Reportage

Reportage (1382)

Le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) a rencontré ce mercredi les responsables des médias et les hommes de culture. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’informer toutes les franges de la société de l’état d’avancement des travaux préparatifs du dialogue national inclusif (DNI). Reportage.

« La culture doit être au début et à la fin du système de développement », avait dit le premier président sénégalais Léopold Sedar Senghor. Mais, au Tchad, elle est au bas de l’échelle. C’est ce qu’estime la quasi-totalité des artistes-musiciens, comédiens, peintres et autres présents dans la salle. Ces artistes ont suivi plus de 2 heures d’exposés présentés par les responsables des 5 sous commissions thématiques du CODNI. C’est depuis presque 10 jours déjà que le CODNI fait cet exercice avec les différentes entités.

Le directeur de la réglementation, du suivi et de l’encadrement du secteur du secteur artisanal au ministère du Développement touristique et de l’artisanat, Koula exprime sa reconnaissance aux responsables du CODNI pour le travail qui touche toutes les sensibilités. En revanche, il déplore le fait que le secteur artisanal soit impliqué à la dernière heure. Il interpelle les autorités du CODNI d’inscrire l’artisanat au programme des débats lors du dialogue prochain. Il estime que l’artisanat peut constituer une réponse non négligeable du problème de l’emploi des jeunes. Selon lui, l’artisanat occupe 70% de la population active au Tchad.

Dans le même registre, Ngakoutou Hommel, ancienne comédienne, souligne que le slogan du CODNI « ensemble pour un dialogue inclusif et réussi », ne colle pas à la réalité. Elle estime que le CODNI ne semble pas impliquer tout le monde. Certaines entités de la société comme les artistes ne sont que des figurants dans la feuille de route de l’organisation. La comédienne souhaite qu’ils soient plus impliqués.

Un autre artiste et architecte militaire, Roger Boriata exprime son désaccord par rapport à la terminologie du mot réconciliation. Pour lui, il faut d’abord concilier les tchadiens avant de parler réconciliation. Il indique que depuis les indépendances, le pays cherche toujours la conciliation. Au sujet du dialogue, l’artiste note que l’on ne doit pas se presser pour un organiser un dialogue bâclé ni prendre un chronogramme téléchargé de quelque part. selon lui, c’est depuis 62 ans que les Tchadiens n’ont pas réussi à se réconcilier, même si la transition doit durer 62 ans, il le faut pour donner une fondation solide au pays.

Même son de cloche pour le coordinateur de l’union des organisations culturelles et artistiques du Tchad (UNOCAT), Dounia Tog-Yangar, précise souligne que si le pays ne donne pas la place qu’il faut à la culture, il serait difficile de développer ce pays. Car dit-il, même les pays les plus puissants comme les USA se sont basés sur la culture pour développer leur pays. Parlant de la refondation du Tchad, Dounia Tog-Yangar, s’interroge si les autorités n’accordent pas qu’il faut à la culture, comment peut-on parler de la refondation d’une nation ? Selon lui, le Tchad est tombé dans une crise généralisée parce qu’on n’a pas impliqué les hommes de culture dans les réflexions pouvant aider le pays à se relever.

Dans ce débat passionnant et parfois houleux, les responsables des médias présents dans la salle sont passés inaperçus. Aucun responsable de médias n’a pu poser des questions de compréhension ni fait des suggestions pour améliorer les conditions de travail de journalistes tchadiens. Selon le système des Nations Unies, le Tchad est l’un des pays au monde, où exercer le métier de journalisme est le plus dangereux.

Jules Doukoundjé

Le comité d’organisation du dialogue du dialogue national inclusif (CODNI) a rencontré ce mardi 18 janvier, les chefs traditionnels et les forces de défense et de sécurité publique pour les informer de l’état d’avancement des travaux préparatifs du DNI prévu le 15 février prochain. Reportage.

Des centaines de chefs de Canton et des sultans, mais aussi les forces de défense et de sécurité publique ont répondu présents à l’invitation du CODNI. L’objectif : rendre compte de l’avancement des travaux préparatifs du DNI prévu le 15 février. Les chefs de canton, les sultans ont suivi les présentations des 5 sous commissions thématiques. Après plus d’une heure d’exposé, le ministre d’État, ministre de la Réconciliation nationale et du Dialogue, Acheik Ibn Oumar a expliqué aux invités venus de toutes les 23 provinces du pays, l’importance de l’exercice. Après une brève explication du ministre, il s’en est suivi un débat.

Le représentant du chef de canton de Békamba, Tommy Maïna affirme que le fait d’impliquer toutes les couches sociales et surtout les chefs traditionnels est une louable. Il pense que les interventions des responsables des sous-commissions thématiques sont appréciables. Toutefois, il estime que les chefs traditionnels sont les dépositaires de nos us et coutumes. Selon lui, leurs apports seraient louables, mais il fallait les sensibiliser sur les tenants et les aboutissants du DNI. À son avis, les chefs traditionnels sont pris au dépourvu. « Dans ce pays, on aime le sensationnel, ce n’est pas une bonne manière. Ils ne peuvent pas vraiment appréhender la portée du DNI », regrette le représentant du chef de canton de Békamba. 

Le représentant du chef de canton N'Gouri, dans la province du Lac, Abakar Hadjé exprime sa satisfaction pour la qualité du travail réalisé par le CODNI. Mais, à propos des interpellations à l’endroit des chefferies traditionnelles, il exprime son désaccord. Dans le rapport présenté par les sous-commissions thématiques, il a été reproché aux chefs traditionnels d’avoir failli à leur mission. Selon le rapport, les chefs de canton ne jouent pas leurs rôles dévolus par les textes fondamentaux. Pour le représentant du chef de canton de N’Gouri, le problème n’est pas les décrets et les circulaires, mais c’est l’application de ces décrets et lois qui posent problème. Selon lui, il ne faut pas critiquer les chefs traditionnels, ils sont un pan des organes du pays. À son avis, les ministères et les directions générales ne travaillent pas. « Le peu de compétence qu’on alloue aux chefs traditionnels est discuté entre les commandants de brigades, les commissaires, les agents de sécurité nationale et les gardes nomades », indique-t-il.

Pour le chef de canton de Tikem Fianga, Likbélé Igratouin, pour permettre aux chefs traditionnels de bien accomplir leur mission, l’État, ne devrait plus affecter les administrateurs illettrés et incompétents dans leurs circonscriptions. Il suggère au gouvernement d’envoyer des administrateurs formés à l’École nationale d’Administration (ENA). Selon M. Likbélé Igratouin, les faiseurs de troubles sont les sous-préfets et les commandants de brigades qui ne savent ni lire et ni écrire, « ils sont souvent à l’origine des problèmes que rencontrent les chefs traditionnels ».

Jules Doukoundjé

L’insécurité dans les établissements scolaires persiste. Le vendredi, 14 janvier, autour de 9h un individu armé s’est introduit au lycée officiel de la sous-préfecture de Koundoul, département de Loug Chari, province du Chari Baguirmi. Une banlieue à environ 25 km au sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. La rédaction a rencontré, ce 17 janvier le proviseur de ce lycée. Il témoigne.

C’était le vendredi passé vers 9h qu’une personne étrangère s’est introduite au lycée. L’individu s’était habillé en civile, dit M. Saï-Allah Adda proviseur du lycée de Koundoul. Selon lui, l’individu avait sur lui un pistolet avec les accessoires. « Il était d’abord intercepté à la porte par le surveillant. Il a refusé d’obtempérer à l’injonction du surveillant et il a continué tout droit vers une salle de classe. Je ne sais pas ce qu’il cherchait mais surement une victime », rapporte le proviseur. Les surveillants, dit-il, l’ont alerté. M. Saï-Allah et ses surveillants l’ont stoppé mais il a refusé. Il a continué droit vers le grand bâtiment, dit le proviseur. « Nous l’avons suivi. Il est monté à l’étage, nous aussi. Je lui ai demandé ce qu’il cherchait. Il me répond qu’en qualité de qui je lui pose cette question. Je lui ai dit que je suis le proviseur du lycée ». J’insiste, lui demandant le mobile de sa visite. Mais l’homme lui dit qu’il n’a pas d’explications à lui donner. Le proviseur ajoute que l’individu lui a demandé qu’est-ce qu’il veut ? « Alors je lui ai dit dans ce cas tu es venu pour un problème, on ne te connait et sais pas tes intentions. On ne peut pas t’accepter ici, on a des règlements. Toute personne étrangère passe par l’administration. Seule l’administration peut lui chercher un élève. Mais quand vous menacez de cette sorte, vous allez descendre », lui dit M. Saï-Allah. Le monsieur réplique d’un ton agressif qu’il ne descend pas. Le responsable du lycée affirme que lorsqu’il voulait le prendre au colle, il a dégainé son pistolet. « J’étais vigilant et j’ai réussi à prendre sa main de force et je l’ai roulé. Il est tombé, le pistolet aussi, puis on l’a maitriser. On lui a pris l’arme et les accessoires », dit le proviseur.

Vu ce qui s’était passé, rapporte M. Saï-Allah, les élèves venaient pierres en mains vers eux pour le luncher. Mais comme il est déjà maitrisé, ils l’ont protégé et mis à l’abri le temps d’attendre l’arrivée de la police, explique le proviseur. « Il y a eu deux interventions d’unité de la police et de la gendarmerie. Ils étaient en nombre insuffisant. Ils n’ont pas pu contenir les élèves. C’est les forces de l’ordre de 3ème degré, les bérets rouges qui ont réussi à l’extraire sous une pluie de pierres ». Le proviseur dit ne pas savoir vers quelle destination a été conduit l’intrus. Il affirme avoir déposé le pistolet et les accessoires du suspect au commandement territorial de la brigade de Koundoul avec à l’appui une plainte.

« Dieu merci, il n’y a pas de dégâts humains ni matériels. Pour la plainte, on veut connaitre le mobile de son arrivée afin que cela ne se répète plus. Jusque-là ils ne m’ont pas appelé », dit le proviseur.

Pour lui, cela fait 4 ans qu’il est proviseur dans ce lycée mais il n’a jamais vu un tel évènement même pas lors d’une manifestation, insiste-t-il. Selon lui, ils s’organisent chaque matin avec ses surveillants. « Je prends toujours sur moi mon bâton. Ce sont des prédispositions qu’on prend pour fouiller nos élèves avant qu’ils n’accèdent à la cour. Il n’y a pas des agents de sécurité pour assurer la protection. Comme vous le voyez, chaque jour nous sommes exposés et courons des risques ». Il ajoute, que lorsqu’un problème se présente, c’est l’administration qui se met à l’avant-garde. Le phénomène de l’insécurité persiste dans les établissements scolaires. Le proviseur demande à son ministère de tutelle (l’Éducation) afin de voir avec son collègue de la Sécurité publique pour résoudre ce problème. « Surtout l’année passée, il y a eu beaucoup de cas d’insécurité dans les établissements scolaires ont été constatés par tous. Nous sommes menacés de partout, il faudrait que le gouvernement sécurise nos écoles », dit M. Saï-Allah.

Le lycée officiel de Koundoul compte, 1247 élèves dont 428 filles et 819 garçons.

Moyalbaye Nadjasna

Les artistes du Tchad toutes corporations confondues se sont formés en collectif dénommé collectif des artistes en colère (CAC). Ils s’opposent au Bureau Tchadien du Droit d’Auteur (BUTDRA) qui gère, selon eux, très mal les redevances sur l’usage de leurs œuvres. Un point de presse s’est organisé le 14 janvier 2022 à  l’espace Talino Manu pour annoncer l’existence du collectif et ses actions au profit des artistes. Reportage.

Ce sont des acteurs, musiciens, humoristes, comédiens, danseurs, etc. Ils sont en colère et vont en guerre contre  le BUTDRA. Ils accusent l’administration du BUTDRA de mauvaise gestion de leurs redevances et l’octroi des droits d’auteur médiocres aux artistes sociétaires. C’est pourquoi le CAC est né afin de mener des actions pouvant aboutir à la répartition des redevances aux acteurs et leurs ayants droit.

Le représentant des artistes Neldé Calvin alias Digri par terre, affirme que cette sortie médiatique est l’expression d’une colère qui couve depuis des années dues à la spoliation des droits des artistes. « Le ministère de tutelle ne finance pas nos activités depuis plus de 10 ans. Les multinationales installées au Tchad accordent d’importance et financent les artistes étrangers au détriment des artistes tchadiens. Les conditions de vie des artistes ne changent pas et se détériorent chaque jour. Tout cela nous met en colère », dit l’orateur. Les artistes déplorent le fait que leurs œuvres soient consommées chaque jour, mais que leur niveau de vie est lamentable. Pour eux, l’artiste tchadien passe aux yeux du monde comme un mendiant, un éternel assisté, un incapable de produire, de se nourrir ou de soigner sa famille. Souvent, certains d’entre eux meurent même en laissant une famille dans un désespoir insultant, dit-il.

Pour le CAC tous ces constats, les poussent à formuler leurs doléances, en 6 points, au président du Conseil Militaire de Transition, Mahamat Idriss Deby Itno.

Les artistes demandent un budget conséquent pour la promotion de l’artiste tchadien et la mise en place d’une politique culturelle qui priorise la prise en charge des artistes locaux par les multinationaux. 

Ils réclament le détachement du BUTDRA de la Maison des Patrimoines Culturels du Tchad et la révision des textes qui le régissent.

Ils plaident pour que le gouvernement intervienne afin d’accélérer le processus d’adoption du statut de l’artiste tchadien.

Ensuite, ils exigent la mise en place du fonds d’appui à la création artistique en instance au ministère de la Culture et de la Promotion de la diversité.

Aussi, ils réclament la mise sur pied d’un mécanisme permettant d’accéder aux ressources disponibles par le biais de la représentation nationale de l’UNESCO ;

Enfin, ils sollicitent l’implication des artistes dans les instances de prise de décision et dans le dialogue national inclusif.

Ce point de presse est selon les artistes l’expression d’un ras-le-bol. Le CAC annonce que d’autres actions seront menées pour se faire entendre.

Kouladoum Mireille Modestine

Le comité d’organisation national du dialogue inclusif (CODNI) a échangé ce samedi avec plusieurs associations des personnes vivant avec un handicap. L’objectif de cet exercice est d’informer cette couche sociale vulnérable de l’avancée des travaux préparatifs du dialogue national inclusif (DNI). C’était un échange riche en suggestions et propositions. Reportage.

Plusieurs personnes vivant avec un handicap ont fait le déplacement pour aller s’informer de l’état d’avancement des travaux de préparation du dialogue national inclusif (DNI) prévu pour le 15 février prochain. Cette rencontre d’échange est organisée par le CODNI et s’inscrit dans la logique d’informer toutes les entités de la société du niveau de la préparation du dialogue. Plusieurs autres couches sociales ont déjà fait cet exercice avec le CODNI. Ce samedi, c’est le tour des personnes handicapées. Plusieurs associations de personnes vulnérables ont répondu présentes à l’invitation du CODNI. Après plus de 2 heures d’exposés présentés par les responsables de 5 sous commissions thématiques. Un échange franc et avec beaucoup de suggestions et de propositions.

Melom Norma Moussanodji, présidente de l’association tchadienne pour les femmes déficientes visuelles, affirme que le CODNI n’a pas assez touché aux conditions des femmes déficientes visuelles. Cette dame malvoyante dirige l’une de grandes écoles des personnes en déficience visuelle, estime que grâce à l’effort sans relâche avec l’aide des partenaires, l’école a tenu le coût. Mais selon elle, depuis le départ des partenaires les écoles qui forment ces personnes, peinent à fonctionner par manque de ressources financières et didactiques. Melom Norma Moussanodji a aussi évoqué la discrimination dans le recrutement des personnes malvoyantes à la fonction publique. Elle déplore qu’au Tchad, il n’y a pas 10 femmes déficientes visuelles diplômées et recrutées par l’État. Elle appelle les autorités en charge d’organiser le DNI d’inscrire les préoccupations des personnelles en déficience visuelle dans l’agenda de ce dialogue.

Égrainant le même chapelet, M’ndissedibaye Rimté Nadar, enseignant spécialisé et responsable de l’association des sourds de N’Djamena, plaide pour la prise en charge de la formation des personnes déficientes auditives. Selon lui, l’État tchadien a abandonné les personnes sourdes les laissant à leur propre compte et aux parents. Il a surtout mis l’accent sur la situation difficile que traversent les femmes sourdes du Tchad. M’ndissedibaye Rimté Nadar suggère aux responsables du CODNI d’inscrire dans le programme du dialogue les préoccupations des personnes sourdes qui sont entre autres la formation et l’insertion sociale des sourds comme les autres entités sociales.

La rencontre a permis à beaucoup des associations des personnes vivant avec un handicap d’exprimer et d’éclairer les zones d’ombres de leurs problèmes aux autorités du CODNI en vue de les inscrire au programme du dialogue prochain.

Selon le secrétaire général adjoint de l’union nationale des personnes handicapées du Tchad (UNAPHT), Madjitelsem Severin, c’est une rare occasion, c’est une innovation. Il estime que le problème du Tchad est un problème de la justice sociale et les personnes handicapées sont la couche la plus marginalisée. « Nous avons pris de retard dans le processus de développement de notre pays comme ça se fait dans les autres pays où les personnes handicapées sont impliquées dans ce processus », précise le SGA de l’UNAPHT. Il interpelle les responsables du CONDI, à travers les recommandations sur les personnes vivant avec un handicap, pour le Tchad de demain, il ne faudrait pas que les autorités publiques les oublient.  Madjitelsem Severin a remarqué que dans la thématique sociale, il est fait mention à la dimension Genre mais elle n’est pas inclusive. Selon lui, ces genres d’omissions pourraient susciter de frustrations dans l’avenir. Le SGA a proposé 3 points. Le premier point concerne une cellule présidentielle qui doit s’occuper uniquement des personnes handicapées. Le deuxième point concerne la dimension Genre. Pour cela, il propose que toutes les fois qu’on parle de la dimension Genre, il faille aussi intégrer la femme handicapée. Et le dernier point est axé sur le quota de recrutement des personnes handicapées dans la fonction publique.

Les personnes vivant avec un handicap vont plus loin dans leurs suggestions. Elles demandent des quotas dans les postes nominatifs et électifs. Et exigent des représentants des personnes handicapées dans le gouvernement.

Jules Doukoundjé

Pour rendre compte à toutes les corporations du pays, le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) a échangé ce vendredi après-midi avec les secrétaires généraux des ministères et les directeurs généraux des institutions publiques. C’est aussi l’occasion offerte aux responsables des sous-comités thématiques de restituer les résumés et l’évolution de leurs travaux. Reportage.

C’est depuis presque une semaine déjà que le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI), s’évertue à rendre compte de ses activités à toutes les entités de la société. L’objectif de cet exercice est d’informer et d’impliquer toutes les couches de la société tchadienne pour la tenue et la réussite du dialogue national inclusif (DNI), prévu pour le 15 février prochain. C’est le tour des directeurs et les secrétaires généraux des institutions de l’État d’être informés. Ce vendredi 14 janvier, plus de 20 hauts fonctionnaires ont suivi avec satisfaction les résumés des 5 sous-commissions thématiques.

Les 5 cinq responsables de ces sous-commissions thématiques ont chacun exposé les résultats de leurs travaux. Ils ont aussi fait des suggestions et des recommandations pour une bonne organisation du dialogue inclusif.

Mahamat Said Fara, secrétaire général du Ministère de l’Éducation nationale et de la formation civique, exprime sa satisfaction sur cette initiative des responsables du CODNI. Le SG souligne qu’il a beaucoup appris des présentations des différentes sous-commissions thématiques. Selon lui, la présence des secrétaires généraux des institutions publiques est de s’informer sur l’évolution des travaux préparatoires du dialogue prochain. « Je ne suis pas surpris par certains exposés. Je fais partie du groupe thématique sur les politiques sectorielles », explique-t-il. M. Mahamat Seïd Fara ajoute que c’est un travail impeccable, réalisé avec beaucoup clarté. Il salue également la démarche du CODNI qui permet de lever les zones d’ombre du travail effectué. A son avis, cet exercice permet d’améliorer le travail qui a commencé depuis le mois de juillet dernier jusqu’à présent. « Nous allons chercher à connaître le contenu du rapport, il n’y a eu que des résumés. Comme il a été proposé de mettre le document à notre disposition », dit le SG.  Il promet que lui et les autres SG feront le maximum pour améliorer le travail en lisant ligne par ligne.

Dans la même veine, Alaïna Yacoub Poussey, SG du ministère des Affaires foncières, du Développement de l’Habitat et de l’Urbanisme, estime que les différents exposés prennent en compte effectivement les problématiques qui minent aujourd’hui le développement du Tchad. Pour lui, il y a des sujets importants et complexes qui ont été abordés, mais il manque du temps matériel pour restituer de façon détaillée les travaux. Il adhère à ce qui a été dit, mais il aurait souhaité que ce genre de réunions permettent éventuellement de débattre. Alaïna Yacoub Poussey estime qu’il y a des choses que les directeurs généraux vivent tous les jours et ils ont des exemples pratiques en tant que techniciens à apporter. Selon lui ces cas permettront éventuellement si besoin y est, d’améliorer la qualité des conclusions. Il souhaite qu’une fois en possession du rapport, les SG et les directeurs généraux le lisent. Et aient d’autres séances de travail avec les responsables de CODNI pour que leurs préoccupations soient prises en compte.

Jules Doukoundjé

Par une note de service  du 11 janvier, la Direction générale des Douanes et Droits Indirects interdit l’exportation des céréales et des oléagineux sauf le sésame sur l’ensemble du territoire national. Cette décision est tombée au moment où les prix de ces produits commencent à flamber sur le marché. Comment les exportateurs, les consommateurs et le collectif tchadien contre la vie chère apprécient-ils cette décision ? Reportage.

Les céréales, les arachides, les graines de coton, la courge et les tourtereaux  sont interdits à l’exportation. Exception est faite au sésame. Sur les marchés, le prix de ces produits interdit à l’exportation valent de l’or. Du commerçant au consommateur, chacun apprécie en sa manière la décision des autorités douanières du Tchad.

Moussa Adam est commerçant au marché de Dembé. Il a devant lui, des bassines pleines d’arachides, des poids de terre et du haricot. Il trouve juste cette décision. Pour lui, ces produits interdits à l’exportation coûtent déjà très cher sur les marchés.  « Cette année, la pluie n’a pas été clémente avec nous. Alors si on interdit que le peu qu’on a récolté reste au pays pour la consommation locale, je ne vois pas le mal. Je suis d’accord pour que ces denrées alimentaires ne sortent pas du pays », indique-t-il. M. Moussa d’ajouter que le commerçant veut faire des bénéfices, mais il est aussi consommateur.

Si Moussa Adam apprécie la décision, Abderahim Adam exportateur n’est pas du même avis. Pour lui, c’est l’exportation qui génère d’argent. « Je ne suis pas d’accord avec cette note de service. C’est quand nous exportons en grande quantité que nous gagnons quelque chose. Alors nous demandons à ce que ces produits alimentaires circulent entre les États », affirme-t-il. Abderahim demande aux autorités douanières d’annuler cette décision.

Les consommateurs comme c’est le cas de madame Priscilla Ramadjipi se réjouissent de cette décision.  Pour cette mère au foyer, les denrées alimentaires sont déjà trop chères sur les marchés, mais les commerçants continuent de spéculer. « Nos concitoyens qui ont les moyens font le stock des céréales et autres dans les grands magasins et les exportent vers d’autres pays et du coup tout devient cher. En plus de cela, ils souhaitent que les prix de ces choses montent jusqu’à 2000F le Coro. Ce n’est pas humain », déplore-t-elle. J’apprécie cette décision pour que les céréales restent au pays pour le bien de tout le monde, poursuit-elle. Madame Priscilla émet le vœu de voir cette décision suivie des actions concrètes par les autorités.

Le  collectif tchadien contre la vie chère dit être Saint-Thomas. Le président de ce collectif M. Dingamnayel Nelly Versinis veut voir les autorités douanières accompagner cette décision par des actions avant de croire.  Sinon, M. Versinis est d’accord avec la décision. Il rappelle que la lutte que le collectif mène depuis des années est de demander à l’État de réguler le prix des denrées alimentaires des premières nécessités. Pour lui, cela ne sert à rien d’interdire l’exportation des céréales alors que le prix sur les marchés ne change pas. « Le problème ne se pose pas au niveau de l’exportation ou pas de certains produits alimentaires, mais dans la régulation des prix des denrées des premières nécessités pour que les couches vulnérables arrivent à avoir un repas par jour. C’est de cela qu’il est question. On refuse de les exporter, mais quand c’est cher cela  n’arrange personne », explique-t-il. Le président du collectif tchadien contre la vie chère trouve inconvenable que dans un pays agro, sylvo-pastoral comme le Tchad, tout coûte cher. Il demande au gouvernement de prendre ses responsabilités pour réprimer les commerçants véreux. Il souhaite que le prix des denrées des premières nécessités revienne au prix d’avant. Sinon une décision interdisant l’exportation des céréales et des oléagineux ne suffit pas.

Kouladoum Mireille Modestine

Selon les organisateurs, le colloque sur la refondation du modèle de l’État a réuni 180 personnalités, plus de 60 associations et plus de 100 experts nationaux et internationaux, des consultants et hauts responsables administratifs ont clos leurs travaux le 13 janvier. Les conclusions de ce colloque recommandent un État unitaire décentralisé. Reportage.

Les travaux du colloque international sur la refondation d’un État unitaire décentralisé au Tchad sont achevés. Les participants sont unanimes et soutiennent la forme de l’État unitaire décentralisé pour le Tchad. Ils motivent leurs décisions par rapport, disent-ils, à l’histoire du Tchad et à son contexte aujourd’hui. Selon eux, cette forme de l’État va mieux répondre aux aspirations de paix, de l’unité nationale et du vivre ensemble.

Selon les participants, un État unitaire mieux décentralisé correspond aux réalités socio-économiques du pays. Le système fédéral, quoique performant, risque de conduire à l’émiettement du Tchad, dit M. Mahamat Digadjimbaye, rapporteur général du colloque. Il soutient que l’exemple du fédéralisme au Soudan a favorisé un repli identitaire inquiétant. Cela a engagé les états fédérés qui font frontière avec les voisins a des velléités indépendantistes, insiste-t-il.

Le rapporteur énonce que la décentralisation n’a même pas de texte d’application au Tchad. On ne peut parler de fédéralisme, une forme complexe et plus poussée de la décentralisation à défaut de texte d’application même de la décentralisation, poursuit M. Digadimbaye. « Le Tchad en 62 ans, d’existence n’a vécu que 12 ans de stabilité pour parfaire l’État et construire une nation. Même la décentralisation n’a même pas été expérimentée », dit le rapporteur. Il précise que ce colloque a permis aux participants d’émettre des hypothèses et des suggestions pour corriger les insuffisances, dit-il.

Les participants au colloque ont formulé des recommandations. Selon eux, c’est au peuple de préserver l’unité nationale gage du développement, au gouvernement de mettre en œuvre un processus efficace de décentralisation qui respecte l’ensemble de textes de la République. Par exemple, confier la gestion des choses locales à la population locale, produire de textes d’application relatifs à la décentralisation, réviser les textes des élus locaux. Il faudra, toujours selon les participants, mettre à la disposition de ces collectivités décentralisées des ressources humaines hautement qualifiées, assurer leur autonomie financière pour garantir leur viabilité économique et socioculturelle.

Les recommandations du colloque disent aussi qu’il faudra mettre en place une structure d’appuis financiers, impliquer les autorités traditionnelles dans le processus, concevoir une véritable politique publique de la décentralisation, etc.

Les organisateurs appellent le CODNI à prendre en compte les conclusions du colloque. Aux partis politiques, selon eux d’impliquer la jeunesse dans la gestion des affaires locales, de designer des hommes et femmes capables de gérer les choses locales. À la société civile, de s’impliquer dans une démarche participative à la politique de la décentralisation. Et d’animer des universités populaires afin de fournir des documents pour améliorer la gouvernance locale. Ils appellent les partenaires techniques et financiers du Tchad, d’apporter des appuis nécessaires au gouvernement tchadien, aux collectivités locales, à la société civile pour décentraliser l’État.

Moyalbaye Nadjasna

Le personnel de l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE) réclame 18 mois d’arriérés de primes et des indemnités. Au cours d’une rencontre avec la presse, les délégués de cet organe de médias public ont étalé les conditions difficiles de travail, mais aussi leurs conditions sociales précaires qui se détériorent de fur et à mesure. Reportage.

Le personnel de l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE), ne peut plus continuer à supporter les promesses fallacieuses des autorités de tutelles. Pour refuser de souffrir en silence, les délégués ont décidé de porter leur situation sur la place publique. Au cours d’une rencontre avec la presse, ils ont balayé du revers de la main les déclarations du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Abderaman Koulamallah. Le 23 décembre dernier, le ministre avait affirmé avoir payé une grande partie des avantages sociaux et épongé les dettes de l’ATPE.

Pour le responsable des délégués, Blaise Djimadoum Ngargoune, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement dit de contre-vérités. « Rien n’a été fait jusqu’à ce jour quant à nos 18 mois d’arriérés des primes et indemnités, et bien d’autres points de revendications », insiste le délégué du personnel. Selon lui, 2022 commence, elle aussi avec les incertitudes encore plus grandes.

Pour éclaircir les zones d’ombre, Blaise Djimadoum Ngargoune explique que le journal « L’Info » qu’édite l’ATPE ne paraît pas depuis presque 2 ans. Alors que, précise-t-il, c’est le support le plus important de cet organe de presse publique. Toutefois, pour les responsables, cet arrêt est dû au manque de moyens financiers pour supporter la prise en charge du coût d’impression.

S’agissant des conditions sociales, le délégué souligne que les agents de l’ATPE comptabilisent 18 mois d’arriérés de primes et indemnités. « Ces avantages sociaux qui devraient soulager la souffrance des agents depuis 2012, l’année à laquelle l’ATPE a commencé à jouir d’une autonomie de gestion, n’ont pas été versés. Il a fallu attendre 2019 pour que le premier Conseil d’administration (CA) se tienne », explique le délégué. A son avis, malgré la tenue des conseils d’administration, les agents n’ont pas vu leur condition sociale et de travail s’améliorer.

Depuis une décennie, plus de 4 ministre de la communication et porte-parole du gouvernement se sont succédé et ont tenu des promesses fermes de moderniser l’ATPE, mais ces presses sont restées lettres mortes. Le personnel continue toujours de revendiquer l’améliorer de conditions sociales et de travail.

Outre les problèmes sociaux des agents, une nouvelle nomination a eu lieu à la tête de l’institution.  Mme Aicha Khalil a été nommée par décret hier 11 janvier, présidente du conseil d’administration (PCA) en remplacement de Mme Monique Ngaralbaye.

Jules Doukoundjé

Le président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) le général d’armée Mahamat Idriss Deby a reçu en audience hier 11 janvier, le président de l’Association des Victimes des Crimes du Régime Hisseine Habré (AVCRHH) Clément Dohkot Abaïfouta. Les deux hommes ont échangé sur la question relative à l’indemnisation des victimes. Un rayon d’espoir renaît pour les victimes. Reportage. 

« Compte tenu du sérieux de cet entretien, je crois à ces promesses », a laissé entendre le président l’AVCRHH, M. Clément Dohkot Abaïfouta. Cette audience a donné espoir aux victimes qui attendent leur indemnisation depuis la condamnation de leur bourreau le 30 mai 2016.  Le montant de l’indemnisation s’élève à 82 milliards de francs CFA à repartir entre 7396 victimes recensées. Les victimes croient à la parole du PCMT. M. Clément Dohkot Abaïfouta dit avoir été surpris par cette audience inattendue, mais en sort satisfait. Pour lui, les victimes continuent à attendre encore et se sont fait entendre grâce à cette audience, dit-il.  « Vu la sincérité du PCMT , les instructions fermes qu’il a donné à son cabinet, les propositions concrètes qu’il a faites dans un délai raisonnable et l’engagement d’aller poser le problème au niveau de l’Union africaine (UA), me laissent croire que cette fois-ci, les victimes ne seront pas dupées », affirme-t-il. Il ajoute que le PCMT dit ne pas comprendre que la commission de l’UA soit présidée par un Tchadien et que le dossier du Tchad ne bouge pas.

Aussi, que le Conseil d’Administration (CA) mit sur pieds en septembre 2021 par la même UA n’a pas encore tenu son premier conseil, a-t-il souligné. Selon le président de l’AVCRHH, le président du CMT est surpris que l’actuel Premier ministre de transition étant Premier ministre au moment que le verdict était tombé ne puisse rien faire. Pourtant le verdict dit que le Premier ministre devait mettre sur pieds une commission qui va procéder à l’indemnisation des victimes.

M. Clément Dohkot Abaïfouta appelle les victimes à une remobilisation pour ce nouvel espoir qui vient de voir le jour. Il assure avoir dit au PCMT de corriger là où son père a échoué. Il insiste sur le fait que la parole d’un chef d’État vaut un acte. « Je crois comprendre que ce n’est pas dans le passé ou on nous nourrissait de promesses. Dans une lutte il faut se fonder à croire. Maintenant si l’applicabilité souffre, les victimes vont revenir à la charge et seront obligées de prendre le président du Conseil Militaire de Transition au mot », a fait remarquer le président des victimes du Hisseine Habré.

Rappel : L’ex-président tchadien est reconnu coupable en première instance par les Chambres Africaines Extraordinaires de Dakar pour crime de guerre, crime contre l’humanité, torture, esclavage sexuel,  viol et enlèvement. Il a été condamné à une peine à perpétuité. Il est décédé de Covid-19 il y a quelques mois. Depuis le verdict, plus de 240 victimes qui attendent réparation sont décédées.

Kouladoum Mireille Modestine  

  1. Arts & Culture
  2. Musique
  3. Mode-Beauté

-Vos Annonces sur le site Ialtchad Presse-

  1. Divertissement
  2. Sports
  3. Mon Pays