L’espace champ de fil situé dans le 5e arrondissement de la ville de N’Djaména, la capitale tchadienne, réputée dans la vente des pièces détachées des engins de tout calibre, a aussi subi l’opération de déguerpissement de la ville le 8 juillet passé. Mécaniciens, « petits débrouillards » et boutiquiers sont vent debout contre cette décision. Reportage.
Sur le lieu, les endroits autrefois occupés par des pièces des engins et des véhicules sont remplacés par une clôture en tôle. L’ambiance qui y régnait a laissé place aux véhicules de la police stationnés. Les mécaniciens, les chefs de garages sont chassés de leur lieu de travail. Le 11 juillet dernier, quelques jeunes mécaniciens mécontents ont saccagé la clôture en tôle qui a délimité ce l’endroit qu’ils considèrent comme leur espace de travail. Pour eux, le délai accordé pour quitter les lieux est très court. Et, certains disent avoir appris que leur espace est attribué temporairement aux vendeurs de « Wall Street ou marché Dubai Garr Tigo », eux aussi déguerpi du centre-ville. Cette situation est une pilule difficile à avaler pour les déguerpis de Champs de fil qui se sont installés depuis plusieurs décennies. Certains disent être informés avec un retard. C’est le cas de Béchir, propriétaire d’une entreprise de fabrication des briques en parpaings. « C’est de l’injustice, cet acte posé par l’État. Nous avons reçu le préavis à seulement 4 jours du déguerpissement sans même voir les preuves de ce préavis », fustige-t-il.
« Ils nous ont déguerpis sans toutefois nous proposer un endroit ailleurs. Nous attendons que les autorités nous trouvent un endroit. Les autorités ne sont pas sérieuses, sinon comment expliquer le renvoi des gens qui ne veulent que travailler pour survivre ? Nous sommes disposés à toutes les propositions. Si le gouvernement nous demande de partir, nous partirons. Mais, il faudrait qu’il songe à nous trouver une place », concède Aboubakar Chabana Abdelkérim, chef de garage rencontré sur place.
Par contre, certains jeunes manifestants ont saccagé les feuilles de tôle à cause d’un propriétaire de parking qui n’a pas été déguerpi. « Si ces jeunes se sont révoltés, c’est parce qu’un propriétaire du parking qui se trouve de l’autre côté n’a pas bougé d’un iota. Or la loi doit être appliquée à tout le monde. Soit nous partons tous ensemble soit nous restons tous », justifie Abakar Abdoulaye.
L’accusé rétorque en soutenant que, « cette manifestation n’est en aucun cas liée à mon installation. Ces personnes sont venues nous demander de participer à cette révolte. Mais, nous avons refusé, car c’est l’État qui s’est prononcé. Nous avons été informés du préavis à seulement 4 jours. Nous n’occupons pas cette place par la force ni par une influence quelconque. Je suis propriétaire de 3 parkings avec mes frères, nous avons plus de 200 véhicules stationnés dont certains propriétaires sont à l’étranger. Où est-ce que nous pouvons trouver un espace pouvant contenir ces véhicules dans un délai de 4 jours ? », se défend-il. Ce propriétaire de parking indique que lors de la visite des autorités dernièrement, l’accent a été mis plus sur l’évacuation des zones insalubres. « C’est de la pire injustice ce que nous vivons. Comment peut-on expliquer le renvoi des pauvres pour donner aux plus riches ? Ne sommes-nous pas aussi des Tchadiens ? », ajoute-t-il.
Il explique être volontiers de se faire déguerpir s’il y’a un espace pouvant contenir ses véhicules. Il soutient que les commerçants, les mécaniciens respectent les règles. « Nous nous sacrifions pour le bien du pays en payant régulièrement nos taxes, impôts, patentes et douanes qui s’élèvent à plusieurs millions. Nous représentons toutes les couches sociales ici au parking. Il faudrait qu’on nous traite avec dignité pour notre contribution au développement », dit-il en terminant.
Ano Nadege
Mahamat Yang-ching
Dans la nuit du 18 juin 2024, un incendie s’est déclaré dans un dépôt de munitions d’armes à Goudji, dans le 10e arrondissement de la ville de N’Djaména. Cet incendie dont l’origine est encore inconnue, a fait d’importants dégâts matériels et plusieurs morts et blessés sans oublier les traumatismes. Certaines victimes disent être lésées par les autorités et organisations non gouvernementales près d’un mois après le drame. Reportage.
Depuis la date sombre du 18 juin, les autorités et les responsables des organisations non gouvernementales défilent sur le lieu du sinistre. Mais, visiblement, rien ne semble bouger en ce qui concerne la prise en charge des victimes. C’était une panique totale ce jour. Des explosifs ont détruit des maisons, calcinés des engins et tués des personnes dont plusieurs blessés. Certains blessés peinent à se prendre en charge. Alors que le Président de la République avait déclaré que les frais d’hospitalisation des blessés sont entièrement payés par l’Etat. « Pour certaines victimes, la prise en charge est à cent pour cent et pour d’autres, il n’y a pas eu de prise en charge du tout. J’ai une sœur qui a des fractures au niveau des pieds et bras, mais elle n’était pas prise en compte. En plus de cela, une autre voisine qui avait fait une fausse couche suite à cet incendie, elle aussi, n’a pas été prise en charge. Elle s’est rendue à l’hôpital pour se faire soigner, mais, elle n’a pas assez de moyens pour payer les factures », dit Mahamoud Defallah, rapporteur général adjoint du Comité des victimes des explosifs. M. Defallah, rajoute en affirmant qu’une mission conjointe de Etat et les humanitaires sont venus sur le terrain pour faire le porte-à-porte afin de recenser sans expliquer le but de ce recensement. « Pourtant l’Etat devait constituer une commission afin d’établir un rapport digne et honnête. Pour situer les responsabilités et réparer les dommages. Le chef de l’Etat s’est rendu sur le lieu au lendemain de l’incident pour constater les dégâts et annoncer la prise en charge des victimes liées à l’explosion », dit-il.
Aderamane Hamid, une victime indirecte déplore la situation, « un jour après l’incident, le matin, l’État a envoyé les gens pour recenser les personnes touchées par cet incendie. Depuis ce jour, les autorités gouvernementales ne sont plus revenues. Cet évènement a fait beaucoup de morts et blessés. On demande à l’État de nous venir en aide, sinon, on ne sait quoi faire ».
Même les commerçants ne sont pas épargnés par le drame. La déléguée des vendeuses de poisson au petit marché « patte d’oie » Justine Fatimé est inquiète, « cet évènement nous a traumatisé. Nous avons perdus nos frères et sœurs. Nos marchandises se sont décomposées à cause de ce problème. Je n’ai pas pu vendre. Je n’ai pas l’esprit tranquille, parce que j’ai toujours peur que la même chose se reproduise. On demande à l’État de nous venir en aide », a-t-elle plaidé.
Ousmane Bello Daoudou
Nadège Riradjim
Depuis un certain temps, le panier de la ménagère et le grenier du paysan sont vides. Malgré les discours des autorités et des associations de la société civile, les prix de denrée de première nécessité vont crescendo. Les consommateurs n’en peuvent plus. Reportage.
Sur les marchés de N’Djaména, les prix des produits de première nécessité ont flambé. Le panier de la ménagère est presque vide. Face à cette situation, les consommateurs expriment leur ras-le-bol concernant la cherté de vie. Ils appellent les autorités à voler à leur secours en cette période de soudure. Un sac du riz de 50 kg qui coûtait autrefois à 50.000 F CFA est vendu aujourd’hui à 75.000 F CFA. Assia, quinquagénaire rencontrée au marché à mil se désole. « Nous sommes dépassés. On demande au Président de la République de casser les prix. C’était mieux avant, maintenant, nous n’arrivons plus à acheter quelque chose avec le peu d’argent dont nous disposons. Le mil, le riz, l’huile, les arachides, tous sont devenus chers sur les marchés. Nos salaires n’arrivent pas à couvrir nos besoins à cause de cette cherté. On aimerait que les autorités revoient nos priorités, surtout la question de la nourriture. Nous ignorons la cause de cette augmentation des prix. Le riz et le mil que nous labourons au Tchad sont aussi si chers », se plaint-elle. « Je suis veuve et je vis avec des enfants en location. En plus, la vie est trop chère », renchérit Fatimé.
Les opérateurs économiques à l’exemple de Ahmad Masri, importateur de farine du blé et d’huile. Il justifie cette inflation par le coût exorbitant des taxes douanières et le transport dû au mauvais état des routes. Les vendeurs, eux, disent ignorer les raisons de l’augmentation subite des denrées alimentaires. « Avant on vendait un « koro » du riz à 1000 F CFA parce qu’un sac se prenait à 45 000 F CFA. Maintenant un sac, coûte 75 000F et on vend le « koro » à 1 500F. On ne sait d’où vient ce changement brusque », se défend un commerçant.
Al hadj Ali, fait savoir que la cause de cette hausse des prix est due à la mauvaise pluviométrie. « Un sac de haricot de 50 kg qui coûtait 40.000 F est vendu à 75 000 F aujourd’hui. Nous sommes obligés de vendre le « koro » à 2000 F. Tout est cher. Peut-être pour des raisons liées à la rareté des pluies ces dernières années ».
Selon Yaya Sidjim, secrétaire général adjoint de l’Association des Droits des Consommateurs (ADC), son organisation fait toujours des plaidoyers auprès des autorités pour que d’autres mesures plus efficaces soient prises pour juguler le problème de cherté de vie. « Il faut absolument subventionner certains produits. Il faudrait que le gouvernement fasse des stocks des denrées alimentaires. Nous allons sensibiliser les commerçants pour qu’ils essayent de limiter leur marge bénéficiaire et cela contribuera à réduire les difficultés des Tchadiens. Nous demandons aux autorités d’aider les consommateurs. Depuis deux ans, beaucoup de réunions ont eu lieu avec les autorités responsables du dossier sauf que la mise en œuvre de ces décisions pose problème », a-t-il souligné.
Nadège Riradjim
Mahamat Gonsebé Yang-phing
Ridina est un quartier populaire et historique de la capitale tchadienne, N’Djamena. Il jouxte le marché à mil. Il est prisé par les migrants pour sa proximité avec le marché, avec le centre-ville et les autres quartiers. Il héberge beaucoup des « sans-papiers » logés à la belle étoile. Reportage.
Au bord d’une rue de 15 mètres du quartier logent plus d’une cinquantaine de migrants, hommes femmes et enfants. Ils viennent tous du Nigeria et du Niger, deux pays voisins. À la tombée de la nuit, ils dorment à la belle étoile dans la cour d'une maison pour ceux qui ont un peu d'argent. Pour ceux qui ne peuvent pas se payer une place dans la cour, ils dorment au pied du mur, de la même maison.
Au tour de la propriété, des sacs et autres affaires personnelles sont installés à côté de certains locataires, des vieilles nattes, un luxe servent de matelas, des moustiquaires sont suspendues pour se protéger des moustiques durant la nuit. Pour d’autres locataires, c’est sur un simple plastique ou carton qu’ils passent la nuit. Pour avoir le privilège de dormir dans la cour, il faut débourser 300 FCFA par nuit et entre 100 à 150 FCFA au tour du mur.
La majorité de ces immigrés ont plus d'un an de résidence au pays. Certains sont même à leur quatrième année, mais toujours sans domicile ni carte de séjour. Pourtant la plupart des hommes travaillent. Ils sont cordonniers, couturiers ambulants, coiffeurs, de blanchisseurs, de restaurateurs, etc. Les femmes aussi ne se croisent pas les bras. Elles s’adonnent aux activités génératrices de revenus. « C'est juste un dortoir, là où je pose ma tête pour dormir. Le matin je suis au marché », dit un de locataire. La plupart sont mariés, plusieurs sont venus avec leurs épouses. D'autres ont laissé leurs compagnes dans leur pays d'origine pour disent-ils de mieux se concentrer sur leur travail pour faire fortune.
Le matin au réveil, l’endroit se transforme en place du marché pour certaines de ces locatrices. Chacune transforme sa place en cabine de vente. Mme K qui est aussi locatrice de l'espace mural, sort de sa natte et détache sa moustiquaire afin de s'apprêter pour faire la cuisine. Mme K est vendeuse de nourriture, tous les autres locateurs sont sa clientèle. Elle sert les mets du pays d’origine (riz mélangé aux haricots, beignet de haricot, bouille...). Pour allumer le feu de cuisine, elle ramasse des objets jetés. Par exemple les chaussures usées, les objets en plastique et autres matériels combustibles. Les muets cuisinés font voyager ces migrants dans leurs pays. Mme K affirmant que depuis quelques années elle fait la navette entre son pays d’origine et son pays d’accueil, le Tchad. Elle souligne qu'elle vivait au village et a facilité l'arrivée de beaucoup
d'autres comme elle.
NDM
Dans la capitale tchadienne, N’Djamena, les chauffeurs de minibus communément appelé « Ha yiss », pour la marque japonaise Hiache, sont les mal-aimés des routes urbaines. Les gros-porteurs aussi. Ils sont accusés à tort ou à raison d'être à la source d'innombrables accidents de circulation. « Ils sont imprudents et ne maîtrisent pas le Code de la route », disent plusieurs Ndjaménois. Reportage.
Il est midi. La circulation est dense. Voitures et motocyclettes se disputent la chaussée. « La circulation à Ndjamena est vraiment un problème sans solution. Nous avons d'abord assez des minibus et les chauffeurs roulent à tombeau vitesse sans tenir compte des piétons et des mototaxi. Déjà la ville est pauvre en matière d’infrastructures routières et l'incivisme des chauffeurs de minibus s'ajoute à cette misère », déplore Denkel Lareine , jeune étudiante en sociologie.
Abdoulaye Adoum Brahim est le secrétaire général adjoint de la Fédération Nationale des Syndicats de Transport Urbain et Inter Urbain du Tchad (FNETUIT) . Il affirme que la majorité de leurs chauffeurs sont bien formés. « Ils sortent tous des auto-écoles après une bonne formation, d'autres sont recommandés par leur fédération. Ils maîtrisent très bien le Code de la route, mais souvent ils font exprès de ne pas respecter les règles. Dans le tas, il y a certains qui se lancent dans le métier clandestinement sans aucune notion du Code de la route et de la conduite ».
Les chauffeurs des minibus rejettent ces allégations. Ils soutiennent que l’État tchadien est contre eux. Moumine Saleh est chauffeur de minibus, « nous roulons doucement en respectant le Code de la route, mais les usagers de la route font ce qu’ils veulent sans laisser le passage. Quelques fois nous leur rentrons dedans sans notre volonté ».
Issa Hassan Issa est également conducteur de minibus. « Je conduis depuis 1988, mais la conduite actuelle des usagers a changé parce les motocyclistes entrent en désordre dans la circulation sans respecter le Code de la route ». Selon lui, c’est la faute de l'État. Il rajoute, « nous les conducteurs de minibus, nous sommes vigilants. Nous gagnons notre vie sans chercher des problèmes ».
Au sujet de la grille horaire de circulation des camions gros porteurs, M. Bourma le Secrétaire général de l'organisation de transporteur dit que leurs transporteurs circulent de 23h à 5h du matin. Ils suivent la voie normale avec un itinéraire allant du rond-point double voie en passant par le rond-point 10 octobre, rond-point Hamama jusqu'à rond-point du palais pour continuer vers la sortie nord de la ville de N’Djamena. Ceux qui circulent dans la ville sont des hors-la-loi. Ils se basent sur le poids de 6 à 10 tonnes, mais la capacité en tonnes est modifiée pour en faire des gros porteurs. Ils foulent au pied la décision les règles. Alors que la loi autorise que les vrais 4, 6 à 10 tonnes de circuler. Ces camions modifiés causent des problèmes, voire même des accidents de circulation.
Ousmane Bello Daoudou
Ano Nadège
Au marché de Dembé, dans le 6e arrondissement de la ville, le marché a débordé ses limites pour occuper la voie publique. Pourquoi commerçants, détaillants, petits revendeurs insistent-ils à occuper la voie publique? Reportage.
La grande voie publique de circulation est occupée par les vendeurs. Ce sont pour la plupart des « débrouillards », « survivons en occupant la grande voie publique du marché pour vendre nos marchandises et trouver quoi mettre sous la dent », disent-ils. Chaque jour, ils sont renvoyées mais ils reviennent toujours. Contactée par la rédaction, la mairie du 6e arrondissement refuse de se prononcer. Quelques commerçants ont accepté de le faire.
Fatimé est commerçante. Elle soutient, « on a pas un autre lieu sûr. Il faut que l'État nous trouve un autre endroit exact pour qu'on fasse notre marché par exemple, nous qui vendons les nérés, on devrait avoir notre lieu spécial, ceux qui vendent d'autres choses également. Donc quand les agents de la mairie arrivent, ils arrachent nos marchandises et parfois les renversent. Il n’y a pas un autre endroit pour vendre nos produits ».
Letia, une autre femme commerçante se plaint, « on n’a pas de place pour vendre nos marchandises. L'État doit nous trouver un lieu pour qu'on puisse continuer à se débrouiller. La mairie nous dérange beaucoup, on ne sait pas là où aller. Avant on était là où construit ce mur, on a été chassés. Ce n’est pas facile pour moi qui a des enfants. Je suis obligée de venir sur la grande voie pour vendre mes produits ».
Une femme commerçante presque en pleurs raconte, « Ici les agents de la mairie nous renvoient, au bord de la voie bitumée, il n’y a pas de place. On est obligé de venir s’installer ici pour vite vendre nos marchandises. Au bord de la voie bitumée, les clients passent, ils achètent vite nos marchandises ».
Nadège Riradjim
Quelques jours après l’opération déguerpissement par la mairie central de N’Djaména, la capitale tchadienne, publics des commerçants et les vendeurs installés de manière anarchique sur les voies publiques, les vendeurs disent être des victimes. Ils jugent cette décision inopportune. Reportage au marché « Garr Tigo ou marché Dubai ».
Il est 13h passé au marché Dubaï appelé communément Garr Tigo ce 9 juillet 2024, vendeurs et commerçants sont aux guettent les clients malgré l’opération qui les a délogés il y a un mois. Leurs marchandises en mains ou dans des emballages, ils sont aux aguets comme des fauves et bondissent sur leurs clients en proposant des appareils électroniques.
L'ambiance n’est plus la même après le passage la destruction des boutiques. Certains vendeurs et intermédiaires sont assis sous l'ombre des arbres, méditent sur leur sort. Les autres sont debout produits en main interpellant les passants sur la route et le trottoir.
Un des responsables du comité de crise a indiqué, sous le sceau de l’anonymat, « une seule personne est à l’origine de notre malheur. Il se croit tout permis. La cause de notre déguerpissement est la non-location de sa propriété due à sa proximité du lieu avec le marché. Cette personne a utilisé son pouvoir pour nous renvoyer. Les autorités nous ont proposé deux sites, mais jusqu'à présent, nous ne sommes pas fixés » , dit-il. La même source affirme que l’espace leur a été attribué par campus France, l'une des institutions de l'ambassade de France au Tchad.
Le responsable du campus France, Cliff Oulatar dément ces informations, « ces personnes se sont installées bien avant notre arrivée ici. Nous n’avons jamais autorisé ces vendeurs à occuper cet espace ». Mais qui a alors attribué cet espace ? La question taraude l’esprit des Ndjaménois. Les vendeurs affirment « nous payons régulièrement nos impôts et taxes à la mairie ».
La Mairie a-t-elle abusé des commerçants. Sur le terrain, la rédaction a constaté que certaines boutiques qui respectant les normes ont été également fermées. Le comité de crise réclame la réouverture de ces boutiques. « Malgré nos rencontres avec les autorités notamment le maire de la ville, la gouverneur, le ministre de la Communication et le Premier ministre, rien n’a été fait. Nous demandons au gouvernement de revoir cette situation. C'est grâce à ce business qu'on nourrit nos familles », se plaignent-ils.
Nadège Riradjim & Ousmane Bello Daoudou
L'Avenue Mgr Mathias Ngarteri plus connue sous le nom de « axe CA7 », une des rues les plus mouvementées pour ses bars au son de musique incessante est désormais calme. La Mairie de la capitale tchadienne, N’Djamena, a lancé une opération de démolissage des hangars qui débordent sur les trottoirs. Une opération mal vécue par les tenanciers des bars et les boutiquiers. Elle est, par contre, applaudie par les résidents. Reportage.
L’ avenue est méconnaissable tous les vérandas des bars, des boutiques sont détruits, regret et désolation se lisent dans les regards des jeunes entrepreneurs, des promoteurs et des clients ces petites PME détruites. Une des raisons avancées par la mairie : installation sur les trottoirs et chaussées. « Les autorités disent nous avoir informé deux semaines en avance, mais cela est archi faux. Nous avons été avisés de quitter les lieux il y a à peine 3 jours. Et ils débarquent subitement et se mettent à casser des boutiques et bars dans un désordre effrayant. Ce n'est pas vraiment juste. Il fallait qu'ils soient présents d'abord pour nous les jeunes entrepreneurs. Aussi, nous souffrons à entreprendre et l'État tchadien est devenu notre ennemi. L’État nous ont refusé l'accès à la fonction publique et maintenant ils nous interdissent d’entreprendre. Nous vivons dans un pays de m.. », déplore un jeune entrepreneur sous le sceau de l’anonymat.
Par contre, M. Mbaiasem François, un résident du quartier est très heureux, il remercie la Mairie « merci aux agents de la Mairie parce qu'ils sont venus délivrés cet axe que je qualifie personnellement de Sodome et Gomorrhe. Cet axe est livré aux pratiques sataniques si je peux me permettre, cet endroit est devenu le symbole de la dépravation des mœurs. Les filles s'habillent très mal et sont presque des ivrognes. Et comme cela ne suffisait pas les clients stationnent les motos, les véhicules en désordre et bloquent les passages »,
Une jeune dame dans la trentaine dit être très contente au sujet des déguerpissements sur l'axe CA7, mais pour d’autres raisons, « depuis que l’opération de démolition a commencé, j’ai mon homme à mes côtés la nuit. Il rentre toujours avant 20h. Il est toujours à la maison même les week-ends. J’en profite vraiment. Une fois de plus merci à la Mairie ».
Nadège Riradji
Ano Nadège
Depuis un peu avant les premières pluies, la mairie de la capitale tchadienne, N’Djamena et ses différents arrondissements se sont activés à curer les caniveaux pour permettre le drainage des eaux des pluies. Mais le travail reste souvent inachevé et devient un problème sanitaire. Reportage.
Chaque année les eaux de pluie inondent N’Djaména. Un problème récurrent qui cause des dégâts. La seule solution pour remédier à la situation est le curage des caniveaux, mais il faudra, affirme un n’djamenois, « que le travail soit bien fait. Et que les citoyens aussi aient beaucoup de civisme afin de ne pas boucher les canaux sinon cela crée d’autres problèmes».
Selon des sources médicales, des caniveaux bien nettoyés permettent non seulement l’évacuation des eaux de pluie, mais préviennent des maladies. Docteur Alladoum Bienvenu, médecin généraliste à la clinique Mélina, affirme « curé le caniveau c'est rendre sain son environnement, c'est prévenir aussi des maladies. L'acte de la mairie de N’djaména est louable. Nous les encourageons à curer de temps en temps ces caniveaux ».
Dans la plupart des quartiers de la ville, les caniveaux sont curés, mais les déchets ne sont ramassés à temps. Pourtant, il est écrit dans le cahier de charge de la mairie et les sociétés en charge du curage de curer tous les endroits, attendre 24h pour ramasser les déchets et les envoyer aux dépotoirs. Mais constat fait sur le terrain le délai de ramasser n’est pas toujours respecté, « ils curent et ils laissent les déchets aux abords des caniveaux. Ces déchets auront des impacts négatifs sur la santé du public. Ces déchets dégagent des odeurs nauséabondes et peuvent provoquer des allergies respiratoires et contaminer les aliments qui seront ensuite consommés par le public ».
Un résident du quartier Chagoua, sous couvert de l’anonymat, affirme que la population joue aussi un rôle négatif dans le curage des caniveaux. Il soutient, « nous avons une population incivique. La Mairie cure et les résidents déversent leurs saletés dans les caniveaux déjà curés ». Face à cela, il faut que les autorités publiques sensibilisent la population au respect de la règle d’hygiène, peste le résident.
Ano Nadège
La population de la commune du 9e arrondissement se désole dès qu’on les aborde au sujet de la digue de Walia, banlieue sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. Après quelques jours de pluie, les habitants sont inquiets. Ils ne savent pas quoi faire ? Ni comment éviter les inondations cette année ?
Les citoyens de la commune disent que rien n’est fait. Selon eux, le côté ouest de la digue est simplement remblayé avec du sable au lieu d’être fait en béton. « Nous attendons à ce que toute la chaîne de la digue soit faite en béton et bien construite », disent les résidents. Ils rappellent aux autorités que ce qu’ils ont vu sur le terrain est étonnant. « Ils doivent faire l’effort de faire un bon travail afin de rendre la vie de citoyens moins pénibles durant cette saison pluvieuse », dit un riverain.
Le secrétaire général de l’Action Tchadienne pour la Paix et le Développement durable (ATPAD), M. Moubane Guepelbe affirme, « selon les experts, cette digue normalement doit durer 15 ans, mais après les deux ou trois pluies passées l’état de l’ouvrage se dégrade à grande vitesse. C’est à la veille de la visite des autorités que ces ingénieurs accourent pour colmater ici et là pour que cela soit un ouvrage, mais en réalité ça ne répond pas à nos attentes ».
Les résidents de Walia lancent un cri d’alerte à l’endroit des personnes de bonnes volontés pour les aider. Et demandent au gouvernement de prendre ses responsabilités au sujet de cette digue.
Ano Nadège