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Le syndicat des enseignants du Tchad (SET), sèche les cours pour 3 jours sur toute l’étendue du territoire national pour protester contre l’assassinat du surveillant du complexe scolaire Lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo par un élève de la classe de 3e. Le SET appelle l’État à prendre ses responsabilités. Reportage. 

Le Syndicat des enseignants du Tchad (SET) n’est pas content de la violence faite sur sa corporation. Chaque année, beaucoup d’enseignants sont victimes de violences, et parfois ces violences conduisent à la mort. C’est le cas du jeune surveillant du Lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo, mort poignardé par son élève de la classe de 3e,  le 10 novembre dernier. Pour mettre fin à ces tueries macabres, le SET décide de sécher les cours pendant 3 jours, à compter du vendredi 13 jusqu’au lundi 15 novembre dans tout le pays.

Pour le secrétaire général du SET, Mbaïrisse Ngartoïdé Blaise, l’acte posé par cet élève vient s’ajouter au nombre des enseignants qui ont été assassinés par des élèves ou par des parents. « Nous travaillons dans les conditions les plus difficiles, surtout les enseignants du Tchad. Et dans ces conditions, notre sécurité n’est pas assurée par l’État. C’est ce qui explique l’assassinat de notre collègue », dit-il.  Selon lui, il faut une grande réflexion, parce qu’on ne peut pas continuer à assassiner les enseignants. Le syndicaliste impute la responsabilité de ces violences aux parents d’élève qui refusent de suivre leurs enfants. Selon lui, au Tchad, les parents méprisent les enseignants. À son avis, ce mépris a fait que les élèves ne respectent pas les enseignants.

Le secrétaire du SET estime que l’école est considérée comme le socle de développement. On doit y porter une attention particulière et à la sécurité des enseignants. « Nous avons décidé d’une grève de 3 jours qui commence déjà à partir d’aujourd’hui sur l’ensemble du territoire pour exprimer notre désolation, notre indignation vis-à-vis d’un pouvoir qui n’assure pas la sécurité de ses agents », explique Mbaïrisse Ngartoïdé Blaise. Il affirme que depuis les évènements de 1979, les parents peinent à donner une bonne éducation pour la cohésion sociale. Le SET compte demander à l’État que cet élève soit condamné à mort pour que les autres élèves comprennent que désormais, ils ne peuvent pas porter leurs mains sur des enseignants.

Au sujet de problème de changement d’établissement, le SG précise qu’à l’époque, si un élève est renvoyé d’une école, il ne pourra pas s’inscrire dans une autre école. Il a par ailleurs déploré que de nos jours, la corruption gangrène le système éducatif tchadien. À son avis, l’assassin du surveillant du lycée Toumaï est un perturbateur récidiviste connu de tous.

Abondant dans le même sens, Baldé Kouagou, formateur, professeur de l’enseignement normal et membre du bureau SET, c’est horrible de voir un de vos fils vous assassiner. Pour lui, les parents doivent éduquer leurs enfants de manière à ce qu’ils soient pacifiques avec les autres. Il exhorte les parents à prendre leur responsabilité. Il évoque la création anarchique des écoles privées qui seraient à l’origine de certaines violences dont sont victimes les enseignants. Selon lui, ces écoles sont à la recherche d’argent et peuvent recruter n’importe quel élève pourvu que l’élève paye.  Même son de cloche pour Youssouf Mahamout Dialla, professeur d’arabe. Pour cet enseignant, ce qui s’est passé est indescriptible, on ne peut pas l’imaginer. Le professeur dit qu’un enseignant tué par son élève, c’est ignoble.

L’assassinat du jeune surveillant du lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo est considéré par le syndicat des enseignants du Tchad comme la goutte de trop. Si rien n’est fait par les autorités responsables de l’éducation nationale pour y mettre fin, les enseignants vont prendre des mesures draconiennes pour leur sécurité. Le secrétaire général provincial du SET, du Mayo-Kebbi Est, Boudouna Kadj, que la rédaction a rencontré au siège national du SET à N’Djamena déplore ce douloureux évènement. Selon lui, l’enseignant, c’est le père, ôter la vie d’un enseignant dans un pays qui se veut un État de droit est inadmissible. Le responsable provincial du SET exhorte les hautes autorités à protéger les enseignants.

Jules Doukoundjé

Le conseil de l’Ordre des avocats du Tchad (COAT) boude le rapport final des travaux du pré-dialogue pour la province de N’Djamena. Au cours d’une réunion organisée, le 8 novembre passé dans leur bureau au 8e arrondissement de la capitale tchadienne, le barreau tire une sonnette d’alarme. Reportage.

Les avocats tchadiens s’insurgent contre le rapport final des travaux du pré-dialogue pour la ville de N’Djamena tenu du 5 au 7 novembre dernier. Ce 8 novembre 2021, le COAT se dit indigner que, pour la forme de l’État, le document final opte pour l’État unitaire décentralisé. Le barreau déclare que c’est une manigance et une manipulation très grave. Selon le COAT, dans le rapport de groupe sur la thématique 2 « forme de l’État, constitution, etc. », aucune forme d’État n’a été retenue. Le barreau précise que cela est dû aux divergences des points de vue, très marqués. « Il avait simplement été recommandé de soumettre la question de la forme de l’État au referendum. Cette recommandation a été validée par la plénière », indiquent les avocats.

Pour les défenseurs des droits humains, ils se sont engagés à fond comme membres du présidium et comme rapporteurs lors du pré-dialogue de N’Djamena. Mais le COAT dit faire des constats amers dans les groupes qui ont travaillé sur, « les thématiques traitant de la forme de l’État, la constitution, les réformes institutionnelles, processus électoral et droits humains et libertés fondamentaux. » D’après les avocats, ce qui a motivé leur engagement c’est le souci d’un Tchad nouveau pour un véritable État de droit, gage du respect des droits humains.

Le barreau demande que le dialogue à venir soit réellement inclusif. Il soutient que pour satisfaire aux attentes aux Tchadiens après le DNI, les avis des citoyens doivent être recueillis avec objectivité sans des manipulations politiciennes. Le COAT s’inquiète de l’élan actuel des choses et craint fort que le dialogue à venir ne soit qu’une formalité sans issue. Le Barreau affirme qu’il est encore temps de rectifier les tirs afin que cette importante assise tienne toutes ses promesses.

« Tant dans le choix des participants, tant dans la conduite des débats, tant dans la prise des résolutions, ainsi que leur mise en œuvre. C’est seulement à ces conditions que le futur dialogue pacifiera les Tchadiens et jettera les bases d’un État de droit que nous appelons de tous nos vœux », conclut le conseil de l’Ordre des avocats du Tchad.

Moyalbaye Nadjasna

La circulation routière dans la ville de N’Djamena, capitale tchadienne, est d’un désordre indescriptible. Sur la voie de contournement qui longe le marché de Dembé, c’est un enfer au quotidien. Les policiers sont impuissants. Reportage.

Un spectacle  de désordre est quotidien sur la voie de contournement de Dembé. Les automobilistes, les motocyclistes et les piétons se donnent en spectacle. Les uns comme des cascadeurs, les autres comme des suicidaires. Le top du spectacle se déroule entre 16h et 18h. Certains particuliers embarquent les passagers dans leurs véhicules mal garés sur la voie, les chauffeurs des minibus avides de clients s’arrêtent en pleine voie sans se soucier d’autres usagers.

Ces comportements non citoyens provoquent souvent des embouteillages et créent des embouteillages monstres. Certains usagers qui sont peu patients vocifèrent, d’autres klaxonnent, d’autres encore lancent des injures. Les piétons faufilent dans ce désordre en esquivant moto et véhicules en prenant des risques inimaginables. Les agents de la police municipale sont souvent débordés.

Bienvenue Telbaye, se fraie difficile un passage parmi les engins. Selon lui, chaque jour ces scènes se répètent comme s’il n’existe pas la puissance coercitive de l’État. « Chose curieuse, ces scénarios malheureusement se déroulent parfois en leur présence. Tout ce qui les intéresse c’est arracher la clé des motos, traquer les porte-tout pour quelques miettes », regrette-t-il.

Brahim Ahmat au volant de sa voiture, affirme que les Tchadiens sont bizarres et ne cessent de surprendre avec leurs comportements peu orthodoxes. Il soutient que si ces choses se répètent c’est parce qu’il manque des mesures drastiques de la part des autorités en charge de la circulation. Selon lui si ces usagers véreux sont traqués et sévèrement amendés, ils ne vont pas répéter ces gestes d’incivisme. Il y a trop de laisser-aller c’est pourquoi le désordre s’est installé.

Les usagers doivent faire preuve de civisme. Les routes sont de biens communs. Elles doivent plutôt faciliter les déplacements. Nasson Keremba estime pour sa part que les autorités en charge de circulation devraient veiller à ce que la circulation sur cette artère soit fluide. Car dit-il, si rien ne se fait à des heures de pointe entre 16h et 18h, un jour des bagarres éclateront ou des accidents graves surviendront.

Moyalbaye Nadjasna 

Le surveillant du Lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo a été poignardé par son élève hier mercredi dans l’après-midi au quartier Amriguebé, dans le 5e arrondissement de la commune de N’Djamena. Il a perdu sa vie sur le chemin de l’hôpital. Reportage.

La violence scolaire ne cesse jamais de faire couler le sang. Chaque année, des enseignants se font agresser par leurs élèves, et certains en sont morts. C’est le cas de ce jeune surveillant du complexe scolaire Lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo, assassiné par un élève de la classe de 3e. Sefa Ousmane Idriss, est un élève récalcitrant, qui a plusieurs fois agressé et menacé de mort les enseignants et certains membres de l’administration du lycée.

Ce mercredi 10 novembre, l’élève dans ces habitudes a encore menacé son enseignant. Pour mettre fin à cette unième agression, l’administration a convoqué la mère de Sefa Ousmane Idriss, mais le conseil a tourné au vinaigre et a coûté la vie du jeune surveillant lâchement poignardé par le jeune délinquant. Pour le censeur, Defallah Hamid, c’est un élève turbulent. A l’entendre parler, le surveillant l’avait déjà suspendu pour une semaine. Selon lui, après avoir purgé la sanction, l’élève a repris les cours, mais il a récidivé en menaçant de mort un enseignant en plein cours. Il souligne que cette situation avait mis mal à l’aise l’enseignant qui est obligé de venir se plaindre auprès du surveillant. « Le surveillant a appelé le jeune élève dans son bureau pour lui prodiguer de conseils, mais il a menacé qu’il va le tuer », explique le censeur du lycée. Selon le censeur, le surveillant était surpris par les propos de l’élève. Il était obligé de convoquer sa mère vers 11 heures.  Après le conseil de l’administration de l’école a informé la mère qu’elle va exclure son fils pour menace de mort sur les enseignants, le surveillant et le censeur. « Quand nous avons informé sa mère que nous allons exclure son fils de notre établissement, elle nous a suppliés, mais nous lui avons dit que nous respectons le règlement de l’école », ajoute Defallah Hamid, le censeur du complexe scolaire Toumai. 

Toujours selon le censeur, dans l’après-midi vers 14 heures, l’élève est revenu lui demander son dossier d’inscription. Mais il lui a demandé de voir avec le proviseur. « Même dans le bureau du proviseur, il continue à nous insulter, mais on n’a pas répondu. Après, moi et le surveillant étions sortis, et c’est en sortant qu’il nous a suivis dans mon bureau. Je suis ressorti et c’est après qu’il était entré dans le bureau et a devancé légèrement le surveillant avant de le poignarder à la poitrine, côté gauche », témoigne le censeur qui était présent. Le censeur dit avoir tenté d’arracher le couteau, mais le coup fatal était déjà parti. Conduit à l’hôpital, amitié Tchad-Chine, le jeune surveillant qui était à sa 2e année dans ce lycée a rendu est mort en route.

En donnant de conseils à l’administration du complexe scolaire Toumaï, le secrétaire général de la commune du 5e arrondissement Youssouf Yacoub Ibrahim appelle à la vigilance des responsables de l’établissement et exhorte ces derniers à un contrôle strict de tous les élèves, à l’entrée et à la sortie des cours. « Il faut contrôler tous les dossiers de nouveaux élèves. Un nouvel élève est toujours dangereux, il faut faire attention et être vigilant », conseille-t-il. Pour le SG de la commune du 5e arrondissement, enseignant de métier, il faut toujours chercher à connaître le passé des élèves qui arrivent nouvellement dans un établissement. Selon lui, le complexe scolaire Toumaï n’a jamais connu ce genre d’incidence. Il faut être vigilant pour éviter d’autres incidents mortels de ce genre.

Le Lycée Toumaï est en deuil depuis hier. L’établissement ferme ses portes en attendant que la police judiciaire finisse ses enquêtes. Le jeune délinquant, tueur est en garde à vue au commissariat du 5e arrondissement.

Aux dernières nouvelles, une réunion s’est tenue ce 11 novembre 2021, le Syndicat des enseignants du Tchad (SET), section de N’Djamena suspend les cours dans tous les établissements de la capitale à partir du vendredi 12 au lundi 15 novembre. Causes : compatir avec leurs collègues du Lycée Toumaï, suite de l’assassinat de M. Ismail Ahmat Koulbou. La sous-section SET de N’Djamena exige que l’auteur et ses éventuels complices soient traduits en justice. Le syndicat réclame que l’État assure la sécurité des enseignants.

Jules Doukoundjé

Pour mettre un terme aux activités marquant octobre rose 2021, mois dédié à la lutte contre le cancer par la communauté internationale, le ministère de la Santé publique à travers le Programme National de Lutte contre le Cancer PNLC, organise un dépistage gratuit du cancer du sein. Le dépistage est lancé depuis  lundi 08 novembre à l’hôpital Tchad-Chine sis à Diguel dans la commune du 8e arrondissement de la ville de N’Djamena. Il se poursuivra jusqu’au 13 novembre et compte dépister 2000 femmes. Reportage

Ce dépistage consiste à faire la palpation mammaire des femmes afin de détecter si les seins sont en bonne santé ou malades. Les femmes, cible principale de ce dépistage gratuit, sont trop peu nombreuses à se présenter. Ce qui va compromettre l’objectif qui consiste à atteindre 2000 femmes. Les sages-femmes chargées de dépister les femmes ont consulté à peine 10 femmes par jour. Pourtant le cancer du sein est une maladie qui peut se soigner avec une guérison totale à la seule condition qu’on arrive à faire le dépistage très précocement. C’est la raison qui a poussé le Programme National de Lutte contre le Cancer à organiser ce dépistage gratuit.

Pour la sage-femme Achta Youssouf, deux jours après le lancement, seulement 17 femmes sont venues se faire dépister. Elle affirme que 3 cas sur les 17 sont suspectés d’être atteints du cancer du sein. La sage-femme indique que les cas suspects sont transférés à l’hôpital Tchad-Chine pour des examens supplémentaires.  Selon la sage-femme, une sensibilisation se fait dans tous les services de l’hôpital jusqu’aux garde-malades et même dans les quartiers pour atteindre l’objectif souhaité. Madame Achta déplore le désintéressement et la réticence des femmes pour se faire dépister. Cela explique qu’on dépiste peu de femmes par jour, ajoute-t-elle. Toujours selon elle, malgré le fait que le cancer ait fait beaucoup de victimes au Tchad, les femmes continuent à ignorer son existence. Une telle attitude ne peut faciliter la lutte contre cette maladie.

Madame Achta affirme que conformément aux autres maladies, le cancer du sein exige la prévention.  Elle passe absolument par la palpation mammaire qui se fait actuellement, insiste-t-elle. Elle appelle les femmes à sortir massivement pour se faire dépister. « Quelques conseils pratiques sont donnés aux femmes après le dépistage pour une autopalpation à la maison. C’est-à-dire, s’allonger sur le dos au sixième jour de son cycle menstruel pour palper ses seins. Les presser pour voir si un liquide va sortir et identifier la couleur de ce liquide. Constater s’il existe une différence entre les seins ou une modification de la peau des seins », précise-t-elle.

La sage-femme demande aux femmes dépistées de sensibiliser les autres, car le cancer existe, c’est réel.

Kouladoum Mireille Modestine

« Avec l’URT, on restaurera la République. Cette République sera régie par les mêmes lois, avec la même rigueur. », Siddikh A. Haggar chef de l’URT

Le président du nouveau parti, Union pour la Refondation du Tchad (URT), Siddikh Abdelkerim Haggar est l’invité de l’émission Le Point. Il est accueilli dans le studio Saleh Gaba. Dans cet entretien, plusieurs problèmes qui minent le Tchad ont été abordés, la transition en cours et l’organisation du DNI ont été au centre des échanges. Entrevue.

Pourquoi attendre maintenant pour créer votre parti, alors que vous étiez membre du MPS ?

La question m’a été posée à plusieurs reprises. Vous savez, le contexte d’avant avril 2021, un certain nombre de droits étaient réservés à un certain nombre de citoyens tchadiens. Nous autres, nous n’avions pas le droit de créer un parti politique, en particulier, nous qui sommes du département de Wadifira, du BET et du Batha. Tout le monde sait que les ressortissants de ces régions n’avaient pas le droit de créer des partis politiques, sinon, ils mettaient leur vie en danger. C’est quelque chose de connu. Les derniers évènements avec Yaya Dillo qui était candidat aux dernières élections présidentielles et les conséquences qui en ont suivi, vous le savez bien. Par conséquent, il n’était pas avisé de prendre de risque à l’époque. Mais, depuis avril dernier, avec l’avènement du Conseil Militaire de Transition (CMT), nous avons eu cette possibilité et le ministre de l’Administration du territoire peut vous confirmer. Sur l’instruction du président du CMT, les nouveaux partis politiques sont autorisés. L’essentiel est de remplir les conditions de création qui sont définies par la charte des partis politiques. C’est dans ce sens que Les Transformateurs qui n’avaient même pas eu une autorisation de fonctionner ont été autorisés par le gouvernement du CMT à fonctionner en tant que parti légal. Ensuite nous aussi, nous avons été autorisés. Bien sûr, après avoir déposé un dossier et après des enquêtes de moralité, nous avons été autorisés à fonctionner. C’est une donne, une nouvelle ouverture qui s’annonce. Et nous avons saisi cette opportunité pour créer notre parti. Il est vrai que dans notre esprit, l’idée de créer un parti politique et de lutter sur l’échiquier politique était encrée, mais les conditions ne le permettaient pas. C’est maintenant qu’il y’a possibilité de le faire et nous l’avons fait.

Le Tchad compte plus de 200 partis politiques, qu’est-ce que l’URT apportera de nouveau dans le paysage politique ?

Vous avez parfaitement raison. Il y a plusieurs partis politiques, mais quels partis politiques ? On dit partis politiques, mais en réalité ils ne sont pas des partis politiques. 90% de ces partis politiques, ne sont que des partis qui ont été créés juste pour le besoin de la cause. Vous le savez très bien, ce sont des partis qui étaient dans la mouvance au pouvoir. Ils faisaient le jeu du pouvoir, cela biaisait la démocratie. Ce ne sont pas des partis politiques. Ils n’ont aucun projet de société. Ils sont toujours alignés derrière des partis pour vivre, pour recevoir les subventions de l’État. Nous ne reconnaissons pas ces partis-là, comme des partis politiques.

Par contre, il y a une dizaine de partis politiques ou une quinzaine qui sont dignes de ce nom. Et avec qui nous sommes prêts à collaborer et à travailler ensemble pour faire avancer la démocratie. Nous apportons, par rapport au contexte actuel, un nouveau projet de société dont le socle est l’unité des Tchadiens et la refondation de notre patrie. C’est pourquoi le parti s’appelle Union pour la Refondation du Tchad (URT). Et dans ce projet de société que vous pouvez lire sur le site web de notre parti. Ce n’est pas fini, nous sommes en train de mettre à jour régulièrement notre site. Chaque jour, les nouveaux adhérents nous rejoignent et nous apportent de nouvelles idées et on les intègre progressivement pour enrichir notre projet de société. Ce projet est totalement différent de ceux des autres partis politiques qui sont déjà sur place. C’est un projet de société qui est novateur, jeune et refondateur. Cela permet normalement, si on l’applique, parce que la question, c’est aussi l’application des textes. Avoir un projet de société est une chose, et l’appliquer en est une autre. Si jamais, nous arrivons au pouvoir, l’application d’un tel projet de société va permettre de faire sortir le Tchad du gouffre dans lequel, on l’a mis.

Vous parlez des projets de société, en lisant la vôtre, on a l’impression que c’est le projet de société du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) ?

Il faut que ça soit très clair. Je l’ai dit à maintes reprises. Nous n’avons pas rien à voir avec le MPS. Je vous jure, je n’ai jamais lu le projet de société du MPS. Peut-être vous, vous l’avez vu, mais cela m’étonnerait. Personne n’a vu le projet de société du MPS. Ils se définissent de la social-démocratie dans leur statut, mais je n’ai jamais vu leur projet de société.  Nous, nous définissons de la social-démocratie, dans notre projet de société, dans notre texte et dans toutes les actions que nous entendons mettre en place. C’est la sociale démocratie. Qu’est-ce que la sociale démocratie ?  La sociale démocratie est un mixage intelligent entre l’interventionnisme de l’État pour réguler la société, l’économie et le libéralisme économique. Vous voyez, dans un pays comme le Tchad, il y a une bonne partie de la population qui est très pauvre, dans un pays où il y a une absence totale d’infrastructures, dans un pays où il manque l’eau potable, l’électricité et la santé. On ne peut pas implanter n’importe quelle idéologie politique, économique et sociale. Il n’y a que la sociale démocratie qui appelle une intervention apaisée de l’État pour régler l’économie, le social et qui ne peut que donner des solutions.  Il faut lire notre projet de société et vous verrez que tout ce qui a été défini rappelle le rôle de l’État, mais aussi l’aspect libéral de notre économie.

En tant que nouveau parti politique, croyez-vous-en la transition conduite par le CMT ?

Croire c’est trop dire. Le CMT est un organe qui a été mis en place suite à la mort tragique du Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno. Il a défini une charte de transition et il a mis en place un certain nombre des organes. Maintenant, nous, en tant que parti politique, nous n’avons pas à croire au CMT. Nous, nous inscrivons dans l’optique de la transmission du pouvoir aux civils. C’est clair et net. Mais à entendre parler le président du CMT, il n’a pas été question que le CMT monopolise le pouvoir. Nous, nous sommes inscrits dans l’optique de collaborer avec l’ensemble des forces vives de la nation, avec l’ensemble des forces politiques et politico-militaires et de la société civile pour sortir le Tchad d’affaires. Et le CMT a défini les organes de transitions, ils ont mis en place le Conseil National de Transition (CNT) et un gouvernement entre guillemets civil. Nous avons été très clairs, le fait que le CNT soit mis en place par le CMT, place le gouvernement en position de juge et partie. Il n’est pas normal que le CNT que le CNT est mît en place par le CMT.

Cette question sera résolue par la Conférence nationale souveraine (CNS) ou le Dialogue national inclusif (DNI) qui s’annonce. Si elle est souveraine, je suis sûr qu’elle va défaire le CNT pour mettre en place un nouveau CNT ou une autre appellation qu’on peut donner à l’organe législatif qui va gérer la transition sur le plan législatif. Pour ce qui est du gouvernement de transition, c’est la même chose. Si la conférence qui s’annonce est souveraine, elle va mettre en place un autre gouvernement, un autre Premier ministre sera nommé par le DNI comme en 1993 pour mener la transition. Quant au CMT, si la conférence est souveraine, les nouvelles autorités de la transition qui seront mises en place peuvent être reconduites par le CMT ou par un autre organe. Mais ce sera décidé par consensus lors de la conférence à laquelle nous comptons participer. Nous sommes en train de faire de propositions concrètes, de préparer des réponses constitutionnelles, concernant les lois électorales, concernant tous les sujets qui divisent les Tchadiens. Nous sommes en train de travailler pour participer avec des propositions concrètes et discuter avec nos frères politico-militaires.

Vous croyez donc aux propos du président du CMT ?

Nous croyons à ce qu’a dit le président du CMT. Il s’est engagé à organiser le DNI. Nous souhaitons que ce dialogue soit vraiment souverain. Il s’est engagé aussi à faire venir les politico-militaires, avec l’appui du Comité technique spécial (CTS) qui négocie avec les politico-militaires. Nous constatons par ci et là de bonnes choses. Nous constatons par ici et par là de mauvaises choses aussi. Mais tout cela va se régler dans le cadre du dialogue.

Certains membres de l’opposition et une partie de la société civile craignent que le président du CMT, le général Mahamat Deby n’honore pas sa parole et se présente aux prochaines élections. Et si c’est le cas, considérerez-vous cela comme une entorse ?

J’ai toujours dit qu’il faut éviter les procès d’intention. Jusque-là je n’ai jamais entendu que le président du CMT dire qu’il va se représenter ou se présenter aux prochaines élections. S’il s’en tient à sa parole d’officier, tel que j’ai compris, il n’a pas été question qu’il se représente où se présente. Tel qu’il le dit, c’est préparer une bonne transition. Toutefois, il faut dire quelque chose pour cette transition qui s’annonce. Il faut qu’elle soit une bonne transition. Je suis pour qu’on ait une bonne transition et non pour une transition bâclée. Il ne faut pas précipiter les choses pour organiser des élections bidon pour lesquelles les résultats seront contestés. Il faut que les choses s’organisent de manière professionnelle, méthodique et qu’elles soient inclusives. Si tel est le cas, je suis d’avis. Mais si l’intention est de se présenter, en camouflant son jeu, nous ne sommes pas d’avis.

Le BET est en proie à l’insécurité, selon vous, qu’est-ce qu’il faut faire pour restaurer la sécurité et l’ordre dans cette partie du pays ?

Il faut être très claire. Le Tchad est un et indivisible. Le Tchad doit rester indivisible. Je le répète. Je l’ai toujours dit, l’URT va militer pour que le Tchad soit un et indivisible. La République doit être instaurée. L’absence de l’État qui a fait que les uns et les autres s’adonnent à des activités parfois illégales, de trafics de drogue, d’orpaillage, de maltraitance des gens et d’esclavage dans certaines parties du pays doit être bannie. Cela est dû à l’absence de l’État. Il y a eu confusion de rôle. La République ne se limite pas seulement à l’État. Aujourd’hui, le Tchad est morcelé en une dizaine de républiques où chacun fait sa loi. Avec l’URT, on restaurera la République. Cette République sera régie par les mêmes lois, avec la même rigueur. Voilà notre option à nous.

Propos recueillis par Jules Doukoundjé

Le président du nouveau parti l’Union pour la Refondation du Tchad (URT), M Siddikh Abdelkerim Haggar lors d’un entretien, ce 8 novembre au studio Saleh Gaba de Ialtchad Presse, affirme que l’État doit exister. Selon lui, il faut des lois républicaines applicables à tous sans distinction pour éviter que les Tchadiens se divisent. Reportage.

M. Siddikh Abdelkerim Haggar, président du parti l’Union pour la Refondation du Tchad (URT), il y a des questions qui divisent et fâchent les Tchadiens. Il cite d’abord les conflits agriculteurs-éleveurs, le foncier, le rôle et les prérogatives des autorités traditionnelles. Il évoque la question de réforme de l’armée réputée, non républicaine par certains des Tchadiens, les crimes économiques et les crimes de sang. « Ce sont là les questions qui sèment la division aujourd’hui au Tchad. Si ces problèmes ne sont pas résolus, je pense que le Tchad va éclater en mini-morceaux », dit le président de l’URT.

Selon lui, pour résoudre de telles questions, l’on doit commencer d’abord par l’État. « Il faut que l’État existe, il faut que l’injustice et l’impunité soient mises fin. 2e il faut résoudre le problème de la transhumance, du foncier et des autorités traditionnelles », précise Siddikh Haggar. Il souligne que ces points mentionnés constituent de principaux facteurs des conflits agriculteurs-éleveurs. Le leader de l’URT remarque qu’aujourd’hui au 21e siècle on ne peut pas voir 100 millions de têtes de bétails, transhumés 365 jours sur 365 jours d’Est en l’Ouest, du Nord au Sud. Il propose plutôt que l’élevage soit modernisé. Car, dit-il, la Hollande par exemple, ne fait même pas le Chari-Baguirmi en termes de superficie et est premier pays producteur de lait. Concernant le foncier, le politique indique que chacun dit que la terre lui appartient, soit à ses ancêtres, soit à ses parents, etc. Aujourd’hui soutient-il, certains officiels tels que les généraux sont devenus de grands éleveurs qui traînent des millions de têtes de bétail. « Ce n’est plus l’élevage classique connu qui avec 10 ou 20 têtes de bétail », déclare-t-il.

Or, affirme-t-il, la population a augmenté. De 3 millions en 1960, le Tchad compte aujourd’hui 16 millions d’habitants. « Toutes ces bouches il faut les nourrir. C’est pourquoi il faut moderniser l’agriculture, l’habitat, les infrastructures. Et tout cela empiète sur la dette. Il faut bien définir clairement le cadre normatif de gouvernance du foncier. Si cela n’est pas fait, nous allons continuer à voir les familles tchadiennes endeuillées par les conflits agriculteurs-éleveurs », explique Siddikh Haggar. Le président de l’URT insiste sur la modernisation de ces deux pôles d’activités. Mais il estime pour sa part qu’il faut, une intervention de l’État avec des lois réellement républicaines et sans distinction. « Il faut aussi une administration professionnelle. Car nos villes et nos villages sont gouvernés parfois par des illettrés qui ne connaissent rien de la loi et des principes de la République », affirme-t-il.

M. Siddikh Haggar soutient que le Tchad a un sérieux problème. A son avis, il faut se référer à certains pays ou musulmans et chrétiens, éleveurs, agriculteurs cohabitent harmonieusement. « Il faut partir de ces pays et voir comment ils vivent et sont régis par quelles règles. Il n’y a qu’au Tchad et au Soudan qu’on parle de conflits agriculteurs et éleveurs. Tout simplement parce que la République n’est pas là. Ailleurs les gens appliquent la loi », s’interroge-t-il. Il cite en exemple, le Niger, le Cameroun, la Guinée, le Mali, etc. D’après le leader de l’URT, il faut aussi se demander comment ces pays ont fait pour avoir un Code de la famille et de personnes qui est unique pour tous ? Et comment ont-ils réussi à avoir la règle de transhumance respectée par tous ? Il conclut en martelant qu’il suffit de faire comme eux.

Moyalbaye Nadjasna
Jules Doukoundjé

Le président du parti Les transformateur, Dr Succès Masra s’est adressé depuis le balcon du siège de son parti, appelé « le balcon de l’espoir ». M. Masra s’est exprimé pendant une heure d’horloge, il appelle la jeunesse à rester debout. Le président du parti Les transformateurs exhorte les autorités du CMT à saisir l’occasion de la dernière chance qui s’offre à tous les Tchadiens pour tenir un vrai dialogue. Il affirme être pour un dialogue sincère et non un monologue. Minus de drapeau, plusieurs milliers de jeunes ont transformé la devanture du siège en un stade. Reportage.

Un monde fou, composé majoritairement de jeunes s’est rendu massivement samedi dans l’après-midi au siège du parti Les Transformateurs, au quartier Habena, dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena pour écouter le message du Président du Parti les Transformateurs, Dr Succès Masra. Minus des drapeaux, les jeunes entonnaient l’hymne national la Tchadienne pour accueillir leur président. Il est 16 heures, l’homme sort sur le balcon du siège de son parti, vêtu en veste blanche, colle couleur du drapeau tchadien. Il s’est adressé à la jeunesse pendant plus d’une heure. M. Masra a abordé plusieurs questions, surtout l’épineuse question de la transition devant conduire aux élections dans les mois à venir. Il déclare que rien ne peut se faire désormais sans la jeunesse et que les autorités du CMT ne devraient pas avoir peur de la jeunesse et surtout du parti les Transformateurs. Selon lui, le Tchad a besoin d’une vraie transition et qu’il était le premier à proposer un schéma d’une transition civilo-militaire.  Le jeune homme politique qui s’est vu refuser Stade Idriss Mahamat Ouya a réussi le pari de remplir la devanture du siège de son parti. Pour lui, rien ne sera comme avant, il faut compter sur la jeunesse, pour un Tchad de demain qui doit rester solide sur ses deux pieds.

Au sujet du combat politique, il ajoute que personne ne peut arrêter la marche d’un peuple debout pour sa dignité. À son avis, cette dignité ne se vend pas. S’adressant à la jeunesse, il dit « vous êtes cette énergie renouvelable pour une cause commune. La transition se fera avec nous tous, ou alors personne ne gouvernera le Tchad dans l’apartheid et l’inégalité ». Dr Succès Masra exhorte les autorités du CMT et tous les Tchadiens épris de justice et paix à s’asseoir autour d’une table pour dessiner l’avenir du pays. « Asseyons-nous et cogérons cet avenir dans la sincérité et la vérité, car la vérité nous rendra libre », souligne, le président du parti Les Transformateurs. Le Président Succès Masra estime que l’organisation du dialogue devrait être une dernière chance pour le pays et qu’il faut l’organiser d’une manière véridique et sincère, en impliquant toutes les entités de la nation. « C’est la dernière chance qui s’offre au Tchad pour quitter les murs et les trous d’un Tchad d’apartheid et d’inégalité, afin de construire les ponts d’un Tchad de justice, d’égalité et d’opportunité pour tous ses enfants », insiste le jeune homme politique. Il avertit par ailleurs que si cette chance d’un Tchad qui marche enfin sur ses deux jambes n’est pas saisie, personne ne gouvernera le pays et il y aura plusieurs Tchad à gouverner.

Concernant le creusage de la tranchée autour de N’Djamena, il précise qu’on ne construit pas une tranchée dans une ville, mais des ponts. Car, ce sont les ponts qui unissent et non une tranchée.

Il annonce un prochain meeting au stade Idriss Mahamat Ouya de N’Djamena, une caravane nationale dans toutes les provinces du pays pour une sensibilisation de la grande masse. Il demande à la jeunesse de se mobiliser pour remplir le stade et envoyer ainsi un message fort aux autorités de la transition que rien ne peut désormais être comme avant.

Jules Doukoundjé

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