Transition : Allons-nous vers le néant ?

Written by  Oct 09, 2023

J’écris cette chronique pour m’interroger sur l’état de la transition. Où en sommes-nous ? Vers où allons-nous ? 

Je vous rassure que je ne possède pas une boule de cristal. Je ne consulte ni marabouts, ni les oracles. J’esquisse des prédictions hasardeuses sur ce qui pourrait arriver en m’inspirant des faits d’actualité.

Alors on est rendu là, dans une transition de campagne permanente. En prétextant de vouloir toucher du doigt « le vrai vécu des Tchadiens », la mission de la transition est jetée aux oubliettes. L’envie à peine dissimulable du principal acteur de la transition Mahamat Idriss Deby de demeurer président.

Un exemple factuel parlant...

Hier samedi, le président de transition (PT) a bouclé sa tournée de 23 régions en grande pompe lors d’une rencontre politique dans la capitale tchadienne, N’Djamena. Il a d’abord dressé les succès de la première phase : révision du fichier électoral, le futur referendum, a présenté la transition comme une chance historique pour refonder le pays. Il a fait une tonne de promesses : l’électricité vert, l’électricité thermique, des lampadaires, des kilomètres de bitume, des collecteurs d’eau, des avenues à réhabiliter, deux nouveaux hôpitaux, etc. C’est père Noël, les bras pleins de cadeaux, qui rend visite avant l’heure, aux millions de Tchadiens qui en arrache tellement leur vie est de plus en plus difficile.

Entre temps, les Tchadiens sont interdits de manifestation, le travail de la presse est entravé, un mandat d’arrêt est lancé contre le principal opposant, plusieurs membres de son parti sont arrêtés, les groupes rebelles sont sur les pieds de guerre quelque part dans le sud-libyen, les politico-militaires rentrés au bercail sont mécontents, le programme Désarmement démobilisation et réintégration (DDR) tarde à démarrer, etc. Les Tchadiens sont épuisés, dépités, découragés par toutes ces péripéties.

A la question vers où allons-nous ? Vers le néant, enfin, peut-être…

Je n’exagère pas. On m’a raconté qu’un célèbre journal avait titré, il y a des décennies, en Une : Tchad, État néant à cause de la guerre civile entre Tchadiens. Je ne souhaite pas une autre guerre pour mon pays mais inexorablement il s’achemine, une nouvelle fois, vers le néant.

Bello Bakary Mana

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