lundi 16 septembre 2024

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Dans l’après-midi du mardi 18 août, les compagnies de téléphonie mobile se sont chargées d’annoncer la nouvelle à leurs abonnés, « la connexion internet est rétablie dans les villes : Abéché, Amdjarass et Moundou ».

Sevrés depuis le 22 juillet dernier, les internautes de quelques provinces ont renoué avec internet. Motif de soulagement pour Djogmbaye Valery, responsable des ressources humaines et du contentieux d’une entreprise privée à Moundou, capitale provinciale du Logone Occidental. « Nous avons intégré l’internet dans nos habitudes professionnelles. Sa suspension a causé un grand souci. Sans internet, la fluidité du travail est fortement impactée. Le traité de salaire du personnel, la communication avec les collaborateurs, etc. ont souffert », dit-il. Les compagnies de téléphonie mobile, en l’occurrence Tigo et Airtel devraient penser à une mesure compensatoire réclament les internautes de Moundou. Car, témoignent-ils, « nous sommes plusieurs à souscrire les forfaits internet. Nous ne les avons pas utilisés et le délai est arrivé à échéance ».

Mbaitodjireou Nadjita, professionnel de la communication lui, se dit soulager que la connexion soit rétablie à Moundou. Son vœu : que ce soit le cas sur l’ensemble du Tchad et non de manière sélective. « C’est désolant de voir des milliers d’internautes privés de la connexion internet sans raison valable dans un pays de droit » dixit le communicateur.  

L’histoire se répète au quartier Amtoukouin dans le 8ème arrondissement de N’Djamena. Tout un carré s’est réveillé submergé par les eaux de pluie. Reportage au cœur d’une catastrophe naturelle. Reportage.

Jeudi 20 août 2020. Le ciel nuageux continue de gronder. Malgré cela, nous prenions la route du 8e arrondissement. C’est tout un quartier inondé de la ville de N’Djamena qui nous accueille. Sur les visages des résidents, consternation et désolation se lisaient au premier regard. Sur le terrain, c’est la catastrophe. Des images bouleversantes.  De l’eau partout. Au petit matin de ce jeudi, une grosse pluie d’au moins quatre heures a submergé la capitale tchadienne. Et le carré 41 du quartier Amtoukouin dans le 8ème arrondissement de la ville de N’Djamena a subi les effets.

Djibrine Mahamat, yeux hagards, fouille vainement dans les eaux de sa cour pour retrouver sa carte nationale d’identité. Il vient d’assister impuissant à l’écroulement de ses quatre chambres où il loge avec sa famille. Pour lui, c’est un cataclysme.  Fort heureusement, ils ont évacué leurs effets bien avant. Au moment de publier cet article, lui et sa famille ne savent pas où loger. Néanmoins, il nous informe qu’ils iront passer sa nuit dans une mosquée.

Comme lui, ce sont des centaines de familles qui ont vu leurs habitations submergées par les eaux ou écroulées dans le carré 41. Les eaux ont monté à une hauteur d’un mètre. Par endroit, elles sont à 1,5 m. C’est le sauve-qui-peut. Les victimes ne savent à quel saint se vouer. D’un côté, il y a celles qui évacuent leurs effets dans l’eau pour les installer sur les estrades des voisins. De l’autre, ceux qui tentent de barricader l’entrée de leurs concessions avec des sacs de sable, de remblai.

Chez les autres voisinages, c’est le désespoir. Dans une chambre à côté, un homme désespéré refuse de céder aux supplications de ses voisins. Il s’est barricadé dans l’unique chambre qui lui reste et souhaite qu’elle s’écroule sur lui. Il dit vouloir mourir que survivre. Ses voisins défoncent la porte et le sorte de force. Il a l’air sonné par l’écroulement de toutes les chambres de sa maison. Le regard vide et lointain, il était en peine, inconsolable.

Brahim Zakaria, assisté de ses cousins, essaye d’évacuer les eaux de la cour de sa concession. Sa famille a trouvé refuge chez un voisin-bienfaiteur. « C’est grâce à notre voisin qui a une maison en étage que nous avons trouvé refuge. Ce sont sept familles qui sont hébergées là-bas actuellement », dit-il. Si sa famille est à l’abri, d’autres sont contraintes de quitter le quartier. « Je préfère mon Mardjandaffack », lance un jeune homme ayant sur sa tête sa valise. Comme ce dernier, des centaines de personnes ont trouvé refuge dans d’autres quartiers de la capitale. Grâce à des amis ou des bus loués, ces victimes ont évacué leurs effets vers leurs nouvelles demeures.

Oumar Mahamat Makaye est le chef de carré 41. Devant chez lui, ses voisins ont entassé leurs effets tirés sous l’eau. Lui-même tente de dresser un barrage à l’aide des sacs remplis de remblai.  D’après ses explications, l’inondation de son carré est due au débordement des bassins de rétention de la commune du 7ème arrondissement. « Les eaux proviennent du 7ème arrondissement. De ce côté, il y a un bassin de rétention qui a craqué et de l’autre il y a un canal qui verse dans notre carré », accuse-t-il.

En 2016, le quartier a vécu pareille situation. Et cette fois-ci, la population est très remontée contre les autorités. « Nous avons mené des démarches bien avant la saison des pluies auprès des autorités communales pour voir s’il y a lieu de réorienter les eaux provenant du 7e arrondissement, mais elles ne nous pas écoutées », dit Brahim Zakaria.

Très remonté, le chef de ce carré déplore que la population soit abandonnée. Pour lui c’est la non-assistance des autorités municipales qui est écœurante. « Tout ce que nous voulons est que les autorités municipales viennent constater la situation mais jusque-là rien », regrette Oumar Mahamat Makaye. Les deux victimes condamnent le laxisme de ces autorités. « C’est vraiment méchant. Une administration qui ne peut pas agir vite est une administration inexistante. »  Très fâché, il rajoute que « si le maire venait à se présenter sur les lieux, ils vont le promener dans ces eaux à longueur des heures pour qu’il comprenne. »

Situation critique

« Nous sommes actuellement dépassés », lance le chef de carré. « C’est plus de 1 500 ménages qui se retrouvent sous les eaux », précise-t-il. Il faut venir en aide à ces personnes. Pour les sinistrés, les vivres proposés par le ministère de la santé publique et de la Solidarité nationale ne sont pas prioritaires. « Le plus urgent, c’est de leur trouver où loger ces familles et de quoi se couvrir », affirme Oumar Mahamat Makaye. Car, selon lui ces eaux ne pourront pas tarir dans une semaine ni dans un mois.

Pour l’heure, il est difficile d’établir un bilan des dégâts. « Aucune perte en vie n’est signalée », informe le chef de carré. Mais le carré est en train de se vider de sa population qui, certainement, le repeuplera à la fin de la saison des pluies.

Comme pour rajouter à la catastrophe, une autre catastrophe plus violente s’abat sur eux à coup de gaz lacrymogènes. Les sinistrés, ne sachant où aller, se sont installés sur l’avenue Taiwan bloquant ainsi la circulation. Les éléments du Groupement mobile d’intervention de la Police (GMIP) tentent de les déloger à coup de tombes lacrymogènes. Une scène surréaliste qui s’est déroulée vers 18 heures 30min.

Christian Allahdjim

Les épreuves écrites du baccalauréat se poursuivent. Au deuxième jour, ce sont des candidats de la série littéraires qui se sont frottés aux épreuves. Ialtchad Presse s’est rendu au Lycée de Farcha. Les candidats critiquent des conditions liées aux mesures barrières. Reportage.

En raison de la pandémie du Covid-19, le baccalauréat session d’août 2020 se déroule de manière particulière. Les épreuves se passent dans le contexte du respect des mesures barrières. L’Office national des Examens et Concours du supérieur (ONECS) a multiplié les centres de composition et limiter le nombre de candidats par salle. De plus, les candidats des séries scientifiques composent séparément des littéraires en jour alterné. Le premier jour des épreuves, 17 août, ce sont les candidats scientifiques qui ont ouvert les épreuves écrites. Hier 18 août, c'était au tour des littéraires. Au centre de Farcha, au Lycée Ibrahim Mahamat Itno, les candidats interrogés, expriment leur sentiment.

« Cette année la composition est différente au niveau de l'organisation, l'examen qui devrait avoir lieu depuis juin, à cause de la pandémie, ils ont reporté jusqu'en août. Dans les années précédentes, on composait avec les scientifiques. Par rapport aux matières, c'était une matière par jour, mais cette année on compose deux par jour », fait remarquer Idriss Abdelkerim Ali, élève en Terminal A4 au Lycée Ibrahim Mahamat Itno.

Lorsqu’on dit au candidat que si l’ONECS a voulu que les choses se déroulent ainsi, c’est pour éviter la propagation de la pandémie du Covid-19. Donc, les candidats au baccalauréat doivent respecter les mesures barrières : port de cache-nez, lavage des mains, distanciation sociale, etc. À cette question, les candidats du centre de Farcha critiquent diversement la mise en application de ces mesures.

Pour le candidat Abakar Idriss, du Lycée moderne de Djougoulier, les mesures barrières sont respectées. Le port de masque est obligatoire, pour la distanciation sociale, le nombre des candidats ne dépasse pas 30 par salle. Il ajoute que « composer en alternant avec la série scientifique est à apprécier. Le nombre n'est pas beaucoup et là on évite la propagation de la maladie de Covid-19 ».

Ce n’est pas le cas partout. Pour d’autres candidats, l'organisation au niveau de leur centre à déplorer.  « Les conditions ne sont pas réunies pour éviter la propagation de la pandémie. Je ne vois pas les seaux d'eau et le savon pour le lavage des mains. Les élèves ont apporté leurs masques, mais certains surveillants sont sans masques », regrette Moussa Abdelkerim Adam, élèves en TA4 au lycée Aurore.

Eno Kangui Guéyoula rajoute, « l'État a beaucoup investi pour le respecter des mesures barrières pendant la composition, mais je suis ici depuis ce matin. Et je n'ai rien vu. Les surveillants ne sont pas stricts. Il y a des élèves qui ne se lavent pas les mains avant d'entrer dans la salle. Ils entrent en classe sans se laver les mains. » Lors de la dernière mise au point du Comité national de la riposte contre la Covid-19, le 18 août passé, 11 nouveaux cas ont été confirmés au pays.

Orthom L’Or

La Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) a rendu public son rapport sur la mort des 44 détenus, présumés éléments de la secte Boko Haram. Un « drame » survenu le 15 avril dans une cellule de la légion n°10 de la gendarmerie à N’Djamena.

Les enquêtes de la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) ont donné une conclusion contraire à celles des autorités tchadiennes. L’organisation a, en effet, ouvert une investigation pour déterminer les circonstances de la mort de ces personnes présentées comme étant des terroristes de la secte Boko Haram. Selon le rapport dont Ialtchad Presse détient une copie, ces personnes seraient pour la plupart des agriculteurs, pêcheurs, commerçants de bétails, des petits commerçants des petits villages du lac Tchad. L’organisation chargée de la défense des droits humains a dévoilé sa conclusion sur cette affaire qu’elle qualifie « d’un crime de masse par emprisonnement ». C’est après plusieurs missions d’investigation, des enquêtes et auditions des survivants de ce drame, conditions de détention.

Le rapport évoque les mauvaises conditions de détentions de ces présumés membres de la nébuleuse Boko Haram. Selon les témoignages recueillis par la LTDH, les détenus ont été menottés deux à deux, et fouillés avant d’être parqués dans une cellule. Celle-ci avait des normes raisonnables et les contenait tous, de façon décente, à la seule différence que les détenus étaient à même le sol, sur le ciment.

Il a été constaté que certains détenus ont commencé à avoir des démangeaisons sans arrêt, laissant apparaître des éruptions cutanées. Le rapport relève que « des dattes leur sont jetées par les persiennes, autour de 13 heures, comme repas de la mort. Ils se les sont partagées et ont manifesté de la soif presque aussitôt, les obligeant à tambouriner sur la porte pour solliciter de l’aide. Ce fut peine perdue ». Il a fallu attendre un temps, qui leur parut durer une éternité, aux environs de 16 heures, pour qu’une ration d’eau, dans une petite bouteille en plastique, leur soit balancée par le même orifice. De ce fait, seuls quelques-uns d’entre eux ont pu avaler, à peine, quelques gorgées de cette eau, sans se désaltérer pour autant.

Voulant en savoir davantage, la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme a consulté d’autres médecins. Leur avis est que l’analyse du médecin légiste paraît plausible, même si une étude approfondie aurait permis de déterminer avec exactitude la nature de la substance létale.

L’hypothèse de suicide

Contrairement à la version des sources officielles, le rapport de la LTDH souligne que la thèse du suicide est indéfendable, puisque les conditions dans lesquelles les détenus ont trouvé la mort ne concordent pas. Vu que ces derniers ont été menottés deux à deux dans une cellule.

« C’est une spéculation fortuite qui ne résiste ni à l’analyse ni aux déclarations assumées par les survivants. En définitive, la thèse du suicide est indéfendable », mentionne le rapport publié en juillet 2020, deux mois environ après le drame. Selon cette organisation de défense des droits de l’homme, au moment du drame, les détenus ont appelé à l’aide et ont réclamé de l’eau, chose qu’une personne voulant se suicider ne fera jamais.

Il faut noter qu’après l’investigation de la LTDH, la Commission Nationale Des Droits de l’Homme a, pour sa part, dévoilé son rapport d’enquête sur la mort des 44 détenus présumés éléments de la secte Boko Haram. Il a été conclu par cet organe que ces détenus seraient décédés de suite de mauvaises conditions de détention. 

Pour rappel, en mars dernier le chef de l’État, Idriss Déby Itno, a dirigé une opération militaire de riposte contre la secte Boko Haram dans la province du lac. Une opération dénommée « la colère de Bohoma ».  Après cette riposte, une cinquantaine de présumés éléments de la secte Boko Haram ont été ramenés à N’Djamena pour des éventuelles enquêtes. Ces derniers ont été aussitôt transférés dans une cellule de la légion n°10 de la gendarmerie nationale. 44 d’entre eux ont trouvé la mort dans cette cellule.

Maurice Ngonn Lokar

L’Office national de sécurité alimentaire (ONASA) a tenu, le mardi 18 août, une session extraordinaire. Cette session pour l’exercice 2020-2021 a permis d’installer officiellement le nouveau président du conseil d’administration de cette institution, Mahamat Annadif Youssouf.

L’Office national de sécurité alimentaire a pour principal rôle la constitution et la gestion des stocks, des réserves stratégiques et des produits alimentaires. La crise sanitaire actuelle, liée à la pandémie de Covid-19, a entraîné la récession et l’inflation au point de vue de la production agricole et économique. C’est aussi le cas de l’augmentation des prix des denrées alimentaires. La tenue du conseil d’administration selon le nouveau PCA, Mahamat Annadif Youssouf permettra à l’ONASA de se mouvoir pour apporter des réponses adéquates à cette calamité qui menace la population tchadienne.

La session extraordinaire, qui a vu l’installation du nouveau PCA, a donné des orientations et des directives claires à la direction de l’ONASA en vue de jouer pleinement son rôle. « Le Conseil sera très regardant dans la gestion de l’ONASA, cet organisme mis en place au service de la population afin de pallier en cas de calamité » a déclaré le PCA Mahamat Annadif Youssouf. 

Pour rappel, le gouvernement a octroyé un montant de 5 milliards de FCFA à l’ONASA pour l’achat des produits vivriers au bénéfice de la population tchadienne, en cette période de Covid-19. Le Programme alimentaire mondiale, à travers cet office a aussi apporté une aide de 10 milliards au Tchad. Sans oublier la Banque islamique de développement qui a manifesté son soutien avec le même montant en faveur des populations nécessiteuses et vulnérables.

Les candidats au baccalauréat tchadien composent ce lundi 17 août 2020 les premières épreuves écrites. Ialtchad Presse est allé recueillir les commentaires relatifs à cette première journée.

Lundi 17 août. Il est 15heures 45 minutes et 33°. La devanture des lycées Felix Éboué et Technique Commercial de N’Djamena grouille d’élèves candidats au baccalauréat session 2020. Sévérine et ses amis viennent de finir avec la deuxième matière de la première journée des épreuves écrites. Ils se partagent des sandwiches chez une restauratrice installée pour la circonstance sous la passerelle qui surplombe les deux lycées. Nous nous sommes rapprochés d’elle. Sans hésitation, elle a accepté de nous livrer ses impressions. Pour elle, le premier jour des épreuves est encourageant. « Je dirai que nous avons bien débuté.  Nous étions un peu stressés, mais quand nous sommes entrés en possession des sujets, nous nous sommes ressaisis », dit Sévérine.

Pour cette première journée, les candidats des séries scientifiques et techniques ont eu à composer les épreuves de Français et Philosophie (au choix) et la langue vivante. « Les sujets sont abordables se sont des thèmes étudiés en classe », affirme Sévérine. Si pour elle, les sujets sont à la portée des candidats, son condisciple, Djimtinbeye se plaint : « La pandémie du coronavirus ne nous a permis de finir avec le programme bien qu’on ait repris avec les cours pour 45 jours. Cela continue de jouer contre nous. »

Crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus oblige. Les candidats sont contraints de composer dans des conditions assez particulières. Port de cache-nez, respect de la distanciation sociale, bref le respect des mesures barrières. À ces conditions s’ajoutent d’autres règles comme l’interdiction d’utiliser un moyen de communication électronique, l’usage des mouchoirs jetables, etc. « Les surveillants ont respecté toutes les consignes qui leur ont été données donc ils sont trop stricts », affirme Demba candidate de la série G2. Contrairement à elle, Sévérine trouve que dans sa salle certains surveillants sont tolérants et ont eu à aider certains candidats pour la matière composée en soirée (Anglais). « Il y a eu assez d’aide-mémoire que des candidats ont apportés », dit-elle. Mais « Dieu merci aucun candidat n’est disqualifié pour cette journée », se réjouit son compagnon Djimtinbeye.

À la question de savoir si l’absence des candidats de la série littéraire à leurs côtés pendant la composition des matières littéraires n’a pas eu d’impact, Sévérine estime que c’est l’examen, il ne faut pas compter sur un autre que soi-même. « C’est vrai j’ai eu quelques difficultés dans la traduction en Anglais, mais je me suis grouillée. Je crois que nous sommes en examen donc avec ou sans les amis de la série littéraire à côté, nous devons nous débrouiller. Le travail est individuel ».

La première journée des épreuves écrites des séries scientifiques et techniques est finie. Les candidats seront à nouveau en salles de composition que le mercredi pour composer les « vraies matières » comme disent les candidats. Les épreuves du baccalauréat ont été lancées par le ministre de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur le matin du 17 août dans la sous-préfecture de Koundoul, localité située à 20Km de N’Djamena. Ce sont au total 87 500 candidats qui sont appelés à composer cet examen qui donne accès à l’Université. Les épreuves se déroulent sur une durée d’une semaine.

Christian Allahdjim

Cours en ligne, à la télévision, à la radio, reprise express, le gouvernement a tenté de sauver l’année scolaire en cours. Il y a trois jours, les cours en présentiel sont terminés. Ialtchad Presse est allé à la rencontre des élèves qui apprécient diversement les différentes méthodes utilisées. Reportage.

« La pandémie du coronavirus nous a empêché de bien fréquenter. » C’est par ces mots de mécontentement de Mahamat Abakar, élève en Terminale G1 au Lycée Technique Commercial Boudjouri que nous abordons notre sujet. En effet, l’apparition du tout premier cas du coronavirus au Tchad le 19 mars passé a amené les autorités à interdire tout rassemblement de plus de 50 personnes. Ce qui a conduit à la fermeture des établissements scolaires. Mais pour sauver l’année scolaire en cours, le gouvernement a pris l’initiative, début avril, de donner les cours via les nouvelles technologies de l’information et de la communication (télévision, radiodiffusion, plateforme) pour les élèves en classe d’examen, notamment la 3e et la Terminale.

Nguinambaye Rose, élève en Terminal A4 (TA4) au lycée Felix Éboué, dit n’avoir pas pu bien profiter de ces cours. « Moi je n’ai pas pu suivre le cours une seule fois. Dans notre quartier, l'électricité est rare. En un mois, on n’est alimenté que 4 ou 5 fois », dit-elle. À cela, il faut ajouter aussi le coût de la connexion Internet. « Pour avoir accès aux cours en ligne, il faut se connecter. Et le coût est cher et la connexion ne dure pas. Toutes ces difficultés ont fait que je n'ai pas pu profiter de ces cours », explique-t-elle.

Course contre la montre

Après trois mois de cours dispensés en ligne, le gouvernement vient d’autoriser à nouveau les cours en présentiel pour 45 jours. Ils ont commencé le 25 juillet en mode express. Pour les élèves le délai est jugé trop court. Conséquence, c’est la course contre la montre. « Le retour n'était vraiment pas facile, mais avec le temps on s'est adapté. Les enseignants ne donnent plus le cours comme d'habitude. Pour avancer vite et faire le nécessaire, ils étaient obligés de résumer les cours. On n’utilisait que les polycopies. Les enseignants se présentent juste pour expliquer », dit Mounira Ousman, élèves en TA4 au Lycée Ibrahim Mahamat Itno de Farcha. Malgré ce rythme, les enseignants n’ont pas pu finir les programmes. Pour se rattraper, Mounira est active dans d’autres groupes. « On n’a pas pu finir avec les programmes. Je me suis donc inscrite au cours préparatoire du bac et je m'entraîne aussi avec les amis d'un lycée privé pour combler le vide », ajoute-t-elle.

Si dans certains établissements, la suspension des cours a joué sur leurs programmes, d’autres étaient nettement en avance. « Avant d'aller en congé forcé, nous avons fait la moitié des programmes parce que nous avons déjà composé le deuxième trimestre », déclare une élève du Lycée Acdiffus. Même son de cloche du côté du Lycée Académie Royale où les élèves se réjouissent de la création d’une plateforme. « Grâce à notre plateforme, certains enseignants ont pu finir leurs programmes », dit Amma Koissé Limane, élève en TC. Selon Mlle Amma, le retour à l'école est une occasion pour certains enseignants de pouvoir finir leurs programmes et pour d’autres de commencer avec les exercices. 

Au Lycée Hérédité par exemple, un groupe Whatsapp est créé pour chaque filière pour assurer la continuité des programmes. Ce que déplorent les élèves de cet établissement, ce que les choses sont allées trop vite avec la reprise en présentiel. « Au retour, l'ambiance n'est plus la même, les enseignants ont leur objectif à atteindre, celui de finir les programmes. Cela fait qu'ils ne prennent plus le temps de bien expliquer les cours », se plaint Bodré Jean, élève en TD au lycée Hérédité. Néanmoins celui-ci se dit rassuré pour les examens. « C'est pour la deuxième fois que je vais composer. Et comme j’ai mes cours de l'année passée, je suis prêt pour l'examen, mais je crains le sort des nouveaux », affirme-t-il.

Au moment de publier cet article, les cours ont déjà pris fin. Et les candidats au baccalauréat sont appelés à composer le 17 août. Selon l’Office national des examens et concours du supérieur (ONECS), ils sont 87 500 cette année.

Orthom L’Or

Depuis la polémique sur le contrat de sa Fondation Grand Cœur (FGC) alors que la pandémie de la Covid-19 faisait rage au pays, la Première Dame Hinda Deby Itno a disparu des radars médiatiques tellement les critiques étaient virulentes. Elle est réapparue scintillante de joie lors de l’élévation à la dignité de maréchal de son époux, le Président Deby Itno. En direct à la télévision nationale, les Tchadiens ont vu sa joyeuse complicité avec Le Maréchal du Tchad. Portrait d’une Première Dame ambitieuse, joyeuse et qui bouscule une des règles fondamentales du patriarcat tchadien, le « soit belle, silencieuse et invisible ».

Naissance et famille

1979, la capitale tchadienne, N’Djaména est ébranlée par les premières secousses du début de la guerre civile des années 1980. Un an plus tard, le 02 avril 1980 à N’Djaména naît une fille au destin singulier. Ses parents choisissent de la prénommée Hinda. Un prénom qui, dans plusieurs civilisations humaines, veut dire la « perfection ». La Première Dame est née sous le ciel tchadien assombri par les querelles fratricides de la guerre des années 80. Son destin l’a porté jusqu’à la rencontre d’un acteur important de cette période et qui est devenu Président.

Fille de famille de classe moyenne supérieure, elle est issue d’une fratrie de 9 enfants. Fille de Mahamat Abdelrahim Acyl, brillant élève au primaire selon son vieux enseignant M. N’gardoum, ex-haut cadre au Ministère des Finances et de l’Économie de l’époque et diplomate qui a été tour à tour ministre du Conseil Supérieur Militaire (CSM), agent de l’Agence américaine pour le Développement International (USAID), puis du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) jusqu’à sa retraite en 1996. Puis son retour aux affaires comme Ambassadeur au Soudan et en Côte-D’ivoire. Hinda aime le social et socialise avec tout le quartier Klémat où elle grandit dans la modeste demeure familiale. D’où tient-elle cette facilité à socialiser ? D’où cela lui vient-il ? S’interrogent souvent les Tchadiens et les étrangers. Il coule dans ses veines avec une maman, Mariam Abdelrahim, cadre à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS). Elle le tient de là, enfin peut-être…

Années d’études

Sous la surveillance d’un papa très regardant sur les études, les années 90 ont été celles du Collège et Lycée. Elle s’y applique. En 1999, elle a réussi avec brio son baccalauréat scientifique série D dans le réputé Collège du Sacré Cœur de N’Djaména, tenu par les rigoureuses sœurs religieuses. En 2001, elle part poursuivre ses études à Lomé, au Togo où elle décroche son Diplôme de Technicien supérieur (BTS) en Finance et Banque à l’Institut d’Administration et des Études commerciales (IAEC).

Elle ne semble pas totalement satisfaite, et choisit d’aller se perfectionner au Maroc. Elle approfondit ses études en finances et en comptabilité au réputé Institut du Génie Appliqué (IGA) de Rabat au Maroc en 2003. À la fin de ses études, c’est le retour au pays où elle entame plusieurs stages notamment à la prestigieuse Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC).

Mariage et vie professionnelle

Les années 2000 sont marquées par le début de la vie professionnelle. En novembre 2003, c’est son premier véritable emploi. Elle intègre la Haute Fonction publique. Elle est nommée chef comptable du Ministère de la Santé dans le projet de Renforcement du Système de Santé et d’Appui à la Lutte Contre le VIH SIDA et les Maladies Epidémiques (PRSSALVSME). Elle fait bien son boulot.

Le 2 octobre 2005, elle épouse M. Idriss Deby Itno, Président de la République. Elle y chemine avec lui jusqu’au Maréchalat sous les critiques et courroux des uns et l’admiration des autres.

Première Dame et Dame de cœur, disent certains. Première Dame et Dame accaparante disent d’autres. Hinda marque de son style sa position de Première Dame comme il ne l’a jamais été dans ce pays. Elle veut incarner et moderniser cette fonction dans une société tchadienne qui oscille entre le conservatisme patriarcal passéiste de certains hommes et la forte envie d’émancipation de jeunes femmes. Une société tchadienne qui voit tantôt d’un mauvais œil ses actions, tantôt d’un œil écarquillé d’envie les actes de cette jeune dame qui bouscule presque tous les codes.

Elle commence ses actions au protocole de la Présidence. Elle recadre tout, redresse tout, met de l’ordre et remet tous les visiteurs du soir au pas. Le Palais Rose, c’est le Palais. Tout doit obéir à des normes.

Ensuite, elle déblaie l’entourage forte de son autre titre et poste de Secrétaire particulière du Président. Pour elle, le Palais doit cesser de ressembler à un souk où parents, amis, courtisans se pavanent toute la journée. Et où on ne sait pas qui est qui? Et qui fait quoi? Elle y tient, fonce parfois avec douceur souvent avec autorité. Elle réussit à remettre de l’ordre.

Aussi, beaucoup des Tchadiens l’applaudissent et ne jurent que par elle. Plusieurs la détestent et mettent tous les maux du pays sur ses frêles épaules. Le 9 mars 2011, elle reçoit le Trophée de meilleure Première Dame de l’année. Une distinction décernée par le Groupe Prestige Communication pour le rôle important qu’elle joue dans la vie de la nation tchadienne par l’écoute des besoins des Tchadiens. 

En janvier 2012, elle lance son vaste Plan d’Action pour l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH et en faveur de la Santé de la reproduction (SR). Un Programme qui a reçu l’approbation des Partenaires techniques et financiers. Entre autres : l’UNICEF, l’UNFPA, l’OMS, ONUSIDA, OPDAS.

En novembre 2012, elle est désignée par ses consœurs de l’organisation féminine du Mouvement patriotique du salut (OPF/MPS) comme Présidente d’honneur de l’organisation des femmes du MPS.

En mai 2013 à Addis-Abeba, Hinda est élue à l’unanimité par ses sœurs, Premières Dames d’Afrique, Présidente de l’Organisation des Premières Dames d’Afrique, engagée et solidaire dans la lutte contre la pandémie du VIH/SIDA dénommée OPDAS. Depuis, elle est triple marraine de la Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la mortalité maternelle et néo-natale en Afrique (CARMMA), des violences basées sur le genre (VBG) et de la lutte contre la fistule obstétricale. Hinda s’engage dans toutes les luttes des femmes tchadiennes. Elle pince son époux et le pousse à proposer et entériner l’égalité et la parité homme-femme. Elle est dans la lutte pour la scolarisation des jeunes filles, dont celle pour la mobilisation et la conscientisation des sages-femmes pour une saine maternité, etc. Elle est partout sur le front des causes féminines, voire féministes.

Œuvres

En janvier 2017, la Première Dame crée alors la Fondation Grand Cœur (FGC) pour le Bien Être Social et de Développement avec pour mission : lutter contre les inégalités sociales, rechercher le bien-être des populations, le développement, l’encouragement du mérite et la promotion de l’excellence.

La FGC intervient aussi dans la prévention des conflits et des catastrophes, l’assistance humanitaire et la lutte contre l’indigence, l’appui aux activités socio-économiques des groupements féminins et des jeunes, la prévention et la lutte contre les pratiques sexuelles à risque et la violence sexuelle ainsi que celle basée sur le Genre.

Pour ses adversaires, Hinda s’accapare de tout pour sa Fondation. Pour ses amis, seuls les résultats de ses œuvres comptent. « Et ils retentissent au-delà des frontières du pays », selon les membres de la FGC. Pour eux, en moins de 5 ans d’existence, il y a : des caravanes médicales d’ophtalmologues qui sillonnent le pays et redonnent la vue à des milliers des Tchadiens, des vivres sont distribués aux démunis, des caravanes médicales d’opération de thyroïdes et la prises en charge des enfants atteints de malformations congénitales à travers le Tchad, acheminements d’imminents médecins au Tchad et leur incorporation dans les caravanes médicales pour des opérations complexes etc.

Enfin, son apparition à la cérémonie, vêtue en blanc comme une fée marchant vers son mari, debout dans sa tenue de Maréchal a donné au Président et à la cérémonie une touche plus humaine tellement l’évènement était codifié. Là aussi, Hinda a bousculé les habitudes très figées laissant certains s’occuper de son accoutrement jusqu’à ses accessoires, comme s’il fallait qu’elle se présente en guenille, un « gouf faa » à la main. Au-delà de la partisanerie, n’est-elle pas la Première Dame d’un grand pays ? Bref, elle félicite son mari avec une attention complice. Les deux sont tout souriants de joie. Ils sont aux anges, au sommet de leur gloire. C’était en direct à la télévision nationale, sous le regard médusé de certains téléspectateurs et approbateurs des autres. Cette apparition renvoyait l’image d’une jeune Première Dame venue réclamer aussi une part de ce Maréchalat. Comme pour dire qu’elle est une partie du Premier Maréchal d’un pays si conservateur, si patriarcal. Elle a choisi sciemment de ne pas être invisible. Et de ne pas se taire. Comme quoi, derrière un Maréchal, il y’a toujours une Maréchale.

Bello Bakary Mana

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