samedi 21 septembre 2024

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Des mesures sont annoncées par le Comité de gestion de la crise sanitaire (CGCS) en faveur du secteur agricole. Le coût global est estimé à 17 milliards de FCFA. L’annonce a été faite par le ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement, Oumar Yaya Hissein, à travers un communiqué signé le mardi 26 mai 2020.

Le gouvernement tchadien a décidé d'augmenter sur les fonds propres de l'État, les ressources destinées à la production agricole. Ceci, en vue d'une moisson abondante pendant la campagne agricole 2020 et celles à venir. « Cette démarche se résume en terme chiffré par une dotation globale supplémentaire de 17 milliards FCFA », selon le communiqué.

Le chef de l'État, Idriss Deby Itno, a prescrit, dans le cadre de ces mesures, de rétrocéder plus de 1 000 tracteurs aux groupements des producteurs, à un coût largement subventionné. Une priorité sera accordée aux groupements féminins qui doivent bénéficier d'au moins 30 % des cessions.  Le produit de cette rétrocession sera injecté dans d'autres activités du secteur. Aussi, il est prévu l’acquisition  d’un complément de 10 025 tonnes de semences maraichères et pluviales ; 40 000 litres d'insecticides et des produits antiacridiens ;  50 tonnes de fongicides ;  3 000 kits de traitement ;  5 000 charrues à traction animale entre autres.

Parmi les mesures en faveur du secteur agricole, il y a également la dotation de 10 000 producteurs maraichers en kits de matériels.  Le CGCS envisage par ailleurs de financer les missions d'encadrement et de suivi de la campagne agricole sur toute l'étendue du territoire.  Pour ce faire, il est prévu d’adapter les restrictions de la circulation des personnes à la nécessaire mobilité des paysans et des producteurs.

Enfin, « le Président de la République réitère son appel aux Tchadiennes et aux Tchadiens de s'investir massivement dans l'exploitation de nos richesses et immenses terres pour assurer notre sécurité et notre souveraineté alimentaire », précise le communiqué.

Mounira Mitchala est une artiste très connue des Tchadiens. Elle a fait danser et chanter tout le pays. Elle se livre dans une entrevue exclusive. Son prénom, sa renommée, ses succès, tout y passe. Entrevue.

« Mitchala »? C’est un prénom spécial au Tchad. A-t-il une signification particulière ?

Non. Ce n’est pas un prénom particulier. Je suis originaire du centre du Tchad. Précisément du Guerra. Mitchala c’est mon prénom traditionnel. Un prénom de la région. Nous avons des prénoms qui tirent leurs origines des animaux, des arbres, etc. Mounira c’est mon nom attribué à ma naissance par les parents.

Qui êtes-vous ?

Je suis Tchadienne, auteure-compositrice, actrice. C’est ma première vie, la plus connue. Dans une vie, la deuxième, moins connue, je suis greffière au ministère de la Justice. J’ai donc plusieurs casquettes. Je suis artiste depuis 20 ans, assez connu des Tchadiens.

Du petit écran au grand écran, aujourd’hui chanteuse de renommée internationale, comment êtes-vous arrivé là ?

C’est une longue histoire (rire). J’ai commencé avec le théâtre en 1996 au lycée Thilam Thilam lors des challenges entre les établissements dans le théâtre, les chants et les danses. C’est grâce à ces activités que j’ai appris à chanter, à faire du théâtre. Comme on n’a pas une école de musique au Tchad je me suis formé sur le tas en écoutant des musiciens tels que Céline Dion, Nyos, Michael Jackson. Et comme j’ai grandi entre le Nigeria et l’Allemagne, ça m’a aidé à améliorer ma voix. Comme mon père est linguiste, j’écoutais grâce à lui beaucoup de chants traditionnels du Guerra. Il travaillait souvent en écoutant des chansons traditionnelles. C’est ce qui m’a permis de mélanger le traditionnel et le moderne.

Votre genre musical très distinct. Quelles ont été vos inspirations ?

Le Jazz, le Blue, le Pop de Michael Jackson, etc. Tout ça mélangé avec du traditionnel, pas seulement du Guéra, mais d’autres régions du pays. Par exemple : le Kidi gourane, le Saï ou le N’dala. Cela donne une sonorité extraordinaire. Malheureusement, la musique tchadienne n’est pas trop connue sur la scène internationale, mais pas à pas les choses changent. C’est l’Afrique de l’Ouest qui brille par son art. Je préfère mon monde et ma musique à moi. Il faut avoir sa signature. C’est ce qui m’a permis d’avancer hors de nos frontières.

Après plus d’une décennie de carrière, quel bilan faites-vous ?

L’année dernière j’ai fêté mes 20 ans de carrière. J’ai commencé depuis 1996. En 1998, j’écrivais mes chansons moi-même. J’ai eu la chance de chanter au Centre Culturel français (CCF), actuel Institut français du Tchad (IFT). J’ai gagné le prix Découverte RFI en 2007, le Kora Awards en 2012 bien que ce ne soit pas facile d’être artiste au Tchad mais à cœur vaillant, rien n’est impossible. Si tu veux, tu peux. Entre temps, il n’y avait pas beaucoup de jeunes artistes filles dans le domaine. Surtout des musulmanes. Comme j’ai grandi à l’étranger, cela a aidé un peu. Enfin, je suis chanceuse d’avoir eu des parents compréhensibles. Ils m’ont beaucoup encouragé et soutenu. J’ai donné le meilleur de moi. Et j’ai réussi.

Votre succès, vous le devez à qui d’autres?

Ma famille au sens large. Tous mes petits frères et sœurs sont artistes. Une est peintre, un autre est caricaturiste, une à double casquette chanteur et caricaturiste. Et une dernière fait également de la musique. Notre chance c’est d’avoir eu des parents ouverts, et le fait d’avoir vécu à l’étranger a changé nos mentalités. La culture c’est ce qui identifie un peuple. Un peuple sans culture est un peuple sans âme selon le journaliste, Alain FOKA. Et c’est vrai, notre culture c’est notre identité, c’est à nous de la valoriser et de la transmettre aux générations futures.

Quelle place occupe la culture au Tchad, particulièrement la musique ?

On a beaucoup avancé. Ce n’est pas parfait. Il y a de la place à l’amélioration. J’appelle les jeunes à s’investir la musique, dans les rythmes traditionnels. Il nous faut valoriser la musique tchadienne. On avance doucement, un jour la musique tchadienne va briller sur la scène internationale. Nous sommes sur la bonne voie. Il y a quelques années, nous étions 2 seules filles à faire la musique au pays. Taroum du groupe H Sao et moi. Aujourd’hui, nous avons Menodji, Genevieve. Shey et bien d’autres.

Pour finir vos projets ?

Les projets ne manquent pas mais la crise économique a ralenti les activités artistiques, mais on crée toujours. Je suis lauréate de l’obtention du visa pour la création de l’Institut Français de Paris, j’ai été récemment en Normandie avec l’association des arts improvisés en mai 2019. On a posé des chansons, des rythmes et des textes. Bientôt je vais repartir pour finaliser le tout. Même tard, bonne année 2020 à tous (tes) les Tchadiens (nes) et longue vie à IALTCHAD.

Propos recueillis par Habiba Abdelhakim

Il est chanteur. Il est musicien. Il est auteur compositeur et interprète. Il a un nom d’artiste spécial : Bâton Magic. Ça l’oriente. Ça le guide, semble-il. « C’est mon troisième pied. Il est à mon service et au service des autres », dit-il détendu. Souriant. Entrevue.

Ialtchad Presse : Baton Magic, vous êtes dit-on le prophète. Vous guiderez avec bâton la musique tchadienne vers un horizon meilleur. Alors comment vous présenter ?
Baton Magic
 : Simple. Je suis Betoudji KAGRO NGABA. C’est ce qui écrit sur mon état civil. Bâton Magic c’est la transformation de KAGRO qui veut dire Bâton dans ma langue maternelle. Pas n’importe quel bâton. Un bâton qui guide et qui oriente. Bref, c’est le troisième pied qui est à mon service et au service des autres.

Ialtchad Presse : D’où vous vient cette passion pour la musique ?
Baton Magic
 : De mon enfance. En écoutant à la radio, les artistes tchadiens de l’époque comme MASDONGAR, Me GAZOUGA. Ce sont eux qui m’ont donné envie de faire de la musique. Qui ont allumé la petite lumière en moi.

Ialtchad Presse : Alors c’est quoi votre parcours ?
Baton Magic
 : Je me suis intéressé à la musique quand j’étais à Sarh. Avec des copains nous avons monté un groupe de Rap. Tout de suite après j’ai compris que le Rap ne me permettais pas de m’exprimer comme je le voulais. Je suis partie à Moundou intégrer le groupe de LELBO. J’ai été formé par des grands frères.  Plusieurs ne sont plus de ce monde. Ensuite, je suis monté à l’assaut de Ndjamena pour être avec le groupe de Soubyana Music. De là j’ai rejoins le groupe de Sahel Academy de CIDSON. En février 2008, je suis reparti à Moundou pour former mon orchestre Logone Stars. Et là j’ai enregistré ma première chanson « déception ».

Ialtchad Presse : Quel est votre genre musical ?                                    
Baton Magic
 : Mon genre est en droite ligne issue de la musique africaine. Il y a certains rythmes de chez nous. D’autre que je développe. Par exemple : le Sai, le N’dala. Il y a la musique congolaise qui est une des mère des rythmes africains que vous connaissez, la rumba, le dombolo etc. Des rythmes qui tournent autour des mêmes tempos. Donc c’est la musique africaine.

Ialtchad Presse : Vos chansons parlent d’amour, de paix, de réconciliation, du social. D’où vous vient cette inspiration
Baton Magic
 : L’inspiration me vient de la vie que de tous les jours. De ce qui se passe avec les amis, la famille. Je tire des leçons des évènements qui se déroulent autour de moi.

Ialtchad Presse : Vous êtes auteur compositeur et interprète. Plusieurs vous considère comme l’Etoile montante de la musique. Vous assumez ?
Baton Magic : C’est flatteur. J’assume. Je pense sincèrement que c’est en rapport avec le travail que je fais. Je travaille jours et nuits pour être meilleur. J’ai encore beaucoup des choses à apprendre.

Ialtchad Presse : Vous avez 3 ou 4 albums déjà ?
Baton Magic
 : 4 en tout. Le premier s’intitule Audience publique.  Le deuxième, CONSEIL et le troisième, LA FORCE DE L’AMOUR. Le quatrième vient de sortir. J’ai eu du mal à lui donner un nom. J’ai fini par lui donner le nom d’une de mes chansons DENE DJE. Une chanson dédiée aux femmes.

Ialtchad Presse : 4 albums en 10 ans, c’est impressionnant ?
Baton Magic
 : Ce n’est pas assez pour moi. On a des choses à dire au quotidien. C’est comme un journaliste ou un écrivain qui doit écrire tous les jours. On ne peut pas attendre 2 ans pour écrire quelque chose. La vie est dynamique et en action. Il y a des choses qui se passent tous les jours. C’est ça qui m’inspiration.

Ialtchad Presse : A qui attribuez-vous votre succès ?
Baton Magic
 : Particulièrement à ma mère. Elle ne m’a jamais été découragée. Mais aussi à ma deuxième mère Sarah Noudjialbaye. Elle était la première à s’engager pour que les choses aillent mieux. A tous mes proches qui m’ont encouragé. Je remercie tous ceux qui ont mis la main à la pate et ceux que j’ai oublié de citer ici.

Ialtchad Presse : Vos fans apprécient votre franc parlé. Qu’en pensez-vous ?
Baton Magic
 : Peut-être que ça me vient de mon signe astrologique. J’ai du mal à mentir. Je ne vois pas pourquoi taire la vérité. Il faut la vérité même si elle blesse comme on dit. Je préfère dire la vérité une fois que de la contourner par toute sortes d’exercices de contorsion intellectuels.

Ialtchad Presse : Comment se porte la musique tchadienne ?
Baton Magic
 : Elle avance très lentement. Vous savez c’est une musique de bonne qualité. Bon, elle n’avance pas comme chez les autres. Il y a un certainement un problème non décelé.

Ialtchad Presse : Dans nos medias on écoute plus souvent de la musique étrangère. Est-ce acceptable ?
Baton Magic
 : Avant je croyais que priorité doit être donnée à la musique tchadienne. Après réflexion, je me suis dit tant mieux. C’est à la musique tchadienne d’être bien jouée. La concurrence va la forcer à être meilleur. Si elle est bonne, le public va la préférer. Les diffuseurs seront obliger de suivre le goût du public. Quand on écoute les musiques étrangères, ça nous encourage, ça nous ouvre l’esprit. Il faut aussi dire que certains diffuseurs exagèrent. Ils poussent le bouchon un peu loin. Ils ne programment simplement pas la musique tchadienne. Ça c’est pas acceptable.

Ialtchad Presse : Des projets à court terme ?
Baton Magic
 : Mon projet est d’exporter la musique tchadienne, de la faire découvrir aux autres sur les médias internationaux.

Je suis sur un projet de clips. On est sur le troisième titre sur les 10. Ce n’est pas facile. Il nous faut des clips de qualité pour espérer les faire diffuser à l’international.

Ialtchad Presse : Avez-vous demandé de l’aide aux autorités compétentes ou aux mécènes ?
Baton Magic
 : Les autorités en charge de la culture sont à oublier. C’est difficile. C’est compliqué. Je préfère lancer un appel aux tchadiens de bonne volonté. Ceux qui peuvent encore nous faire confiance. Qu’ils s’ouvrent à nous. Les artistes peuvent  écrire, chanter mais s’il n’y a pas de gens pour nous soutenir, c’est difficile que ça marche.

Ialtchad Presse : Votre dernier mot ?
Baton Magic
 : Nous sommes à la fin de l’année je remercie Dieu d’avoir fini cette année en santé. Bonne année à tous. Longue vie à  IALTCHAD.

Les recherches pétrolières ont commencé au Tchad en 1962 mais c’est en 1969 que le pétrole tchadien a été découvert par la compagnie américaine CONOCO.

L’histoire du pétrole tchadien est une longue histoire. Elle est marquée par le gigantesque projet de construction du pipeline Tchad- Cameroun un projet exemplaire d’intégration régional entre le Tchad et le Cameroun. Le projet a été regroupé plusieurs partenaires, le gouvernement tchadien, le gouvernement camerounais, le consortium constitué d’ESSO l’opérateur, Chevron et Pétronas notamment la Banque mondiale qui a joué un rôle de catalyseur en accompagnants le Tchad et le Cameroun dans le suivi dudit projet. Le projet de mise en valeur du pétrole tchadien a connu une longue période de maturation émaillée de débats houleux qui ont opposé les partisans de l’exploitation inconditionnelle du pétrole et les partisans du moratoire conduits par la société civile , les ONG et autres associations. Après plusieurs débats à l’intérieur et à l’extérieur du pays, la Banque mondiale dirigée à l’époque par l’Australien, James Wolfeshon avait décidé de donner son accord pour le financement du Projet. Le 18 octobre 2000, Idriss Déby Itno reçoit à Komé son homologue Paul Biya au cours d’une cérémonie grandiose qui marque le lancement des travaux de constructions des installations de surface et du pipeline Tchad-Cameroun. A Komé les différents représentants des parties impliquées dans le projet se succèdent au micro pour mettre l’accent sur l’importance de ce projet pour le développement du Tchad. Du haut de la tribune, le président Déby s’engage solennellement devant les partenaires de faire de faire du pétrole une manne pour le développement du Tchad.

 Le 20 octobre 2000, Paul Biya accueille à son tour son homologue Idriss Déby Itno à Kribi où le pipeline transportant le pétrole tchadien va terminer sa course dans le terminal flottant à 12 kilomètres de Kribi dans l’océan atlantique pour les marchés internationaux. A Kribi, la fête double d’intensité dans une grande cérémonie où se brassent tchadiens et Camerounais. Paul Biya se réjouit de la coopération exemplaire entre le Tchad et le Cameroun et magnifie ce projet qui va offrir des opportunités d’affaires et d’emplois au Camerounais. Il demande aux Camerounais de manifester leur gratitude au Tchad qui a bien voulu que le pipeline traverse le Cameroun. D’une durée de deux ans, les travaux herculéens de construction des installations de surface et du pipeline se terminent avant le délai. Le 2 octobre 2003, le premier chargement du pétrole tchadien se déroule à Kribi au terminal flottant en présence d’une délégation tchadienne et des autres partenaires.

 Le 10 octobre 2003 c’est l’apothéose Komé 5 où le président Idriss Déby Itno ouvre de vanne en laissant éclater sa joie en brandissant les deux bras en l’air en signe de victoire. Le 1 juin 2004 c’est une manifestation à Kribi à lo’occasio de l’inauguration du terminal. Paul Biya reçoit Déby, Blaise Campaoré, Bozizé, Théodoro Obiang Guéma. Mains dans les mains en l’air, les six présidents passent devant une foule impressionnante avant de prendre place à la tribune officielle. Paul Biya et Idriss Déby Itno se succèdent au micro en magnifiant les relations  entre les deux pays et soulignant l’importance du pipeline dans la vie économique des deux pays. Se tournant vers Idriss Déby, Paul Biya, tout souriant dira : « Ce qui est bon pour le Cameroun est bon pour le Tchad ».

L’ouverture de la vanne à Komé 5 et l’inauguration du terminal de Kribi marquent la fin de ce long feuilleton qu’a été le projet pétrole pipeline Tchad-Cameroun, un long feuilleton à plusieurs épisodes où se sont nouées et dénouées les intrigues et les maneouvres de sabotage.

Avec la construction du pipeline Tchad- Cameroun, idriss Déby Itno et PauL Biya ont marqué l’histoire de leur pays car la construction  du pipeline Tchad-Cameroun a été une œuvre gigantesque réalisée grâce à la volonté et à la détermination des deux présidents. Face aux assauts de la coalition des ONG et de société civile les deux hommes ont su garder leur calme et sont restés de bout à bout attentifs aux observations de ces ONG et de la société civile qui les ont aidé à réajuster le projet pour le rendre crédible devant les partenaires et surtout devant la Banque mondiale qui financé le projet dans la partie tchadienne et dans la partie camerounaise.

 

Quelques dates de l’histoire du pétrole tchadien

1962-1965 : Une compagnie française, le Bureau de Recherches pétrolières entreprend des recherches  dans le Nord du pays mais les autorités françaises affirment qu’il n’y a pas du pétrole au Tchad.

1965-1967 : L’ORSTOM, un institut français de recherche fit des explorations qui s’avèrent également infructueuses.

1969 : Une compagnie américaine, la CONOCO (Continental Oil Compagny) obtint des permis de recherches et entreprend des travaux qui se révèleront fructueux au sud du pays. Détentrice du permis de recherche à 100%, CONOCO  mène une vaste campagne de recherche en avion, en hélicoptère au-dessus du lac-Tchad, de Doba, et du Salamat en passant par Sarh. Dès 1971, la société hollandaise, Shell, entre en scène avec 50% des parts.

 Septembre 1973 : Le premier puits de pétrole est creusé dans la région de Doba par la société américaine Conoco.

18 décembre 1973 : Inauguration du premier puits de pétrole à Nya, près de Doba par le président Ngarta Tombalbaye. A cette occasion, il a déclaré : « Nous souhaitons que le tout premier forage soit fructueux en montrant la richesse de notre sol. La réalisation de cette espérance, nous permettrait de poser les jalons de plus en sûrs en faveur de notre développement ».

1974 : Entrée de Chevron dans le consortium en prenant 25% des parts de Conoco.

1975 : découverte du gisement de Séduigui. Les premières études ont montré la viabilité économique du gisement, mais sa taille ne permet qu’une consommation locale.

1976 : Une autre compagnie américaine, Esso, fait son entrée dans le, consortium en prenant 12,5% des parts de Conoco. Le consortium est ainsi constitué comme suit : Shell : 50%, Conoco : 12,5%, Chevron 25 :25%,Esso :12,5%.

1977 : Esso rachète 12,5% de Shell et prend la part de Conoco pour se retrouver avec 35% comme Shell.

1978 : le dossier du projet de construction de la raffinerie de Farcha est pratiquement bouclé.

1979 : Guerre civile, Conoco se retire et arrêt des activités dans le secteur pétrolier.

1982 : Hissein Habré arrive au pouvoir. Le dossier d’exploitation du gisement de Sédigui est ressorti du placard mais les principaux acteurs estiment que les conditions ne sont pas réunies. Les prospections par contre continuent, mais il n’y avait presque pas d’information sur le sujet.

1988 : Le gouvernement tchadien et Esso signent une convention de recherches d’exploitation et de transport des hydrocarbures.

1988 : Esso réalise des études supplémentaires qui mettent en évidence la viabilité économique du gisement de Sédigui qui peut répondre à la demande de la consommation locale en produits pétroliers et en électricité.

1982 : Chevron quitte le consortium et est remplacé par Elf, une compagnie française. Le consortium est constitué de Exxon - Shell - Elf. Les négociations se poursuivent discrètement et l’implication de la Banque mondiale dans le projet commence à se préciser.

30 juillet 1992 : signature entre le consortium pétrolier, le Tchad et le Cameroun, de la lettre d’intention de construire un pipeline qui servira à l’évacuation du brut tchadien à travers le Cameroun.

14 janvier 1994 : signature du protocole d’accord par lequel, le Tchad, le Cameroun et le consortium, énoncent des principes directeurs à prendre en compte pour la réalisation du tronçon camerounais du système de transport des hydrocarbures par pipeline.

8 février 1996 : signature d’un accord bilatéral entre le Tchad et le Cameroun pour la construction d’un pipeline. On sent l’implication des ONG dans la réalisation des actions tendant à atténuer les effets négatifs du projet sur la population et l’environnement.

5 août 1996 : promulgation de la loi 96/13 ratifiant l’accord bilatéral Tchad-Cameroun.

= promulgation de la loi 96/14 portant régime de transport par pipeline à travers la République du Cameroun des hydrocarbures en provenance des pays tiers.

1998 : révision de la Convention de 1888 entre le consortium et le gouvernement du Tchad. Dans la nouvelle convention, le projet de Doba et le projet de Sédigui sont liés.

8 novembre 1999 : retrait d’Elf et de Shell du consortium au motif que les gisements gaziers et pétroliers au large de l’Angola sont plus rentables, le groupe Exxon lui, réaffirme son intérêt pour le projet et s’engage à trouver des nouveaux partenaires.

9 novembre 1999 : séparation du projet de Sédigui  de celui de Doba.

16 novembre 1999 : manifestation à N’Djaména pour protester contre le retrait de Elf. Le Tchad accuse la France de lui avoir porté un mauvais coup. Le drapeau français est brûlé à cette occasion

03 avril 2000 : reconstitution  du consortium. Exxon-Mobil 40%(groupe américain), Pétrona (société malaisienne) 35% et Chevron pétrolière (société américaine)25%.

6 juin 2000 : Approbation par le Conseil d’Administration de la Banque Mondiale du projet d’exportation tchadien, dans une formule sans précédent, destinée à «faire directement profiter les déshérités, les vulnérables et l’environnement de la manne pétrolière ».

18 octobre 2000 : cérémonie de lancement officiel des travaux de construction du pipeline Tchad-Caméroun à Komé présidée par les  présidents Idriss Déby Itno et Paul Biya.

20 octobre 2000 : Cérémonie de lancement officiel des travaux de construction du pipeline à Kribi au Cameroun.

10 octobre 2003 : ouverture de la vanne du pétrole à Komé 5 par le président Idriss Déby en présence de certains de ses pairs africains.

Comme on peut le constater à travers les diverses dates, l’histoire du pétrole tchadien est un véritable feuilleton palpitant à plusieurs épisodes où se nouent  et dénouent les intrigues. Il a fallu la détermination et la persévérance des dirigeants tchadiens pour faire jaillir le pétrole tchadien. Avec le président Idriss Déby Itno, le projet d’exploitation du pétrole tchadien est passé du rêve à la réalité après 10 ans de débats houleux entre les inconditionnels de l’exploitation du pétrole et les partisans du moratoire qui voulaient avoir toutes les garanties de la gestion transparente des revenus pétroliers avant que le pétrole ne jaillisse. La Banque mondiale a donné son accord pour le financement du projet, a joué un rôle très important dans la mise en valeur du pétrole tchadien. Les Tchadiens doivent lui en savoir gré même si la bonne gestion des revenus pétroliers ne fait pas l’unanimité. Ce n’est pas la faute de la Banque mondiale qui s’était montrée très exigeante à ce sujet.

Artiste tchadien, auteur-compositeur-interprète, Elété Rimtobaye est installé à Montréal, au Canada. Entretien.

Bonjour ! Ialtchad Presse est un média consacré à 100% au Tchad et aux Tchadiens. Qui est Elété ?

Je suis artiste tchadien, auteur-compositeur-interprète. Vous et la musique c’est une histoire de famille.

Voulez-vous nous en parler ?

Effectivement, l'amour de la musique est une histoire familiale. J'ai débuté dans la musique très jeune à l'église avec mes frères Rimtobaye. A 8-9 ans, je jouais des percussions. Mon frère Izra et moi partagions la même passion de la musique. En 1999, j’ai intégré à son groupe appelé K'lana. Il l’avait fondé avec Isaac Bonnaz, fils d'un missionnaire français au Tchad. Isaac est issu d'une famille de musiciens. Ensemble nous avons organisé beaucoup des concerts dans différents festivals. Entre autres, le festival Malama, Festafrica, au Centre culturel français (IFT) et dans des écoles. Par exemple : au Lycée Montaigne, une école française. Encore aujourd'hui, au Canada, je suis entouré de mes frères Caleb, Amos et Izra. La musique est toujours omniprésente. Nous collaborons ensemble pour faire avancer les projets solos de chacun et du groupe (H'Sao, Afrotronix, projets individuels).

Vous êtes auteur, compositeur et interprète, racontez-nous votre parcours musical ?

Mon parcours a commencé avec le groupe K'lana. Il est devenu par la suite Esperanza après le départ de Izra pour le Canada lors des Jeux de la francophonie en 2001. J'ai poursuivi le projet avec Isaac et ses sœurs pendant quelques années. J'ai ensuite intégré le groupe Goskad. Ensemble, on a enregistré un maxi single de 6 chansons. On a fait plusieurs concerts et showcases et on a aussi été finalistes d’un important concours de musique en France. Ce groupe s'est dissout. J’ai alors débuté ma carrière solo. J’ai commencé à écrire et à enregistrer mes propres chansons. Je suis devenu "gombiste" comme on dit au Tchad. Terme pour désigner un musicien qui joue dans divers projets (Matania, Shila Shila entre autres).

En 2009, j'ai travaillé avec Franc Kelly du groupe Al-Salam. Nous avons produit un maxi-single de 4 chansons, dont 2 ont été un succès national. Je suis parti au Cameroun. J’ai ensuite rejoint mes frères au Canada. A Montréal, j’ai fondé, avec mes frères, un nouveau groupe nommé K'lana en souvenir de mon ancien groupe du Tchad. Dès lors, je me suis concentré sur ma carrière solo. Mon frère Caleb m'a proposé de réaliser mon premier album. Mon style musical a changé et s'est mieux raffermi au fil du temps. En 2011, mon groupe et moi avons remporté la médaille de bronze du concours les Syli d'Or, un concours de musique du monde à Montréal. 39 groupes y participaient. Ce prix nous a permis de faire quelques tournées au Québec. De jouer dans de grandes salles aux côtés de grands artistes, tels que Tiken Jah Fakoly et Manu Djibango entre autres. En 2016, j'ai sorti mon album solo, Taar, qui veut dire amour en langue Sara, réalisé par mon frère Caleb.

Élété chante quoi ? Y-a-t-il un thème récurrent dans votre musique ?

Elété chante la joie de vivre, l'amour, la paix et dénonce l’injustice. Je le chante sous la forme d'histoires, de dénonciations, de conseils...J'essaie d'être le porte-parole des gens ordinaires. Des sans voix.
Comment définirez-vous votre musique ? D’où viennent vos influences musicales ?

Mes influences musicales sont très diverses. Elles viennent de partout. Je n'ai pas de limite concernant les styles musicaux. J’apprécie la musique de divers horizons. Je m'imprègne de tout ce que j'écoute pour créer quelque chose d'original et qui me ressemble.

Depuis quelques années vous évoluez en solo, que deviennent vos anciennes formations musicales Matania, Goskad, Klana Vibes et Hsao ?

 Goskad et K'lana n'existent plus. Je suis resté en contact avec les anciens membres. Nous partageons la même passion de la musique. Le jour où nous nous retrouverons, nous ferons certainement de la musique ensemble. H'Sao fait partie de mes influences musicales. J'ai énormément appris avec eux. Même actuellement, j'apprends et je grandis avec eux. Je ne fais pas partie du groupe H'Sao. Je suis seulement un mercenaire qui est là de temps à autre. Comme j'ai l'habitude de dire, ils sont mes frères de sang et de son. Tant qu'on sera en vie, on partagera toujours avec joie la musique.

Après l’album, Uncontrollables produit avec votre frère Izra, votre album solo TAAR, a quand le prochain album.

Révélez-nous quelques détails ?

 Je suis en studio pour mon prochain album, pour lequel j'ai déjà sorti quelques singles. Mon équipe et moi travaillons fort sur le projet. Pour l’instant, il n'y a pas de date précise de sortie. Pour les détails, patience.

De votre album solo TAAR (AMOUR en langue sarah), quel est ton morceau préféré ? Et pourquoi ?

Il est difficile d'identifier mon morceau préféré. Chaque morceau apporte des émotions différentes. Il est dans l'album parce que je l'aime beaucoup.

Quels sont vos projets musicaux ici au Canada et au pays ?

Je ne travaille pas seulement sur mon album solo. Je suis aussi sur un autre projet avec deux amis musiciens. Je ne peux dévoiler de détails. A chaque chose son temps. Je peux déjà vous dire que ça s'annonce très prometteur.

Pour mon album solo à venir, je travaille de loin avec des artistes au Tchad. Par exemple, c'est l'excellent Dj Iviano qui produit la majorité des sons de mon prochain album. D'autres artistes tchadiens en featuring se rajouteront.

En 2009 vous vous êtes installés au Canada. Une décennie plus tard, quel regard portez-vous sur la musique tchadienne ?    

La musique tchadienne est une très bonne musique, mais qui s'exporte encore difficilement. Il y a de plus en plus un intérêt pour cette musique. Je suis convaincu que bientôt, la musique tchadienne rayonnera à l'international. Elle frappe à la porte de l'exportation. Il y a beaucoup des talents méconnus.

Pourquoi la musique tchadienne peine à s’exporter ?

Parce qu’elle est très peu valorisée. Les artistes ne sont pas encouragés. Pas de véritable politique pour soutenir les artistes et leurs œuvres avant d’exporter.

Quelques pistes de solution ?

Quelques pistes de solution : Peuple tchadien debout et à l’ouvrage !

A qui Élété doit une reconnaissance aujourd’hui ?

A Dieu en tant que croyant. Ensuite à mon entourage. Ils m’inspirent. Ils m'encouragent à aller de l'avant. Je suis aussi reconnaissant à la vie qui me sourit encore.

Vous donnez des cours de chant à l’Université de Montréal et dans d’autres institutions.

Comptez-vous faire la même chose au pays ?

Les cours de chant que j'ai offert se donnaient dans le cadre d'un contrat temporaire. Je me concentre actuellement davantage à ma propre formation. Après pourquoi pas un jour ? Partager mes expériences au pays doit être gratifiant ?

Un message pour vos compatriotes ?

Merci du fond du cœur d'être là. Ensemble, nous sommes forts. Je ne finirais pas sans un grand Merci à Ialtchad Presse pour le travail accompli depuis plusieurs années pour faire briller la culture tchadienne. Nous avons besoin de gens comme vous pour nous exprimer et partager ces moments. Force à vous et continuez votre bon travail. J'ai très hâte d'être diffusé sur votre chaîne radio FM.

Propos recueillis par Moussa Yayami, Hamid

Israël, Izra pour les intimes, est le benjamin de la fratrie de 4 garçons et 1 fille du Groupe H’SAO. Il était le visage adolescent et doux du groupe. Nomade, installé en France tout en gardant pieds à terra dans sa ville d’adoption Montréal, il n’a rien perdu de l’énergie virevoltante de sa fringante jeunesse. Désormais il se lance en solo. Signe d’émancipation de sa fratrie ou envie d’indépendance ? Ni l’un, ni l’autre. Il prend juste son envol de jeune adulte avec son premier album solo qui sortira en 2020. Entretien avec cet artiste super-actif.

IZra, c’est qui ? 

Salamaleykoum. Moi, c’est Izra pour ceux qui ne me connaissent pas. Je suis chanteur et musicien tchadien depuis mon jeune âge. Disons 6 ans. J’ai intégré le groupe de mes grands frères H‘Sao à 8 ans. Aujourd’hui je travaille sur mon premier projet solo.

Ngandja, c’est un concept ou un genre musical ?

Le Ngandja est un rythme mystique, un rythme sur lequel les hommes initiés du sud du Tchad dansent lorsqu’ils sortent de leur retraite de la brousse. J’essaye d’en faire un concept cool et moderne afin qu’il soit accessible à tous. C’est pourquoi j’ai rebaptisé #NgandjaLife.

Quelle est sa particularité ?

Sa particularité c’est la complexité de son rythme. Il est savourant, mais pas facile à saisir ni à suivre. Bonne chance à ceux qui essayent de le reproduire. Des amis musiciens, des professionnels ont du mal avec ce rythme. C’est ce qui fait sa particularité. On ne se lève pas un matin en se disant, je vais faire du Ngandja.

À quand la sortie officielle de ton premier album solo ? Tes fans attendent.

Oui, c’est vrai. Beaucoup de monde attend mon premier album. Je n’ai pas de date précise. Je peux vous garantir qu’il sortira en 2020

La vidéo Ngandja life a eu plus 100. 000 vues en 2 mois. Ça augure bien pour l’album solo ?

Oui 100.000 vues en 2 mois je ne m’y attendais pas du tout. Pourtant Ngandja Life ce n’est pas du tout une chanson commerciale. Je l’ai sortie pour montrer quelque chose de différent et original. Et le résultat est là. Pour l’album en question, vous n’avez rien vu encore.

As-tu invité d’autres artistes sur l’Album ?

Oui ! J’ai des invités sur l’album, des belles surprises.

Vous roulez désormais en solo. Vous êtes installé en France. Comment se passe votre carrière dans ce pays ?

C’est vrai, je suis souvent en France. Mais je suis en garde partagé entre la France et Montréal. Je commence une carrière solo. Je suis à mon deuxième extrait. Jusque-là alhamdoulillah ça va.

Vous êtes l’artiste le plus populaire des artistes tchadiens. En 2020, peut-on s’attendre à des collaborations avec des artistes d’autres horizons ?

C’est flattant d’entendre ça… Des collaborations avec des artistes d’autres horizons définitivement oui. Un grand OUI même. Il y a avec qui c’est déjà bouclé. D’autres sont en cours de préparation. Je peux déjà vous dire que ça sera du jamais vu cet album.

Présentement, vous êtes à Montréal. C’est dans quel cadre ?

Comme je l’ai dit, je suis aussi installé à Montréal et en France. Je travaille sur différents projets. Je dois boucler deux clips, monter mon show et avec H’sao on a des dates de concerts.

C’est la fin. Un message particulier au public ?

Message particulier ? Bon ! un grand et gros merci pour le support. Je reçois beaucoup d’amour de partout. Restez connectés. Les nouvelles sont bonnes. PAPOU arrive en force.

Propos recueillis par Moussa Yayami, Hamid

Khayar Oumar Defallah est un enseignant et écrivain. Il a aussi occupé de hautes fonctions administratives et politiques telle que celle de Ministre de la culture, jeunesse et des sports. L’auteur du “ fils du nomade”, un œuvre autobiographique, est aujourd’hui conseillé à la primature. Il nous a reçus à son bureau. L’éducation, la culture, son œuvre, ses projets, sont au menu de notre rencontre avec l’éducateur Khayar. Il s’est prêté sans détour à nos questions.

Ialtchad Presse : Qui est Khayar Oumar Defallah ?
Khayar Oumar Defallah : Je suis K.O.D. J’ai 65 ans. Je suis marié et père de 4 enfants. Je suis à la veille de ma retraite de l’Éducation nationale. Je suis présentement conseiller technique du Premier ministre chargé de la Culture, de la Jeunesse et Sports. Je suis héritier de parents nomades chameliers.

Ialtchad Presse : Le secteur de l’enseignement connaît des difficultés de tout ordre. Quelles sont-elles ?
Khayar Oumar Defallah : J’ai 38 ans de métier. C’est un domaine où on ne peut pas tricher. Il faut l’aimer pour le faire correctement. Il est délicat. Dieu merci j’ai choisi parmi tant de professions celui d’être enseignant. Je l’ai fait avec dévouement malgré les contraintes liées à son exercice.

Ialtchad Presse : On parle de manière récurrente de baisse de niveau et de décrochage scolaire. À qui la faute ?
Khayar Oumar Defallah :
La querelle autour de la baisse de niveau est aussi vieille que l’école. Tout le monde est coupable : les enseignants, l’État, la formation des formateurs etc.

Ialtchad Presse : Quelle place occupe la Culture et l’Éducation au Tchad ?
Khayar Oumar Defallah : Le budget de l’Éducation Nationale est un des plus gros. Cet effort consenti par l’État ne permet pas permet pas, à bref échéance d’atteindre, l’objectif de l’Éducation pour tous. Une éducation de qualité pour former une élite intellectuelle qui pourra préserver les intérêts vitaux du pays face à ce monde de concurrence et de compétence qui entoure notre fragile Tchad.

La culture est devenue le cinquième roué qui ne sert que lorsque la voiture Tchad tombe en panne. L’artiste, le créateur est marginalise. Savez-vous plusieurs de nos instruments musicaux, surtout ceux qui fonctionnent aux vents, ne peuvent plus être joués faute de relève. Les jeunes ne veulent pas être indexés comme “griots”. Ce phénomène s’amplifie. Regardez l’âge de ceux manient ces instruments lors des cérémonies traditionnelles. Pourquoi cela ? Parce qu’au pays le griot et l’artiste ont une mauvaise image. Alors qu’il est indispensable, plus qu’indispensable d’introduire l’enseignement artistique à tous les niveaux dans nos écoles. Avant cela, il est important de créer des écoles pour les formateurs et les professeurs d’art. L’objectif est de pérenniser notre culture.

Ialtchad Presse : Que retenir de votre ouvrage “Fils de nomade” ?
Khayar Oumar Defallah : De cet œuvre, il faudra retenir le message suivant : apprendre chaque jours de la diversité de mon pays. Un citoyen se construit sur des bases philosophiques très simples. Il se doit de développer le savoir-vivre, le respect, la tolérance, la solidarité, l’écoute de l’autre et le pardon. Je profite toujours des instants qui passent pour observer et écouter ceux qui m’entourent.

Ialtchad Presse : Dans cet ouvrage vous faite un plaidoyer pour l’éducateur. En quoi l’éducateur est différent de l’enseignant ?
Khayar Oumar Defallah : L’éducation est différent de l’enseignement. L’enseignant donne des notions alors que l’éducateur se donne une mission. Une sorte de sacerdoce. L’éducateur enseigne des notions, développe la curiosité de l’élève mais aussi son esprit critique, le savoir-faire, le savoir être et le savoir-vivre. Tout cela pour le préparer à être un citoyen utile à son pays. Par ses dires et ses faits et gestes inculquent des valeurs positives à ses élèves. Entre autres des valeurs : d’honnêteté, l’amour du travail bien fait et le don de soi pour être un agent de progrès pour soi-même et pour son pays.

Ialtchad Presse : Votre conviction, vous le dîtes “se former soi-même et former les autres”. Avez-vous le sentiment de l’avoir réalisé ?
Khayar Oumar Defallah : Je ne sais pas. Je ne peux me juger moi-même. Mais du fait que tous ceux que j’ai enseigné ont à différents niveaux (banques, administration, politique, organisations internationales) réussie une vie professionnelle. Encore aujourd’hui plusieurs me consultant pour l’orientation de leurs enfants. Je me dis que mon apport n’a pas été inutile.

Ialtchad Presse : Avez-vous des projets d’écriture dans les tiroirs ?
Khayar Oumar Defallah : Je travaille sur la suite du “Fils de nomade”. Il y a d’autres projets d’écriture en gestation et de participation à des films.

Ialtchad Presse : Que pouvez-vous nous dire de la politique actuelle au pays ?
Khayar Oumar Defallah :
Vous savez en politique 1 + 1 ne font jamais 2. Je suis un observateur attentif. Je constate comme plusieurs la pléthore des organisations politiques et les débats jusqu’ici civilises entre les acteurs. Je préfère bien sûr le débat d’idées que les armes. De mes observations et réflexions naîtront une pièce de théâtre ou un film.

Ialtchad Presse : Votre dernier mot. Qu’avez-vous envie de dire ?
Khayar Oumar Defallah : Il faut dire à notre jeunesse de continuer de croire en elle-même. Qu’elle doit croire en ses capacités, Ne pas se laisser décourager par les contraintes du moment. Permettez-moi de paraphraser Patrice Lumumba en affirmant ceci “l’avenir de notre pays sera beau. Il sera encore plus beau si chacun y apporte son intelligence et sa compétence”.

Propos recueillis par Moussa Yayami, Hamid

Enseignant, écrivain et homme politique, Dr Ali Abdelrahmane Haggar est aujourd’hui Président du Comité de Pilotage de l’École des hautes Études Économiques, Comptables, Commerciales et Communication (HEC-Tchad). Rencontré par Ialtchad Presse, c’est à bâton rompus que Dr. Haggar aborde l’éducation, la culture, l’évolution politique du pays.

Ialtchad Presse : Comment vous présenter ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La présentation qui me convient et à laquelle je suis attaché est celle d’enseignant. Enseigner c’est ma vocation. C’est la réalisation d’un rêve d’enfant. Le reste, ça vient, ça va.

Ialtchad Presse : Quels sont les tares du système éducatif tchadien ?
Ali Abdelrahmane Haggar :
Une des plus grandes tare est la baisse de niveau. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la qualité des ressources humaines futures. À ce rythme, on risque de rater le XXI siècle, du moins dans sa première moitié.

Ialtchad Presse : La pléthore d’écoles privées dans la capitale est-elle indispensable ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Moins de services publics induit un surplus de services privés. Franchement, je crois que le mieux serait de réglementer la création des écoles et des instituts privés. Une école, une clinique, ce n’est pas une quincaillerie.

Ialtchad Presse : Il y a-t-il une explication particulière à la baisse de niveau scolaire ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Oui mais il y a des gens qui sortent du lot. Mais il y a beaucoup de choses à faire dans ce sens. Les raisons sont autant structurelles que conjoncturelles : insuffisance de structures d’accueil, pas assez d’enseignants, peu de qualification, les grèves perlées, l’école a perdu un peu de son hora du fait de la promotion de la médiocrité etc. Les solutions existent. Elles sont dans les documents des états généraux de l’éducation. La volonté de bien faire inonde le monde.

Ialtchad Presse : Vous avez fondé HEC-Tchad, quel est l’apport de cette au pays ?
Ali Abdelrahmane Haggar : “Apprendre, pour entreprendre” est la devise de l’école. “ Construire des infrastructures d’accord ! Mais des homes d’abord” est notre idéal. L’apport de cette école c’est 417 jeunes gens en train de travailler dans différents domaines dont plus de 75% dans le privé.

Ialtchad Presse : Haggar comme écrivain, quelle opinion avez-vous de la littérature tchadienne ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La littérature tchadienne est jeune, dynamique et variée. Chacun écrit en plongeant sa plume dans l’encrier de son univers culturel, sentimental etc. Le Tchad est varié et sa littérature est tout autant. Ndjekeri est aussi beau à lire que Ghazali ou Ouaga D, ou Koulsy ou Khayar ou Christine Koundja etc. De ce côté on n’a pas à désespérer. Le problème c’est l’édition et le lectorat. Au Tchad on ne lit pas beaucoup.

Ialtchad Presse : Plusieurs pensent que la culture n’a jamais été un souci pour nos gouvernants. Partagez-vous cette affirmation ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La culture “cultiver”, si. La culture “cultivant”, non. Avec la TVT, un effort est en train d’être fait mais beaucoup reste à faire. Après tout, je suis optimiste. Le Tchad ce n’est pas l’Égypte. À chacun ses pyramides. Je dois cependant demander à nos gouvernants de mettre un peu plus de moyens à la promotion de la culture qui ne doit pas être résumé à l’unique élection “Miss Tchad”

Ialtchad Presse : Comme homme politique, quelle lecture personnelle pouvez-vous faire de l’évolution politique du pays ?
Ali Abdelrahmane Haggar : On évolue mais tant qu’on ne prépare pas la dévolution pacifique de paix, des rares alternances par le truchement des urnes, il y aura toujours l’incertitude. Et puis la paix, il faut la faire, il faut la faire. Le Tchad a besoin des généraux de la paix, ça suffit les généraux. Voilà pourquoi j’apprécie le retour du président Goukouni Weddeye, de Nahor et la visite d’IDI au Soudan. Il y a aussi l’épineuse question de l’armée qui doit nous obliger à appuyer les résolutions des états généraux de l’armée.

Ialtchad Presse : Pour conclure Docteur ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Merci Ialtchad Presse et à la diaspora qui tire le Tchad vers le haut. C’est la prévue qu’il n’y a que les enfants du pays pour le sortir de l’ornière. Cela me rappelle le titre d’un livre de Richard Wright “ Un enfant du pays”. Courage et bonne chance.

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