L’insécurité dans les établissements scolaires persiste. Le vendredi, 14 janvier, autour de 9h un individu armé s’est introduit au lycée officiel de la sous-préfecture de Koundoul, département de Loug Chari, province du Chari Baguirmi. Une banlieue à environ 25 km au sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. La rédaction a rencontré, ce 17 janvier le proviseur de ce lycée. Il témoigne.
C’était le vendredi passé vers 9h qu’une personne étrangère s’est introduite au lycée. L’individu s’était habillé en civile, dit M. Saï-Allah Adda proviseur du lycée de Koundoul. Selon lui, l’individu avait sur lui un pistolet avec les accessoires. « Il était d’abord intercepté à la porte par le surveillant. Il a refusé d’obtempérer à l’injonction du surveillant et il a continué tout droit vers une salle de classe. Je ne sais pas ce qu’il cherchait mais surement une victime », rapporte le proviseur. Les surveillants, dit-il, l’ont alerté. M. Saï-Allah et ses surveillants l’ont stoppé mais il a refusé. Il a continué droit vers le grand bâtiment, dit le proviseur. « Nous l’avons suivi. Il est monté à l’étage, nous aussi. Je lui ai demandé ce qu’il cherchait. Il me répond qu’en qualité de qui je lui pose cette question. Je lui ai dit que je suis le proviseur du lycée ». J’insiste, lui demandant le mobile de sa visite. Mais l’homme lui dit qu’il n’a pas d’explications à lui donner. Le proviseur ajoute que l’individu lui a demandé qu’est-ce qu’il veut ? « Alors je lui ai dit dans ce cas tu es venu pour un problème, on ne te connait et sais pas tes intentions. On ne peut pas t’accepter ici, on a des règlements. Toute personne étrangère passe par l’administration. Seule l’administration peut lui chercher un élève. Mais quand vous menacez de cette sorte, vous allez descendre », lui dit M. Saï-Allah. Le monsieur réplique d’un ton agressif qu’il ne descend pas. Le responsable du lycée affirme que lorsqu’il voulait le prendre au colle, il a dégainé son pistolet. « J’étais vigilant et j’ai réussi à prendre sa main de force et je l’ai roulé. Il est tombé, le pistolet aussi, puis on l’a maitriser. On lui a pris l’arme et les accessoires », dit le proviseur.
Vu ce qui s’était passé, rapporte M. Saï-Allah, les élèves venaient pierres en mains vers eux pour le luncher. Mais comme il est déjà maitrisé, ils l’ont protégé et mis à l’abri le temps d’attendre l’arrivée de la police, explique le proviseur. « Il y a eu deux interventions d’unité de la police et de la gendarmerie. Ils étaient en nombre insuffisant. Ils n’ont pas pu contenir les élèves. C’est les forces de l’ordre de 3ème degré, les bérets rouges qui ont réussi à l’extraire sous une pluie de pierres ». Le proviseur dit ne pas savoir vers quelle destination a été conduit l’intrus. Il affirme avoir déposé le pistolet et les accessoires du suspect au commandement territorial de la brigade de Koundoul avec à l’appui une plainte.
« Dieu merci, il n’y a pas de dégâts humains ni matériels. Pour la plainte, on veut connaitre le mobile de son arrivée afin que cela ne se répète plus. Jusque-là ils ne m’ont pas appelé », dit le proviseur.
Pour lui, cela fait 4 ans qu’il est proviseur dans ce lycée mais il n’a jamais vu un tel évènement même pas lors d’une manifestation, insiste-t-il. Selon lui, ils s’organisent chaque matin avec ses surveillants. « Je prends toujours sur moi mon bâton. Ce sont des prédispositions qu’on prend pour fouiller nos élèves avant qu’ils n’accèdent à la cour. Il n’y a pas des agents de sécurité pour assurer la protection. Comme vous le voyez, chaque jour nous sommes exposés et courons des risques ». Il ajoute, que lorsqu’un problème se présente, c’est l’administration qui se met à l’avant-garde. Le phénomène de l’insécurité persiste dans les établissements scolaires. Le proviseur demande à son ministère de tutelle (l’Éducation) afin de voir avec son collègue de la Sécurité publique pour résoudre ce problème. « Surtout l’année passée, il y a eu beaucoup de cas d’insécurité dans les établissements scolaires ont été constatés par tous. Nous sommes menacés de partout, il faudrait que le gouvernement sécurise nos écoles », dit M. Saï-Allah.
Le lycée officiel de Koundoul compte, 1247 élèves dont 428 filles et 819 garçons.
Moyalbaye Nadjasna
Les personnes handicapées sont une fois de plus sorties ce lundi 17 janvier pour exprimer leur mécontentement. Elles exigent du gouvernement l’ouverture du pont de N’guéli afin qu’elles exercent leurs activités génératrices de revenus. La manifestation a tourné au vinaigre. Reportage.
Les personnes à mobilité réduites ont décidé depuis quelque temps déjà de ramper pour exprimer leur ras-le-bol vis-à-vis du gouvernement. Lors de leur dernière manifestation, les autorités leur ont accordés un délai de 72h pour trouver une solution à leur revendication. Selon eux, 72h après il n’y a rien de concret qui s’est passé. Lassés d’attendre qu’une solution à leur revendication, les personnes handicapées sont sorties sur l’avenue, devant l’Ambassade des États-Unis, pour manifester en rampant. Arrivées au niveau de la voie qui longe à l’hôpital de l’union, la police a fait usage de grenade lacrymogène pour les disperser.
Bonaventure Kello fait partie des manifestants. Il a inhalé une bonne dose de lacrymogène. Pour lui, la police les a surpris en lançant des gaz lacrymogènes. « Les autorités nous ont fait une promesse qu’ils sont incapables de respecter. Alors nous sommes sortis ce matin pour manifester notre mécontentement. Ils se sont concertés pour nous lancer des grenades lacrymogènes », explique-t-il. Selon M. Bonaventure, il y a eu arrestations parmi lesquels leur porte-parole Ali Houssimbété Justin. A cela s’ajoutent 3 blessés dont deux sont conduits à l’hôpital. Il précise que les personnes handicapées arrêtées sont emmenées au niveau du Commissariat de Sécurité Publique N° 10. Parmi les manifestants arrêtés se trouve une personne asthmatique qui est en crise.
Malgré la répression faite sur les personnes handicapées, elles n’entendent pas lâcher prise. « Nous ne voulons pas le fauteuil présidentiel, nous voulons juste la réouverture du pont de N’guéli pour nous permettre d’exercer nos activités de trafic. La répression de ce matin nous rend encore plus forts. Tant qu’on ne trouve pas gain de cause, la lutte va continuer », dit M. Bonaventure. De l’avis des personnes à mobilité réduite, les autorités ne disent pas la vérité quant à leur réclamation. Elles affirment que les autorités vont toujours les trouver sur leur chemin. Elles demandent aussi aux autorités en charge de la sécurité, la libération immédiate et sans condition de leurs camarades de lutte. « Ils sont des pères de famille et certains parmi eux sont asthmatiques alors nous appelons les autorités du CSP 10 de les libérer. Ils n’ont fait qu’exprimer leur droit de manifester pour une cause juste ».
Kouladoum Mireille Modestine
Le nouveau sultan de N’Djamena, sa majesté Mohamad Kachallah Kasser en fonction depuis le 15 décembre, focalise ses efforts sur la cohabitation pacifique. Selon lui, la guerre ne résout aucun problème, les Tchadiens doivent se supporter. Ils doivent aller au-delà des considérations pour rebâtir un Tchad meilleur. Entrevue.
« En ce qui concerne les activités du sultanat, je suis encore novice. Tout de même je suis à l’école du savoir de percepts de la tradition. Mon encadrement se fait grâce à mon oncle Béchir. C’est lui qui me guide en ce moment. Ensemble nous nous harmonisons sur les principes du travail. Ce n’est pas du tout aisé comme vous pouvez le penser de gérer N’Djamena », confie Sa Majesté Mohamad Kachallah Kasser. Deux notables, Béchir Bichara et Dr Abderaman Cherif ne quittent d’un pouce le jeune sultan Mohamad Kachallah Kasser. Ils affirment que ces sages font chaque jour un travail remarquable à ses côtés. « Grâce aux notables, je focalise plus mes efforts sur la cohabitation pacifique. Pour le contexte actuel de notre pays avec le dialogue qui s’annonce, je crois, il faut que les Tchadiens s’acceptent au-delà de toutes considérations. Ce n’est pas facile certes, mais nous devons tous savoir que nous cherchons la paix pour développer notre pays », dit le sultan.
Sa Majesté Mohamad Kachallah Kasser demande aux Tchadiens de s’asseoir ensemble pour chercher la solution à leurs problèmes. Il estime ensuite que personne d’autre ne viendra le faire à leur place. « C’est notre pays et nous le connaissons mieux que quiconque. La guerre n’est pas une solution, nous devons asseoir des stratégies pour dynamiser notre paix. Les Tchadiens doivent se supporter quoi qu’il en soit, car l’avenir de notre nation en dépend » évoque-t-il.
Le nouveau sultan de N’Djamena Mohamad Kachallah Kasser est entré en fonction le 15 décembre 2021, déjà un mois. Il succède à son feu père Kachallah Mahamat Kasser décédé le 13 décembre 2021, après 36 ans de règne. Né le 8 février 1977 à N’Djamena, il a passé une majeure partie de son adolescence à Maiduguri au Nigeria où il a fait ses études primaires, secondaires et supérieures à Maiduguri. Sultan Mohamad est titulaire d’un master en sciences politiques. Il est intégré dans le cadre régulier de la fonction publique. Il était affecté au ministère des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Tchadiens à l’étranger comme conseiller aux Affaires étrangères. Ensuite, il a été nommé 1er secrétaire de l’ambassade du Tchad à New York. Il est passé par la Direction des affaires juridiques de la documentation et des archives, la Direction générale du protocole d’État. Le nouveau sultan de N’Djamena fut aussi, Chef de division des visas et des cartes diplomatiques. Il devient ensuite, 2e secrétaire à la mission permanente du Tchad auprès des Nations Unies. Sultan Mohamad brigue en plus, le poste de Chef de protocole à l’aéroport international Hassane Djamous. Après un an et demi de fonction, il fut détaché comme chef de protocole à la commission du bassin du lac Tchad CBLT. Le sultan Mohamad parle trois langues l’anglais, le français et l’arabe.
Sultanat de N’Djamena, sultanat du Tchad
Selon l’oncle du sultan Mohamad, M. Béchir Bichara, le sultanat de N’Djamena est le plus grand peut-être au Tchad. Il gère la capitale tchadienne et toutes les provinces du Tchad sont représentées à N’Djamena, dit-il. Le notable Béchir affirme qu’il a travaillé plus de 30 ans avec le sultan défunt Kachallah Kasser. « J’occupe toujours la cour en termes de représentant et on gère toujours les problèmes de la population. Nous jouons un rôle de conciliation dans le règlement des conflits. Nous constatons toutes les conciliations par de procès-verbaux signés de deux parties », clarifie le notable. M. Bichara poursuit en précisant quand ils sont en difficulté, toujours par procès-verbal, ils renvoient l’affaire au procureur de la République. Il soutient que le sultanat de N’Djamena est vaste. La ville de N’Djamena comprend 10 arrondissements et près de 2 millions d’Habitants sans oublier les étrangers qui vivent sur le territoire de ce sultanat, dit le notable. Il rappelle que le sultanat de N’Djamena est né depuis longtemps sous le règne de feu grand père Mahamat Idylle, mort depuis 1921. Le sultan Kasser a succédé depuis 1934. A cette époque, le Tchad n’existait pas. « Nous étions sous le parapluie des colons (blancs) », Kachallah Kasser a mis 36 ans au trône. Il était au sultanat depuis 1985 », dit-il.
Dr Abderaman Cherif, un autre notable au service du nouveau sultan raconte que plusieurs cantons ont été rattachés au sultanat Kasser. C’est le 2 avril 1934 que le sultanat Kasser est devenu sultanat de Fort Lamy puis de N’Djamena jusqu’aujourd’hui. « En réalité c’est le sultanat du Tchad, car N’Djamena est représentatif de toutes les autres provinces », se résume-t-il..
Moyalbaye Nadjasna
Les artistes du Tchad toutes corporations confondues se sont formés en collectif dénommé collectif des artistes en colère (CAC). Ils s’opposent au Bureau Tchadien du Droit d’Auteur (BUTDRA) qui gère, selon eux, très mal les redevances sur l’usage de leurs œuvres. Un point de presse s’est organisé le 14 janvier 2022 à l’espace Talino Manu pour annoncer l’existence du collectif et ses actions au profit des artistes. Reportage.
Ce sont des acteurs, musiciens, humoristes, comédiens, danseurs, etc. Ils sont en colère et vont en guerre contre le BUTDRA. Ils accusent l’administration du BUTDRA de mauvaise gestion de leurs redevances et l’octroi des droits d’auteur médiocres aux artistes sociétaires. C’est pourquoi le CAC est né afin de mener des actions pouvant aboutir à la répartition des redevances aux acteurs et leurs ayants droit.
Le représentant des artistes Neldé Calvin alias Digri par terre, affirme que cette sortie médiatique est l’expression d’une colère qui couve depuis des années dues à la spoliation des droits des artistes. « Le ministère de tutelle ne finance pas nos activités depuis plus de 10 ans. Les multinationales installées au Tchad accordent d’importance et financent les artistes étrangers au détriment des artistes tchadiens. Les conditions de vie des artistes ne changent pas et se détériorent chaque jour. Tout cela nous met en colère », dit l’orateur. Les artistes déplorent le fait que leurs œuvres soient consommées chaque jour, mais que leur niveau de vie est lamentable. Pour eux, l’artiste tchadien passe aux yeux du monde comme un mendiant, un éternel assisté, un incapable de produire, de se nourrir ou de soigner sa famille. Souvent, certains d’entre eux meurent même en laissant une famille dans un désespoir insultant, dit-il.
Pour le CAC tous ces constats, les poussent à formuler leurs doléances, en 6 points, au président du Conseil Militaire de Transition, Mahamat Idriss Deby Itno.
Les artistes demandent un budget conséquent pour la promotion de l’artiste tchadien et la mise en place d’une politique culturelle qui priorise la prise en charge des artistes locaux par les multinationaux.
Ils réclament le détachement du BUTDRA de la Maison des Patrimoines Culturels du Tchad et la révision des textes qui le régissent.
Ils plaident pour que le gouvernement intervienne afin d’accélérer le processus d’adoption du statut de l’artiste tchadien.
Ensuite, ils exigent la mise en place du fonds d’appui à la création artistique en instance au ministère de la Culture et de la Promotion de la diversité.
Aussi, ils réclament la mise sur pied d’un mécanisme permettant d’accéder aux ressources disponibles par le biais de la représentation nationale de l’UNESCO ;
Enfin, ils sollicitent l’implication des artistes dans les instances de prise de décision et dans le dialogue national inclusif.
Ce point de presse est selon les artistes l’expression d’un ras-le-bol. Le CAC annonce que d’autres actions seront menées pour se faire entendre.
Kouladoum Mireille Modestine
Le comité d’organisation national du dialogue inclusif (CODNI) a échangé ce samedi avec plusieurs associations des personnes vivant avec un handicap. L’objectif de cet exercice est d’informer cette couche sociale vulnérable de l’avancée des travaux préparatifs du dialogue national inclusif (DNI). C’était un échange riche en suggestions et propositions. Reportage.
Plusieurs personnes vivant avec un handicap ont fait le déplacement pour aller s’informer de l’état d’avancement des travaux de préparation du dialogue national inclusif (DNI) prévu pour le 15 février prochain. Cette rencontre d’échange est organisée par le CODNI et s’inscrit dans la logique d’informer toutes les entités de la société du niveau de la préparation du dialogue. Plusieurs autres couches sociales ont déjà fait cet exercice avec le CODNI. Ce samedi, c’est le tour des personnes handicapées. Plusieurs associations de personnes vulnérables ont répondu présentes à l’invitation du CODNI. Après plus de 2 heures d’exposés présentés par les responsables de 5 sous commissions thématiques. Un échange franc et avec beaucoup de suggestions et de propositions.
Melom Norma Moussanodji, présidente de l’association tchadienne pour les femmes déficientes visuelles, affirme que le CODNI n’a pas assez touché aux conditions des femmes déficientes visuelles. Cette dame malvoyante dirige l’une de grandes écoles des personnes en déficience visuelle, estime que grâce à l’effort sans relâche avec l’aide des partenaires, l’école a tenu le coût. Mais selon elle, depuis le départ des partenaires les écoles qui forment ces personnes, peinent à fonctionner par manque de ressources financières et didactiques. Melom Norma Moussanodji a aussi évoqué la discrimination dans le recrutement des personnes malvoyantes à la fonction publique. Elle déplore qu’au Tchad, il n’y a pas 10 femmes déficientes visuelles diplômées et recrutées par l’État. Elle appelle les autorités en charge d’organiser le DNI d’inscrire les préoccupations des personnelles en déficience visuelle dans l’agenda de ce dialogue.
Égrainant le même chapelet, M’ndissedibaye Rimté Nadar, enseignant spécialisé et responsable de l’association des sourds de N’Djamena, plaide pour la prise en charge de la formation des personnes déficientes auditives. Selon lui, l’État tchadien a abandonné les personnes sourdes les laissant à leur propre compte et aux parents. Il a surtout mis l’accent sur la situation difficile que traversent les femmes sourdes du Tchad. M’ndissedibaye Rimté Nadar suggère aux responsables du CODNI d’inscrire dans le programme du dialogue les préoccupations des personnes sourdes qui sont entre autres la formation et l’insertion sociale des sourds comme les autres entités sociales.
La rencontre a permis à beaucoup des associations des personnes vivant avec un handicap d’exprimer et d’éclairer les zones d’ombres de leurs problèmes aux autorités du CODNI en vue de les inscrire au programme du dialogue prochain.
Selon le secrétaire général adjoint de l’union nationale des personnes handicapées du Tchad (UNAPHT), Madjitelsem Severin, c’est une rare occasion, c’est une innovation. Il estime que le problème du Tchad est un problème de la justice sociale et les personnes handicapées sont la couche la plus marginalisée. « Nous avons pris de retard dans le processus de développement de notre pays comme ça se fait dans les autres pays où les personnes handicapées sont impliquées dans ce processus », précise le SGA de l’UNAPHT. Il interpelle les responsables du CONDI, à travers les recommandations sur les personnes vivant avec un handicap, pour le Tchad de demain, il ne faudrait pas que les autorités publiques les oublient. Madjitelsem Severin a remarqué que dans la thématique sociale, il est fait mention à la dimension Genre mais elle n’est pas inclusive. Selon lui, ces genres d’omissions pourraient susciter de frustrations dans l’avenir. Le SGA a proposé 3 points. Le premier point concerne une cellule présidentielle qui doit s’occuper uniquement des personnes handicapées. Le deuxième point concerne la dimension Genre. Pour cela, il propose que toutes les fois qu’on parle de la dimension Genre, il faille aussi intégrer la femme handicapée. Et le dernier point est axé sur le quota de recrutement des personnes handicapées dans la fonction publique.
Les personnes vivant avec un handicap vont plus loin dans leurs suggestions. Elles demandent des quotas dans les postes nominatifs et électifs. Et exigent des représentants des personnes handicapées dans le gouvernement.
Jules Doukoundjé
Le GMIP (groupe mobile d’intervention de la Police) est un nid de barbares. Vous trouvez le mot barbare fort? Pas du tout. Ils sont de vrais barbares parce qu’ils se sentent étrangers à tout traitement humain raisonnable. Ils sont brutaux, incultes, intolérants, violents et usent d’un langage qui relève de l’ordure. Pourquoi le GMIP est barbare?
Les faits parlent d’eux-mêmes. Hamid Kodi, cofondateur du GROUPE IALTCHAD MEDIA et actuellement Directeur Général Adjoint de la Communication du Conseil National de Transition (CNT) assiste à des scènes de ce que la Mairie de N’Djamena a appelé opération déguerpissement des kiosques de commerces qui ont poussé, comme des champignons, dans l’anarchie sur presque toutes les grandes avenues de la ville. Et surtout que les autorités municipales, en tête le Maire Ali Haroun, appelaient les médias à couvrir l’opération. Comme bien de passant, Hamid a eu le réflexe de photographier avec son téléphone l’opération. 4 à 5 policiers, armes chargées et gâchette à la main, encerclent sa voiture et le brutalise. Un autre collègue, le journaliste reporter Jules Doukoundjé, intervient pour filmer la scène, il est à son tour roué des coups. Malgré leurs protestations clamant leurs identités.
Rien n’y fait. Les éléments du GMIP ont agi en barbare. Ils n’ont voulu rien entendre. N’ont voulu rien comprendre. Ils croient dur comme fer que la force est pour eux. Peu importe le contexte. Peu importe, les citoyens, les journalistes, ils ont droit d’atteindre à l’intégrité physique de tout homme, de toute femme, parce qu’ils sont la police. Ils étaient arrogants, violents, baveux et barbares. Ils ont, aux mépris de la loi, embarqué mes collègues décidant de les conduire à leur quartier général. Devant cet arbitraire, ils ont refusé d’obtempérer. Ils décident d’appeler le maire. Une fois chez M. le maire Ali Haroun, ils se sont confondus rejetant ainsi la méprise sur la Mairie. Le Maire gêné s’est excusé du bout de ses lèvres. Quel mépris! Voilà les faits.
Dans cette affaire, la première responsabilité incombe à M. Ali Haroun. Il est directement engagé parce que les éléments du GMIP étaient sous sa responsabilité. De plus, il est le maître d’œuvre de l’opération. Il devait, en amont, s’assurer que la mission du GMIP est simplement de surveiller le déroulement de l’opération pour empêcher les commerçants de s’en prendre aux agents de la mairie. Elle ne consiste pas à se comporter en hors-la-loi semant la violence à la moindre présence de journaliste, au moindre clic d’appareil photo ou de téléphone des citoyens. Cette agression est grave. Le cas de Hamid est encore plus grave, car il est à la vielle d’une opération médicale. Le voilà brutalisé par des brutes qui n’ont ni le sens du service ni celui de la protection civile.
Presque toutes les interventions du GMIP se soldent par des abus. Pas plus tard qu’hier lors d’une de leur opération de déguerpissement, ils ont molesté des paisibles citoyens leur confisquant leurs téléphones du simple fait qu’ils étaient en train de photographier une opération publique. Tout le monde se souvient de l’affaire du diocèse de Walia où ils ont violenté un homme d’Église parce qu’il leur a signifié d’évacuer la cour de sa paroisse qu’ils avaient envahie sans avoir la politesse de demander l’accès. M. le Maire Ali Haroun doit expliquer au GMIP leur mission. À défaut de le faire, son opération déguerpissement risque d’être un fiasco médiatique. Et surtout une catastrophe pour l’image de la Mairie, premier palier administratif proche des citoyens. Nous soutenons totalement les démarches des familles et leurs avocats qui sont en cours. L’agression est documentée. Justice doit être rendue.
Enfin, Ialtchad Presse a reçu de la part de ses lecteurs et des autres médias un solide soutien. Trouvez ici dans cette chronique nos remerciements. Aux internautes tchadiens « alif choukourr ». Le métier de journaliste au Tchad est un métier dur, ingrat, dangereux mais passionnant plus que partout ailleurs. Ialtchad Presse se réserve le droit d’agir contre le comportement de ceux qui sont responsables de les protéger dans l’exercice de leur fonction. Informer a un prix, mais pas celui de la violence gratuite de certaines crapules en kaki.
Bello Bakary Mana
Pour rendre compte à toutes les corporations du pays, le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) a échangé ce vendredi après-midi avec les secrétaires généraux des ministères et les directeurs généraux des institutions publiques. C’est aussi l’occasion offerte aux responsables des sous-comités thématiques de restituer les résumés et l’évolution de leurs travaux. Reportage.
C’est depuis presque une semaine déjà que le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI), s’évertue à rendre compte de ses activités à toutes les entités de la société. L’objectif de cet exercice est d’informer et d’impliquer toutes les couches de la société tchadienne pour la tenue et la réussite du dialogue national inclusif (DNI), prévu pour le 15 février prochain. C’est le tour des directeurs et les secrétaires généraux des institutions de l’État d’être informés. Ce vendredi 14 janvier, plus de 20 hauts fonctionnaires ont suivi avec satisfaction les résumés des 5 sous-commissions thématiques.
Les 5 cinq responsables de ces sous-commissions thématiques ont chacun exposé les résultats de leurs travaux. Ils ont aussi fait des suggestions et des recommandations pour une bonne organisation du dialogue inclusif.
Mahamat Said Fara, secrétaire général du Ministère de l’Éducation nationale et de la formation civique, exprime sa satisfaction sur cette initiative des responsables du CODNI. Le SG souligne qu’il a beaucoup appris des présentations des différentes sous-commissions thématiques. Selon lui, la présence des secrétaires généraux des institutions publiques est de s’informer sur l’évolution des travaux préparatoires du dialogue prochain. « Je ne suis pas surpris par certains exposés. Je fais partie du groupe thématique sur les politiques sectorielles », explique-t-il. M. Mahamat Seïd Fara ajoute que c’est un travail impeccable, réalisé avec beaucoup clarté. Il salue également la démarche du CODNI qui permet de lever les zones d’ombre du travail effectué. A son avis, cet exercice permet d’améliorer le travail qui a commencé depuis le mois de juillet dernier jusqu’à présent. « Nous allons chercher à connaître le contenu du rapport, il n’y a eu que des résumés. Comme il a été proposé de mettre le document à notre disposition », dit le SG. Il promet que lui et les autres SG feront le maximum pour améliorer le travail en lisant ligne par ligne.
Dans la même veine, Alaïna Yacoub Poussey, SG du ministère des Affaires foncières, du Développement de l’Habitat et de l’Urbanisme, estime que les différents exposés prennent en compte effectivement les problématiques qui minent aujourd’hui le développement du Tchad. Pour lui, il y a des sujets importants et complexes qui ont été abordés, mais il manque du temps matériel pour restituer de façon détaillée les travaux. Il adhère à ce qui a été dit, mais il aurait souhaité que ce genre de réunions permettent éventuellement de débattre. Alaïna Yacoub Poussey estime qu’il y a des choses que les directeurs généraux vivent tous les jours et ils ont des exemples pratiques en tant que techniciens à apporter. Selon lui ces cas permettront éventuellement si besoin y est, d’améliorer la qualité des conclusions. Il souhaite qu’une fois en possession du rapport, les SG et les directeurs généraux le lisent. Et aient d’autres séances de travail avec les responsables de CODNI pour que leurs préoccupations soient prises en compte.
Jules Doukoundjé
Par une note de service du 11 janvier, la Direction générale des Douanes et Droits Indirects interdit l’exportation des céréales et des oléagineux sauf le sésame sur l’ensemble du territoire national. Cette décision est tombée au moment où les prix de ces produits commencent à flamber sur le marché. Comment les exportateurs, les consommateurs et le collectif tchadien contre la vie chère apprécient-ils cette décision ? Reportage.
Les céréales, les arachides, les graines de coton, la courge et les tourtereaux sont interdits à l’exportation. Exception est faite au sésame. Sur les marchés, le prix de ces produits interdit à l’exportation valent de l’or. Du commerçant au consommateur, chacun apprécie en sa manière la décision des autorités douanières du Tchad.
Moussa Adam est commerçant au marché de Dembé. Il a devant lui, des bassines pleines d’arachides, des poids de terre et du haricot. Il trouve juste cette décision. Pour lui, ces produits interdits à l’exportation coûtent déjà très cher sur les marchés. « Cette année, la pluie n’a pas été clémente avec nous. Alors si on interdit que le peu qu’on a récolté reste au pays pour la consommation locale, je ne vois pas le mal. Je suis d’accord pour que ces denrées alimentaires ne sortent pas du pays », indique-t-il. M. Moussa d’ajouter que le commerçant veut faire des bénéfices, mais il est aussi consommateur.
Si Moussa Adam apprécie la décision, Abderahim Adam exportateur n’est pas du même avis. Pour lui, c’est l’exportation qui génère d’argent. « Je ne suis pas d’accord avec cette note de service. C’est quand nous exportons en grande quantité que nous gagnons quelque chose. Alors nous demandons à ce que ces produits alimentaires circulent entre les États », affirme-t-il. Abderahim demande aux autorités douanières d’annuler cette décision.
Les consommateurs comme c’est le cas de madame Priscilla Ramadjipi se réjouissent de cette décision. Pour cette mère au foyer, les denrées alimentaires sont déjà trop chères sur les marchés, mais les commerçants continuent de spéculer. « Nos concitoyens qui ont les moyens font le stock des céréales et autres dans les grands magasins et les exportent vers d’autres pays et du coup tout devient cher. En plus de cela, ils souhaitent que les prix de ces choses montent jusqu’à 2000F le Coro. Ce n’est pas humain », déplore-t-elle. J’apprécie cette décision pour que les céréales restent au pays pour le bien de tout le monde, poursuit-elle. Madame Priscilla émet le vœu de voir cette décision suivie des actions concrètes par les autorités.
Le collectif tchadien contre la vie chère dit être Saint-Thomas. Le président de ce collectif M. Dingamnayel Nelly Versinis veut voir les autorités douanières accompagner cette décision par des actions avant de croire. Sinon, M. Versinis est d’accord avec la décision. Il rappelle que la lutte que le collectif mène depuis des années est de demander à l’État de réguler le prix des denrées alimentaires des premières nécessités. Pour lui, cela ne sert à rien d’interdire l’exportation des céréales alors que le prix sur les marchés ne change pas. « Le problème ne se pose pas au niveau de l’exportation ou pas de certains produits alimentaires, mais dans la régulation des prix des denrées des premières nécessités pour que les couches vulnérables arrivent à avoir un repas par jour. C’est de cela qu’il est question. On refuse de les exporter, mais quand c’est cher cela n’arrange personne », explique-t-il. Le président du collectif tchadien contre la vie chère trouve inconvenable que dans un pays agro, sylvo-pastoral comme le Tchad, tout coûte cher. Il demande au gouvernement de prendre ses responsabilités pour réprimer les commerçants véreux. Il souhaite que le prix des denrées des premières nécessités revienne au prix d’avant. Sinon une décision interdisant l’exportation des céréales et des oléagineux ne suffit pas.
Kouladoum Mireille Modestine