lundi 16 septembre 2024

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En 24h les habitants du marché champ de fil sont passés du statut des déguerpis illégaux à celui des réinstallés. Ialtchad Presse est allé à leur rencontre pour évoquer avec eux leur infortune. Ce sont des hommes et des femmes qui en ont gros sur le cœur. Reportage.

Jeudi 23 juillet, 9 h 25 mn. Les nuages gorgés de pluie de saison couvrent une partie du ciel de la capitale tchadienne, N’Djamena. Sur le site déguerpi du quartier Amriguébé du côté Marché dit Champ de fil, Abdoulaye Djibrine, un père de famille habitant la zone depuis 1985, inspecte sa maison reconstruite avec des morceaux de tôles. Un jour avant, il était contraint de défaire cette même maison de fortune sur ordre de la Mairie centrale de N’Djamena. Juste à côté, un groupe de jeunes s’efforcent, tant bien que mal, à reconstruire un hangar qu’ils ont détruit la veille, 1 h du matin, à la hâte pour pouvoir emporter le matériel de peur qu’il ne soit rasé par les autorités. Et qu’ils ne les perdent.

Dimanche 19 juillet. Ce jour, le Gouverneur de la ville de N’Djamena, Mahamat Zene El Hadj Yaya, après une descente au marché Champ de fil, a instruit la Mairie centrale de procéder au déguerpissement des habitations du coté Est des lieux pour « occupation anarchique ». « Nous avons été informés au soir du dimanche et ils ont ordonné de quitter les lieux le lundi, sans aucun préalable », dit la victime.

Lundi 20 juillet. Au petit matin, les habitants concernés par la mesure ont plié bagage sans aucune orientation des autorités. « Ils nous ont déguerpi sans nous montrer où nous devons nous réinstaller », se désole Abdoulaye, dépité et un peu amer. Ce sont plus 700 hangars-maisons qui ont été défaits laissant plus de 1 500 personnes sans abri, d’après le délégué des déguerpis, M. Hassaballah Mahamat Elhadj.

Mardi 21 juillet, revirement spectaculaire des autorités. La Mairie de la ville de N’Djamena revient sur sa décision. Le Maire Oumar Boukar Gana « est venu sous la pluie nous informer de nous réinstaller sur le site sans aucun détail », dit Abdoulaye, les yeux écarquillés, gesticulant de deux mains. Bien que la nouvelle soit bonne pour lui et les autres, beaucoup de déguerpis éprouvent des difficultés à se réinstaller, affirme Abdoulaye.  « Nous avons tout arraché (tôles, lambourdes, fer) pour laisser le terrain vide. Aujourd’hui nous peinons à reconstruire nos maisons, car les tôles, usées, sont déchirées en lambeau, les fers, cassés, demandent à être soudés, mais nous n’avons pas d’argent pour tout ça. »

Les difficultés sont encore grandes pour ceux qui ont déjà quitté le site. « Nos amis qui sont déjà partis veulent revenir, mais ils n’ont plus d’argent pour le transport. Le peu qu’ils disposaient ils l’ont dépensé pour faire évacuer leurs effets. » Malgré tout, Abdoulaye et certains de ses compagnons ont pu ou pourront reconstruire leurs maisons de fortune avec des matériels défectueux.

Peur bleue

Bien que les habitants de la zone Est du marché de champ de fil se réjouissent de ce rétropédalage des autorités, ils ont peur. Une peur présente dans les mots prononcés par les victimes. « Ça fait des années que nous habitons ce site sans avoir créé aucun problème que ce soit. Mais aujourd’hui, les autorités nous taxent de fauteurs de l’ordre et ordonnent notre déguerpissement avant de revenir à de meilleurs sentiments. Nous avons bien peur qu’un autre matin, elles reviennent encore nous demander de quitter les lieux », s’inquiète Issa sous le regard approbateur de son ami Abdoulaye qui « exige des garanties pour se réinstaller en paix. »

Abdoulaye Djibrine et ses compagnons appellent les autorités à l’aide pour leur réinstallation. Pour les victimes, la saison des pluies complique les choses et les expose à la merci des intempéries à la veille du redouté mois d’août communément appelé « chari tamané » en arabe local ou le 8e mois. Il est connu pour être le mois le plus pluvieux charriant avec lui les intempéries de tout genre.

Jeudi 23 juillet, le Maire Oumar Boukar Gana convoque dans la matinée le délégué des déguerpis et réinstallés du Marché Champ de fil, M. Hassaballah Mahamat Elhadji. Selon ce délégué, l’ordre du jour de la rencontre était : recensement et aide aux habitants.  

« Une promesse reste une promesse. On verra la suite. », lâche M. Hassaballah suivi de la formule usuelle InchAlla (s’il plaît à Dieu). Enfin, il précise que toute aide de la Mairie ou d’ailleurs est la bienvenue. Une aide pas forcément financière, elle peut être en matériaux de reconstruction ou en nourriture.

Christian Allahadjim

Ses adversaires le disaient fatigué de gérer son système « toile d’araignée ». Un système dont il est le cœur. Et d’où il voit tout, sait tout, contrôle tout et décide de tout. Pis ces derniers temps, il s’est recroquevillé sur lui-même et sur son fauteuil de président laissant fleurir rumeurs et ambitions dans son entourage. Il surgit toujours à la dernière minute tel un vieux lion forçant tous les ambitieux à faire profil bas. Il vient de surprendre pour la énième fois par sa longue présence au Lac après l’attaque de Boko Haram (BH). Alors qu’une semaine auparavant, on le disait éreinté par le pouvoir. Longue chronique d’un soldat hardi, d’un président déroutant et du tout nouveau Maréchal!

Mercredi 23 mars, pendant que le pays luttait contre le virulent coronavirus, une autre nouvelle, tout aussi virulente, tombe : la secte BH a attaqué par surprise l’Armée Nationale Tchadienne (ANT) sur l’île de Bohama, dans la région du Lac. Le bilan est de 98 morts et 44 blessés graves. C’était un coup dur. Parmi eux plusieurs officiers importants. Jamais de mémoire de tchadien, l’armée n’a subi une si grande perte. Jamais de mémoire, le soldat Idriss Deby Itno (IDI) n’a vécu un tel affront.

Par un tweet le président tchadien annonce la nouvelle « pendant que nous sommes en lutte contre le coronavirus, les illuminés de BH ont attaqué nos forces armées dans le Lac-Tchad. Je salue le sacrifice de nos vaillants soldats. Je réitère notre total engagement à vaincre le péril terroriste. » À ce moment, le président n’a pas laissé paraître sa colère. Il la rumine et décide de se rendre sur les lieux de l’attaque.

Sur l’île, c’est la désolation : voitures calcinées, corps noyés, soldats égorgés, munitions emportées. Le président avance au micro, lunettes noires sur un visage fermé, la voix chevrotante de colère, il annonce que ces méfaits doivent être punis.

Le lendemain, il remballe sa veste de président et enfile sa tenue de soldat. Ajuste son grade de Général 5 étoiles. Décide de camper sous un hangar loin des dorures du palais. Dans le sable, la poussière, l’austérité des lieux, l’inhospitalité du climat. Il n’est à l’aise que parmi sa troupe. Il fait de son hangar son quartier Général. Il jure d’en finir avec la secte terroriste de BH. Il s’entoure de ses officiers. Il prépare la riposte.

À cet instant, le soldat a pris le dessus sur le Président. Il aime cela IDI, être soldat. Être simplement combattant sur le terrain. Se contenter du peu. Vivre en groupe. Défier toutes les lois du protocole. Il oublie même qu’il est président. Qu’il ne devrait pas être là, surtout pas en première ligne. Sauf qu’il a déjà dit que le Tchad est le seul pays au monde où le président monte au front pour faire la guerre. Il n’a pas tort. Il connaît ce pays, il connaît ce peuple pour qui être chef, c’est savoir guerroyer. C’est une des qualités de chef qui les impressionne. Un chef prêt à faire face à la mort, cette visiteuse indésirable. « Pour gouverner les Hommes, il faut les impressionner », disait Napoléon Bonaparte.

Le soldat Deby Itno a-t-il fait de cette assertion son principe?  Il y a longtemps, un routier du journalisme français Jean-Pierre Elkabbach l’avait déjà surnommé, en direct sur les antennes de la radio française Europe 1 le Napoléon d’Afrique. C’était au lendemain de sa fumante victoire en 2008, sur les rebelles venus de l’Est échoués aux portes de son palais. Alors que personne ne le croyait capable de retourner la situation en sa faveur. Une prouesse militaire dont les Tchadiens en parlent jusqu’aujourd’hui. Qui invoquant le soutien français. Qui invitant la division des rebelles. Peu importe, le soldat Deby Itno est sorti victorieux après avoir presque perdu ce pouvoir qu’il aime tant.

Beaucoup de Tchadiens ne l’aiment pas comme président, mais beaucoup l’adore comme soldat et admire son audace. Ils oublient comme lui qu’il est président. Ils oublient comme lui que sa place n’est pas en première ligne. Ils sont amoureux de leur président-soldat lorsqu’il brandit sa canne de général. Et entonne le cri de ralliement « moral, moral, moral »

Dans les Réseaux sociaux (RS), il n’y avait que des éloges pour lui. Pourtant, les internautes tchadiens sont connus pour leurs critiques acerbes. Ils aiment le détester virtuellement. Ils adorent l’admirer militairement.

Le Président de l’Assemblée Nationale (PAN) Dr Haroun Kabadi et Mahamat Zene Bada, Secrétaire Général (SG), du Mouvement Patriotique du Salut (MPS, parti au pouvoir), se sont rendus sur le terrain. Ils n’ont pas pu retenir leurs ardeurs.

Le PAN, euphorique, trouvait que le grade de Général était peu pour le soldat Deby Itno. Le SG enthousiaste renchérit « … M. le président sur les réseaux sociaux, c’est un boum ». Avant cela, l’opposant Saleh Kebzabo (SK), président de l’UNDR, a critiqué la présence prolongée du président et a dénoncé les injustices dans l’armée. Aussitôt, un torrent de reproches s’abat sur SK. Certains lui réclament le silence, d’autres exigent de lui la solidarité face à l’ennemi.

Entre-temps, le président fait de la « com » sur les RS. Il en a fait son allié. Lui qui dénonçait, il y a peu, sa mauvaise utilisation. Il en joue, en rejoue, en abuse. Il laisse photographier presque tous ses faits et gestes. Tantôt descendant de son hélicoptère. Tantôt pianotant sur son téléphone devant la carte de la région. Il trace sa stratégie de contre-attaque. Ces images venues d’un autre monde frappent les imaginaires.

Elles ne sont pas seulement destinées à la consommation locale. Elles s’adressent aux partenaires stratégiques, aux présidents des pays voisins, à ceux des pays du G5 Sahel. C’est très fort. C’est un coup fumant d’un président bluffant. C’est la tactique d’un soldat téméraire qui s’appuie sur la technologie de l’information et de la communication. Le soldat Deby Itno n’est plus ce soldat d’antan. C’est un Général 2.0, un soldat de son époque.

Une semaine après le lancement de l’opération « colère de Bohama », il fait le tour des lieux de combat entouré par la troupe. Assis au milieu des soldats, il lance en Arabe locale « armé tchadienne maa lib hana Boko Haram ». Traduction libre : « Boko Haram ne peut se hasarder à s’amuser face à l’armée tchadienne ». Et le Général-soldat rajoute que le Tchad ne participera plus aux opérations hors des frontières.

La nouvelle retentit, à travers le monde, comme un coup de canon tiré par le Général Deby Itno. Les partenaires stratégiques sont tétanisés, particulièrement la France. Les pays voisins sont chaos debout. Les pays du G5 Sahel sont envoyés au tapis. C’est le branle-bas de combat dans les rédactions et les chancelleries. Sans le soldat Deby, ça serait la catastrophe prédisent les plus optimistes.

Pendant ce temps, il a déjà enfilé sa veste de président. Le ministre tchadien des Affaires Étrangères et de l’Intégration Africaine de l’époque Chérif Mahamat Zene est envoyé au combat médiatique arrondir les angles. Il affirme par communiqué que les propos du président ont été mal interprétés. Au passage, il tacle nos collègues-journalistes de langue arabe. Il conclut que Tchad ne quittera pas les théâtres des opérations extérieures. La colère de Bohama s’est envolée. La diplomatie des tanks est toujours d’actualité.

Début du mois mai. L’actualité colère de Bohama s’est atténuée. Corona virus a repris le dessus. Le comité de veille mis en place et dirigé par Kalzébeu Pahimi Debeu (KPD), ministre d’Étatt, patine. La maladie et sa psychose gagnent du terrain. Les esprits s’emballent. Le comité fait un faux pas en signant une convention avec la Fondation Grand Cœur de la Première dame Hinda Deby Itno au lendemain de l’annonce par le président d’un investissement de 15 milliards de francs CFA. L’opposition monte au front et dénonce cela. Saleh Kebzabo, opposant, ne lâche pas prise comme pour prendre sa revanche sur sa sortie sur Bohama. Dans un tweet, il appelle le soldat Deby Itno à reprendre le commandement de la guerre contre la Covid-19. Il aime cela, le président, se faire désirer.

15 mai. Le président dissout la cellule de veille sanitaire. M. Kalzébeu et sa cellule sont enterrés. Deby Itno prend la tête d’une nouvelle organisation, le Comité de gestion de crise sanitaire.

26 juin. Bohama est presque aux oubliettes. Coivd-19 s’affaiblit. Le président de l’Assemblée Nationale, Dr Haroun Kabadi sent l’ennui s’installer à travers le pays. Il sort de son tiroir son discours de Bohama dans lequel il disait que le grade de Général était peu, trop peu pour le soldat Deby Itno. Il met en œuvre une proposition de résolution.

Le verdict tombe : le Général Idriss Déby Itno est élevé à la dignité de Maréchal du Tchad pour service rendu à la Nation et les nombreuses victoires militaires remportées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, souligne l’article 1er de la proposition de résolution votée par les députés. C’est par 146 voix pour, 00 contre 00 abstention. L’opposant Saleh Kebzabo présent lors de la plénière quitte la salle avant le vote. Il n’a pas apprécié la procédure adoptée. Pour lui, cette récompense est contestée dans sa méthode, mais pas dans le fond. À retenir « pas dans le fond ». Les partisans du pouvoir jubilent.

29 juin. Le PAN Dr Kabadi et les présidents des groupes parlementaires se rendent au Palais présidentiel signifier au Président Deby Itno son élévation à la dignité de Maréchal du Tchad. Élévation acceptée par le premier des Tchadiens. Une première dans l’histoire du Tchad. Une de plus dans l’histoire singulière de l’Afrique noire.

La date de la cérémonie de l’élévation est fixée au 11 août. C’est aussi la date de l’indépendance du pays. Simple coïncidence? Choix assumé? Calcul politique? Quelques jours avant, une note officielle du Protocole d’État est signifiée à tous pour dire qu’il faudra désormais dire et écrire :  Maréchal du Tchad, Président de la République, Chef de l’État. Une page de l’histoire est tournée.

Bello Bakary Mana

Le Mouvement patriotique du Salut (MPS) commémore l’an 4 de l’investiture du président Idriss Deby Itno ce samedi 8 août 2020. A cette occasion, le secrétaire général du MPS, Mahamat Zen Bada a dévoilé le choix de leur candidat aux prochaines élections présidentielles.

« Le Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno a hissé notre pays à un rang jamais égalé dans le monde. Il est candidat aux élections présidentielles de 2021. C’est une imposition du MPS et de ses alliés. »  C’est en ces termes que le secrétaire général du MPS Mahamat Zen Bada a annoncé le choix de leur candidat à la magistrature suprême ce 8 août 2020 au cours d’un point de presse. Même si cette annonce n’est pas surprenante, Zen Bada est-il allé très vite et trop tôt en annonçant la candidature de leur poulain ? Alors que les élections sont prévues en avril 2021 par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Au pouvoir depuis 1990, le président du Tchad, récemment élevé à la Dignité de Maréchal, Idriss Deby Itno est à son cinquième mandat. Si cette imposition, comme le dit Zen Bada, est acceptée par le concerné, il sera candidat à un sixième mandat.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a lancé officiellement la phase pilote de révision du fichier électoral. La cérémonie a eu lieu ce samedi 08 août 2020 à la commune du 6ème arrondissement de N'Djaména.

L'enrôlement généralisé pour les prochaines élections au Tchad est prévu à partir du 1er octobre 2020. En prélude, la Céni lance la phase pilote. C'est après avoir convoyé d'Amsterdam les kits réceptionnés et testés que les responsables de la Céni ont lancé l’opération.

L'enrôlement pilote concerne ceux et celles qui ont atteint depuis 2015 la majorité. Il touche aussi les personnes qui n'avaient pu se faire enrôler pour la même période, pour une raison ou une autre. « Ce sont ces catégories de citoyens qui en sont concernés », dit le président de la Céni, Mahamat Kodi Bam. Selon lui, la qualité d'enrôlement est fonction du matériel d'enrôlement choisi mais, est déterminante aussi de la qualité des utilisateurs du matériel.

Il a exhorté les participants à la session d'enrôlement, de donner le meilleur d'eux-mêmes, pour relever le défi. « Démontrez-nous que vous vous êtes bien appropriés de l'utilisation des matériels biométriques. Aucune défaillance ne sera tolérée », déclare le président de la Céni.

Trois grosses averses depuis le début de la saison des pluies. Et déjà, certains quartiers et rues de la capitale tchadienne, N’Djamena, sont isolés. Cause : les inondations. Ces quartiers sont transformés en lacs, îles et îlots. C’est le cas des quartiers Habbena et Amtoukoui où on y accède rapidement qu’à la pirogue. Reportage.

Dimanche 26 juillet. Il est 17h lorsqu’une grosse pluie s’est abattue sur N’Djamena. Dans certaines rues de la ville, des torrents d’eau déferlaient à grande vitesse. Et s’échouaient au loin dans un bruit impressionnant tel un fleuve démonté.

Le lendemain lundi 27 juillet. Il est 11 heures au quartier Habbena dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Le ciel est dégagé. La météo affiche 30 degrés.

A Habbena, sur la route principale qui borne le marché du côté sud, des tas d’ordures et des flaques d’eau rendent la circulation difficile. Juste devant, à la sortie est, c’est toute la grande voie qui est inondée. Pas de surprise selon les riverains, c’est leur vécu chaque saison pluvieuse. D’après eux, cela fait plus d’une décennie que cette grande voie qui mène aux quartiers Habbena et Atrone. Il est impraticable durant la période des pluies faute de canalisation. « Au lieu d’une route, c’est un bassin de rétention », dit Tom M’batna, un riverain. 

Pour avoir accès au marché ou à la voie bitumée, les habitants enclavés ont deux choix : faire des contournements qui rallongent le parcours ou emprunter une pirogue pour le raccourci. La pirogue s’impose naturellement. Elle est plus sollicitée par les piétons. Trois pirogues sont en service sur ce tronçon de près deux kilomètres.

Haroun Brahim est un des piroguiers. Il est âgé de 14 ans. Avec ses amis, ils naviguent toute la journée sur ces eaux pour desservir les deux quartiers. La traversée se fait moyennant une pièce de 100F CFA. Selon lui, le niveau de l’eau en cette fin du mois de juillet est encore moyen. Mais, il prévient, « le débordement est pour le mois d’août (considéré comme le plus pluvieux au Tchad) ». Durant le huitième mois, il y a même risque d’inondation, renchérit un sexagénaire rencontré sur les lieux. « Pour le moment, certaines devantures sont accessibles, mais en août, ce ne sera plus le cas », dit-il.

Même son de cloche du côté d’Amtoukoui, toujours dans le 7e arrondissement. La grande voie qui serpente le Lycée public du quartier est inaccessible. Le comble, selon les habitants, est que cette route passe devant le siège de la Mairie du 7e arrondissement. Le débordement est parti du bassin de rétention derrière la station Tchad hydrocarbure, peut-on constater. Conséquence, certains ménages et ruelles sont inondés. Comme à Habbena, la population bloquée utilise le même moyen, comme à Abena, la pirogue. Le coût du transport est 50F sur une courte distance et 100 francs pour une longue. « C’est tout un budget », s’est plainte une habitante.

Les habitants de ces quartiers appellent les autorités responsables des infrastructures routières de se saisir de cette question pour désenclaver certains quartiers de la capitale.

Christian Allahdjim

Après l’annonce du chronogramme détaillé du processus électoral par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), les réactions ne se sont pas fait attendre. Le porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS), Me Jean Bernard Padaré, a donné la réplique de son parti aux propos de Mahamat Ahmat Alhabo sur les ondes de RFI.

Le mardi 08 juillet, la Céni a déroulé le calendrier des élections à venir en plaçant la présidentielle en priorité. Alors que jusqu’à cette date, la préoccupation de la classe politique était la tenue des élections législatives, car le mandat de l’actuelle législature, prorogée plusieurs fois, a pris fin en 2015. Le premier chronogramme a prévu les élections législatives pour le 13 décembre 2020. Mais selon le président de la Céni Kodi Mahamat Bam, le processus a été perturbé à cause de la Covid-19. Ce qui malheureusement n’est pas du goût d’une partie de l’opposition.

Pour Me Jean Bernard Padaré, c’est la preuve d’une mauvaise foi a-il déclaré sur les ondes de la RFI. « Nous disons simplement à l’opposition qu’elle se met dans l’art de la mauvaise foi, dans la mesure où elle est représentée à la Céni à 50 %, la majorité présidentielle à 50 %. C’est ça qu'on n'arrive pas à comprendre, ce comportement irresponsable parce qu’il n’y a pas d’autres mots pour qualifier ça. Je fais remarquer que la prorogation du mandat des députés avait été votée à l’unanimité, ce qui veut dire qu’ils ont laissé la porte ouverte. On ne peut pas proroger l’élection présidentielle, c’est impossible ».

Le secrétaire général adjoint chargé de la communication, porte-parole du MPS, pense que toutes les conditions sont réunies pour aller aux élections dans la mesure où la Covid-19 est presque vaincue. « Pour le reste, c'est une manœuvre tendant à retarder les échéances, et pour qu’on aboutisse à quoi ? Eh bien, à un vide juridique en avril pour conduire notre pays à la transition, c’est ce que souhaite l’opposition, c’est inacceptable », déclare-t-il au confrère de la RFI. »

L’opposition a suggéré, selon les moyens dont dispose le Tchad, d’aller en élection couplée. Mais Me Jean Bernard Padaré soutient que c’est difficile vu le niveau d’instruction de la population. « On ne peut pas coupler ! Est-ce que vous imaginez que les gens cochent sur un bulletin pour les élections législatives et sur un autre bulletin pour les élections présidentielles ? Non. Nos populations ne sont pas encore prêtes pour assumer des élections cumulées »
 

114 milliards FCFA pour les TIC

Le Projet de Modernisation des Infrastructures et des Communications électroniques est lancé officiellement le mardi, 07 juillet dernier. Reportage.

La grande place qui abritera le futur Centre National de données a été prise d'assaut ce mardi 7 juillet par plusieurs membres du gouvernement, par les responsables administratifs et par les partenaires techniques financiers du Tchad. Tous ont été témoins de la pose de la première pierre pour la construction du futur centre, qui sera une référence en matière des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) selon les autorités. Cette pose de première pierre marque également le lancement officiel du Projet de modernisation des infrastructures et des communications électroniques. Cette initiative vise la participation massive de la population au secteur des TIC, pour le développement socio-économique du Tchad.

Selon le ministre des Postes, des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, Idriss Saleh Bachar, le Tchad est engagé dans la voie du développement économique et social. Cet engagement nécessite une forte contribution de tous les secteurs de l'économie nationale. En premier, ceux qui œuvrent dans le secteur des TIC). Le coût global de ce projet est estimé à 114 milliards de francs CFA, financé par fonds extérieurs. « C’est, de loin, le plus grand projet entrepris par notre pays dans le domaine des infrastructures des Technologies de l’Information et de la Communication », dit le ministre Idriss Saleh Bachar. Cette initiative s’inscrit dans la logique de diversification des leviers de croissance dont l’ultime but est de bâtir une économie nationale forte et résiliente.

 « Il n’est plus illusoire de dire aujourd’hui que notre pays entre de plain-pied dans l’ère de l’économie numérique avec toutes les performances et raccourcis bénéfiques qu’elle offre pour le développement », dit le ministre de l’Économie et de la Planification du développement, Issa Doubragne.

Ce projet vise à fournir les meilleures infrastructures techniques de base pour la mise en place d’une administration efficace et efficiente en vue de combler le déficit de connectivité selon le ministre d’État, ministre secrétaire général de la présidence, Kalzeubé Payimi Deubet, en lançant officiellement les travaux.

Enfin, le Projet de modernisation des infrastructures de communications électroniques au Tchad comporte 3 composantes. Il vise entre autres à : implémenter 200 antennes-relais GSM sur l’ensemble du territoire national ; déployer un réseau à fibre optique sur près de 2000 km ; construire un grand centre pour la sécurisation des données.  L’aboutissement de ce projet est de mettre les TIC au service du développement du pays.

Maurice Ngonn Lokar

La fête de Tabaski est arrivée. Et les prix des moutons ont grimpé faisant grincer les dents aux consommateurs. Entre difficile écoulement des marchandises et profit, Ialtchad Presse vous amène au cœur d’un marché de bétail à N’Djamena.

Jeudi 30 juillet. La veille de la fête de « Tabaski ». Il est 13h 30 mn. Le marché de bétail de N’djari tout au long de l’avenue en face du ministère de la Santé publique grouille de monde. Entre vacarmes des moteurs et bêlement des moutons, vendeurs, acheteurs et démarcheurs discutent bruyamment malgré les odeurs désagréables des lieux. Chacun cherche à tirer à l’avantage de son porte-monnaie les échanges.

« 50 000F pour ce mouton, c’est vraiment trop cher », se plaint Mahamat Ali, un acheteur venu du quartier N’gueli dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Mais son interlocuteur, Mahamat Issa, vendeur, ne se fatigue pas de le convaincre d’acheter ce mouton à ce prix. « Tu vois il a de l’embonpoint. Je te fais un bon marché. » Selon lui, les prix de vente qu’ils fixent dépendent du prix d’achat et des taxes qu’ils payent. « Nous achetons les moutons dans les campements à 25 000, 30 000F. Pour chaque tête de mouton, nous payons 250F de taxe aux communes », explique M. Issa. Il en a amené 20 têtes, mais il n’a pu écouler que la moitié. « Les gens viennent nombreux, mais peu achètent », affirme-t-il. Après moult discussions, Ali a fini par acheter le mouton au prix de 45 000F.

Si les vendeurs cherchent à se faire des bénéfices, démarcheurs et « clandomen » (conducteurs des mototaxis) ne sont pas du reste. Hassan Abbo est démarcheur. Il propose ses services aux vendeurs et acheteurs. « Si j’arrive à faire liquider un mouton, le vendeur me donne entre 500 et 1000F. Si un acheteur sollicite aussi mon service, il me donne quelques choses après l’achat fait », indique-t-il. D’après lui, cette année, le bétail est en nombre, mais des acheteurs se font rares à cause de la crise. « Le plus bas prix est 30 000 F CFA et le haut est à 75 000 Franc Cfa. Et avec la pandémie de Coronavirus, beaucoup d’activités sont aux arrêts. Ce qui fait que beaucoup de personnes n’ont pas d’argent », dit Abbo.

Si les affaires sont bonnes pour les démarcheurs, les « clandomen » ne trouvent pas vraiment trop leurs comptes. « Depuis le matin (il fait déjà 13heures), je n’ai eu que trois clients », s’agace un jeune « clandoman » rencontré sur les lieux. Pour cause, « les gens viennent avec leurs véhicules et motos », témoigne-t-il. Fort heureusement pour lui, Mahamat Ali est venu solliciter son service pour déposer son mouton. Pour le trajet Ndjari-Ngueli, le prix du transport est conclu sur 1 500F. Somme que notre bonhomme empoche avec sourire.

Les échanges entre clients, vendeurs et démarcheurs continuent dans une ambiance joyeuse. C’est la course contre la montre dans un ballet incessant sur fond de bêlements de moutons. Certains emportent leurs achats à l’arrière de leurs camionnettes, d’autres les remorquent sur leurs motos. Chose étonnante, les moutons une fois embarqués sur la camionnette ou sur la moto restent d’un calme olympien.

Pour rappel, le Tchad est le premier pays en Afrique avec plus de 900 millions de têtes de bétail, selon un rapport publié en 2019 par le Fonds des Nations-Unies pour l’Agriculture (FAO).

Christian Allahdjim

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