Le président du conseil national de Transition (PCMT), le général d’armée, Mahamat Idriss Deby Itno a présenté à ses vœux à ses concitoyens. Le PCMT qui à la veille de la fête de Saint-Sylvestre livrait son massage à la nation a appelé les Tchadiens à être solidaires pour une transition exemplaire et réussie.
À l’occasion de la fête de fin d’année, le président du conseil militaire de la transition (PCMT), le général d’armée, Mahamat Idriss Deby, a livré son message à la nation. Dans un message court, le PCMT a formulé d’abord ses vœux les meilleurs pour l’année 2022 aux Tchadiens de tout bord. « Je souhaite à chacun et à chacune, ainsi qu’à vos familles respectives, une année de santé, de prospérité et de bonheur. De même, je formule mes sincères vœux de paix, de stabilité, de prospérité et de développement à notre beau pays le Tchad, berceau de l’humanité », déclare-t-il. Pour lui, l’année 2021 a été particulièrement difficile pour tous les Tchadiens. Il s’est exprimé dans une voix lente et posée, en affirmant que 2021 a été marquée par des évènements douloureux, des jours sombres et des moments d’incertitudes. Pour l’année 2022, le général d’armée demande à ces concitoyens d’avoir la foi en leur capacité à affronter tous les défis. Le PCMT promet de redonner le Tchad la place qu’il mérite. Toutefois, il convie les Tchadiens de communier comme un seul homme et d’être aux côtés du Conseil Militaire de Transition (CMT) pour assurer une bonne transition.
Le chef de l’Église catholique, Monseigneur Edmond Djitangar, archevêque métropolitain de N’Djamena a dans son homélie de la Saint-Sylvestre a formulé ses vœux de bonheur et de prospérité aux Tchadiens. Le religieux souhaite ses meilleurs vœux pour une transition démocratique pour que le Tchad puisse évoluer comme les autres pays dans la sérénité et la bienveillance. Il souhaite que les communautés vivent dans une harmonie sans aucune discrimination. Il prie que le seigneur bénisse le Tchad en le protégeant de la Covid19 qui continue toujours à sévir. Le responsable de l’Église catholique tchadienne a aussi formulé ses vœux pour que tous les Tchadiens retrouvent une vie normale pour qu’économiquement le pays puisse rattraper son retard sur les autres. Le saint homme souhaite que la paix pour ses compatriotes. L’archevêque évoque les relations du Tchad avec ses voisins et souhaite que les Tchadiens vivent en harmonie et dans la paix avec leurs voisins. Il estime que notre pays est souvent craint et méprisé et considéré comme ne pouvant rien apporter. « Nous sommes un peuple comme les autres et nous voulons retrouver notre place dans les concerts des nations. C’est ma prière la plus fervente et mes vœux pour que notre pays continue à exister comme peuple », souhaite monseigneur Edmond Djitangar. L’archevêque invite les Tchadiens à ouvrir leurs bras pour accueillir les autres qui viennent et trouvent autre chose que la peur, les menaces pour vivre véritablement en paix. Il demande à Dieu de bénir toutes les familles, quelles qu’elles soient, que chaque famille trouve en sa prière la source de bénédiction pour le seigneur.
Jules Doukoundjé
Le Tchad a célébré la fête de saint sylvestre dans une gaieté à bon enfant. Certains fêtards se sont donné rendez-vous dans les bars et les restaurants de la capitale. D’autres ont choisi la place de la nation pour assister aux tirs de feux d’artifice organisés par la Mairie de la commune de la capitale, N’Djamena. Reportage.
Il est 20 heures, l’heure locale de N’Djamena. Ce soir, c’est le 31 décembre la veille de la fête de Saint-Sylvestre. Les N’Djamenois surnomment ce jour et cette nuit de la fin de l’année 2021, « le 31 ». Les bars et restaurants des quartiers sud de la capitale tchadienne se remplissent petit à petit. Pour attirer les clients dans leurs cafés, appelés communément alimentation, les propriétaires de ces bistrots à la tchadienne n’hésitent pas de mettre la main à la poche pour peindre les lieux, les réaménager, etc.
Sur l’avenue Monseigneur Mathias Ngarteri, appelé communément l’axe CA7, l’ambiance est à son paroxysme. Sur cette avenue, surnommée par les noctambules, « rue de joie ou la rue princesse » les décibels des variétés musicales font craquer les tympans. Pour ce jeune rencontré dans un bar dancing, « la vie n’a pas sa copie, on vit qu’une seule fois et si l’occasion se présente, il faut s’éclater à fond ». À peine 25 ans révolu, le jeune homme complètement ivre peine à se tenir debout. Il explique qu’il attendait cette occasion depuis plus de 3 mois. À quelques mettre, dans un autre bar, il n’y a plus de place, plusieurs clients sont contraints de rester debout au comptoir sirotant leurs bières.
Marie Antoinette Nera a quitté la banlieue Koundoul, à la sortie sud de la capitale tchadienne, pour venir célébrer le saint Sylvestre avec ses copines. Elle explique que chaque année, elle et ses amies se cotisent pour fêter dans les bars dancing. Pour elle, la fête de cette année est mieux que celle de l’année dernière. Marie Antoinette affirme que l’an dernier, à cause de la covid19, la fête n’a pas été belle comme elles avaient souhaité à cause des restrictions sanitaires. Mais cette année, dit-elle, les autorités ont permis aux gens de se défouler.
Moursal, la capitale d’ambiance
Au quartier Moursal, dans le 6e arrondissement de la commune de N’Djamena, connu par le déhanchement de ces jeunes filles qui déambulent dans les coins et les recoins, à la recherche d’une âme sœur, semble calme. L’avenue Kondol, avec ses bars et restaurants aux jeux de lumière, qui attirent les clients comme le feu attire les insectes, a perdu sa lettre de noblesse. Dans ce quartier, les bars dancing n’ont pas fait le plein comme autrefois. Moursal a changé, sa particularité maintenant est que ses bistrots sont prisés par certains ceux qu’on surnomme « les vétérans ». Ils préfèrent fêter dans la discrétion.
Chagoua et ses débits de bières traditionnelles
Il est 21h 30 min au quartier Chagoua, dans le 7e arrondissement. Ce quartier est connu par le nombre pléthorique de ses débits de bières traditionnelles, appelés communément cabaret. Malgré les bars dancing et les boîtes de nuit, les cabarets sont toujours bondés de clients la nuit de la Saint-Sylvestre. Dans un cabaret situé non loin du chef de carré 4, des jeunes et des personnes âgées consomment leur « bilibili », la bière traditionnelle, en chantant et en dansant. Pour la vendeuse de cette bière locale, Koumabi, les temps sont durs. Selon elle, en cette période de fin d’année, l’argent se fait rare et certaines personnes préfèrent se rabattre sur les bières locales. Selon elle, certains viennent prendre quelques calebasses de bières locales avant d’aller dans les bars dancing.
Kabalaye rafle la palme d’or
Au quartier Kabalaye, dans le 3e arrondissement, l’ambiance est à la fête. Ce quartier est le préféré des communautés étrangères telles que les Camerounais, les congolais et les centrafricains. Sur l’avenue Jean Betel Bokassa, la plupart des bars dancing sont tenus par les expatriés camerounais. Ces détenteurs de ces lieux mondains affirment qu’ils se sentent à Yaoundé ou à Douala. Dans les rues de ce quartier, l’on peut facilement identifier les travailleuses ou professionnelles de sexe se déhanchent dans de tenues légères à la recherche de potentiels clients. Le quartier Kabalaye est connu pour ses filles de joie. Elles traînent dans les rues du quartier jusqu’au petit matin. Pour certaines filles que la rédaction a rencontrées dans les bars, la fête de Saint-Sylvestre est une occasion de se refaire une santé financière. Une jeune fille assise devant sa bière en faisant circuler de bulles de fumée de cigarette est venue de Maroua, ville du nord du Cameroun comme elle dit « se chercher ». Elle affirme qu’elle vient chaque année à N’Djamena, durant les fêtes de fin d’année à la cherche des clients. Dans ce quartier, la bière coule à flots et la musique fait vibrer les cœurs et les corps des fêtards.
Place de la Nation, le terminus
À la place de la nation, située en face du palais rose, le palais de la présidence du Tchad. Ici, la Mairie a mieux organisé la fête avec de jeux de lumière qui attirent les jeunes venus de plusieurs quartiers de la ville. À minuit 00, heure de N’Djamena, les feux d’artifice sont tirés par jeunes pour célébrer le Nouvel An. À cet instant des jeunes gens se donnent des accolades pour se souhaiter les vœux du Nouvel An. La nouvelle année est accueillie par des cris de joie, chacun espérant qu’elle puisse apporter du mieux et du nouveau aux Tchadiens.
Jules Doukoundjé
Quartier Chagoua, dans le 7e arrondissement, la messe de clôture de la 1re édition du marché de Noël dénommé MANOËL. L’archevêque a appelé les promoteurs chrétiens à investir dans l’entrepreneuriat chrétien. Il exhorte les fidèles catholiques à être solidaires. Reportage.
L’archevêque métropolitain pour la ville de N’Djamena, capitale tchadienne, Monseigneur Edmond Djitangar, a encouragé au cours d’une messe de clôture de la 1re édition du marché de Noël, les chrétiens catholiques du Tchad à s’intéresser à l’entrepreneuriat. Dès l’ouverture de la messe, l’archevêque a formulé la prière pour la grâce que Dieu a donnée pour la réussite de cette 1re édition du marché de Noël, malgré les difficultés rencontrées. « Comme tout enfantement réussi, il est source de satisfaction et de joie pour ceux qui ont cru et ont pris une part active à sa réalisation », se réjouit l’homme de Dieu.
Dans son homélie, le chef de l’Église catholique tchadienne a insisté sur l’effort que les fidèles chrétiens devraient fournir pour se libérer du joug de la pauvreté. L’archevêque a aussi mis l’accent sur l’abnégation et le travail pour lutter contre certaines formes d’injustices sociales. Pour lui, l’Église catholique a commencé le marché de Noël avec la conscience que Dieu a donné le talent à tout le monde, mais certains ont, peut-être, négligé par ignorance, par préjugé ou par négligence. Monseigneur Edmond Djitangar estime que le marché de Noël est la réponse à l’une de ses préoccupations qui est celle de voir les chrétiens catholiques contribuer à l’essor économique du pays. Selon lui, l’investissement dans l’entrepreneuriat pourrait permettre aux fidèles chrétiens de montrer qu’ils sont capables comme les autres, d’entreprendre dans des activités susceptibles d’améliorer leur condition de vie. Le religieux soutient que c’est l’un de moyens de lutter contre l’injustice et pour rétablir la répartition des richesses du pays entre tous les tchadiens.
Pour le coordonnateur du projet MANOËL, Madjitoloum, le projet du marché de Noël est le fruit de l’idée qu’il est nécessaire de créer un cadre dans lequel les entrepreneurs chrétiens pourraient se rencontrer pour partager et échanger les expériences dans le but de propulser l’entrepreneuriat chrétien. Le coordonnateur souligne que le début n’est pas facile. Selon lui, la coordination a failli jeter l’éponge, mais grâce à l’Esprit saint, ils ont pu continuer jusqu’au bout. Pour lui, c’est aussi un cadre qui permet à la grande famille chrétienne de se réunir pour réfléchir sur le devenir de la communauté chrétienne au Tchad. De l’avis du coordonnateur, le projet MANOËL est une initiative qui a pour seul but de contribuer à la promotion de l’entrepreneuriat, l’autonomisation financière et commerciale des entrepreneurs des fidèles de l’archidiocèse de N’Djamena. Le projet a aussi pour but la création du réseau d’entrepreneurs des paroissiens et des partenaires commerciaux, l’appui à la création et l’organisation des PME des paroissiens dans un réseau permanent d’échanges commerciaux. Pour lui, grâce à MANOËL, entrepreneurs, commerçants, détaillants, des restaurateurs, prestataires de services, promoteurs et philanthropes se sont côtoyés et ont fait connaissance. Le coordonnateur exhorte tous les chrétiens à soutenir ce projet.
Jules Doukoundjé
Demain, la page de l’année 2021 sera tournée. Mais avant cela, c’est la fête. Chaque ménage se dépêche pour offrir un peu de friandises pour leur maisonnée. Habituellement, les moutons et les poulets sont les plus prisés en cette période. Sur les marchés de moutons et de poulets à N’Djamena, capitale tchadienne, vendeurs et acheteurs sont aux abois. Reportage.
Souk karkandjié ou « marché d’oseille » dans le 5e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Dans ce marché on vend du céréale comme le maïs, mais aussi des moutons. Il est 11h, mais il n’y a quasiment pas de clients.
Mahamat Saleh Abderamane est vendeur. Il affirme que les clients sont absents. « Dieu est grand on espère que d’ici demain, les gens vont se grouiller. Nous vendons le mouton entre 35 000 FCFA et 50 000 FCFA. Les clients qui se présentent trouvent que le prix est raisonnable », dit le vendeur. Mahamat Saleh affirme que l’année passée, il y avait plus de clients. Il se souvient d’avoir vendu 45 moutons par jour pendant la fête de Noël, l’année dernière.
Deux messieurs rencontrés sur le marché s’expriment sous couvert de l’anonymat. Ils disent que le prix des moutons cette année est exorbitant. « On s’est promené partout, mais le prix oscille entre 80 000 à 100 000 FCFA. Nous sommes dépassés. Nous avons cru qu’avec un budget de 40 000 FCFA on peut rendre les enfants heureux, mais hélas. C’est vraiment difficile », se plaignent-ils. Selon eux, il faudra acheter des poulets à la place.
Marché de Dembé, dans le 6e arrondissement est l’un des plus grands marchés de la capitale tchadienne. Le soleil déjà au zénith, mais les vendeurs de poulets et clients résistent à la chaleur. Nodjirebeye Noël, habitant du quartier Atrone est vendeur de poulets. « Cela fait deux semaines que je suis là au marché de Dembé. Avant la fête, j’achetais les poulets dans les environs de N’Djamena à 2500 FCFA. mais maintenant, même là-bas c’est 2500 à 3500 FCFA l’unité. Je vends mes poulets entre 8000 et 8500 FCFA », dit le jeune vendeur. Il affirme vendre par jour 80 voire 100 poulets une moyenne au-delà de ses ventes avant les fêtes.
Betoloum Nandang, fonctionnaire à la retraite se désole du prix des poulets sur le marché. Il habite au quartier Gassi dans le 7e arrondissement. « Le prix dépasse même celui de cabris. Voyez-vous deux poulets seulement, on nous vend à 15000 FCFA. Il est préférable d’acheter le cabri à 25000 FCFA. C’est vraiment exagéré. Je voudrais faire plaisir aux enfants, mais là je suis dépassé », dit M. Betoloum en pleine négociation de prix.
« Vraiment à N’Djamena, c’est cela, la vie est chère. Il est difficile pour le pauvre à bien s’alimenter. Même ceux qui travaillent tirent le diable par la queue. L’essentiel pour moi, c’est de voir ma famille en santé et la grâce de Dieu nous suffit », affirme un autre client.
Moyalbaye Nadjasna
La plateforme interprofessionnelle provinciale du Ouaddaï à travers la maison des petits métiers d’Abéché représente la région du Ouaddaï au festival Dary. La maison a exposé dans son stand divers articles issus de sa création artisanale. Ces articles sont fabriqués à l’aide des produits du Tchad. Allons à la découverte de la maison des petits métiers d’Abéché. Reportage.
Créée en 2019, la maison des petits métiers d’Abéché est le regroupement de 15 associations qui constituent la plateforme interprofessionnelle provinciale du Ouaddaï. Cette plateforme est spécialisée dans la formation des jeunes dans le domaine de l’artisanat. Question de transmettre, ce que nous ont laissé nos ancêtres à la génération actuelle et future, disent les responsables. Elle fait usage des produits locaux pour la fabrication de différents articles. Ces créations sont exposées au festival Dary et attirent l’attention des visiteurs par leur beauté. Ces objets made in Tchad sont entre autres choses : des sacs à main, sacs à dos, des chaussures, des chapeaux, des ceintures, des porte-clés, des oreillers, des éventails, etc. Aucun produit dérivé n’est utilisé. Tous ont été fabriqués à la main et à base des peaux de vaches et de moutons.
Le président de la maison des petits métiers d’Abéché Ahmat Térap Brahim, affirme que l’artisanat soule dans les veines des Tchadiens. Toujours selon lui, nos ancêtres ont réussi à polir la pierre à leur époque. La maison ne fait que perpétuer cette tradition en formant les jeunes dans les petits métiers pour faciliter leur insertion socioprofessionnelle a-t-il ajouté. Le président de la maison des petits métiers de poursuivre que son organisation est une école toute faite qui offre une formation à 20% théorique et à 80% pratique aux jeunes après l’obtention du baccalauréat. L’entrée à son institution se fait par voie de concours. « La maison des petits métiers existe à Abéché, Moundou et Sarh. Nous formons les jeunes pendant 2 ans. Ils sortent avec un certificat d’aptitude professionnelle CAP. Toute l’exposition au festival relève de la créativité et de la transformation de nos produits locaux par nos étudiants », dit M. Ahmat Térap.
En dehors de la formation artisanale qu’offre la maison des petits métiers, viennent s’ajouter cette année l’apprentissage en peau et cuir, menuiserie bois, mécanique auto et la construction métallique. Selon lui, il ne faut pas de faire de très longues études et finir au chômage. Pour l’heure du travail dans les petits métiers porteurs a sonné pour les jeunes tchadiens. Il lance un appel aux jeunes de venir se faire former à la maison de petits métiers. « L’État ne peut pas absorber tous ces jeunes qui ont fini avec les études. Sans formation, il n’y a point de développement. Notre formation est bonne et pleine d’avenir. La maison assure la réinsertion socioprofessionnelle des jeunes après les avoir formés », assure le président.
La plateforme interprofessionnelle provinciale du Ouaddaï cherche à réorganiser et intégrer les métiers porteurs à travers un projet dénommé Babal Hammal. La maison possède aussi des pierres polies que comme disent les gestionnaires de cette école « nos ancêtres frottaient pour avoir le feu ».
Kouladoum Mireille Modestine
Plusieurs organisations des jeunes venues de toutes les provinces du pays se sont réunies pendant 3 jours à N’Djamena pour réfléchir sur les problèmes qui minent le développement et leur épanouissement. Après des discussions parfois houleuses, ils sont parvenus à taire leurs querelles et ont fait des propositions et de recommandations aux autorités. Reportage.
Des organisations des jeunes ont participé au forum des jeunes qui a démarré le 27 décembre et s’est achevé le 29 dans la capitale tchadienne, N’Djamena. Ces jeunes ont organisé une sorte de pré-dialogue de la jeunesse tchadienne à l’aire de la transition. Plusieurs thèmes ont été débattus et des suggestions et des recommandations ont été faites pour, disent-ils, aider les autorités responsable du dossier jeunesse.
Pour le président du Conseil national des jeunes du Tchad (CNJT), Abakar Dangaya, ce forum a été un grand rendez-vous de la jeunesse tchadienne. Selon lui, le forum été aussi une occasion de faire le brassage entre les jeunes venus de toutes les provinces du Tchad. Le président du CNJT affirme que la rencontre a permis aux jeunes d’échanger sur les problèmes de leur devenir. Il explique qu’au cours de ce forum, les jeunes ont débattu sur les thèmes tels que l’éducation, la santé, la citoyenneté et surtout sur l’épineuse question d’intégration à la fonction publique. « Pendant 3 jours, les débats francs ont été menés et des résolutions bénéfiques à la jeunesse ont été prises », dit-il.
Abakar Dangaya soutient que les recommandations qui ont été faites sont bonnes. Il cite quelques-unes telles que : l’institutionnalisation du CNJT, signer des conventions avec des universités à l’étranger, transformer le palais du 15 janvier en palais de la jeunesse, bannir le recrutement des enfants dans l’armée, accorder un quota spécifique aux jeunes dans les postes nominatifs et relancer les championnats nationaux dans toutes les disciplines.
Toutefois, certaines organisations des jeunes, non invitées critiquent ce forum. Elles estiment que ce forum n’est pas représentatif et n’a aucun cachet national.
Pour le porte-parole du collectif des techniciens de laboratoire et de la pharmacie, en instance d’intégration, Aimé Aissadji Bona, ce forum aurait pu être une occasion pour les jeunes de discuter sur les questions liées à leurs situations. Mais, selon lui, ce forum qui vient de s’achever n’est rien d’autre qu’un forum des jeunes favorables au Conseil militaire de la transition (CMT) et au Mouvement patriotique du Salut (MPS), l’ancien parti au pouvoir. Le porte-parole des techniciens de laboratoire et de pharmacie en instance d’intégration s’interroge sur la modalité du choix des organisations des jeunes pour ce forum, avant d’affirmer que ces organisations présentes sont toutes proches et favorables au CMT/MPS. « Je suis déçu par le fait qu’on n’a pas donné la chance à tous les jeunes de s’exprimer pleinement et librement sur les maux qui les minent. Tout était ficelé à l’avance », dit Aimé Aissadji Bona.
Au sujet des promesses faites par les autorités de la transition, il soutient que les jeunes ont écouté plusieurs fois des discours et des promesses de ces autorités publiques, mais entre ces promesses et leur concrétisation, il y a une différence. Sur la promesse du PCMT d’intégrer d’ici le premier trimestre 2022, 5000 jeunes, il souligne que ce ne sont pas vraiment les chiffres qui intéressent les jeunes, mais le mérite. « Nous risquons de voir les gens qui n’ont aucun diplôme prendre encore la place de ceux qui ont vraiment étudié et qui ont de vrais diplômes », prévient-il.
Jules Doukoundjé
La 3e édition du festival national des arts et de culture du Tchad Dary est lancée ce 27 décembre à la place de la nation à N’Djamena. C’est la ministre de la Culture et de la promotion de la diversité madame Achta Djibrine Sy qui a lancé le festival en présence du premier ministre de transition Pahimi Padacké Albert représentant le président du Conseil Militaire de Transition (PCMT). Toutes les 23 provinces du pays sont représentées. Reportage
C’est dans une place de la nation joliment décorée que se déroule le festival Dary jusqu’au 8 janvier 2022. Chacune des 23 provinces du pays représentées expose sur les stands les saveurs du terroir, l’architecture traditionnelle, les objets d’art, le style vestimentaire, la danse folklorique, et les chants traditionnels. Exception faite par la province du Logone Occidental qui n’a rien exposé comme culture sauf les danseurs qui ont égaillé le public.
Dans son mot de bienvenue, le maire de la capitale, N’Djamena, Ali Haroun, affirme que le Festival Dary arrive comme un rayon de lumière et d’espoir dans le quotidien des Tchadiens. Pour lui, le festival est devenu une véritable institution qui fait la fierté des Tchadiens. Les arts et la culture sont l’essence même de notre existence dit-il, et la ville cosmopolite de N’Djamena en est la parfaite illustration. « Lieu d’hospitalité et d’accueil pour les populations de nos provinces, le peuple d’Afrique et les autres régions du monde, N’Djamena assume avec beaucoup de joie sa fonction de cité urbaine des temps modernes. Ses structures et ses infrastructures sont capables d’accueillir de grands évènements comme le festival Dary, dit-il. Le premier magistrat de la ville rassure les festivaliers que toutes les dispositions sécuritaires et sanitaires sont prises pour offrir un cadre digne à cet évènement de dimension internationale. Il les exhorte à faire preuve de responsabilité dans leur geste quant à l’utilisation des infrastructures qui sont mises à leur disposition notamment la place de la nation.
Le président du comité d’organisation Abakar Rozi Téguil a dans son discours, relevé que le festival Dary est un grand rendez-vous culture qui est de retour avec plein de promesses en cette fin d’année. Il présente ensuite un menu riche et innovant qui, selon lui, fera voyager les spectateurs à travers les 23 régions à la découverte de l’immense diversité de la culture tchadienne. Plus de 15 concerts, des sketches, des concours de danses, des compétitions d’arts oratoires, etc. Le président du comité d’organisation souhaite avoir plus de visiteurs cette année que les 300.000 de l’année dernière.
En lançant les activités du festival, la ministre de la Culture et de la promotion de la diversité, madame Achta Djibrine Sy qualifie d’initiative fédératrice et unificatrice le festival. Pour elle, Dary est une tribune dédiée au métissage des peuples, à la reconnaissance et à la valorisation de la dignité des racines culturelles. Il nous rappelle non seulement d’être fiers de nos origines indique-t-elle, mais aussi la complémentarité qui nous permet de transcender nos différences. « Le festival démontre un sentiment de responsabilité incombant à chaque fils du Tchad de protéger, de conserver et de léguer à la génération future, ce riche patrimoine culturel immatérielle. C’est un cadre de transmission des valeurs cher à nos ancêtres qui sont : l’honneur, la dignité, l’intégrité, la solidarité et la justice qui sont gage de cohésion sociale », dit la ministre de la Culture. Le festival Dary dans cette période de transition est pour elle, un appel au chevet de la mère patrie. Madame Achta appelle à la volonté politique et désire que le festival Dary se saisisse de toutes ses opportunités pour hisser le pays au firmament de son rayonnement culturel. Aussi, elle exprime le vœu que le pays de Toumaï, berceau de l’humanité émerge à travers ce festival comme place forte des arts et des cultures de l’Afrique comme le Burkina Faso est devenu une référence pour le cinéma du continent.
Kouladoum Mireille Modestine
Les armes blanches (couteaux, flèches, coupe-coupe et machettes, etc.) sont vendues comme de cacahouètes. Elles sont très faciles à se procurer. Certains acquéreurs les accrochent autour de leur taille. Et en font usage pour une banale divergence. Ces armes sont utilisées ces derniers jours dans plusieurs assassinats. Reportage.
Armes blanches (couteaux, flèches, coupe-coupe et machettes, etc.) sont fabriquées d’une manière artisanale. Il est facile d’en acquérir dans la capitale tchadienne, N’Djamena. Ces armes sont même vendues dans la rue par des marchands ambulants. Selon les commerçants, la vente des couteaux est une activité comme toute autre activité commerciale. Son exercice génère aussi des bénéfices.
Ali Ousmane possède une boutique au grand marché. On trouve dans sa boutique différents articles comme des chemises, chapeaux et des couteaux. Le prix des couteaux varie selon la taille et la grosseur. Pour lui, sa boutique est une référence dans la vente des couteaux. Le commerçant peut vendre n’importe quel produit selon Ali, pourvu que la vente lui profite. Il justifie le port des armes blanches, « l’insécurité bat son plein à N’Djamena. Se promener sans une arme blanche dans une ville pareille est très dangereux pour un homme. Le couteau assure ma défense en cas d’agression ».
Les armes blanches par essence servent à couper, égorger les animaux, mais certains les utilisent pour tuer autrui. Les porteurs d’armes blanches à N’Djamena ne se cachent pas. Les plus utilisés sont, le couteau et la machette. Les porteurs les dissimulent dans les vêtements, d’autres les brandissent. Des endroits comme les marchés, les bars, les cabarets sont des sanctuaires de la mort. Protection, méfiance, habitude ou simple imitation, sont les raisons du port d’armes blanches selon les porteurs. Ces armes blanches font beaucoup de victimes dans les villes et les villages du pays.
M. Monodji Zacharie, cordonnier estime que les armes blanches sont utilisées de façon déraisonnable. Il cite par exemple l’assassinat par coup de couteau de l’humoriste colonel Dinar, du journaliste Modilé Belrangar et dernièrement du surveillant du lycée Toumaï. Dans les conflits éleveurs-agriculteurs, ce sont les armes blanches qui font plus de victimes, dit-il. Selon lui, aujourd’hui, il est risqué de se promener sans une arme blanche. « Certaines personnes vont te demander de faire un travail et à la fin, ils vont te menacer avec une arme blanche. Si tu n’es pas armé, elles vont te déposséder de tout. Quelquefois tu vas y laisser ta vie. Alors je porte le couteau pour me défendre en cas d’agression », explique-t-il. Même au village, on ne part pas aux champs les mains vides, dit Zacharie. Il faut porter sa sagaie ou sa machette pour sa légitime défense, poursuit-il.
Hissène Ali gère sa boutique alimentaire au quartier N’Djari dans le 8e arrondissement. Il raconte qu’un soir, il a été victime d’une agression à main armée. La scène s’est produite il y a 4 ans. Souvent, dit-il, ces mauvais souvenirs lui reviennent à l’esprit. Aujourd’hui, M. Hissène ne se sépare jamais de son couteau. « Je mets ma machette sous mon oreiller quand je dors. Les voleurs sont partout. Alors si je ne suis pas armé, ils vont me déposséder de tout mon argent ». Il affirme également que même pour faire un dépôt à la banque, tu es obligé de porter le couteau. Les pickpockets vont te tendre un piège quelque part selon le boutiquier, pour emporter ton argent. M. Hisseine dit qu’il ne porte pas son couteau dans l’intention de faire du mal. Il en fait usage lorsque sa sécurité est menacée.
Les citoyens ne croient plus aux institutions de sécurité que l'État affirme, M. Djerambeté Valentin, sociologue doctorant en Développement durable. C’est une des raisons du port d’arme blanche par certains Tchadiens, dit-il. « Il y a la recrudescence de l'insécurité. Ceux qui portent les armes blanches préfèrent assurer eux-mêmes leur sécurité. Ils ne font pas confiance à l'appareil sécuritaire de l’État ». Le sociologue soutient que les forces de sécurité sont plus concentrées au centre de la ville. La patrouille n’est pas régulière dans les zones reculées, insiste-t-il. Les populations rurales pratiquent l'autodéfense, chacun est contraint d’assurer sa propre sécurité, dit M. Valentin.
« Le port d'arme blanche est aussi culturel dans certains milieux du pays. Et avec l’exode rural, certains concitoyens ruraux apportent ce comportement dans les grands centres urbains », conclut le sociologue.
Kouladoum Mireille Modestine