Les autorités ont annoncé la réouverture des universités et Écoles Normales pour le 25 juin.
Selon le ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, M. Houdeingar David Ngarimaden, la reprise des cycles supérieur est prévu le 25 juin 2020. C'est par une note circulaire qu'il a appelé les établissements universitaires concernés à la réouverture de leurs portes. Au total ce sont 12 établissements universitaires qui devront reprendre les cours dont six universités, 4 Écoles Supérieures et 2 instituts.
Suite à cette information des étudiants ont réagi. Denembaye Linda étudiante en droit à l'université de N’Djamenad dit, « relancer les cours c'est bien. Rattraper le temps perdu c'est bien également mais il faut accompagner cela par des services tel que le transport (bus) et la restauration. Sinon cela va créer des malentendus entre les étudiants et les autorités. Et un attroupement pour manifester. Il y a la pandémie et les mesures barrière. Bref, cette reprise des cours est compliquée ».
La reprise à N'Djamena concerne uniquement les étudiants en Master. Ce qui pourrait provoquer la colère des étudiants en licence puisque tout le monde voudra achever son année académique. Déjà, les questions fusent de partout. Mahamat Adoum, étudiant à l'université de N'Djamena niveau licence s'inquiète. Il pose la question aux autorités, « qu'en ait-il du sors de nous qui ne sommes pas en master ? ».
Rappelons que les Universités et les Écoles ont fermé leurs portes dès le début de la pandémie le 19 mars dernier.
La jeune cinquantaine bien rodée, l’allure calme, le ton posé et le verbe mesuré, le cinéaste et documentariste Issa Serge Coelho est passé dans nos studios pour parler du cinéma tchadien et de la culture en général. Entretien.
Vous êtes peu connu du public, très discret. Qui êtes-vous Issa Serge Coelho?
Je suis tchadien né à Biltine, ville de l’Est du pays. J’ai eu une enfance heureuse comme beaucoup d’autres dans cette ville avant que ma famille ne décide de s’installer à N’Djamena, la capitale. J’ai connu les affres de la guerre comme la plupart des tchadiens de ma génération. J’ai connu l’exil, conséquence de cette guerre des années 79-80, notamment au Mali où j’ai fait mon collège et le Lycée. Ensuite, l’exil s’est poursuivi en France où j’ai fait des études supérieures en Histoire à la faculté et en Cinéma à l’École Supérieure de réalisation audiovisuelle. A la fin de cette formation j’ai fait un stage. Ensuite, j’ai travaillé comme cameraman pour les chaînes françaises France3, Canal+ et M6. L’envie de faire des films m’obstinait.
Pourquoi avoir choisi de rentrer au pays?
Je dirais que c’est l’appel du pays, autrement dit « l’appel du cordon ombilical ». Une envie viscérale de garder un lien fort avec le Tchad, de parler de ce pays à travers le cinéma. Je l’ai fait grâce à mon premier film, une fiction intitulée « Taxi pour Aouzou » présenté au FESPACO 93 à Ouagadougou au Burkina Faso.
De quoi avez-vous voulu parler dans ce film?
Simplement parler du Tchad. C’est comme une lettre aux amis. J’ai choisi de le faire à travers la journée d’un taximan sur fond du décor de la ville de N’Djamena. Le taxi, c’est le tour de contrôle très réaliste de nos vies. Les gens se rencontrent dans le taxi, ils se mélangent, ils se parlent sans forcément se connaître. Le taxi permet de saisir les réalités. C’est une tranche de la vie réelle.
Vous êtes le « M. cinéma du pays », « le gardien du temple », comment se porte l’industrie du cinéma Tchadien?
Il n’y a pas d’industrie cinématographique au Tchad. Une industrie, c’est une organisation avec un cadre fixe, des fonds, des sociétés de production, des écoles, de la production soutenue etc. Il y a des Tchadiens qui font des films. Ils s’organisent pour le faire par le besoin d’expression. C’est tout.
Il y a une culture cinématographique bien ancré.
Il y avait mais cette culture a disparu. Il y a par contre une cinéphilie. C’est-à-dire des personnes qui s’intéressent au cinéma. Pour avoir une nouvelle culture cinématographique, il faut construire de nouvelles salles de cinéma, sensibiliser les parents pour qu’ils amènent leurs enfants avec eux dans des vraies salles de cinéma. Leur faire découvrir la différence entre voir un film à la maison, peu importe le support, et un film en salle. C’est différent.
Construire des salles de cinéma? Qui va le faire?
L’État doit s’impliquer et trouver la bonne formule. Il y a les associations de la Société civile, les Partenaires techniques et financiers du pays, les mécènes etc.
Pourquoi vous les grandes figures du Cinéma tchadien, vous ne bougez pas?
Nous bougons. Par exemple, Mahamat Saleh Haroun et moi nous faisons de notre mieux. Présentement, nous n’avons pas de l’écoute dans la machine administrative et politique responsable de ces questions. Nous n’avons pas comme on dit des entrées. A l’époque de M. Khayar Oumar Defallah on avait de l’écoute. Il y avait eu aussi un grand espoir, qui a tourné court, avec le passage éclair de Mahamat Saleh Haroun au Ministère de la Culture. Les jeunes nous n’avons pas démérité pour les aider. Ils n’étaient pas intéressés au début parce que l’entourage immédiat leur dit que le cinéma n’est pas un métier d’avenir. Depuis quelques temps cela a changé. Les jeunes ont compris. Ils sont de plus en plus intéressés. Il y en a même un qui a commencé a émergé.
Pourquoi c’est si difficile?
Parce qu’il n’y a pas un cadre fixe. Depuis 12 ans nous nous battons pour que l’artiste ai un statut. Rien. Pas de volonté politique du Ministère. L’artiste tchadien n’est rien. Il n’est pas reconnu dans son propre pays. Il travaille comme à la sauvette. Il ne paie pas la cotisation à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS). Nous avons poussé pour que ça aboutisse. Nous avons amassé de l’argent et avons organisé une rencontre pour réfléchir et faire des propositions. C’est rester sans suite. Au Ministre de la Culture, il faut un homme de culture ou quelqu’un qui a une vision pour la Culture. Nous nous sommes battus par exemple sur la redevance audiovisuelle sur la téléphonie. Elle est 10 francs par jour donc 300 francs par mois. 300 millions étaient destinés aux artistes sur 7 milliards. Une loi à cet effet a été votée, adoptée et promulguée. Ensuite, rien. Nous n’avons jamais vu la couleur de cette somme. Où est passé cet argent? D’ailleurs, cette loi est caduque depuis 3 ans.
Le poste vous intéresserait-il si on faisait appel à vous?
Non, je suis un homme de terrain. Je ne connais rien à l’administration publique et à la politique. Bref, je ne suis pas politique.
Vous êtes le gérant du Cinéma Le Normandie. Qu’en est-il du contentieux?
Écoutez, c’est un problème simple et compliqué en même temps. La bâtisse n’appartient pas à l’État. C’est une propriété privée qui a été vendue. Il s’est avéré que 2 personnes se réclament propriétaires. L’un semble-t-il a eu gain de cause. L’État a rénové le bâtiment à l’occasion du cinquantenaire sans être au courant du différent foncier qui existait. Figurez-vous qu’à l’époque de la réouverture, c’était la première salle de l’Afrique francophone la plus moderne. Bref, l’État n’est que locataire. Et moi le gestionnaire par l’entremise du Ministère de la Culture.
Au delà du Cinéma, comment relancer la Culture en général au Tchad?
Il faut que les autorités prennent conscience de l’importance de la culture. Elle est un plus à notre identité et un plus à notre économie. Ces derniers temps, il y a comme un déclic des autorités. Les choses changent. Il y a par exemple le Festival Dary et le Festival Sahélo-saharien, des excellentes initiatives. Il faudra les améliorer. Les ouvrir en impliquant ceux qui ont des nouvelles idées. Il faudra éviter de verrouiller ces 2 manifestations culturelles. Par exemple, il faudra penser à déplacer le Festival Dary de la Place de la Nation. Aussi, il faut le « défolkloriser » un peu. Enfin, ces deux évènements constituent les 2 piliers sur lesquels on veut relancer ou rebâtir l’industrie culturelle du pays on va dire...
Quelle réflexion vous avez envie faire pour clore cet entretien?
Le Tchad est un beau pays mais son image est mauvaise hors de nos frontières. On associe trop le Tchad à la guerre. C’est vrai que nous avons beaucoup guerroyé entre nous. Il faut changer cela par la culture et le sport. Aussi, je ne peux pas clore sans faire un clin d’œil à Ialtchad. Voilà un nom évocateur et fédérateur. C’est notre maison familiale. Merci d’être présent dans la durée aux côtés des artistes.
Bello Bakary Mana
Danapih de son vrai nom Danapinah Frédéric est un jeune artiste slameur plein d’ambition et de projets. Entrevue découverte.
Qui est Danapih et que signifie ce prénom spécial ?
Pour faire une histoire courte, Danapina Frederic c’est mon nom dans le registre d’état civil. Mon nom d’artiste est Danapih qui lui vient de mon nom Danapinah. Ne voilà pas de secret. Rien de spécial.
Comment avez-vous abouti à la musique ?
C’est par l’influence de mes aînées. Ils étaient des rappeurs. J’ai commencé avec le rap. Puis, j’ai migré vers le slam. Tout de suite, j’ai compris que c’est ce qu’il me fallait. Le rap est plus écouté par les jeunes. J’ai alors décidé de faire une musique qui sera écoutée par tous, jeunes comme vieux. C’est le cas du slam. Tout le monde peut écouter et le message est clair.
Pourquoi avoir choisi le slam ?
Pour sa clarté. Dans les autres genres musicaux, il y a trop de son. Le slam se focalise sur les paroles. Et la musique est en fond sonore.
Quelles sont tes sources d’inspirations ?
Les vécus quotidiens de tous les Tchadiens et Africains. J’ai d’ailleurs dédié mon premier album au Tchad pour éveiller les consciences. Mon album intitulé arche de conscience vise à provoquer des réflexions et des prises de conscience et inciter aux changements des comportements pour que nous vivions en paix.
Votre appréciation de la musique tchadienne et surtout du slam?
La musique a du potentiel, mais elle n’est pas encore à la hauteur souhaitée. Le slam, lui, est un genre nouveau. Le Tchad est encore en train de le découvrir. Le public est en majorité composé des personnes âgées ou ayant un certain niveau intellectuel. J’essaye de me mettre au niveau de tout le monde en chantant en Arabe, en Sara afin de me rapprocher à la majorité.
Que pensez-vous de la question des droits d’auteur?
Dans cette histoire, il faut être objectif. Les artistes se battent pour travailler pendant une année, mais la somme qu’ils gagnent en une année est dérisoire. Je propose un logiciel qui calcule les chansons les plus diffusées. Et calculer les montants à percevoir. Les diffuseurs donnent des listes fictives écrites sur le coin de la table. Et le tour est joué, ils perçoivent des droits d’auteur et ils les redistribuent de façon non équitable.
Avez-vous une vie en dehors de la musique ?
Vivre de la musique au Tchad c’est choisir la misère. J’ai d’autres flèches à mon arc. J’ai fait des études en communication. Je travaille dans une entreprise commerciale de la place. La musique occupe 25% de mon temps.
Avez-vous des projets ?
Je prépare un album. Mon spectacle mensuel continue. J’organise ce mois un spectacle pour mes fans. Je viens de lancer un clip « sauvons les enfants » et bientôt un autre titre « la culture va mal ».
Jusqu’ici combien d’albums au total ?
Un album de 16 titres nommés arches de de conscience et trois sigles, « sauvons les enfants », « elle n’a que 13 ans », un single qui marche bien, les faux prophètes. Je les ai réalisés avec d’autres artistes tels que AKon, Daison.
Propos recueillis par Habiba Abdelhakim
Son nom d’artiste est Anonyme ! Pourtant il a choisi une vie aux antipodes de l’anonymat. Contradiction ou provocation ? Tout ce qu’on peut dire c’est : quelle originalité. De son vrai nom Magloire Moïalbaye Tampelé, la nouvelle star du rap est Tchadien et a baigné depuis l’enfance dans la musique avec un Papa grand mélomane devant l’Éternel, passionné de la rumba congolaise et de la musique française. Anonyme est né à N’Djamena et a grandi entre deux quartiers de la capitale, Ridina et Chagoua. Malgré l’adversité il a réussi à s’imposer sur la scène musicale. Entrevue.
Tirons les choses au clair. Qui est Anonyme et pourquoi ?
Excellente question. Bon, mon vrai nom c’est Magloire TAMPELE. Mon nom d’artiste c’est ANONYME, je me fais aussi appeler NDJAMBOYE. Je fais de la musique urbaine. Je chante. Je suis rappeur, auteur et compositeur. Anonyme parce pour mieux me démarquer. MOYALBAYE c’est mon nom à l’État Civil. Après, j’ai pris ce nom, je l’ai tordu, contorsionné et ça donné ANONYME. Simple, frappant et facile à retenir. Dans ce domaine on utilise des noms compliqués, je voulais un nom qui montre ma personnalité. Et voilà la trouvaille.
Quel est votre genre musical ?
Le rap. J’ai grandi dans un quartier populaire, notre univers musical a été influencé par des rappeurs. Il y avait de la musique partout autour de moi. Ma grand-mère était une cantatrice en pays Sara. Bref, je suis la somme de toutes ces influences. J’écoutais aussi beaucoup les émissions musicales à la radio comme le reggae, le zouk. Je faisais également partie d’un mouvement à l’église où nous avons la possibilité d’exprimer nos talents. J’ai fait du théâtre, et j’ai basculé plus tard dans le rap avec un groupe de quartier « Istifak » en 2004. Et, c’est de là qu’anonyme est née. J’ai 4 albums solos, le premier c’était « Chroniques des terres arides », il y a eu ensuite « Mukchahat », « Farafina » puis « Comme un seul homme ». Entre-temps, j’ai lancé un autre album avec des jeunes de mon label Marge d’action, intitule projectile.
Des prestations à l’étranger ?
J’ai commencé en Guinée ou j’ai fait plusieurs spectacles avec un label. Je suis aussi médecin je travaille dans l’humanitaire, cela fait que je n’ai pas vraiment le temps de faire des tournées internationales. En dehors de la musique, je suis aussi responsable du label Marge d’action. J’entends aussi être bientôt producteur. Le label Marge d’action est une écurie. Elle sert de lien entre plusieurs jeunes qui font de la musique. On fait beaucoup dans le coaching des artistes. C’est un label modeste avec un petit studio d’enregistrement, un petit carnet d’adresses. L’album Projectile, lancée en mars 2019 et qui a eu beaucoup succès, nous a fait gagner en notoriété.
Quelles sont les difficultés de métier ?
Les difficultés sont connues de tous. C’est le manque de soutien à tous les niveaux aux artistes. Pourtant ce pays regorge de talents et des volontaires. Les problèmes cruciaux ce sont le manque de structures de production, les questions de propriétés intellectuelles, etc. Les choses bougent un peu, mais ce n’est pas la cocagne.
Votre avis sur la musique tchadienne ?
Peu de pays peuvent se vanter d’avoir un cosmopolitisme culturel comme le Tchad. Nous avons la culture saharienne, Sahélienne et Bantous qui se croisent et s’entrelacent. C’est magnifique. C’est un trésor. C’est une richesse inexploitée. C’est comme j’ai mentionné la musique tchadienne survie, vivote. Prenons la question des droits d’auteur (rire). J’ai été victime d’un scandale. En 2019, j’étais parmi les artistes le plus diffusé au pays et même à l’étranger. Je devais tirer un bénéfice pécuniaire. C’était l’inverse. Je me suis retrouvé avec le plafond le plus bas. Cela démontre les lacunes au niveau du bureau des droits d’auteur. Un minutieux travail doit être fait. Je profite pour interpeller les responsables. S’il n’y a pas un mécanisme de redistribution bien défini et fiable on aura toujours de problèmes.
Vos projets à court terme ?
La sortie de quelques vidéos, et singles pour permettre aux jeunes de notre label d’avoir une identité. On a réalisé un clip vidéo intitulé « ça se passe comment ». Il est sorti tout récemment.
Votre mot de la fin ?
Simplement un clin d’œil à Ialtchad, c’était la référence. C’est la référence. Merci pour le retour. Beaucoup de souvenirs me remontent à la tête. Le Tchad sans Ialtchad, il y avait un manque. Bon vent !
Propos recueillis par Habiba Abdelhakim
Elle est jeune. Elle est femme. Et elle se démarque de la scène artistique par son choix pour la musique urbaine. Entretien Quel est votre genre musical ? Je fais de la musique urbaine. C’est-à-dire de la Wold music, la musique du monde.
Comment était votre début de parcours ?
J’ai eu un parcours de plus normal. Comme toute jeune adolescente, je rêvais et enviais la vie des grandes stars. Durant mes premières années universitaires, j’ai commencé à me faire connaître. Petit à petit, j’ai fait quelques essais en studio et j’ai su que j’ai du potentiel et qu’il fallait les exploiter. J’ai foncé.
Quelles ont été vos réalisations ?
Depuis 2014, j’ai réalisé une quinzaine d’activités. A mes débuts sur Internet je n’étais pas connu. On me découvrait que dans les concerts. En mars 2019, j’ai sorti un album commun nommé « projectile » à 4 titres.
Durant votre parcours, vous avez connu des difficultés ?
La principale difficulté comme artiste est le manque d’aide, aucun appui financier. Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux autorités pour vraiment appuyer les artistes pas seulement en matière financière. J’appelle aussi le public à partager nos réalisations sur les réseaux sociaux. En dehors de la musique, je travaille. Je suis diplômé en administration d’affaires et entrepreneuriat, j’ai juste un petit job.
Quel message voulez-vous adressé aux jeunes filles ?
Je n’aime pas donner des leçons. J’aime en recevoir. Comme vous insistez, je leur dis simplement de ne pas être timides ni d’avoir peur. Tant qu’il y a la peur du jugement des autres, tu ne pourras rien faire. Il ne faut pas qu’elles tiennent compte « des on-dit ». Que cela soit dans la musique ou sur le plan professionnel, faudrait qu’elles aient confiance en elles et se prennent au sérieux et prennent ce qu’elles font au sérieux. Qu’elles s’imposent toutes en douceur sans froisser, ni bousculer personne. Utiliser la méthode féminine qui a fait ses preuves : douceur et fermeté.
Vos projets à court terme ?
Je n’ai pas d’autre projet que le travail. Continuer à travailler. Toujours travailler, encore travailler sans se plaindre. C’est le seul chemin du salut, il n’y a pas d’autres.
Votre mot de la fin ?
Bon écoutez…sourire. On va faire un dédicace à Ialtchad qui fait un rebond impressionnant. On vous croyait mort avec votre belle idée. Comme on dit, les belles idées et les bonnes œuvres ne meurent jamais. Personnellement, c’est un ouf de soulagement. Ialtchad c’est évocateur. C’est touchant. Big up and good luck.
Propos recueillis par Habiba Abdelhakim
Il est jeune. Il est Tchadien. Il fait de la musique. Rien d’étonnant. Mais pas n’importe quelle musique, il a le talent de faire la fusion Rnb, Gospel et la musique du terroir : le Gourna et le Gangang de sa région natale, la Tandjilé. Il a passé la première phase de « The Voice Africa. »
Quand et où avez-vous commencé à chanter ?
À la chorale de mon église avec mes grands frères qui étaient déjà des musiciens. J’ai fait partie d’un groupe de l’église. J’ai appris à composer la musique avec quelques jeunes tels Fredo, Életé.
Votre genre musical ?
Le style qui me sied le mieux c’est le gospel et un peu de RnB
Quelles sont vos réalisations déjà ?
Rire. Ça va vous surprendre, mais je n’ai rien réalisé encore, j’ai un seul « feat » à mon actif. Sourire…soyez rassuré, il y a un gros album en préparation. J’espère qu’il plaira au public.
Vous avez représenté le Tchad dans la compétition THE VOICE AFRICA. Comment ça s’est passé ?
Pas mal. J’étais prêt et je me suis présenté dans une forme artistique pétillante. L’évènement a démarré le 15 février dernier. Je suis passé quelques jours après. J’ai réussi à être retenu pour la prochaine. Je suis fier. Et je remercie tous ceux qui m’ont soutenu. Je me prépare pour la prochaine étape.
Avez-vous rencontré des difficultés dans la phase de préparation ?
Oui j’ai fait face des problèmes par exemple le manque de structures d’enregistrement, de production, mais j’ai pu surmonter cela. Il y a des talents dans ce pays. Il y a aussi des opportunités à saisir à l’instant T. Il faut juste de la volonté et de la persévérance pour faire découvrir aux autres les talents des artistes tchadiens.
Votre dernier mot
Merci Ialtchad que j’ai connu quand j’étais étudiant à Accra, au Ghana. Merci de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer.
Propos recueillis par Habiba Abdelhakim
L’Assemblée Nationale a adopté ce mardi 28 avril la nouvelle loi sur les actes de terrorisme. Elle a été adoptée à l’unanimité par les 155 députés présents à l’hémicycle.
La plénière, présidée par le président de l’Assemblée Nationale (PAN), Haroun Kabadi. C’était en présence du ministre de la Justice chargé des droits humains, Djimet Arabi, et de la ministre Secrétaire Générale du gouvernement, Mme Mariam Mahamat Nour.
La peine de mort a été officiellement supprimée du code pénal tchadien en 2014. Elle a été ensuite réintroduite en 2015 dans la loi portant répression des actes terroristes. C’est dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, peu après les des attentats de N’Djamena en septembre 2015. Cette loi a été appliquée à l’encontre de 10 membres de Boko Haram, auteurs du double attentat attentats commis au Commissariat Central et à l’École Nationale de Police de la N’Djamena.
Rappelons que ces attaques avaient fait 38 morts, dont les trois kamikazes, et une centaine de blessés.
Depuis le 19 mars, le Tchad vit au rythme de la pandémie Covid-19. Dans une série de reportages, nos journalistes se sont rendus sur le terrain pour raconter les réalités vécues. Reportage.
Mardi 31 mars. 12h 00. Quartier Farcha Zaraf, situé à l’ouest de la Commune N° 1 de la ville de N’Djamena. Au loin, un bâtiment blanc-cassé se dresse, c’est l’hôpital provincial dédié à la prise en charge des malades du Covid-19.
À l’entrée, devant le grand portail un groupe de quelques personnes discutent. À côté d’eux, un agent de sécurité grand, gringalet, casquette vissée sur la tête monte la garde. Il nous interpelle en Arabe locale « Tou do rou chounou ? Que voulez-vous ? »
« Nous sommes journalistes. C’est pour un reportage », répond ma collègue. D’accord, dit-il. Et rajoute, « attendez quelques minutes » d’un air sérieux dans sa tenue de vigile. Il se prend pour un militaire, mais sans fusil. Quelques minutes plus tard un vrai militaire de la force multinationale mixte se présente et nous demande une seconde fois, pour certainement confirmer l’information en possession, l’objet de notre visite. Après lui avoir reformulé la même réponse, il nous oriente vers le bâtiment où est écrit : consultations externes. Une interrogation nous traverse l’esprit « sont-ils en train de confondre l’objet de la visite ? Nous conduisent-ils pour faire le test Covid-19 ? ». Vite, cette interrogation se dissipe.
Dans la cour de l’hôpital, le corps soignant et les agents de sécurité déambulent. Une ambiance de quiétude plane comme pour narguer le dangereux et désormais célèbre coronavirus. La simple évocation de son nom suscite des débats où on entend toute sorte d’opinions allant des « thèses complotistes » à l’invulnérabilité des Africains, surtout des Sahéliens grâce au climat chaud et aride.
Dans le bâtiment, un médecin lunette fixée au visage, blouse blanche, laissant traîner négligemment son stéthoscope sur le coup nous attend. Après les salutations d’usage, il nous renvoie aussitôt, pour se débarrasser de nous, vers un autre bâtiment de l’administration pour, dit-il, avoir l’accord du directeur pour le reportage.
Dans les couloirs du bâtiment administratif, l’administrateur gestionnaire de l’établissement, lui aussi habillé en blouse blanche nous accueille sourire au visage. Un sourire qui nous laisse croire qu’enfin, le reportage va démarrer et que nous sommes entre bonnes mains. Il nous conduit dans son bureau. Et dit d’un ton sec « le directeur de l’hôpital est en réunion ». Pis, il réclame un ordre de mission. Surpris nous tentons de lui faire comprendre que le reportage est d’intérêt public et la pandémie est une affaire de santé publique. Bref, qu’il a tout intérêt à laisser le reportage se dérouler. L’administrateur recule le siège de son bureau, prend et grand souffle. Et répond « ces derniers temps la désinformation sur les réseaux sociaux a amené les autorités à prendre des mesures strictes. Pas de reportage sans ordre de mission », dit-il fermement. Nous tentons de le convaincre que le reportage, si accepté, permettra aussi de contrecarrer la désinformation sur le Net. Notre vis-à-vis n’est pas convaincu par nos arguments. Nous prenons congé de lui.
À la sortie, nous prenons quelques photos du bâtiment et de la grande porte de l’entrée. Le temps de dire au revoir aux vigiles, le vigile réagit violemment et tente de confisquer ou de supprimer les photos. Nous résistons, ils lâchent prise.
Sur la route du retour, derrière les pétarades de notre motocyclette, une ambiance paisible se dégage de l’hôpital. En ville, un léger climat angoissant flotte sous un soleil de plomb. N’Djamena, la capitale bruisse de rumeurs, d’histoires entendues dans la rue ou lues dans les réseaux sociaux. La ville vit au ralenti comme tétanisé par les « ont dits » sur le coronavirus.
Lundi 4 mai, un mois plus tard. Le ministre de la Santé publique, Mahamoud Youssouf Khaya, est interpelé par les élus sur la capacité d’accueil de cet hôpital. « Je ne savais pas qu’il n’y avait pas de la place à l’hôpital de Farcha », répond-t-il. Pour le ministre, l’hôpital dispose de plus de 84 lits libres pour accueillir des personnes infectées.
Un médecin réquisitionné pour travailler dans cet hôpital informe la rédaction, sous sceau de l’anonymat, que le laboratoire pour les analyses ne fonctionne pas. Il soutient que l’hôpital de Farcha a eu plusieurs difficultés « mais les responsables veulent faire croire que tout va bien. Il suffit seulement de relever les insuffisances et les réparer mais les gens préfèrent faire les choses à leur manière. Normalement un hôpital n'est pas un lieu où on cache des choses », déplore le médecin. Selon lui les différentes aides en matériels reçu par le Tchad donne de l’espoir.
L’espoir, c’est ce qui a permis à Mathias Debin de s’en sortir. Il faisait partie des patients de cet hôpital de Farcha. Guéri, il témoigne « le traitement dont nous bénéficions, c’est essentiellement de la Chloroquine, composée de Azimax et de la vitamine C. Les médecins viennent régulièrement faire le suivi de la dose prescrite. Nous prenons ces médicaments 3 fois par jour, chaque 8 heures de temps, sur une période de 10 jours ». Après ce délai, un test de confirmation est fait pour vérifier l’état de santé du patient. Selon Mathias, la prise de ces médicaments n’est pas sans risque. Il y a des patients qui vomissent régulièrement lors du traitement. « D’autres par contre ont bien fini leurs traitements. Je ne sais pas si ça varie d’une personne à une autre », ajoute-t-il.
Le guéri de la Covid-19 apprécie la bravoure du personnel soignant à l’hôpital provincial de Farcha. « Globalement, j’ai beaucoup apprécié leur courage. Le corps soignant était vraiment inlassable. Les agents venaient constamment nous encourager et nous suivre. Mais s’il y a une condition que j’ai vraiment déplorée étant là-bas c’est surtout l’aspect alimentaire. On ne mangeait pas tellement à notre faim, contrairement à ce que les gens pensent » dit-il.
Orthom L’Or
Rosalie Zihoulbé