lundi 16 septembre 2024

DT

DT

Le président de République, Idriss Déby Itno, est revenu pour la énième fois sur la question de la cohabitation pacifique et du vivre ensemble. C’est à l’occasion de son élévation au titre de Maréchal du Tchad, le 11 août 2020. Après plusieurs interpellations de la conscience des Tchadiens, il est à remarquer que sur le terrain, rien ne change. Le communautarisme est un fait. Au-delà des mots n’est-il pas temps de passer aux actes ?

Comme l’a chanté un musicien ivoirien, « la paix n’est pas un vain mot, mais un comportement à apprendre à nos enfants ». La paix justement, passe par la cohabitation pacifique ou du moins, la cohabitation pacifique peut être signe d’une paix acquise. Mais au Tchad, l’absence de guerre est souvent comparée à la paix. Dans les faits, les Tchadiens ont du mal à cultiver le vivre ensemble. Cette situation est d’autant plus exacerbée par l’injustice, l’impunité, le manque d’équité et surtout la culture communautarisme.

Comme l’a si bien dit le président Déby, « les droits du citoyen ne sont pas dissociables ni matériellement ni juridiquement, des devoirs qui se confondent avec le statut constitutionnel de citoyen ». Mais encore, faudrait-il que tous les Tchadiens bénéficient concrètement des droits reconnus à chaque citoyen. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes se sentent écartés, marginalisés, voire abandonnés par la République. Ces jeunes qui, pour la plupart, diplômés sans emplois, finissent par s’adonner à l’alcool ou à d’autres pratiques malsaines parce qu’« ils n’ont pas trouvé  du boulot dans ce pays ». Or, d’un autre côté, le clanisme, le clientélisme ou la corruption favorisent des jeunes qui occupent des postes de responsabilité alors qu’ils n’ont pas le minimum requis pour ces fonctions. Comment promouvoir le vivre ensemble alors sans équité, sans justice ?

Si de nos jours, les réseaux sociaux sont mal utilisés, c’est parce qu’à la base, il se pose un problème d’éducation, de culture du numérique. Plutôt que de servir de plateformes d’opportunités et d’ouverture au monde, la toile est devenue aujourd’hui un lieu de culture du communautarisme et de la division. Et c’est normal ! Car, ceux qui se sentent opprimés ou oubliés n’ont que la toile pour se défouler, pour extérioriser leurs ressentis. Couper l’internet ou les réseaux sociaux n’est pas la solution. Les autorités tchadiennes doivent comprendre que ce n’est pas parce qu’il y a les réseaux sociaux qu’il y a le communautarisme. C’est parce qu’il y a le communautarisme que les jeunes viennent en parler sur les réseaux sociaux. Les priver de ces outils, c’est encore accentuer davantage leur haine envers certains, et même envers le pouvoir.

Les maux ne se soignent pas que par les mots. Aujourd’hui, il est temps de laisser les discours et passer aux actes. Pour que le vivre ensemble et la cohabitation pacifique devienne réalité au Tchad, il suffit de traiter les citoyens, selon la Constitution, comme étant égaux. Il importe de trouver une identité commune à tous les Tchadiens. De nos jours, en dehors de l’Armée nationale par laquelle les Tchadiens se reconnaissent il n’y a pas des valeurs communes à partager. L’identité tchadienne n’existe presque pas. Trouver un symbole à travers lequel tous les Tchadiens pourront se reconnaître serait déjà un pas vers le vivre ensemble.

Aussi, les jeunes tchadiens doivent être éduqués sur les valeurs de la République. Même la Morale et le Civisme qui autrefois étaient enseignés à l’école primaire tendent à disparaître. Il faut que les Tchadiens, dès le bas-âge sachent qu’ils sont égaux qu’ils ont un même pays, les mêmes valeurs, la même patrie. Il est temps de construire la nation tchadienne, et ce ne sera pas que par des mots.

Maurice Ngonn Lokar

Avec son slogan « radio de référence qui fait la différence », FM Liberté est située au quartier Chagoua dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Dans le cadre de notre série de reportages consacrés aux médias tchadiens, aux conditions de travail des journalistes et à l’occasion du 20e anniversaire de cette radio, Ialtchad Presse a rencontré son directeur Djekourninga Kaoutar Lazare pour en parler. Reportage.

Créée en 2000, la radio FM Liberté est une radio associative située au quartier Chagoua dans le 7e arrondissement de N’Djamena émettant sur la fréquence modulée 105.3. Logée dans un complexe bien clôturé, FM Liberté c’est trois compartiments avec cinq bureaux, deux studios, une salle de rédaction et une salle de réunion avec une guérite. Deux groupes électrogènes de grande capacité sont disponibles pour assurer le relais en cas de délestage du côté de la Société Nationale d’Électricité (SNE). Elle émet du lundi au vendredi de 6h à 10h 30min puis de 12h à 22h. Le samedi et le dimanche, la mise en onde est en continu de 6H-22H.

Avec comme slogan « la radio de référence qui fait la différence », FM Liberté a comme pères fondateurs les associations de la société civile, de défense des Droits de l’Homme et l’Union des syndicats du Tchad (UST). Ses premières émissions ont été mises en onde le 5 août 2000. « L’objectif de la radio est de conscientiser, éduquer la population en matière des droits de l’homme et des libertés fondamentales, bref en citoyenneté », explique Djekourninga Kaoutar Lazare, le directeur de radio. Selon lui, cette mission résulte de la violation massive des droits de l’Homme sous le règne de l’ancien président Hissein Habré. Un des exemples qui vient confirmer ce rôle de défenseur des droits de l’Homme que joue FM Liberté est la rubrique la minute du Droit qui passe au début du journal parlé.

Conditions de travail

Pour M. le Directeur Fm Liberté les conditions de travail sont compliquées voire elles sont hostiles. « Nous sommes filés tous les jours par les éléments de l’Agence nationale de Sécurité (ANS). Nos confrères se font battre par endroit par les forces de l’ordre », confie-t-il. À cela, il faut rajouter les difficultés liées aux finances. D’après lui, la suspension de l’aide publique à la presse depuis 6 ans est un coup dur pour les médias privés. Comme conséquences, dit-il, il est difficile d’organiser des formations continues, de recyclage pour ceux qui s’intéressent à la profession, d’assurer le bon fonctionnement des organes (matériels techniques et didactiques), d’assurer la mobilité des journalistes parce que le Tchad ne se résume pas à N’Djamena. 

Au-delà de ces difficultés, le plus gros problème déplore, le directeur reste l’accès aux sources d’informations : « cela fait plus d’un mois que la radio court après le Ministère de l’Administration pour avoir des informations par rapport aux enlèvements contre rançon dans le Mayo-Kebbi et une partie du Logone Occidental mais il n’y a pas de retour. » Pour lui, il faut aider la presse à travailler. Elle est la conseillère attitrée. « Ceux qui entourent le président de la République ne lui disent pas la vérité. Et c’est la presse qui révèle certains manquements. Donc il faut l’aider à aider nos gouvernants. Surtout en matière de formation », recommande Djekourninga.

Rapports avec les autorités

Connue pour être la radio des droits de l’Homme, la voix des sans voix, Fm Liberté est souvent accusée à tort ou à raison d’être une station à la solde de l’opposition. Interrogé à ce sujet, Djekourninga Kaoutar Lazare répond : « Ceux qui nous taxent d’être à la solde de l’opposition sont ceux-là qui fuient le micro. Ils veulent manger le gâteau aisément sans être dérangés ». Il prend son souffle et rajoute, « ce qui nous fait plaisir c’est lorsqu’il y a une communication à faire, le gouvernement court d’abord vers Fm Liberté avant de se tourner vers les stations autres médias publics. Cela prouve que nous ne sommes pas une radio de l’opposition. »

Ironie du sort. À l’instant où le directeur de la radio répondait à nos questions sur ce sujet, le Secrétaire Général du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), Mahamat Zen Bada était en train d’accuser Fm Liberté de jouer le jeu de l’opposition. C’était à la conférence de presse qu’il avait tenue à l’occasion de l’an 4 du quinquennat du Président Deby Itno le 8 août 2020 passé. Il avait très dur en comparant la radio Fm Liberté à la radio Milles collines du Rwanda connue pour sa propagande lors du génocide.

Interrogé sur les rapports avec la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA), Djekourninga K. Lazare pense que l’organe régulateur fait encore son travail dans la légalité. « La HAMA n’est pas agressive comme l’ex HCC. Quand nous commettons une faute dans le traitement de l’information, elle nous appelle gentiment de relever cela et d’améliorer ».

Après 20 ans d’existence, la radio FM Liberté émet toujours en FM. Le souhait de son directeur est de pouvoir couvrir tout le Tchad. « Avant, nous couvrons un rayon de 150 km, mais actuellement nous ne couvrons que moins de 100 km. Cela est dû aux matériels vieillissants. Et comme presse privée, nous n’avons pas les moyens nécessaires pour les renouveler », dit M. Djekourninga.

Christian Allahdjim

Aperçu historique de l’accession à l’Indépendance

Le Tchad célèbre ce 11 août, le 60e anniversaire de son accession à l’indépendance. Pour mieux comprendre la base de cette libération du joug colonial, Ialtchad Presse s’est entretenu avec l'historien Sali Bakary.

L’aperçu historique de l’accession du Tchad à l’indépendance doit être mis en rapport avec la Seconde Guerre mondiale, estime Sali Bakary.  Après cette guerre, dit-il, la France qui était la puissance colonisatrice a pris un certain nombre de mesures qui ont accéléré le processus de l’indépendance. « A la faveur, les colonies francophones ont pu accéder à l’indépendance. Le Tchad avec », affirme-t-il. Les mesures prises étaient entre autres la suppression de l’indigénat, la liberté de créer de syndicats, des partis politiques entre autres.

Le bilan

Pour ces 60 ans d’indépendance, l'historien affirme qu’il y a du progrès. « Beaucoup a été fait sur le plan quantitatif, mais qualitativement médiocre. Des infrastructures sanitaires et éducatives ont été construites, mais manquent d’équipements ». 

L’action politique

Sali Bakary déplore que l’armée soit utilisée comme un moyen d’accéder au pouvoir, mais aussi comme un moyen de protéger ce pouvoir. Ce qui, malheureusement, empêche une alternance pacifique au pouvoir. « Ça dénote de la particularité tchadienne qui fait que depuis le 22 juillet 1966, date de la création du Frolinat, le système politique tchadien est pris en otage. L’arme est utilisée comme un moyen d’accession au pouvoir, mais aussi comme un moyen de protéger ce pouvoir », affirme celui qui est également enseignant d'histoire à l'école normale.

M.Bakary s'est également prononcé sur l'élévation du président de la République, Idriss Déby Itno, ce 11 août à la dignité de Maréchal du Tchad. Pour lui, le récipiendaire mérite cette dignité de Maréchal du Tchad, car il a consacré toute sa vie à l’armée. « Il est le rare sinon le seul chef d’État qui va sur le terrain de guerre. Tous ces éléments méritent d’être pris en compte », dit le professeur.

Entretien réalisé par Ngonn Lokar

Le Tchad a commémoré ce 11 août 2020 ses 60 ans d’indépendance. Une cérémonie de prise d’armes a eu lieu à la Place de la nation en présence du Maréchal Idriss Deby Itno. Reportage.

Pas de défilé contrairement aux célébrations antérieures. C’est à 13h20 que la cérémonie de prise d’armes à l’honneur de la commémoration des 60 ans d’indépendance du Tchad a commencé. Ce retard est dû à la cérémonie d’élévation à la Dignité de Maréchal du Tchad, Idriss Deby Itno, organisée par l’Assemblée nationale dans la matinée du 11 août. Pas de défilé grandiose à cause de la situation sanitaire marquée par la pandémie du coronavirus. C’est une cérémonie modeste qui a vu la présence du président de la République, le président de la Commission de l’Union africaine et bien d’autres personnalités à la Place de la Nation à N’Djamena avec quelques corps de l’armée entre autres le GNNT, le GEMIA, le GMIP…

13h10min. Arrive alors le chef d’État-major général des armées (CEMGA), le général Abakar Abdelkerim Daoud qui passe en revue la troupe présente.

Le président de la République, chef suprême des armées, Idriss Deby Itno est arrivé à 13h 20. Il est accueilli par le chef d’état-major général des armées. Après des civilités militaires, Idriss Deby Itno est invité par le commandant des troupes à passer en revue les troupes. Exercice qu’il fait en tant que Maréchal du Tchad, fraîchement consacré. L’hymne national (la Tchadienne) a marqué le début de la cérémonie.

C’est un Idriss Deby Itno, fraîchement consacré Maréchal du Tchad, qui passe en revue la troupe. Tenue d’apparat coiffée d’un képi, manteau et bâton de commandement à la main gauche, le Maréchal du Tchad, hissé sur la jeep militaire, salue respectueusement la troupe. « Maréchal, Maréchal », a scandé le public qui, il faut le préciser, n’est venu que pour voir le Maréchal dans sa nouvelle tenue. Après cette phase, le chef suprême des armées a regagné la tribune officielle avant d’être invité a nouveau pour déposer la gerbe de fleurs sur le monument aux martyrs.

Malheureusement, aucun défilé pédestre n’a eu lieu, au grand dam du public. Cela a rendu la cérémonie fade. L’ambiance n’y était pas à part quelques groupes choc du MPS qui chantaient l’éloge du président. Toutefois, l’aviation de l’armée a fait de démonstration en parcourant le ciel. Ce sont quatre avions de chasse et quatre hélicoptères qui se sont prêtés au jeu.

Pour clore la cérémonie, le Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno a décoré six personnalités pour service rendu à la nation tchadienne. C’est sur cette marque de distinction que le commandant des troupes a mis terme à la cérémonie de prise d’armes à 14h25.

Le Maréchal Président est reparti. Les officiels font pareil. La foule se disperse.  Le Tchad vient de clore la fête de ses 60 ans d’indépendance. Le premier Président qui a assisté au jour 1 et à l’an 1 de l’accession à la souveraineté nationale le 11 août 1960-61 fut François Ngarta Tombalbaye. Idriss Deby Itno est le sixième Président, mais premier Maréchal.

Christian Allahdjim

Donc le Tchad fête sa 60e année d’indépendance ce 11 août 2020. 60 ans ce n’est pas rien. C’est toute une vie faite des moments de bonheur et des moments de tristesse. 60 ans dans la vie d’un homme ou d’une femme, c’est l’âge du début de sagesse, de repos et de bilan de vie. Quel bilan pour ce pays? Positif ou négatif? Que dire sur le passé. Qu’avons-nous fait du présent? Pouvons-nous évoqué le futur le cœur apaisé?

Positif, parce que le Tchad existe dans ses 1. 284. 000 km carré. Il est encore entier. Ceux qui ont assisté le 11 août 1960 aux célébrations de cette indépendance étaient certainement heureux. Le bonheur simple de s’être débarrassés du système colonial et des colons qui les asservissaient dans leur propre pays. « Enfin libres, enfin nous avons notre destin en mains », doivent-ils se dire. Ne serait-ce que cela, c’est déjà positif. C’est déjà un accomplissement. Un bonheur immense. Cette liberté est une conquête sans prix.

Négatif, parce que la moitié de 60 ans nous les avons passés à se faire la guerre. Oui la guerre entre nous. Beaucoup de destruction. Beaucoup de retard. Beaucoup de rancune. Beaucoup de rancœur et des déchirements. Seuls le temps et la volonté de chacun de nous ont commencé à effacer cela depuis quelques deux décennies. Seules nos valeurs de solidarité, d’hospitalité et de pardon ont commencé à gommer cela. On ne peut parler du présent sans évoquer le passé. Sauf que le Tchad est un pays singulier. Son présent se résume aussi à cela : jusqu’aujourd’hui, les historiens tchadiens n’ont pas restitué dans des manuels un récit national. Nous n’avons presque pas un récit national. La guerre peut constituer un chapitre de notre récit national, mais pas notre guerre fratricide. Triste. Négatif.

Peut-être, la guerre contre l’occupant libyen, le coup de main militaire chez nos voisins, nos victoires sportives même si elles sont très peu, les succès de nos artistes, de nos écrivains, etc. Mais même cela est trop peu. Parce que nous avons passé trop de temps à nous faire la guerre.

Quoi qu’il en soit, il y a mille raisons de célébrer notre indépendance.  Chacun à sa façon. La célébrer parce que le pays existe. C’est déjà un acquis inestimable. Il n’est plus cet État Néant.

Comment évoquer le futur dans le Tchad d’aujourd’hui ? C’est un exercice difficile. Les malins diront qu’il sera radieux. Les réalistes diront que cela sera dur. Les pessimistes diront que cela sera l’enfer. Tous ont raison d’avoir à moitié tort. L’autre moitié appartient à demain. Et demain est une espérance infinie…

Bonne fête Tchadiens (nes)!

Donc en ce 11 août est aussi, officiellement, la date de l’élévation à la dignité de Maréchal de l’actuel Président de la République, Idriss Deby Itno. Pourquoi avoir choisi cette date? Pourquoi a-t-il accepté cette distinction? Le mérite-t-il?

D’abord, Maréchal n’est pas un grade. C’est une distinction sur des faits d’armes. Maintenant, couplé la date de l’élévation à cette distinction de Maréchal avec le jour de l’indépendance du pays n’est pas très brillant. Pas pour être contre, simplement il faut prendre un jour pour fêter notre anniversaire. On ne naît qu’une fois, qu’un seul jour. Et ce jour nous appartient. Le 11 août devrait être consacré seulement à la naissance du pays du Tchad. A son existence comme pays libre et souverain.

Ensuite, dans son entretien avec Alain Foka de Radio France Internationale (RFI), dès l’entame le journaliste a posé une excellente importante question au Président : pourquoi Maréchal? En avez-vous besoin, M. le président? Autrement dit, notre Maréchal est déjà président. C’est le sommet de la hiérarchie. Grosso modo, la réponse du Maréchal Président Deby Itno était : « …je suis un soldat et je n’ai rien demandé. Ce sont les parlementaires qui en ont décidé ».

Enfin, cette réponse est une esquive ou une vérité? Les deux à la fois. Si Deby Itno était resté soldat, oui par ses faits d’armes peu de personnes allaient lui contester cette distinction pour service rendu.

Mais voilà, il est Président. Il n’avait pas besoin d’un titre de plus. Fut-il une distinction militaire. Cette distinction semble un peu le « Mobutiser » mais Deby Itno n’est pas Mubutu. Il est Deby Itno mais Maréchal quand même.

Bello Bakary Mana

L'Assemblée nationale a tenu ce 11 août 2020, une session extraordinaire. Cette rencontre était l'occasion d'élever officiellement le Président, Idriss Déby Itno, à la dignité de Maréchal du Tchad. Ialtchad Presse vous faire revivre l’évènement. Reportage.

6h 00. 11 août. Déjà plusieurs militants du parti au pouvoir, simples curieux et badauds ont commencé à s’amasser le long de l’avenue qui mène à l’Assemblée Nationale (AN). Sur les pancartes des militants et sympathisants, on peut lire des phrases comme « IDI, notre héros », « Bravo Maréchal du Tchad », etc.  Sur les banderoles accrochées sur les murs, les ronds-points, ou suspendues en hauteur en travers des rues et des avenues les mêmes slogans. Sur l’esplanade de l’AN la fête est à son zénith par toute sorte d’animation, des militants bigarrés se déhanchaient au rythme d’une musique cacophonique. Le 60e anniversaire de l’accession du Tchad à l’indépendance est visiblement et bruyamment éclipsé.

7h 00min. Les invités commencent à venir. Le service du protocole du comité d’organisation s’agite pour conduire les invités de marque. Ça va vite. Ça s’enchaîne.

9h 50 min. Le cortège du Président arrive à grande vitesse. En roulant, les conducteurs des voitures qui l’accompagnent se livrent à un manège chorégraphique comme une danse. C’est beau à voir. Le Président descend. Il est accueil par le Président de l’Assemblée Nationale, Haroun Kabadi. Les deux hommes s’engouffrent dans l’immense bâtiment.

Le Président était habillé de sa nouvelle tenue d’apparat de Maréchal portée lors des grands évènements. C’est une vareuse en poly laine de couleur bleu nuit avec 2 fentes arrière. Elle n’a pas de poche poitrine, mais a un col Mao brodé à la main or motif feuille de chêne, etc. La description de la seule tenue d’apparat peut faire quelques pages. Autres précisions : il a 2 autres tenues de plus, la tenue de cérémonie et la tenue de combat.

Dans la salle, presque tout le gratin politique et diplomatique était présent. Les membres du gouvernement, les députés, les présidents des grandes institutions, les officiers, les compagnons « Baministes » ou ceux qui en reste, l’ex-président Goukouni Weddeye, le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki, etc. C’est sous une ovation et des youyous que le Marechal Président entre dans la grande salle de cérémonie.

10h 10 min. La ministre Secrétaire Générale du Gouvernement, Mariam Mahamat Nour, avance au micro. Elle entame la lecture de l’acte officiel, notamment le décret 1417 portant élévation du Président. Ensuite, le Grand chevalier a procédé à l’habillement du Maréchal du Tchad. Le tout dans une atmosphère empreinte de solennité.

10h 25 min. Le PAN, Haroun Kabadi, prononce son discours. Il souligne le fait que cette distinction est accordée au président pour son parcours de militaire et pour les services rendus à la Nation. Mais aussi, pour les sacrifices qu’Idriss Déby Itno a consenti durant toute sa vie pour assurer l’intégrité du territoire, consolider la paix, la sécurité, la stabilité et l’unité nationale.

Il insiste sur ce titre.

« Je voudrais insister sur le fait que le titre de Maréchal n’est pas un grade, mais la plus haute distinction   militaire conférée à un officier général, pour avoir commandé en chef une armée, et avoir obtenu une victoire éclatante en temps de guerre », a précisé Haroun Kabadi. Il a rappelé le parcours remarquable du récipiendaire, Idriss Déby Itno. Au-delà de son parcours militaire, le Maréchal Idriss Déby Itno a aussi eu un brillant parcours politique, dit-il.

10h 49min. C’est au tour du Maréchal Président de prendre. Dans un discours de plus de 30 minutes, le récipiendaire est revenu sur son parcours et les circonstances qui l’ont amené à accepter cette distinction. 

« Je considère que cette consécration n’est pas exclusivement celle du Général d’Armée Idriss Déby Itno que je suis, sinon je n’aurais pas été autant touché par cet honneur que me font les représentants du peuple », déclare d’emblée le Maréchal du Tchad. Selon lui, à travers cette distinction, ce sont d’autres dignes filles et fils du Tchad qui sont honorés. « C’est le sacrifice, le courage, le patriotisme des milliers de soldats, de sous-officiers et d’officiers qui sont ainsi distingués. Ce sont les valeurs de fraternité, de résistance, de justice qui sont ainsi consacrées », dit le Président Idriss Déby Itno ».

11h 30min. La cérémonie prend fin. Le cortège présidentiel s’est ébranlé comme il est arrivé, à vive allure. La salle de la cérémonie se vide. L’esplanade de l’AN aussi.

La capitale tchadienne abritera une double cérémonie le 11 août. A la veille, N’Djamena, la capitale tchadienne brille aux couleurs du tricolore national. Reportage.

Lundi 10 août 2020. Il est 10h 25 min. sur l’avenue Jacques Nadingar. La circulation est moins dense en cette matinée. Le ciel, nuageux et menaçant semble ne pas inquiéter la population qui vaque normalement à ses occupations. L’abattoir d’Atrone, situé sur cet axe, est bondé de monde, les boutiques, installées sur les trottoirs, ont ouvert. Juste devant un hôtel, une motopompe draine l’eau de la pluie dans un caniveau conventionnel pour rendre accessible la grande voie du quartier. La veille, une grosse pluie s’est abattue sur la capitale tchadienne provoquant des inondations dans certains quartiers.

Tout au long de cette avenue, l’embellissement qui mène au siège de l’Assemblée nationale, tout semble nouveau en ce jour du 10 août. Drapeau tricolore, traverses peintes en blanc et rouge, chaussées balayées, caniveaux curés. « C’est à cause de Deby qui doit venir à l’Assemblée demain », avance Jo, un jeune réparateur installé sur le trottoir. « Non c’est à cause de la fête de l’indépendance », lui rappelle Raoul, un client.

Justement le 11 août, le Tchad va célébrer le 60e anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. En plus de cette célébration, N’Djamena va vivre une autre cérémonie, celle d’élévation à la Dignité de Maréchal du Tchad du président Idriss Deby Itno. Voilà les deux raisons qui expliquent l’embellissement sur l’avenue Jacques Nadingar. Et de la quasi-totalité des grandes artères de la capitale.

À l’image de cette avenue, celle de Pascal Yoadimnadji jusqu’à celle de Charles de Gaulle brille aussi aux couleurs du tricolore tchadien. Des banderoles à l’effigie du récipiendaire sont visibles sur les principales avenues. À la Place de la nation qui accueillera les festivités du 11 août, tout est fin prêt. La tente et les accessoires sont installés. Même décoration comme sur les voies, les couleurs nationales sont en vedette. Au siège du MPS, parti au pouvoir, il n’y a pas d’agitations. Quelques militants traînent dans la cour.

À l’Assemblée Nationale (AN), les préparatifs pour la cérémonie d’élévation vont bon train. L’entrée principale de l’édifice laisse deviner ce qui se prépare. Tricolore, effigie du tout premier Maréchal dans l’histoire du Tchad, le président Deby est partout. Selon le député Saleh Maki, président du comité d’organisation de cet évènement, la cérémonie aura bel et bien lieu le 11 août 2020 au siège de l’AN. « Il est prévu une session extraordinaire de l’Assemblée nationale le 11 août 2020 pour cet évènement historique », a précisé le député Maki lors du point de presse qu’il a animé le 9 août dans l’enceinte du bâtiment.

Ce soir (10 août), un imposant dispositif militaire est déployé tout le long de la voie qui mène à l’AN. N’Djaména est visiblement prête à célébrer la double cérémonie du 60e anniversaire de l’indépendance du Tchad et de la cérémonie d’élévation officielle du président, Idriss Déby Itno, à la dignité de Maréchal du Tchad.

Maurice Ngonn Lokar

Des pluies diluviennes ont frappé dimanche 9 août 2020 N’Djamena, la capitale tchadienne. Elles ont causé d’importants dégâts comme le déversement des eaux des bassins sur les ménages proches, le déracinement des arbres, des cas de noyade et autres. Reportage.

Comme le dit un adage populaire « après la pluie, vient le beau temps ». Mais, le contraire a été constaté dans la soirée du dimanche 9 août dans plusieurs quartiers de N’Djamena. Après plus de quatre heures de pluie torrentielle, les N’Djaménois se sont retrouvés sous un véritable déluge. « C’était plus qu’une pluie torrentielle » s’exclame un chef de famille, l’air furieux. La cour de sa maison s’est retrouvée dans l’eau après seulement 1 heure de pluie. Les grands axes de certains quartiers, surtout périphériques, sont comparables aux étangs ou des bassins de rétentions.

Embouteillages et inondations

Les principales avenues de N’Djamena ont été pour la plupart bloquées par les eaux de pluie mêlées aux déchets ménagers. Des embouteillages immenses sur de longues distances durant de plusieurs heures se sont formés sur les deux ponts de la capitale tchadienne. Sur certains axes, des passagers étaient bloqués dans leurs voitures avec des eaux à hauteur du genou. Un témoin que nous avons interrogé a vu depuis sa fenêtre des motocyclistes emportés par les flots. Les plus chanceux ont abandonné leurs engins sur l’avenue Mathias Ngarteri, dans le 7ème arrondissement. À certains endroits, les eaux ont monté à plus d’un mètre obligeant les habitants à se réfugier dans les concessions voisines plus en hauteur.

À Moursal, sur le boulevard Sao l’un des vieux quartiers de la capitale, un grand arbre a été déraciné, empêchant des usagers de circuler sur la grande voie menant vers l’avenue Goukouni Weddeye. Les conducteurs des grosses cylindrées V8 ont été obligés d’effectuer des contournements vers des avenues bitumées, eux qui ont l’habitude selon les N’Djamenois se prennent pour les maîtres des routes en terre battue impraticables pour les petites voitures. Des cas similaires sont observés dans plusieurs quartiers.

Déversement eaux des bassins

Plusieurs maisons situées à proximité des bassins de rétention construits par la Mairie ont été inondées. Ces espaces aménagés par les autorités municipales pour assouplir les effets en cas de fortes précipitations n’ont pas pu contenir ces eaux. Des ménages ont subi d’énormes dégâts de déversement de ces eaux.

À Amtoukouin, un quartier à la périphérie est de N’Djamena, un canal d’évacuation d’eau a débordé. Selon les témoignages des habitants proches du bassin situé à une centaine de mètres, vers 20 heures, l’eau a commencé à inonder les cours des habitations. La grande voie qui quitte la commune du 7ème arrondissement municipal jusqu’au grand lycée du quartier est impraticable.

Pour rappel, il y a quelques semaines, de fortes pluies accompagnées de grêle ont fait de nombreuses victimes à N’Djamena. Au moins trois morts ont été enregistrés aux quartiers Chagoua et Abena.  Cette saison pluvieuse est particulièrement forte depuis début juillet. Plusieurs initiatives citoyennes ont été créées dans des carrés pour protéger les habitants. Des travaux de curage des caniveaux, d’évacuation des eaux et de colmatage des nids de poules ont été effectués bénévolement.

Maurice Ngonn Lokar

  1. Arts & Culture
  2. Musique
  3. Mode-Beauté

-Vos Annonces sur le site Ialtchad Presse-

  1. Divertissement
  2. Sports
  3. Mon Pays