyadish, les hommes politiques, bien au fait de leur importance réelle, préfèrent justement ce subterfuge qu'est le boycott pour reculer le temps ou leur prétendue popularité sera découverte par le peuple.

Pour moi en tout cas, sans verser dans de grosses analyses politiques ou sociologiques, je suis convaincu d'une chose : à l'heure de la démocratie, la prise de pouvoir doit se faire par les urnes (n'en déplaise à Erdimi et consorts), qui perpétuent une autre forme de lâcheté dans nos pratiques politiques, la politique armée, souvent exercée contre des populations désarmées). Et si le peuple, parce qu'il a justement voté, se sent spolié, il réagira. À moins qu'on ne m'apporte une preuve de sa lâcheté tout le long de l’histoire. En tout état de cause, la lâcheté ne doit plus être de mise en Mai prochain.

Amine Idriss Adoum

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