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Tchad FMI, le mensonge découvert

Written by  Jui 30, 2003

Le fonds monétaire international (FMI) dans sa politique de lutte contre la pauvreté dans les pays les plus pauvres, a mis sur pied un programme dénommé la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Grâce à ce programme, le FMI accorde aux pays dits les plus pauvres de la planète terre un crédit à taux d’intérêt de 0,5 % remboursable sur 10 ans avec une période de grâce de cinq ans et demi.

Mis au courant de l’existence d’un tel programme, le Tchad sous le gouvernement de Haroun Kabadi, dans son mandat de 365 jours, a monté un dossier contenant des informations erronées sur le retard de ses paiements extérieurs lui permettant de soutirer 7,6 millions de dollars de la caisse de FMI, en octobre 2002, dans le cadre dudit programme.

Or, en agissant ainsi, le gouvernement tchadien a ignoré le pouvoir de décision rétroactive que dispose le FMI dans le cadre de cet accord. Pourtant les termes de référence de cet accord de crédit sont simples et clairs. Ils disent : « tout pays bénéficiant de crédit dans le cadre de l’accord de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) doit performer et éviter de connaître de nouveaux arriérés de paiements extérieurs. En cas de non-respect et/ou de violation, le pays perd tous les avantages liés à ce prêt à terme, et se verra imposer un échéancier à court terme de remboursement des sommes dues au FMI. » 

Lorsque nous jetons un coup d’œil sur le cas du Tchad, nous remarquons durant la période de juillet, septembre 2002 jusqu’en avril 2003 une accumulation de nouveaux arriérés de paiements extérieurs. Cette accumulation des arriérés qui n’a jamais été mentionnée au FMI par les autorités tchadiennes, mais découverte quand même par l’institution financière, constitue donc une violation de critère de performance susmentionné. Face à ce non-respect de l’entente et du mensonge des autorités tchadiennes, le Fonds monétaire international n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Dans un communiqué rendu publique le jeudi 26 juin 2003 à Washington, le FMI demande au Tchad de rembourser les 7,6 millions de dollars (environ 5 milliards de francs CFA) en deux versements égaux au plus tard le 31 juillet et le 31 octobre 2003.

Cependant, il faut se demander où est-ce que le Tchad, dans l’état actuel de ses finances, va trouver une somme pareille ? Ces dirigeants, oui ! Comme la tradition présidentielle le veut en Afrique, les avoirs d’Idriss Déby après 12 années de pouvoir sont plus élevés que toute la richesse du Tchad. Cette richesse accumulée de façon malhonnête dont une partie vient des programmes de développement financés par les institutions de Bretton Wood, fait aujourd’hui de Déby un président de la république généreux aux yeux de ses adorateurs vivant aux quatre coins du monde. Ces louangeurs voient, le fait que Déby reçoive les gens au palais rose et leur remette une enveloppe ou une clé d’une grosse cylindrée (voiture) de ses propres mains, un signe de bonne gouvernance. Quelle absurdité ?  C’est dommage !

Fidèle à sa tradition, Idriss Déby, agirait-t-il ainsi dans ce dossier ? Ou bien, obligerait-il Haroun Kabadi à ramener les 7,6 millions $ US (environ 5 milliards de francs CFA) ?

Ce dont les tchadiennes et tchadiens sont sûr, c’est que cet argent n’a pas été dépensé pour la lutte contre la pauvreté, la cause pour laquelle le gouvernement de Haroun Kabadi a menti en ternissant l’image du Tchad auprès du monde des finances.

Connu des comportements malpropres dans plusieurs dossiers dont celui de la société cotonnière du Tchad (COTONTCHAD) ou il y avait eu 17 milliards de FCFA de déficit après ses trois années de gestion, Haroun Kabadi, est un personnage à moralité douteuse. Si le Tchad est un pays qui se respecte, celui-ci ne serait jamais Premier ministre.  Mais comme Déby nomme les gens au poste de Premier ministre sur la base de leur croyance au « Débyisme », Haroun Kabadi étant adepte émérite de cette doctrine qui prône l’enrichissement illicite des deniers publics, fut propulsé Premier ministre. Ainsi tout au long de son mandat de 365 jours, le premier ministre ne s’est soucié d’une seule chose : comment profiter de son séjour à la primature pour amasser plus de la richesse afin de battre le record de ses prédécesseurs tels Djimasta Koibla et Nagoum Yamassoum.

Gagné par cette obsession, la gestion des affaires courantes a échappé au 8e premier ministre de Déby. L’insécurité permanente a refait surface. Les fonctionnaires dans les provinces accusent dix mois d’arriérés de salaires. Les ambassades du Tchad manquent des moyens logistiques au point que certains ambassadeurs se déplacent en transport en commun (métro, autobus). La situation des étudiants tchadiens à l’étranger reste précaire. La capitale, N’djamena, demeure une ville sans eau et sans électricité. La corruption bat son plein, plaçant ainsi le Tchad en premier ex-æquo avec le Nigeria parmi les pays les plus corrompus du monde.

Il est bien dommage que nos Premiers ministres ont toujours voulu faire plaisir à Idriss Déby en sacrifiant tout un pays. Mais ce qu’ils ne savaient pas, ce dernier finit toujours par couper la main d’autrui qui le sert lorsqu’il est rassasié.

Moussa Faki, juriste intègre d’après le clan MPS, à vous maintenant le bâton de relais de la primature. Vous feriez mieux de porter une armure aux deux bras.

Que Dieu épargne la jeunesse tchadienne de ce comportement ignoble ! 

Armand Djedouboum Nadjibé

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