Le monde de la culture n’a pas échappé à la pandémie du coronavirus. Elle est passée par là, toutes les activités culturelles sont suspendues. Le 21 juin, la fête de la musique a été virtuelle.
Au Tchad aussi les activités de l’édition 2020 se sont déroulées virtuellement, à travers les réseaux sociaux. A l’Institut Français du Tchad (IFT) en passant par la Maison du Quartier Chagoua, quelques artistes ont donné de spectacles diffusés en direct sur les réseaux sociaux. Même son de cloche à la télévision Électron TV. Les mélomanes se sont connectés pour suivre les différents web-concerts.
Rappelons que dans les années passées, les salles de spectacles étaient remplies de spectateurs. Les artistes communiaient directement avec leurs fans, mais cette année le coronavirus a rendu la fête différente.
Elle est artiste. Elle est reconnue comme celle qui n’a pas sa langue dans sa poche. Elle se démarque des autres par son parlé franc, cru, dru et sans détour. Rencontre avec une rebelle.
Comment définissiez-vous votre musique ?
Mon style musical? C’est du foufou. Alors qu’est-ce que le fou? C’est un mélange de Zouk, RNB et tout le reste. Mais maintenant je connais ma culture et ma tradition. Je prends le traditionnelle et le moderne. Je les mélange un peu avec la mélodie étrangère.
Au-delà de ce mélange, quelles sont réellement vos sources d’inspirations ?
Mes inspirations viennent des réalités, je raconte des histoires vraies, ce que les jeunes vivent, de leur quotidien. Par exemple, l’histoire d’une fille qui a été violée par son père. Pourquoi ne juge-t-on pas cet acte? J’ai aussi raconté l’histoire d’un enfant qui a perdu ses parents, après la perte de ses parents, il a été rejeté. Aujourd’hui, il est devenu un homme battant. Je donne de l’espoir aux gens. C’est le vécu de tout un chacun. Je chante aussi l’amour.
On reconnaît votre voix au-delà de nos frontières. Vous puissiez dans nos croyances traditionnelles, est-ce le principal atout ?
Ma voix est un don. Je ne l’ai pas emprunté, je ne l’ai pas travaillé avec des coaches. Je me suis entraînée seule, en écoutant beaucoup d’artistes influentes.
Que pensez-vous de la musique tchadienne ?
La musique tchadienne est en phase de croissance. Il y a beaucoup de talents tels que les Saga, Asalfo, Youssouf Dior et plein d’autres. Notre différence, c’est notre originalité. Je ne peux pas me comparer à Menodji ou à Geneviève, mais chacune a quelque chose de différent.
Pourquoi donc elle n’existe presque pas dans nos médias locaux, C’est la musique étrangère qui est prisée ?
Les Tchadiens n’aiment pas leur musique. Ils ne l’encouragent pas. J’accuse les Tchadiens. Ils n’aiment pas ce qui vient de chez eux. Les Sénégalais écoutent du M’balakh, les Ivoiriens écoutent du coupé décalé, les Congolais du lingala, les Sud-africains écoutent plus musique de zoulou, etc. Nous Tchadiens n’écoutent pas leur musique. Ils préfèrent la musique d’ailleurs.
Est-ce n’est pas par la faute des artistes qui ne produise pas une musique de qualité ?
Alors je vais vous dire quelque chose de très simple, quand un enfant est encore dans le ventre de sa maman, il appartient encore à la maman. Quand l’enfant né, il appartient à tout le monde. Il faudrait que ce tout ce monde, les tantes et les oncles, y participe à son éducation. Tout ça pour dire qu’il faut apprendre à accepter ce qui vient de chez nous. Et accompagner les artistes avec des critiques positives. Aujourd’hui n’importe qui peut se lever, il critique tel, clash tel autre. Les Tchadiens n’écoutent pas leur musique. Par exemple je publie une vidéo, elle fera 20 vues en 3 semaines. Ils préfèrent cliquer pour écouter du AKON, du Lil Wyne, du Byoncé, ils ne comprennent rien dans les chansons de ses artistes, mais ils écoutent. Du coup, ça leur donne de la visibilité avec des milliers voire des millions de vues. Le tchadien est très complexé. Il n’aime pas ce qui vient de chez lui, mais ce qui vient de chez les autres. C’est dommage.
Quelle est la solution, une stratégie pour que la musique locale reconquière le cœur des Tchadiens ?
Arrêtez de mettre dans tous les bars les chansons de Ynos B, de Fally Ipupa, de passer de la musique congolaise dans nos bars. Il faut d’abord payer les droits d’auteur des artistes tchadiens. Je sais que ce n’est pas facile, mais il faut commencer quelque part, tout revoir de la diffusion à la consommation. Regardez, des blancs viennent au Sénégal pour apprendre du M’balakh. Pourquoi les gens ne viennent pas au Tchad pour apprendre la culture tchadienne? Parce que je suis désolé, le tchadien ne veut pas faire savoir à son prochain que ça vient de chez lui. Il est trop timide. Il a trop honte.
En termes de stratégie, ce n’est pas compliqué par exemple, de prendre certaines décisions au niveau de l’État, en matière de quota de diffusion. Ce n’est pas interdire, mais mettre des stratégies pour amener les gens à aimer la musique tchadienne. Le ministère ne doit pas seulement les accompagner, il faut aussi prendre des initiatives concrètes en finançant par exemple des festivals, etc.
Quels sont vos projets à court terme ?
J’ai un projet professionnel dans un domaine connexe. La musique pure ne paie pas au Tchad. Je vais créer un label qui aura pour mission d’accompagner de jeunes artistes à signer des contrats. Une espèce d’agence entre les maisons de production et l’artiste. Voilà mon projet maintenant on ne sait pas ce Dieu dispose.
Vous ne faites plus de la musique à plein temps ?
Oui et non. Oui parce que je suis toujours dans l’industrie de la musique. Non parce que je tente de faire aussi autre chose en rapport indirect avec la musique. Je vais vous donner quelques exemples. Prenez le cas d’Angélique KIDJO elle a un diplôme, les Magic system ils ont leur Fondation, Youssouf Dour il est un magnat des médias sénégalais. Je ne peux pas me limiter seulement à la musique. On ne vit pas de la musique dans un pays où il n’y a pas de droit d’auteur.
2020 est là, que souhaitez-vous aux Tchadiens ?
Bonne et heureuse année. Santé, succès et bonheur à tous et toutes. Bon retour et vent à IALTCHAD.
A l’occasion de la célébration du 30eme anniversaire de la journée de l’enfant africain, madame la ministre de la femme, de la protection de la petite enfance et de la solidarité nationale, Djalal Ardjoun Khalil a fait une déclaration.
« La journée de l’enfant africain célèbre les actions courageuses pour défendre les droits des enfants en Afrique et appelle à une sérieuse introspection et à un engagement à travers les nombreux défis auxquels ils sont confrontés », déclare la ministre.
Depuis son instauration en 2002, elle a été commémorée avec plusieurs différents conformément à la pratique et sur la base de la recommandation du Comité Africain d’Expert sur les Droits et le Bien-être de l’Enfant (CAEDBE). Pour cette édition, le thème choisi est : « l’accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique ».
Selon madame Djalal Arjoun Khalil, « une analyse exhaustive des facteurs socioculturels, économiques, politiques, structurelles et conjoncturelles explicatives des violences, abus, exploitations et négligences faites aux enfants a été faite et a permis d’identifier les principaux goulots d’étranglement liés à la pauvreté des familles ».
« Plusieurs réalisations ont été entreprises », d’après la ministre.
Rappelons que la journée de l’enfant africain est une journée internationale organisée chaque année depuis le 16 juin 1991 par l’organisation de l’unité africaine. C’est en souvenir du massacre de centaines d’enfants lors d’une marche pour leurs droits à Soweto par le pouvoir de l’apartheid le 16 juin 1976.
Le Chef de l’Etat Idriss Déby Itno a annoncé à travers un tweet, la réouverture des lieux de culte, pour le 25 juin 2020. Annonce faite ce mercredi 17 juin 2020. Les leaders religieux s’y prononcent.
« Cette nouvelle est tant attendu par les fidèles. La réouverture des lieux de cultes est très salutaire et remercions le gouvernement pour cela. Face à cette situation de pandémie, l’organisation du culte sera particulière et tiendra compte des mesures barrières », dit le Pasteur Batein Kaligué, Secrétaire Général de l’Entente des Églises et Missions Évangéliques au Tchad (EEMET). Pour lui, les Kits de lavage de mains et les masques sont une obligation dans les églises. La situation nous oblige à organiser plusieurs cultes chaque dimanche, afin d’éviter les attroupements.
Pour le Secrétaire Général du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques (CSAI), Abdeldahim Abdoulaye « ce n’est pas toutes les mosquées qui sont concernées par réouverture, mais juste les grandes mosquées. Une forte sensibilisation des fidèles sur les gestes barrières est nécessaire avant la réouverture des mosquées ».
Selon M. Abdeldahim, les mesures barrières instituées par le gouvernement sont prises en compte et complétée par d’autres mesures. La désinfection des mosquées, l’accès aux salles de prière est fixé à 12h45 et le serment est limité à 15minutes.
Il faut le rappeler, les lieux de culte ont été fermés depuis 3 mois, suite à la confirmation du premier cas de la Covid-19 au Tchad.
Dans un point de presse que le Secrétaire Général de l’Entente des Eglises et des Missions Evangéliques du Tchad (EEMET), le pasteur Batein Kaligué tenu a fait une mise au point sur conditions d’accès dans les lieux de culte. C’est ce vendredi 19 juin 2020 au siège de ladite organisation.
Dès l’entame de son intervention, le Secrétaire Général a remercié le gouvernement pour sa collaboration avec les responsables religieux. Il a ensuite souligné que la Covid-19 oblige à changer désormais de comportement. « Le port obligatoire de masque, le respect de la distanciation sociale dans les églises et l’interdiction de se serrer les mains en se saluant », sont une obligation dit-il. Aussi, les églises ont pris la décision de s’équiper des kits de lavage des mains et de désinfecter les lieux de culte.
La congrégation propose à ses fidèles, un thème unique pour l’ensemble du territoire national : « le secours de Dieu ne manque jamais ». Elle fixe annonce 3 jours de jeun et de prière, à compter du 25 au 27 juin 2020, dans toutes les églises.
Pour rappel, ce point de presse intervient suite à l’annonce de la réouverture des lieux de culte par les autorités du pays. L’EEMET appelle ses fidèles à plus responsabilité pour éviter la contamination de la Covid-19 dans les lieux de culte.
Depuis le 19 mars, le Tchad vit au rythme de la pandémie Covid-19. Dans une série de reportages, nos journalistes se sont rendus sur le terrain pour raconter les réalités vécues. Reportage.
Il est 9h. Nous sommes à l’entrée d’un grand bâtiment à deux niveaux, pavé de carreaux de couleur grise et turquoise. C’est l’immeuble qui abrite l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP). Nous sommes accueillit par un agent de l’ARCEP devant le portail. Les vigiles vérifient si nous avons rendez-vous. C’est fait. Nous sommes conduits dans le bureau de Mme Paméla Badjé, Coordinatrice du Centre d’appel ou le call Center 1313.
Toute souriante, madame Paméla s’excuse pour son retard. Aussitôt elle nous demande le but de notre visite et au nom de quel média ? Nous lui signifions que l’objet de notre visite est de s’en querir du mode de fonctionnement et des activités du Centre d’appel 1313. Et nous précisons notre média, le journal en ligne Ialtchad Presse.
D’un air rassuré, elle donne un petit aperçu sur le mode de fonctionnement des activités du Centre. Pour la coordinatrice, « le centre a pour mission d’informer, d’expliquer, de sensibiliser et éduquer la population tchadienne sur la Covid-19. Cette maladie existe réellement. Continuons à appliquer les gestes barrières. Le centre d’appel relaie également les informations données par la population à l’équipe d’investigation ». Ce Centre d’appel est géré par Wenaklabs, une organisation à but non lucratif, qui œuvre dans le numérique.
Une fois les réticences dissipées, la coordonnatrice nous conduit dans la salle des téléconseillers situé au dernier niveau de l’immeuble de l’ARSEP. C’est le cœur du Centre. Ça grouille de partout dans une ambiance bruyante due aux appels du public. Les téléconseillers sont assis dans leurs compartiments. Ils répondent aux appels. La salle est remplie d’appareils informatiques de dernières générations. Dr Mossel Bétoubam, chargée de la communication en Santé Publique et médecin de l’équipe du jour explique, « chaque équipe est constitué 16 personnes divisée en 4 petits groupes de 4 personnes. Leur travail c’est d’être en communication directe avec la population, afin de recenser le nombre des cas suspects, des décès et de remonter l’information à l’équipe d’investigation. C’est également ces téléconseillers qui enregistrent le nombre des appels entrants au quotidien. Par exemple, ils enregistrent de 4500 à 5000 appels par jours ».
Au loin, Assani Kaoutsar Fatimé, téléconseillère est assise, les yeux rivés sur son écran, ses kits oreillettes bien posées, elle répond aux appels du public. Elle se plaint des appels inappropriés, « parfois nous recevons des appels des personnes mal intentionnées qui nous insultent ou remettent le téléphone aux enfants pour qu’ils nous injurient, certaines personnes appellent pour des futilités. Par exemple demander le numéro du Président de la République. Entre temps des cas sérieux n’arrivent pas à nous joindre. Il faut que le public prenne conscience de la gravité du Coronavirus et nous facilite la tâche ».
Le Centre d’appel est au cœur de la lutte contre la Covid-19. Sa mise en place a permis de limiter l’augmentation des nombres de personnes contaminés.
Il est 11h. Nous sortons du Centre d’appel. Nous traversons la même cour pavée. Cette fois-ci la chaleur qui s’y dégage est aussi terrifiante que la Covid-19.
Depuis le premier cas de la pandémie de COVID-19, le 19 mars dernier passé, tous les établissements d’enseignement ont fermé pour éviter la propagation de la maladie.
Le 25 juin 2020 est la date fixée pour la reprise des cours sur l'ensemble du territoire. Cette reprise ne concerne encore que les élèves en classe d'examen. Et les dates d’examens sont calées pour le 1er août 2020.
Selon le ministre de l'Éducation, Aboubakar Assidick Tchoroma, plus de 60% du programme annuel est atteint. L'UNESCO devra a priori valider sans difficulté l'année académique. Les enseignants et les élèves ont un mois pour se remettre au travail. Ce temps est-il suffisant pour que les élèves soient prêts pour les examens ?
Marie élève de Terminale A4 au lycée Félix Eboué dit, « c'est une bonne nouvelle pour moi de repartir à l'école, après avoir passé 3 mois à la maison. Les parents ne me laissent pas sortir donc je passe mon temps à faire les travaux ménagers et aussi m'occuper de mes petits frères ». Cette rentrée et les examens à l’horizon proche inquiètent plusieurs élèves, « nous sommes restés longtemps à la maison. Certaines notions sont oubliées. Il faudra faire des rappels des cours. Plusieurs chapitres n'ont pas encore été abordés avant la fermeture », se plaint Éric, élève en TC au Lycée Félix Éboué.
Bref, certains élèves demandent au gouvernement de revoir la date, « je préfère qu'on nous laisse faire en septembre. Cela nous aidera à mieux nous préparer », commente un autre étudiant de Terminal D.