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Les personnes handicapées ont manifesté ce lundi 10 janvier devant l’ambassade des États-Unis à N’Djamena pour réclamer la réouverture du pont de N’guéli, frontière avec la ville camerounaise de Kousseri. La traversée du pont sur le fleuve Logone est la principale activité de subsistance pour ces personnes. Ils menacent de ne pas quitter la rue s’ils n’obtiennent pas gain de cause. Reportage.

La fermeture du pont de N’guéli, sur le fleuve Logone, frontière entre la ville de N’Djamena et la commune de Kousseri, au Cameroun, perturbe les activités créatrices de revenus des personnes handicapées. Depuis plus de 6 mois déjà, le gouvernement de transition et l’association des personnes handicapées sont à couteau tiré. Les personnes à mobilité réduite estiment que les autorités de la transition ne respectent pas leur promesse. Ils décident de ramper jusqu’à l’ouverture du pont.

Pour le porte-parole des personnes handicapées Ali Ossignbédé Justin, les personnes à mobilité réduite, ne demandent ni le départ du président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby ni le départ du Premier ministre de la transition (PMT) Pahimi Padacké Albert. Ils demandent simplement la réouverture du pont pour reprendre leurs activités. A son avis, c’est depuis 6 mois que son association se bat pour obtenir gain de cause, mais cette revendication est restée sans une suite favorable. Le porte-parole des personnes handicapées promet de ramper tous les lundis, jusqu’à satisfaction. Pour lui, depuis le refus du gouvernement de lever la traversée du pont aux personnes handicapées, plusieurs ne parviennent pas à prendre en charge normalement leurs familles.

Fatiguées par la promesse faite par les   autorités de la transition, les personnes à mobilité réduite expriment leur ras-le-bol. Elles disent être déterminées pour aller jusqu’au bout.

Les manifestants ont pendant plus de 3 heures exprimé leur mécontentement et exhortent les autorités à soulager leur souffrance en les laissant traverser le pont de N’guéli. « Le tricycle n’est pas un char combat. Aujourd’hui, il faut que le ministre de l’action sociale, le ministre de la Sécurité publique, le Premier ministre et le PCMT nous trouvent une solution, sinon nous ne quitterons la rue », insiste le porte-parole Ali Ossignbédé Justin.

Ce lundi, tôt vers 6 heures du matin, les personnes handicapées ont bloqué l’avenue Jacques Nadjingar qui passe devant l’ambassade des USA, située dans le 7e arrondissement. Cette manifestation sans violence est encadrée par les agents de la sécurité publique. Pour libérer la voie, les responsables de la police ont négocié pendant plus d’une demi-heure pour faire partir les mécontents. Elles ont scandé le nom du président du CMT Mahamat Idriss Deby, en lui demandant d’agir en leur faveur.

Jules Doukoundjé        

Succès Masra (SM) est allé chercher par la peau de ses dents, ce meeting du 8 janvier au stade Idriss Mahamat Ouya (IMO). Il l’a demandé maintes fois. Plusieurs fois sa demande est rejetée. Têtu, il ne lâche rien. À sa dernière demande et les motifs du refus, mise aux normes du stade, l’ulcère. Il décide de maintenir son rendez-vous. Même jour. Même lieu. Même heure. À 24h, les autorités reculent. Le ministre de la Jeunesse et des Sports lui accorde l’autorisation en espérant une démobilisation de ses militants à quelques heures du rendez-vous. Une condition verbale, à voix basse, lui aurait été signifiée : « les transformateurs seront responsables de toute éventuelle casse. » Et les partisans, sympathisants, amis et alliés du Conseil Militaire de transition (CMT) et de l’ex-parti au pouvoir le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) envahissent les réseaux sociaux et les salons feutrés de la capitale N’Djamena avec ces phrases à la bouche, « il ne réussira pas à remplir le stade IMO », « si les Transformateurs réussissent à le faire, nous ferons plus ». Ce 8 janvier SM et ses militants ont relevé le défi : 20 000 participants au meeting. Un homme politique et son parti Les Transformateurs naissent ce jour. Alors pourquoi, sans jeu de mots ni jeu de noms, Succès a eu du succès au stade IMO ?

La première raison, c’est la fatigue de la majorité des Tchadiens. À cela, il faut ajouter le besoin viscéral de la nouveauté. De nouveaux visages. Une envie dévorante de renouvellement de la classe politique, mais pas avec des « dos de pic » ni des héritiers du système que les Tchadiens appellent « koul loum sawa » (tous pareils). Les Tchadiens veulent donc des hommes ou des femmes méritants qui leur parlent en leur disant qu’ils comptent, qu’ils sont importants. Depuis des décennies, ils assistent désespérés à une lutte entre une vieille opposition compromise et un pouvoir sclérosé, usé par 30 ans d’un exercice de pouvoir à l’avantage d’une catégorie de Tchadiens. SM et son parti ferraillent dure pour se faire reconnaître. Ils sont presque seuls contre un système fait des petits arrangements entre des vieux partis établis, des petits partis personnels et le défunt président Deby Itno. Ensuite par ses héritiers politico-militaires, la junte et le MPS. SM a su lire cette demande. Il s'est mis à affiner son discours comme une ode à l’espérance. Il s’est mû en véritable gourou, non pas du changement, mais de la Transformation du Tchad. Le secret est dans le choix du mot. Il arrose ses expressions d'une pincée des référants mi-religieux mi-historiques. Il emploie des phrases simples pour désigner des choses complexes, « quand le chemin est dur, c’est aux durs de tracer le chemin ». Il se place en victime d’un système. Il dit ne pas demander de la pitié pour faire sa place. Il la réclame tout en clamant être une victime d'un système injuste comme le sont les autres Tchadiens.

La deuxième raison, c’est le zèle de vouloir à tout prix exclure son parti, les Transformateurs. Les qualifiant tantôt de parti virtuel, tantôt de parti méridional composé essentiellement des Tchadiens du sud. Ce qui est pour l’instant vrai. Le président de la transition semble avoir compris le non-sens de cet acharnement contre les Transformateurs. Il a dès le lendemain de son arrivée au pouvoir, reconnu ce parti. Et il semble avoir joué un grand rôle dans l’autorisation du meeting du 8 janvier. Il a aussi compris que cette obstruction est contre-productive. Tout est donc à l’honneur du PCMT, Mahamat Idriss Deby Itno d’avoir compris et, peut-être, qu'il est sans s’en rendre compte entrain de démystifier Masra pour affaiblir Succès. Toutefois, la tâche sera difficile tant l’épisode du stade IMO a marqué les esprits. Bref, l’argument victimaire ou le zèle vient d’être ôté au chef des Transformateurs.

La troisième raison, c’est la cohérence et la persévérance de M. Masra. Il est le seul leader à avoir un discours cohérent face à la junte. Il a demandé, au premier jour, une transition civile, une charte modifiée et un dialogue souverain. Il a placé son parti comme un contre-pouvoir à la junte. Il a su prendre la place du leader de l’opposition à la place de certains qui ont choisi la collaboration avec la junte désertant ainsi leur rôle d’opposant. Ils croyaient changer le système de l’intérieur oubliant au passage qu’ils avaient déjà servi cette recette aux Tchadiens du temps du défunt Maréchal. Ils ont réussi une chose : ne rien changer. Ils n’ont pas tiré de leçons de leur échec. Ils n’ont surtout pas compris que le contexte est historique et unique. Ils se sont discrédités pour si peu. Alors qu’ils pouvaient tout gagner.

Aussi, SM et sa troupe ont été persévérants. Patients. Ils ont su choisir leurs armes. Avec ces armes, ils ont creusé leur sillon. Et conquit peu à peu, jour après jour leur place. À chaque étape ils ont un objectif à atteindre. Hier ils ont conquis la rue, en perturbant le pouvoir. Aujourd’hui, ils ont capturé le stade IMO en le remplissant. Demain, ils ambitionnent de monter à l’assaut de la Place de la nation, à un jet de pierre du Palais présidentiel.

Enfin, Succès a du succès parce qu’il a su allier sa méthode de pasteur presbytérien à sa rhétorique de gourou. Il aime les symboles. Il cite les grands Africains et les grands hommes noirs qui ont marqué l’histoire. Les murs de son bureau sont tapissés de leurs images : Mandela, Martin Luther King, etc. Ne dit-on pas qu’il faut imiter ou se rapprocher des grands esprits, à défaut d’être eux?  SM en rêve, mais à leur différence, il veut servir son pays. Il crée même pour cela son propre concept « le leadership serviteur et transformateur ». Hier au stade IMO, il dit que le Tchad n'a eu que des chefs d’État, jamais des hommes d’État. Qui pourra lui reprocher cette conviction ? Il croit à son destin en associant les Tchadiens à son ambition. Il affirme ne pas être seul. Il veut peser sur le dialogue qui s’approche. Fort de sa démonstration de force le 8 janvier dernier, il monte les enchères et met de la pression sur la junte. Il vient de signer sa présence réelle. Désormais, il existe. Lui à qui on a nié l'existence politique. Il lui reste le test des urnes qui lui donnera l’onction de la légitimé populaire. Et la vraie mesure de son poids politique mais ça, c’est une autre histoire.

Bello Bakary Mana  

Plus de 14 partis politiques d’opposition se sont réunis pour créer une plateforme dénommée convergences des organisations politiques (COP). Le lancement officiel a eu lieu le 8 janvier dernier. Placée sous la coupe d’une coordination, la COP, disent ses membres, regroupe les différentes énergies en vue d’agir ensemble pour un État de droit au Tchad. Reportage.

Une nouvelle plateforme regroupant plusieurs partis d’opposition vient de voir le jour. Plus 14 partis politiques issus de l’opposition démocratique se sont unis pour créer une nouvelle plateforme dénommée Convergences des Organisions politiques (COP). Le lancement officiel a eu lieu le 8 janvier dernier.

Pour le député Rakhis Ahmat Saleh, coordonnateur et porte-parole adjoint de la plateforme, la COP est une organisation opérationnelle composée de forces structurées et des personnes ressources engagées et désireuses d’améliorer de manière consensuelle et inclusive la situation sociopolitique actuelle du pays. « Vu le danger imminent qui guette notre pays, l’heure de la convergence s’impose à nous et nous devrions nous engager plus pour éviter à notre pays et notre peuple, une souffrance que celle dont nous souffrons depuis plus de 60 ans », soutient l’homme politique.  Égrenant un long chapelet des problèmes du Tchad, le député Rakhis Ahmat Saleh justifie que face au contexte sociopolitique dangereux pour la stabilité et la sécurité nationale, une réponse politique nationale à la hauteur s’impose. Selon lui, seule l’unité des forces vives de la nation peut garantir un changement démocratique, l’état de droit et le vivre ensemble. L’opposant exprime aussi sa préoccupation par rapport à la transition militaire actuelle et par sa mauvaise organisation pour sortir de la crise.

L’opposant Salibou Garba, coordonnateur et porte-parole de la nouvelle plateforme, souligne que les organes mis en place par le Conseil militaire de la transition (CMT), n’offrent aucune garantie d’impartialité, gage de la paix dans la conduite du dialogue et de la transition. Pour lui, la communauté internationale, parraine de ce processus devrait s’impliquer davantage afin qu’un cadre plus consensuel et inclusif chargé de préparer ce dialogue soit créé. « Nous réitérons notre disponibilité à travailler avec les autres plateformes afin de parvenir à une transition réellement inclusive, consensuelle et apaisée. C’est notre leitmotiv », précise Salibou Garba. Selon lui, les membres du COP sont déterminés à agir pour contribuer à conjurer ces périls qui paraissent inéluctables.

Les membres de la plateforme suggèrent que les autorités de la transition œuvrent sincèrement et dans la transparence à la réussite du pré-dialogue avec les politico-militaires, en traitant avec sérieux les questions préliminaires pour décrisper les tensions. Ils exigent aussi des modalités susceptibles de permettre des débats sereins, contradictoires et féconds.

Les partis d’opposition réunis dans cette nouvelle plateforme demandent aux autorités de transition et aux partenaires de la communauté internationale de ne pas rester sourds aux pleurs des Tchadiens et aux nombreuses alertes et propositions émanant de tous les horizons.

Jules Doukoundjé 

Une marée humaine a pris d’assaut hier 8 janvier 2022 le stade Idriss Mahamat Ouya (IMO) de N’Djamena, capitale tchadienne. C’était à l’occasion du grand meeting tenu par le leader du parti les Transformateurs Dr Succès Masra. Les personnalités telles que, Bedoumra Kordjé, prof Avockssouma Djona, le vice-président de l’UST ont témoigné l’évènement. Reportage.

« Je ne suis pas un homme seul, vous êtes la preuve et votre massive présence le prouve suffisamment. Il y a un temps pour toute chose. Un temps pour ramper, un temps pour se mettre debout et marcher tête haute pour exiger de s’asseoir à la table de justice et de l’égalité », a dit Dr succès Masra, président du parti Les Transformateurs à l’entame de son discours. Il affirme que la justice élève une nation et est au-dessus de tout. Il rajoute sa phrase fétiche, quand le chemin est dur, seuls les durs tracent le chemin. Il poursuit en signifiant que ces efforts, les transformateurs les ont fournis dans la soif, dans la faim, dans les larmes. « Vous connaissez votre destination et là où se trouve votre cœur se trouve votre trésor. Nous avons parcouru déjà ensemble, la moitié du chemin. Rien ne nous arrêtera pour arriver à la terre promise. Une terre de légalité, de la dignité, de la protection et des opportunités pour chaque Tchadien et chaque Tchadienne ».

Succès Masra dans s’adresse à son public en soutenant que personne ne peut enlever l’amour qu’ils éprouvent pour leur pays. Il se dit fier d’un peuple exceptionnel qui sait ce qu’il veut, « le moment est venu pour le Tchad de réussir son dialogue intergénérationnel ». Dr Masra fait la promesse de ne pas trahir la mémoire des martyrs, selon lui, tombés lors des marches. D’un ton ferme, il dit que les Transformateurs n’abandonneront jamais cette lutte contre l’apartheid et de l’injustice au Tchad. « Vous êtes un tapis dont la beauté dépend de la diversité de ses couleurs. Voilà le Tchad que nous voulons bâtir aujourd’hui. Plus rien ne doit se faire sans nous dans notre pays. Nous ne voulons pas un Tchad des privilégiés d’un côté et des oubliés de la République de l’autre. Mais un Tchad sur ses deux jambes », dit-il. Il soutient que les Tchadiens veulent un Tchad sans la domination des militaires sur les civils et pas plus celle des civils sur les militaires. Il faut plutôt un pays qui sait combiner la force des militaires et l’intelligence du peuple, rajoute-t-il.

Dans un stade IMO plein à craquer, l’opposant politique estime que la mobilisation de ses camarades écrit l’une de plus belles pages de l’histoire du Tchad. C’est le plus grand rassemblement dans ce pays, dit-il. L’homme politique évoque que le peuple est pour la justice et pour la légalité. « Chers compatriotes, nous sommes sur un plus grand chantier. Je vois les finissions des travaux vers la fin de la transition. Le chantier sur lequel est la nation tchadienne est la construction d’un stade de 1284 000 km carrés pour les fils de bergers et d’agriculteurs que nous sommes », clame Dr succès.

Destin individuel, destin collectif

Dr succès Masra affirme que les Transformateurs ne craignent rien dans leur marche de la vallée, « le Dieu de la justice sortira son épée pour rendre justice et le rangera que lorsqu’il finit de faire ce travail. Il n’y a pas des vœux entre nous, ce qui compte pour nous c’est l’engagement. Votre patriotisme se transforme en une énergie renouvelable pour illuminer le chemin dur. » Le président des transformateurs affirme que le soleil qui se couche sur N’Djamena annonce un jour nouveau.

« Le Tchad a eu beaucoup de chefs d’État, mais non des hommes d’État ». Beaucoup ont eu le pouvoir, mais sans sens de service, constate-t-il. Selon lui, rien ne peut se faire sans une grande générosité ni un don de soi. Il exhorte ses camarades de ne pas plus être complexés face à qui que ce soit. Il demande aux partenaires historiques du Tchad à considérer le peuple tchadien.

Le président des transformateurs a réitéré sa reconnaissance pour le retour au bon sens des autorités. Cela a permis l’accès au stade IMO pour ce meeting, précise-t-il, avant d'ajouter que les transformateurs sont des gens bienveillants.

Moyalbaye Nadjasna

Pari réussi pour le leader du parti Les Transformateurs et ses militants. Plusieurs milliers de jeunes sont venus de tous les arrondissements de la capitale N’Djamena et des provinces du pays pour assister à ce grand meeting. Le jeune opposant Succès Masra a donc réussi le pari de remplir le stade Idriss Mahamat Ouya (IMO). Il relève ainsi le défi lancé par ses adversaires politiques. Reportage.

La date du 8 janvier sera peut-être mémorable dans l’histoire politique du Tchad. Depuis l’avènement de la démocratie en 1990, très peu de meetings de l’opposition démocratique n’ont été acceptés sous régime de l’ancien Président Idriss Deby Itno. Ce 8 janvier 2022, plusieurs milliers de jeunes sont sortis massivement pour se rendre au stade IMO pour assister au meeting du président du parti « Les Transformateurs ».

Il est 10 heures, le stade commence à se remplir petit à petit pour atteindre son pic à 14 heures.  À 15 heures, le stade est envahi par les jeunes militants du parti. Malgré le soleil, les jeunes ont d’une manière ordonnée chanté et dansé en attendant l’arrivée du Président du parti, Dr Succès Masra. 15 heures 15 min, le jeune leader fait son entrée au stade sous les applaudissements et les youyous de ses militants. Sous escorte, il a fait le tour du stade pour saluer le public.  Avant de prononcer son discours, l’opposant s’est entretenu pendant une dizaine de minutes avec quelques représentants des partis politiques et des membres de la société civile. À 15 heures 38 min, il monte au podium sous des cris de joie.

Pendant plus de 35 min, Succès Masra a exhorté les jeunes à rester debout et à lutter pour obtenir leur liberté pour la refondation d’un Tchad nouveau. Il a appelé aussi les jeunes à lutter pour obtenir leur dignité. Selon lui, le peuple tchadien périt par ignorance et le défi est à relever. Il a exhorté les autorités de la transition à écouter la voix du peuple. À son avis, compte tenu de la mobilisation des jeunes au stade IMO, il sera impossible d’organiser le dialogue sans son parti, ni certains membres de la société civile comme la plateforme Wakit Tama.

La particularité de ce meeting est aussi la présence de plusieurs personnes handicapées qui sont mobilisées malgré leur handicap, pour assister à cette rencontre.

Pour la réussite du meeting, les autorités de la transition ont mis en place un important dispositif de sécurité. L’immense mobilisation des Transformateurs pour leur premier meeting autorisé au stade IMO est considéré par beaucoup d’observateurs comme un premier vers une réelle démocratie au Tchad.

À la fin du meeting, le président des « Transformateurs » a annoncé un autre meeting le 29 janvier prochain à la place de la nation. Il souligne aussi que dès lundi prochain, il enverrait une correspondance aux autorités communales pour demander l’autorisation.

Jules Doukoundjé

La coordination des actions citoyennes Wakit Tama s’est réunie ce 7 janvier 2022 à la bourse du Travail. Les leaders de cette plateforme ont peaufiné leur programme des marches et manifestations annoncées le 15 et 20 janvier 2022. Reportage.

La coordination des actions citoyennes Wakit Tama, projette une série d’activités à réaliser. Selon Me Max Loalngar, coordonnateur de cette plateforme, Wakit Tama envisage une marche pacifique le 15 janvier. Cette marche dit-il, partirait du rond-point double voies au stade Idriss Mahamat Ouya. Il ajoute que le 20 janvier, ils auront une manifestation panafricaine. « C’est une activité qui serait organisée dans toutes les capitales de l’Afrique centrale francophone. C’est pour manifester vaillamment contre la présence française en Afrique », dit Me Max. Le coordonnateur de Wakit Tama soutient aussi qu’ils contestent le franc CFA et tout ce qui va avec. Simplement pour affirmer que le peuple africain a soif de liberté, a-t-il évoqué. « Je crois que personne ne fera obstruction à cette manifestation ici à N’Djamena. Ce serait une honte que Libreville, Yaoundé, Brazzaville se lèvent comme un seul homme et que le Tchad réponde absent », souligne Me max Loalngar.

Selon le leader de cette plateforme, les dirigeants doivent comprendre que Wakit Tama veut relever la démocratie au Tchad. Il insiste en disant que le reste du monde doit savoir que le Tchad est un pays de droit. En principe poursuit-il, pour une manifestation publique on ne doit pas passer par une autorisation.  Pour Wakit Tama, les autorités peuvent prendre des mesures pour préserver l’ordre public. « Pendant longtemps face au vide juridique, nous n’avons pas écrit une demande au temps de feu Idriss Deby. Depuis le 06 février 2020 jusqu’au 11 avril 2021, nos marches n’ont pas fait d’objet nulle part d’une déclaration. Nous avons juste fait des points de presse et des conférences de presse pour les annoncer. Parce que nous savons, la déclaration que lui-même a faite », rappelle le coordonnateur de Wakit Tama.  Pour lui, le maréchal avait une civilité que les autres n’ont pas en affirmant que les manifestations, à l’époque du Maréchal, n’ont pas été réprimées dans le sang même s’il y avait eu des arrestations.

Le coordonnateur de Wakit Tama désole que les autorités de la transition aient décidé, le 14 mai 2021, de la réglementation des manifestations publiques par communiqué. Il précise que tout est parti des marches du 27 avril et du 8 mai 2021. Me Max dit que la loi est supposée être l’expression de la volonté populaire. « Il est écrit par principe simplement que les libertés publiques sont du domaine de la loi. S’il y a des règlements, ils ne peuvent que compléter la loi. Personne dans aucun pays ne doit accepter que les libertés publiques soient réglementées par un simple communiqué. Cela fait mal en tant que Tchadien de le dire ». Malheureusement c’est la vérité et le monde entier sait que c’est par un simple communiqué qu’on empêche les Tchadiens d’exprimer leurs libertés, martèle Me Max.

Il regrette qu’on les oblige souvent de signer un texte au ministère de l’Intérieur quand ils déposent les demandes d’autorisation. Les libertés publiques sont fondamentales et nous allons continuer par signer ce texte note-t-il. « Rien ne devrait nous empêcher et de les exercer correctement. Que ceux qui nous gouvernent fassent en sorte que nos voisins admirent nos enfants », lance Me Max.

Moyalbaye Nadjasna

La décision du président du Conseil militaire de la transition (PCMT), Mahamat Idriss Deby Itno à fixer, seul, la date du Dialogue national inclusif (DNI). Cette décision ne fait pas l’unanimité. Certains accueillent avec faveur la nouvelle. D’autres estiment qu’il faudrait d’abord trouver un accord avec les politico-militaires, avant de fixer la date du dialogue. Reportage.

Lors de son message à la nation le 31 décembre dernier, le PCMT Mahamat Idriss Deby a annoncé que le DNI aura lieu le 15 février prochain. Mais cette date n’est pas acceptée par tous. Certains pensent que c’est une bon pas vers un dialogue. D’autres, par contre, pensent qu’il faudrait d’abord trouver un accord avec les politico-militaires avant de fixer une date.

Pour le président par intérim de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH), Me Adoum Mahamat Boukar, le PCMT a pris tout le monde par surprise. Il affirme qu’il faut bien préparer ce dialogue pour que cet évènement réussisse. Selon lui, le contexte n’est pas le même que lors des différents forums que le pays a pu organiser par le passé. Pour Me Adoum, ce dialogue se prépare dans un contexte particulier, parce que le président de la République a été tué au combat. Il estime qu’il faut profiter de cette malheureuse occasion, « il faut que les différents acteurs s’entendent sur la date de la tenue de ce DNI ».

Selon lui, cette date est une décision unilatérale n’aide pas à la conclusion d’un accord de paix globale avec les politico-militaires. Il pense aussi que le délai serré va compliquer la bonne organisation de ce grand rendez-vous. Me Adoum Mahamat Boukar explique que c’est maintenant que le Comité technique spécial (CTS) va se rendre dans les prochains jours à aller à Doha (Qatar) pour rencontrer les politico-militaires, « c’est une négociation que personne ne connaît l’issue ». Le président par intérim de la LTDH suggère que la date soit fixée seulement après avoir obtenu un accord de paix. Et c’est en ce moment que l’on peut ensemble fixer une date du dialogue. « J’ai vraiment de craintes et d’inquiétudes par rapport à la tenue et à la réussite du dialogue », dit le défenseur des droits humains.

Emboîtant les mêmes pas, le vice-président de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), Younous Mahadjir, dit que leur position est claire. Le syndicaliste affirme que son organisation a envoyé au PCMT toutes ses propositions sur la tenue DNI.

Au sujet de la date fixée par le PCMT, le vice-président de l’UST et membre de la plateforme de la société civile, Wakit Tama, souligne que c’est faisable. Sauf que, ajoute-t-il, tant qu’il n’y a pas un compromis avec les autres, que ça soit avec la société civile ou les politico-militaires il n’y aurait pas un dialogue accepté par tous.

L’opposant Salibou Garba insiste en disant que l’annonce de la date du DNI est incompréhensible, étant donné que les préparatifs ne sont pas encore terminés. Pour l’homme politique, des nombreux écueils ne sont pas aplanis. « On a vu comment le CODNI a opéré, usant souvent de passages en force, tripatouillant les positions acquises lors des séances publiques », explique Salibou Garba. A son avis, les préalables importants posés par les politico-militaires sans lesquels on ne saurait parler d’un dialogue utile et de paix sont à peine effleurés. Or, selon l’opposant, de ce pré-dialogue, en présence des partenaires, de la communauté internationale, découlera le format et autres dispositions pratiques, « je crois que ceux qui ont pris le pouvoir par terre recherchent uniquement les effets d’annonces ».

Jules Doukoundjé

Le président du tribunal de Grande Instance d’Abéché, Abderamane Ahmat Atim a été menacé le 29 décembre dernier par un haut gradé de l’armée nationale. Raison de menace : il a assigné le colonel à comparaître. Le syndicat des magistrats du Tchad (SMT), et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT) condamnent cette énième menace proférée aux magistrats et appellent le gouvernement à prendre ses responsabilités. Reportage.

Le syndicat des magistrats du Tchad (SMT) et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT), informent l’opinion nationale de la tentative d’assassinat qui a eu lieu le 29 décembre dernier, contre Abderamane Ahmat Atim, président du tribunal de grande instance d’Abéché. Pour les 2 syndicats, ce plan macabre a été ourdi et mis en exécution par le colonel Sebit Djouma résidant aussi à Abéché.

Pour le président du SYAMAT, Taoka Bruno, cette énième agression pose encore le problème de la sécurité du personnel judiciaire en général et celle des magistrats en particulier. Pour les deux syndicats qui défendent les intérêts des magistrats tchadiens, cette situation doit interpeller les plus hautes autorités.

Face à cette situation qui frise un appel à mort contre les acteurs judiciaires, les 2 syndicats rappellent le caractère entier de leurs revendications et interpellent le gouvernement sur son devoir régalien de protéger les citoyens et surtout les magistrats. Les magistrats tchadiens exigent l’arrestation immédiate de l’auteur de l’agression pour qu’il réponde de ses actes devant la justice. Ils souhaitent aussi que la mise en œuvre du déploiement immédiat des agents de sécurité dans les différentes juridictions. Au cas contraire, ils aviseront.

Pour le bâtonnier de l’ordre des avocats du Tchad, Me Djerandi Laguerre Dionro, c’est inadmissible que les acteurs judiciaires soient menacés et continuent à l’être sans que les autorités n’y mettent fin à cette barbarie contraire aux pratiques d’un État de droit. Selon lui, la justice est symbole de l’État, elle est le baromètre. Il affirme aussi que la justice est incarnée par les juges, les avocats, les greffiers, les huissiers et les notaires. A son avis, si ceux qui incarnent cette institution peuvent être menacés, intimidés, subir de violences, tués, il y’a un réel problème. « Si la justice auprès de laquelle le citoyen qui subit l’injustice peut se réfugier est menacée ceux qui l’incarnent, que pourra faire ce dernier », s’interroge Me Djerandi Laguerre Dionro.

Le bâtonnier de l’ordre des avocats du Tchad condamne cette ixième menace à l’égard d’un magistrat, en l’occurrence le président du tribunal de grande instance d’abéché. Selon nos sources, le procureur de la République a été saisi.

La rédaction a contacté le président du Tribunal des grandes instances pour des plus amples explications, mais nos appels sont restés sans suite.

Jules Doukoundjé.

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