Pari réussi pour le leader du parti Les Transformateurs et ses militants. Plusieurs milliers de jeunes sont venus de tous les arrondissements de la capitale N’Djamena et des provinces du pays pour assister à ce grand meeting. Le jeune opposant Succès Masra a donc réussi le pari de remplir le stade Idriss Mahamat Ouya (IMO). Il relève ainsi le défi lancé par ses adversaires politiques. Reportage.
La date du 8 janvier sera peut-être mémorable dans l’histoire politique du Tchad. Depuis l’avènement de la démocratie en 1990, très peu de meetings de l’opposition démocratique n’ont été acceptés sous régime de l’ancien Président Idriss Deby Itno. Ce 8 janvier 2022, plusieurs milliers de jeunes sont sortis massivement pour se rendre au stade IMO pour assister au meeting du président du parti « Les Transformateurs ».
Il est 10 heures, le stade commence à se remplir petit à petit pour atteindre son pic à 14 heures. À 15 heures, le stade est envahi par les jeunes militants du parti. Malgré le soleil, les jeunes ont d’une manière ordonnée chanté et dansé en attendant l’arrivée du Président du parti, Dr Succès Masra. 15 heures 15 min, le jeune leader fait son entrée au stade sous les applaudissements et les youyous de ses militants. Sous escorte, il a fait le tour du stade pour saluer le public. Avant de prononcer son discours, l’opposant s’est entretenu pendant une dizaine de minutes avec quelques représentants des partis politiques et des membres de la société civile. À 15 heures 38 min, il monte au podium sous des cris de joie.
Pendant plus de 35 min, Succès Masra a exhorté les jeunes à rester debout et à lutter pour obtenir leur liberté pour la refondation d’un Tchad nouveau. Il a appelé aussi les jeunes à lutter pour obtenir leur dignité. Selon lui, le peuple tchadien périt par ignorance et le défi est à relever. Il a exhorté les autorités de la transition à écouter la voix du peuple. À son avis, compte tenu de la mobilisation des jeunes au stade IMO, il sera impossible d’organiser le dialogue sans son parti, ni certains membres de la société civile comme la plateforme Wakit Tama.
La particularité de ce meeting est aussi la présence de plusieurs personnes handicapées qui sont mobilisées malgré leur handicap, pour assister à cette rencontre.
Pour la réussite du meeting, les autorités de la transition ont mis en place un important dispositif de sécurité. L’immense mobilisation des Transformateurs pour leur premier meeting autorisé au stade IMO est considéré par beaucoup d’observateurs comme un premier vers une réelle démocratie au Tchad.
À la fin du meeting, le président des « Transformateurs » a annoncé un autre meeting le 29 janvier prochain à la place de la nation. Il souligne aussi que dès lundi prochain, il enverrait une correspondance aux autorités communales pour demander l’autorisation.
Jules Doukoundjé
La coordination des actions citoyennes Wakit Tama s’est réunie ce 7 janvier 2022 à la bourse du Travail. Les leaders de cette plateforme ont peaufiné leur programme des marches et manifestations annoncées le 15 et 20 janvier 2022. Reportage.
La coordination des actions citoyennes Wakit Tama, projette une série d’activités à réaliser. Selon Me Max Loalngar, coordonnateur de cette plateforme, Wakit Tama envisage une marche pacifique le 15 janvier. Cette marche dit-il, partirait du rond-point double voies au stade Idriss Mahamat Ouya. Il ajoute que le 20 janvier, ils auront une manifestation panafricaine. « C’est une activité qui serait organisée dans toutes les capitales de l’Afrique centrale francophone. C’est pour manifester vaillamment contre la présence française en Afrique », dit Me Max. Le coordonnateur de Wakit Tama soutient aussi qu’ils contestent le franc CFA et tout ce qui va avec. Simplement pour affirmer que le peuple africain a soif de liberté, a-t-il évoqué. « Je crois que personne ne fera obstruction à cette manifestation ici à N’Djamena. Ce serait une honte que Libreville, Yaoundé, Brazzaville se lèvent comme un seul homme et que le Tchad réponde absent », souligne Me max Loalngar.
Selon le leader de cette plateforme, les dirigeants doivent comprendre que Wakit Tama veut relever la démocratie au Tchad. Il insiste en disant que le reste du monde doit savoir que le Tchad est un pays de droit. En principe poursuit-il, pour une manifestation publique on ne doit pas passer par une autorisation. Pour Wakit Tama, les autorités peuvent prendre des mesures pour préserver l’ordre public. « Pendant longtemps face au vide juridique, nous n’avons pas écrit une demande au temps de feu Idriss Deby. Depuis le 06 février 2020 jusqu’au 11 avril 2021, nos marches n’ont pas fait d’objet nulle part d’une déclaration. Nous avons juste fait des points de presse et des conférences de presse pour les annoncer. Parce que nous savons, la déclaration que lui-même a faite », rappelle le coordonnateur de Wakit Tama. Pour lui, le maréchal avait une civilité que les autres n’ont pas en affirmant que les manifestations, à l’époque du Maréchal, n’ont pas été réprimées dans le sang même s’il y avait eu des arrestations.
Le coordonnateur de Wakit Tama désole que les autorités de la transition aient décidé, le 14 mai 2021, de la réglementation des manifestations publiques par communiqué. Il précise que tout est parti des marches du 27 avril et du 8 mai 2021. Me Max dit que la loi est supposée être l’expression de la volonté populaire. « Il est écrit par principe simplement que les libertés publiques sont du domaine de la loi. S’il y a des règlements, ils ne peuvent que compléter la loi. Personne dans aucun pays ne doit accepter que les libertés publiques soient réglementées par un simple communiqué. Cela fait mal en tant que Tchadien de le dire ». Malheureusement c’est la vérité et le monde entier sait que c’est par un simple communiqué qu’on empêche les Tchadiens d’exprimer leurs libertés, martèle Me Max.
Il regrette qu’on les oblige souvent de signer un texte au ministère de l’Intérieur quand ils déposent les demandes d’autorisation. Les libertés publiques sont fondamentales et nous allons continuer par signer ce texte note-t-il. « Rien ne devrait nous empêcher et de les exercer correctement. Que ceux qui nous gouvernent fassent en sorte que nos voisins admirent nos enfants », lance Me Max.
Moyalbaye Nadjasna
La décision du président du Conseil militaire de la transition (PCMT), Mahamat Idriss Deby Itno à fixer, seul, la date du Dialogue national inclusif (DNI). Cette décision ne fait pas l’unanimité. Certains accueillent avec faveur la nouvelle. D’autres estiment qu’il faudrait d’abord trouver un accord avec les politico-militaires, avant de fixer la date du dialogue. Reportage.
Lors de son message à la nation le 31 décembre dernier, le PCMT Mahamat Idriss Deby a annoncé que le DNI aura lieu le 15 février prochain. Mais cette date n’est pas acceptée par tous. Certains pensent que c’est une bon pas vers un dialogue. D’autres, par contre, pensent qu’il faudrait d’abord trouver un accord avec les politico-militaires avant de fixer une date.
Pour le président par intérim de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH), Me Adoum Mahamat Boukar, le PCMT a pris tout le monde par surprise. Il affirme qu’il faut bien préparer ce dialogue pour que cet évènement réussisse. Selon lui, le contexte n’est pas le même que lors des différents forums que le pays a pu organiser par le passé. Pour Me Adoum, ce dialogue se prépare dans un contexte particulier, parce que le président de la République a été tué au combat. Il estime qu’il faut profiter de cette malheureuse occasion, « il faut que les différents acteurs s’entendent sur la date de la tenue de ce DNI ».
Selon lui, cette date est une décision unilatérale n’aide pas à la conclusion d’un accord de paix globale avec les politico-militaires. Il pense aussi que le délai serré va compliquer la bonne organisation de ce grand rendez-vous. Me Adoum Mahamat Boukar explique que c’est maintenant que le Comité technique spécial (CTS) va se rendre dans les prochains jours à aller à Doha (Qatar) pour rencontrer les politico-militaires, « c’est une négociation que personne ne connaît l’issue ». Le président par intérim de la LTDH suggère que la date soit fixée seulement après avoir obtenu un accord de paix. Et c’est en ce moment que l’on peut ensemble fixer une date du dialogue. « J’ai vraiment de craintes et d’inquiétudes par rapport à la tenue et à la réussite du dialogue », dit le défenseur des droits humains.
Emboîtant les mêmes pas, le vice-président de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), Younous Mahadjir, dit que leur position est claire. Le syndicaliste affirme que son organisation a envoyé au PCMT toutes ses propositions sur la tenue DNI.
Au sujet de la date fixée par le PCMT, le vice-président de l’UST et membre de la plateforme de la société civile, Wakit Tama, souligne que c’est faisable. Sauf que, ajoute-t-il, tant qu’il n’y a pas un compromis avec les autres, que ça soit avec la société civile ou les politico-militaires il n’y aurait pas un dialogue accepté par tous.
L’opposant Salibou Garba insiste en disant que l’annonce de la date du DNI est incompréhensible, étant donné que les préparatifs ne sont pas encore terminés. Pour l’homme politique, des nombreux écueils ne sont pas aplanis. « On a vu comment le CODNI a opéré, usant souvent de passages en force, tripatouillant les positions acquises lors des séances publiques », explique Salibou Garba. A son avis, les préalables importants posés par les politico-militaires sans lesquels on ne saurait parler d’un dialogue utile et de paix sont à peine effleurés. Or, selon l’opposant, de ce pré-dialogue, en présence des partenaires, de la communauté internationale, découlera le format et autres dispositions pratiques, « je crois que ceux qui ont pris le pouvoir par terre recherchent uniquement les effets d’annonces ».
Jules Doukoundjé
Le président du tribunal de Grande Instance d’Abéché, Abderamane Ahmat Atim a été menacé le 29 décembre dernier par un haut gradé de l’armée nationale. Raison de menace : il a assigné le colonel à comparaître. Le syndicat des magistrats du Tchad (SMT), et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT) condamnent cette énième menace proférée aux magistrats et appellent le gouvernement à prendre ses responsabilités. Reportage.
Le syndicat des magistrats du Tchad (SMT) et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT), informent l’opinion nationale de la tentative d’assassinat qui a eu lieu le 29 décembre dernier, contre Abderamane Ahmat Atim, président du tribunal de grande instance d’Abéché. Pour les 2 syndicats, ce plan macabre a été ourdi et mis en exécution par le colonel Sebit Djouma résidant aussi à Abéché.
Pour le président du SYAMAT, Taoka Bruno, cette énième agression pose encore le problème de la sécurité du personnel judiciaire en général et celle des magistrats en particulier. Pour les deux syndicats qui défendent les intérêts des magistrats tchadiens, cette situation doit interpeller les plus hautes autorités.
Face à cette situation qui frise un appel à mort contre les acteurs judiciaires, les 2 syndicats rappellent le caractère entier de leurs revendications et interpellent le gouvernement sur son devoir régalien de protéger les citoyens et surtout les magistrats. Les magistrats tchadiens exigent l’arrestation immédiate de l’auteur de l’agression pour qu’il réponde de ses actes devant la justice. Ils souhaitent aussi que la mise en œuvre du déploiement immédiat des agents de sécurité dans les différentes juridictions. Au cas contraire, ils aviseront.
Pour le bâtonnier de l’ordre des avocats du Tchad, Me Djerandi Laguerre Dionro, c’est inadmissible que les acteurs judiciaires soient menacés et continuent à l’être sans que les autorités n’y mettent fin à cette barbarie contraire aux pratiques d’un État de droit. Selon lui, la justice est symbole de l’État, elle est le baromètre. Il affirme aussi que la justice est incarnée par les juges, les avocats, les greffiers, les huissiers et les notaires. A son avis, si ceux qui incarnent cette institution peuvent être menacés, intimidés, subir de violences, tués, il y’a un réel problème. « Si la justice auprès de laquelle le citoyen qui subit l’injustice peut se réfugier est menacée ceux qui l’incarnent, que pourra faire ce dernier », s’interroge Me Djerandi Laguerre Dionro.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats du Tchad condamne cette ixième menace à l’égard d’un magistrat, en l’occurrence le président du tribunal de grande instance d’abéché. Selon nos sources, le procureur de la République a été saisi.
La rédaction a contacté le président du Tribunal des grandes instances pour des plus amples explications, mais nos appels sont restés sans suite.
Jules Doukoundjé.
Le comité organisation du dialogue national inclusif (CODNI), s’attelle pour respecter la date du 15 février 2022. Le Comité préparatoire a rencontré les médias hier 5 janvier à son siège pour plus de responsabilités dans le traitement de l’information pendant le déroulement du dialogue soutien le président du comité technique. Reportage.
Le président du comité technique M. Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor Armand a fait une brève présentation des activités de pré-convocation du dialogue. Selon lui, comme annoncé par le président du Conseil militaire de transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby, le DNI aura lieu le 15 février 2022. M. Gambaye affirme que ce rendez-vous sera un rassemblement de toutes les forces vives, politiques, sociétés civiles et militaires pour remettre le Tchad sur une meilleure fondation. Il estime que c’est un évènement durant lequel les médias auront un rôle plus important à jouer. « Les médias devraient véhiculer la paix et la coexistence », dit M. Gambaye. Il demande aux organes de presse à informer la communauté tchadienne sur les enjeux de ce dialogue pour l'avenir du Tchad.
« Au niveau du comité préparatoire, les dernières touches sont en cours pour examiner tous les rapports des différentes missions qui ont mené un dialogue préliminaire avec la diaspora. Ce qui reste c’est le prédialogue des politico-militaires. Il va se tenir à Doha dans les prochains jours », soutient le président du comité technique. M. Gambaye Ndjegoltar dit que les prédispositions sont prises par le Comité Technique Spécial (CTS) pour la participation des mouvements politico-militaires. Il ajoute que le CODNI aura une rencontre la semaine prochaine à N'Djamena avec les forces vives, les clergés et les chefs traditionnels.
Parallèlement, le rapporteur général du Comité préparatoire du dialogue national global, M. Liman Mahamat, a fait le point sur l’état d'avancement des travaux. Il a expliqué plusieurs thèmes : la forme de l'État en matière de justice, de droits de l'homme, les réformes économiques, sociétales, politiques et autres. Selon lui, à l’issue du DNI, une nouvelle constitution sera adoptée par referendum. Des élections présidentielles seront tenues, suivies d'élections législatives et locales, etc.
Pour arriver à ces résultats dit-il, les médias doivent jouer pleinement leur rôle d’éducation de citoyens sur tous les aspects avant, pendant et après le dialogue. Bref, le comité technique préparatoire souhaite que les informations qui seront livrées par les journalistes répondent aux aspirations et aux attentes des Tchadiens.
Mahamat Kao
Moyalbaye Nadjasna
Le leader du parti les Transformateurs Dr Succès Masra s’est exprimé le 4 janvier 2022 en conférence de presse au siège de son parti au quartier Abena. Il affirme maintenir son meeting populaire prévu le 8 janvier 2022 au stade Idriss Mahamat Ouya (IMO). Le président des Transformateurs encourage ses camarades a accentué la mobilisation à N’Djamena, capitale tchadienne. Reportage.
Dr Succès Masra, président du parti les transformateurs d’un ton vif dit, « le meeting du 08 janvier 2022 est maintenu. Je vous exhorte à continuer la mobilisation. » Selon lui, ils ont l’obligation de s’entendre pour trouver un terrain d’entente. M. Succès dit que la meilleure manière de marcher c’est de marcher et la meilleure manière de participer à un meeting c’est d’y participer. Il soutient que des discussions relatives au lieu du meeting continuent, « les gens veulent dialoguer, voilà l’occasion de dialoguer. » Le leader politique affirme que son parti reste disposé pour dialoguer et trouver des points d’entente. Pour lui, il ne sert à rien de se ridiculiser aux yeux du monde, car dit-il, en rajoutant qu’il n’y a aucun travail de nature à empêcher la tenue d’un meeting au stade IMO. C’est juste de la mauvaise foi, insiste-t-il.
« Nous sommes teigneux et nous m’allons rien laisser. Nous voulons arriver à un Tchad ou plus rien ne se fera sans nous. Nous n’avons pas l’intention de demander a quelqu’un pour choisir nos activités de manière démocratique », affirme Succès Masra. Il explique qu’ils ont introduit 3 fois la demande en 3 mois. La 1re demande a été adressée au délégué du gouvernement. Il a fait correctement son travail, dit l’homme politique. « Le délégué a relayé notre demande au ministère de la Jeunesse et des Sports en même temps à l’Office national de la jeunesse et des Sports (ONAJES). Et c’est l’ONAJES qui notifie le refus d’accès au stade à cause des travaux de réfection. On se demande si une entité sous tutelle commande le ministère de tutelle ».
Le président du parti Les transformateurs trouvent injuste que les responsables continuent à les marginaliser. Toujours selon Succès Masra, il y a des Tchadiens qui organisent des activités au stade IMO sans autorisation.
Le leader politique regrette aussi que même à la télévision publique tout comme à la radio nationale, les transformateurs n’aient pas accès. C’est tout simplement parce qu’on ne veut pas que le peuple tchadien entende la vérité qui le rendra libre, a dit Succès. « Il faut que ceux qui dérapent sachent clairement que nous sommes des Tchadiens et nous avons les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres. Le vieux Tchad est mort et nous exigeons le respect fondamental de tous ».
Définir des critères d’un dialogue sincère et souverain
Le président du Conseil militaire de la transition le général Mahamat Idriss Deby s’est rangé du côté de bon sens lors de son adresse à la nation, a dit le leader des transformateurs. « Il a évoqué que la constitution ne pourra être approuvée que par voie référendaire. C’est d’ailleurs l’une des rares choses prévues dans la charte de transition. C’est une bonne chose et les transformateurs sont capables de reconnaître ce qui est bon », précise le jeune leader. Autre chose, Dr Succès a une inquiétude. C’est au sujet du Conseil national de transition (CNT). Il affirme que le CNT actuel ne donne pas une garantie suffisante. Il risquerait de causer une entorse pour les importantes décisions qui seront prises après le DNI. Les Transformateurs ne refusent pas le dialogue, mais ils demandent les conditions de confiances au nom du peuple tchadien. Nous voulons un dialogue souverain enfin reconnu par le PCMT. Pour plus de garanties Succès Masra exige qu’il faille que le général Mahamat matérialise par un acte ses propos. « Il faut reconnaître que le règlement intérieur n’engage pas fondamentalement le PCMT. Nous appelons à sa bonne foi. Il faut qu’on sache où on va pour en être sûr. Il ne faut pas installer de doute, cela ne peut pas attendre le dialogue », affirme le politique. Il faut un engagement irrévocable de la part du général Mahamat. « Nous attendons des critères qui vont présider les décisions d’un dialogue sincère et souverain ».
Moyalbaye Nadjasna
Le Premier ministre de la transition, Pahimi Padacké Albert dans une note le 30 décembre 2021, recadre M. Abderaman Koulamallah, ministre de la Communication. Ce recadrage porte sur le respect pour un accès libre et équitable aux médias publics à toutes les formations politiques. Le politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé estime que ce dernier temps, il y a beaucoup de dérapages et de non-dits dans les médias publics. Mais l’application de cette note va se révéler difficile. Reportage.
Le politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé, Enseignant chercheur analyse qu’il ne voit pas ce qui justifie le recadrage de la communication Abderaman Koulamallah par le Premier ministre Pahimi Padacké Albert. Selon le politologue, il existe déjà des textes qui réglementent l’accès aux médias publics à tous les partis politiques y compris à ceux de l’opposition. « À mon avis ce recadrage du ministre de la Communication porte-parole du gouvernement M. Abdramane Koulamallah s’adresse plus aux médias publics. Même bien avant l’arrivée de l’actuel ministre, les précédents ont toujours pris position. Cela montre la mauvaise pratique du métier de journaliste dans les médias publics ». L’enseignant chercheur estime qu’il faudrait comprendre que le ministre Koulamallah n’en fait qu’à sa tête. Le politologue estime que les décisions de M. Koulamallah seraient venues de bien plus haut que le bureau du Premier ministre de transition (PMT). « Je ne pense pas que le PMT soit dans la droite ligne du CMT. Je comprends pour ma part que certainement ce que fait le ministre de communication lui vient beaucoup plus haut. Je ne pense pas que la primature pourra changer quelque chose », soutient-il.
L’analyste politique mentionne que le message des leaders des partis politiques de l’opposition qu’il passe par les médias publics ou non, il y a d’autres canaux et supports. Ils n’ont pas forcément besoin des médias publics pour relayer le contenu de leur message dit l’enseignant chercheur. Dr Évariste affirme que ces canaux aujourd’hui portent mieux et plus loin que les médias publics. « Mais toujours est-il que ce dernier temps il y a beaucoup de dérapages et de non-dits dans les médias publics. Alors, je crois, c’est par rapport à cela que le PMT aurait fait ce recadrage, mais son application sera difficile ».
Selon M. Salibou Garba, président national du parti, Alliance nationale pour la Démocratie(AND), « Ce recadrage du Premier ministre de la transition est de la démagogie. »
La note du PMT disait en substance que « la liberté d’expression est l’un des axes cardinaux de la construction d’un État de droit que tous les Tchadiens travaillent à bâtir ». Il signifie que le débat politique et la libre expression sont des vecteurs de maturité politique et gardiens de la paix.
Pahimi Padacké Albert s’appuie sur les orientations du Président du Conseil militaire de transition (CMT) et le programme politique du gouvernement de transition.
Moyalbaye Nadjasna
Le candidat malheureux à la présidence du parti Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès (RDP), Mahamat Moctar Ali dénonce la réélection de Mahamat Allahou Taher de cette formation politique. Il estime que c’est la reconduction de son adversaire est anti démocratie et risque de plonger le parti dans un débat houleux. Reportage.
Une semaine après la reconduction de Mahamat Allahou Taher, à la tête du RDP pour 4 ans, ses adversaires ne décolèrent pas. Ils continuent toujours de dénoncer l’élection du président par acclamation. Le 29 décembre dernier, 18 délégations venues des provinces et 6 autres de l’étranger ont par acclamation reconduit le président sortant Mahamat Allahou Taher pour un nouveau mandat de 4 ans. Mahamat Moctar Ali, membre du comité directeur du Parti et candidat malheureux qualifie cette forme de vote d’anti démocratique. Il craint que la manière dont son adversaire est reconduit à la tête du parti crée une frustration entre les membres du comité directeur.
Mahamat Moctar Ali estime que la reconduction du président national sortant à la tête du RDP est un passage forcé. Selon lui, le président sortant n’a pas eu le courage d’accepter d’organiser des élections libres et transparentes. Il souligne que les 3 candidats officiellement déclarés au poste du président national du parti sont sidérés par les propos malveillants du président du présidium qui qualifie de sans objet leurs candidatures. « Apeuré par la procédure judiciaire engagée demandant la suspension des activités de la convention afin que les autorités compétentes puissent statuer sur les procédures », dit-il.
Selon M. Moctar Ali, le présidium s’est engagé à travers leurs avocats devant le président du tribunal d’organiser les élections conformément au programme. Toutefois, ajoute-t-il, le passage en force pressenti s’est opéré au mépris des assurances faites au président du tribunal et de la volonté du collège électoral. « De tout ce qui précède, nous prenons en témoin toutes les militantes et tous les militants épris de démocratie que nous allons continuer notre lutte pour pouvoir imposer une vraie démocratie au sein du RDP qui nous est cher à tous », affirme Mahamat Moctar Ali.
Il informe aussi l’opinion nationale et internationale qu’il n’écartera aucune voie légale pour réclamer justice. Le candidat malheureux exprime sa reconnaissance à celles et ceux qui les ont soutenus, surtout aux jeunes qui ont suivi leurs consignes, de garder leur sang-froid et leur calme face aux provocations des adversaires. Selon lui, une lutte s’étale sur le temps, son camp est convaincu qu’il arrivera un jour à faire triompher la démocratie au sein du RDP avec des élections libres et transparentes. « La cause que nous défendons est juste et personne ne pourra nous arrêter », insiste Mahamat Moctar Ali.
Pour le président reconduit, Mahamat Allahou Taher, qui s’exprimait lors du 7e congrès, à l’occasion du 30e anniversaire du parti RDP, ce sont les 18 délégations des provinces et les délégations venues de l’étranger qui ont décidé de façon unanime sa réélection. Il tend la main à tous les militants et sympathisants pour un nouveau départ.
Il y a quelques années, un problème similaire a entrainé une scission au sein du même parti.
Jules Doukoundjé
Le président du conseil national de Transition (PCMT), le général d’armée, Mahamat Idriss Deby Itno a présenté à ses vœux à ses concitoyens. Le PCMT qui à la veille de la fête de Saint-Sylvestre livrait son massage à la nation a appelé les Tchadiens à être solidaires pour une transition exemplaire et réussie.
À l’occasion de la fête de fin d’année, le président du conseil militaire de la transition (PCMT), le général d’armée, Mahamat Idriss Deby, a livré son message à la nation. Dans un message court, le PCMT a formulé d’abord ses vœux les meilleurs pour l’année 2022 aux Tchadiens de tout bord. « Je souhaite à chacun et à chacune, ainsi qu’à vos familles respectives, une année de santé, de prospérité et de bonheur. De même, je formule mes sincères vœux de paix, de stabilité, de prospérité et de développement à notre beau pays le Tchad, berceau de l’humanité », déclare-t-il. Pour lui, l’année 2021 a été particulièrement difficile pour tous les Tchadiens. Il s’est exprimé dans une voix lente et posée, en affirmant que 2021 a été marquée par des évènements douloureux, des jours sombres et des moments d’incertitudes. Pour l’année 2022, le général d’armée demande à ces concitoyens d’avoir la foi en leur capacité à affronter tous les défis. Le PCMT promet de redonner le Tchad la place qu’il mérite. Toutefois, il convie les Tchadiens de communier comme un seul homme et d’être aux côtés du Conseil Militaire de Transition (CMT) pour assurer une bonne transition.
Le chef de l’Église catholique, Monseigneur Edmond Djitangar, archevêque métropolitain de N’Djamena a dans son homélie de la Saint-Sylvestre a formulé ses vœux de bonheur et de prospérité aux Tchadiens. Le religieux souhaite ses meilleurs vœux pour une transition démocratique pour que le Tchad puisse évoluer comme les autres pays dans la sérénité et la bienveillance. Il souhaite que les communautés vivent dans une harmonie sans aucune discrimination. Il prie que le seigneur bénisse le Tchad en le protégeant de la Covid19 qui continue toujours à sévir. Le responsable de l’Église catholique tchadienne a aussi formulé ses vœux pour que tous les Tchadiens retrouvent une vie normale pour qu’économiquement le pays puisse rattraper son retard sur les autres. Le saint homme souhaite que la paix pour ses compatriotes. L’archevêque évoque les relations du Tchad avec ses voisins et souhaite que les Tchadiens vivent en harmonie et dans la paix avec leurs voisins. Il estime que notre pays est souvent craint et méprisé et considéré comme ne pouvant rien apporter. « Nous sommes un peuple comme les autres et nous voulons retrouver notre place dans les concerts des nations. C’est ma prière la plus fervente et mes vœux pour que notre pays continue à exister comme peuple », souhaite monseigneur Edmond Djitangar. L’archevêque invite les Tchadiens à ouvrir leurs bras pour accueillir les autres qui viennent et trouvent autre chose que la peur, les menaces pour vivre véritablement en paix. Il demande à Dieu de bénir toutes les familles, quelles qu’elles soient, que chaque famille trouve en sa prière la source de bénédiction pour le seigneur.
Jules Doukoundjé
Le Tchad a célébré la fête de saint sylvestre dans une gaieté à bon enfant. Certains fêtards se sont donné rendez-vous dans les bars et les restaurants de la capitale. D’autres ont choisi la place de la nation pour assister aux tirs de feux d’artifice organisés par la Mairie de la commune de la capitale, N’Djamena. Reportage.
Il est 20 heures, l’heure locale de N’Djamena. Ce soir, c’est le 31 décembre la veille de la fête de Saint-Sylvestre. Les N’Djamenois surnomment ce jour et cette nuit de la fin de l’année 2021, « le 31 ». Les bars et restaurants des quartiers sud de la capitale tchadienne se remplissent petit à petit. Pour attirer les clients dans leurs cafés, appelés communément alimentation, les propriétaires de ces bistrots à la tchadienne n’hésitent pas de mettre la main à la poche pour peindre les lieux, les réaménager, etc.
Sur l’avenue Monseigneur Mathias Ngarteri, appelé communément l’axe CA7, l’ambiance est à son paroxysme. Sur cette avenue, surnommée par les noctambules, « rue de joie ou la rue princesse » les décibels des variétés musicales font craquer les tympans. Pour ce jeune rencontré dans un bar dancing, « la vie n’a pas sa copie, on vit qu’une seule fois et si l’occasion se présente, il faut s’éclater à fond ». À peine 25 ans révolu, le jeune homme complètement ivre peine à se tenir debout. Il explique qu’il attendait cette occasion depuis plus de 3 mois. À quelques mettre, dans un autre bar, il n’y a plus de place, plusieurs clients sont contraints de rester debout au comptoir sirotant leurs bières.
Marie Antoinette Nera a quitté la banlieue Koundoul, à la sortie sud de la capitale tchadienne, pour venir célébrer le saint Sylvestre avec ses copines. Elle explique que chaque année, elle et ses amies se cotisent pour fêter dans les bars dancing. Pour elle, la fête de cette année est mieux que celle de l’année dernière. Marie Antoinette affirme que l’an dernier, à cause de la covid19, la fête n’a pas été belle comme elles avaient souhaité à cause des restrictions sanitaires. Mais cette année, dit-elle, les autorités ont permis aux gens de se défouler.
Moursal, la capitale d’ambiance
Au quartier Moursal, dans le 6e arrondissement de la commune de N’Djamena, connu par le déhanchement de ces jeunes filles qui déambulent dans les coins et les recoins, à la recherche d’une âme sœur, semble calme. L’avenue Kondol, avec ses bars et restaurants aux jeux de lumière, qui attirent les clients comme le feu attire les insectes, a perdu sa lettre de noblesse. Dans ce quartier, les bars dancing n’ont pas fait le plein comme autrefois. Moursal a changé, sa particularité maintenant est que ses bistrots sont prisés par certains ceux qu’on surnomme « les vétérans ». Ils préfèrent fêter dans la discrétion.
Chagoua et ses débits de bières traditionnelles
Il est 21h 30 min au quartier Chagoua, dans le 7e arrondissement. Ce quartier est connu par le nombre pléthorique de ses débits de bières traditionnelles, appelés communément cabaret. Malgré les bars dancing et les boîtes de nuit, les cabarets sont toujours bondés de clients la nuit de la Saint-Sylvestre. Dans un cabaret situé non loin du chef de carré 4, des jeunes et des personnes âgées consomment leur « bilibili », la bière traditionnelle, en chantant et en dansant. Pour la vendeuse de cette bière locale, Koumabi, les temps sont durs. Selon elle, en cette période de fin d’année, l’argent se fait rare et certaines personnes préfèrent se rabattre sur les bières locales. Selon elle, certains viennent prendre quelques calebasses de bières locales avant d’aller dans les bars dancing.
Kabalaye rafle la palme d’or
Au quartier Kabalaye, dans le 3e arrondissement, l’ambiance est à la fête. Ce quartier est le préféré des communautés étrangères telles que les Camerounais, les congolais et les centrafricains. Sur l’avenue Jean Betel Bokassa, la plupart des bars dancing sont tenus par les expatriés camerounais. Ces détenteurs de ces lieux mondains affirment qu’ils se sentent à Yaoundé ou à Douala. Dans les rues de ce quartier, l’on peut facilement identifier les travailleuses ou professionnelles de sexe se déhanchent dans de tenues légères à la recherche de potentiels clients. Le quartier Kabalaye est connu pour ses filles de joie. Elles traînent dans les rues du quartier jusqu’au petit matin. Pour certaines filles que la rédaction a rencontrées dans les bars, la fête de Saint-Sylvestre est une occasion de se refaire une santé financière. Une jeune fille assise devant sa bière en faisant circuler de bulles de fumée de cigarette est venue de Maroua, ville du nord du Cameroun comme elle dit « se chercher ». Elle affirme qu’elle vient chaque année à N’Djamena, durant les fêtes de fin d’année à la cherche des clients. Dans ce quartier, la bière coule à flots et la musique fait vibrer les cœurs et les corps des fêtards.
Place de la Nation, le terminus
À la place de la nation, située en face du palais rose, le palais de la présidence du Tchad. Ici, la Mairie a mieux organisé la fête avec de jeux de lumière qui attirent les jeunes venus de plusieurs quartiers de la ville. À minuit 00, heure de N’Djamena, les feux d’artifice sont tirés par jeunes pour célébrer le Nouvel An. À cet instant des jeunes gens se donnent des accolades pour se souhaiter les vœux du Nouvel An. La nouvelle année est accueillie par des cris de joie, chacun espérant qu’elle puisse apporter du mieux et du nouveau aux Tchadiens.
Jules Doukoundjé