DT

DT

Enfin ! Grâce aux recettes de la méthode Idriss Deby Itno (IDI), notre pays va prendre pied dans la production de son pétrole. Peu importe la brutalité du procédé présidentiel décrié par ses adversaires, il n’y a pas de procédure « prédéfinie » en la matière, quand il s’agit d’une remise en cause et non d’une révision de contrat. Les exemples dans l’histoire récente sont nombreux : le cas du Dr Mossadegh d’Iran, Hugo Chavez du Vénézuéla, Evo Moralès de Bolivie, etc. Le problème n’est pas de pleurnicher sur les intérêts des majors pétroliers, mais d’aller dans le sens du droit des peuples à disposer de leurs richesses.

Il est vrai que notre pétrole était bradé, tout le monde l’avait démontré et dénoncé. Il n’y avait pas d’autres solutions à terme que celles intervenant avec les dernières décisions du général IDI. Que cela lui coûte le pouvoir, là n’est pas le problème. C’est une question nationale fondamentale qui transcende l’état actuel de gouvernance de notre pays.

Bon ou mauvais régime, c’est une illusion de croire qu’un vrai dialogue à lui seul suffirait à résoudre le mal tchadien. Il s’agit d’un problème d’hommes et d’époque. Il faut être clair : le phénomène de la rébellion armée est l’obstacle majeur au décollage du Tchad sur tous les plans. Surtout que ce phénomène s’est institutionnalisé depuis les régimes précédents, on ne peut pas démontrer qu’il apportera un changement fondamental, en dehors de remplacer un clan par un autre. Les interminables querelles claniques de leadership dans les groupes armés le manifeste. Il n’y a jamais eu de « lutte de libération nationale » au Tchad, ni au Nord ni au Sud depuis 30 ans, mais des luttes pour le pouvoir, avec le soutien d’influences étrangères. L’état actuel du pays du troglodyte Toumaï est la résultante de toutes ces luttes et violences anachroniques. Pire ! Aujourd’hui, les groupes rebelles sont tombés dans le piège d’une satellisation au conflit du Darfour et présentés comme des forces de mercenariat montées de toutes pièces par et contre les gouvernements du Tchad et du Soudan. Cette vision, largement partagée dans les milieux diplomatiques, n’incitera pas la « communauté internationale » à parrainer de vraies tables rondes pour résoudre définitivement le problème. Car, par principe, les conflits sont classés par types sur le plan du droit international, et celui du Tchad, intervenant dans un contexte où une Constitution existe et reconnue, l’engagement de la communauté internationale se limiterait, au nom de la paix et du business, au retour monnayé des rebelles au « bercail » et non pas remettre en cause le régime de IDI.

De ce point de vue, l’opposition civile dite « radicale » du moment a raté son préalable de participation des rebelles à un dialogue « inclusif ». Elle aurait dû poser aux rebelles le préalable de la reconnaissance formelle du noyau dur de la Constitution issue de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), à savoir le Préambule, les Titre 1 et 2 relatifs aux fondements de la République (laïcité, égalité totale des citoyens, suffrage universel, etc). Il n’est pas sûr que ces groupes armés issus de minorités ethniques dominantes et privilégiées, soient vraiment pour une gouvernance légitime par les urnes qui ne les arrangeraient pas. En ignorant cet aspect des choses, l’opposition politique dite « radicale » remet implicitement en cause les Actes de la CNS ayant aboli la prise du pouvoir par la force et la confiscation de la souveraineté du peuple par un groupe dominant. Le dialogue utile avec des groupes armés obéit à une démarche différente de celle avec des groupes civiles légaux, c’est la nuance qu’il faut accepter, quitte à ce que, au terme des deux processus de dialogue, un nouveau cadre de légalité remplaçant la Constitution actuelle, permette à chacun de participer à la mise en œuvre du nouveau consensus national. Les formules Kano, Lagos, Franceville sont périmées.

Les politico-militaires sont assez grands pour poser eux-mêmes leurs préalables, au lieu d’être instrumentalisés par d’autres acteurs comme un épiphénomène récurrent de surenchère dans les rapports de force politiques. La recherche de la paix dans un pays ne saurait se faire à n’importe quel prix, surtout quand il s’agit du Tchad, pays où les inégalités, les préjugés régionaux et religieux, la médiocrité et le pillage, la violence politique et l’impunité ont été institutionnalisés progressivement mais sciemment durant plusieurs décennies.

L’Union Européenne tente de lancer un processus de dialogue et de sortie de crise à la « togolaise », pour obtenir un accord politique transitoire entre le régime de IDI et l’opposition dite « radicale » du moment (CPDC, FAR). Cet accord entérinerait la « légitimité » de fait du quinquennat actuel de IDI, en échange d’un partage équitable du pouvoir et de la manne pétrolière qui apaiserait les tensions dans le pays. La formation d’un Gouvernement de large consensus et les élections législatives en 2007 boucleraient ce processus. Dans le fond, on cherchera à préserver les gros intérêts engendrés par la manne pétrolière croissante, en optant pour des solutions douces qui contourneraient l’essentiel, à savoir l’alternance. Aujourd’hui, la Chine populaire devient la 5e puissance de l’Axe Tchad, après la France, les USA, la Libye et le Soudan. Dans quelle mesure ces puissances pourraient-elles s’entendre sur une gouvernance consensuelle à N’Djamena qui tiendrait compte de leurs intérêts et visées divergentes ? Chacune s’arrangera à disposer de ses propres valets tchadiens (partis politiques, sociétés civiles, rebellions armées), et ces derniers auront-ils de la mesure pour ne pas affaiblir et détruire davantage leur pays dans les luttes fratricides pour le pouvoir ? On observe que, depuis les années 50, c’est l’Étranger qui oriente et diligente la vie publique au Tchad.

En attendant, quand un Acte de Gouvernement est susceptible de modifier profondément le cours des évènements et le sort des populations d’un pays, un vrai patriote démocrate n’a pas le droit de se dérober et d’aller se camper dans une position de blocage épidermique à l’endroit d’un pouvoir. Car si le pouvoir de IDI devrait durer encore des années, on ne peut demander à chaque fois aux élites de démissionner en boycottant les évènements marquants. Une vraie opposition devrait se montrer plus agressif et moins défaitiste : le pétrole appartient à tous les Tchadiens et non pas à IDI et ses proches exclusivement ! L’Union des Syndicats du Tchad (UST) et le Syndicat des Enseignants Tchadiens (SET) l’ont bien compris en acceptant d’entrer dans la commission mixte de renégociation. C’est à l’intérieur que ces centrales syndicales trouveront les éléments de leur stratégie future, quand il faudra réclamer la part du travailleur tchadien.

Etre dans une telle commission ne signifie pas soutenir le régime de IDI. L’enjeu est plus que cela. Au lieu de former des coalitions pour défendre des conventions elles-mêmes décriées dès le départ, il faut jouer le jeu avec IDI cette fois-ci pour percer tous les mystères de la gestion d’un dossier initialement réservé au Clan. On pourra alors, en connaissance de cause, marquer sa différence ou son opposition en temps opportun. Or, nous avons l’impression que quand une crise survient entre le Gouvernement et des intérêts étrangers, la réaction immédiate des autres acteurs publics est de prendre parti pour les intérêts étrangers. Comme si l’image du Tchad commandait de rester dans la merde que nous avions avalé à un moment donné ?
Par exemple, dans le bras de fer avec la Banque Mondiale, nous avions soutenu l’introduction de la Sécurité dans les secteurs prioritaires à financer par les revenus pétroliers. Ce n’était pas pour soutenir IDI, car un jour le pouvoir évoluera. Alors la question préjudicielle de la réforme de l’armée et de la sécurité sera au centre de la transition. Ce n’est pas en ce moment-là qu’il faudra aller s’agenouiller devant les partenaires pour quémander l’argent nécessaire sur une question de souveraineté nationale d’un Etat indépendant depuis 46 ans ? L’opposition « radicale » s’est-elle posée une seule fois la question du bénéfice des œuvres du régime actuel (loi 001 modifiée, loi 004 sur la corruption, etc.) qui lui fourniront les moyens de gouverner et de changer radicalement la situation du Tchad ? L’opposition, si elle veut réussir, devra utiliser les armes et la logique du général IDI même. Malheureusement, elle semble atteinte par l’âge et l’usure des stratégies des leaders et continue de se marginaliser.

Il est fort possible que le pouvoir MPS ait justement misé sur le boycott automatique de l’opposition et de la société civile gauchiste, pour avoir les mains libres dans la renégociation des contrats pétroliers. Alors, la position inattendue de l’UST et du SET pourrait à terme poser problème dans la cohésion de cette commission en cas de manœuvres souterraines. Sauf si les représentants des syndicats mordaient à l’appât des dessous de table. IDI peut gagner cette nouvelle bataille, car elle est légitime. Il peut aussi la perdre, ou plutôt son pouvoir et il en est conscient. Car les majors pétroliers ne sont pas des enfants de cœur et pourraient tout mettre en œuvre pour rendre le pays ingouvernable, d’autant que les candidats sont nombreux dans les élites, prêts à se mettre au service de qui leur promet la location du palais de Djambalgato. Tout est désormais possible en termes d’évènements et de rebondissements au Tchad !

Cependant, il y a quelques conseils de prudence à donner à nos acteurs publics impliqués dans cette renégociation.
Un : qu’ils s’assurent que la Société tchadienne des hydrocarbures (SHT) ne devienne pas un nouveau holding à coloration clanique et/ou de placement des grands rapaces connus de la place.
Deux : que les aspects occultés ou volontairement rejetés du dossier pétrole soient repris en compte par le canal de cette commission.
Trois : que le problème de la gestion et de la redistribution équitable des revenus pétroliers entre les régions, au-delà du quota de la région productrice et des secteurs prioritaires, fasse l’objet d’un nouveau consensus national.

Si, pour une fois, le général de corps d’armée IDI de son côté et ses challengers de l’autre, pouvaient privilégier jusqu’au bout, sans coups fourrés l’intérêt national et la franchise dans la nouvelle conduite de ce dossier pétrole, le Tchad gagnera sa plus belle victoire historique : son Indépendance économique ! Qui vivra verra !

Enoch DJONDANG

Il n’y a qu’au Tchad où tuer est un plaisir et donne lieu à des exclamations ! Achever son adversaire qui n’est autre que son frère contradicteur, voilà à quoi l’on joue depuis plus de trois décennies. Tel est aujourd’hui le diable qui empêche le pays d’évoluer, combattons-le ! Alors on prend les armes et on tue. Qui ? Des gens qui n’ont rien à voir avec ce diable désigné, sinon qui ont commis le crime de croire qu’ils font leur boulot de soldat ou de maquisard au service d’un va-t’en-guerre. Des chefs de famille qui laisseront des veuves et des orphelins dans la souffrance et l’indifférence générale de la société. Des jeunes gens qui auront perdu le cap d’une réussite honnête dans la vie : drogués, transformés en violeurs et en tortionnaires voire en brigands permanents. Des régions déchirées et vidées de leurs habitants. Des blessures entre communautés qui ne cicatriseront pas. Tout sauf la « libération » annoncée.

Pourquoi continue-t-on d’ignorer et de mépriser la valeur d’une vie humaine dans notre pays ? Chaque groupe qui arrive au pouvoir, avec la bénédiction des Blancs, croit être supérieur aux autres et passe le clair de son temps à créer les conditions de futurs génocides. Les groupes se sont entredéchirés sans jamais résoudre un seul des problèmes quotidiens de sous-développement, de pauvreté et d’ignorance qui nous ravagent tous. Aujourd’hui, on ne peut affirmer que le clan au pouvoir s’en est sorti à bon compte de toutes ces aventures de répression depuis une quinzaine d’année de pouvoir. Aucun des clans précédemment au pouvoir ne l’a réussi non plus ! Aucun clan qui viendrait au pouvoir par cette même règle de la guerre fratricide ne réussira également. Même s’il faut que le monde isole pendant Cent ans les Tchadiens, pour permettre aux deux cent ethnies de faire la rotation au pouvoir, dans les mêmes conditions que nous connaissons déjà, avant dix ans, le pays aura disparu de la carte politique de la planète.

Car les expériences que nous vivons actuellement sont les dernières de ce genre, en termes d’anachronisme. Il ne sera plus possible qu’en une seule génération, en une trentaine d’années, on se soit permis tant de barbarie et que le pays puisse encore exister ! Les ressources humaines gaspillées dans les combats fratricides et les massacres d’une part, et la misère croissante et la maladie de l’autre, ne pourront se reconstituer que dans un demi-siècle plus tard. Entre temps, faute de bras valides et de cerveaux encore lucides, la vulnérabilité du pays sera trop grande et risquerait de provoquer l’invasion et l’annexion pure et simple du territoire par n’importe quel pays voisin ou puissance étrangère.

Prenons seulement la comparaison démographique entre nous et trois de ces pays : le Soudan avec plus de 20 millions d’habitants, le Nigeria avec plus de 100 millions et le Cameroun avec plus de 12 millions, tous des pays bien organisés et à peu près bien gérés. Si, avec une superficie de 1.284.000 km² et 8 millions seulement d’habitants (dont 52% de moins de 15 ans), le Tchad devenait un danger permanent de déstabilisation avec ses guerres interminables, son insécurité permanente et sa désorganisation, la communauté internationale fermerait bien les yeux si un jour, sous n’importe quel prétexte, un voisin décide de s’emparer du Tchad pour y remettre de l’ordre et le civiliser. Parce que des pays qui n’avancent jamais comme le Tchad et qui refusent le progrès dans tous les sens, il y en a de moins en moins. Et personne ne me dira que, en ce moment-là, des populations qui auront cumulé tant de haines et de rancunes, et qui n’auront plus grand-chose en commun, pourraient s’unir pour défendre un pays qui n’existerait que sur le papier ?  Avec une armée de « colonels » qui pratiquent encore la guerre archaïque et clanique très meurtrière, notre pays devient une proie facile, malheureusement pour les marchands d’armes et les négriers modernes des affaires.

Réfléchissons bien où nous allons à cette allure et ce qui nous attend, au lieu de continuer à chercher le diable du jour, comme nous le faisons depuis 40 ans pour notre plus grand malheur. Est-ce que nous nous rendons compte de l’ampleur du capital humain qui se détruit, rien que pour quelques privilèges injustes que personne ne reconnaîtra et que d’autres combattront à leur tour ? Des familles entières ont été militarisées autour de l’idée de se protéger (avec leurs biens mal acquis) contre les autres, alors que nulle part au monde cette formule ne s’est bien terminée ? L’illusion de supériorité guerrière entretenue dans certaines ethnies tchadiennes les conduira à terme à leur perte et à leur extermination. Il faut arrêter cela tout de suite, s’il vous plait ! Car si les « chefs de guerre » et autres « colonels » n’ont aucun égard pour la vie des membres de leurs familles qu’ils sacrifient dans ces causes perdues, nous avons le devoir de les avertir des conséquences à long terme de leurs aventures. Quand les Blancs qui les trompent les auraient suffisamment exploités, ils se retrouveront un jour abandonnés de tous, haïs et errants sans patrie, pire que les Harki d’Algérie, pour n’avoir pas compris plus tôt la valeur de la Justice, de la Paix et l’Egalité entre fils d’un même pays.         Ne croyez surtout pas, pour certains, que ceux qui s’opposent à cette guéguerre seraient des lâches ou des peureux ? Si l’on devait entrer dans l’histoire de chacun de nos groupes d’origine, l’on se rendra compte qu’il y a encore beaucoup de capacité guerrière insoupçonnée par rapport au déjà vu actuel, mais que les populations ont déjà dépassé ce stade primitif qui consisterait à vivre quasi-exclusivement des conflits, de la violence et de la rapine. Un retour forcé au Moyen âge n’est plus à l’ordre du jour pour ces populations.

Gouvernement ou rebellions, cessez de nous faire pleurer avec vos bilans macabres de Tchadiens tués ou « entièrement anéantis », car chacun d’eux a été porté par une femme pendant des mois dans le ventre et au dos. Et ces femmes, qu’elles soient Goranes, Zaghawas, Arabes, Tamas, Saras ou autres, devraient-elles aussi applaudir la mort atroce et quasi-inutile de leurs rejetons dans vos interminables luttes pour le pouvoir ? Quelle gloire, quel progrès pour le Tchad que ses fils massacrés par eux-mêmes pour de la sottise ? D’ailleurs, j’accuse l’attitude laxiste des femmes intellectuelles et de l’élite féminine tchadienne qui, au lieu d’organiser des protestations massives et publiques contre la guéguerre barbare, s’agitent pour des postes, comme les hommes qui ne cessent d’échouer face à leurs responsabilités et à leur conscience citoyenne, pour des miettes !

Un jour, quand il faudra faire la lumière sur toutes les gestions, combien actuellement loyalistes ou rebelles, échapperaient au châtiment d’une bonne justice ? Qu’aviez-vous fait de votre pays depuis trente ans de barbarie, d’arrogance, de violence et de mépris de l’autre, et combien de temps voudriez-vous encore que ça dure ? Vous êtes dans la mauvaise voie et les générations futures vous implorent de cesser immédiatement avec ces dérives guerrières et antirépublicaines d’un autre âge, pour leur laisser au moins la chance de vivre leur ère sous d’autres valeurs, dans un pays viable et en conformité avec les progrès de l’humanité pacifiste. Sinon, l’histoire vous vomira de la manière la plus méprisante qui soit.

Enoch DJONDANG

En Décembre 1990, le renversement du régime du Président Hissein HABRE et la prise de pouvoir par les combattants armés du Mouvement Patriotique du Salut, MPS, ont entraîné une nouvelle ère politique au Tchad. Après l’engagement solennel du Colonel Idriss DEBY en faveur du multipartisme et de la démocratie, l’installation du nouveau régime s’est suivie par la création de quelques formations politiques à partir de 1992.

Aussitôt, les leaders de ces Partis politiques avaient exigé la tenue d’une Conférence Nationale Souveraine. Ce forum, à la mode en Afrique, était un cadre idéal de concertation sur les conflits du Tchad et pourrait aboutir à des solutions communes et acceptables pour tous. Le contexte d’après la Conférence de la Baule aidant, cette idée a été encouragée vivement par la Communauté internationale et les pays amis du Tchad, dont certains avaient même contribué financièrement. Mais pour les stratèges avertis de la politique africaine de la France, la C.N.S. n’était qu’une opportunité de faire légitimer le nouveau régime de N’Djamena.

Bref, après de longues et difficiles confrontations politiques entre le Pouvoir et les Partis de l'Opposition, cette Conférence Nationale Souveraine s'est tenue du 15 Janvier au 7 Avril 1993. Certains Mouvements de l'Opposition politico-militaires n'avaient pas y participé. Et au cours même du déroulement des travaux de la C.N.S., des affrontements armés avaient eu lieu dans certaines régions du pays, entre les forces gouvernementales et de Groupes des rebelles. Malgré cela, les bases des Institutions étatiques ont été revues et mises en place. Une période de transition difficilement expérimentée avait conduit à l'adoption par référendum d'une Constitution. Cette Loi fondamentale de la République devrait régir le fonctionnement des Institutions et Organes de l'Etat. Alors, comment se présente aujourd’hui la situation politique du Tchad ?   

De 1990 à nos jours, trois élections présidentielles avaient été organisées en 1996, 2001 et 2006, aboutissant à la victoire du parti au pouvoir et à l'élection du président Idriss DEBY ITNO. Quant aux élections législatives, elles ont abouti à la mise en place des Parlements en majorité MPS, mais regroupant aussi quelques représentants des partis politiques de l'Opposition, y compris ceux de la mouvance présidentielle.

Malgré la présence des Observateurs internationaux, ces élections ont été souvent contestées. Mais les vives tensions survenues se sont vite dissipées, du fait de la menace de répression brandie par le pouvoir, mais aussi à cause de l’incapacité notoire des leaders de l’Opposition politique à mobiliser les populations tchadiennes contre une éventuelle usurpation de l’expression de leur suffrage.

De même, plusieurs Gouvernements avaient été constitués et dissous, occasionnant parfois une valse d’entrées et de sorties des Ministres, dont certains sont expérimentés et rompus aux affaires alors que d’autres ne maîtrisent pas assez les questions politiques et de gestion de l'Etat. Leur nombre total aujourd’hui est aussi pléthorique que celui de nos Généraux et Officiers supérieurs, dont certains n’ont jamais effectué de simple visite à une École de Guerre. En fait, qu'est-ce que ces Messieurs ont-ils réalisé pour notre pays ? Quelle est donc la situation politique du Tchad actuel, treize ans après la Conférence Nationale Souveraine ?

D’abord, il faut noter que depuis l’arrivée du Président Idriss DEBY ITNO au Pouvoir, presque tous les leaders de l’Opposition et les Politico-militaires, avaient participé à la gestion du pays, soit par eux-mêmes, soit par leurs représentants au Gouvernement. C’est lorsqu’ils sont remerciés ou parfois éjectés comme des ballons, qu’ils commencent à diaboliser le Pouvoir et nous rappeler leurs propres et tristes défaillances. Certains cessent de claironner, dès qu’ils reçoivent des subsides financiers occultes ou de simples promesses de poste au Gouvernement ou dans des Conseils d’Administration des Entreprises et Sociétés d’Etat. D’autres, le Pouvoir les a laissé engloutis dans leur opposition radicale, alors ils crient au scandale et réclament des Tables rondes pour espérer revenir encore aux affaires.

Au Tchad, la gestion de l’Administration du pays est souvent confisquée par les Hommes du pouvoir, un cercle de nomenklatura très restreint échappant même aux membres du Gouvernement. Parfois et selon les circonstances, elle est partagée de temps à autre, entre les uns et les autres, partisans et adversaires du régime. En fait, il n’y a que le Pouvoir qui souffle le chaud et le froid sur l’Opposition politique ou sur les Politico-militaires. Au-delà de leur agitation et tapage, les gouvernants tout comme les Opposants ne défendent que leurs intérêts personnels. Ainsi, les populations tchadiennes subissent et le pays en pâtit.
Alors, quelle que soit la volonté et le talent de nos leaders politiques au pouvoir ou de l’Opposition, l’important pour les populations, c’est la paix et la stabilité. Cela pourrait peut-être encourager les opérateurs économiques nationaux et étrangers à investir sereinement dans le pays. Mais faut-il encore que nos gouvernants veillent au respect des lois et règlements pouvant garantir les droits et obligations de chacun. 

Malheureusement tel n’est pas le cas et c’est dommage…De plus, le tribalisme et le régionalisme voilés sous le couvert de la géopolitique et liés au clientélisme partisan, étaient érigé implicitement en méthode de gouvernance. Cette stratégie qui permet en fait de récompenser certains parents et amis, avait conduit à l'exclusion systématique et injuste d'autres Hommes et Femmes de grande valeur, plongés dans l’anonymat
Est-il normal que dans un Etat dit républicain, tous les Régies et Services financiers soient attribués systématiquement aux originaires d’un ou deux groupes ethniques, apparentés au sommet du Pouvoir ? Il en est de même dans l’Armée, la Gendarmerie et autres Services de Défense nationale ou encore dans certaines Sociétés d’Etat et des Missions diplomatiques.
L’exception ou du moins l’ouverture temporaire opérée récemment, n’est que la conséquence des dernières défections des parents du Chef de l’Etat, partis en rébellion armée, après avoir longtemps opprimé les populations, abusée du pouvoir et des fonds de l’Etat. Si le Tchad était un Royaume, cela se comprendrait. Et même dans les systèmes monarchiques, le pouvoir est largement partagé pour encourager l’adhésion de toutes les couches sociales de la population, afin de préserver au moins l’idée d’une certaine nation commune. La pauvreté quotidienne et la misère sociale dans le pays avaient transformé certains de nos dirigeants qui refusent d’appliquer les principes élémentaires d'un véritable Etat de Droit, pouvant régir tous les citoyens tchadiens sans aucune discrimination.

Lors des Déclarations générales à la C.N.S. en 1993, un des éminents intervenants avait souligné que «le Tchad est pris en otage depuis 1979 par certains groupes». Ce réel constat difficile à accepter, avait suscité des vives réactions diverses, à la fois positives et négatives. Mais aujourd’hui encore, cette déclaration reste actuelle et valable, tant pour nos gouvernants au pouvoir, que pour ceux de l’Opposition armée. Ce sont les mêmes groupes qui gouvernent le pays et le gèrent souvent de manière sectaire. Et ce sont toujours les mêmes qui se rebellent indéfiniment, tentent de déstabiliser à la fois le pays et son Opposition armée. Jusqu'à quand pourrait-on continuer à tolérer de telles pratiques ? En effet, d'autres déclarations plus sévères avaient été faites, mais cela n'a pas altéré la volonté des participants à la C.N.S. et des Tchadiens en général, de rester et vivre ensemble dans un Etat unitaire et laïque, fondé sur les principes de Droit.

La C.N.S. qui est aujourd’hui classée au calendre grec, avait été réclamée et suivie avec beaucoup d'intérêt. Bien que ses résultats n’aient pas été à la hauteur des attentes de nos concitoyens, l'ensemble des participants avait opté pour restaurer des Institutions légales, qui vont assurer la régulation des Organes d'un Etat tchadien de type républicain. Ce choix confirme certes le rejet de la prise ou du maintien du pouvoir par la force. C'est aussi en fait, la volonté du consensus national en vue de maintenir la paix et la stabilité dans notre pays. Alors, est-ce que nos dirigeants et leaders politiques ont-ils pu préserver cet acquis essentiel ?

Aujourd'hui, treize ans après la C.N.S., les affrontements armés existent et continuent de manière sporadique. Nos leaders politiques au pouvoir ou de l'Opposition armée, persistent à lutter par la force, soit pour conserver ce pouvoir, soit pour tenter de le prendre. Les principales Institutions étatiques sont mises en place, mais leur fonctionnement laisse à désirer, faute de la capacité des Hommes qui la dirigent ou des interférences intempestives de nos gouvernants. La C.E.N.I, le Conseil Constitutionnel, le H.C.C, la Cour Suprême, etc. constituent des grosses machines qui sont plus au service du Pouvoir que des citoyens. Les Partis politiques, les Associations de la Société civile, tout comme les Mouvements de lutte armée se sont multipliés de manière anarchique. Leur nombre exact est difficile à évaluer et ils n’ont aucune stratégie d’encadrement des populations. Et le Tchad reste plongé dans la recherche de la paix et de sa stabilité.
S'agissant des élites et cadres de l'Administration publique, qui doivent répondre aux sollicitations des citoyens et assurer la pérennité de l'Etat, beaucoup sont plongés dans la course de réussite facile et dans la corruption généralisée, oubliant parfois de préserver leur dignité, honneur et intégrité.

Quant aux membres des Gouvernements, chefs de nos Administrations, il y a certes, une petite minorité qui tente difficilement de sauver l’honneur de la Nation. D’autres utilisent des intrigues pour faire semblant de travailler ou impressionner le Chef de l'Etat. Au lieu de s’atteler au travail pour mériter leur éphémère position, ils ne s’investissent que pour faire obstruction à certains de leurs collaborateurs qui ont des compétences et références sérieuses. Par des subterfuges ridicules, ils les empêchent souvent de participer à la gestion des grands dossiers de l'Etat. A quand cela pourrait-il continuer ?

En faisant fi des conseils techniques de leurs collaborateurs, certains de nos Ministres persistent dans l’erreur et posent des actes qui portent atteinte aux intérêts du Tchad. La gestion de notre Administration et du pays en général, se fait au jour le jour, selon leurs humeurs sensibles et leurs intérêts personnels. Les exemples sont multiples et connus de tous. La négociation du Contrat d’Exploitation du Projet pétrolier de Doba en est un. Et, «les exonérations abusives attribuées aux Compagnies pétrolières par des simples notes ministérielles» méritent une méditation profonde. Heureusement que le Chef de l’Etat s’est enfin réveillé pour tenter de mettre un peu de l’Ordre. Si cette vigilance pourrait s’étendre sans complaisance, à tous les secteurs de l’Etat, ça serait un déclic honorable pour le Tchad.

L’une des malheureuses conséquences inévitables de cette situation est que des remaniements ministériels se succèdent, créant ainsi une instabilité gouvernementale chronique et un nomadisme abusif des responsables et chefs des services. Cela entrave certes le suivi et l’évaluation des dossiers importants de l’Etat et surtout sa défense vis-à-vis des partenaires extérieurs et pays amis. Lors de notre récent contentieux avec la Banque Mondiale, certains de nos gouvernants s’étaient brillamment distingués par un mutisme absolu. Dans l’Opposition politique et au sein de la Société civile, certaines personnes passionnées avaient même dénoncé la position du Tchad et soutenus celle de la Banque Mondiale. En tant que personnalité indépendante, nous avons dit NON et dénoncé clairement la mainmise de la Banque Mondiale sur notre pays et sur ses revenus. L’inévitable question est que:Où étaient donc passés les défenseurs des intérêts et de la souveraineté de notre pays à cette période cruciale? Le Dossier Pétrole du Tchad est encore d’actualité et le débat reste ouvert, car chacun aura son mot à dire…

Plongé ainsi de facto dans cette lutte d’intérêts entre ses collaborateurs politiques, et préoccupé surtout par la stabilité de son régime, le Chef de l’Etat qui devrait être le garant de nos Institutions, est souvent lui-même débordé. Certains de ses Ministres l’amènent parfois à prendre des Actes sans évaluer les conséquences et risques qui pourraient porter atteinte à son pouvoir et entraver la crédibilité du pays.

Quant à ses Conseillers et Chargés de mission dont le nombre s’accroît en fonction des événements et du contexte politique, certains n’existent que par leur présence symbolique au Palais rose. Quant aux autres qui assument correctement leur fonction, leurs efforts sont anéantis par la nonchalance de ceux qui préfèrent la figuration politique. Quel travail sérieux pourrait-on faire, dans un tel encombrement du Haut Sommet de l’Etat, par des gens qui ne font pratiquement rien, alors que des compétences nationales sérieuses sont ignorées ou exclus. Ce paradoxe n’encouragerait-il pas certains à recourir à la lutte armée pour tenter de prendre le pouvoir par la force ?

Le Tchad n'est pas une propriété de quiconque et ne le sera jamais. Le silence et la patience de certains ne les empêchent pas de recourir aussi à la lutte armée pour défendre leurs droits. Les révoltes populaires de Fort Lamy en 1963 et de MANGALME en 1965, sont anciennes mais restent toujours une référence de réaction contre l’injustice et la discrimination.

L'histoire contemporaine du Tchad nous a montré que la rébellion armée pouvait perdre des batailles, mais pas la guerre. Elle pourra accéder au pouvoir, soit par la force, soit par des négociations politiques. Les anciens présidents TOMBALBAYE, MALLOUM, GOUKOUNI et HABRE ont tous combattu la rébellion armée, parfois avec l’appui des Forces étrangères, sans pouvoir l’éradiquer définitivement. Le président DEBY ITNO n’a pas intérêt aujourd’hui à suivre leur exemple, car le Tchad est un pays fragile et tout peut se passer. Par contre, la lutte armée depuis le FROLINAT en 1966, en passant par les Tendances Politico-militaires des années 1980 et les multiples Fronts actuels, n’a jamais servi d’alternative crédible de stabilité politique au Tchad. Alors, le dialogue politique est donc toujours nécessaire.

Certaines personnes s’arrogent naïvement la capacité ou la qualité de guerriers et rejettent toute culture de tolérance et de paix. Aussi, à l’ère du millenium, des méthodes ancestrales révolues ne pourront jamais permettre de gouverner un Etat moderne. La prise de pouvoir par la force relève des pratiques anciennes du Moyen Age. Mais excédés de fois par des méthodes de gouvernance dans notre pays, certains patriotes sont de plus en plus favorables pour une réelle lutte armée, en vue d’une alternance au pouvoir. Les gouvernants actuels semblent les ignorer et les rejeter, même si la Communauté internationale nous encourage de dialoguer et de trouver un consensus global. Pourquoi alors nos dirigeants au pouvoir ou de l'Opposition ne tirent pas les leçons utiles de notre passé récent ?

Pour les Opposants politiques et les politico-militaires, c’est le président DEBY ITNO qui serait l’obstacle principal de la paix au Tchad. Certains lui reprochent son incapacité de bien gérer le pays et d’autres son refus de mettre en place un Etat, fondé sur les principes de démocratie et du respect des Droits de l’Homme. Mais tous l’accusent de rejeter les offres de négociation globale et de persister à maintenir le Tchad dans les conflits armés.

Pour le Pouvoir de N’Djamena, le dialogue politique est important et il reste disposé à l’entreprendre avec ceux qui veulent la paix. Mais vu le nombre pléthorique de ces Opposants politiques et politico-militaires, comment et surtout avec qui négocier ? Néanmoins, il préfère se concerter avec l’Opposition politique de l’intérieur et non pas avec ceux qui ont opté pour la lutte armée.

Et même dans ce cas, aucun effort substantiel ne semble avoir été fait pour aller vers un consensus sérieux avec l’Opposition pacifique de l’intérieur. Le Pouvoir a préféré composer surtout avec les formations politiques qui ont accompagné le président DEBY ITNO à briguer encore un autre mandat. Ainsi, avec l’exclusion systématique des politico-militaires et le contournement de l’Opposition dite radicale, il n’y a pas en fait un réel consensus pouvant aboutir à la paix et à la stabilité dans le pays.

Les négociations, quelles que soient leur nature, politique, économique ou sociale, dépendent toujours des enjeux et des rapports de force. Et pour dialoguer ou négocier, faut-il encore avoir en face de soi, des adversaires et partenaires organisés, crédibles et capables de s’engager à prendre des décisions et de respecter leur application.

Politiques ou politico-militaires, la situation des Opposants tchadiens avec leurs structures multiples, reste confuse et délicate. Au lieu de se concerter pour avoir une stratégie de lutte commune, ils perdent le temps dans des querelles de leadership ou de Commandement de leurs troupes. La réalité est que, tous traînent avec eux, comme nos dirigeants au pouvoir, des germes sensibles du tribalisme. Leurs visions et intérêts divergent, tout comme leur expérience politique. Sont-ils réellement engagés ou décidés à changer la situation politique au Tchad ou veulent-ils simplement préserver leurs intérêts occultes en divertissant nos populations ? En fait, comment se présentent-ils ?

Certains leaders, anciens et expérimentés, ont une maturité politique réelle et conséquente. Souvent, ils tentent mais n’arrivent pas à rassembler tout le monde, compte tenu de leurs interminables calculs ou de leur passé parfois compromettant. D’autres, n’ayant pas de qualification déterminée, auraient amorcé brièvement la vie active, sans avoir assez d’expérience professionnelle, ni politique. Enfin, il y a aussi, des amateurs qui étaient en général des anciens étudiants ou combattants. N’ayant jamais exercé dans la vie active, ils sont plongés ou laissés entraîner dans l’Opposition, sans aucune expérience politique, ni militaire.

En plus de l’expérience politique, un Opposant crédible doit avoir une assise sociale ou populaire, mais aussi une capacité financière qui lui permettrait de bien mener ses actions. À cela, il faut y ajouter des contacts politiques dans la Communauté internationale, qui pourrait jouer le rôle de médiation et de conciliation ou encore d’Observateur en vue de l’application et du suivi des éventuels Accords de paix à signer.

Ces critères font souvent défaut chez beaucoup d’Opposants tchadiens et cela entache leur crédibilité. Désorganisés ou pas dans leur méthode de travail, ils parviennent rarement et difficilement à adopter une stratégie commune de lutte contre le Pouvoir. Faisant des alliances et contre alliances, ils restent méfiants et isolés les uns des autres. Marginalisés et négligés, le Pouvoir ne leur accorde parfois pas de grande considération. Mais depuis le 13 Avril 2006, où des rebelles armés des roquettes sont entrés dans la capitale, nos gouvernants à N’Djamena ont compris que la menace de l’Opposition politico-militaire est réelle et pourrait un jour faire basculer le régime.    
Mais en réalité, le vrai combat à mener est plutôt celui du développement économique et social. Notre pays recèle des potentialités réelles et suffisantes pour tous. Malheureusement, notre administration complètement dénaturé et dévalorisé, ne couvre pas l'ensemble du territoire national. Notre Armée et nos Forces de Sécurité ne regroupent pas des éléments suffisants en nombre et bien formés pour protéger nos populations. Pourquoi, ne devons-nous pas utiliser correctement et à bon escient, nos ressources humaines et financières ? Il est temps de mettre fin à nos interminables conflits et ne pas donner l’occasion à d'autres de s'immiscer dans nos affaires intérieures et surtout de déstabiliser notre pays ?

L'invulnérabilité du Tchad, exige que nos leaders politiques pensent enfin à une réelle alternative de négociations sérieuses et non à des simples alliances ou ralliements de façade, soit avec le Pouvoir, soit entre les factions et Mouvements politico-militaires. Cela permettrait aux uns et aux autres de préparer ensemble leur participation à la gouvernance du pays. La maturité politique n’est-elle pas aussi la capacité d’analyser objectivement des situations incontournables et d’envisager courageusement des solutions réalistes avec son adversaire d’aujourd’hui qui pourrait être le partenaire de demain ?

Les affrontements et la lutte armée n’ont jamais abouti à de solution définitive aux conflits du Tchad. Le maintien d'un pouvoir politique par la force poussera inévitablement d'autres à tenter de le renverser aussi par la force. Il ne sert donc à rien de tenter d'éteindre le feu par le feu. En fait, c'est le pays qui se consume et s’enfonce d’avantage. Et nos populations continuent à souffrir des cycles de violence, des destructions de nos infrastructures et des disparitions absurdes de nos élites politiques et militaires.

Comment peut-on espérer un jour restaurer la paix et la stabilité politique du Tchad, si on se refuse de dialoguer ou de se parler franchement ? Comment pourrait-on assurer le développement économique et social de notre pays, si certains de nos frères et sœurs, civils ou militaires, sont exclus de la gestion des affaires de l'Etat ? 

L'intérêt national est toujours au-dessus des prétentions et calculs politiques personnels. Il n'est donc jamais trop tard, pour observer attentivement nos réalités et de prendre des décisions historiques, qui pourront sauver des vies humaines et restaurer la paix et la sécurité pour tous. 

Hassane Mayo-Abakaka

L’homme est par essence un animal politique disait Aristote. Il est impliqué d’une manière ou d’une autre dans le système politique de son pays. Vu qu’il ne peut en aucun cas se soustraire de la vie politique de son pays il subit directement ou indirectement ses conséquences.

Mais posons-nous la question quels sont les impacts de ce conflit qui a perpétué tant de massacres dans notre pays ?

Le conflit fratricide qui mine le Tchad depuis 1965 a entraîné une distorsion entre la théorie et la pratique politique. Partant de ce conflit, la politique est devenue au Tchad l’instance suprême du déploiement de la violence, de la genèse, d’une crise sociale presque institionnalisée. Cela a complétement faussé la base de cette activité. L’aversion de certains acteurs politiques à l’égard des autres fait que les activités politiques ne sont pas destinées aux ayant droits mais à des élites claniques tribales, régionales, ou militaires qui ne ménagent aucun effort pour la destruction de l’autre. C’est pourquoi depuis 1960 tous nos gouvernements ont échoué dans leur mission. Il semble que le sens même de détenteur de pouvoir  échappe à nos dirigeants. Pour tous nos gouvernements, la détention du pouvoir ou d’une fraction du pouvoir signifie: l’enrichessement et la liberté d’en jouir, le plaisir de commander et de se faire obéir sans retenue. Le pouvoir devient le moyen de tuer ou de tirer vengeance. Le pouvoir est aussi un patrimoine pour certains. Les crières de nomination à des postes de responsabilités sont souvent: le clientélisme, le tribalisme, et le militantisme de base. Cela fait que l’administration publique devient de plus en plus une médiocrité où règnent l’incompétence, l’irresponsabilité et le népotisme. Bien que toutes activités politiques se traduisent par une lutte pour le pouvoir, les hommes politiques tchadiens ont à l’idée: qu’en matière de lutte politique, ” c’est la fin qui justifie les moyens ” et ” tous les moyens sont bons pourvu qu’ils soient efficaces .”
Beaucoup ne savent pas que la fin de toute activité politique est la dignité de l’homme et, les moyens qu’ils utilisent, sont des entorses qu’ils donnent à la cohésion sociale en dressant les tchadiens les uns contre les autres par la manipulation de la population. Dans un pays comme le Tchad, les manipulations politiques sont suicidaires. Il n’est pas bon que les mensonges, les tricheries, les fourberies et les réprimandes sont souvent l’arme du politique pour le regime. Tout cela, peut se comprendre du simple fait qu’il n’y a jamais eu une élite politique préparée pour gouverner notre pays le Tchad. Mise à part le premier président Tombalbaye qui a accédé au pouvoir par la voie des urnes ( semi-démocratie ), tous les autres chefs d’Etat et leur suite se sont imposés au peuple tchadien par les armes. Or dès qu’une ethnie ou une élite prend  en otage un pays par les armes, l’hégémonie s’installe, les biens sociaux commencent par circulent de manière irrégulière. Des soulèvements s’ensuivent. La violence devient le moyen de communication de l’élite au pouvoir pour la protection des ses acquis. Alors on débouche sur des drames. C’est pourquoi, la souffrance du peuple tchadien dans cet imbroglio des hommes politiques reste une constance dans le temps. Vu les manoeuvres, les blessures morales et physiques que se donnent ces politiciens, la politique devient de plus en plus une des activités immorales et les plus cruelles au Tchad. De tout temps, les rêves des dirigeants comme nous l’avons décrit n’ont été de tuer des intellectuels ou des innocents gênant par l’intermédiaire d’une police politique qui utilise des méthodes et des moyens que la morale sociale désapprouve. Alors, des technocrates, pour leur survie sont obligés de céder la place à une élite des politiciens immatures. Ces politiciens et ces guérilleros perétuent des répressions de plus en plus sauvage qui endeuillent le pays et ce faisant affaiblit les forces du progrès. Cette pratique politique aberrante comprime le peuple tchadien dans les méandres d’une misère physique, morale, matérielle et surtout intellectuelle de plus en plus révoltante. C’est pourquoi désormais, le devenir politique du Tchad dépend de ce climat de révolte. Cependant, on ne peut construire un pays par les armes. Le  comportement perfide de ces politiciens et la loi de la jungle qui règnent sur la scène politique ont perpétué depuis 1960 à ce jour une ”politicaillerie” notoire au Tchad.
La masse populaire, lasse des duperies, des spoliations et surtout de la versatilité incurable de ces politiciens se désintérressent davantage des affaires publiques tchadiennes est toujours trouble, la France a transformé en maintenant parallèlement au pouvoir central une rébellion qui peut à tout moment renverser la situation si le pouvoir central ne défend pas ses intérêts.
Avec les quarante ans de domination du monopartisme au Tchad, les acteurs politiques ont actuellement assez de problèmes pour mener à bien le jeu politique dans le contexte de véritable multipartisme pour diriger ce grand pays.  Certains partis politiques ne ressembles qu’à de simple clubs électoraux et les autres sont souvent au palais pour critiquer l’autre.

I – Sur le plan économie:
Sur le plan économique, l´échec du politique a eu aussi de répercussions sur l’économie du Tchad. Mise à part la gabegie et l’ostracisme intitionnalisés, partant de ce conflit, les dirigeants du Tchad ont eu du mal à comprendre que l’Etat est une continuité en ce qui concerne les projets de développement. Souvent, il est remarqué que: dès qu’il y a changement de régime, presque tous les projets en cours s’arrêrent. Ensuite, une bonne partie de financement ou de revenus de ces projets disparaît. Enfin, tout ce qui arrive dans les prochains jours change de direction s’il n’est pas destiné à la région privilégiée par le régime ou a du mal à s’implanter puisqu’il ne profite pas aux siens. Sans pré-enquête, ou étude du milieu des projets et usines ont détournés de région destinées pour certaines régions privilégiées par le régime. Aujourd’hui, nous assistons à la faillite de tous ces projets et usines. La conséquence directe de cette manière de faire est que l’argent qu’on a mal investi dans le développement économique du pays coûte à la communauté nationale une sévère régression. De plus, depuis 1975, les changements de régimes se font toujours par les armes donc par la violence. Chaque changement détruit une bonne partie du potentiel économique. Par ce fait les bailleurs de fonds ont peur d’investir au Tchad et même les nationaux préferent investir à étranger que dans leur propre pays.
En somme, cette situation de guerre qu’a connu le Tchad, a été négatrice de son essor économique.
Beaucoup de projets de développement ont été détournés de leur but. Elle a réduit considérablement le nombre des travailleurs au Tchad et a généralisé l’incompétence et la médiocrité dans l’administration publique. Cette guerre a aussi détruit les richesses et les moyens de production de ces richesses ou a longtemps bloqué ou empêché exploitation de sa richesse naturelle.

2- Sur le plan culturel:
Sur le plan culturel, ce conflit armé qui a conduit collectivement les tchadiens à des massacres ignoble a eu des répercussions néfastes sur le plan culturel. La guerre de 1979 s’est préparée lentement et longuement car les rebelles ont mis au moins treize ans au maquis avant d’arriver au pouvoir. Dans la masse paysanne de la zone par exemple septentrionale il s’est développé à partir de 1965 une culture de violence qui a atteint son paroxysme en 1975 avant de dégénérer en 1979. Depuis cette date, la population tchadienne est dominée par une culture de violence. Cette situation de trouble qui a très tôt poussé la population du nord à s’attacher aux pays arabes fait que celle-ci est dominée par la culture arabe alors que celle du sud est imprégnée de la culture franco-chrétienne.

3- Sur le plan intellectuel:
Sur le plan intellectuel, ce manque de nationalisme et l’aversion de certains commis de l’administration à l’égard de la masse juvénile ont fait plusieurs bourses d’études ont été gêlées. Leur mauvaise volonté de ne jamais se faire suppléer par une élite bien instruite a été très tôt affichée. C’est pourquoi les structure de formation des jeunes n’ont pas été développées et les quelques rares qu’on a pu instaurer sur le territoire sont laissée-pour-compte et connaissent en ce moment d’énorme difficultés. Par exemple l’université du Tchad actuelle université de N’Djaména a été créée qu’en 1971. Les anciens bâtiments de l’institut des sciences humaines qui ont abrité ce haut lieu de savoir font aujourd’hui une grande honte au pays et surtout à la jeunesse tchadienne, qui ont découvert les autres universités dans le reste du monde. Conçus pour mille place à l’époque, les infrastructure sont aujourd’hui dépassées. A l’instar des autres universités créées à la même époque que celle du Tchad qui accueillent aujourd’hui plus de treize mille étudiants et forment jusqu’au troisième cycle, celle du Tchad n’accueille que quatre mille étudiants et ne forme jusqu’en licence et maîtrise.
Comment expliquer cette situation à la jeunesse tchadienne ?
Depuis 1971, n'accède à l'université du Tchad ( actuelle université de N'Djamena) que des bacheliers des parents pauvres. Car les bourses d'études à l'étranger sont disponibles pour les  bacheliers privilégiés par le régime. La masse estudiantine est aussi à dominante sudiste à l'époque. En octobre 1979 la première tranche de financement de la construction de l'université du Tchad aurait été bouclé. Parvenue à N'Djamena sous le fameux GUNT, cette somme a été dilapidée. parce que la construction d'une université francophone avantagerait que les sudiste. Depuis lors on ne parle même plus de la nouvelle construction d'une université au Tchad. Actuellement l'accès à cette université est devenu très sélectif y compris dans les instituts.
Avec le repli de chacun dans sa zone, certaines régions du nord ont été défavorisées dans le domaine de l'éducation en langue française. Pour pallier ce manque du personnel enseignant, les instruits en arabe ont été obligés de dispenser des cours en arabe. Ainsi il s'est encore accentué le dévoloppement des écoles coraniques par conséquent de la culture arabophone. Au sud, des écoles francophones laïques se sont proliférées. Ainsi, deux tendances culturelles à vision hégémonistes se disputent âprement le terrain au Tchad. C'est pourquoi en ce moment on a des difficultés pour parvenir à un mixage culturel. Or, la possibilité d’une vie sociale pacifique résulte d’une acculturation réussie. Voilà également l’un des facteur qui exacerbe ce conflit car l’homme se comporte tout à fait naturellement souvent selon sa culture.

4- Sur le plan Morale:
Sur le plan morale, le Tchad a connu deux phases de développement moral: la morale de paix ( 1960-1965 ). Bien que la cohésion sociale ne fut jamais parvenu à un degré satisfaisant, la population tchadienne ignorait la guerre pendant cette époque.
Ensuite, de 1966 à nos jours il s’est développé une morale de guerre qui, aujourd’hui fait des ravages parmi les populations civiles du simple fait que ”quand une société entre en guerre, elle change de code moral”. Ce changement n’est pas sans conséquences. La situation de guerre que le Tchad a connu dès 1965 a laissé des conséquences morales telles que, l’abandon d’un code moral de paix au profit de celui de la guerre fondé sur une solidarité de violence. Par exemple en 1979, les relations de confiance, d’amitié, de voisinage ou de toute autre affinité sociale ont été systématiquement brisées par des assassinats dans certaines régions. Les débridement sont devenus une sorte de distraction collective chez certains peuples. ”On est passé du sentiment de haine à un délire hallucinatoire de perpécusion. Or ” un homme qui abuse de son prochain se place dans un état de perpétuelle inquiétude et de malaise général. Il se comporte sans se rendre compte comme un accusé et est constamment en position d’attaquer”. C’est pourquoi les crimes sont devenus des choses banales pendant et après la guerre. De ce fait, certains citoyens qui ont vécu ces atrocités ou qui ont été des tortionnaires ont actuellement du mal à s’insérer dans la société correctement comme il le faut. Ce qui, dans cette situation afflige est que: ce sont des jeunes enfants volontairement ou par la force des choses dans l’armée ont été constamment drogués. Les démobilisés actuellement de l’armée, ceux-ci sont devenus un danger public.
En poussant les paisibles citoyens à ces massacres irreversibles, les hommes politiques ont contribué à saboter pour longtemps tout espoir de coexistence nationale et à détruire l’âme de certains citoyens ou leur avenir. D’autres qui, après ces événement douloureux de 1979,1980,1982,1990 et jusqu’aujourd’hui ont pris le chemin de l’exil sont devenus des exilés perpétuels partout à travers le monde.
A l’instar d’Auguste Comte qui compare l’organisme social à l’organisme humain, il parait évident que ce conflit a complétement saboté la personnalité morale de  l’Etat tchadien en construction, car Jean Piaget qui a étudié la psychologie de l’enfant nous fait comprendre qu’il y a des étapes très importants dans la vie de l’enfant qu’il ne faut jamais perturber à savoir la vie: la vie utérine de l’enfant, l’âge de trois ans qui correspond à la crise d’opposition, l’âge de onze à treize ans chez la fille, treize à quinze ans chez le garçon qui est l’âge du narcissisme, et enfin l’âge de six sept à dix neuf qui est celui de la crise d’originalité juvénile. Or, tous ces moments importants de la vie de l’Etat tchadien ont été secoués par des crises de guerre. C’est pourquoi la population tchadienne devient de plus en plus violente, violence imposée par une élite qui a imposé sa morale clanique à toute la population tchadienne. Or, la morale qui est une des composantes de toute société. Elle se révèle comme la force vitale de l’organisation sociale.

5- Sur le plan Psychosocial:
Conséquences sur le plan psychosociales, depuis 1965, les chroniqueurs se sont simplement contentés d’évaluer les dégâts humains et matériels de ce conflit. Nul jusqu’ici ne s’est  préoccupé de ses conséquences psychosociales. Ce n’est pas un secret, notons que de 1965 à 1979, homme sudiste est perçu en milieu septentrional comme un conquérant. Les propagandes anti-sudistes du FROLINAT, n’ont fait que dresser les citoyens contre les autorités centrales.
La faiblesse de la représentativité de l’Etat au nord a occasionnée l’attachement de certaines régions soit à la Libye soit au Soudan soit au Nigeria comme le témoigne d’ailleurs, beaucoup de documents. C’est pourquoi, aujourd’hui on traite d’”étrangers” certains tchadiens parce qu’ils ont été instruits en arabe ou en anglais. Pendant la période rébellion au nord une partie des hommes était occupés au maquis. Cetains enfants ont reçu une éducation mono-parentale. D’autres ont été élevés en milieu extra-familial. Quelques autres ont assisté à des drames (incendie des villages, fusillade des parents, exposition des corps des rebelles tués au village ou dans le quartier d’une ville ont appris aussi que leurs parents seraient tués au maquis par des sudistes ou par des nordistes.
Alors ces enfants nés dans la guerre ont grandi dans un climat de frustration, de haine ou de violence. Comment s’étonner aujourd’hui de la violence ou de la revanche de cette génération une fois parvenue à conquérir ce pouvoir qui les a tant réprimé?

Avec la désagrégation de l’armée nationale et les recrutements anarchiques des soldats par des protagonistes tous les cambrioleurs des grandes villes sont devenus des combattants. Ayant raté leur éducation de base et n’ayant reçu aucune formation militaire, cette catégorie qui est venue renforcer la première n’a ni de respect pour les personnes âgées, ni de sentiments pour autrui, ni de crainte pour ce qui appartient à l’Etat. L’Etat c’est d’abord eux parce qu’ils ont combattu ou parce qu’ils ont vaincu l’autre. Donc, il faut le traiter comme tels. C’est pourquoi au lendemain de la guerre civile, une dictature de fer s’est instaurée sur la population tchadienne. Elle a complétement broyé tous les germes d’une cohésion sociale par une politique austère à l’égard de certaines ethnies dans le pays.
Dans les campagnes, la belle époque ou l’éleveur gardait ses effets chez l’agriculteur et celui-ci lui confiait aussi son bétail est révolue.
Dans l’administration publique, des bras valides, enrôlés dans l’armée causent en ce moment assez de problèmes. Pendant la guerre ils ont été de tout temps drogués. Dans les grandes villes, la méfiance des uns à l’égard des autres tient la population en haleine. Cette méfiance amène les agents au niveau des services et les élèves et étudiants au sein des établissement à se regrouper par affinité régionale ou confessionnelle.
Partant de ce conflit qui pousse les leaders à conquérir le pouvoir par les armes, on parle des régimes politiques au Tchad en terme d’ethnie. Ainsi chaque groupe ethnique qui parvient au pouvoir se croit supérieure aux autres et tent d’établir sa domination par la violence. C’est pourquoi, actuellement, beaucoup de tchadiens ne sont pas fiers les uns des autres.

En somme, cette guerre a fait assez de dégâts sur le plan psychosocial. Beaucoup des leaders ne se rendent pas compte que le rétablissement de ces dégâts psychosiaux accasionnés par la guerre est aussi une bataille que l’Etat  doit nécessairement remporter. Car 40 ans après cette jacquerie, les gouvernements ont à gérer la vie d’une génération née dans la guerre, grandi dans la guerre donc habituée à la violence.
Cette triste réalité qui a amené les tchadiens à utiliser toutes les tactiques les plus inhumaines peut nous amener à penser à l’impossibilité de solutions à ce conflit et nous laisser gagner par le désespoir. Mais tout désespoir doit-être écarté car l’oblitération d’un conflit fratricide est une simple question d’organisation politique intelligente entre les acteurs sociaux et surtout de la bonne volonté des détenteurs du pouvoir. Même si nul ne peut prétendre solutionner une fois pour toute ce conflit, nous envisageons trois catégories de solutions à savoir:

-     solution d’ordre purement politique et morale;

-     solution d’ordre administratif;

-     et enfin solution d’ordre socio-économique.

Hier comme aujourd’hui, toujours les violations des droits de l’homme et la terreur comme méthodes de gestion de l’Etat tchadien.
Les auteurs de toutes les exactions commises sont, dans leur grande majorité des cas connus ou susceptibles d’être identifiés grâces aux nombreux indices fournis par les victimes, les parents des victimes ou des témoins; mais, ils continuent de jouir d’une totale impunité.

Ou va le Tchad au 21ème siècle ?
Le Tchad ! Encore le Tchad ! Toujours le Tchad !

Gaya – Ple Seïd

Le Général de corps d’armée et Président de la République, Chef de l’Etat, Chef suprême des armées IDI, vient d’annoncer officiellement l’ouverture politique. Des rencontres sont quotidiennement organisées avec les partis politiques, les sociétés civiles, les forces religieuses et le secteur privé. Personne, pour le moment, n’a dit non ! à cette initiative du président. C’est que deux facteurs principaux pourraient expliquer cette attitude conciliante des acteurs publics. D’une part, la psychose des derniers affrontements intercommunautaires à l’Est et inter fractions armées à Abéché et Biltine et leurs cortèges de pillage et de destructions massives, probabilité qui inquiète les N’Djaménois. D’autre part, la visite éclair et significative du Premier Ministre français et sa déclaration de soutien sans ambages au régime en place face aux adversités. Autrement dit, au vu du travail efficace des mirages français en Centrafrique, il est clair que le grand chef de terre n’a pas donné sa bénédiction urbi et torbi pour les offensives militaires sur la capitale. Dans ces conditions, les acteurs tchadiens savent, par expérience que c’est l’heure de la récréation, des pourparlers. Personne n’a osé poser de préalable à la rencontre avec IDI, en supposant la patte blanche du chat hexagonal.

      Alors, les avant-goûts sont annoncés, avec beaucoup de mystère, par le stratège de Djambal Ngato. Rassemblement républicain face à l’agression extérieure soudanaise dont notre pays est l’objet. Décodage : si vous voulez participer à la gestion des affaires et de la manne pétrolière, oubliez vos velléités putschistes avouées ou déguisées et acceptez l’offre minima qui vous sera faite ! Les velléités putschistes, selon le pouvoir, ce seraient à la fois le soutien aux groupes rebelles et la proposition d’un dialogue inclusif qui devrait, de toutes les manières, aboutir au même résultat de révocation de la gouvernance actuelle. Par contre, hormis le fauteuil présidentiel – qui ne se partage pas – et ses appuis, le reste peu faire l’objet d’un partage équitable. C’est pourquoi l’ouverture politique actuelle (du moins jusqu’au moment où nous écrivons) pose comme base idéologique l’union sacrée contre l’agression extérieure soudanaise.
      Comment interpréter ce langage ? 1) Comme l’avait repris au compte de la France son Premier Ministre Mr De Villepin, l’ouverture concerne ceux qui sont pour la paix avec le général IDI (« les autorités légitimes ») ; les autres devraient méditer sur le sort des mécontents centrafricains ; 2) Peut-être que cette fois, le morceau à offrir pourrait être plus gros pour l’opposition légale « radicale », à savoir la Primature en sus de quelques portefeuilles ? Le mystère demeure sur l’ampleur de l’ouverture prônée par le général IDI.
      Reste des zones d’ombre que les jours à venir vont clarifier : jusqu’où le général IDI sera-t-il prêt à faire des concessions à la CPDC et au FAR de Yorongar par rapport à leurs mémorandums ? Si certains parmi ceux-là changeaient leur lecture des évènements et entraient dans le jeu, de nouveaux rapports de force s’établiront automatiquement entre les acteurs politiques tchadiens. Il n’est pas exclu que des chefs rebelles, ayant demandé le dialogue, se rapprochent par ce biais du pouvoir actuel. Il n’y aura pas trahison dans ce cas, dans leur entendement, d’autant qu’ils étaient pour la plupart des proches privilégiés dudit pouvoir. Chacun a une cagnotte propre à défendre à l’heure des pourparlers et il n’y a pas de cause commune irrévocable, après la désignation d’un ennemi commun, le pouvoir actuel. Dès lors qu’un groupe estimerait avoir eu gain de cause sur l’essentiel de ses revendications spécifiques (et souvent secrètes), il arrêtera la belligérance, n’en déplaise à ses alliés du moment. Nous l’avions vu avec une rébellion puissante du calibre du MDJT qui s’est démembrée et défend maintenant ses intérêts groupe après groupe (pour ne pas dire clan). Pour me contredire, il faudrait relire tous les articles de la presse tchadienne consacrés à cette rébellion à son apogée et faire la comparaison avec son état actuel : on constatera que les efforts d’habillage de la presse ont manifestement passé à côté de la vraie réalité. De même, la presse avait tendance à exprimer à la place des leaders politiques leurs avis et se trouvait souvent déçu par les revirements inattendus de ces derniers. Par contre, les leaders politiques étaient particulièrement absents et quasi-indifférents durant les épreuves que subirent les communicateurs engagés, en 2005, les ayant conduits en prison. Nos amis communicateurs et collaborateurs de presse s’étaient retrouvés bien seuls au prétoire et à défiler entre le palais de justice et la maison d’arrêt. A la seule exception notable et énigmatique du président du groupe « étoile bronze » qui s’asseyait toute la matinée à même le sol du prétoire, en soutien aux communicateurs, lui agent de propagande officiel du pouvoir en place ! Si seulement, en ces moments-là, les forces politiques s’étaient massivement mobilisées, la liberté d’opinion ne serait pas problématique à l’heure actuelle. Ne parlons même pas de l’isolement de nos camarades défenseurs des droits humains qui paient quotidiennement un prix lourd, surtout en province, pour leur audace ! (J’en profite pour féliciter les organisations tchadiennes qui viennent de sillonner les zones de massacres intercommunautaires, à la recherche de la vérité et d’une véritable sortie de crise et du cauchemar pour ces populations). Tous ces constats révoltent et font comprendre pourquoi la sincérité et la confiance sont devenues des denrées rares dans la vie publique. L’on devrait bien chercher à clarifier cette énigme avant de récidiver dans les mêmes erreurs ! Au moins pour que les écrits présents aient valeur de documents d’archives crédibles ?
      Ce sont ces probabilités et contradictions persistantes, entre autres, qui font douter de l’efficience d’un dialogue inclusif dans la cacophonie tchadienne. En l’absence d’une disponibilité sincère vérifiable de tous les acteurs à crever les vrais abcès, tactiquement la solution des coulisses arrangerait mieux les affaires de certains groupes. Pourquoi ? Parce que, plus on voudra entrer en profondeur dans l’autopsie du mal tchadien, plus on risquerait de reconstituer sur certains sujets les clivages habituels de la société tchadienne. Ce n’est pas tout le monde qui pourrait supporter les contrevérités historiques sans préparation préalable. Pour résister à la pression du rouleau compresseur de la vérité et de la justice (si les gens sont vraiment tous sincères et décidés à tourner la page sinistre), ceux qu’on présente aujourd’hui comme des ennemis jurés pourraient subitement retrouver leur solidarité d’antan. Cela, les partis politiques en sont-ils conscients ? Ou la naïveté et les calculs courts habituels ? Même certaines sociétés civiles n’auraient pas l’air de bien maîtriser la nature réelle de la belligérance entre les groupes armés (et populations en arrière-plan) qui faisaient partie de la même réalité de pouvoir. Car, jusqu’ici et ce depuis l’ancien régime, il n’y a jamais eu d’examen public transparent et concomitant des phénomènes de rébellion armée (réservé à des colloques restreints). On s’est toujours contenté de plaindre les effets fâcheux de l’existence de ce phénomène pour les populations et considérer que les accords de paix laconiques étaient des solutions, alors que ce n’étaient que des moyens indiqués ou non. Si les sociétés civiles se donnaient de la méthode dans leur approche du drame tchadien, sans avoir besoin absolument d’une table ronde inclusive, elles disposent d’assez d’éléments pour faire une autopsie efficace du cycle de la rébellion armée et proposer des thérapies durables et incontestables pour enrayer ce phénomène anachronique récurrent, au lieu de se contenter d’accompagner le phénomène et même inconsciemment le justifier. Cela rendrait alors possible et efficace un « vrai dialogue inclusif » tel que nous l’aurions tous souhaité, pour tourner la page, sans amuser la galerie, comme à la CNS en 1993 et après. La démarche du groupe des associations sur le terrain brûlant et brûlé de l’Est est un pas significatif à encourager.
      Pour que l’ouverture prônée par le président IDI soit une chance pour la paix et la réconciliation, il aurait fallu supprimer au moins la censure préalable restauré à la faveur de l’Etat d’urgence. En effet, s’il y a ce froid de réactions populaires, même de soutien dans les cercles proches du pouvoir, c’est que le bâillonnement de la presse est plutôt perçu comme un mauvais signe par les élites. La presse est actuellement la seule fenêtre à travers laquelle les divers courants sociaux s’expriment. Elle est donc plutôt un décompresseur de tensions et non le contraire. Les responsables gouvernementaux partisans d’une liberté d’expression verrouillée, comme au temps de la pensée unique, ne devraient pas se rattraper avec l’Etat d’urgence, après avoir vainement tenté de faire modifier la loi 029 sur le régime de la presse dans le mauvais sens. Ils privent ainsi le président IDI de la visibilité et de l’écoute nécessaire pour prendre les bonnes décisions. Ils offrent des occasions prolongées sur six mois aux chauffards à la tête des instituions sensibles de multiplier les gaffes, en confondant l’Etat d’urgence avec le retour de la pensée unique et du griotisme. Ils risqueraient de faire échouer la gestion de cette période exceptionnelle et surtout, de faire douter de la bonne volonté d’ouverture du président IDI. Il est vrai que le fait de prêter ses colonnes ou l’antenne à des acteurs opposés à la légalité actuelle pourrait être une maladresse dans un contexte explosif, par une presse nationale. Cependant, la sensibilisation et le dialogue direct avec les presses, en utilisant les canaux du HCC et de l’ODEMET, conjureraient mieux les excès possibles, sans affecter le pluralisme démocratique, au lieu de la censure préalable. Pour sa part, la presse privée devrait aussi comprendre que les acteurs publics ne sont ni mineurs ni handicapés pour que les journalistes signent et paient tout le temps à leur place. Partis politiques ou rébellions armées, ces gens ont beaucoup de possibilités pour exprimer et défendre eux-mêmes leurs idées et suggestions (s’ils en ont). Si l’on voudrait une démocratie saine, inclusive de tous, respectueuse de la dignité et de la particularité de chacun et portée vers la construction de la paix et de la réconciliation, ces remarques ne sont pas à négliger. Sinon, en croyant beaucoup faire pour certains et en ne faisant rien pour d’autres, le résultat sera le même : du surplace et la chute dans le chaos !
      Enfin, pour conclure notre commentaire marginal habituel, nous disons qu’il y a deux catégories d’oppositions contre IDI. En réalité, non pas la classification par genre (rebelles et partis politiques + certains acteurs assimilés) mais par objectifs : d’une part ceux qui sont prêts à limiter leur opposition à la satisfaction de revendications corporatistes ou globales avouées ou non, et ceux qui ne s’arrêteront que quand le pouvoir auraient changé de mains ou de régions. Dans toute groupe actuel, on aurait pourrait apparemment avoir un mélange des deux. Cependant, la proportion catégorielle variera selon le niveau du prix à payer par option : « les moutons se promènent ensemble mais ils n’ont pas le même prix » (dixit Magic Système). C’est pourquoi nous verrons plus clair en fonction des circonstances et des cartes que le maître des lieux, le général IDI abattra. Moi, tout ce que je demande pour moi, c’est le grade de « colonel de paix », pas de guerre car je n’en ai ni l’envergure ni la motivation.

Enoch DJONDANG

La question qui se pose est celle de la justification de cette guerre : d’après les groupes armés, le postulat posé est le suivant : il n’y a pas d’autre manière de faire partir le président Deby que l’usage de la force. Mais ils oublient que cette logique peut être reproduite à l’infini. C’est pourquoi, la raison militaire prônée par ces belliqueux est une absurdité et comme telle, doit être refusée. Il s’agit d’un jeu à somme nulle. Car il y aura toujours un gagnant et un perdant. Pour moi, tout candidat au trône tchadien doit être inspiré par le bien- être des Tchadiens ; or ceux-ci ont déjà assez payé pour cette grosse bêtise de laquelle ils croyaient être délivrés. Désormais, ils souhaitent participer démocratiquement à la gestion de la République et tirer profit eux aussi de notre pétrole. Les aspirations de tout Tchadien ne pourraient être satisfaites qu’à la faveur d’un pouvoir élu pour mettre en œuvre une politique basée sur la satisfaction de l’intérêt général.

Essayons de développer cette notion de l’intérêt général.
Nous savons que tous les gouvernements qui se sont succédé au Tchad depuis le coup d’état du 13 avril 1975 ont progressivement délaissé cette notion, au point de la confondre avec l’enrichissement personnel dans la gestion du bien public. Cette tendance s’est aggravée dès lors que, des individus, par centaines, habitant de surcroît les quartiers huppés de la capitale tchadienne, ont commencé tout bonnement à « fêter leurs millions, voire milliards ».  Comme par hasard ces individus, sous prétexte qu’ils appartiennent à au groupe ethnique au pouvoir ou assimilé à celui-ci, pouvaient s’enrichir au détriment de l’Etat. Après tout, (disent-ils) n’ont-ils pas amené au trône tel ou tel président ? Aussi, l’esprit revanchard qui habitait ces maquisards ne devait-il pas les conduire au pillage du denier public ? Ils pensent que la chose publique « chokol ana hakouma » appartient à tout le monde. Oui c’est vrai. Mais seulement, le tout  le monde dont il s’agit s’appelle le peuple  tchadien en tant qu’entité nationale et non pas un groupe d’individus véreux et parvenus, sans scrupule et sans respect et ne sachant parler que le langage de la violence.
Les membres de l’actuelle rébellion, de loin ou de près sont ces individus qui se sont servis sans vergogne des biens publics pour s’enrichir. Et, comme si le pouvoir économique ne suffisait pas, ils essayent à présent de conquérir son volant politique de façon violente. De qui se moque-t-on ? Qui est donc le dindon de cette farce ? Je vous le donne en mille : le peuple tchadien, cette entité abstraite et muette, au nom de laquelle ils justifient leur guerre !
Comme le disait Tonton David, ce jeune chanteur Réunionnais dans une de ses chansons, « je suis sûr qu’on nous prend pour des cons, j’en suis certain ». Que les Tchadiens ne se laissent pas duper par ces opportunistes, au discours fallacieux et qui, pas plus tard qu’hier, ont largement bercé dans le système politique actuel, en connaissent la culture les contours qu’ils ont eux-mêmes largement dessinés.
S’ils veulent le pouvoir, qu’ils apprennent déjà à respecter cette notion qu’est l’intérêt général, sans lequel la gestion de la chose publique (le pouvoir politique) devient une absurdité.
Il ne suffit pas d’être un gradé de l’armée pour prétendre gouverner un pays. Il ne suffit pas non plus d’avoir tel ou tel diplôme, d’avoir fréquenté les coulisses de la présidence pour être un bon dirigeant politique. Encore faut-il que l’on fasse ses preuves en se présentant devant le peuple pour avoir une légitimité.
Inutile de rajouter que la présidence de la République tchadienne n’est pas une chasse gardée. Il appartient au peuple tchadien qui, lui seul doit décider qui est susceptible de le gouverner harmonieusement et paisiblement.
Pour que le peuple cesse d’être le dindon de la farce, il doit dire non aux opportunistes de tout bord, armés ou non, dont l’unique préoccupation se limite à la satisfaction de leurs intérêts personnels en pillant les biens publics, détruisent et tuent des parents à Adré et à Biltine, allant jusqu’à s’allier avec les diables du Darfour soudanais pour parvenir à leur fin.

Par ailleurs, il ne faudrait pas non plus que le Président Deby limite sa politique à répondre ponctuellement au problème posé par la rébellion. Le statu quo ne suffit plus. Loin s’en faut.
Il doit se dire que le pouvoir n’est pas une fin en soi mais juste une mission, un cadre permettant à l’homme politique de poursuivre des objectifs d’intérêt général, c’est-à-dire la satisfaction collective, non exclusive des besoins du peuple, en lui fournissant divers services publics. L’efficacité de l’homme politique se mesure à l’aune de la satisfaction de l’intérêt général.
Pour satisfaire cet intérêt général, il faut assurer la bonne gouvernance économique et politique. Cela passe forcément par une large ouverture politique et une transparence dans les élections démocratiques. Or les ces éléments semblent connaître un balbutiement  notoire depuis décembre 90, où le président Deby a affirmé avoir « apporté la démocratie aux Tchadiens ».
Il est bien vrai que le peuple tchadien qui a tant souffert des guerres avait dans les années 90, besoin de la stabilité politique. De ce point de vue, le premier mandat de président Deby fut salvateur.
En revanche, le deuxième mandat, fut sans doute un de trop, même s’il pouvait être encore perçu comme nécessaire, tant les ténors politiques sudistes dussent s’imprégner de la culture démocratique eux aussi, eu égard au règne du régime précédent. Par ailleurs, la démocratie étant un processus autant qu’un apprentissage, il fallait un certain temps : un brassage multiethnique et multiconfessionnel était nécessaire aux partis politiques pour asseoir leur notoriété nationale et internationale. En outre, il fallait cultiver un certain charisme à défaut de l’avoir de façon innée, prédéterminée pour l’exercice du pouvoir, même si ce n’est pas le seul critère.
Aujourd’hui, la plupart des leaders politiques du Sud comme du Nord ont acquis sans conteste cette dimension, en plus de leurs compétences et savoir-faire politiques. Il est donc grand temps qu’ils aspirent légitimement et démocratiquement au pouvoir, celui que seul, leur peuple tchadien leur confie pour la défense de l’intérêt national. Cette analyse exclut catégoriquement toute autre forme de conquête du pouvoir politique au Tchad, car coûteuse à tous égards.
C’est l’on pousse l’analyse à son terme, la constitution du Tchad ne devait pas être relookée.
C’est la raison pour laquelle sa modification a soulevé un tollé général et fut condamnée par l’opposition dans son ensemble.
Pour elle, ainsi que pour la plupart des observateurs, il s’agissait d’une manœuvre de bas étage destinée maintenir au pouvoir le régime actuel. C’est un mauvais coup porté par le MPS à la démocratie.
C’est sans doute la raison du mécontentement de la classe politique qui s’estime à juste titre lésée dans sa course pour la conquête du pouvoir suprême. Quoi de normal, car après tout l’objectif de l’homme politique n’est-il pas d’être élu ?
Pour les frères armés, la solution est tout simplement militaire : par les armes le Président est rentré dans N’Djaména, par les armes il doit N’Djaména ! Quelle triste et tragique équation ?
Pauvre Tchad. C’est à croire tu ne dois ton existence, voire ta survie qu’à des combats fratricides violents.
Mais alors à quoi tu peux bien servir sans ta population ? Qui donc peut te mettre en valeur si ce ne sont tous tes enfants ?
Ces questions si simples dans leur conception m’amène comme l’a fait mon frère Gaya PLE Seïd à souligner in fine les points suivants :
 -  associer toutes les parties en présence au débat démocratique, seul à même de dégager un consensus politique dans l’intérêt national ;
 -  le Président Deby peut être amené, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, à redistribuer de nouvelles cartes en prenant des initiatives fortes sans pour autant compromettre sa légitimité de chef de l’Etat. Une des solutions de sortie de crise ne serait-elle pas de revenir sur la réhabilitation de la constitution ? Si telle est la volonté du peuple, et si cela peut amener les rebelles à déposer les armes, alors, pourquoi pas ?
 -  Les Tchadiens doivent montrer une certaine maturité politique pour faire une autre publicité qui vante les mérites du Tchad, plutôt que celle qui décourage l’investissement direct étranger au Tchad (IDE).
 -  Il n’y a aucune revanche des uns à prendre sur les autres de manière à éviter les jeux à somme nulle (gagnants-perdants). Ces genres de jeu ont à maintes reprises, conduit le Tchad à des situations inefficaces, dans la mesure où les acteurs (les protagonistes ici) n’arrivaient pas à se coordonner autour d’un idéal commun : l’intérêt général du peuple tchadien notamment.
Aujourd’hui le pays essaie de se frayer un chemin lui permettant de défendre sa respectabilité au plan international. Nous devons tous être mobilisés pour y contribuer de façon constructive et non le contraire. C’est la raison pour laquelle je rejette la solution guerrière qui est pour moi, la pire des sottises. Nous devons rompre avec ce modèle trop coûteux à tous points de vue, pour nous tourner vers le modèle alternatif incarné par les urnes.

Abia Maal

Combien de survivants du régime Hissein Habré pourront assister au procès si l'ancien Président tchadien n'est jugé que dans trois ans ?

Cette question taraude les victimes au lendemain de l'annonce faite par le Ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio. Près de dix-sept années se sont écoulées depuis que Hissein Habré a fui le Tchad et est venu se cacher au Sénégal, où il vit un exil doré, grâce aux millions de dollars qu'il a volés au Trésor public tchadien.

Les huit années de son règne ont été marquées par une pratique systématique de la torture, par des détentions arbitraires et une répression aveugle et sanglante dans le sud du Tchad, ainsi qu'à l'encontre des ethnies arabes, hadjerai et zaghawa, toutes musulmanes. Une commission d'enquête a estimé à 40,000 le nombre des exécutions sous le régime Habré

À la chute de ce dernier, les victimes ont pris la ferme résolution d'obtenir justice. Renonçant à un procès au Tchad, dont les gouvernements successifs n'ont jamais présenté de demande d'extradition au Sénégal – lesquels n'offriraient de toute façon pas les garanties d'un procès équitable -, elles se sont tournées vers la justice de son pays d'exil, le Sénégal.

En 2000, après dix ans d'attente, elles sont parvenues à le faire inculper au Sénégal pour complicité de crimes contre l'humanité, d'actes de torture et de barbarie. Malheureusement, des ingérences politiques ont amené la justice sénégalaise à se déclarer incompétente. Ce revers n'a toutefois pas affaibli l'opiniâtreté des victimes qui ont, dans la foulée, déposé des plaintes en Belgique en vertu de la loi de compétence universelle. En effet, le 27 septembre 2001, le Président Abdoulaye Wade avait déclaré que « si un pays, capable d'organiser un procès équitable - on parle de la Belgique - le veut, [il] n'y verrai[t] aucun obstacle ».

Après quatre années d'enquête menée par une équipe policière judiciaire spécialisée dans les crimes internationaux, la justice belge a donc délivré un mandat d'arrêt international contre Habré et a demandé son extradition. Arrêté en novembre 2005, il ne sera toutefois pas extradé, un tribunal sénégalais refusant de statuer sur la requête. Sous la pression des Nations Unies, dont le Comité contre la torture avait condamné le Sénégal pour manquement à son obligation de juger ou d'extrader Hissein Habré, le gouvernement sénégalais a annoncé qu'il demanderait à l'Union africaine (UA) de se prononcer sur une «juridiction compétente ». En juillet 2006, l'UA a demandé au Sénégal de juger l’ancien président tchadien « au nom de l'Afrique », ce que Wade a accepté. Une décision qui a fait renaître l’espoir. Certes, l'adoption fin janvier d'une loi par l'Assemblée nationale permettant de juger au Sénégal les pires crimes commis même en dehors de son territoire, représente une avancée importante. Mais rien de concret n'a été mené jusqu'a maintenant, et notre espoir s’est envolé de nouveau, cette fois-ci à cause des déclarations de M. Gadio, qui a considéré que l'instruction prendrait au moins trois ans encore. M. Gadio a critiqué notre « empressement » alors que c'est le Sénégal qui pendant seize ans a refusé de traduire Habré, et ce en dépit de ses obligations internationales !

Combien encore de mes clients mourront d'ici à trois ans, comme Samuel Togoto et Sabadet Totodet qui ont été parmi les premiers à porter plainte à Dakar en 2000 ?

Du côté de la justice, il semble difficile de parler d’empressement pour une affaire qui a débuté il y a sept ans. Si le Sénégal avait respecté ses obligations internationales en 2000, lorsque Habré fut pour la première fois arrêté, ce dernier aurait été jugé depuis longtemps. Si le Sénégal avait extradé Habré vers la Belgique en 2005, il serait aujourd'hui devant la cour d'assises de Bruxelles.

Si le Sénégal projette d'ouvrir rapidement l'instruction et de reprendre le travail mené par la Belgique des années durant, nous sommes convaincus que, tout en respectant les droits de la défense, le procès pourrait avoir lieu bien avant trois ans.

Il est certain qu’enquêter et poursuivre des crimes commis massivement il y a plusieurs années dans un autre pays se révélera complexe et coûteux. De plus, nous avons pu constater, en 2001 et en 2005, que Habré a utilisé notre argent à bon escient et que ses partisans, y compris religieux, forment un groupe de pression puissant au Sénégal. La communauté internationale doit donc proposer son aide au Sénégal. D’autant que Dakar a fait des efforts - comme l'adoption récente de la loi permettant de juger Habré sur son sol - qui attestent de sa bonne volonté.

Le Sénégal est aujourd’hui en mesure d’offrir un procès exemplaire en matière de lutte contre l’impunité, encore faut-il que les principaux acteurs - victimes, témoins et accusé - soient encore vivants. Une justice qui tarde à être prononcée est un déni de justice.

Jacqueline Moudeina (Présidente de l'Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l'homme et avocate des victimes de Hissein Habré)

Au Tchad sous le régime actuel du président Idriss Deby Itno, la classe politique au pouvoir semble n’avoir pas de volonté politique sérieuse pour restaurer la paix et la stabilité dans le pays. Les Tchadiens le savent bien car, toutes les élections organisées n’ont pas été libres et transparentes, moins encore démocratiques. Les institutions étatiques mises en place et souvent présentées à l’opinion publique nationale et internationale, ne servent que le Chef de l’Etat, son cercle politique immédiat et ses proches. L’absence d’une démocratie acceptable, le non-respect des droits et libertés, la militarisation excessive, la mauvaise gestion et la corruption, entraînent de facto l’inégalité et la misère sociale dans le pays, et plongent les populations à vivre constamment dans l’insécurité générale, la terreur et la désolation. Le recours de certains Opposants politiques à la force armée, est la conséquence immédiate résultant du refus de l’instauration d’un environnement politique normal basé sur des confrontations politiques et pacifiques, conditions nécessaires pour une paix réelle et un développement durable au Tchad.

Les activités des partis politiques devenues inutiles ou du moins tombées en désuétude, laissent la place à la prolifération de la rébellion armée. Toute négociation politique pour une réconciliation nationale véritable est transformée en théâtre de folklores médiatisés. Les Accords de paix n’aboutissent pas à un consensus national fiable. La réconciliation est perçue par le pouvoir comme une récupération des opposants ou une allégeance au régime en place, parfois en échange des sommes importantes, abusivement soutirés du Trésor public, alors que les fonctionnaires et Agents de l’Etat ne perçoivent pas à temps leur salaire. Dès qu’un Accord de paix est conclu, les signataires et anciens opposants sont négligés, oubliés et parfois même humiliés. S’ils contestent et exigent l’application desdits Accords conclus, soit ils sont arrêtés, soit ils disparaissent dans des conditions parfois mystérieuses. Et aucune investigation ou instruction des autorités judiciaires sur leur disparition n’est faite.

Le principal Accord important obtenu était lors de la Conférence Nationale Souveraine. Mais son application a été torpillée par les dirigeants au pouvoir, leurs partisans politiques et autres partis alliés de la mouvance présidentielle. Ainsi, les Accords politiques à caractère global obtenus à la CNS, ou dans un cadre restreint et séparé, avec certaines Organisations politico-militaires ou des partis politiques légaux, n’ont jamais été respectés, ni appliqués. Malgré cela, des Tchadiens de la Diaspora retournent au pays pour participer à son développement économique et social. Mais grandement déçus de nos réalités anachroniques, ils quittent aussitôt le pays pour vivre à l’extérieur, même s’ils ne sont pas des opposants politiques. D’autres, choqués des pratiques arbitraires quotidiennes, optent pour la lutte armée et rejoignent le maquis. Ces derniers temps, des affrontements armés se succèdent d’une région à une autre, des blessés graves et des morts tragiques se multiplient. Et le président Deby persiste à vouloir anéantir la rébellion armée par la force. Cela pourrait être possible mais pas sûre, car depuis les années 1965 la rébellion armée n’a jamais été éradiquée par la force, même avec l’appui des forces étrangères.
Nous avons toujours proposé le dialogue et la négociation pour le règlement de nos conflits, car au Tchad personne ne peut éteindre le feu par le feu. Pour le pouvoir ou la rébellion, le recours aux armes peut être une dissuasion, mais pas une solution à un différend politique. Les conséquences des affrontements armées sont énormes et destructives pour le Tchad. Dépassé par l’ampleur de la rébellion armée et du conflit avec le Soudan, le président Deby cherche la médiation des pays amis et de la Communauté internationale. Tout en persistant dans son refus de négocier avec ses Opposants armés, il lance des appels à la réconciliation nationale, mais aussi pour l’envoi des Casques bleus de l’ONU dans la sous-région, afin d’éviter que ces conflits et affrontements se généralisent et emportent son régime.

Malgré ses déclarations contradictoires par rapport à ses actes, certains politiques Tchadiens avertis lui proposent une rencontre globale, pour trouver un consensus réel, pouvant épargner les populations civiles de souffrances perpétuelles. D’autres nouveaux amateurs et arrivistes qui persistent à faire leur entrée dans le giron des politicards, se tiraillent naïvement et proposent aussi des Conférences de paix, sans savoir réellement comment le préparer et y parvenir. Inconscients de leur inexpérience politique, ils perdent de vue qu’on ne résout pas les conflits du Tchad par la dialectique théorique et surréaliste. Qu’elle soit <inclusive ou exclusive>, l’essentiel n’est pas là, mais plutôt dans l’acceptation même du principe de la tenue de cette rencontre par les principaux acteurs concernés. L’adoption d’un consensus conduisant à un Accord crédible, l’application et le respect des décisions à prendre viendront en seconde phase. Le président Deby a lancé le 29 Décembre 2006 à Kyabé, un appel de paix et de réconciliation nationale. Cet appel est-il sincère ou c’est pour la propagande politique. Et où en est-on dans l’Opposition ? Présentement, aucun consensus clair n’apparaît au sein des organisations politico militaires, ni entre les partis politiques de l’intérieur ou de l’extérieur, moins encore au sein des membres du COPORT, et pas non plus au sein de la Diaspora tchadienne des États-Unis, du Canada ou de l’Afrique de l’Ouest, et dans d’autres régions du monde…

L’accord politique global si accord il y a, ne sera viable que si les dirigeants au pouvoir et de l’Opposition armée, écartent leur vision traditionnelle et clanique de l’Etat, se retrouvent,  se décident d’associer des formations politiques sérieuses et des personnes ressources, pour réfléchir sereinement ensemble sur des questions politiques de fonds liées à la survie même de la nation tchadienne et enfin de proposer des solutions consensuelles acceptables pour tous, et dans l’intérêt de nos populations meurtries. Et pour sa crédibilité personnelle et celle du pays, le président Deby doit nommer des cadres de grande envergure pour assumer des hautes fonctions dans l’Administration tchadienne. L’amateurisme et le tourisme administratif de ses parents, alliés ou protégés politiques, ne sert pas son régime, ni notre Administration, et ne fait que ternir l’image du Tchad par rapport aux autres Etats du continent qui avancent positivement.

Les conflits et affrontements armés, tout comme la mauvaise gouvernance ont toujours bloqué le Tchad à se développer. Ainsi, un cessez le feu est certes nécessaire, mais cela arrangerait-il le gouvernement au pouvoir qui profite de la guerre pour piller le trésor public et certaines Organisations politico-militaires, qui persistent à s’accrocher aussi longtemps sur leur logique de guerre, pour satisfaire leurs intérêts occultes sur le dos du peuple tchadien.

Il serait donc utile de s’entendre pour décider d’un Cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire, suivi d’une Amnistie générale. Aussi, les pourparlers doivent déboucher sur l’adoption d’une période réaliste de Transition, pouvant permettre une préparation sérieuse des prochaines élections. Or, avec l’absence d’une réelle Armée nationale tchadienne, qui doit assurer le respect de l’ordre public et garantir à chaque citoyen la sécurité et le droit de voter librement, il n’est pas possible d’organiser des élections sereines et crédibles dans l’immédiat. Des élections sont certes nécessaires pour déterminer l’audience politique du pouvoir et de l’Opposition, mais l’insécurité générale dans le pays ne le permet pas. Il n’est donc pas réaliste politiquement d’envisager des élections avant la fin du mandat actuel du président Deby Itno, même si cela est obtenu de manière contestée. Mais les élections législatives doivent précédées les présidentielles. 

En attendant de réfléchir et voir comment ces élections devraient se tenir, certains pensent déjà au recours à des Forces extérieures. Mais au Tchad, les dirigeants au pouvoir, l’Opposition politique et même la rébellion armée, tous subissent les pratiques néocoloniales des Forces étrangères stationnées dans notre pays. Il n’est donc pas question de soumettre encore aujourd’hui le Tchad à un système qui se rapprocherait du Protectorat. Notre salut viendrait peut-être des Forces multinationales des Nations Unies, avec des contingents provenant effectivement de plusieurs Etats. Encore faut-il bien négocier et préparer l’arrivée de ces Forces onusiennes au Tchad, afin de faire bénéficier à notre pays, des retombées non seulement politiques et sécuritaires, mais aussi économiques et financières.

Le président Hassan El Béchir refuse le déploiement des forces de l’ONU au Darfour, alors que le président Idriss Deby Itno le réclame depuis un certain temps. L’assistance sécuritaire des milliers de réfugiés soudanais et des civiles tchadiens déplacés est certes louable pour sauver des vies humaines, mais à quel prix et dans quelles conditions, le Tchad doit accepter cela et pour quel nombre des Casques bleus ? Le Secrétaire Général de l’ONU Monsieur Ban Ki Moon propose de déployer un effectif de six à onze mille hommes au Tchad et en République Centrafricaine. Notre pays accepte certes de coopérer avec les Nations Unies, mais les Conseillers politiques du Secrétaire Général, doivent être au moins objectifs, car le Darfour est au Soudan mais pas au Tchad. Même s’il y a réticence des autorités soudanaises, ce n’est pas au Tchad et à la Centrafrique d’absorber le maximum des Casques bleu de l’ONU au Darfour.

Bien que plongé dans ses stratégies militaires, nous conseillons au président Deby beaucoup de réserve et de suggérer plus tôt l’envoi des Forces de sécurité civile pour la protection des camps des réfugiés. Les Nations Unies payent très bien et il y a toujours des Etats qui veulent trouver du boulot à leurs contingents, mais cela ne doit pas se faire sur le dos du Tchad. C’est aussi une forme de protection de nos intérêts.
Si le Chef de l’Etat tchadien avait démontré dès son arrivée au pouvoir en 1990, sa volonté politique de restaurer la paix, par la négociation et le dialogue, la bonne gouvernance et la restructuration de notre Armée nationale, aujourd’hui il y aurait la stabilité au Tchad et nos forces de sécurité seront en mesure de faire face aux incursions des milices Djan-Djaouites. Mais tel n’est pas le cas, c’est pourquoi les rebellions tchadiennes se prolifèrent, les milices soudanaises entrent aisément dans nos territoires, et l’insécurité empêche nos populations civiles à vivre en paix. Alors dans ces conditions, quelle assistance humanitaire les réfugiés et les populations civiles déplacées pourront-ils en bénéficier ? Comment les Agences humanitaires peuvent-ils assumer leur mission ?

Si l’ONU déploie ses Casques bleus aux frontières Tchad-Soudan-Centrafrique, il serait indiqué de s’inspirer du récent exemple de la République Démocratique du Congo, et solliciter le moment venu, l’assistance des Forces onusiennes pour sécuriser le déroulement des élections au Tchad. Mais en attendant que des conditions acceptables soient réunies pour avoir une vie politique sereine, il est utile d’avoir une période de Transition, conduite par un Gouvernement de consensus, qui sera constitué après une large consultation politique. Dans ce gouvernement, seront représentés les principaux acteurs politiques ou leurs représentants, ainsi que des hautes personnalités indépendantes tchadiennes.

Ce gouvernement doit être dirigé par un Premier Ministre, issu d’un large consensus politique. De même, les opposants au régime de N’Djamena, doivent concéder au Président Deby de continuer son mandat en cours, quelque soient les conditions de tenue des dernières élections présidentielles de 2006. La participation au Gouvernement de consensus ne doit pas être un obstacle à tout Tchadien qui souhaiterait se présenter aux élections dans l’avenir. Notre démocratie serait encore de façade, si on exclut certains citoyens de participer aux prochaines compétitions électorales.

Quant au conflit du Darfour, bien que ses répercussions touchent directement le Tchad et ses populations civiles, cela est d’abord et reste un conflit interne relevant de la responsabilité des autorités du Soudan. Le règlement de cette crise devenue régionale, doit être laissé à l’Union Africaine et aux Nations Unies. Le Tchad doit régler ses problèmes internes indépendamment du conflit du Darfour, tout en respectant les droits et libertés de ses citoyens, mais aussi les principes universels du Droit international. Au cas où notre pays est agressé par des forces extérieures, aucun Tchadien n’accepterait que notre souveraineté soit bafouée.

Hassane Mayo Abakaka

  1. Arts & Culture
  2. Musique
  3. Mode-Beauté

-Vos Annonces sur le site Ialtchad Presse-

  1. Divertissement
  2. Sports
  3. Mon Pays