L’État tchadien avait autorisé les personnes handicapées et chômeur, de faire du trafic entre Kousseri, ville camerounaise et la capitale tchadienne, N’Djaména séparées par un pont. Depuis un mois, elles font face à des tracasseries douanières qui entravent leurs activités. Reportage.
Jeunes ou âgés, femmes et hommes, en tricycle, ces personnes en situation de handicap qui peinent à se déplacer font la ligne Nguéli-Kousseri tous les jours afin pour nourrir leurs familles. Ces hommes et femmes travaillent, refusent de mendier, vivent des petits trafics de marchandises achetées à Kousseri, ville camerounaise, pour les revendre à N’Djamena, au Tchad. Ils exercent ces activités depuis quelques années avec l’autorisation du gouvernement. Selon leur porte-parole, Ali Odjinbédé Justin, ces personnes handicapées ont été recensées et détiennent des badges. Cependant, la réalité du terrain est autre chose. Elles dénoncent des bavures et tracasseries douanières.
« Depuis un mois déjà, on ne sait pas pourquoi ils nous empêchent de traverser. On se demande, si les autorités ont vu quelque chose de suspect, ils devraient nous dire pour qu’on soit tranquille. L’État ne nous prend pas en charge, on se débrouille pour subvenir à nos besoins. Ailleurs, certains États prennent en charge les handicapés, mais ici au Tchad, ce n’est pas le cas », fulmine Guingar Arnaud. Ce dernier demande au gouvernement de les soutenir.
« Les douaniers nous ont dit qu’ils ne peuvent pas nous laisser aller à Kousseri. Parfois, on sort le matin et traverse le pont. Quand on veut rentrer, ils nous bloquent jusqu’au soir. Certains parmi nous, rentrent des fois sans marchandises. On leur demande de nous donner la raison de cette décision. Depuis le matin, nous sommes comme ça, nous ne savions quoi faire. Pourquoi ils interdisent seulement aux handicapés. Et laissent les personnes bien portantes d’exercer leurs activités. On a des enfants à notre charge. Certains sont en location. Je demande au Président de penser à nous », se plaint Zakari Jacques.
Désespéré, Koudjibaye Armand, se confie plutôt à Dieu pour soulager ses souffrances. « Maintenant l'année scolaire s'approche également et si on nous exclut du commerce Kousseri-N’Djamena, comment faire pour inscrire nos enfants à l’école? », s’inquiète-t-il.
Pour d’autres, comme Blaise ce sont des taxes douanières qui les asphyxient. « On nous laisse traverser, mais pour rentrer avec nos marchandises, ce n’est pas facile. Quand tu prends quelque chose à 1000F ou 1500F, tu ne gagnes rien. L’argent fini seulement en route. Il faut que l’État pense à nous les pauvres handicapés », dit-il. Larndjima Débora, une commerçante soutient que tous ses enfants sont morts. Elle n’a personne pour l’aider, c’est grâce à cette activité qu’elle survit.
Un douanier, sous e sceau de l’anonymat, rétorque que, c’est à cause du désordre organisé par les personnes handicapées elles-mêmes qu’ils aient pris certaines mesures. « Avant, l’accès était libre. Un handicapé faisait 4, 5 à 6 voyages, mais ce n’est pas ce qui est dit dans le règlement. Au lieu de ramener ses propres marchandises, il préfère prendre les marchandises des commerçants. Un gros porteur dédouane ses produits en payant entre 4 à 5 millions, mais les handicapés peuvent décharger 2 gros porteurs en une seule journée. C’est un manque à gagner pour l’État. On dit que la boisson est interdite, mais ils ne comprennent toujours pas », dit l’agent.
Nadège Riradjim
La société Nationale d'Exploitation minière et de Contrôle (SONEMIC) organise une série des journées de sensibilisation des différents acteurs de la chaîne sur la vulgarisation du cadre juridique national, du 22 au 24 juillet 2024 à N'Djaména.
Ils sont des cadres des différents ministères sectoriels, des enseignants, étudiants et autres experts qui discutent sur le cadre juridique minier tchadien. Pour le directeur général de la SONEMIC M. Abdelkerim, la vision nationale est de faire du Tchad, un pays minier qui respecte les normes internationales et profite pleinement de ses ressources à l'horizon 2030. Selon lui, la mission globale est de promouvoir le développement du secteur minier du pays, le sous-secteur minier artisanal et semi-industriel. M. Abdelkerim a cité les conditions relatives aux demandes d'attribution qui sont le permis de recherche, l' autorisation de prospection, permis d'exploitation des carrières artisanales, semi-industrielles et de l'autorisation d'exploitation industrielle des carrières temporaires et permanentes.
Il a aussi expliqué que l'organisation des exploitations artisanales de l'or et des autres substances précieuses du Tchad est scindée en deux catégories qui sont l'exploitation artisanale traditionnelle (Orpaillage) et semi (mécanisé). Selon lui, l'exploitation artisanale traditionnelle confère à son titulaire dans les limites du périmètre pour lequel elle est délivrée et jusqu'à une profondeur maximale de 10 m, le droit d’exploiter les gîtes alluvionnaires, éluvionnaires ou filoniens de substances de mines. Et l'exploitation artisanale semi-mécanisée donne à son titulaire dans les limites du périmètre pour lequel elle est délivrée jusqu'à une profondeur maximale de 50 m.
Le Directeur général de la SONEMIC a affirmé que les prérogatives de son organisation sont entre autres de servir d'instruments de mobilisation des ressources nationales et extérieures au profit des projets miniers, de contribuer à la réalisation de l'inventaire minier du Tchad, prendre les titres miniers et créer les parts de l'État de 12,5% dans la société d'exploitation semi-industrielle et industrielle. Enfin, le directeur a également dit que son organisation est chargée de contrôler et sécuriser les activités minières de toutes les sociétés sur l'ensemble du territoire national.
Ousmane Bello Daoudou
Dans la capitale tchadienne, N’Djaména, beaucoup de ménages assaisonnent leurs repas et thé avec du citron. La saison de pluie est la période où le produit abonde et est moins cher sur le marché, mais c’est le contraire qui se passe cette saison. Le prix de ce fruit vertueux a flambé. Reportage.
De son nom scientifique Citrus Limon ou citron, est un fruit juteux à la forme ronde. Selon les spécialistes, il possède des propriétés anti-inflammatoires, anti-infectieuses, antibactériennes et antivirales. Il aide à faciliter la digestion. IL est un excellent allié contre la fatigue grâce à la vitamine C qu’il contient. Conseillé aussi pour les personnes souffrant d’Anémie, il augmente l’absorption du fer contenu dans les aliments végétaux bien que sa teneur en fer soit très faible. Une cliente venue se procurer ce fruit non loin de l’Hôpital de la Mère de l’Enfant souligne que le citron est devenu incontournable pour son alimentation. Elle se lamente de l’augmentation du prix. « Je viens acheter du citron tout le temps parce qu’il est indispensable pour mon alimentation quotidienne. Je l’utilise pour le repas, avec le piment, les laitues y compris le café. Aujourd’hui, le citron est devenu trop cher sur le marché, pour les autres fruits n’en parlons même pas », se résigne-telle.
Il n’y a pas longtemps le prix du citron était à la portée de tous à cause de son abondance sur le marché. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Un « koro » se vend entre 2500F à 3000F CFA, donc, un seul fruit peut coûter 50 F. Le jus du citron est aussi vendu à 1500F la bouteille de 2 litres au lieu de 1000F.
Malgré la saison du citron, les vendeuses ou détaillantes disent qu’elles achètent toujours plus cher le produit chez les grossistes. « Bien que nous sommes en pleine saison où il devrait abondant sur le marché, force est de constater que le citron est rare. Pour l’augmentation du prix, cela est indépendamment de notre volonté, c’est pourquoi les prix ont augmenté aussitôt sur le marché », justifie Voutko Miryam.
« Nous aussi, on achète le citron cher et nous vendons en augmentant le prix pour avoir un peu de bénéfice. Maintenant le sac du citron se vend à 70 000F», rajoute Neloumta Nathalie. Elle poursuit en affirmant que le jus du citron qu’elle vend est de deux qualités à savoir le jus pur et non pur qu’elle mélange avec un peu d’eau afin de permettre aux consommateurs qui n’ont pas assez de moyens de s’en procurer. Certaines vendeuses s’approvisionnent des vergers aux alentours de N’Djamena, d’autres font leurs commandes des provinces voire importent de l’étranger. Quelle est la cause de la rareté du citron sur le marché ? Serait-elle liée à la canicule qui a fané beaucoup d’arbres fruitiers ?
Rôle du citron
D’après le nutritionniste Ahmat Boukar Alio, le citron est un excellent moyen de réguler naturellement le potentiel hydrogène (ph) de l’organisme. «Le citron aide à limiter les douleurs et les problèmes de digestion tels que les ballonnements du ventre, les indigestions, les constipations ou encore les remontées acides. Par ailleurs, le citron favorise la production de la bile », dit-il.
Ano Nadège & Mahamat Yang-Ching
Le 17 juillet dernier, les jeunes diplômés en instance d’intégration ont campé devant la Primature pour revendiquer leur intégration à la Fonction publique. Ils disent avoir été gazés et arrêtés par la police. Et ont passé quelques heures en cellule. Ils affirment être déterminés à aller jusqu’au bout. Reportage.
Selon Youssouf Soumaïne, porte-parole des diplômés en instance d’intégration, connu sous le nom de Sabarna, le feu Maréchal Idriss Deby Itno leur avait promis l’intégration à la Fonction publique après plusieurs rencontres. Mais, dit-il, certains ont été intégrés sur la base du clientélisme et du clanisme. Toujours selon lui, le président Mahamat Idriss Deby Itno avait donné son aval à leur intégration. Ils auraient fait plusieurs demandes d’audience auprès du Premier ministre (PM) pour une mise au point. « Le PM fait la sourde oreille et ne veut pas nous rencontrer », dit-il
Les diplômés sans emploi « Sabarna » disent avoir été arrêtés et molestés devant la Primature. « Plusieurs d’entre nous ont été arrêtés à la suite à notre rencontre avec le directeur de cabinet du PM. Nous étions quatre à être reçus alors que certains attendaient dehors. À notre sortie, les forces de l’ordre ont arrêté 53 personnes membres de Sabarna », soutient le porte-parole. Il affirme que lors de leur arrestation, la police scientifique a relevé leurs empreintes puis les a filmés avec des papiers sur lesquels étaient inscrits leurs noms. « Ce traitement est indigne pour des personnes revendiquant pacifiquement pour leur insertion socioéconomique. Cette pratique est propre aux brigands et non aux diplômés sans emploi », regrette-t-il.
Youssouf Soumaïne souligne qu’ils ne lâcheront pas la lutte jusqu’à leur intégration. « Nous tiendrons une réunion ce 19 juillet pour décider de ce que nous allons faire à l’avenir. Ils ne nous décourageront pas si facilement. Parmi nous, les plus anciens ont obtenu leurs diplômes depuis 17 ans, c’est-à-dire17 ans de chômage. Il faut être capable et prêt à mourir pour ses droits. Tous les diplômés doivent se mobiliser et prendre conscience que la fin de leurs études ne se résume pas à devenir des conducteurs de mototaxis ni de parieurs de jeu de chance. Ils doivent savoir que personne ne plaidera pour leur sort », lâche-t-il.
Mahamat Yang-Ching
Six jours après la publication des résultats du baccalauréat, les candidats admissibles au second tour prévu pour le 20 juillet, travaillent fort pour ne pas rater leur seconde chance. Reportage.
Ils sont 14 993 candidats attendent le second tour sur toute l’étendue du territoire national. Aux Lycées Félix Eboué et Sacré-Cœur, ils sont nombreux, toutes séries confondues, qui s’apprêtent à affronter les épreuves du baccalauréat. Encore abattus par les résultats du premier tour, certains sont stressés par la seconde épreuve qui se déroulera le 20 juillet prochain. D’autres sont concentrés, assis sous l’ombre des arbres des cours des établissements. Ils font de dernières révisions en groupe ou individuellement.
« On se prépare pour le deuxième tour qui débutera le samedi. Et on espère que tout ira bien par la grâce de Dieu. Les difficultés sont nombreuses dans certaines matières comme en histoire, philosophie, français. Dans toutes ces matières, j’ai eu des problèmes, car l’année scolaire a été perturbée. Mais Dieu merci, je suis au deuxième tour. Et j’espère que cette fois-ci, j’aurais mon bac », dit Mahamat Mahmoud, candidat en série A4.
Abba Maï, de son côté souligne qu’il va redoubler d’efforts pour affronter les épreuves. « On se débrouille quand même pour affronter le second tour. Actuellement, je n’ai pas de difficultés. On se prépare en groupe avec les amis et certains camarades pour réussir. Même au premier tour, on a bien préparé. Comme dit un adage, l’Homme propose, Dieu dispose. Je suis au deuxième tour, je remercie Dieu, parce que le pourcentage de réussite cette année est catastrophique », affirme M. Maï
« On se débrouille en relisant les cours de soutien avec les enseignants », ajoute Laremodalbaye Chanceline.
Les préparatifs vont bon train
Selon Dr Minda Mahamat Saleh, présidente du centre du Sacré-Cœur, les préparatifs vont bon train. « Nous avons déjà commencé avec les préparatifs. Au niveau de Sacré-Cœur nous avons 575 candidats qui sont revenus pour composer le second tour toutes séries confondues sauf la série A4. Jusqu’à là, il n’y a aucun problème ». Toujours selon la présidente, la liste des candidats est affichée, celle des surveillants aussi, les tables-bancs sont numérotés, l’établissement est prêt. Elle souligne qu’au niveau de Sacré-Cœur, il n’y a pas d’entraînements pour les candidats. « Je crois que les candidats sont prêts pour affronter l’examen. Concernant les matières, nous avons plusieurs séries qu’on va travailler qu’en un seul jour. Nous allons commercer à 8h pour finir à la fin de la journée », dit-elle. Dr Minda conseille aux candidats d’être sereins, sérieux parce que c’est la dernière chance, « ne tricher pas. Concentrez-vous sur les matières à traiter ».
Nadège Riradjim
Très tôt dans la matinée du jeudi 18 juillet, les hangars aux abords de l’Avenue Elie Roumba dans le 3e arrondissement, derrière le Lycée Technique Commercial, ont été déguerpis. Reportage.
La tractopelle de la mairie a ravagé sur son passage des étals et kiosques installés de manière anarchique sur la voie publique. Dans un climat de colère et de tristesse apparente sur leurs visages, les propriétaires des boutiques détachent leurs hangars détruits par les bulldozers.
Djénobé Jean-Yves, tenancier d’un restaurant ne cache pas sa désolation. « En réalité, nous sommes déjà des victimes. La mairie, elle-même donne des autorisations et c’est la même mairie qui vient nous déguerpir. L’administration de la commune de N’Djaména est tordue. Si on dit que l’administration est une continuité et que l’autorisation a été donnée par le maire sortant, l’actuelle mairesse doit respecter les termes du contrat. Puisque c’est suite à une autorisation que nous avons créé notre petite entreprise. Nous avons eu un délai, mais ce renvoi est fait avant l’expiration du délai. Chaque fin du mois, ils viennent prélever 5 000 F CFA. Juste après ce dernier prélèvement, ils sont revenus casser nos hangars », dit-il.
M. Djénobé poursuit en soutenant qu’il y a beaucoup de choses à faire, mais la Mairie ne le fait pas. « Au lieu de nous donner du travail, ils ne veulent pas. Qu’est-ce qu’ils veulent dans ce pays ? Nous sommes des diplômés sans emploi et nous faisons ces activités pour survivre, mais ils viennent nous renvoyer. Qu’allons-nous faire ? C’est à cause de cela que les jeunes deviennent des brigands. Et ils n’ont pas tort ».
Un autre jeune entrepreneur Hissein Bani affirme que cette opération est irréfléchie. « Ils nous ont donné un délai, mais nous ne savons où aller. Les pertes sont énormes et le gouvernement doit nous dédommager. En principe, ils devraient nous chercher un endroit où nous installer. Nous n’avons pas refusé de quitter, nous sommes des débrouillards qui collectons 100 F CFA et 200 F CFA pour subvenir à nos besoins, mais ils viennent nous déguerpir. Qu’allons-nous devenir », se plaint-il.
Entre temps, la tractopelle qui déchiquetait les hangars est tombée en panne, à la grande satisfaction des vendeurs qui se moquaient des agents de la mairie.
Ousmane Bello Daoudou
Le Tchad rédige souvent des beaux textes et prend des décisions importantes pour régler certains problèmes. Toujours est-il que le respect et le suivi de ces décisions ne sont pas toujours au rendez-vous à cause du laxisme de l’État et de l’incivisme de la population.
À tout moment, les délais donnés pour l’application de telle ou telle autre décision sont soit reportés, soit suspendus. Pour preuve, la nouvelle mesure concernant le contrôle des pièces des engins à quatre roues et plus devrait entrer en vigueur pour la première fois le 25 juin dernier, mais vu la forte demande, le contrôleur général de la Police avait reporté une deuxième fois pour le 15 juillet. Selon les termes du communiqué du report, ce temps permettra aux retardataires de se conformer aux exigences.
Les usagers dénoncent les dérives de la force mixte, chargée du contrôle qui inflige des amendes importantes aux personnes en infraction et même celles en règle. Les forces de l’ordre, la gendarmerie, la police et la garde nationale et parlent d’un désordre orchestré par les usagers eux-mêmes.
Dans cet imbroglio, la responsabilité est partagée. L’incivisme des citoyens n’est pas tolérable. Il est difficile aux Tchadiens de respecter les moindres mesures hygiéniques. Les exemples sont légion : le déversement des ordures dans la rue, la défécation à l’air libre, le port de casque, l’interdiction de port d’armes à l’école ou dans des lieux publics, la corruption sont des interdits qui sont toujours d’actualité. Les forces de l’ordre qui sont censées faire appliquer les lois commettent elles-mêmes parfois des infractions. Du haut niveau des autorités jusqu’aux citoyens, les lois sont piétinées. Chacun y voit seulement son intérêt. Sinon comment comprendre que des lois, décisions et circulaires sont prises à chaque occasion sans impact considérable ? Alors que nul n’est au-dessus de la loi. Peut-on développer un pays sans le respect les textes de la République ? Non. Impossible.
Amadou Voundia
L’espace champ de fil situé dans le 5e arrondissement de la ville de N’Djaména, la capitale tchadienne, réputée dans la vente des pièces détachées des engins de tout calibre, a aussi subi l’opération de déguerpissement de la ville le 8 juillet passé. Mécaniciens, « petits débrouillards » et boutiquiers sont vent debout contre cette décision. Reportage.
Sur le lieu, les endroits autrefois occupés par des pièces des engins et des véhicules sont remplacés par une clôture en tôle. L’ambiance qui y régnait a laissé place aux véhicules de la police stationnés. Les mécaniciens, les chefs de garages sont chassés de leur lieu de travail. Le 11 juillet dernier, quelques jeunes mécaniciens mécontents ont saccagé la clôture en tôle qui a délimité ce l’endroit qu’ils considèrent comme leur espace de travail. Pour eux, le délai accordé pour quitter les lieux est très court. Et, certains disent avoir appris que leur espace est attribué temporairement aux vendeurs de « Wall Street ou marché Dubai Garr Tigo », eux aussi déguerpi du centre-ville. Cette situation est une pilule difficile à avaler pour les déguerpis de Champs de fil qui se sont installés depuis plusieurs décennies. Certains disent être informés avec un retard. C’est le cas de Béchir, propriétaire d’une entreprise de fabrication des briques en parpaings. « C’est de l’injustice, cet acte posé par l’État. Nous avons reçu le préavis à seulement 4 jours du déguerpissement sans même voir les preuves de ce préavis », fustige-t-il.
« Ils nous ont déguerpis sans toutefois nous proposer un endroit ailleurs. Nous attendons que les autorités nous trouvent un endroit. Les autorités ne sont pas sérieuses, sinon comment expliquer le renvoi des gens qui ne veulent que travailler pour survivre ? Nous sommes disposés à toutes les propositions. Si le gouvernement nous demande de partir, nous partirons. Mais, il faudrait qu’il songe à nous trouver une place », concède Aboubakar Chabana Abdelkérim, chef de garage rencontré sur place.
Par contre, certains jeunes manifestants ont saccagé les feuilles de tôle à cause d’un propriétaire de parking qui n’a pas été déguerpi. « Si ces jeunes se sont révoltés, c’est parce qu’un propriétaire du parking qui se trouve de l’autre côté n’a pas bougé d’un iota. Or la loi doit être appliquée à tout le monde. Soit nous partons tous ensemble soit nous restons tous », justifie Abakar Abdoulaye.
L’accusé rétorque en soutenant que, « cette manifestation n’est en aucun cas liée à mon installation. Ces personnes sont venues nous demander de participer à cette révolte. Mais, nous avons refusé, car c’est l’État qui s’est prononcé. Nous avons été informés du préavis à seulement 4 jours. Nous n’occupons pas cette place par la force ni par une influence quelconque. Je suis propriétaire de 3 parkings avec mes frères, nous avons plus de 200 véhicules stationnés dont certains propriétaires sont à l’étranger. Où est-ce que nous pouvons trouver un espace pouvant contenir ces véhicules dans un délai de 4 jours ? », se défend-il. Ce propriétaire de parking indique que lors de la visite des autorités dernièrement, l’accent a été mis plus sur l’évacuation des zones insalubres. « C’est de la pire injustice ce que nous vivons. Comment peut-on expliquer le renvoi des pauvres pour donner aux plus riches ? Ne sommes-nous pas aussi des Tchadiens ? », ajoute-t-il.
Il explique être volontiers de se faire déguerpir s’il y’a un espace pouvant contenir ses véhicules. Il soutient que les commerçants, les mécaniciens respectent les règles. « Nous nous sacrifions pour le bien du pays en payant régulièrement nos taxes, impôts, patentes et douanes qui s’élèvent à plusieurs millions. Nous représentons toutes les couches sociales ici au parking. Il faudrait qu’on nous traite avec dignité pour notre contribution au développement », dit-il en terminant.
Ano Nadege
Mahamat Yang-ching