jeudi 28 mars 2024

Commandant Tchatcho ou Judas de « l’autre côté »

Written by  Fév 23, 2004

Les Tchadiens du Cameroun 3ème partie : Commandant Tchatcho ou Judas de « l’autre côté »

Apparemment, il a 40 ans révolus, mesure 1 mètre 95 pour 90 kilogrammes environ. Et on l’appelle « Commandant Tchatcho » avec un point d’exclamation à l’arrivée. À ce jour, il n’a ni domicile fixe, ni conjointe, moins encore de progéniture. Mais littéralement, tout Yaoundé le connaît, tout le monde parle de lui. Parce qu’il est à la fois dans toutes les agences de voyage, dans tous les marchés, dans tous les bars, dans tous les cabarets de Yaoundé…En 17 ans de vie d’aventure à Yaoundé, Commandant Tchatcho ! défraie chaque jour la chronique, inspire la terreur à tout le monde - en particulier à ses compatriotes Tchadiens - et totalise à lui seul « 27 séjours en prison » comme il aime à le clamer lui-même.

Ancien élément de « Codo vert » - mouvement rebelle opérant dans le Logone Oriental de 1983 à 1986, d’où son sobriquet de Comandant Tchatcho (tchadien) - Djimrassengar Nicolas a quitté son Koumra natal en 1987 pour s’installer à Yaoundé. Très vite, le jeune Tchadien va avoir la maîtrise du Cameroun, dont il parle couramment une dizaine de langues. Dès 1989, il constitua avec quatre autres jeunes tchadiens un groupe qui a réuni une petite somme d’argent pour monter une cafétéria. Mais l’entreprise n’aura duré que le temps d’une saison des pluies, juste 4 mois et ce fut la catastrophe. Car les revenus générés par la cafétéria de Commandant Tchatcho et compagnie étaient chaque soir injectés dans l’alcool et les jupons.

Entre-temps, Commandant Tchatcho et sa bande changent de fusil d’épaule, et investirent dans les «affaires ». De jour, les copains se faisaient voir dans les marchés de Yaoundé, vendant de la friperie. De nuit, les « affairistes » se métamorphosaient en un collège de Ninja, braquant et dépouillant les noctambules à travers les quartiers de la capitale. Trois lieutenants de Commandant Tchatcho ont fini par laisser leur peau dans ce brigandage, tandis que 9 de ses affiliés restent aujourd’hui détenus à Kondengui, la prison centrale de Yaoundé.

Mais Commandant Tchatcho, lui, ne désarme pas. De ses nombreuses entrées et sorties de la prison, il tisse et ratisse large en relation avec les forces de l’ordre et décuple sa capacité de nuisance. A la gare voyageurs de Yaoundé, par exemple, il est devenu le collabo privilégié des policiers et la bête noire de ses compatriotes. Un Tchadien débarque du train ? Commandant Tchatcho le canalise directement au fond du filet de la police. Commandant Tchatcho vous demande dare-dare 50 mille F CFA et vous n’en avez pas ? La gendarmerie va inexorablement vous débusquer le même jour et vous serez obligé de débourser deux fois plus, sinon vous êtes foutu !… Dans les bars et cabarets, ComTchatcho et sa bande, qui grandit chaque jour davantage, se gèrent en « règle congolaise » ; c’est-à-dire, ils entrent un soir par exemple dans un débit de boisson, « ils boivent jusqu’à l’aube, ils cassent les bouteilles et ils ne payent rien ! » A la moindre revendication du barman ou du tenancier, ComTchatcho ouvrent immédiatement les hostilités où ni la police, ni la gendarmerie ne peuvent intervenir…

Ainsi, de jour en jour, la triste célébrité de Commandant Tchatcho monte, tout en ternissant l’honneur de ses compatriotes. Curieusement, un bon nombre de jeunes tchadiens, à travers les villes du Cameroun, s’inscrivent de plus en plus à l’école de ce Judas des temps nouveaux. Triste !

 Par Bétoubam Mbaïnaye

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