Chronique

Chronique (90)

L’esprit de la fête de Tabaski a fait ses effets sur le président de transition. Il s’est souvenu des manifestants du 20 octobre 2022. Ceux que j’appelle les « sacrifiés en exil » de la seconde phase de la transition, ou « les insurgés armés » comme dirait le Premier ministre de transition Saleh Kebzabo.

Ils sont pardonnés. Oui pardonnés. Vous êtes surpris? Pas moi.

Je me rappelle une discussion avec un compatriote qui approuvait cette répression. Parce que, argumentait-il, « ces manifestants sont tous manipulés par le président du parti Les Transformateurs Succès Masra, ils sont tous originaires du sud, ils sont tous des drogués, ils sont tous des antis de ceci, des antis de cela, des haineux, des détestables, etc. ».

J’ai eu de la peine à lui faire comprendre que manifester pacifiquement est un droit. Et même s’il détestait ces manifestants ou les partisans des transformateurs, il se doit de dénoncer cette répression aveugle, inacceptable, exécutée par des Tchadiens sur d’autres Tchadiens. Et qu’il faudra faire attention à ne pas faire du « Kebzabo ». C’est-à-dire vouloir être plus dur que les durs partisans du président de transition.

Surtout que demain, les mêmes qui ont qualifié cette manifestation « d’insurrection armée », ne pourront invoquer le droit de manifester. Ils s’exposent, en soutenant une telle répression, d’être à l’avenir victimes de la même méthode. Les Tchadiens ont un adage pour bien résumer cela, « la lame qui a rasé Issa, rasera Moussa ».

J’ai fini en disant à mon contradicteur, « si j’étais le conseiller du président de transition, je lui aurais conseillé de choisir Succès Masra comme Premier ministre. Parce que, objectivement, c’est son meilleur allié et adversaire. Cela le débarrassera de cette vieille classe politique de l’opposition. Et surtout marquera la rupture, la montée d’une nouvelle génération, même si cela risque d’être symbolique. Les symboles comptent en politique ». Mon ami est resté insensible à mes arguments.

J’avoue que le Tchad est le paradis des apprentis politiques. La répression du 20 octobre a fait des dizaines de morts, un millier de jeunes incarcérés, des centaines d’exilés, un parti politique décimé, son chef chassé du pays, des procès bidons, une justice aux ordres tout cela est passé comme lettre à la poste à part le rapport du président de la Commission Nationale des droits de l’Homme (CNDH) Mahamat Nour Ibédou qui a dit la vérité. Depuis lors, on lui mène la vie dure.

Ce qui choque dans ce pardon, c’est le fait que le président, de surcroît d’une transition, se réveille le matin d’une fête et dit avoir pardonné ceux qui ont offensé sa présidence pour avoir manifesté après les avoir massacrés, embastillés, forcés à l’exil, etc. Lui le maître du ciel et de la terre tchadienne pardonne à qui il veut sans rendre de comptes à personne.

Je me suis alors rappelé la fougueuse sortie du président de transition clamant qu’il ne baissera jamais la tête devant un autre président d’un autre pays.

Mais selon plusieurs sources, son dernier voyage en France lors du sommet pour un nouveau Pacte Financier Mondial, le tête-à-tête, la veille du sommet entre le président français et tchadien, cachait autre chose. L’Élysée a d’abord remonté les bretelles du président de transition au sujet de l’arrestation des militaires français à la frontière soudanaise. Ensuite, il a exhorté le Tchadien à se ranger sur la position du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) demandant qu’aucun acteur de la transition ne se présente aux futures échéances électorales. De plus, il a fortement été recommandé au Tchadien une ouverture politique sincère à la principale opposition armée le Front pour l’Alternance et la concorde au Tchad (Fact), le retour du chef des Transformateurs et de ses militants exilés au pays et un apaisement des tensions sociales.

Voilà les raisons cachées de ce pardon le jour de la Tabaski. Un pardon sur commande. Menton levé « Jupiter Macron » a ordonné. Tête baissée « Mahamat Kaka » a exécuté. Reste à savoir s’il s’abstiendra de se présenter aux futures élections. Là, c’est une autre histoire.

Bello Bakary Mana  

Plus le temps passe, plus il est difficile de faire semblant. Les non-croyants disent que le temps est le seul maître des enjeux. Il est Dieu. Les croyants disent que seul Dieu est maître et du temps et des enjeux. La transition de 24 mois est prise entre ces deux thèses. Le pays traverse des moments de vérités. Premier problème : il n’y a qu’une Vérité. Il faudra s’y faire et y faire face. Deuxième problème : il y a toujours en chacun de nous deux personnalités dans une même personne. Vous comprendrez plus loin pourquoi je dis cela.

Le groupe de sages de l’Union Africaine (UA) a demandé aux responsables de la transition de respecter deux points.

Un, pas de prorogation des 24 mois de la transition. Pas question de ne rajouter un jour ni retrancher une nuit.

Deux, tous les membres de la transition ne doivent pas participer aux prochaines échéances électorales.

Depuis cette sortie des sages, il y a un « silence officiel gêné » au sommet de l’État. Quelques « petits seconds couteaux » ont décidé de donner la réplique aux sages en affirmant, « le pays est souverain ». « C’est le Dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS) qui a décidé que tout Tchadien (ne) peut se présenter à condition qu’il remplisse les conditions ». « Et qu’après tout c’est au peuple souverain du Tchad d’en décider, pas à l’UA ».

Je crois avoir trouvé le pourquoi de ce silence. Je m’explique….

Vous vous souvenez de la sortie du président à Gozbeïda, dans le Wadi Fira, disant ne pas être le gouverneur de l’ambassadeur allemand Jan-Christian Gordon Kricke, expulsé du pays quelques jours avant, qui lui avait, dit-il, demandé de ne pas nommer Saleh Kebzabo au poste de Premier ministre.

Voici in extenso la déclaration du président de transition traduit de l’Arabe locale. « Aucun président du Tchad, de Tombalbaye au Maréchal Idriss Deby Itno (paix à son âme), n’a jamais baissé la tête. Et jusqu’à ce que les Tchadiens choisissent leur président. Moi non plus je ne baisserai pas la tête devant aucune personne ni devant aucun État ».

Les trois mots « choisissent leur président » m’ont intrigué. C’est passé presque inaperçu, mais nous journalistes sont là aussi pour disséquer les mots, les gestes et les expressions présidentiels.

D’abord, est-ce un aveu de non-candidature? Hum…c’est trop mince pour le dire, mais ce n’est pas rien.

Ensuite, comment interpréter ces mots? La première idée qui m’est venue à l’esprit c’est l’expression de l’écrivain malien Ahmadou Hampâté Bah qui disait, « dans la personnalité de la personne, il y a plusieurs personnalités ».

Le président de transition (PT) n’échappe pas à cette sagesse de Hampâté. Et lorsqu’on est en politique active, on est obligé de faire cohabiter ces personnalités qui se tiraillent en permanence.

Cela pour vous dire que cette sortie et l’expression « choisissent leur président » est l’exemple parfait que le « Mahamat Kaka », le gentil petit fils de grand-maman qui sommeil dans la moitié d’âme du PT veut organiser des élections libres, transparentes et céder le pouvoir dans l’intérêt du pays.

Mais le rageux, l’agressif « Mahamat Idriss Deby Itno » tapi dans l’autre moitié du PT veut organiser des élections pour son propre compte. Et bien évidemment les gagner et s’éterniser au pouvoir dans l’intérêt des amis politiques et de la famille. Pour atteindre cet objectif, il est prêt à renvoyer les diplomates, défier l’UA, etc. Après tout le pouvoir, il l’a hérité du père Maréchal. Et au nom du clan et de la famille, il faut le conserver. Il faut pour cela faire le « dos rond » et laisser passer la « fâcherie » de l’UA. Et qui va certainement s’estomper avec le temps.

Ah! le temps, encore lui. C’est, semble-t-il, la moitié du nom de Dieu. Et le silence l’autre moitié. Allahou Akhbar (Dieu est grand), dirait Mahamat Idriss Deby. Allah hou sami-itt (Dieu est silence), dirait « Mahamat Kaka ». Et ses amis politiques acquiesceront InchAllah.

Bello Bakary Mana

Vous l’avez certainement vu comme moi. Le président de transition Mahamat Idriss Deby est en tournée dans le septentrion. Il a décidé de sillonner 8 provinces, dit-on. Il a aussi, semble-t-il, baptisé cette tournée, « Tournée de la paix ». Mais le moment choisi est mauvais. Très mauvais, je n’exagère pas.

Il est mauvais à cause du contexte. Il y a une crise sociale aiguë : pas suffisamment d’énergie, coupures intempestives d’électricité, pas de gaz domestique, pas de…, pas de …

Et voilà que le président de transition est en balade, il donne l’impression que sa priorité est ailleurs. Il semble en campagne, il serre des mains, il se fait applaudir, il est entouré par le gratin politique de l’ex-parti au pouvoir, le mouvement patriotique du salut (MPS). Tiens le MPS est-il au pouvoir? C’est comme si. C’est confondant non. Et pourtant ça ne devrait pas l’être. Mais c’est vrai, le MPS est toujours au pouvoir. Comment pouvoir séparer le président de transition Mahamat Idriss Deby Itno de ce parti?

Il est même encore plus difficile de distinguer le défunt père Idriss, du fils Mahamat. Il fait tout comme son père. Regardez les images, les faits et gestes, la manière, la méthode durant cette tournée. En regardant quelques images, j’ai cru que Deby père est toujours vivant. Oui il est encore vivant parce que Deby fils n’a rien changé. Il a tout mimé à la perfection, même les courtisans provinciaux et les démarcheurs urbains sont les mêmes.

Pire, Mahamat Idriss Deby a même oublié qu’il est président de transition avec pour principale mission d’assurer la bonne marche du cahier de charge du Dialogue nationale et d’assurer la sécurité et les besoins primaires des Tchadiens. Il n’a pas fait grand-chose pour ne pas dire, il n’a rien fait.

Tout semble bloqué. Rien ne marche. Exemple dans la province du Logone orientale les tueries entre agriculteurs et éleveurs continuent comme dans une série de cinéma. La crise sociale aussi continue comme dans un vieux film en noir et blanc. Un jour c’est l’essence qui est rare, un autre jour c’est le gasoil qui est introuvable. Un cacique de la transition me dit « le pire est devant nous, Bello ». J’étais assommé.

Je ne peux clore cette chronique sans parler de l’accusation d’harcèlement sexuel portée par la victime Hèlene Doumro, fille du premier général, le général Doumro, ou un des premiers généraux tchadiens, contre le Premier ministre de transition (PMT) Saleh Kebzabo (SK). Vous voulez mon avis?

Difficile de croire à cette histoire qui ressemble à une cabale contre le « galadima » Kebzabo. J’ai souvent critiqué les actions du Premier ministre, je connais le politique. J’ai tenté de trouver des preuves, je n’ai lu que des papiers torchons écrits par de « prétendus journalistes ». Dans le métier on les appelle souvent des « tueurs à gages », on peut ne pas aimer le politique SK. On peut détester l’homme Saleh, on peut même haïr le « galadima » Kebzabo. Cependant, il faut plus que des allégations pour de semblables charges.

À travers cette accusation, il y a une guerre souterraine menée sous les masques par une certaine élite du Méridional profond contre le « galadima » du Mayo Kebbi Ouest, Kebzabo. Plus encore, cette opposition illustre bien la rivalité historique contre ces « moyo kebbiens », qui ne méritent pas de diriger encore la transition. Eux qui depuis quelques décennies se sont enracinés à la primature. Les évènements du 20 octobre 2022 ont conforté la rivalité. Seule solution à cette affaire : la justice, dans la transparence, doit passer. Si le « galadima » est coupable qu’on lui coupe la tête. Si la plaignante a menti qu’on lui arrache la langue.

Bello Bakary Mana

C’était déjà la galère mais elle s’est abattue avec plus de force sur les Tchadiens ces derniers jours. Une galère aux odeurs de fuel. Ils sont patients les Tchadiens, mais cette fois-ci ils sont au bout du rouleau, au bout de la galère.

J’ai écouté le ministre du Pétrole et de l’Énergie Djerassem Le Bemadjiel au journal de 20h. Il ne m’a pas paru à la hauteur de la crise. Il était sans argument, pas convaincant. Il était dans son monde à lui, a expliqué sa réalité à lui. Je l’ai entendu. J’ai senti, à sa réaction, « laisser-moi finir » s’adressant à la journaliste, qu’il ne disait pas la vérité aux Tchadiens. Cette entrevue ratée, révèle deux choses : incompétence et impunité.

J’ai lu l’intervention de M. Abdoulaye Sabre, ex-ministre de Deby père et ex-directeur de cabinet de Deby fils. Sa réaction est mordante, juste et percutante. Il a vu juste le Sabre. Il a sabré au bon endroit, au bon moment. Il a raison que dans un pays normal, des têtes devraient tomber. Le chef devrait agir. Mais le Tchad n’est pas un pays normal.  Seulement voilà, sa sortie donne l’impression de « donneur de leçon ». À chacune de ses sorties M. Sabre, sème une graine, marque son chemin. Cette fois-ci il a marqué une distance avec celui qu’il appelle, petit frère, mais qui se trouve être président. Sabre aussi doit être claire. Il ne peut pas ménager à la fois son petit frère et être avec le « peuple » dans cette crise sociale. S’il était aux affaires, il ne se serait pas permis cette liberté. C’est pourquoi ceux de ses ex-amis qu’il qualifie de « les esprits pauvres » verront, dans cette correspondance, une tentative de retour. Il a donné un dernier coup de sabre très fort en affirmant, « on s’est fait avoir au Dialogue national inclusif et souverain… ». Il emploi le « on » et non le « je ». Pour lui, le DNIS était une supercherie. Je crois le divorce politique est consommé entre le grand-frère et le petit-frère.

J’ai vu le Premier ministre Saleh Kebzabo partir dans une lointaine contrée participer à une cérémonie privée de Rotary Club en usant des biens de l’État. Lui Kebzabo qui a passé son temps à dénoncer cette mauvaise habitude s’est abonné à cette pratique. Partir à ses frais pour ses affaires privées n’aurait dérangé personne. Mais partir sur le dos de la princesse Tchad est maladroit, malvenu et dénote l’insensibilité du Premier ministre. Surtout en cette période de galère énergétique lui, le premier répondant, se permet de brûler du kérosène pour aller faire du « kongossa » entre amis. Il répond aussi aux abonnés absents alors qu’il devait être « aux stations-services et à la raffinerie » faire face à cette crise.

Entre temps, les Tchadiens galèrent. Ils souffrent le martyr. Ils errent de station-service en station-service à la recherche du précieux liquide ou de la précieuse « air ». Certains avec leurs bouteilles de gaz attaché à la moto qui elle-même a besoin du carburant, d’autres dans leurs voitures filent à grande vitesse à travers la ville, le regard sur la jauge d’essence ou de gasoil pour ensuite faire la file sous le soleil mordant, dans une tension à fleur de peau. Pis, on leur fait les poches, de 700 francs le gasoil est disponible à 1000 sous le manteau, l’essence aussi a doublé de prix. Pays sans chapeau dirait l’écrivain haïtien Danny Laferrière. Pays de hommes et de femmes résilients. Pays au bout de la galère. Pays des autorités publiques insensibles.

Bello Bakary Mana

J’ai levé un peu les pieds sur mes chroniques hebdomadaires, happé par d’autres choses de la vie. Je suis de retour. Et l’actualité, comme journaliste, m’offre une panoplie de sujets, j’ai l’embarras de choix. J’ai choisi le volet de l’intrigante affaire Savannah.

Première phase. Le Tchad décide de nationaliser les actifs de Savannah Energy. Une décision qui est tombée comme un cheveu dans la soupe alors que, « la nébuleuse Savannah », selon l’expression du ministre d’État, secrétaire général de la présidence (SGP) Gali Gata N’gothé, a acquis la part de Esso Exxoon Mobil depuis plus d’1 an.

Je me suis alors interrogé sur le silence du gouvernement depuis tout ce temps. Pourquoi avoir été silencieux si longtemps? Qu’est ce qui a mal tourné? Pourquoi ce décret précipité de nationalisation ? Les autorités ne devraient-elles pas, dans un premier temps, expliquer publiquement dans une conférence de presse ce qui se passe? Et ensuite, dans un deuxième temps, lancer le débat au Conseil national de transition (CNT), donner les détails aux médias et laisser les citoyens s’emparer du sujet. Non. Elles ont fait le contraire: décret d’abord et par la suite les conseillers ont craché leurs venins sur Esso et Savannah sans avoir les détails.

Deuxième phase. Le SGP intervient en direct au journal de 20h. Il fustige le Cameroun, mais n’explique pas les zones d’ombres. En fait, selon mes investigations, le Cameroun dans le projet pipeline a droit à 5% sur le droit de passage. Pas plus. Ces 5% ont été une manne financière pour nos voisins. Ils en sont trop contents. Et tant mieux pour eux. Ils en ont tellement profité que désormais par un micmac orchestré par Savannah, le Cameroun a racheté 10% des parts de Savannah dans l’exploitation du pétrole. En français facile cela veut dire que le Cameroun par le truchement de Savannah, a 10% de notre pétrole. Chose inconcevable, inacceptable pour le Tchad.

Cette attitude prédatrice peut s’expliquer par la légèreté historique des autorités tchadiennes. Pour la petite histoire, après la mort du premier président tchadien, N’garta Tombalbaye, les autorités ne se sont jamais intéressées aux intérêts tchadiens au Cameroun mise à part le fret.

J’ai des exemples en guise d’anecdote pour vous sur les manœuvres prédatrices et historiques de l’État du Cameroun sur notre pays.

Un jour, j’ai rendu visite à un oncle, grand commis de l’État tchadien, plusieurs fois ministres. A chaque fois que j’échange avec lui c’est un régal. Dans la discussion, il me révèle 3 exemples où des intérêts tchadiens dont été détournés par le Cameroun alors que les Tchadiens étaient occupés à se faire la guerre.

Premier exemple, le Tchad a des intérêts dans la cimenterie du Cameroun, la fameuse Cimencam. Intrigué, je lui demande de m’expliquer. Il m’explique avec un calme Peul qui lui sied, en soutenant que le défunt président avait pris des parts dans la Cimencam afin que le ciment coûte moins cher aux Tchadiens. Et c’est avec ce ciment que l’ancien bâtiment du ministère des Affaires Étrangères ou BPN a été construit, l’hôpital Central ou de référence de N’Djamena a été bâti, si je ne m’abuse. Et depuis l’éclatement de la guerre civile au Tchad, le Cameroun a fait main basse sur ces parts. Stupéfait je lui demande.

Moi : Il n’y a pas des documents?

Lui : Avec la guerre, on les a perdu

Moi : Les Camerounais doivent avoir des copies, il faudra le leur demander. Non?

Lui : Oui mais quels intérêts ils auront en nous les remettant, c’est tant pis pour nous.

Deuxième exemple, le barrage de Lagdo, un lac artificiel d’une superficie de 586 kilomètres carrés, dans la région de la Benoué au nord Cameroun. Il a été construit pendant que le Tchad était en guerre, en drainant les eaux du fleuve Logone sans l’accord du Tchad. Aujourd’hui, le Cameroun s’en enorgueillit d’avoir un lac poissonneux. Oui, mais sur le dos des intérêts en affaiblissant le Logone.

Troisième exemple, la décortiqueuse de Bongor, non loin de la rive camerounaise de la ville de Yagoua, les pièces ont été volées morceau par morceau et vendues aux dirigeants de la Société d’Expansion et de la Modernisation de la Riziculture de Yagoua (Semry), qui avait le même modèle de décortiqueuse. C’était aussi pendant les guerres fratricides tchadiennes que le Cameroun a profité pour voler le Tchad.

Je l’ai religieusement écouté avant de lui poser la question sur le silence des autorités tchadiennes sur ces méfaits, il me regarde froidement et dit, « l’État s’est peu à peu affaissé au Tchad, les responsables sont obsédés par d’autres choses. Les vieux dossiers ne les intéressent pas. À l’époque, le défunt Hissène Habré s’était intéressé à ces questions, mais il n’a pas eu le temps ».

Moi : Et le Maréchal Deby Itno savait?

Lui : Oui, je pense, sous toutes réserves.

Moi : Pourquoi n’a-t-il pas agi?

Lui : Ah! Je ne sais pas…mais fort probablement il aurait estimé que cela ne valait pas la peine, soit que le moment viendra ou même mais que lui ne le fera. J’interprète, lâche-t-il…Bref, ou alors il avait peut-être d’autres combats à mener.

J’étais abasourdi…

Je vous raconte toutes ces anecdotes pour vous dire que les autorités de la transition ont raison de refuser l’entrée du Cameroun dans la production pétrolière. Le pétrole est Tchadien, s’il y a 10% des parts de Savannah à vendre, c’est au Tchad, en premier, que la proposition devrait faite, non pas au Cameroun. La seule explication plausible ce que le Cameroun tente de faire main basse, par ce subterfuge, des 10% du pétrole tchadien. Il a pris goût à sa vieille methode qui lui a jusqu’à là bien réussie. Il faudra une bonne dispute pour être des bons voisins, dit-on. Le Tchad est peut-être enclavé, mais ce n’est pas une raison pour nous « faire nos puits comme si les Tchadiens sont des M’boutoukou (cons) ».

Bello Bakary Mana

La 4e édition du Festival Dary lancée depuis le 24 décembre 2022 sur le slogan « Notre pays, nos merveilles » tire à sa fin. Que retenir, en bon et en mauvais, de ce grand évènement culturel ?

Ce festival est bien un moment exceptionnel. Un moment qui, peu à peu, s’est installé dans l’esprit du public. Un moment où les Tchadiens oublient leurs éternelles querelles, se retrouvent, chantent, dansent, mangent, boivent un peu pour « faire la fête », pour se déconstiper, se dégourdir. Bref pour fraterniser encore plus.

Rien n’a été facile pour les organisateurs. Beaucoup a été fait, mais beaucoup trop reste à faire. Il ne faudrait pas se contenter de ce résultat, il faut encore faire plus, faire mieux pour que Dary progresse mieux et se professionnalise plus. Il faut aussi que Dary mette à l’avant les artistes tchadiens sans fermer la porte aux artistes étrangers. « La culture c’est ce qui reste lorsqu’on tout perdu », selon une expression bien connue, au Tchad cette assertion a tout son sens. La culture, c’est ce qu’il y a de plus rentable et de plus rassembleur.

L’objectif de valoriser la culture tchadienne et de sensibiliser les citoyens sur le vivre-ensemble s'est un peu détourné de son objectif principal malgré des belles prestations des différentes danses traditionnelles, des expositions des produits locaux et des concerts géants qui sont les symboles de l'unité.

Pour récapituler, à 24h de coup d'envoi, les réseaux sociaux tchadiens s’étaient mutinés contre les parapluies multicolores aux couleurs arc-en-ciel qu'ils ont qualifiées de signes LGBT (homosexuel). Et le raccourci a vite été fait sur les organisateurs commandés par un réseau LGBT tapis dans l’ombre. Œuvre satanique selon les détracteurs du festival. Alors que cette couleur représente en réalité la diversité, l’harmonie et la paix, pas forcément la communauté LGBT. Ce groupe n’a fait que récupérer ces couleurs pour en faire son symbole. Bref, le comité d'organisation a bien fait de retirer les parapluies. C’était une polémique futile qui allait entacher le festival pour rien, surtout que plusieurs extrémistes religieux ont trouvé l’occasion de discréditer l’évènement.  

Le jour du lancement le 24 décembre dernier, le président de Transition accompagné de sa délégation sont venus assistés à la cérémonie, durant le défilé devant le président, il y a « remplacement numérique instantané » des habitants urbains de certaines provinces ont mis d'autres habitants ruraux à la touche pour représenter leur région.

L’aspect culturel et plaisant de l’évènement a été assombri par une division latente accompagnée de repli identitaire au sein de certaines communautés. Il y a eu le malentendu entre les ressortissants de la province du Ouaddaï qui se sont retirés du festival pour revenir après. Aussi il y a eu quelques « têtes brûlées », chantres de la haine qui ont formé un cercle en scandant « birti barr râ » à travers les réseaux sociaux qui a choqué le public et à froissé d’autres communautés. Il y a eu également bagarre entre deux femmes en pleine prestation de leur province, de la discrimination communautaire, le retrait de la province de Mayo-Kebbi Ouest.

L'aspect pervers de l’évènement a été l’incivisme du public, mais aussi les harcèlements et les attouchements des filles durant ce festival, les querelles entre les jeunes au milieu de la foule, etc.

L’aspect affaire du festival a laissé plusieurs commerçants amers par rapport aux coûts des stands entre 150 000 à 300 000 sans véritable retour sur investissements, les vendeurs de crèmes glacées, de café, paient 100 000 pour le pousse-pousse. Des vendeurs, venus de loin attirés par les retombés économiques de Dary disent avoir perdus beaucoup d’argent contrairement aux propriétaires de parkings qui sont contents de leurs investissements.

L'élection Miss Dary a suscité des réactions, deux provinces ont refusé de présenter leurs candidates. Ils ont traité cette élection d'impudique. Ils estiment qu’une femme ne peut défiler devant un homme, selon le coran. La candidate de la province du Moyen Chari a remporté l'élection Miss, une polémique a suivi sur les réseaux sociaux.

L’aspect sécurité a été bien géré malgré leur brutalité, les forces de l’ordre ont fait un bon travail. À chaque 5 mètres, il y a un agent de sécurité qui veille. Plus de 100 faux badges ont été confisqués à la rentrée.

L’aspect hygiénique du festival a été catastrophique. Par exemple, l'insalubrité avec des toilettes nauséabondes est à améliorer.

Dans cette grande messe culturelle, il y a plusieurs manquements. Notamment l'absence remarquée des écrivains, des poètes et des conteurs. Les organisateurs doivent pour les prochaines éditions intégrer les femmes et les hommes des lettres. La littérature est un aspect majeur de la culture. Dary ne doit pas être réservé uniquement aux danses folkloriques et aux concerts géants.

Enfin, l'aspect le plus important est les concerts géants. Des grands artistes locaux sont écartés. Le comité d'organisation se défend et affirme qu’une liste a été ouverte pour que les artistes viennent s'inscrire accompagnés de leurs managers. Mais le Comité n'a pas contacté des artistes à dimension internationale comme Célestin Maoundoé, Bâton Magique, etc. pour donner une tribune à des artistes internationaux notamment Naza et Youssoupha plus deux autres artistes soudanaises. Il n’est pas question de fermer la porte à ces artistes, mais il est question de donner le leadership et le devant de la scène aux artistes tchadiens. Malgré les manquements, festival Dary s’est définitivement installé. Et c’est une excellente nouvelle.

Noël Adoum

Je croyais qu’après le dialogue, après la formation du gouvernement d’union nationale, le Tchad ne deviendrait certes pas un paradis, mais il se rapprochera un peu de la paix, un peu de l’accalmie, un peu de l’écoute entre Tchadiens. Et surtout il y aura beaucoup de tolérance. Beaucoup d’amour malgré les divergences. Rien de tout cela n’a eu lieu.

Il n’y a eu que de la violence. Que de la casse. Que des invectives. Que du « ce n’est pas ma faute », « c’est la faute de l’autre ». « C’est une insurrection », « ils étaient armés », etc. Que du négatif pour justifier l’interdiction d’un droit inaliénable : le droit de manifester.

Ce jour de jeudi triste et sanglant, une partie des Tchadiens n’est pas d’accord avec le résultat du dialogue et de la seconde phase de la transition. Ils sont frustrés. Ils s’organisent et décident de l’exprimer en manifestant. Rien de mal à cela. Il fallait autoriser cette manifestation. L’encadrer pour éviter ce jeudi sanglant où des Tchadiens ont tiré sur d’autres Tchadiens. Où des Tchadiens ont cassé les biens d’autres Tchadiens.

Ce jeudi triste des vies sont fauchées. Le bilan est lourd. Certains s’amusaient à parler d’une cinquantaine de morts et d’une centaine de blessés. D’autres répliquaient en soutenant que c’est plutôt une centaine de morts et plus de 300 blessés par balles. Tous avançaient des chiffres pour faire peur le camp d’en face. Alors que tous sont perdants. Tout est tristesse, mais ils s’obstinaient à faire de la politique alors que les corps des victimes sont encore chauds. Jeudi triste. Jeudi sanglant. Statistique macabre. Avenir funeste? En tout cas, il ne s’annonce pas joyeux. La refondation, semble-t-il, a commencé. Refonder quoi? Pour qui? Alors qu’oser manifester peut entraîner la mort.

Ce jeudi sanglant j’ai compris que les Tchadiens n’ont pas des dirigeants. Ils n’ont pas des grands hommes et femmes politiques. Ils n’ont que des « ambitieux obsédés par le pouvoir pour le pouvoir ». Sinon pourquoi interdire aux Tchadiens mécontents de marcher? Pourquoi tirer sur eux? Et aller aux chevets des lits des blessés? Il fallait juste les laisser manifester. C’est plus commode. Moins cynique.

Ce jeudi triste j’ai écouté le nouveau Premier ministre lors de sa conférence de presse. Dans ces propos ne transparaissaient que des mots durs : « coup d’État », « insurrection », etc. Un pathétique sketch de gros bras. Aucune compassion dans ces premiers mots aux victimes. Comme si la centaine de morts méritent la mort. Il avait le couteau entre les dents, Kebzabo. Il avait le menton levé, la voix perchée, ce n’est pas l’homme que je connais. Ce n’est pas le Kebzabo retenu, à l’écoute, prudent et tempéré. Il était en feu. Ce qui n’aide pas à l’apaisement. Le couvre-feu, l’État d’urgence me semble des décisions hâtives et injustes. La majorité des Tchadiens ont supporté des années de privations. Ils ont soif de s’exprimer comme les autres peuples. Ils ont une insatiable envie de manifester sur des choix qu’ils considèrent injustes pour leur avenir. Ils veulent être libre et dans un pays où la démocratie les protège. Il faut le concéder, ils sont épris de justice et d’égalité comme les autres peuples.

Ce jeudi a été sanglant. Ce jeudi a été triste. Il ne sert à rien d’employer la méthode dure. Il ne sert à rien de réprimer. Il ne sert à rien de suspendre des organisations politiques et de la société civile M. le président de transition, M. le Premier ministre de transition. C’est un recul pour le pays. On ne gouverne plus par le sang. C’est révolu. Rien ne justifie de massacrer les tchadiens. Il faut plutôt être à l’écoute des mécontents, peut-être que vous comprendrez pourquoi vous ne les écoutez pas. Cela évitera le sang versé. Et éloignera la tristesse des cœurs des Tchadiens. Vous leur devez au moins cela.

À toutes les familles endeuillées, nos attristées condoléances.

Bello Bakary Mana

Bientôt, le Tchad va souffler sur sa 62e bougie. Pays enclavé étendu sur une superficie de 1284000 km carrés, le Tchad a été proclamé République le 28 novembre 1958 puis indépendant le 11 août 1960. Sujet à plusieurs hostilités, la terre de Toumaï, ancêtre de l'humanité n'a jamais ravi ses filles et ses fils à cause des intérêts égoïstes. la célébration d'un anniversaire ambitionne une évaluation de performances, des enjeux et des défis. Le peuple tchadien est-il réellement indépendant ? Pourquoi le Tchad entre-t-il souvent dans ses histoires en reculant ? Chronique.

Dans cinq (05) jours, une cérémonie de prise d'armes va se tenir à la place de la nation tchadienne pour commémorer les 62 ans d'indépendance du Tchad. L'ambiance ne saurait être que les rythmes des fanfares les cadences des différentes troupes peut-être aussi les discours. Mais avec quel enjeu ? D’abord, qu'est-ce que le Tchad, terre de Toumaï ancêtre de l'humanité à bénéficier de sa liberté de disposer de lui-même depuis 1960 ? A moins de convaincre les Tchadiens d'un autre pays que celui qui n'a eu que des guerres comme legs. Difficile d'avouer, mais aujourd'hui, la plupart des Tchadiens regrettent même, d'être nés Tchadiens.

Tout est chaos et sur tous les plans.

Commençons par la politique qui n'a fait que diviser les Tchadiens de différentes aspirations depuis les indépendances. Aucune institution crédible et stable jusqu'à nos jours n'est assise. Les partis politiques se versent dans la démagogie et la poursuite des gains faciles au détriment des citoyens. L'éducation se noie au jour le jour rendant incertain l'avenir des jeunes tchadiens. Les universités publiques forment sur les bases de curricula qui ne répondent pas au marché de l'emploi augmentant exponentiellement le nombre des diplômés sans emplois. Sur le plan sanitaire, la plupart des Tchadiens se soignent à l'indigénat soit chez les vendeurs de médicaments de la rue. Dans nos villages, les agriculteurs et les éleveurs toujours à couteaux tirés. Des attitudes qui impactent négativement le développement de ce secteur tertiaire très répondant à l'économie tchadienne. Aucun impact des ressources minières, ressenti par les Tchadiens. Les revenus pétroliers n'ont servi que pour l'achat des armements et non pour le développement local. Les tronçons de voyages sont abandonnés livrant ainsi, les passagers à des périls imminents. Les autorités peuvent-elles convaincre le peuple d'un résultat probant découlant de l'indépendance ? Difficile à notre avis. Alors nous avions eu plus de 60 ans pour quel résultat ?

Le Tchad entre cette fois encore dans une autre histoire suite au décès du maréchal Idriss Deby Itno le 21 avril 2021. Une transition militaire enclenchée avec pour objectif, organiser un dialogue national inclusif et souverain. Le pari serait-il tenu à la date du 20 août tel que prévu? Toujours les politiques, ils ne sont pas unanimes et certaines sensibilités évoquent qu'il faut qu'un organe paritaire soit mis sur pied. La liste des participants, l'agenda, les critères et le projet du règlement intérieur divisent encore, car rien n'est clair assurent certains Tchadiens. Voilà un autre Tchad qui se dessine dans une histoire qui recule. Que disent les politico-militaires après cinq mois de négociation peu reluisante ? Toujours difficile à concevoir ce sort réservé aux 16 millions des Tchadiens désemparés à tout temps. Un peuple qui croupit sans cesse dans la misère. Même pour le simple gaz butane les ménages à N'Djamena devenus des noctambules crient au désarroi. Et ce, après plus de 60 ans d'indépendance ?  Ces assises devraient être une ultime occasion pour sortir le Tchad du bourbier des décennies.

Moyalbaye Nadjasna

La musique est célébrée dans le monde depuis mardi 21 juin 2022. C’est la fête de la musique. Les musiciens tchadiens sont aussi en fête. Depuis l'avènement du covid-19, l'ardeur et l'engouement festifs n'y sont plus. Certains musiciens estiment que le plus grand problème que rencontrent les musiciens tchadiens c'est le manque de volonté politique pour soutenir la musique tchadienne. Pis, le tchadien ne consomme pas sa musique, s’il le fait c’est très marginalement. Chronique.

La fête de la musique est célébrée à N'Djamena ce 21 juin dans un seul site en occurrence, à l'Institut Français du Tchad (IFT). L'ambiance du passé avec plusieurs sites semble être un vieux souvenir. Quelles pourraient en être les raisons ? Difficile à répondre à cette question. Mais l'important est que, les musiciens tchadiens trouvent enfin après l'avènement de covid-19, un cadre pour s'exprimer leurs talents et se faire évaluer par leurs fans. Comprise comme l'art de combiner les sons pour les rendre agréables à l'oreille, la musique se transporte. Des efforts ont été consentis par les musiciens tchadiens pour combler leurs fans des bienfaits de la musique. Il y a un retour à la source, une révolution qui se traduit par la quête de l'identité nationale. La musique adoucit les mœurs. Et combats le stress.

Les débuts de la musique populaire au Tchad datent de 1962 à cette époque c'était l'orchestre « Tchad succès » qui évoluait à Fort-Lamy, ancienne capitale du Tchad aujourd'hui N'Djaména. Deux plus tard en 1964, l'orchestre Chari-Jazz est né à Fort-Archambault actuel Sarh, chef-lieu de la province du Moyen-Chari. Certains membres de cet orchestre vont bénéficier d'une formation au Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo (RDC),  financée par le premier président tchadien, Ngarta Tombalbaye.

Aujourd'hui, le nombre des orchestres tchadiens est passé du simple au triple avec un environnement musical cosmopolite. La culture musicale étrangère a pénétré les frontières tchadiennes et le système musical national est influencé de toute part. Certains rythmes tels que le hip-hop des États-Unis et de l'Europe ainsi que d'autres rythmes africains comme le Dombolo, le coupé décalé, les Zouk ont infecté le milieu musical tchadien. Les figures de la musique tchadienne les plus connues actuellement sont entre autres, Abdoulaye Ndergué, Talino Manu, Ahmed Pécos, Matania, Maître Gazonga, Matibeye Généviève, Cidson Alguewi, Caleb Rimtobaye (Afrotronix), Mounira Mitchala, Kaar Kass Sonn, Moussa Chauffeur, Yasmine Abdallah, Diégo, Aimé Paly.

Seulement, les musiciens ont toujours déploré le fait qu'on les considère comme des amuseurs du public. Or, ils jouent un rôle important dans la promotion de la culture. Selon eux, les autorités les ignorent, le public voire les médias les évite. Les difficultés rencontrées souvent par les musiciens tchadiens sont le, par exemple, le paiement de leurs redevances, le manque des infrastructures, etc. Le bureau des droits d'auteurs a toujours évoqué l'insuffisance des moyens lui permettant d'effectuer de contrôle de la déperdition des redevances des musiciens ou artistes en général auprès des redevables (Bars, média, alimentations, kiosques, etc.).

Au-delà du rôle récréatif et de divertissement, la musique a toujours été un instrument de la promotion des cultures. Mais aussi une véritable industrie pouvant booster l'économie nationale. Il existe des talents, il suffit d'investir en eux pour révolutionner la musique tchadienne.

Moyalbaye Nadjasna

Eaux, électricité, carburant, gaz et denrées alimentaires sont des nécessités du quotidien dans la vie des ménages. Au Tchad, l’accès à ces besoins vitaux est un problème sérieux. Une situation qui rend difficile la vie des Tchadiens. Un véritable casse-tête. Qu’est-ce que pourrait être à l’origine ? Chronique.

Difficile à comprendre et très difficile à réaliser aujourd’hui à N’Djamena capitale tchadienne. Depuis une semaine, les ménages souffrent pour recharger leurs bonbonnes de gaz butane. A brouette, à moto ou en véhicule, des chefs de  famille et des majordomes ou « domestiques » parcourent des quartiers sans lueur d’espoir. Interrogation. Mystère et boule de Crystal. Comment ces ménages se débrouillent pour, ne serait-ce que, faire la cuisine ? Voilà la pénurie sévit. Et le charbon et le bois de chauffe sont interdits. Le Tchadien se demande dans combien de temps encore son ménage va continuer à en souffrir ?  

Hier c’était la pénurie du gasoil qui défrayait la chronique dans les médias. Jusque-là aucune raison claire n’a pu élucider cette pénurie à N’Djamena et sur le territoire national. Aucune explication. Ni la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT), ni l’Autorité de Régulation du Secteur pétrolier Aval Tchad (ARSAT) d’ailleurs suspendue, ni la mini-raffinerie aucune de ces institutions pétrolières n’a daigné dire un mot aux Tchadiens. Ils croient ne pas redevables à la population tchadienne. Eux, les intouchables de ce qui reste de cette république de clans, des amis, des familles et des brillants incompétents.

L’eau c’est la vie, l’électricité, c’est la vue, a-t-on coutume de scander la Société nationale d’électricité et celle des Eaux, dans ses spots publicitaires qui courroucent les téléspectateurs. Des sociétés d’État qui existent sans rendre les services auxquels les abonnés ont droit. Elles se permettent encore de croire qu’elles servent les Tchadiens. Tellement les Tchadiens peinent au quotidien pour profiter de leurs services qu’ils immigrent peu à peu vers le solaire, affectueusement appelés « panneaux ». Bientôt, espérons que ces sociétés feront faillite. Et c’est tant mieux pour tous…enfin peut-être.  

La souffrance est partout que dans certains quartiers, lorsqu’il n’y a pas l’électricité, que lorsque l’eau ne coule plus, les gens se rouent vers les pompes à motricité humaine chez les voisins. L’électricité alors, c’est carrément la terreur des N’Djaménois. L’électricité arrive, s’il arrive à 1heure du matin pour être repris dès 7h. La majorité des Tchadiens des vieux quartiers centraux dorment dans le noir, vivent dans le noir. Et se réveille le lendemain avec des dirigeants aussi ténébreux et magouilleurs dans leurs décisions que fanfarons dans leurs promesses. Ils n’anticipent rien. Ils ne prévoit rien. Ils n’ont aucune solution, navigue à vue. Alors que gouverner c’est prévoir, et prendre soin des siens. Gouverner pour eux c’est rester dans le déni. Dans l’obscurité de l’incompétence.

J’erre en ville à la recherche de ma bonbonne de gaz. Et d’un peu de lumière. Je n’ai toujours pas trouvé ma bonbonne de gaz. Mon quartier est plongé dans l’obscurité. Mon « taco » manque de carburant, les stations-services manquent d’essence et de gasoil. J’ai de la peine pour mon pays, pour tous ces braves gens qui se remettent toujours à Dieu, à Allah. Je suis tenté de paraphraser le titre du roman du défunt écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma… « Allah n’est pas obligé », ce titre va parfaitement à ce pays. Les pénuries ne sont pas l’affaire de Dieu, mais celle d’hommes et d’incompétence.

Moyalbaye Nadjasna

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