Trois grosses averses depuis le début de la saison des pluies. Et déjà, certains quartiers et rues de la capitale tchadienne, N’Djamena, sont isolés. Cause : les inondations. Ces quartiers sont transformés en lacs, îles et îlots. C’est le cas des quartiers Habbena et Amtoukoui où on y accède rapidement qu’à la pirogue. Reportage.
Dimanche 26 juillet. Il est 17h lorsqu’une grosse pluie s’est abattue sur N’Djamena. Dans certaines rues de la ville, des torrents d’eau déferlaient à grande vitesse. Et s’échouaient au loin dans un bruit impressionnant tel un fleuve démonté.
Le lendemain lundi 27 juillet. Il est 11 heures au quartier Habbena dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Le ciel est dégagé. La météo affiche 30 degrés.
A Habbena, sur la route principale qui borne le marché du côté sud, des tas d’ordures et des flaques d’eau rendent la circulation difficile. Juste devant, à la sortie est, c’est toute la grande voie qui est inondée. Pas de surprise selon les riverains, c’est leur vécu chaque saison pluvieuse. D’après eux, cela fait plus d’une décennie que cette grande voie qui mène aux quartiers Habbena et Atrone. Il est impraticable durant la période des pluies faute de canalisation. « Au lieu d’une route, c’est un bassin de rétention », dit Tom M’batna, un riverain.
Pour avoir accès au marché ou à la voie bitumée, les habitants enclavés ont deux choix : faire des contournements qui rallongent le parcours ou emprunter une pirogue pour le raccourci. La pirogue s’impose naturellement. Elle est plus sollicitée par les piétons. Trois pirogues sont en service sur ce tronçon de près deux kilomètres.
Haroun Brahim est un des piroguiers. Il est âgé de 14 ans. Avec ses amis, ils naviguent toute la journée sur ces eaux pour desservir les deux quartiers. La traversée se fait moyennant une pièce de 100F CFA. Selon lui, le niveau de l’eau en cette fin du mois de juillet est encore moyen. Mais, il prévient, « le débordement est pour le mois d’août (considéré comme le plus pluvieux au Tchad) ». Durant le huitième mois, il y a même risque d’inondation, renchérit un sexagénaire rencontré sur les lieux. « Pour le moment, certaines devantures sont accessibles, mais en août, ce ne sera plus le cas », dit-il.
Même son de cloche du côté d’Amtoukoui, toujours dans le 7e arrondissement. La grande voie qui serpente le Lycée public du quartier est inaccessible. Le comble, selon les habitants, est que cette route passe devant le siège de la Mairie du 7e arrondissement. Le débordement est parti du bassin de rétention derrière la station Tchad hydrocarbure, peut-on constater. Conséquence, certains ménages et ruelles sont inondés. Comme à Habbena, la population bloquée utilise le même moyen, comme à Abena, la pirogue. Le coût du transport est 50F sur une courte distance et 100 francs pour une longue. « C’est tout un budget », s’est plainte une habitante.
Les habitants de ces quartiers appellent les autorités responsables des infrastructures routières de se saisir de cette question pour désenclaver certains quartiers de la capitale.
Christian Allahdjim
Après l’annonce du chronogramme détaillé du processus électoral par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), les réactions ne se sont pas fait attendre. Le porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS), Me Jean Bernard Padaré, a donné la réplique de son parti aux propos de Mahamat Ahmat Alhabo sur les ondes de RFI.
Le mardi 08 juillet, la Céni a déroulé le calendrier des élections à venir en plaçant la présidentielle en priorité. Alors que jusqu’à cette date, la préoccupation de la classe politique était la tenue des élections législatives, car le mandat de l’actuelle législature, prorogée plusieurs fois, a pris fin en 2015. Le premier chronogramme a prévu les élections législatives pour le 13 décembre 2020. Mais selon le président de la Céni Kodi Mahamat Bam, le processus a été perturbé à cause de la Covid-19. Ce qui malheureusement n’est pas du goût d’une partie de l’opposition.
Pour Me Jean Bernard Padaré, c’est la preuve d’une mauvaise foi a-il déclaré sur les ondes de la RFI. « Nous disons simplement à l’opposition qu’elle se met dans l’art de la mauvaise foi, dans la mesure où elle est représentée à la Céni à 50 %, la majorité présidentielle à 50 %. C’est ça qu'on n'arrive pas à comprendre, ce comportement irresponsable parce qu’il n’y a pas d’autres mots pour qualifier ça. Je fais remarquer que la prorogation du mandat des députés avait été votée à l’unanimité, ce qui veut dire qu’ils ont laissé la porte ouverte. On ne peut pas proroger l’élection présidentielle, c’est impossible ».
Le secrétaire général adjoint chargé de la communication, porte-parole du MPS, pense que toutes les conditions sont réunies pour aller aux élections dans la mesure où la Covid-19 est presque vaincue. « Pour le reste, c'est une manœuvre tendant à retarder les échéances, et pour qu’on aboutisse à quoi ? Eh bien, à un vide juridique en avril pour conduire notre pays à la transition, c’est ce que souhaite l’opposition, c’est inacceptable », déclare-t-il au confrère de la RFI. »
L’opposition a suggéré, selon les moyens dont dispose le Tchad, d’aller en élection couplée. Mais Me Jean Bernard Padaré soutient que c’est difficile vu le niveau d’instruction de la population. « On ne peut pas coupler ! Est-ce que vous imaginez que les gens cochent sur un bulletin pour les élections législatives et sur un autre bulletin pour les élections présidentielles ? Non. Nos populations ne sont pas encore prêtes pour assumer des élections cumulées »
114 milliards FCFA pour les TIC
Le Projet de Modernisation des Infrastructures et des Communications électroniques est lancé officiellement le mardi, 07 juillet dernier. Reportage.
La grande place qui abritera le futur Centre National de données a été prise d'assaut ce mardi 7 juillet par plusieurs membres du gouvernement, par les responsables administratifs et par les partenaires techniques financiers du Tchad. Tous ont été témoins de la pose de la première pierre pour la construction du futur centre, qui sera une référence en matière des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) selon les autorités. Cette pose de première pierre marque également le lancement officiel du Projet de modernisation des infrastructures et des communications électroniques. Cette initiative vise la participation massive de la population au secteur des TIC, pour le développement socio-économique du Tchad.
Selon le ministre des Postes, des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, Idriss Saleh Bachar, le Tchad est engagé dans la voie du développement économique et social. Cet engagement nécessite une forte contribution de tous les secteurs de l'économie nationale. En premier, ceux qui œuvrent dans le secteur des TIC). Le coût global de ce projet est estimé à 114 milliards de francs CFA, financé par fonds extérieurs. « C’est, de loin, le plus grand projet entrepris par notre pays dans le domaine des infrastructures des Technologies de l’Information et de la Communication », dit le ministre Idriss Saleh Bachar. Cette initiative s’inscrit dans la logique de diversification des leviers de croissance dont l’ultime but est de bâtir une économie nationale forte et résiliente.
« Il n’est plus illusoire de dire aujourd’hui que notre pays entre de plain-pied dans l’ère de l’économie numérique avec toutes les performances et raccourcis bénéfiques qu’elle offre pour le développement », dit le ministre de l’Économie et de la Planification du développement, Issa Doubragne.
Ce projet vise à fournir les meilleures infrastructures techniques de base pour la mise en place d’une administration efficace et efficiente en vue de combler le déficit de connectivité selon le ministre d’État, ministre secrétaire général de la présidence, Kalzeubé Payimi Deubet, en lançant officiellement les travaux.
Enfin, le Projet de modernisation des infrastructures de communications électroniques au Tchad comporte 3 composantes. Il vise entre autres à : implémenter 200 antennes-relais GSM sur l’ensemble du territoire national ; déployer un réseau à fibre optique sur près de 2000 km ; construire un grand centre pour la sécurisation des données. L’aboutissement de ce projet est de mettre les TIC au service du développement du pays.
Maurice Ngonn Lokar
La fête de Tabaski est arrivée. Et les prix des moutons ont grimpé faisant grincer les dents aux consommateurs. Entre difficile écoulement des marchandises et profit, Ialtchad Presse vous amène au cœur d’un marché de bétail à N’Djamena.
Jeudi 30 juillet. La veille de la fête de « Tabaski ». Il est 13h 30 mn. Le marché de bétail de N’djari tout au long de l’avenue en face du ministère de la Santé publique grouille de monde. Entre vacarmes des moteurs et bêlement des moutons, vendeurs, acheteurs et démarcheurs discutent bruyamment malgré les odeurs désagréables des lieux. Chacun cherche à tirer à l’avantage de son porte-monnaie les échanges.
« 50 000F pour ce mouton, c’est vraiment trop cher », se plaint Mahamat Ali, un acheteur venu du quartier N’gueli dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Mais son interlocuteur, Mahamat Issa, vendeur, ne se fatigue pas de le convaincre d’acheter ce mouton à ce prix. « Tu vois il a de l’embonpoint. Je te fais un bon marché. » Selon lui, les prix de vente qu’ils fixent dépendent du prix d’achat et des taxes qu’ils payent. « Nous achetons les moutons dans les campements à 25 000, 30 000F. Pour chaque tête de mouton, nous payons 250F de taxe aux communes », explique M. Issa. Il en a amené 20 têtes, mais il n’a pu écouler que la moitié. « Les gens viennent nombreux, mais peu achètent », affirme-t-il. Après moult discussions, Ali a fini par acheter le mouton au prix de 45 000F.
Si les vendeurs cherchent à se faire des bénéfices, démarcheurs et « clandomen » (conducteurs des mototaxis) ne sont pas du reste. Hassan Abbo est démarcheur. Il propose ses services aux vendeurs et acheteurs. « Si j’arrive à faire liquider un mouton, le vendeur me donne entre 500 et 1000F. Si un acheteur sollicite aussi mon service, il me donne quelques choses après l’achat fait », indique-t-il. D’après lui, cette année, le bétail est en nombre, mais des acheteurs se font rares à cause de la crise. « Le plus bas prix est 30 000 F CFA et le haut est à 75 000 Franc Cfa. Et avec la pandémie de Coronavirus, beaucoup d’activités sont aux arrêts. Ce qui fait que beaucoup de personnes n’ont pas d’argent », dit Abbo.
Si les affaires sont bonnes pour les démarcheurs, les « clandomen » ne trouvent pas vraiment trop leurs comptes. « Depuis le matin (il fait déjà 13heures), je n’ai eu que trois clients », s’agace un jeune « clandoman » rencontré sur les lieux. Pour cause, « les gens viennent avec leurs véhicules et motos », témoigne-t-il. Fort heureusement pour lui, Mahamat Ali est venu solliciter son service pour déposer son mouton. Pour le trajet Ndjari-Ngueli, le prix du transport est conclu sur 1 500F. Somme que notre bonhomme empoche avec sourire.
Les échanges entre clients, vendeurs et démarcheurs continuent dans une ambiance joyeuse. C’est la course contre la montre dans un ballet incessant sur fond de bêlements de moutons. Certains emportent leurs achats à l’arrière de leurs camionnettes, d’autres les remorquent sur leurs motos. Chose étonnante, les moutons une fois embarqués sur la camionnette ou sur la moto restent d’un calme olympien.
Pour rappel, le Tchad est le premier pays en Afrique avec plus de 900 millions de têtes de bétail, selon un rapport publié en 2019 par le Fonds des Nations-Unies pour l’Agriculture (FAO).
Christian Allahdjim
Le procureur de la République près du tribunal de N’Djamena Youssouf Tom a animé un point de presse ce mercredi pour éclairer les lanternes sur l’incident du Marché Champ de fil.
« Le 14 juillet 2020, un incident malheureux s’est produit au Marché dénommé Champ de fil ayant opposé un colonel à un groupe de jeunes », a rappelé le procureur Youssouf Tom à l’entame de son point presse. Sans pour autant donner les raisons de cette altercation, Youssouf Tom a présenté un bilan qui fait état de deux jeunes blessés par balle dont l’un est décédé de suite de ses blessures à l’hôpital de l’Amitié Tchad-Chine. Quant au colonel, lynché par la foule des jeunes en colère, « il est demeuré dans un coma et il n’a fallu que la journée d’hier où il a pu ouvrir la bouche », a indiqué le procureur. La vidéo de l’événement postée sur les réseaux sociaux (RS) a heurté la sensibilité de plus d’un.
La machine judiciaire en marche
Dans sa communication, Youssouf Tom a confirmé que parmi le groupe de jeunes, six identifiés comme ayant participé à l’attaque collective du colonel, ont été arrêtés et traduits en justice. Le colonel non plus n’est épargné. « Malgré son état dégradé, le parquet de N’Djamena a décerné un mandat contre lui et des policiers sont placés à son chevet pour s’assurer de l’avoir pour le traduire en justice une fois guéri », a signifié le procureur.
Sur les réseaux sociaux il est fait mention que les jeunes déférés à la maison d’arrêt d’Amsinéné sont victimes des traitements inhumains. Youssouf Tom dénonce ces informations et convoque les médias, « nous invitons les journalistes à se rendre à la maison d’arrêt d’Amsinéné pour vérifier physiquement les six jeunes impliqués et au besoin de les interroger ».
Mise en garde
« Il faut cesser d’inciter à la haine tribale », a martelé le procureur Tom durant son point presse. Selon lui, depuis le début de cette affaire, des groupes d’individus utilisent les RS pour saper les efforts tendant à préserver la paix en véhiculant de fausses informations et des images pour ternir l’image du pays. « Ce n’est pas honnête et responsable de manipuler le peuple en le bernant avec des histoires montées de toutes pièces », a-t-il déploré. Et ajoute, « nous mettons en garde quiconque s’hasardera à ce jeu dangereux consistant à faire circuler des informations fausses sur le pays. » Il a terminé son intervention en disant qu’une enquête est déjà ouverte pour retrouver les auteurs de cette désinformation.
Rappelons que le 14 juillet passé, une bagarre a opposé au Marché Champ de fil un colonel à un groupe de jeunes. Le militaire a tiré et tué un jeune. Les autres jeunes présents ont réagi en lynchant le colonel en civil.
Sept jeunes, présumés auteurs et complices de l’incident survenu le 14 juillet dernier ont été présentés par le procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djamena, Youssouf Tom, ce mercredi 22 juillet 2020.
Contrairement à ce qui se dit sur les réseaux sociaux, les jeunes supposés avoir participé à l’incident du marché Champ de fils ne sont pas exécutés. Ils sont détenus à la maison d’arrêt d’Amsinené. Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de N’Djamena s’est rendu dans cette prison aujourd’hui. Il était accompagné des journalistes pour constater que ces jeunes sont effectivement en vie.
Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de N’Djamena déplore le fait que depuis le début de cette affaire, des images circulent sur les réseaux sociaux pour faire croire que ces jeunes sont maltraités, torturés voire tués.
Plus tôt, au cours d’un point de presse, le procureur Youssouf Tom avait dit : « s’agissant du groupe des jeunes dont la vidéo atteste leur participation à l’attaque collective du colonel, six d’entre eux, identifiés ont été arrêtés et traduits déjà en justice ». Selon Youssouf Tom, malgré la réponse judiciaire donnée à ce feuilleton, dit « du marché Champ de fils, beaucoup de Tchadiens en font une extrapolation dans le but de saper les efforts des acteurs de défense des droits de l’homme.
Pour rappel, le 14 juillet dernier un incident a opposé des jeunes du marché Champ de fils à un colonel de l’armée nationale. Au cours des altercations, deux jeunes ont été blessés par balle d’une arme de poing détenue par le colonel. Evacués d’urgence à l’hôpital, l’un des jeunes finira par succomber de suite de ses blessures.
Les autorités joignent la parole aux actes. Ils font déguerpir des squatters du Marché de champ de fil.
Suite aux décisions annoncées par le délégué général auprès de la commune de N’Djamena et le maire de la capitale, des déguerpissements ont été entamés mardi matin dans le secteur du marché champ de fil, au 5e arrondissement de N’Djamena.
Une présence massive des militaires et policiers du GMIP a pris d’assaut la place. Le déguerpissement a visé le secteur situé un peu plus à l’Est. Selon les autorités, ces habitations de fortune sont illégales et engendrent l’insécurité. Une fouille systématique et obligatoire est effectuée sur tous ceux qui empruntent cette voie.
Rappelons que la fermeture du marché et le déguerpissement sont le résultat du meurtre d’un citoyen par un militaire en civil suivi du lynchage de ce dernier par la foule. Il serait toujours entre la vie et la mort.
Suite au drame qui s’est déroulé au marché champ de fil le 15 juillet, les autorités annoncent des décisions pour restaurer l’autorité de l’État.
Ce lundi 20 Juillet, le délégué général du gouvernement auprès de la commune de N’Djamena, Mahamat Zene Alhadj Yaya, a annoncé lundi des décisions pour restaurer l’autorité de l’État au marché de champ de fil de la capitale.
Cette décision a été prise lors d’un déplacement au marché situé dans le 5e arrondissement, en présence du maire de N’Djamena, Oumar Boukar Gana et la maire du 5e arrondissement, Fatimé Ahmat Mahamat.
Mahamat Zene Alhadj Yaya a dénoncé des occupations anarchiques et a expliqué ensuite que normalement, on ne peut pas habiter dans cette zone. « Toutes les mesures sécuritaires seront prises pour que la situation soit rétablie, que les gens soient dégagés, et que cet espace revienne à l’usage pour lequel il a été laissé », a-t-il indiqué.
Selon le délégué du gouvernement, cette décision consiste à restaurer l’autorité de l’État. « On ne peut pas squatter n’importe où et rester n’importe comment. Cela a donné lieu à des activités illicites comme la vente de drogue et puis toutes les menaces sécuritaires qu’on pourrait constater ».
Lors de la descente, plusieurs personnes suspectées de consommation et trafic de drogue ont été interpellées par les forces de l’ordre. Peu de temps après la descente, le maire de N’Djamena, Oumar Boukar, a informé dans un communiqué, les garagistes, mécaniciens, les propriétaires des maisons de fortunes, les commerçants à libérer immédiatement les lieux. Des opérations de déguerpissement ont été entamées mardi matin aux abords du marché.
Rappelons que le marché de champ de fil est fermé depuis plusieurs jours pour des raisons sécuritaires.