Cela fait bientôt 20 jours que Messieurs Lol Mahamat Choua, Yorongar Ngarlejy et Ibni Oumar Mahamat Saleh, tous personnalités politiques de l’opposition démocratique, ont été enlevés par la garde rapprochée du Président Idriss Déby. Le premier sur la liste serait actuellement en détention. La destination et le sort des deux autres restent inconnus à ce jour.
Le Chef de l’Etat tchadien ainsi que certains membres de son gouvernement, en l’occurrence son ministre de l’intérieur Mahamat Ahmat Bachir et le ministre porte-parole du gouvernement Hourmadji Moussa Doumgor, reprochent aux opposants démocratiques enlevés d’avoir tenté de conspirer contre le gouvernement en place en prenant contact avec les rebelles lors de l’attaque de N’Djamena.
Cette scandaleuse accusation ne se fonde évidemment sur aucun élément de fait sérieux puisque Idriss Déby et ses ministres s’étaient d’abord défendus d’avoir procédé à l’arrestation de ces opposants politiques avant d’avouer, sous la pression médiatique, l’enlèvement de Lol Mahamat Choua. Selon les grotesques propos de Ministre porte-parole du gouvernement, le président du RDP avait été arrêté ensemble avec « les prisonniers de guerre qui ont survécu aux combats ». Néanmoins, cet aveu d’arrestation n’a toujours pas été suivi d’une mise en examen du prétendu coupable, Lol Mahamat Choua, lequel continue à croupir dans les geôles de la milice politique du régime de N’Djamena.
À ce jour, et selon une déclaration faite ce matin par les suppôts français du Président Déby, les recherches continues d’être menées au sujet d’Ibni Oumar Mahamat Saleh et de Ngarlejy Yorongar. Cette déclaration paraît d’autant plus inquiétante qu’elle laisse supposer que ces opposants politiques ne seraient pas détenus par la milice politique d’Idriss Déby. Autrement dit, ils se seraient soit « cachés dans leur famille » comme l’a vulgairement affirmé Ahmat Bachir, soit ils auraient été purement et simplement exécutés comme le supposent les organisations internationales des droits de l’Homme.
Si toutefois Ibni Oumar Mahamat Saleh et Ngarlejy Yorangar sont bel et bien en vie et qu’ils sont détenus par les forces de Déby, il est plus qu’impérieux de formuler les chefs d’inculpation au plus vite et les remettre aux mains de la Justice qui est seule compétente pour les juger. À défaut de chefs d’inculpation, le gouvernement doit remettre ces opposants en liberté tout aussi plus vite. Monsieur Kouchner qui s’est érigé en défenseur de la légitimité politique d’Idriss Déby et de la divine démocratie tchadienne doit assumer jusqu’au bout les conséquences de sa « clairvoyante » appréciation de son protégé.
Quant à Monsieur Déby et à ses ministres, sachez que ceux qui méritent d’être arrêtés et mis hors d’état de nuire, ce sont principalement les rebelles qui cherchent par tout moyen à renverser le pouvoir par les armes et non pas les opposants à qui la Constitution reconnaît expressément le droit de participer à la vie démocratique de notre pays. Vous prétendez défendre la Constitution, mais tous vos actes prouvent le contraire. Parmi les plus récents :
Que reprochez-vous aux opposants que vous détenez ? D’avoir refusé de prendre les armes contre votre régime ? J’espère que ni Ibni Oumar Mahamat Saleh ni Yorongar Ngarlejy ne tueront jamais les Tchadiens pour gagner votre amitié. Et maintenant, il faudra les libérer s’ils sont encore en vie.
Lyadish AHMED