Il y a quelques jours le ministère des Transports et de la Sécurité Routière a annoncé un nouveau Code de la Route qui rentrera en vigueur le 20 octobre prochain.
La circulation au pays et surtout dans la capitale tchadienne, N’Djamena, est une vraie jungle. Les accidents de la route sont légions. Conséquences : des milliers de morts, des milliers de blessés, des milliers d’handicapés à vie. Les incivilités sur la route sont quotidiennes. Les Tchadiens étant des sanguins, les accidents tournent parfois à la bagarre, aux engueulades, etc.
Analysé froidement, ce nouveau Code est une excellente nouvelle. Pour reprendre la formule des frères Dupont et Dupond dans Tintin la célèbre bande dessinée «… je dirai même plus.. », c’est une solution pour atténuer les souffrances et les vies brisées sur les routes tchadiennes.
J’étais heureux de saluer cette bonne nouvelle dans mon édito ou ma chronique lorsque je suis allé naviguer sur le réseau social Tiktok, histoire de me détendre. Je tombe alors sur un extrait vidéo du virulent et pragmatique Cheikh Mahamat Ahmat alias Faki « handicapé ». Il dénonce ce code avec des arguments simples en affirmant, je traduis ses propos en arabe locale en les résumant, lorsqu’il s’adresse aux gouvernants.
Cheikh Mahamat Ahmat : « ...le Président, le Premier ministre, le gouvernement, le ministre du commerce, le président des commerçants, les délégués, les députés se sont réunis. Pas de route, des rues cabossées, plein de nid de poule, des herbes partout au lieu de se réunir pour trouver des solutions pour faire baisser les prix sur les denrées alimentaires, ramener l’eau. Ils se sont réunis pour parler du port du casque sur la moto. Le casque c’est du riz? Du macaroni? Vous n’avez pas peur du Bon Dieu? Au moment où votre peuple a faim, vous refusez de parler des denrées alimentaires. Honte à vous. Haram à vous… ».
Il rajoute pour conclure, « …pire, ils dressent les hyènes (les policiers) pour aller s’attaquer aux chèvres (le public, usagers motocyclistes et automobilistes). A partir du 20 octobre, les policiers là, seul Dieu sait ce qu’ils feront dans cette ville… ».
Les prêches aux allures populiste de ce Cheikh sont vachement intelligentes. Cette sortie me parle, me touche. Et j’imagine elle touche aussi des milliers des Tchadiens. Je suis déchiré entre la vérité du Cheikh et la responsabilité des pouvoirs publics.
L’application stricte de ce Code préservera certainement des vies. Pouvoir s’acheter à manger pour manger à sa faim aussi sauvera des vies.
J’avoue que j’aime les prêches du Cheikh. Elles sont réalistes et praticopratiques. Il parle tellement bien du quotidien difficile des Tchadiens qu’il est devenu, pour moi, un peu notre « conscience morale ». Nous avons tous oublié qu’il y a quelques années l’histoire du port de casque a soulevé la colère « des clandomen » ou les mototaxis. A l’époque le maréchal Idriss Deby Itno a reculé de peur que la fronde ne mute en autre chose plus dévastatrice pour son régime. Le général Mahamat Idriss Deby reculera-t-il ? Lui qui assure juste une transition. Le GBS (gros bon sens), comme disent les Canadiens français, le recommande. Surtout le volet port de casque. Même si au fond il faut commencer quelque part à discipliner les Tchadiens avec ce Code.
Bello Bakary Mana