Université gratuit aux filles : Décision appréciable mais insuffisante    

Written by  Aoû 15, 2024

Le Premier ministre Allah-Maye Halina a annoncé que l’année académique  2024-2025 au Tchad, l’admission est gratuite pour les filles dans toutes les universités  et les institutions de l’enseignement supérieur public. Cette déclaration du chef du gouvernement, encourageante semble être momentanée si d’autres mesures d’accompagnement ne sont pas prises pour permettre aux jeunes filles de finir le cursus primaire et secondaire.  

Beaucoup de filles s’inscrivent à l’école, mais peu franchissent le seuil du second cycle au Tchad. D’après l’Institut des statistiques de l’Unesco, le taux d’achèvement de l’enseignement primaire était de 38  %  en 2021. Cependant, le taux d’achèvement du premier cycle de l’enseignement secondaire relève de 14,1 %  pour les filles.

Certes, l’annonce du Premier ministre va  peut-être hausser le taux et augmenter le nombre de filles au supérieur. Mais le véritable problème est au niveau du cycle primaire à cause du phénomène de mariage précoce et de grossesse aussi précoce. « Je crois que c'est une annonce qui aura un effet positif. La proportion de la gent féminine au niveau de l'enseignement supérieur est très faible. Cela s'explique en grande partie par des choix familiaux lorsque les parents sont pauvres le réflexe est de privilégier la scolarisation des garçons au détriment des filles. Parce que pour plusieurs familles, la fille est faite pour le foyer », fait savoir Dr  Yamingué Bétinbaye,  analyste  politique et directeur du Centre de Recherche en Anthropologie et Sciences humaines. Il rajoute que les filles sont  confrontées à d'autres contraintes comme le harcèlement de leurs condisciples garçons, « et même de certains enseignants, du coup elles sont désorientées, découragées ».

Tout en saluant la déclaration du chef du gouvernement, Dr  Yamingué Bétinbaye martèle que l’État doit lever toutes les barrières qui entravent la scolarisation des filles tchadiennes. « Cela leur donne la possibilité de ne pas douter de leur chance d’accéder à l'enseignement supérieur. Il y a beaucoup de jeunes filles qui sont  à N’Djamena, après leur baccalauréat, elles ne réussissent pas à s'inscrire à l'université faute des moyens financiers. Elles sont obligées de blanchir une ou deux années pour aller à la recherche de ressources financières avant de s'inscrire dans un centre de formation ou à l’université », renseigne-t-il.

M. Bétinbaye suggère que pour maintenir les filles jusqu'au supérieur, il faudrait lever toutes les barrières qui entravent leur progression à l’école de la maternelle jusqu'au supérieur. « Il faut se mobiliser pour minimiser certains facteurs socioculturels coriaces et apporter du sang neuf dans la société tchadienne pour que la grande partie de la population accepte les mesures entreprises ».

Nadège Riradjim

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