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L'économie tchadienne offre un visage contrasté. Elle subit non seulement les conséquences d'un oligopole mondial, mais elle est en proie à des difficultés internes. Quelle est la vision des acteurs politiques tchadiens face à cette nouvelle donne ? Existe-t-il une réelle volonté politique à sortir l'économie tchadienne de ces défis et enjeux ?

La concentration du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif (suscite des nombreuses interrogations) quant à la capacité politique des pouvoirs publics à relever les défis des enjeux économiques de l'heure. Les choix politiques et économiques jusqu'à présent mis en place ne tiennent malheureusement pas compte du contexte économique mondial. Pire, ces choix ne font pas une analyse optimale des enjeux actuels de l'environnement d'un marché de plus en plus rigide.

L'économie Tchadienne fait face à des défis énormes à savoir : la réduction de la pauvreté grâce à une croissance économique créatrice d'emplois, l'amélioration de certains indicateurs tels que l'espérance de vie, la mortalité infantile, l'état nutritionnel, la relance économique, le problème des infrastructures économiques, etc. Peut-on affirmer que ces défis que rencontre notre économie sont dus essentiellement à la naissance d'une nouvelle démocratie au Tchad ? C'est-à-dire une démocratie caractérisée par un régime politique ou la transition a imposé l'émergence d'institutions démocratiques multipartites dont les acteurs importants sont issus pour la plupart du récent régime autoritaire.

Il est à noter que cette démocratie balbutiante, de façade, est en en train d'être construite dans une atmosphère de crise économique et sociale qui met en évidence le fossé entre pauvres et riches. Ainsi, les très grandes inégalités sociales, l'avènement d'un simulacre de démocratie au Tchad ne peut à elle seule expliquer la montée de tous ces défis sociaux et économiques.
La situation ne peut être redressée sans une forte volonté politique. Pour l'instant cette volonté politique est absente. Il n'y a que de discours d'intention mais aucun acte concret pour endiguer ce problème aux conséquences indescriptibles. La preuve en est que le Tchad compte plus de pauvres que dans la plupart des pays sous-développés. Alors qu'on parle de la lutte contre la pauvreté depuis que le projet pétrole est finalisé. Censé remettre sur les rails l'économie tchadienne, le projet pétrole paraît de plus en plus aux des Tchadiens comme un leurre. Pour une raison simple : la relance économique n'est pas observée comme elle devrait l'être. Pourtant, on ne cesse d'en faire la propagande.
Le constat qu'on peut faire de la situation, c'est qu'on a l'impression que les enjeux économiques sont tellement importants que le pouvoir exécutif met l'accent sur plus la délégation davantage que sur la représentation des affaires publiques. On a l'impression que les enjeux économiques créent ou (favorisent) ce qu'on peut qualifier d'oligarchie émergente au Tchad.
Sans pour autant être pessimiste, le caractère excessivement concentré de l'économie tchadienne aux mains d'une oligarchie ne facilite pas la tâche afin de relever les défis économiques qui, à notre sens, restent paradoxaux et empêchent la relance de l'économie nationale et par conséquent le développement.

Finalement, peut-on toujours croire aux discours et au patriotisme des hommes politiques tchadiens qui s'acoquinent avec l'élite économique, flirtent avec des corrupteurs, faufilent entre leurs investissements personnels et leurs responsabilités publiques ? Qu'ils prennent conscience de la situation et concentrent leur effort pour relancer vraiment l'économie du pays ! Une de leur priorité doit être de rétablir l'eau, l'électricité et la sécurité qui sont les premières conditions d'une économie nationale viable.
L’eau est trop précieuse pour être confiée aux forces du marché. L’accès à l’eau est un droit fondamental de la personne. Les ententes de l’organisation mondiale du commerce(OMC), de pair avec les autres ententes commerciales nient l’existence de ce droit au profit des droits des sociétés. L’eau c’est la vie, car la vie n’est pas une marchandise.

Lona Ouaidou, Ramadan

S'il y a ingérence de l'État tchadien dans le conflit armé du Darfour ? Cela doit soulever des interrogations quant à son impact sur l'ensemble des variations à court terme de l'activité économique tchadienne et ses contrecoups sur l'indice des prix, le taux de chômage, le P.I.B, la balance commerciale, etc.

La conjoncture économique fait aujourd'hui l'objet d'une surveillance permanente des "observatoires économiques. Malgré d'impressionnants résultats statistiques des institutions de Breton Wood, force est de constater que la conjoncture économique tchadienne est restée au point mort. Une gestion saine de la conjoncture devrait faire resurgir le plein emploi parce que les entreprises n'hésiteront pas à embaucher, à octroyer des salaires décents ; où les prix augmentent moins vite que les revenus ; où la tendance à consommer et à épargner est moyenne, où le pouvoir d'achat des consommateurs serait proportionnel à l'indexation du coût de la vie, etc.

Le conflit armé du Darfour à des répercussions au Tchad. Cette situation engendre l'insécurité et crée ainsi l'instabilité sur l'ensemble du territoire national. Cette perturbation à des impacts sur les objectifs à atteindre du gouvernement tchadien. À savoir : la relance de l'économie nationale afin de lutter contre la pauvreté. En effet, un conflit armé crée non seulement l'instabilité et de dépenses exorbitantes, mais aussi ne favorise pas un climat propice à l'investissement facteur majeur de la croissance économique.

La guerre au Darfour pourrait favoriser la sortie massive des capitaux. Tout compte fait, les détenteurs des capitaux sont d'abord attirés par les plus forts rendements offerts mais aussi par la sécurité que représente, pour leurs avoirs, une telle expatriation. Pour certains propriétaires (investisseurs) privés tchadiens, ils ne voudraient ni investir dans un projet local ni déposer leurs avoirs à la banque pour des raisons de sécurité. Par contre, pour les propriétaires qui décident d'investir hors du Tchad cela constituera un problème pour le pays, dans la mesure où, les gains en capital ont été réalisés localement mais ne sont pas réinvestis dans l'économie nationale qui, il faut le rappeler, en a vraiment besoin pour sa relance.

Non seulement l'économie tchadienne subit un oligopole de quelques personnes mais la grande partie de sa production ne satisfait que les besoins de la classe des possédants. La situation économique du Tchad étant déjà précaire, nos dirigeants doivent tout d'abord prioriser l'intérêt national avant de s'engager dans des conflits armés aux conséquences coûteuses.

Les politiques économiques mises en place favorisent la création des fortunes privées et l'enrichissement illicite de la classe politique dirigeante. Ce qui a pour conséquence une montée croissante de l'influence des individus non élus sur les décisions de l'État.

Enfin, s'ingérer dans un conflit aux effets destructeurs et paradoxaux et dont les perdants seront les Tchadiens, le gouvernement doit concentrer ses énergies à sa politique intérieure en engageant une vraie politique économique. Ceci ne fera que profiter aux travailleurs, aux consommateurs, aux petites entreprises, aux intérêts étrangers, à l'État ainsi qu'à tous les Tchadiens(nes).

Lona Ouaidou, Ramadan

Dévaluation du Franc CFA, ajustement structurel, subventions « déloyales » agricoles de certains pays occidentaux sont à la base de cette crise du coton au Tchad. Ajouter à cela, la mauvaise gestion de la première source de rentrée de devises dans le pays.

Créée en 1971, la Cotontchad (Société cantonnière du Tchad) connaît aujourd’hui une grave crise. Les différents efforts de l’État se sont avérés inefficaces pour sortir cette société du marasme. Spécialisée dans l’achat de coton graine, de l’égrenage et de la commercialisation de la fibre ainsi que des produits de la graine ; la Cotontchad à un capital de 4,256 milliards de FCFA et représente plus de 30 % du PIB du Tchad.

Mais comment expliquer que la Cotontchad qui a été la seule société cotonnière africaine jadis maîtresse de son produit sur le marché international soit passé aujourd’hui à côté de ses objectifs ? Cette crise est-elle une simple détérioration des termes de l’échange ? Une absence d’une véritable politique du coton ? Ou alors, des erreurs stratégiques de l’État tchadien ?

Les vraies causes à cette crise sont :
-D’abord, la privatisation en 2000 de l’huilerie savonnerie de la Cotontchad.
-Ensuite, le désengagement de l’État en 1999 et la mise en place d’un plan de stratégie des reformes.
-Enfin, les fluctuations du marché international et les nombreux choix erronés de l’État par démanteler ce géant de l’économie tchadienne.

A ces trois causes, il faut ajouter des problèmes de gestion. Celui des subventions agricoles des pays occidentaux. Par exemple, les États Unis subventionnent non seulement la production mais aussi l’exportation de leur coton. Cela a eu pour conséquence : la diminution des exportations du coton tchadien.

Autres conséquences immédiates : la Cotontchad a procédé à des licenciements de son personnel ainsi qu’à la fermeture de la plus part de ses usines.

De ce qui précède, l’État tchadien a un choix : ne pas se désengager de ses responsabilités. Il faut une politique commerciale cohérente. Et que cette politique s’adapte au plan des reformes.

Autrefois, la Cotontchad avait une bonne méthode de commercialisation du coton. Par exemple, le fait de vendre directement le coton à travers son réseau d’agents. Ce qui a l’avantage d’éviter des intermédiaires.

Une des perspectives qui pourra être salutaires pour l’État tchadien serait de faire preuve de bonne volonté, d’exiger que la Cotontchad puisse commercialiser elle-même sa fibre à la filature. Et aussi d’entamer un processus de financement de la production et de s’assurer de la transparence en matière de gestion. Le marché du coton est devenu de nos jours un problème majeur pour les pays sous développé. L’État tchadien doit aujourd’hui penser à une politique de diversification des ressources naturelles afin d’éviter ou de minimiser les crises à venir.

Espérons que la nomination dare-dare d’Ibrahim Malloum, un connaisseur de la filière pourra relancer la filière coton. Mais aussi soit l’occasion de gérer la Cotontchad dans la transparence.

Lona Ouaidou, Ramadan

Supposée être le reflet de l’histoire de sa société, l’administration publique tchadienne fortement influencée par le modèle français, connaît malheureusement un déficit depuis fort longtemps. Son inadaptation aux réalités socio-culturelles et aux nombreux changements mondiaux en matière de gestion publique est à n’en point douter, un frein au développement de la société tchadienne.

L’avènement du Tchad à l’ère pétrolière suscite déjà beaucoup d’espoir et d’enthousiasme au sein de la population tchadienne, déjà amoindrie par l’anarchie politique. Mais avec une administration quasi inexistante et presque à la remorque des plus nantis, il y a lieu de se demander si cet espoir n’est pas que dessin chimérique. Il en est de même pour le collège de contrôle qui aura toutes les misères du monde pour remplir sa mission.

En effet, la population tchadienne compte aujourd’hui sur les revenus du pétrole afin d’avoir accès aux biens de première nécessité et à un changement surtout dans le contexte social où d’importantes études comparatives ont montrées qu’elle est l’une des populations la plus pauvre de l’Afrique.

L’administration publique tchadienne faisant face au libéralisme politique et ses corollaires des libertés individuelles connaît un déséquilibre qui se traduit par le manque de volonté, le clientélisme, la corruption et la résignation.

Est-ce que ce déséquilibre administratif est dû à un pouvoir fortement centralisé ou simplement à un pouvoir très dirigiste ? La question reste donc posée.

En 1998, on avait assisté à une tentative de réforme de l’administration dans le but de lui donner sa place sinon de lui rendre ses lettres de noblesse. La cellule technique chargée du suivi de la mise en œuvre de la réforme de l’administration publique (CESRAP) créée en décembre 1998, rattachée auprès du ministère de la fonction, du travail, de la promotion de l’emploi et de la modernisation était supposée apporter des solutions aux maux dont souffre l’administration publique tchadienne.

Cette cellule technique, scindée à deux étapes, était composée du comité de pilotage et de la commission technique interministérielle chargée de la réforme, avait fait des recommandations. Malheureusement, ces recommandations n’ont pas été convenablement mises en pratique. En effet, l’échec de cette réforme ne nous surprend guère, car sa démarche laissait pressentir déjà un doute quant à l’absence d’une réelle évaluation endoformative et récapitulative qui, à notre sens, est une étape très importante dans un pareil processus.

Le temps nous a vite rattrapé et nous constatons malheureusement que les recommandations qui ont été faites sont restées muettes jusqu’à date. Et nous continuons à payer fort le fruit de notre mauvaise gouvernance. La manne pétrolière n’est pas en reste de cette mauvaise gouvernance. La preuve, un premier versement de 6,5 millions de dollars porté le 24 novembre sur un compte offshore du gouvernement tchadien, risque fort d’être mal géré simplement parce que notre administration n’est pas suffisamment organisée et responsable. En effet, comme dans bien d’autres cas, ce n’est pas un problème de ressources, mais plutôt un problème d’utilisation (savoir-faire) de ressources qui fait défaut dans notre pays.

Le collège de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières (CCSRP) n’aura pas la tâche facile, car il est confronté à une administration pléthorique et en grande partie très bureaucratisée avec toutes les conséquences que cela comporte. Or, pour que le Tchad sorte de sa léthargie actuelle et s’oriente davantage vers une bonne gouvernance, nous pensons qu’il devrait remplir un certain nombre de conditions préalables, à savoir : l’État de droit, la démocratie et par conséquent, une administration impartiale et compétente. Si ces préalables ne sont pas remplis, il serait très difficile au collège de contrôle d’assurer une bonne opération. Les conditions paraîtront peut être trop exigeantes, mais elles sont indispensables, voire sine quoi non.

Il faut admettre que pour un pays comme le Tchad qui fait désormais partie des pays producteurs de pétrole, il est qu’à même indispensable de s’assurer d’une administration efficace et transparente. Par ailleurs, nous ne sommes pas pour autant pessimistes. Au contraire. Mais nous pensons énergiquement qu’il est temps de réfléchir sérieusement sur la question de notre administration publique. Pour ce faire, il faut évidemment aussi tenir compte de notre culture politique qui se veut un changement radical dans son ensemble. La culture politique tchadienne doit évoluer avec son temps.

Les revenues pétrolières devraient permettre au Tchad d’accélérer la réalisation des objectifs du millénaire parmi lesquels la lutte contre la pauvreté, la relance économique pour ne citer que ceux-là. Aussi, pour atteindre ces objectifs, il faudra plus de volonté politique et de responsabilité dans le sens de la bonne gouvernance. C’est là tout le grand défi du collège qui est de s’assurer que les ressources seront utilisées de manière efficace et efficiente afin d’améliorer les conditions de vie de tous les tchadiens. Surtout de s’assurer aussi à ce qui n’y est pas une confusion entre la bourse publique et la bourse du prince.

Finalement, nous ne le dirons jamais assez, une bonne redistribution équitable et efficiente des ressources économiques est quelque part conditionnée par la présence d’une administration responsable et dynamique.

Lona Ouaidou, Ramadan

Les économistes-interventionnistes prétendent qu’une politique macroéconomique discrétionnaire contribue à stabiliser l’économie. On pourra une fois de plus, apprécier la justesse de cette assertion dans le contexte actuel où le gouvernement tchadien envisage gérer une partie des revenus pétroliers pour d’autres fins.

Au regard  de ce qui se passe au Tchad, et surtout, récemment avec l’approbation de la modification de la loi 001 sur la gestion des revenus pétroliers qui comporte un ensemble de dispositions très important et faisant fi des préoccupations de la banque mondiale (garante du projet pétrole Tchad-Cameroun), tout porte à croire que l’étau se serre davantage au sein du gouvernement tchadien en matière de bonne gouvernance.

Le 10 novembre 2005, le ministre de la communication, Moussa Doumgor disait « nous avons besoin de ces fonds maintenant pour assurer le développement et la paix du pays ». Aussi, selon le compte rendu du conseil extraordinaire des ministres daté du 8 novembre 2005, on peut lire « les retouches opérées sur la loi No1/PR/99 visent à établir une approche réaliste dans la gestion des revenus pétroliers en intégrant d’une part la satisfaction des priorités présentes, et d’autre part la préparation de l’avenir des populations ».

Cette approche est ambitieuse et paradoxale, du moment où rien de concret n’est légué à la génération future. Comment peut-on expliquer ou comprendre que le gouvernement tchadien jusqu’à présent n’a pas pu justifier et avancer des arguments valables par rapport à la gestion des revenus pétroliers depuis 2003. Et tout d’un coup, il mise aujourd’hui sur les fonds destinés à la génération future pour assurer le développement et la paix ?

Naturellement, le Tchad fait face à des problèmes de trésorerie. Mais cela est le résultat de la mauvaise gestion de deniers publics. De là à rapatrier les fonds destinés à la génération future, il y a bien des ambitions sous-jacentes que nourrissent nos gouvernants. Ce « détournement paradoxal » ne doit en aucun cas occulter les problèmes de trésoreries et donc de bonne gouvernance. Les 36 millions et plus qui dorment dans le compte des générations futures, même rapatriés, ne résoudront pas le problème de bonne gouvernance dont souffre le Tchad.

De plus, on est en droit de se demander si l'instabilité politique qui est présente depuis belle lurette au Tchad n’est pas due à l’incapacité du gouvernement tchadien à faire preuve de plus de responsabilité politique et d’équité en matière de redistribution de la richesse nationale ?

Il y a deux grands défis économiques à relever. D’abord, il faut faire face à un déficit exponentiel. Ensuite, il faut faire face à un ralentissement récurrent de l’économie avec un taux de chômage qui ne parvient pas à diminuer.

Pour solutionner ce problème, il va falloir mettre sur place un programme de réduction des déficits à long terme. Mieux encore, il faut diminuer considérablement les dépenses de l’État et structurer la réduction du déficit. Ces politiques pourront favoriser la reprise de l’économie nationale. Finalement, ces mesures de réduction globale du déficit pourraient rétablir la confiance des investisseurs et donc la relance de l’économie. Et la population pourra ainsi croire encore à la capacité du gouvernement à maîtriser la situation. Et se passer ainsi de la loi 001.

Lona Ouaidou, Ramadan

« Le monde est maintenant dirigé par un casino financier mondial. Des banquiers anonymes et de spéculateurs en fonds de placement en sont les maîtres. C’est une machine qui fonctionne dans le secret. Chaque jour, deux billions de dollars s’échangent à travers globe. L’objectif : le profit rapide avec comme conséquence la turbulence des marchés boursiers. Ces nouveaux maîtres détruisent les économies des nations. Ils achètent et vendent des sociétés et utilisent des dirigeants politiques pour servir leurs intérêts » affirme DAVID KORTEN

Depuis que la Banque Mondiale a ouvert la voie aux ajustements structurels pour réduire la dette et consolider l’économie des pays africains. Ces derniers ont payé cher leur adhésion à cette stratégie. Le Tchad n’a pas échappé. Prenons l’exemple de la fameuse STEE (Société tchadienne d’Eau et d’Électricité).
Société anonyme d’économie mixte, la STEE traverse une crise particulière. Elle subit la pression des grands lobbies de la mondialisation économique. Pire, elle est d’une part la vache à lait du gouvernement et d’autre part le nid des bons de commandes. Malgré tous les efforts de partenariat et de la privatisation, elle est jusqu'à présent incapable d’assurer à sa clientèle un bon service. Tout en continuant à facturer sa clientèle, le plein tarif.

Le gouvernement tchadien a cédé à la pression de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, en remettant cette société aux mains des Barons de l’eau. Reconnu dans le monde des affaires comme l’une des plus grandes transnationales en matière de l’eau, Vivendi et son dauphin Suez possèdent ou contrôlent les compagnies d’eau dans plus de 120 pays, sur cinq continents.

C’est Vivendi que le gouvernement tchadien a choisi comme partenaire lors de la cette privatisation. Cette société a exigé du gouvernement tchadien qu’il déréglemente, éliminent les obstacles à l’investissement. En un mot d’abandonner le contrôle de ce secteur. Le gouvernement tchadien a fait preuve d’une maladresse en acceptant cette transaction nébuleuse. Vivendi est aujourd’hui dans le rouge. Elle est incapable de respecter ses engagements d’investissements. Résultat : des milliers d’abonnés sont privés d’eaux et électricité pendant des jours.

Ce manque d’approvisionnement en eau a eu comme conséquence l’apparition des maladies telles que le choléra, la déshydratation et la dysenterie. L’incapacité du gouvernement à reprendre en main la gestion des services d’eau et d’électricité, permet à cet transnationale d’imposer ses intérêts au gouvernement.
Le problème d’accessibilité à l’eau potable et à l’électricité au Tchad est alarmant. Aujourd’hui on consomme dans le monde sept fois plus de l’eau qu’au 19ème siècle. La population tchadienne, elle, paie en moyenne 12 fois plus cher le litre d’eau que les autres populations de la terre. Des robinets sont déconnectés parce qu’un nombre croissant des familles tchadiennes n’arrivent plus à payer leurs factures. Leur seule alternative est de s’approvisionner dans des sources d’eau non potable. Et bonjour les maladies de toutes sortes.

Un des responsables de cette situation est la Banque Mondiale (BM) avec sa politique de recouvrement des coûts. La BM exige comme condition indispensable, l’octroi de nouveaux prêts, la privatisation du secteur lié à l’eau et à l’électricité. Dans la majorité des cas, cela se fait au détriment des intérêts des pays en voie de développement.

Il serait souhaitable que le gouvernement et le conseil économique et social prennent leurs responsabilités. La liquidation de ces institutions publiques, voire le quasi-bradage des sociétés parapubliques à des sociétés étrangères, doit faire l’objet des débats publics. 
La privatisation de l’eau est immorale. Car l’eau n’est pas une marchandise. C’est un Bien commun d'importance majeure. Il représente la vie. Toute question concernant cette ressource doit faire l’objet d’un débat public. Les compagnies sont motivées par le gain des profits à tout prix. Alors que l’eau comme ressource naturelle doit être au service du Bien-Être des populations. Et non pas céder au monde des affaires. Le gouvernement tchadien doit renoncer à la privatisation de ce secteur stratégique pour l’intérêt national.

  Lona Ouaidou, Ramadan

La mondialisation est incontestablement un phénomène qui influence de façon directe ou indirecte, tous les États. D'un point de vue économique, elle peut se définir comme : « un processus d'intégration des marchés pour les biens, les services, les capitaux et peut-être même la main-d’œuvre. » d’après Susan Georges et Martin Wolf, auteurs d’un ouvrage intitulé Pour & Contre la mondialisation libérale, publié aux éditions Grasset Les Échos. Cette intégration des ressources commerciales engendre un esprit de concurrence parfois féroce entre les États. Dans une telle situation, les États subissent diverses pressions. Et il ne se passe un jour sans que différents gouvernements et institutions tentent de s'adapter aux exigences de la mondialisation des marchés. Or, on constate malheureusement que les effets de la mondialisation sont tels que certains pays n’ont pas le temps de bâtir des infrastructures économiques et des institutions politiques capables de contrecarrer les effets pervers de la globalisation. Au nombre de ces États on trouve le Tchad en tête de peloton. Il affronte les effets pervers de cette nouvelle réalité (la mondialisation) un peu à l'aveuglette. Dans certains cas, on peut dire que le Tchad n’a carrément pas de vision et de politique conséquence face à la mondialisation.

Au regard ce qui se passe au Tchad, on peut dire que l'instabilité politique (remaniement gouvernemental récurrent, rebellions à répétition), le drame social (pauvreté), la mauvaise santé financière ou économique du pays (mauvaise gestion, détournements des deniers public) sont-ils à l’origine de l’incapacité du gouvernement tchadien à s'intégrer à l'économie mondiale ? Si non, comment peut-on expliquer pourquoi certains pays du Sud s'intègrent à l'économie mondiale plus rapidement que d'autres ? Le Tchad fait-il l’exception à la règle ?

La mauvaise santé financière du pays est le résultat de l'absence d'un plan d'intégration efficace. L'accroissement excessif des dépenses publiques au cours de ces dernières années, les problèmes structurels et institutionnels, le manque de transparence et l’absence de véritable politique et supervision des activités bancaires et financières sont des freins au développement et à la croissance économique. Face à ce tableau noir, il y a lieu de croire que le renouvellement futur de la classe politique actuelle laisse entrevoir une lueur d’espoir. Mais le dilemme est : comment les nouveaux et les anciens dirigeants vont-ils s'adapter à cette nouvelle situation économique ? Et avec quels moyens ?

Il est vrai que le contexte actuel de globalisation des marchés ne garantit pas nécessairement des profits pour tous. Le Tchad doit faire preuve de courage et de volonté politique afin de mettre en place des politiques indispensables à la bonne marche des activités économiques afin de faire naître de l’espoir au plan social. Dans certains cas précis, le gouvernement peut faire appel à la communauté internationale sans pour autant affaiblir la souveraineté nationale. Nous exhortons donc le gouvernement à mettre sur place des politiques concrètes, accompagnées des mesures visant à assurer la stabilité macroéconomique. Cela dans l’objectif de créer des conditions propices aux investissements et à l'épargne. Toutes les actions gouvernementales doivent s'inscrire une stratégie : la réduction de la pauvreté. De plus, le gouvernement doit assurer la stabilité du système financier ; principale préoccupation économique de tout gouvernement responsable. Finalement, il est aussi indispensable d'adopter une approche participative qui ferait en sorte que la société civile soit consultée sur toutes les questions fondamentales. Appliquée avec rigueur, cette stratégie a des fortes chances de succès. Et de sortir le pays de la morosité économique dans laquelle, il est présentement plongé malgré les recettes pétrolières.

Lona Ouaidou, Ramadan

Un des promoteurs du genre musical tchadien, Bamba Tchaddoulaye alias Jorio Stars vient de sortir un nouvel album intitulé “la paix”. Ialtchad Magazine est parti à la rencontre de ce digne fils du Mayo-Boneye et du Mayo-Danay, en pays Massa. Il nous parle de lui, de son album, de la musique tchadienne et de ses projets.

Ialtchad Presse : Comment vous présentez à nos lecteurs ?
Jorio Stars : Bien évidemment on doit de se connaître. Je suis né à Bongor. Je suis artiste, auteur, compositeur, arrangeur et danseur. Je m’appelle Bamba Tchandoulaye, mon nom d’artiste est Jorio Star ou pour ceux qui m’ont connu dans les années 98 et 2001 c’est bien le gouverneur de tous les bananas. Autrefois, j’étais dans le groupe musical Kilimandjoro de notre grand frère St Mbété Bao le pharaon du Rongondoh.

Ialtchad Presse : C’est particulier comme nom d’artiste, Jorio ?
Jorio Stars : Oui. Jorio signifie “guerrier” en Massa. Cela résume mon propre parcours de guerrier. J’avoue que j’ai trimé fort pour être ce que je suis. Aujourd’hui mes fans témoignent que le choix de ce nom est subtil. Ça me rassure. J’ai voulu honorer une de nos plus belles langues.

Ialtchad Presse : Vous êtes aujourd’hui l’un des chanteurs les plus en vue de la capitale. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Jorio Stars : Ah ! Cela me flatte un peu. Vous savez derrière cette réussite, il y a trois choses : croire en soi, faire son chemin quelque soient les obstacles et surtout persévérer. J’en ai fait école et Dieu a exhaussé mes vœux. Pour la musique j’ai tout donné. À un moment dans ma quête du savoir de la musique j’ai quitté ma famille, l’école, mon pays. Aujourd’hui je récolte les fruits de mes durs labeurs.

Ialtchad Presse : Que peut-on retenir de la musique que vous faites ?
Jorio Stars : Vous savez, ma quête du savoir dans le domaine musical m’a amené à sillonner Presque toute la sous-région. Ainsi, j’ai pu travailler dans plusieurs formations musicales du Tchad, au Cameroun, au Nigeria et au Bénin. De toutes ces expériences j’en ai accouché un genre musical un peu particulier. Une symbiose aux effluves traditionnels tels le Difna (flute), le Tokolomna (corne), le Dillah (cithara massa) et des instruments modernes tells la guitare électrique, le solo et le medium sont synchronises avec aisance. Toutefois, la toile de fond de mon inspiration reste toujours le gourna, une danse du Mayo Kebbi.

Ialtchad Presse : Comment peut-on appréhender votre dernier album ?
Jorio Stars : L’album “la paix” répond à une impérative du moment pour le pays. Soyons braves et faisons la paix nous les tchadiens. Personne ne le fera à notre place. Un appel pour une prise de conscience. Je me demande ce qu’on fera sans la paix. L’album aborde aussi des thèmes comme la femme tchadienne, le mariage forcé etc. Je l’ai chanté en arabe, en français, en massa et en Sara pour que mon message soit à la portée de bien des Oreilles.

Ialtchad Presse : Que pensez-vous de la musique au Tchad ?
Jorio Stars : En dépit de tous nos problèmes, il y a quand même quelques bonnes nouvelles sur lesquelles on peut s’accrocher. La musique tchadienne évolue, les infrastructures se développent et à l’image de la BUTDRA, les artistes s’organisent pour faire face aux récurrents problèmes du piratage.

Ialtchad Presse : À part la musique à quoi dédiez-vous, votre temps libre ?
Jorio Stars : Je donne de cours de musique et de danse en France dans la ville de Bourges où je réside. J’aime aussi le cinéma et le sport.

Ialtchad Presse : Quels sont vos projets ?
Jorio Stars : Après avoir lancé mon 3ème album et finie ma tournée tchadienne, je veux bien me consacrer à la promotion de cet album. Le reste suivra.

Ialtchad Presse : S’il faut conclure ?
Jorio Stars : Merci à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet album. Mes pensées vont à tous ceux qui comme vous, apportent ce qu’ils peuvent pour donner un nouvel élan de développement à ce pays.

Propos recueillis par Fatimé Mahamat

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