Au lendemain des obsèques nationales du président Deby, la situation politico-militaire semble peu à peu se détendre. Le groupe rebelle du FACT se dit prêt au dialogue. Analyse.
La menace rebelle qui plane sur N’Djamena, la capitale politique tchadienne, semble levée, à en croire la déclaration du chef du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), Maqamat Mahdi Ali. Pourtant, il y a quatre jours, les rebelles menaçaient encore de marcher sur N’Djamena bien que le président Deby soit tué au front. Cette menace a laissé les habitants de la capitale dans une confusion et une inquiétude. Revirement au lendemain des obsèques nationales du président Deby.
Sur les ondes de la Rfi, le chef rebelle Maqamat Mahdi Ali a déclaré, ce samedi 24 avril, être pour une issue politique à la crise actuelle au Tchad. Et prêt pour un cessez-le-feu pour dialoguer au tour d’une table avec toutes les composantes de la vie politique et sécuritaire du Tchad. Étant donné que la crise politico-militaire actuelle est née avec la mise sur pied d’un Conseil Militaire de Transition (CMT). Lequel CMT qui est contesté par les rebelles, une grande partie de la classe politique et de la société civile tchadienne. Presque tous réclament un dialogue inclusif et un retour à l’ordre constitutionnel.
Qu’est-ce qui aurait influencé Mahamat Mahdi Ali, pourtant déterminé avec ses éléments à renverser le pouvoir de N’Djamena ? Est-ce les frappes des forces françaises ? Est-ce la déclaration d’Emmanuel Macron aux funérailles de Deby ? Certainement les deux.
Le 22 avril, soit à la veille des obsèques du président Deby, le groupe rebelle s’est fendu d’un communiqué dans lequel il déclare avoir été bombardé par les forces françaises, sur ordre de la junte militaire au pouvoir. Selon le chargé de communication du groupe rebelle, « l’opération visait à éliminer physiquement leur leader. Mais elle a échoué. » Ces frappes, bien que le bilan n’ait été communiqué jusque-là, auraient considérablement réduit les capacités humaines et matérielles du Fact, déjà affaibli par les combats dans le Kanem.
L’autre élément qui aurait dissuadé le FACT à renoncer à son engagement à renverser le pouvoir en place à N’Djamena est la déclaration aussi musclée que sérieuse du président français Emmanuel Macron. « La France ne laissera jamais personne remettre en cause ni aujourd’hui ni demain l’intégrité et la stabilité du Tchad », a déclaré Emmanuel Macron aux obsèques de Deby. Cela justifie valablement les frappes qui ont été menées sur le groupe rebelle replié au nord du Tchad.
Reste à savoir si le CMT accédera aux demandes des rebelles et de la classe politique qui réclament un dialogue inclusif pour une transition apaisée. Et le CMT, en quête d’une légitimité, n’a rien à perdre en acceptant ce dialogue.
Christian Allahadjim