Les débats sur les questions sociétales continuent à délier les langues lundi 19 septembre au palais du 15-janvier de N’Djamena. Sur la question du bilinguisme au Tchad, certains participants estiment qu’il faut un investissement public, d’autres c’est juste une question de manque de volonté des enseignants arabophones. Reportage.
Selon l’enseignant chercheur Dr Alfred Ramadji, pour que chaque Tchadien puisse écrire et parler l’arabe, l’Etat doit instituer un service de suivi de formation. Il suggère à ce que tous les jeunes bacheliers puissent apprendre l’arabe ou le français. « Si vous êtes arabophone, après le bac, vous apprenez le français pendant une année et si vous êtes francophone, vous apprenez l’arabe pendant une année. Il faut que cela soit obligatoire », dit-il. Pour Alfred Ramadji, l’État doit mettre des moyens pour que les nouveaux bacheliers qu’ils soient arabophones ou francophones aient de bourses de motivation d’une année. L’enseignant chercheur propose aussi que la délivrance de l’attestation d’admission au bac soit conditionnée par la certification d’une année d’apprentissage de deux langues. Il assure qu’il faudra expérimenter cela pendant 5 à 10 ans pour en faire une déduction. D’après lui si cette expérience est faite, la problématique du bilinguisme ne restera qu’un vieux souvenir. « Ce n’est pas un tabou, la langue arabe est celle ou les vocabulaires sont plus faciles que la langue française. Il suffit de mettre les partenaires à contribution. Expérimentons et l’avenir nous donnera raison », conclut Alfred Ramadji.
André Mamadou aborde la question dans le même sens. À son avis, le bilinguisme nécessite beaucoup de moyens et une bonne volonté de l’État. Il faut bien former les instituteurs arabophones devant être mis à la disposition de ministère de l’Éducation nationale.
Thomas Alkali, un autre participant signifie que le bilinguisme est mal construit du fait que les instituteurs arabophones se comportent comme des marabouts. Doukssidi Robert ne voit pas non plus de problème sur la question du bilinguisme au Tchad. Selon lui, tous les Tchadiens apprennent l’arabe. « Il y a des arabophones qui font du bon travail, mais certains sont fainéants et ne veulent pas travailler. J’invite les arabophones de prendre les craies et d’être sur le terrain », remarque-t-il. Robert déclare qu’il faut que les enseignants arabophones se mettent résolument au travail et l’apprentissage de la langue arabe va s’imposer de lui-même. « Ainsi, vous aurez plein des arabophones au Tchad. Au lieu de rester dans la routine théorique du parler, il faut aller à la pratique », expriment-ils.
Moyalbaye Nadjasna
Le Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République/ Renouveau (CCMSR-R) a fait face aux médias nationaux ce dimanche 18 septembre 2022 à l'hôtel Radisson Blu. Une conférence de presse au cours de laquelle, le Président de ce mouvement s'est expliqué sur son engagement dans la politique, son retour au pays dans le cadre du DNIS, les mobiles de sa scission avec sa base à Doha et l'avenir de son mouvement. Reportage.
Au cours d'une conférence de presse animée ce matin, l'un de plus jeunes leaders des mouvements armés rentrés au bercail à la suite de l'accord de Doha, Gassim Cherif, Président du CCMSR-R a tenu à clarifier que son engagement politique qui, selon lui, débute bien avant l'intégration de la rébellion. Il affirme qu'il a toujours dénoncé ce qui est injuste et cet engagement est né dans une association dénommée « Survie » en France, pour dénoncer l'ingérence de la France en Afrique.
Pour son engagement au sein du CCMSR, M. Gassim dit, « notre pays depuis des années traverse des crises successives, étant jeune, je pensais qu'il fallait intégrer le CCMSR pour pouvoir apporter ma contribution dans le changement de notre pays », dit-il. Au sujet de la scission du CCMSR à Doha, il clarifie que deux groupes sont nés, l'un veut quitter la table de négociations et « nous, nous pensons à l'époque qu'il fallait continuer dans le processus de Doha et les raisons évoquées par l'autre groupe n'étaient pas très claires ni évidentes moins encore sérieuses », a-t-il martelé. C'est cette raison qui les a poussés à continuer les pourparlers et en tant que chef de délégation, il a signé l'accord de paix. Il poursuit que cette discorde a occasionné la scission du mouvement en deux, l'un le CCMSR Renouveau qui a regagné le bercail et l'autre toujours actif sur le front, a-t-il confié. Pour le Président Gassim, le plus important c'est d'avoir accepté la main tendue du Président du conseil militaire de transition (PCMT) qui a l'idée d'organiser le dialogue à la suite du décès du Maréchal Idriss Deby Itno. Pour lui, les assises de N'Djamena est une chance pour tourner la page sombre de l'histoire du Tchad et d'en ouvrir une nouvelle.
A la question d'un journaliste sur la transformation du CCMSR-R à un parti politique, M. Gassim affirme qu'à l'état actuel, ils sont pris par les échanges du DNIS qu'ils n'ont pas réfléchi à ce sujet, « c'est une question qui nous traverse l'esprit et on va jauger la situation, peser le pour et le contre et le moment venu on va voir s'il faut s'engager en politique ou rejoindre une mouvance qui est déjà dans le jeu politique, ce sont des questions qui vont être élucidées dans les semaines avenirs », dit-il. Au sujet de l'éligibilité du PCMT, il affirme que cette question ne sera pas tranchée pas le CCMSR-R, mais plutôt au DNIS. « Il n'appartient pas au CCMSR-R de décider ou de répondre à cette question », a-t-il lâché.
Sur la présence ou l'ingérence de la France dans les affaires internes et son départ exigé par des milliers des Tchadiens, le Président Gassim relève qu'il est vrai que le pays de Gaulle s'immisce dans les affaires qui ne le concernent pas, mais demander son départ n'est pas commode. « Notre pays est géographiquement situé dans une zone bien sensible en termes de géopolitique, d'équilibre économique, social...on ne peut pas demander dans l'état actuel des choses à la France de quitter le Tchad », a-t-il lancé. Il poursuit, « c'est irresponsable, ça c'est quelque chose qui va être décidé, pas de manière passionnée. C'est quelque chose qu'il faut discuter. Il y a un certain point positif sur la présence de la France. En matière de coopération militaire, du développement à travers l'AFD...sa présence est d'une importance capitale » explique-t-il à un journaliste.
Abderamane Moussa Amadaye
Tous les 17 septembre de chaque année se célèbre la journée Mondiale du nettoyage à travers le monde. Le mouvement Let’s Do it en collaboration avec l’association Green-Chad a donné un coup de balai ce samedi dans les locaux du marché central et le marché cholera dans le 4ème arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. L’objectif de cette opération, éliminer les déchets sauvages et inculquer des valeurs citoyennes aux populations. Reportage.
Cette journée mondiale du nettoyage célébrée par les deux associations Let’s Do It et Green-Chad vise à évacuer les caniveaux, éliminer les déchets plastiques et inculquer des valeurs citoyennes aux populations selon les organisateurs. Enjeux, c’est d’amener la population à adopter des comportements éco-citoyens en faveur de l’environnement, disent-ils. A leur avis, le Tchad est à sa 4ème édition. Dès 6heures du matin, une forte mobilisation des jeunes des deux associations s’est faite vite remarquée. Pèles, râteaux, balaies bref, tous les kits inhérents au nettoyage en main. Dans les coins et recoins des marchés, les mains passent et repassent pour débarrasser les ordures et toutes sortes de moisissures.
Selon Tarik Aziz Youssouf, membre actif de l’association Let’s Do It, ils ont choisi le marché central pour mener une action d’ensemble avec la mairie. « Le marché a besoin réellement d’être assaini. C’est est un lieu qui nous sert d’achats et de commercialisation des vivres et non-vivres. Il faut offrir un environnement propre avec des aliments propres à nos populations. Notre environnement doit être gardé sain », confie-t-il. Il renseigne qu’ils ont un programme qui s’étale sur un mois. L’opération nettoyage va continuer dans les 10 arrondissements de la ville de Ndjamena, précise Tarik Aziz. D’après lui, chaque arrondissement a un point focal. Il informe aussi que pour cette action citoyenne, le mouvement Let’s DO It a déjà sensibilisé plus de 100 personnes pour nettoyer les quartiers remplis de déchets sauvages. Mahamat Ali, président délégué de marché central est satisfait du travail abattu ce matin par les jeunes des deux associations dans les différentes artères du marché. Pour lui ce sont des initiatives à encourager afin de changer positivement les comportements des usagers des marchés à N’Djamena.
Le président de l’association Green-Chad, Abdallah Soumaïne et son association se sont engagées à rendre l’environnement sain pour le bien être de la population. La dynamique de cette action citoyenne, dit-il, c’est de parvenir à atteindre l’objectif zéro déchet afin d’inculquer à nos enfants la notion et l’esprit de nettoyage de notre environnement. La santé humaine résulte également d’un environnement propre et où il fait bon vivre. Il cite un verset biblique selon lequel, « éduque l’enfant selon la voie qu’il doit suivre et quand il sera grand il ne s’en ne détournera point. »
Sangnoudji Francine
Ousmane Bello Daoudou
Les assises du dialogue national inclusif et souverain (DNIS) se poursuivent au palais du 15 janvier. Ce 17 septembre, la plénière s’est penchée sur le rapport de la thématique de la commission numéro 5 qui porte sur les questions sociétales. Après lecture dudit rapport hier, les débats s’ouvrent en cette matinée. Reportage.
Le président du présidium a tout d’abord rappelé aux participants qui lui ont envoyé des notes pour la prise de parole que tout le monde ne peut pas parler vu le temps imparti. Aussi, il relève les points qui feront l’objet des débats pour éviter que les participants divaguent pendant leur intervention. Ces points sont entre autres le bilinguisme, la pratique de la dia dans un contexte sociologique pluriel, la migration, l’exode rural et les problèmes de la chefferie traditionnelle.
Les participants font d’abord quelques observations quant à la forme du rapport. Ils trouvent qu’il y a une redondance dans les recommandations et résolutions pléthoriques. Ils demandent la réduction des 36 recommandations à 10. En ce qui concerne le premier sous-thème de la commission questions sociétales inscrit à l’ordre du jour par le président du présidium, vient en premier lieu, la question du bilinguisme. Pour certains, la question du bilinguisme a fait l’objet des débats lors de la conférence nationale souveraine, aux deux fora et aujourd’hui au dialogue. Mais on constate toujours de l’amalgame dans l’Arabe qui est une langue scientifique et l’Arabe qui est une langue de religion. On n’impose pas une langue, une langue s’impose elle-même lance un participant. Il propose l’Arabe tchadien et le Sara comme langue officielle. D’autres proposent une instauration obligatoire de la langue arabe et française comme officielle et qu’elles soient enseignées depuis la maternelle.
Selon Amollah Toua Robert Golbey, ce sont les arabophones eux-mêmes qui font obstacle à la non-application de la langue arabe au Tchad. Pour lui, quand un arabophone prend la parole, il cite les versets coraniques avant tout propos. Cela laisse entendre pour un profane que la langue arabe est une langue de religion musulmane et non une langue scientifique, ajoute-t-il. « Les arabophones refusent de parler du bilinguisme, ils parlent plutôt de l’Arabe. Aussi, ils ne donnent pas les vertus de la langue pour permettre à d’autres personnes d’avoir le goût de l’apprendre. Est-ce normal qu’on trouve un docteur qui a étudié en langue arabe en train d’enseigner au CP1? », s’interroge-t-il. À son avis, parler du bilinguisme aujourd’hui pendant les assises du dialogue est une pure distraction.
Sur la question liée aux chefferies traditionnelles et l’exercice de leur fonction, des voies se lèvent pour dénoncer l’existence des chefferies traditionnelles sans ressort territorial. Aussi, la dépolitisation des chefferies traditionnelles. Pour madame Keynon Bertine, les chefferies traditionnelles sont multiples jusqu’au point où on a un chef de canton dans le territoire d’un autre et cela sème est à l’origine des conflits.
Les participants n’ont pas occulté certaines questions qui ne figurent pas dans le rapport comme le statut social de l’artiste tchadien et le détournement des deniers publics. Également, la femme rurale est totalement exclue des recommandations et résolutions du rapport. La cherté de vie, les conditions de vie des retraités tchadiens et la gestion des 5% des revenus pétroliers de la zone productrice ne sont pas perdues de vue.
Kouladoum Mireille Modestine
9h 15 min. Je suis arrivé avec un retard de 15 min. Je me suis dit à moi-même « toi aussi? Te voilà en retard… ».
Je m’engouffre dans la salle. Le débat d’hier continue à faire rage…
10h 00. Le président du présidium Gali intervient en annonçant à l’assistance que les religieux qui avaient quitté la salle sont de retour. Il affirme aussi que le comité Adhoc a un bilan mitigé. Il a également rappelé aux participants d’éviter les chamailleries inutiles tout en soutenant que le comité continuera à jouer un rôle de croix de transmission avec ceux qui refusent toujours de participer au dialogue.
Gali n’a pas pu s’empêcher d’envoyer une petite salve de critiques aux participants qui se présentent que pour retirer leur per diem, disparaître sans jamais participer aux travaux. Ils repartent en provinces « ils reviendront émarger à la prochaine paie », c’est pas correct.
Depuis hier quelques participants ont ramené dans le débat le rapatriement de la dépouille de l’ancien président Hissène Habré avec tous les honneurs dû à son rang.
10h 22 min. Au fond de la salle, la colère d’une dame explose. C’est une victime de la police politique de l’ex-président Habré. Selon un représentant des associations de droits de l’Homme, elle crie sa douleur parce qu’elle aurait perdu des membres de sa famille. Elle crie son désespoir parce que certains discutent du retour de la dépouille de leur tortionnaire alors que les victimes ne sont toujours pas indemnisées. La salle s’est figée pendant 10 à 15 minutes.
Devant et derrière moi, deux participants se sont échangés des noms d’oiseaux au sujet du rapatriement de la dépouille. Ils ont failli en venir aux mains. L’un deux furieux a tenté d’envoyer au visage de l’autre une bouteille d’eau remplie. Il a fallu que les voisins neutralisent les deux pugilistes. Je me suis interrogé si ce pays et ces Tchadiens sont prêts à tourner la page des Habré, Deby, Goukouni et consort et écrire une nouvelle page. Le scepticisme envahissait mon esprit. Je me suis ressaisi en me disant non ce sont des rageux têtes brûlées qui ne représentent en rien les Tchadiens.
10h 45 min. Le rapporteur général Limane Mahamat prend la parole et comme il sait le faire calmer la salle.
11h 25 min. Gali reprend le micro pour faire un rappelle de son dur passé dans une anaphore bien sentie… « moi Gali j’étais prisonnier de la DDS. Moi Gali j’ai vu mes collègues prisonniers souffrir et mourir à côté de moi. Moi Gali j’estime que les victimes doivent être indemnisées, etc » la salle s’est accrochée à ses lèvres dans le silence. Il boucle son intervention en affirmant, « s’il y a des personnes qui ont réclamé le retour de la dépouille de l’ex-président, il faudra entendre cela. Pas besoin de s’énerver pour cela. On est capable de s’écouter…
Pause.
Les travaux devraient reprendre à 15h 30 min. Ils reprennent à 16h 00. Le rapporteur général Limane Mahamat fait la synthèse. Il dit que les Tchadiens sont unanimes. Ils veulent la paix et la cohésion sociale bien que l’unité des cœurs et des esprits est mise à rudes épreuves. Ils veulent vivre dans un État laïc, souverain et de justice sociale. Le mal vivre qu’ils ressentent est dû à la faiblesse de la conscience nationale, à la mauvaise gouvernance et à l’incapacité de l’État de faire régner la justice.
16h 15 min. Le rapport de la commission 1, paix, cohésion sociale et réconciliation est adopté.
C’est au tour de la commission V de présenter son travail. La salle s’est presque vidée. Gali lève la séance.
Bello Bakary Mana
Les travaux se poursuivent ce vendredi 16 septembre dans la salle du palais du 15 janvier. C’est la suite de la discussion sur la synthèse du rapport de la cohésion de la thématique rapport d’hier. Ialtchad presse suit de près les échanges houleux des participants. Reportage.
Lu hier par le rapporteur générale de la commission thématique 1, la synthèse du rapport de la commission « Paix, Cohésion Sociale et Réconciliation Nationale », les débats se poursuivent aujourd’hui.
Le politico-militaire Assileck Allatha Mahamat met l’accent sur le cas de l’ex-président Hissein Habré. Il indique que pendant les négociations à Doha, le gouvernement a rassuré qu’il en discutera à N’Djamena. Mais, à chaque fois que le sujet est soulevé, c’est le cas des victimes qui est le plus pris en compte dit-il. Il fait un parallèle avec le défunt président Ngarta Tombalbaye qui a aussi fait des victimes sous son règne, mais personne n’en parle. « Il faut rapatrier le corps de Hissein Habré dans son pays et qu’on oubli le passé sinon ça serait une hypocrisie continuelle des hommes politiques », souligne-t-il. Il soutient qu’il est d’accord pour la réhabilitation de la Cour Martiale. Il a appuyé sa thèse avec l’exemple d’une femme enceinte éventré et tous ses biens emportés par les ravisseurs, mais ses bourreaux sont libres de leur mouvement. Au sujet de l’armé, il ajoute que déjà à 60 ans ou plus, le corps militaire doit aller en retraite et profiter d’une réinsertion sociale de l’État. Aussi, Assileck Allatha Mahamat n’a pas perdu de vue le détournement des derniers publics. Il pointe du doigt les hauts cadres du pays qui ont détourné le denier public. Il conclut en martelant qu’il faut constituer une commission qui puisse récupérer cet argent ».
Parlant de la promesse du PCMT relatif à l’intégration de 5000 jeunes à la fonction publique, une participante exige une transparente dans les recrutements. Pour elle, il existe beaucoup d’injustice dans le recrutement à la fonction publique. « De grâce intégrer nos enfants qui depuis 10 ans sont à la maison et à notre charge. Nous parents sommes déjà à un pas de la retraite, alors il faudrait y réfléchir ».
Le code des personnes et de la famille à surchauffé les nerfs dans la salle. C’est un sujet qui divise les familles depuis des lustres et qui est classé dans les tiroirs en dépit de son adoption par le gouvernement. D’après la ministre de la Femme Amina Priscille Longoh, 80% des participants qui ont intervenus ce 15 septembre n’ont pas pris connaissance du Code de la famille. Ceux qui ont pris connaissance savent qu’il n’est pas question d’entretenir ou de prendre en compte quoi que ça soit sans l’avis de l’ensemble relate elle.
Un chef de canton du Mandoul évoque le cas de conflit entre Homme et animal. D’après lui les villageois sont victimes des attaques des hippopotames, éléphants dans le canton de Bédaya, précisément dans le Mandoul, puis Kyabé. Mais le Ministère de l’Environnement n’a pas pris en charge ces personnes. Il suggère que le gouvernement pense à mettre sur pied une structure pour la gestion de ces cas. La séance est suspendue pour reprendre dans l’après-midi.
Djénom Josiane
La thématique paix, cohésion sociale et réconciliation fait encore l’objet de débat de la plénière ce vendredi 16 septembre. L’expression des préoccupations de certains participants a mis de l’huile sur le feu. Surtout les questions liées au Code de personne et de la Famille et le rapatriement du corps de l’ancien président Hissein Habré. Reportage
C’est dans une salle qui se vide peu à peu et avec des participants distraits que les débats se poursuivent. Et puis soudain, une dame attire l’attention de toute la salle. Elle réagit par rapport à l’intervention d’une participante qui demande le rapatriement du corps de l’ex-président Hissein Habré au nom du pardon et de la réconciliation. La dame qui se dit victime indirecte parce que son mari a été tué par la Direction de la Documentation et de la Sécurité DDS. Elle a hurlé dans la salle, à verser de larmes et a réussi à perturber le débat pour une quinzaine de minutes. Le président du présidium demande à la sécurité de la faire sortir de la salle, mais elle a refusé.
La salle s’est calmée lorsque le rapporteur Limane Mahamat apporte des éclaircissements. Il explique que le dialogue est souverain et chacun est libre d’apporter son point de vue face à tel ou tel sujet. Mais personne n’a dit que la plénière a adopté le rapatriement du corps de l’ancien président. Ensuite, la présidente de la commission Mme Achta Djibrine Sy prend la parole pour demander pardon au nom de ses sœurs et ses filles à cause de la tension.
La ministre de la femme Amina Priscille Longoh apporte des éclaircissements liés au contenu du Code des personnes et de la famille qui sème la confusion dans la tête des participants. Pour elle, il n’existe nulle part dans le Code le mariage homosexuel auquel les participants font allusion. Elle rappelle que le projet du Code de la famille est travaillé depuis 1995 et jusqu’au jour d’aujourd’hui rien n’a été adopté. Elle demande ainsi qu’une commission soit mise en place pour le toiletter en vue de son adoption. Une partie de la salle se lève pour dire non à cette proposition.
Le président du présidium Gali Ngoté Gata demande à ceux qui lui envoient des notes disant que si on ne leur donne pas la parole, ils vont quitter la salle de se ressaisir. Car selon lui, ils ne sont pas venus faire du chantage et la plénière n’est pas non plus une auberge espagnole. Il rappelle également les participants qui ont disparu après avoir pris leur perdiem de revenir dans la salle. Car pour lui, c’est un acte déloyal vis-à-vis de l’État. Gali Ngoté Gata lance enfin un appel solennel à la confession religieuse qui a suspendu sa participation de rejoindre les autres.
Kouladoum Mireille Modestine
Tom Erdimi a été accueilli en grande pompe ce vendredi, 16 septembre 2022 à l’aéroport International Hassan Djamous de N’Djamena, Tchad. Un retour suite à la grâce accordée par le président égyptien et la diplomatie du président tchadien de la transition, dit plusieurs sources. Tom Erdimi, le jumeau de Timane Erdimi a été incarcéré durant 3 ans en Égypte. Reportage.
Il était 11 heures passées lorsque l’avion transportant Tom Erdimi s’est immobilisé à l’aéroport Hassan Djamous de N’Djamena, capitale tchadienne. Dès 9heures, plusieurs personnes se sont mobilisées pour accueillir l’un des chefs de l’Union des forces de la résistance (UFR). Les jeunes filles habillées en tenue traditionnelle, les femmes en voiles bleus et jaunes sur lesquels est floqué à l’image de Tom Erdimi. L’émotion était à son comble, certains avaient les larmes, d’autres sautaient de joie. C’est un père, un oncle, un frère, un collègue, un ami qui rentre au bercail. Désormais l’exil n’est qu’un souvenir lointain.
Pour Oumar Mahamat Souara, petit frère de Tom, c’est un soulagement pour la famille un ouf de soulagement. « Écoutez bien, cela fait presque trois ans que mon grand frère a été incarcéré en Égypte. C’est pour nous une grande joie de le voir de retour parmi nous. Nous remercions le président tchadien de la transition et le Président égyptien qui nous a fait cette faveur », s’impressionne-t-il. Il signifie aussi que les Tchadiens doivent désormais fédérer leurs efforts pour le développement. À son avis, Tom est rentré pour construire ensemble un Tchad prospère. Pour son neveu Mahamat Saleh Moussa Ali, la grande famille est satisfaite. Il souhaite que les autres politico-militaires qui sont encore septiques de rentrer au pays. Un autre proche Tom Ali Tom c’est le baobab de la famille qui est rentré. Il plaide aussi à ce que les autres politico-militaires fassent de même, car nous avons beaucoup de choses à faire ensemble au pays. Aussi souhaite-t-il que le gouvernement et les Transformateurs trouvent un terrain d’entente. En politique on ne peut pas gagner à 100 %, exprime-t-il. Selon lui, les assises sont la seule voie pour les Tchadiens de faire sortir notre pays de tous ses maux.
Dr Tom Erdimi parle à la presse et dit : J’éprouve un grand sentiment pour les parents, collègues de longue date, les amis et les sympathisants qui se sont mobilisés pour m’accueillir. Il apprécie la dynamique de la paix enclenchée par le Tchad. D’après lui, sans la paix rien ne peut se faire. La paix est précieuse, il faut la consolider. Tom Erdimi remercie la relation diplomatique entre le Tchad et l’Égypte sans laquelle, il ne sera pas libre. Il remercie le président de l’Égypte qui l’a gracié, mais également la volonté manifeste du président de la transition Mahamat Idriss Deby. Tom Erdimi appelle à la réconciliation et demande aux Tchadiens de transcender les clivages pour un Tchad meilleur.
Moyalbaye Nadjasna