dimanche 24 novembre 2024

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Les candidats au baccalauréat tchadien composent ce lundi 17 août 2020 les premières épreuves écrites. Ialtchad Presse est allé recueillir les commentaires relatifs à cette première journée.

Lundi 17 août. Il est 15heures 45 minutes et 33°. La devanture des lycées Felix Éboué et Technique Commercial de N’Djamena grouille d’élèves candidats au baccalauréat session 2020. Sévérine et ses amis viennent de finir avec la deuxième matière de la première journée des épreuves écrites. Ils se partagent des sandwiches chez une restauratrice installée pour la circonstance sous la passerelle qui surplombe les deux lycées. Nous nous sommes rapprochés d’elle. Sans hésitation, elle a accepté de nous livrer ses impressions. Pour elle, le premier jour des épreuves est encourageant. « Je dirai que nous avons bien débuté.  Nous étions un peu stressés, mais quand nous sommes entrés en possession des sujets, nous nous sommes ressaisis », dit Sévérine.

Pour cette première journée, les candidats des séries scientifiques et techniques ont eu à composer les épreuves de Français et Philosophie (au choix) et la langue vivante. « Les sujets sont abordables se sont des thèmes étudiés en classe », affirme Sévérine. Si pour elle, les sujets sont à la portée des candidats, son condisciple, Djimtinbeye se plaint : « La pandémie du coronavirus ne nous a permis de finir avec le programme bien qu’on ait repris avec les cours pour 45 jours. Cela continue de jouer contre nous. »

Crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus oblige. Les candidats sont contraints de composer dans des conditions assez particulières. Port de cache-nez, respect de la distanciation sociale, bref le respect des mesures barrières. À ces conditions s’ajoutent d’autres règles comme l’interdiction d’utiliser un moyen de communication électronique, l’usage des mouchoirs jetables, etc. « Les surveillants ont respecté toutes les consignes qui leur ont été données donc ils sont trop stricts », affirme Demba candidate de la série G2. Contrairement à elle, Sévérine trouve que dans sa salle certains surveillants sont tolérants et ont eu à aider certains candidats pour la matière composée en soirée (Anglais). « Il y a eu assez d’aide-mémoire que des candidats ont apportés », dit-elle. Mais « Dieu merci aucun candidat n’est disqualifié pour cette journée », se réjouit son compagnon Djimtinbeye.

À la question de savoir si l’absence des candidats de la série littéraire à leurs côtés pendant la composition des matières littéraires n’a pas eu d’impact, Sévérine estime que c’est l’examen, il ne faut pas compter sur un autre que soi-même. « C’est vrai j’ai eu quelques difficultés dans la traduction en Anglais, mais je me suis grouillée. Je crois que nous sommes en examen donc avec ou sans les amis de la série littéraire à côté, nous devons nous débrouiller. Le travail est individuel ».

La première journée des épreuves écrites des séries scientifiques et techniques est finie. Les candidats seront à nouveau en salles de composition que le mercredi pour composer les « vraies matières » comme disent les candidats. Les épreuves du baccalauréat ont été lancées par le ministre de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur le matin du 17 août dans la sous-préfecture de Koundoul, localité située à 20Km de N’Djamena. Ce sont au total 87 500 candidats qui sont appelés à composer cet examen qui donne accès à l’Université. Les épreuves se déroulent sur une durée d’une semaine.

Christian Allahdjim

Cours en ligne, à la télévision, à la radio, reprise express, le gouvernement a tenté de sauver l’année scolaire en cours. Il y a trois jours, les cours en présentiel sont terminés. Ialtchad Presse est allé à la rencontre des élèves qui apprécient diversement les différentes méthodes utilisées. Reportage.

« La pandémie du coronavirus nous a empêché de bien fréquenter. » C’est par ces mots de mécontentement de Mahamat Abakar, élève en Terminale G1 au Lycée Technique Commercial Boudjouri que nous abordons notre sujet. En effet, l’apparition du tout premier cas du coronavirus au Tchad le 19 mars passé a amené les autorités à interdire tout rassemblement de plus de 50 personnes. Ce qui a conduit à la fermeture des établissements scolaires. Mais pour sauver l’année scolaire en cours, le gouvernement a pris l’initiative, début avril, de donner les cours via les nouvelles technologies de l’information et de la communication (télévision, radiodiffusion, plateforme) pour les élèves en classe d’examen, notamment la 3e et la Terminale.

Nguinambaye Rose, élève en Terminal A4 (TA4) au lycée Felix Éboué, dit n’avoir pas pu bien profiter de ces cours. « Moi je n’ai pas pu suivre le cours une seule fois. Dans notre quartier, l'électricité est rare. En un mois, on n’est alimenté que 4 ou 5 fois », dit-elle. À cela, il faut ajouter aussi le coût de la connexion Internet. « Pour avoir accès aux cours en ligne, il faut se connecter. Et le coût est cher et la connexion ne dure pas. Toutes ces difficultés ont fait que je n'ai pas pu profiter de ces cours », explique-t-elle.

Course contre la montre

Après trois mois de cours dispensés en ligne, le gouvernement vient d’autoriser à nouveau les cours en présentiel pour 45 jours. Ils ont commencé le 25 juillet en mode express. Pour les élèves le délai est jugé trop court. Conséquence, c’est la course contre la montre. « Le retour n'était vraiment pas facile, mais avec le temps on s'est adapté. Les enseignants ne donnent plus le cours comme d'habitude. Pour avancer vite et faire le nécessaire, ils étaient obligés de résumer les cours. On n’utilisait que les polycopies. Les enseignants se présentent juste pour expliquer », dit Mounira Ousman, élèves en TA4 au Lycée Ibrahim Mahamat Itno de Farcha. Malgré ce rythme, les enseignants n’ont pas pu finir les programmes. Pour se rattraper, Mounira est active dans d’autres groupes. « On n’a pas pu finir avec les programmes. Je me suis donc inscrite au cours préparatoire du bac et je m'entraîne aussi avec les amis d'un lycée privé pour combler le vide », ajoute-t-elle.

Si dans certains établissements, la suspension des cours a joué sur leurs programmes, d’autres étaient nettement en avance. « Avant d'aller en congé forcé, nous avons fait la moitié des programmes parce que nous avons déjà composé le deuxième trimestre », déclare une élève du Lycée Acdiffus. Même son de cloche du côté du Lycée Académie Royale où les élèves se réjouissent de la création d’une plateforme. « Grâce à notre plateforme, certains enseignants ont pu finir leurs programmes », dit Amma Koissé Limane, élève en TC. Selon Mlle Amma, le retour à l'école est une occasion pour certains enseignants de pouvoir finir leurs programmes et pour d’autres de commencer avec les exercices. 

Au Lycée Hérédité par exemple, un groupe Whatsapp est créé pour chaque filière pour assurer la continuité des programmes. Ce que déplorent les élèves de cet établissement, ce que les choses sont allées trop vite avec la reprise en présentiel. « Au retour, l'ambiance n'est plus la même, les enseignants ont leur objectif à atteindre, celui de finir les programmes. Cela fait qu'ils ne prennent plus le temps de bien expliquer les cours », se plaint Bodré Jean, élève en TD au lycée Hérédité. Néanmoins celui-ci se dit rassuré pour les examens. « C'est pour la deuxième fois que je vais composer. Et comme j’ai mes cours de l'année passée, je suis prêt pour l'examen, mais je crains le sort des nouveaux », affirme-t-il.

Au moment de publier cet article, les cours ont déjà pris fin. Et les candidats au baccalauréat sont appelés à composer le 17 août. Selon l’Office national des examens et concours du supérieur (ONECS), ils sont 87 500 cette année.

Orthom L’Or

Depuis la polémique sur le contrat de sa Fondation Grand Cœur (FGC) alors que la pandémie de la Covid-19 faisait rage au pays, la Première Dame Hinda Deby Itno a disparu des radars médiatiques tellement les critiques étaient virulentes. Elle est réapparue scintillante de joie lors de l’élévation à la dignité de maréchal de son époux, le Président Deby Itno. En direct à la télévision nationale, les Tchadiens ont vu sa joyeuse complicité avec Le Maréchal du Tchad. Portrait d’une Première Dame ambitieuse, joyeuse et qui bouscule une des règles fondamentales du patriarcat tchadien, le « soit belle, silencieuse et invisible ».

Naissance et famille

1979, la capitale tchadienne, N’Djaména est ébranlée par les premières secousses du début de la guerre civile des années 1980. Un an plus tard, le 02 avril 1980 à N’Djaména naît une fille au destin singulier. Ses parents choisissent de la prénommée Hinda. Un prénom qui, dans plusieurs civilisations humaines, veut dire la « perfection ». La Première Dame est née sous le ciel tchadien assombri par les querelles fratricides de la guerre des années 80. Son destin l’a porté jusqu’à la rencontre d’un acteur important de cette période et qui est devenu Président.

Fille de famille de classe moyenne supérieure, elle est issue d’une fratrie de 9 enfants. Fille de Mahamat Abdelrahim Acyl, brillant élève au primaire selon son vieux enseignant M. N’gardoum, ex-haut cadre au Ministère des Finances et de l’Économie de l’époque et diplomate qui a été tour à tour ministre du Conseil Supérieur Militaire (CSM), agent de l’Agence américaine pour le Développement International (USAID), puis du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) jusqu’à sa retraite en 1996. Puis son retour aux affaires comme Ambassadeur au Soudan et en Côte-D’ivoire. Hinda aime le social et socialise avec tout le quartier Klémat où elle grandit dans la modeste demeure familiale. D’où tient-elle cette facilité à socialiser ? D’où cela lui vient-il ? S’interrogent souvent les Tchadiens et les étrangers. Il coule dans ses veines avec une maman, Mariam Abdelrahim, cadre à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS). Elle le tient de là, enfin peut-être…

Années d’études

Sous la surveillance d’un papa très regardant sur les études, les années 90 ont été celles du Collège et Lycée. Elle s’y applique. En 1999, elle a réussi avec brio son baccalauréat scientifique série D dans le réputé Collège du Sacré Cœur de N’Djaména, tenu par les rigoureuses sœurs religieuses. En 2001, elle part poursuivre ses études à Lomé, au Togo où elle décroche son Diplôme de Technicien supérieur (BTS) en Finance et Banque à l’Institut d’Administration et des Études commerciales (IAEC).

Elle ne semble pas totalement satisfaite, et choisit d’aller se perfectionner au Maroc. Elle approfondit ses études en finances et en comptabilité au réputé Institut du Génie Appliqué (IGA) de Rabat au Maroc en 2003. À la fin de ses études, c’est le retour au pays où elle entame plusieurs stages notamment à la prestigieuse Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC).

Mariage et vie professionnelle

Les années 2000 sont marquées par le début de la vie professionnelle. En novembre 2003, c’est son premier véritable emploi. Elle intègre la Haute Fonction publique. Elle est nommée chef comptable du Ministère de la Santé dans le projet de Renforcement du Système de Santé et d’Appui à la Lutte Contre le VIH SIDA et les Maladies Epidémiques (PRSSALVSME). Elle fait bien son boulot.

Le 2 octobre 2005, elle épouse M. Idriss Deby Itno, Président de la République. Elle y chemine avec lui jusqu’au Maréchalat sous les critiques et courroux des uns et l’admiration des autres.

Première Dame et Dame de cœur, disent certains. Première Dame et Dame accaparante disent d’autres. Hinda marque de son style sa position de Première Dame comme il ne l’a jamais été dans ce pays. Elle veut incarner et moderniser cette fonction dans une société tchadienne qui oscille entre le conservatisme patriarcal passéiste de certains hommes et la forte envie d’émancipation de jeunes femmes. Une société tchadienne qui voit tantôt d’un mauvais œil ses actions, tantôt d’un œil écarquillé d’envie les actes de cette jeune dame qui bouscule presque tous les codes.

Elle commence ses actions au protocole de la Présidence. Elle recadre tout, redresse tout, met de l’ordre et remet tous les visiteurs du soir au pas. Le Palais Rose, c’est le Palais. Tout doit obéir à des normes.

Ensuite, elle déblaie l’entourage forte de son autre titre et poste de Secrétaire particulière du Président. Pour elle, le Palais doit cesser de ressembler à un souk où parents, amis, courtisans se pavanent toute la journée. Et où on ne sait pas qui est qui? Et qui fait quoi? Elle y tient, fonce parfois avec douceur souvent avec autorité. Elle réussit à remettre de l’ordre.

Aussi, beaucoup des Tchadiens l’applaudissent et ne jurent que par elle. Plusieurs la détestent et mettent tous les maux du pays sur ses frêles épaules. Le 9 mars 2011, elle reçoit le Trophée de meilleure Première Dame de l’année. Une distinction décernée par le Groupe Prestige Communication pour le rôle important qu’elle joue dans la vie de la nation tchadienne par l’écoute des besoins des Tchadiens. 

En janvier 2012, elle lance son vaste Plan d’Action pour l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH et en faveur de la Santé de la reproduction (SR). Un Programme qui a reçu l’approbation des Partenaires techniques et financiers. Entre autres : l’UNICEF, l’UNFPA, l’OMS, ONUSIDA, OPDAS.

En novembre 2012, elle est désignée par ses consœurs de l’organisation féminine du Mouvement patriotique du salut (OPF/MPS) comme Présidente d’honneur de l’organisation des femmes du MPS.

En mai 2013 à Addis-Abeba, Hinda est élue à l’unanimité par ses sœurs, Premières Dames d’Afrique, Présidente de l’Organisation des Premières Dames d’Afrique, engagée et solidaire dans la lutte contre la pandémie du VIH/SIDA dénommée OPDAS. Depuis, elle est triple marraine de la Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la mortalité maternelle et néo-natale en Afrique (CARMMA), des violences basées sur le genre (VBG) et de la lutte contre la fistule obstétricale. Hinda s’engage dans toutes les luttes des femmes tchadiennes. Elle pince son époux et le pousse à proposer et entériner l’égalité et la parité homme-femme. Elle est dans la lutte pour la scolarisation des jeunes filles, dont celle pour la mobilisation et la conscientisation des sages-femmes pour une saine maternité, etc. Elle est partout sur le front des causes féminines, voire féministes.

Œuvres

En janvier 2017, la Première Dame crée alors la Fondation Grand Cœur (FGC) pour le Bien Être Social et de Développement avec pour mission : lutter contre les inégalités sociales, rechercher le bien-être des populations, le développement, l’encouragement du mérite et la promotion de l’excellence.

La FGC intervient aussi dans la prévention des conflits et des catastrophes, l’assistance humanitaire et la lutte contre l’indigence, l’appui aux activités socio-économiques des groupements féminins et des jeunes, la prévention et la lutte contre les pratiques sexuelles à risque et la violence sexuelle ainsi que celle basée sur le Genre.

Pour ses adversaires, Hinda s’accapare de tout pour sa Fondation. Pour ses amis, seuls les résultats de ses œuvres comptent. « Et ils retentissent au-delà des frontières du pays », selon les membres de la FGC. Pour eux, en moins de 5 ans d’existence, il y a : des caravanes médicales d’ophtalmologues qui sillonnent le pays et redonnent la vue à des milliers des Tchadiens, des vivres sont distribués aux démunis, des caravanes médicales d’opération de thyroïdes et la prises en charge des enfants atteints de malformations congénitales à travers le Tchad, acheminements d’imminents médecins au Tchad et leur incorporation dans les caravanes médicales pour des opérations complexes etc.

Enfin, son apparition à la cérémonie, vêtue en blanc comme une fée marchant vers son mari, debout dans sa tenue de Maréchal a donné au Président et à la cérémonie une touche plus humaine tellement l’évènement était codifié. Là aussi, Hinda a bousculé les habitudes très figées laissant certains s’occuper de son accoutrement jusqu’à ses accessoires, comme s’il fallait qu’elle se présente en guenille, un « gouf faa » à la main. Au-delà de la partisanerie, n’est-elle pas la Première Dame d’un grand pays ? Bref, elle félicite son mari avec une attention complice. Les deux sont tout souriants de joie. Ils sont aux anges, au sommet de leur gloire. C’était en direct à la télévision nationale, sous le regard médusé de certains téléspectateurs et approbateurs des autres. Cette apparition renvoyait l’image d’une jeune Première Dame venue réclamer aussi une part de ce Maréchalat. Comme pour dire qu’elle est une partie du Premier Maréchal d’un pays si conservateur, si patriarcal. Elle a choisi sciemment de ne pas être invisible. Et de ne pas se taire. Comme quoi, derrière un Maréchal, il y’a toujours une Maréchale.

Bello Bakary Mana

Le président de République, Idriss Déby Itno, est revenu pour la énième fois sur la question de la cohabitation pacifique et du vivre ensemble. C’est à l’occasion de son élévation au titre de Maréchal du Tchad, le 11 août 2020. Après plusieurs interpellations de la conscience des Tchadiens, il est à remarquer que sur le terrain, rien ne change. Le communautarisme est un fait. Au-delà des mots n’est-il pas temps de passer aux actes ?

Comme l’a chanté un musicien ivoirien, « la paix n’est pas un vain mot, mais un comportement à apprendre à nos enfants ». La paix justement, passe par la cohabitation pacifique ou du moins, la cohabitation pacifique peut être signe d’une paix acquise. Mais au Tchad, l’absence de guerre est souvent comparée à la paix. Dans les faits, les Tchadiens ont du mal à cultiver le vivre ensemble. Cette situation est d’autant plus exacerbée par l’injustice, l’impunité, le manque d’équité et surtout la culture communautarisme.

Comme l’a si bien dit le président Déby, « les droits du citoyen ne sont pas dissociables ni matériellement ni juridiquement, des devoirs qui se confondent avec le statut constitutionnel de citoyen ». Mais encore, faudrait-il que tous les Tchadiens bénéficient concrètement des droits reconnus à chaque citoyen. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes se sentent écartés, marginalisés, voire abandonnés par la République. Ces jeunes qui, pour la plupart, diplômés sans emplois, finissent par s’adonner à l’alcool ou à d’autres pratiques malsaines parce qu’« ils n’ont pas trouvé  du boulot dans ce pays ». Or, d’un autre côté, le clanisme, le clientélisme ou la corruption favorisent des jeunes qui occupent des postes de responsabilité alors qu’ils n’ont pas le minimum requis pour ces fonctions. Comment promouvoir le vivre ensemble alors sans équité, sans justice ?

Si de nos jours, les réseaux sociaux sont mal utilisés, c’est parce qu’à la base, il se pose un problème d’éducation, de culture du numérique. Plutôt que de servir de plateformes d’opportunités et d’ouverture au monde, la toile est devenue aujourd’hui un lieu de culture du communautarisme et de la division. Et c’est normal ! Car, ceux qui se sentent opprimés ou oubliés n’ont que la toile pour se défouler, pour extérioriser leurs ressentis. Couper l’internet ou les réseaux sociaux n’est pas la solution. Les autorités tchadiennes doivent comprendre que ce n’est pas parce qu’il y a les réseaux sociaux qu’il y a le communautarisme. C’est parce qu’il y a le communautarisme que les jeunes viennent en parler sur les réseaux sociaux. Les priver de ces outils, c’est encore accentuer davantage leur haine envers certains, et même envers le pouvoir.

Les maux ne se soignent pas que par les mots. Aujourd’hui, il est temps de laisser les discours et passer aux actes. Pour que le vivre ensemble et la cohabitation pacifique devienne réalité au Tchad, il suffit de traiter les citoyens, selon la Constitution, comme étant égaux. Il importe de trouver une identité commune à tous les Tchadiens. De nos jours, en dehors de l’Armée nationale par laquelle les Tchadiens se reconnaissent il n’y a pas des valeurs communes à partager. L’identité tchadienne n’existe presque pas. Trouver un symbole à travers lequel tous les Tchadiens pourront se reconnaître serait déjà un pas vers le vivre ensemble.

Aussi, les jeunes tchadiens doivent être éduqués sur les valeurs de la République. Même la Morale et le Civisme qui autrefois étaient enseignés à l’école primaire tendent à disparaître. Il faut que les Tchadiens, dès le bas-âge sachent qu’ils sont égaux qu’ils ont un même pays, les mêmes valeurs, la même patrie. Il est temps de construire la nation tchadienne, et ce ne sera pas que par des mots.

Maurice Ngonn Lokar

Avec son slogan « radio de référence qui fait la différence », FM Liberté est située au quartier Chagoua dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Dans le cadre de notre série de reportages consacrés aux médias tchadiens, aux conditions de travail des journalistes et à l’occasion du 20e anniversaire de cette radio, Ialtchad Presse a rencontré son directeur Djekourninga Kaoutar Lazare pour en parler. Reportage.

Créée en 2000, la radio FM Liberté est une radio associative située au quartier Chagoua dans le 7e arrondissement de N’Djamena émettant sur la fréquence modulée 105.3. Logée dans un complexe bien clôturé, FM Liberté c’est trois compartiments avec cinq bureaux, deux studios, une salle de rédaction et une salle de réunion avec une guérite. Deux groupes électrogènes de grande capacité sont disponibles pour assurer le relais en cas de délestage du côté de la Société Nationale d’Électricité (SNE). Elle émet du lundi au vendredi de 6h à 10h 30min puis de 12h à 22h. Le samedi et le dimanche, la mise en onde est en continu de 6H-22H.

Avec comme slogan « la radio de référence qui fait la différence », FM Liberté a comme pères fondateurs les associations de la société civile, de défense des Droits de l’Homme et l’Union des syndicats du Tchad (UST). Ses premières émissions ont été mises en onde le 5 août 2000. « L’objectif de la radio est de conscientiser, éduquer la population en matière des droits de l’homme et des libertés fondamentales, bref en citoyenneté », explique Djekourninga Kaoutar Lazare, le directeur de radio. Selon lui, cette mission résulte de la violation massive des droits de l’Homme sous le règne de l’ancien président Hissein Habré. Un des exemples qui vient confirmer ce rôle de défenseur des droits de l’Homme que joue FM Liberté est la rubrique la minute du Droit qui passe au début du journal parlé.

Conditions de travail

Pour M. le Directeur Fm Liberté les conditions de travail sont compliquées voire elles sont hostiles. « Nous sommes filés tous les jours par les éléments de l’Agence nationale de Sécurité (ANS). Nos confrères se font battre par endroit par les forces de l’ordre », confie-t-il. À cela, il faut rajouter les difficultés liées aux finances. D’après lui, la suspension de l’aide publique à la presse depuis 6 ans est un coup dur pour les médias privés. Comme conséquences, dit-il, il est difficile d’organiser des formations continues, de recyclage pour ceux qui s’intéressent à la profession, d’assurer le bon fonctionnement des organes (matériels techniques et didactiques), d’assurer la mobilité des journalistes parce que le Tchad ne se résume pas à N’Djamena. 

Au-delà de ces difficultés, le plus gros problème déplore, le directeur reste l’accès aux sources d’informations : « cela fait plus d’un mois que la radio court après le Ministère de l’Administration pour avoir des informations par rapport aux enlèvements contre rançon dans le Mayo-Kebbi et une partie du Logone Occidental mais il n’y a pas de retour. » Pour lui, il faut aider la presse à travailler. Elle est la conseillère attitrée. « Ceux qui entourent le président de la République ne lui disent pas la vérité. Et c’est la presse qui révèle certains manquements. Donc il faut l’aider à aider nos gouvernants. Surtout en matière de formation », recommande Djekourninga.

Rapports avec les autorités

Connue pour être la radio des droits de l’Homme, la voix des sans voix, Fm Liberté est souvent accusée à tort ou à raison d’être une station à la solde de l’opposition. Interrogé à ce sujet, Djekourninga Kaoutar Lazare répond : « Ceux qui nous taxent d’être à la solde de l’opposition sont ceux-là qui fuient le micro. Ils veulent manger le gâteau aisément sans être dérangés ». Il prend son souffle et rajoute, « ce qui nous fait plaisir c’est lorsqu’il y a une communication à faire, le gouvernement court d’abord vers Fm Liberté avant de se tourner vers les stations autres médias publics. Cela prouve que nous ne sommes pas une radio de l’opposition. »

Ironie du sort. À l’instant où le directeur de la radio répondait à nos questions sur ce sujet, le Secrétaire Général du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), Mahamat Zen Bada était en train d’accuser Fm Liberté de jouer le jeu de l’opposition. C’était à la conférence de presse qu’il avait tenue à l’occasion de l’an 4 du quinquennat du Président Deby Itno le 8 août 2020 passé. Il avait très dur en comparant la radio Fm Liberté à la radio Milles collines du Rwanda connue pour sa propagande lors du génocide.

Interrogé sur les rapports avec la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA), Djekourninga K. Lazare pense que l’organe régulateur fait encore son travail dans la légalité. « La HAMA n’est pas agressive comme l’ex HCC. Quand nous commettons une faute dans le traitement de l’information, elle nous appelle gentiment de relever cela et d’améliorer ».

Après 20 ans d’existence, la radio FM Liberté émet toujours en FM. Le souhait de son directeur est de pouvoir couvrir tout le Tchad. « Avant, nous couvrons un rayon de 150 km, mais actuellement nous ne couvrons que moins de 100 km. Cela est dû aux matériels vieillissants. Et comme presse privée, nous n’avons pas les moyens nécessaires pour les renouveler », dit M. Djekourninga.

Christian Allahdjim

Aperçu historique de l’accession à l’Indépendance

Le Tchad célèbre ce 11 août, le 60e anniversaire de son accession à l’indépendance. Pour mieux comprendre la base de cette libération du joug colonial, Ialtchad Presse s’est entretenu avec l'historien Sali Bakary.

L’aperçu historique de l’accession du Tchad à l’indépendance doit être mis en rapport avec la Seconde Guerre mondiale, estime Sali Bakary.  Après cette guerre, dit-il, la France qui était la puissance colonisatrice a pris un certain nombre de mesures qui ont accéléré le processus de l’indépendance. « A la faveur, les colonies francophones ont pu accéder à l’indépendance. Le Tchad avec », affirme-t-il. Les mesures prises étaient entre autres la suppression de l’indigénat, la liberté de créer de syndicats, des partis politiques entre autres.

Le bilan

Pour ces 60 ans d’indépendance, l'historien affirme qu’il y a du progrès. « Beaucoup a été fait sur le plan quantitatif, mais qualitativement médiocre. Des infrastructures sanitaires et éducatives ont été construites, mais manquent d’équipements ». 

L’action politique

Sali Bakary déplore que l’armée soit utilisée comme un moyen d’accéder au pouvoir, mais aussi comme un moyen de protéger ce pouvoir. Ce qui, malheureusement, empêche une alternance pacifique au pouvoir. « Ça dénote de la particularité tchadienne qui fait que depuis le 22 juillet 1966, date de la création du Frolinat, le système politique tchadien est pris en otage. L’arme est utilisée comme un moyen d’accession au pouvoir, mais aussi comme un moyen de protéger ce pouvoir », affirme celui qui est également enseignant d'histoire à l'école normale.

M.Bakary s'est également prononcé sur l'élévation du président de la République, Idriss Déby Itno, ce 11 août à la dignité de Maréchal du Tchad. Pour lui, le récipiendaire mérite cette dignité de Maréchal du Tchad, car il a consacré toute sa vie à l’armée. « Il est le rare sinon le seul chef d’État qui va sur le terrain de guerre. Tous ces éléments méritent d’être pris en compte », dit le professeur.

Entretien réalisé par Ngonn Lokar

Le Tchad a commémoré ce 11 août 2020 ses 60 ans d’indépendance. Une cérémonie de prise d’armes a eu lieu à la Place de la nation en présence du Maréchal Idriss Deby Itno. Reportage.

Pas de défilé contrairement aux célébrations antérieures. C’est à 13h20 que la cérémonie de prise d’armes à l’honneur de la commémoration des 60 ans d’indépendance du Tchad a commencé. Ce retard est dû à la cérémonie d’élévation à la Dignité de Maréchal du Tchad, Idriss Deby Itno, organisée par l’Assemblée nationale dans la matinée du 11 août. Pas de défilé grandiose à cause de la situation sanitaire marquée par la pandémie du coronavirus. C’est une cérémonie modeste qui a vu la présence du président de la République, le président de la Commission de l’Union africaine et bien d’autres personnalités à la Place de la Nation à N’Djamena avec quelques corps de l’armée entre autres le GNNT, le GEMIA, le GMIP…

13h10min. Arrive alors le chef d’État-major général des armées (CEMGA), le général Abakar Abdelkerim Daoud qui passe en revue la troupe présente.

Le président de la République, chef suprême des armées, Idriss Deby Itno est arrivé à 13h 20. Il est accueilli par le chef d’état-major général des armées. Après des civilités militaires, Idriss Deby Itno est invité par le commandant des troupes à passer en revue les troupes. Exercice qu’il fait en tant que Maréchal du Tchad, fraîchement consacré. L’hymne national (la Tchadienne) a marqué le début de la cérémonie.

C’est un Idriss Deby Itno, fraîchement consacré Maréchal du Tchad, qui passe en revue la troupe. Tenue d’apparat coiffée d’un képi, manteau et bâton de commandement à la main gauche, le Maréchal du Tchad, hissé sur la jeep militaire, salue respectueusement la troupe. « Maréchal, Maréchal », a scandé le public qui, il faut le préciser, n’est venu que pour voir le Maréchal dans sa nouvelle tenue. Après cette phase, le chef suprême des armées a regagné la tribune officielle avant d’être invité a nouveau pour déposer la gerbe de fleurs sur le monument aux martyrs.

Malheureusement, aucun défilé pédestre n’a eu lieu, au grand dam du public. Cela a rendu la cérémonie fade. L’ambiance n’y était pas à part quelques groupes choc du MPS qui chantaient l’éloge du président. Toutefois, l’aviation de l’armée a fait de démonstration en parcourant le ciel. Ce sont quatre avions de chasse et quatre hélicoptères qui se sont prêtés au jeu.

Pour clore la cérémonie, le Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno a décoré six personnalités pour service rendu à la nation tchadienne. C’est sur cette marque de distinction que le commandant des troupes a mis terme à la cérémonie de prise d’armes à 14h25.

Le Maréchal Président est reparti. Les officiels font pareil. La foule se disperse.  Le Tchad vient de clore la fête de ses 60 ans d’indépendance. Le premier Président qui a assisté au jour 1 et à l’an 1 de l’accession à la souveraineté nationale le 11 août 1960-61 fut François Ngarta Tombalbaye. Idriss Deby Itno est le sixième Président, mais premier Maréchal.

Christian Allahdjim

Donc le Tchad fête sa 60e année d’indépendance ce 11 août 2020. 60 ans ce n’est pas rien. C’est toute une vie faite des moments de bonheur et des moments de tristesse. 60 ans dans la vie d’un homme ou d’une femme, c’est l’âge du début de sagesse, de repos et de bilan de vie. Quel bilan pour ce pays? Positif ou négatif? Que dire sur le passé. Qu’avons-nous fait du présent? Pouvons-nous évoqué le futur le cœur apaisé?

Positif, parce que le Tchad existe dans ses 1. 284. 000 km carré. Il est encore entier. Ceux qui ont assisté le 11 août 1960 aux célébrations de cette indépendance étaient certainement heureux. Le bonheur simple de s’être débarrassés du système colonial et des colons qui les asservissaient dans leur propre pays. « Enfin libres, enfin nous avons notre destin en mains », doivent-ils se dire. Ne serait-ce que cela, c’est déjà positif. C’est déjà un accomplissement. Un bonheur immense. Cette liberté est une conquête sans prix.

Négatif, parce que la moitié de 60 ans nous les avons passés à se faire la guerre. Oui la guerre entre nous. Beaucoup de destruction. Beaucoup de retard. Beaucoup de rancune. Beaucoup de rancœur et des déchirements. Seuls le temps et la volonté de chacun de nous ont commencé à effacer cela depuis quelques deux décennies. Seules nos valeurs de solidarité, d’hospitalité et de pardon ont commencé à gommer cela. On ne peut parler du présent sans évoquer le passé. Sauf que le Tchad est un pays singulier. Son présent se résume aussi à cela : jusqu’aujourd’hui, les historiens tchadiens n’ont pas restitué dans des manuels un récit national. Nous n’avons presque pas un récit national. La guerre peut constituer un chapitre de notre récit national, mais pas notre guerre fratricide. Triste. Négatif.

Peut-être, la guerre contre l’occupant libyen, le coup de main militaire chez nos voisins, nos victoires sportives même si elles sont très peu, les succès de nos artistes, de nos écrivains, etc. Mais même cela est trop peu. Parce que nous avons passé trop de temps à nous faire la guerre.

Quoi qu’il en soit, il y a mille raisons de célébrer notre indépendance.  Chacun à sa façon. La célébrer parce que le pays existe. C’est déjà un acquis inestimable. Il n’est plus cet État Néant.

Comment évoquer le futur dans le Tchad d’aujourd’hui ? C’est un exercice difficile. Les malins diront qu’il sera radieux. Les réalistes diront que cela sera dur. Les pessimistes diront que cela sera l’enfer. Tous ont raison d’avoir à moitié tort. L’autre moitié appartient à demain. Et demain est une espérance infinie…

Bonne fête Tchadiens (nes)!

Donc en ce 11 août est aussi, officiellement, la date de l’élévation à la dignité de Maréchal de l’actuel Président de la République, Idriss Deby Itno. Pourquoi avoir choisi cette date? Pourquoi a-t-il accepté cette distinction? Le mérite-t-il?

D’abord, Maréchal n’est pas un grade. C’est une distinction sur des faits d’armes. Maintenant, couplé la date de l’élévation à cette distinction de Maréchal avec le jour de l’indépendance du pays n’est pas très brillant. Pas pour être contre, simplement il faut prendre un jour pour fêter notre anniversaire. On ne naît qu’une fois, qu’un seul jour. Et ce jour nous appartient. Le 11 août devrait être consacré seulement à la naissance du pays du Tchad. A son existence comme pays libre et souverain.

Ensuite, dans son entretien avec Alain Foka de Radio France Internationale (RFI), dès l’entame le journaliste a posé une excellente importante question au Président : pourquoi Maréchal? En avez-vous besoin, M. le président? Autrement dit, notre Maréchal est déjà président. C’est le sommet de la hiérarchie. Grosso modo, la réponse du Maréchal Président Deby Itno était : « …je suis un soldat et je n’ai rien demandé. Ce sont les parlementaires qui en ont décidé ».

Enfin, cette réponse est une esquive ou une vérité? Les deux à la fois. Si Deby Itno était resté soldat, oui par ses faits d’armes peu de personnes allaient lui contester cette distinction pour service rendu.

Mais voilà, il est Président. Il n’avait pas besoin d’un titre de plus. Fut-il une distinction militaire. Cette distinction semble un peu le « Mobutiser » mais Deby Itno n’est pas Mubutu. Il est Deby Itno mais Maréchal quand même.

Bello Bakary Mana

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