vendredi 18 octobre 2024

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Artiste tchadien, auteur-compositeur-interprète, Elété Rimtobaye est installé à Montréal, au Canada. Entretien.

Bonjour ! Ialtchad Presse est un média consacré à 100% au Tchad et aux Tchadiens. Qui est Elété ?

Je suis artiste tchadien, auteur-compositeur-interprète. Vous et la musique c’est une histoire de famille.

Voulez-vous nous en parler ?

Effectivement, l'amour de la musique est une histoire familiale. J'ai débuté dans la musique très jeune à l'église avec mes frères Rimtobaye. A 8-9 ans, je jouais des percussions. Mon frère Izra et moi partagions la même passion de la musique. En 1999, j’ai intégré à son groupe appelé K'lana. Il l’avait fondé avec Isaac Bonnaz, fils d'un missionnaire français au Tchad. Isaac est issu d'une famille de musiciens. Ensemble nous avons organisé beaucoup des concerts dans différents festivals. Entre autres, le festival Malama, Festafrica, au Centre culturel français (IFT) et dans des écoles. Par exemple : au Lycée Montaigne, une école française. Encore aujourd'hui, au Canada, je suis entouré de mes frères Caleb, Amos et Izra. La musique est toujours omniprésente. Nous collaborons ensemble pour faire avancer les projets solos de chacun et du groupe (H'Sao, Afrotronix, projets individuels).

Vous êtes auteur, compositeur et interprète, racontez-nous votre parcours musical ?

Mon parcours a commencé avec le groupe K'lana. Il est devenu par la suite Esperanza après le départ de Izra pour le Canada lors des Jeux de la francophonie en 2001. J'ai poursuivi le projet avec Isaac et ses sœurs pendant quelques années. J'ai ensuite intégré le groupe Goskad. Ensemble, on a enregistré un maxi single de 6 chansons. On a fait plusieurs concerts et showcases et on a aussi été finalistes d’un important concours de musique en France. Ce groupe s'est dissout. J’ai alors débuté ma carrière solo. J’ai commencé à écrire et à enregistrer mes propres chansons. Je suis devenu "gombiste" comme on dit au Tchad. Terme pour désigner un musicien qui joue dans divers projets (Matania, Shila Shila entre autres).

En 2009, j'ai travaillé avec Franc Kelly du groupe Al-Salam. Nous avons produit un maxi-single de 4 chansons, dont 2 ont été un succès national. Je suis parti au Cameroun. J’ai ensuite rejoint mes frères au Canada. A Montréal, j’ai fondé, avec mes frères, un nouveau groupe nommé K'lana en souvenir de mon ancien groupe du Tchad. Dès lors, je me suis concentré sur ma carrière solo. Mon frère Caleb m'a proposé de réaliser mon premier album. Mon style musical a changé et s'est mieux raffermi au fil du temps. En 2011, mon groupe et moi avons remporté la médaille de bronze du concours les Syli d'Or, un concours de musique du monde à Montréal. 39 groupes y participaient. Ce prix nous a permis de faire quelques tournées au Québec. De jouer dans de grandes salles aux côtés de grands artistes, tels que Tiken Jah Fakoly et Manu Djibango entre autres. En 2016, j'ai sorti mon album solo, Taar, qui veut dire amour en langue Sara, réalisé par mon frère Caleb.

Élété chante quoi ? Y-a-t-il un thème récurrent dans votre musique ?

Elété chante la joie de vivre, l'amour, la paix et dénonce l’injustice. Je le chante sous la forme d'histoires, de dénonciations, de conseils...J'essaie d'être le porte-parole des gens ordinaires. Des sans voix.
Comment définirez-vous votre musique ? D’où viennent vos influences musicales ?

Mes influences musicales sont très diverses. Elles viennent de partout. Je n'ai pas de limite concernant les styles musicaux. J’apprécie la musique de divers horizons. Je m'imprègne de tout ce que j'écoute pour créer quelque chose d'original et qui me ressemble.

Depuis quelques années vous évoluez en solo, que deviennent vos anciennes formations musicales Matania, Goskad, Klana Vibes et Hsao ?

 Goskad et K'lana n'existent plus. Je suis resté en contact avec les anciens membres. Nous partageons la même passion de la musique. Le jour où nous nous retrouverons, nous ferons certainement de la musique ensemble. H'Sao fait partie de mes influences musicales. J'ai énormément appris avec eux. Même actuellement, j'apprends et je grandis avec eux. Je ne fais pas partie du groupe H'Sao. Je suis seulement un mercenaire qui est là de temps à autre. Comme j'ai l'habitude de dire, ils sont mes frères de sang et de son. Tant qu'on sera en vie, on partagera toujours avec joie la musique.

Après l’album, Uncontrollables produit avec votre frère Izra, votre album solo TAAR, a quand le prochain album.

Révélez-nous quelques détails ?

 Je suis en studio pour mon prochain album, pour lequel j'ai déjà sorti quelques singles. Mon équipe et moi travaillons fort sur le projet. Pour l’instant, il n'y a pas de date précise de sortie. Pour les détails, patience.

De votre album solo TAAR (AMOUR en langue sarah), quel est ton morceau préféré ? Et pourquoi ?

Il est difficile d'identifier mon morceau préféré. Chaque morceau apporte des émotions différentes. Il est dans l'album parce que je l'aime beaucoup.

Quels sont vos projets musicaux ici au Canada et au pays ?

Je ne travaille pas seulement sur mon album solo. Je suis aussi sur un autre projet avec deux amis musiciens. Je ne peux dévoiler de détails. A chaque chose son temps. Je peux déjà vous dire que ça s'annonce très prometteur.

Pour mon album solo à venir, je travaille de loin avec des artistes au Tchad. Par exemple, c'est l'excellent Dj Iviano qui produit la majorité des sons de mon prochain album. D'autres artistes tchadiens en featuring se rajouteront.

En 2009 vous vous êtes installés au Canada. Une décennie plus tard, quel regard portez-vous sur la musique tchadienne ?    

La musique tchadienne est une très bonne musique, mais qui s'exporte encore difficilement. Il y a de plus en plus un intérêt pour cette musique. Je suis convaincu que bientôt, la musique tchadienne rayonnera à l'international. Elle frappe à la porte de l'exportation. Il y a beaucoup des talents méconnus.

Pourquoi la musique tchadienne peine à s’exporter ?

Parce qu’elle est très peu valorisée. Les artistes ne sont pas encouragés. Pas de véritable politique pour soutenir les artistes et leurs œuvres avant d’exporter.

Quelques pistes de solution ?

Quelques pistes de solution : Peuple tchadien debout et à l’ouvrage !

A qui Élété doit une reconnaissance aujourd’hui ?

A Dieu en tant que croyant. Ensuite à mon entourage. Ils m’inspirent. Ils m'encouragent à aller de l'avant. Je suis aussi reconnaissant à la vie qui me sourit encore.

Vous donnez des cours de chant à l’Université de Montréal et dans d’autres institutions.

Comptez-vous faire la même chose au pays ?

Les cours de chant que j'ai offert se donnaient dans le cadre d'un contrat temporaire. Je me concentre actuellement davantage à ma propre formation. Après pourquoi pas un jour ? Partager mes expériences au pays doit être gratifiant ?

Un message pour vos compatriotes ?

Merci du fond du cœur d'être là. Ensemble, nous sommes forts. Je ne finirais pas sans un grand Merci à Ialtchad Presse pour le travail accompli depuis plusieurs années pour faire briller la culture tchadienne. Nous avons besoin de gens comme vous pour nous exprimer et partager ces moments. Force à vous et continuez votre bon travail. J'ai très hâte d'être diffusé sur votre chaîne radio FM.

Propos recueillis par Moussa Yayami, Hamid

Israël, Izra pour les intimes, est le benjamin de la fratrie de 4 garçons et 1 fille du Groupe H’SAO. Il était le visage adolescent et doux du groupe. Nomade, installé en France tout en gardant pieds à terra dans sa ville d’adoption Montréal, il n’a rien perdu de l’énergie virevoltante de sa fringante jeunesse. Désormais il se lance en solo. Signe d’émancipation de sa fratrie ou envie d’indépendance ? Ni l’un, ni l’autre. Il prend juste son envol de jeune adulte avec son premier album solo qui sortira en 2020. Entretien avec cet artiste super-actif.

IZra, c’est qui ? 

Salamaleykoum. Moi, c’est Izra pour ceux qui ne me connaissent pas. Je suis chanteur et musicien tchadien depuis mon jeune âge. Disons 6 ans. J’ai intégré le groupe de mes grands frères H‘Sao à 8 ans. Aujourd’hui je travaille sur mon premier projet solo.

Ngandja, c’est un concept ou un genre musical ?

Le Ngandja est un rythme mystique, un rythme sur lequel les hommes initiés du sud du Tchad dansent lorsqu’ils sortent de leur retraite de la brousse. J’essaye d’en faire un concept cool et moderne afin qu’il soit accessible à tous. C’est pourquoi j’ai rebaptisé #NgandjaLife.

Quelle est sa particularité ?

Sa particularité c’est la complexité de son rythme. Il est savourant, mais pas facile à saisir ni à suivre. Bonne chance à ceux qui essayent de le reproduire. Des amis musiciens, des professionnels ont du mal avec ce rythme. C’est ce qui fait sa particularité. On ne se lève pas un matin en se disant, je vais faire du Ngandja.

À quand la sortie officielle de ton premier album solo ? Tes fans attendent.

Oui, c’est vrai. Beaucoup de monde attend mon premier album. Je n’ai pas de date précise. Je peux vous garantir qu’il sortira en 2020

La vidéo Ngandja life a eu plus 100. 000 vues en 2 mois. Ça augure bien pour l’album solo ?

Oui 100.000 vues en 2 mois je ne m’y attendais pas du tout. Pourtant Ngandja Life ce n’est pas du tout une chanson commerciale. Je l’ai sortie pour montrer quelque chose de différent et original. Et le résultat est là. Pour l’album en question, vous n’avez rien vu encore.

As-tu invité d’autres artistes sur l’Album ?

Oui ! J’ai des invités sur l’album, des belles surprises.

Vous roulez désormais en solo. Vous êtes installé en France. Comment se passe votre carrière dans ce pays ?

C’est vrai, je suis souvent en France. Mais je suis en garde partagé entre la France et Montréal. Je commence une carrière solo. Je suis à mon deuxième extrait. Jusque-là alhamdoulillah ça va.

Vous êtes l’artiste le plus populaire des artistes tchadiens. En 2020, peut-on s’attendre à des collaborations avec des artistes d’autres horizons ?

C’est flattant d’entendre ça… Des collaborations avec des artistes d’autres horizons définitivement oui. Un grand OUI même. Il y a avec qui c’est déjà bouclé. D’autres sont en cours de préparation. Je peux déjà vous dire que ça sera du jamais vu cet album.

Présentement, vous êtes à Montréal. C’est dans quel cadre ?

Comme je l’ai dit, je suis aussi installé à Montréal et en France. Je travaille sur différents projets. Je dois boucler deux clips, monter mon show et avec H’sao on a des dates de concerts.

C’est la fin. Un message particulier au public ?

Message particulier ? Bon ! un grand et gros merci pour le support. Je reçois beaucoup d’amour de partout. Restez connectés. Les nouvelles sont bonnes. PAPOU arrive en force.

Propos recueillis par Moussa Yayami, Hamid

Khayar Oumar Defallah est un enseignant et écrivain. Il a aussi occupé de hautes fonctions administratives et politiques telle que celle de Ministre de la culture, jeunesse et des sports. L’auteur du “ fils du nomade”, un œuvre autobiographique, est aujourd’hui conseillé à la primature. Il nous a reçus à son bureau. L’éducation, la culture, son œuvre, ses projets, sont au menu de notre rencontre avec l’éducateur Khayar. Il s’est prêté sans détour à nos questions.

Ialtchad Presse : Qui est Khayar Oumar Defallah ?
Khayar Oumar Defallah : Je suis K.O.D. J’ai 65 ans. Je suis marié et père de 4 enfants. Je suis à la veille de ma retraite de l’Éducation nationale. Je suis présentement conseiller technique du Premier ministre chargé de la Culture, de la Jeunesse et Sports. Je suis héritier de parents nomades chameliers.

Ialtchad Presse : Le secteur de l’enseignement connaît des difficultés de tout ordre. Quelles sont-elles ?
Khayar Oumar Defallah : J’ai 38 ans de métier. C’est un domaine où on ne peut pas tricher. Il faut l’aimer pour le faire correctement. Il est délicat. Dieu merci j’ai choisi parmi tant de professions celui d’être enseignant. Je l’ai fait avec dévouement malgré les contraintes liées à son exercice.

Ialtchad Presse : On parle de manière récurrente de baisse de niveau et de décrochage scolaire. À qui la faute ?
Khayar Oumar Defallah :
La querelle autour de la baisse de niveau est aussi vieille que l’école. Tout le monde est coupable : les enseignants, l’État, la formation des formateurs etc.

Ialtchad Presse : Quelle place occupe la Culture et l’Éducation au Tchad ?
Khayar Oumar Defallah : Le budget de l’Éducation Nationale est un des plus gros. Cet effort consenti par l’État ne permet pas permet pas, à bref échéance d’atteindre, l’objectif de l’Éducation pour tous. Une éducation de qualité pour former une élite intellectuelle qui pourra préserver les intérêts vitaux du pays face à ce monde de concurrence et de compétence qui entoure notre fragile Tchad.

La culture est devenue le cinquième roué qui ne sert que lorsque la voiture Tchad tombe en panne. L’artiste, le créateur est marginalise. Savez-vous plusieurs de nos instruments musicaux, surtout ceux qui fonctionnent aux vents, ne peuvent plus être joués faute de relève. Les jeunes ne veulent pas être indexés comme “griots”. Ce phénomène s’amplifie. Regardez l’âge de ceux manient ces instruments lors des cérémonies traditionnelles. Pourquoi cela ? Parce qu’au pays le griot et l’artiste ont une mauvaise image. Alors qu’il est indispensable, plus qu’indispensable d’introduire l’enseignement artistique à tous les niveaux dans nos écoles. Avant cela, il est important de créer des écoles pour les formateurs et les professeurs d’art. L’objectif est de pérenniser notre culture.

Ialtchad Presse : Que retenir de votre ouvrage “Fils de nomade” ?
Khayar Oumar Defallah : De cet œuvre, il faudra retenir le message suivant : apprendre chaque jours de la diversité de mon pays. Un citoyen se construit sur des bases philosophiques très simples. Il se doit de développer le savoir-vivre, le respect, la tolérance, la solidarité, l’écoute de l’autre et le pardon. Je profite toujours des instants qui passent pour observer et écouter ceux qui m’entourent.

Ialtchad Presse : Dans cet ouvrage vous faite un plaidoyer pour l’éducateur. En quoi l’éducateur est différent de l’enseignant ?
Khayar Oumar Defallah : L’éducation est différent de l’enseignement. L’enseignant donne des notions alors que l’éducateur se donne une mission. Une sorte de sacerdoce. L’éducateur enseigne des notions, développe la curiosité de l’élève mais aussi son esprit critique, le savoir-faire, le savoir être et le savoir-vivre. Tout cela pour le préparer à être un citoyen utile à son pays. Par ses dires et ses faits et gestes inculquent des valeurs positives à ses élèves. Entre autres des valeurs : d’honnêteté, l’amour du travail bien fait et le don de soi pour être un agent de progrès pour soi-même et pour son pays.

Ialtchad Presse : Votre conviction, vous le dîtes “se former soi-même et former les autres”. Avez-vous le sentiment de l’avoir réalisé ?
Khayar Oumar Defallah : Je ne sais pas. Je ne peux me juger moi-même. Mais du fait que tous ceux que j’ai enseigné ont à différents niveaux (banques, administration, politique, organisations internationales) réussie une vie professionnelle. Encore aujourd’hui plusieurs me consultant pour l’orientation de leurs enfants. Je me dis que mon apport n’a pas été inutile.

Ialtchad Presse : Avez-vous des projets d’écriture dans les tiroirs ?
Khayar Oumar Defallah : Je travaille sur la suite du “Fils de nomade”. Il y a d’autres projets d’écriture en gestation et de participation à des films.

Ialtchad Presse : Que pouvez-vous nous dire de la politique actuelle au pays ?
Khayar Oumar Defallah :
Vous savez en politique 1 + 1 ne font jamais 2. Je suis un observateur attentif. Je constate comme plusieurs la pléthore des organisations politiques et les débats jusqu’ici civilises entre les acteurs. Je préfère bien sûr le débat d’idées que les armes. De mes observations et réflexions naîtront une pièce de théâtre ou un film.

Ialtchad Presse : Votre dernier mot. Qu’avez-vous envie de dire ?
Khayar Oumar Defallah : Il faut dire à notre jeunesse de continuer de croire en elle-même. Qu’elle doit croire en ses capacités, Ne pas se laisser décourager par les contraintes du moment. Permettez-moi de paraphraser Patrice Lumumba en affirmant ceci “l’avenir de notre pays sera beau. Il sera encore plus beau si chacun y apporte son intelligence et sa compétence”.

Propos recueillis par Moussa Yayami, Hamid

Enseignant, écrivain et homme politique, Dr Ali Abdelrahmane Haggar est aujourd’hui Président du Comité de Pilotage de l’École des hautes Études Économiques, Comptables, Commerciales et Communication (HEC-Tchad). Rencontré par Ialtchad Presse, c’est à bâton rompus que Dr. Haggar aborde l’éducation, la culture, l’évolution politique du pays.

Ialtchad Presse : Comment vous présenter ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La présentation qui me convient et à laquelle je suis attaché est celle d’enseignant. Enseigner c’est ma vocation. C’est la réalisation d’un rêve d’enfant. Le reste, ça vient, ça va.

Ialtchad Presse : Quels sont les tares du système éducatif tchadien ?
Ali Abdelrahmane Haggar :
Une des plus grandes tare est la baisse de niveau. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la qualité des ressources humaines futures. À ce rythme, on risque de rater le XXI siècle, du moins dans sa première moitié.

Ialtchad Presse : La pléthore d’écoles privées dans la capitale est-elle indispensable ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Moins de services publics induit un surplus de services privés. Franchement, je crois que le mieux serait de réglementer la création des écoles et des instituts privés. Une école, une clinique, ce n’est pas une quincaillerie.

Ialtchad Presse : Il y a-t-il une explication particulière à la baisse de niveau scolaire ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Oui mais il y a des gens qui sortent du lot. Mais il y a beaucoup de choses à faire dans ce sens. Les raisons sont autant structurelles que conjoncturelles : insuffisance de structures d’accueil, pas assez d’enseignants, peu de qualification, les grèves perlées, l’école a perdu un peu de son hora du fait de la promotion de la médiocrité etc. Les solutions existent. Elles sont dans les documents des états généraux de l’éducation. La volonté de bien faire inonde le monde.

Ialtchad Presse : Vous avez fondé HEC-Tchad, quel est l’apport de cette au pays ?
Ali Abdelrahmane Haggar : “Apprendre, pour entreprendre” est la devise de l’école. “ Construire des infrastructures d’accord ! Mais des homes d’abord” est notre idéal. L’apport de cette école c’est 417 jeunes gens en train de travailler dans différents domaines dont plus de 75% dans le privé.

Ialtchad Presse : Haggar comme écrivain, quelle opinion avez-vous de la littérature tchadienne ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La littérature tchadienne est jeune, dynamique et variée. Chacun écrit en plongeant sa plume dans l’encrier de son univers culturel, sentimental etc. Le Tchad est varié et sa littérature est tout autant. Ndjekeri est aussi beau à lire que Ghazali ou Ouaga D, ou Koulsy ou Khayar ou Christine Koundja etc. De ce côté on n’a pas à désespérer. Le problème c’est l’édition et le lectorat. Au Tchad on ne lit pas beaucoup.

Ialtchad Presse : Plusieurs pensent que la culture n’a jamais été un souci pour nos gouvernants. Partagez-vous cette affirmation ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La culture “cultiver”, si. La culture “cultivant”, non. Avec la TVT, un effort est en train d’être fait mais beaucoup reste à faire. Après tout, je suis optimiste. Le Tchad ce n’est pas l’Égypte. À chacun ses pyramides. Je dois cependant demander à nos gouvernants de mettre un peu plus de moyens à la promotion de la culture qui ne doit pas être résumé à l’unique élection “Miss Tchad”

Ialtchad Presse : Comme homme politique, quelle lecture personnelle pouvez-vous faire de l’évolution politique du pays ?
Ali Abdelrahmane Haggar : On évolue mais tant qu’on ne prépare pas la dévolution pacifique de paix, des rares alternances par le truchement des urnes, il y aura toujours l’incertitude. Et puis la paix, il faut la faire, il faut la faire. Le Tchad a besoin des généraux de la paix, ça suffit les généraux. Voilà pourquoi j’apprécie le retour du président Goukouni Weddeye, de Nahor et la visite d’IDI au Soudan. Il y a aussi l’épineuse question de l’armée qui doit nous obliger à appuyer les résolutions des états généraux de l’armée.

Ialtchad Presse : Pour conclure Docteur ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Merci Ialtchad Presse et à la diaspora qui tire le Tchad vers le haut. C’est la prévue qu’il n’y a que les enfants du pays pour le sortir de l’ornière. Cela me rappelle le titre d’un livre de Richard Wright “ Un enfant du pays”. Courage et bonne chance.

LITTÉRATURE   TCHADIENNE : vie de Joseph Brahim Seid Needi

Nous ouvrons cette rubrique Littérature tchadienne du journal en ligne ialtchad Presse par un hommage au tout premier écrivain tchadien, Joseph Brahim Seid Needi grâce à un texte très intéressant que lui a consacré un autre compatriote écrivain Noël Nétonon Djékéry, texte lu pour vous par le journaliste Ladjal Callixte.  

Joseph Brahim Seid Needi aurait eu 90 ans le 27 novembre 2017 mais hélas, l’homme qui aimait tant son pays avait tiré sa révérence pour ne pas assister aux obsèques de son pays le Tchad.

En effet, Joseph Brahim Seid Needi est né le 27 novembre 1927 en pays Gor dans le Logone Oriental. Il est mort en 1980 au moment où le Tchad était déchiré et ensanglanté par une guerre entre les tendances politico militaires et groupes armés qui ont déferlé à N’Djaména à la faveur des événements qui ont éclaté le 12 février 1979 à N’Djaména avant de gagner le reste du pays. Selon Noel Nétonon Djékéry un autre grand écrivain tchadien qui a consacré un texte très intéressant  sur Joseph Brahim Seid Needi, l’homme s’éteint éteint au moment où les démons de la guerre se sont à déchiqueter le Tchad. S’était comme si, poursuit Ddjékéry, le patriote élégant   qu’avait été Joseph Brahim Seid Needi avait tiré sa révérence pour ne pas avoir à supporter le spectacle macabre de sa terre natale livrée à la voracité des chiens.

Entre 1927 et 1980, soit une parenthèse d’à peine 53 ans, nous révèle Djékéry, Joseph Brahim Seid Needi aurait vécu plusieurs vies. Il commence puis abandonne successivement des études de médecine à Ayos au Cameroun, puis de pharmacie à Brazzaville, abandons tous imputés à son indocilité. Dans ce texte consacré à Joseph Brahim Seid Needi, Noel Djékéry nous révèle un homme au parcours atypique  qui a passé 1 mois en prison pour atteinte à l’ordre colonial. Après un séjour d’un mois en prison, Brahim Seid quitte le Tchad et devient brièvement aide maçon au Soudan. Ensuite, il rejoint le Caire où il reprend ses études secondaires. Il y obtient son baccalauréat, ce qui lui permet d’aller étudier  le droit à Lyon en France. Diplôme en poche, Joseph Brahim Seid Needi rejoint son pays natal le Tchad, fraichement proclamé indépendant et y exerce le métier de juge. Il sera ensuite nommé ambassadeur du Tchad en France. Au terme de cette carrière diplomatique, il est rappelé au Tchad et  intègre le gouvernement de l’époque comme ministre de la justice.

Comme on peut le constater à la lecture de ce texte consacré à Brahim Seid Needi, l’homme n’a pas été écrivain au début mais il s’est révélé comme un grand écrivain patriote qui aime son pays.

Ce qui frappe d’entrée dans les titres retenus par Joseph Brahim Seid Néedi, pour ses 2 ouvrages, nous confie Djékéry, c’est chaque fois la mise ne exergue du nom de son pays : Au Tchad sous les étoiles, Un enfant du Tchad. Cette référence constante à son pays le Tchad sa terre natale signifie clairement que la plume de Joseph Brahim Seid Néedi n’écrit point pour lui-même, mais se veut la voix des siens. Il s’inscrit ainsi nous dit Djékéry, dans cette forte tradition inaugurée par Aimé Césaire en ces termes « …. Je viendrai à ce pays mien et je lui dirai : « … Embrassez-moi sans crainte…Et si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai ».

Pour Noël Djékéry, l’écrivain Joseph Brahima Seid Needi est un visionnaire qui, en choisissant d’être porte-voix de son pays, Joseph Brahim Seid Needi s’est mis au diapason d’autres auteurs africains comme Tchicaya U Tamsi, Mongo Béti et les autres. Ce qui tranche chez Joseph Brahim Seid Needi par rapport à ses confrères et contemporains, c’est la dimension quasi prophétique de ses écrits, particulièrement du recueil des contes «  Au Tchad sous les étoiles », souligne  Djérkéry qui fait remarquer que les contes tirent leur source de l’oralité, cependant, les contes rapportés par Joseph Brahim Seid Needi n’ont pas été  simplement collectés auprès de leurs dépositaires et livrés au public sans mise en perspective ne reformulation. Ces contes ont été structurés, insufflés de l’histoire du pays et du génie poétique propre à Joseph Brahim Seid Needi qui a fait de ces contes, une arme de désenvoutement massif contre les maléfices qu’il sentait planer au dessus de son pays.

Joseph Brahim Seid Needi savait que son pays le Tchad est porteur d’une histoire lourde et d’une mémoire  blessée. Il a avait conscience que les Tchadiens qui sont les siens, issus de peuples dont les différences ont été exploitées durant des années à des fins d’asservissement, n’allaient pas s’affranchir facilement des haines qu’on leur avait inculquées. Il a utilisé les contes pour mettre les Tchadiens en garde contre les démons de la division, pour les exhorter à promouvoir entente eux la paix, la concorde et le dialogue.

Noël Djékéry nous apprend que ces contes recèlent la forte empreinte spirituelle de Joseph Brahim Seid Needi, une empreinte où s’entremêlent les différentes appartenances qui harnachent ou caractérisent la société tchadienne d’hier et et d’aujourd’hui.

 Pour Noêl Djékéry, Joseph Brahim Seid Needi est un personnage complexe. Il est catalogué ou catégorisé tantôt comme musulman, tantôt comme chrétien mais cet étiquetage n’est qu’une solution de facilité qui occulté difficilement la complexité  de ce personnage.

Car Joseph Brahim Seid Needi est le Tchadien fondamental qui s’assume par ses écrits à tout le moins, ses héritages musulmans chrétiens et animistes. C’est de ce subtil métissage que s’élève  cet inoubliable chant d’humanisme et de tolérance qu’est le recueil « Au Tchad sous les étoiles ». D’après Djékéry, des deux contes inauguraux du recueil, cette volonté syncrétique se trouve confirmée : Tchad pays d’abondance, de bonheur et d’amour ; Djingué ou la sagaie de la famille.

La désertification du Sahel à la fin du 20e siècle et au début du 21e siècle est provoquée par la combinaison de deux principaux phénomènes : D'une part, une poussée démographique (+3% par an au début du 21ème siècle) qui fragilise les sols par :

- la surexploitation des terres afin de nourrir la population. La jachère traditionnelle a ainsi été abandonnée dans les années 1960.

- la surexploitation du bois, que les ruminants empêchent de repousser.

D'autre part, les sols sont exposés à l'érosion provoquée par le vent et par l'écoulement de l'eau de pluies rares (entre juin à septembre) mais de plus en plus violentes en raison du changement climatique. La terre ainsi érodée, devenue stérile, forme des plaques désertiques, les "zipelés", de plus en plus vastes et qui finissent par se rejoindre.

Néanmoins, le gouvernement du Tchad a interdit l’usage du charbon de bois afin de lutter contre l’abattage des arbres et la désertification. Cette décision du gouvernement tchadien est une mesure essentielle pour lutter contre la désertification. Du point de vue social et environnemental cette décision est responsable. La proportion de pauvres dans les populations est notablement plus élevée dans les zones sèches surtout parmi les populations rurales. Cette situation s'accroît encore en fonction de la dégradation des terres en raison de la diminution de la productivité, de la précarité des conditions de vie et de la difficulté d'accès aux ressources.

Cependant, le gouvernement du Tchad a pris des décisions politiques et même des actions sur plusieurs fronts :

-  la semaine de l’arbre : en saison des pluies pendant toute une semaine (ou plusieurs jours) les Tchadiens dans le pays plantent en groupe ou individuellement des jeunes plantes pour lutter contre l’avancé du désert.

- l’adhésion et la ratification des accords et contre relative à la protection de l’environnement, notamment la convention de lutte contre la désertification (ratifié en Août 1996) et la convention sur la diversité biologique (07 juin 1994)

- la participation du Tchad aux différents programmes du comité permanent Inter-Etats de lutte contre la désertification dans le Sahel.

- la mise en place de la convention de lutte contre la désertification d’un programme d’action national et des programmes d’actions locaux et régionaux et d’un fond national de lutte contre la désertification etc.

Tandis que, Selon l'ONU, la désertification est « le plus grand défi environnemental de notre époque ». La désertification constitue un problème d'environnement et un problème de développement. Elle affecte l'environnement local et le mode de vie des populations, mais ses effets ont des retentissements plus globaux : biodiversité, changements climatiques, ressources en eau. Etroitement liée à l'activité humaine, la dégradation des terres constitue à la fois une conséquence du mal-développement et une entrave majeure au développement durable des zones sèches

Par contre, ce combustible est la seule source d’énergie domestique pour 99% des ménages Tchadiens.

Tandis que, un des premiers spécialistes Américains des politiques publiques, Thomas R. Dye définissait celles-ci comme tout ce que les gouvernements choisissent de faire ou de ne pas faire. Le gouvernement Tchadien devrait d’abords sensibiliser la population surtout les ménages vulnérables de l’importance pour la société de cette nouvelle loi afin d'éviter des manifestations de protestations populaires. Voici les questions que plusieurs analystes se posent : est ce que le gaz est un substitut parfait du charbon de bois dans le cas du Tchad ? Quelle source d’énergie substituable et accessible aujourd'hui aux ménages Tchadiens a faible revenus ? Au Tchad, entre ménages a revenus élevés et ménages a revenus faibles le comportement ne diffèrent pas de manière significative entre les différents niveaux économiques des ménages, ce qui illustre le niveau de pauvreté de la population et le faible niveau des infrastructures du pays.

Toute fois, est-ce que le gaz et un substitut parfait ? La théorie économique néoclassique nous dit non. Selon la théorie, l’effet de substituabilité s’applique à des biens relativement proches, dont l’utilisation ou la consommation est relativement équivalente du point de vue du consommateur. On entend par substitution, ce qui peut remplacer quelque chose en jouant le même rôle. Dans le cas du Tchad le gaz ne constitue pas un substitut parfait du point de vue économique. Cette situation risque fort de créer un marché noir sans précédent. Le gouvernement Tchadien a mit sur pied récemment des mesures d'accompagnement en subventionnant l'utilisation des bouteilles de gaz de 3 et 6 kg à hauteur de 50% afin de venir en aide aux milliers des ménages vulnerables. Même à cela, les petits revenus n'en ont pas les moyens. Cette mesure doit tenir compte des ménages en bas de l’échelle pour qu’elle soit efficace. Quand l’offre n’est plus capable de satisfaire la demande du marché, il s’en suit une pénurie du bien en question. Et donc, le prix du gaz va encore augmenter d’avantage. De plus, les décideurs ont de fortes réticences à investir dans les zones arides à faible potentiel. Ce défaut d'investissement contribue à la marginalisation de ces zones. Quand les conditions agro-climatiques défavorables sont combinées à l'absence d'infrastructures et d'accès au marché, à une population mal nourrie et peu éduquée, à des techniques de production inadaptées, la plupart de ces zones restent en dehors du développement. La pauvreté engendre la dégradation des terres. La désertification est à son tour un facteur d'aggravation de la pauvreté.

Néanmoins, Vincent Lemieux disait: les politiques publiques ne se réalisent que par la rencontre de trois courants, celui des problèmes; celui des solutions et celui des choix politiques et que selon la seconde, ce sont des relations de pouvoir entre les participants qui permettent ou non la rencontre des trois courants, et donc le succès ou l'échec d'une politique publique. Qu’en pensez – vous ?

Lona Ouaïdou, Ramadan

Pendant que certains responsables politiques regrettent d'avoir soutenu bec et ongles le président Deby, d'autres le qualifient de l'un des meilleurs chefs d'état que le Tchad ait connu et qu'il a apporté une véritable démocratie aux Tchadiens. Pendant que les uns le qualifient d'incarnation du désastre et du désordre, d'autres le qualifient d'un démocrate, loyale et soucieux du bienêtre de son peuple et de son pays et c'est la' la raison de sa longévité au pouvoir. Pendant qu'il est qualifié de premier responsable des dérives de la DDS et qu'il est connu pour son immoralité et ses détournements de biens publics par certains, il est vu comme un chef d'état-major discipline', qui n'a fait qu'exécuter des ordres et combattu pour son pays comme tout patriote exemplaire l'aurait fait.

Bien, en mettant de cote' la personnalité de Deby, qu'en est-il de l'état actuel du Tchad sur le plan économique, social, environnemental, politique, culturel, scolaire, sécuritaire ainsi que sur le plan des infrastructures et la liste peut être encore longue. La catastrophe a atteint son paroxysme dans tous ces domaines précités et pendant que la plupart des gens se demandent par quel miracle le Tchad tient encore debout, certains politiciens insouciants des problèmes du peuple se querellent sur les qualités et les défauts de leur ancien chef et bienfaiteur. Bien qu'étant président, Deby ne peut imposer sa volonté a toute la classe politique et de surcroît au peuple sans la complicité explicite de son entourage politique et familial qui accepte tous les caprices, même les plus ignobles, quoi que si l'entourage familial du président est bien connu, l'entourage politique ne peut être défini par aucun dictionnaire car tous les soi-disant politiciens(de l'opposition ou pas) ont défiles devant la porte du palais présidentiel a un moment ou un autre pendant ces 15 ans de règne pour bénéficier des largesses de l'empereur.

Alors s'il vous plaît arrêtez ces manœuvres politiques, cette hypocrisie connue de tout le monde et pour une fois pensons à ce pays en délabrement et en passe d'être hante' par les démons de la guerre. Pourquoi, nous Tchadiens, on a toujours tendance a' chercher des solutions dans la guerre ? Serions-nous incapables de trouver des solutions par le débat et le compromis ? A-t-on pense' aux conséquences humaines et socio-économiques d'une nouvelle guerre ? En quoi un autre changement par les armes pourrait-il être mieux que celui d’hier ? Les demandeurs de changement d'aujourd'hui ne sont-ils pas les hommes forts d’hier ? Une guerre n'est-elle pas toujours plus facile de la commencer que de la terminer une fois commencée ? Rappelons-nous des exemples récents de l'Iraq et de la Cote d'ivoire. Personne n'avait prévu que la guerre durerait autant. Réfléchissons avant d'agir car le contraire ne peut que ruiner les minces chances qu'on a encore d'échapper à un nouveau Libéria, Somalie ou Haïti.

Pour l'amour du Tchad, PEUPLE TCHADIEN, du petit au grand, du politique à l'apolitique, du riche au pauvre, de l'agriculteur au fonctionnaire, DEBOUT ET A L'OUVRAGE, conquérons nos droits et notre liberté que toutes les constitutions successives nous confèrent depuis octobre 1958.

Il y'a une arme beaucoup plus destructrice et fatale que les kalachnikovs et les M16 pour se faire valoir de ses droits, c'est la MANIFESTATION, faisons-en usage. Des manifestations pacifiques et disciplinées doivent non seulement souder la population entre elle mais elles obligeront les politiques a' aller dans le sens du peuple. On ne peut plus se permettre de s'asseoir en arrière et laisser des irresponsables chroniques décider à notre place, il est grand temps de se faire entendre, de prendre notre destin en main, refuser de rester sur le banc de touche et se faire marginaliser.
Chers compatriotes croyons au pouvoir de la démocratie mais soyons-en certain, jamais une vraie démocratie ne s'installera au Tchad tant que le pouvoir de l'amour ne surpassera pas l'amour du pouvoir.

Oumar Issa Senoussi

Après les attentats du 15 juin à N’Djamena (capitale du Tchad), les arrestations et les mesures mises en place par les autorités, l’heure est à la revendication. L’organisation Boko Haram rebaptisée “Etat islamique, province Afrique de l’Ouest” a revendiqué les attaques. Enfin, on a pu coller des noms et des visages à ces événements.

“Le frère Abou Hamza Al-Ansari et le frère Abou Al-Sadiq Al-Ansari ont mené deux opérations martyres avec deux ceintures d’explosifs contre l’académie de police et le commissariat central. Ces attaques ont tué des dizaines d’apostats [personnes qui ont renié leur religion] et blessé plus d’une centaine d’autres – Allah est louange et gratitude ! Nous demandons à Allah d’accepter nos frères parmi les martyrs”, conclut le document signé : Etat islamique, province Afrique de l’Ouest.

Un communiqué haineux. Les mots “des dizaines d’apostats tués et blessés” glacent le sang. La haine. Toujours la haine, avec ces fous d’Allah.

Désormais la guerre est déclarée. La guerre par les armes. La guerre par les mots. La guerre par les attentats kamikazes. La riposte à tous crins suivra. La riposte à la riposte aussi. Le cercle vicieux. Celui de la légitime défense tant l’ennemi est insaisissable. Celui de la sécurité publique tant cette guerre est un nouveau défi. Mais, pour la gagner, il faut quelque chose de plus : de l’intelligence. Pas seulement de la force.

Comment faire ?

1) Investir dans le social 

Le président Deby Itno ne doit plus continuer à faire du social un simple slogan quinquennal mais un vrai souci. Le gouvernement doit monter des programmes concrets afin d’aider les jeunes Tchadiens à sortir du chômage. De leur donner des perspectives d’avenir. Que ce soit par le sport, les arts ou la musique. Que ce soit par l’aide aux petits entrepreneurs. Ou par l’intégration, sans bakchich, des diplômés dans la fonction publique. Avec pour seul critère l’obtention d’un diplôme ou d’une attestation de formation.

2)  Contrôler le financement des associations religieuses 

Passer de fond en comble les associations aux financements douteux. Identifier qui les finance ? Vers quels secteurs sont alloués ces fonds ? Permettre certaines activités d’assistance sociale de ces associations seulement sous la supervision de l’Etat. Réguler leur fonctionnement afin d’éviter le prosélytisme.

3) Surveiller le contenu de l’enseignement religieux 

Encadrer la formation des imams par un cursus bien défini. Ne peut s’autoproclamer imam n’importe qui. N’importe comment. Redonner de la visibilité à l’islam tchadien. Cet islam de confrérie “soufie”,  “tidjania”… Un islam tolérant et paisible. Combattre l’islam wahhabite conquérant et agressif qui peu à peu est en passe de supplanter l’islam des origines. Boko Haram n’est qu’une des variantes du wahhabisme.

La riposte aux derniers attentats n’est que le début d’une longue guerre contre le terrorisme. La solution à ce mal ne peut être uniquement militaire. Ne peut être seulement policière. Ne peut être uniquement dans les renseignements. La solution doit être aussi sociale.

Bello Bakary

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