Les musulmans du Tchad célèbrent, ce 29 octobre l’Aïd Al Maouloud. Cette fête commémore la naissance du prophète Mohammed. L’atmosphère ce matin à N’Djamena n’est pas festive. Reportage !
10 heures. L’ambiance dans certains quartiers de la ville de N’Djamena, capitale tchadienne est de plus ordinaire ce jeudi. Rien ne montre que les fidèles musulmans fêtent la naissance du messager d’Allah, fondateur de l’Islam, le prophète Mohammed. Les boutiques, les marchés et autres activités de la ville tenus par les fidèles musulmans sont ouverts normalement. A comparé avec la fête de mouton ou Aïd Al Fitir, la fête du Ramadan ou Aïd Al Moubarak, la Eid al Maouloud n’est pas célébrée en grande pompe cette année. Selon M’aichai Habib, marabout, imam d’une petite mosquée au quartier Naga I, 4e Arrondissement le contexte a changé. « Avec la pandémie de la covid-19 et les mesures sanitaires, que nous sommes tenus de respecter, cela change toute la dynamique. Sinon dans le passé, nous égorgeons des moutons et nous préparons assez de nourritures pour partager avec les personnes démunies », dit l’imam
Abdoulaye Ahmat, est commerçant au marché Dombolo au quartier Ardep-djoumal a prié avec sa famille et a partagé le peu qu’il a avec ses enfants et ses voisins. « Vous savez il n’y a pas d’argent ce dernier temps. Même au marché les clients se font rares. Financièrement, rien ne va. Hier il n’y avait pas de souci, mais aujourd’hui la vie est devenue très compliquée surtout avec le coronavirus. Qu’Allah nous préserve de cette maladie et surtout qu’Il nous accorde la paix dans notre pays. » dit-il.
Pour le Marabout M’aichai Habib, avant, à la veille de Maouloud, ils prennent le temps d’enseigner le Saint Coran aux fidèles. De leur raconter comment le prophète Mohammed et né. D’expliquer sa vision de l’islam. Toujours selon M. Habib, les jeunes d’aujourd’hui s’intéressent de moins en moins aux fondamentaux religieux. Les parents et les leaders religieux doivent prendre leurs responsabilités pour conscientiser leurs enfants à la pratique religieuse. Et à leur rappeler que la vie sur terre est belle, mais elle a une fin. « Je pense que la prière est l’un des cinq piliers de l’islam, avec la profession de foi en un Dieu unique et en Mohamed son messager. Et c’est ce qu’on a fait hier dans notre mosquée afin d’invoquer la miséricorde d’Allah de bénir son prophète, les fidèles et le reste du monde. », conseille-t-il.
Allah bénisse le Tchad !
Selon Abdoulaye Ahmat, cette année, Maouloud est célébrée au Tchad au même moment que l’ouverture du 2e forum national inclusif. Il souhaite qu’Allah le Tout Puissant inspire les différentes sensibilités et les autorités à aborder les questions essentielles de bien-être de la population tchadienne.
Dans un passé récent, les fêtes musulmanes se déroulent dans une ambiance de joie : les fidèles rendent des visites familiales à des proches, les enfants se retrouvent dans les centres des jeux, etc. « Coronavirus a tout bouleversé », dit M. Abdoulaye
Moyalbaye Nadjasna
Le 2e forum national inclusif démarre ses travaux ce 29 octobre. L’Union des syndicats du Tchad (UST) refuse pas participer à ce forum. Il le qualifie de vide. Tandis que la Confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT) y participe pour dit son leader « apporter des critiques positives ». Reportage
Deux ans après le premier forum national inclusif tenu en 2018, le second forum démarre ce jeudi 29 pour clore le 31 octobre. Les partis politiques et les acteurs de la société civile sont attendus pour une seconde fois à ce rendez-vous pour disent les organisateurs évaluer les résultats du forum passé. L’union des syndicats du Tchad (UST) refuse de participer à ce 2e forum. C’était au cours d’un point de presse tenu, le mardi 27 octobre, par son Secrétaire Général GOUNOUNG VAIMA GAN-FARE à la Bourse de travail. Dans sa déclaration, le Secrétaire Général de l’UST, relève que le Gouvernement doit plutôt se concentrer à régler les problèmes vitaux des Tchadiens, « la mauvaise gouvernance s’est accentuée. Elle est marquée par la déliquescence de l’administration entre les mains des proches du Président de la République. »
Selon l’UST, la corruption, le pillage des fonds publics, l’instrumentalisation de la justice n’ont fait que s’amplifier aux dépens des citoyens ordinaires. Les problèmes économiques se sont aggravés par l’accaparement des entreprises privées et parapubliques par des « intouchables ». Ils ne sont soumis à aucune contrainte fiscale. Ils sont responsables de la faiblesse des recettes de l’État. Et le forum n’apportera aucune solution à ces problèmes cruciaux.
Pour GOUNOUNG VAIMA GAN-FARE ce 2e forum est une opération politique de diversion, « il vise à faire occulter la faillite du régime qui navigue à vue depuis trente (30) ans ». Il ne propose rien face à la crise sociale et politique dans laquelle le pays s’enfonce de plus en plus. Toujours selon le SG, l’UST et d’autres ont proposé des pistes qui sont entre autres, la pétition de 2012, le mémorandum de 2015, le manifeste « ça suffit » de 2016, la déclaration solennelle de Genève de 2018, mais le pouvoir n’a pas tenu compte. Toutes ces raisons font que l’UST ne participera pas à ce forum. « Participer c’est légitimer ce qui n’apportera aucun résultat profitable aux couches populaires », dit M. GAN-FARE.
Corriger les erreurs du passé
C’est un autre son de cloche du côté de la confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT). Elle accepte de participer au 2e forum national, « nous allons participer pour proposer des solutions », a dit son secrétaire général, Brahim Ben SAID NOH. Pour lui, certaines résolutions du 1er forum n’étaient pas salutaires pour les syndicats parce que beaucoup de travailleurs ont perdu leurs emplois. C’était dû à la suppression des institutions telles que la primature qui employait plus de 500 salariés, la cour de compte, la médiateur nationale, la cour constitutionnelle dit le secrétaire de la CLTT. « En politique on fait des erreurs, comme partout d’ailleurs. Mais si on constate ces erreurs, il faut les corriger. Et c’est cela qui fait grandir », estimé Brahim Ben SAID. Il faut s’asseoir et voir qu’est-ce qu’on peut faire ? Qu’est-ce qu’on peut corriger ? « Je pense qu’il faut venir au forum. Il faut faire ses propositions mêmes si elles ne sont pas prises en compte, on les aurait au moins exprimés pour l’histoire », insiste M. Ben Saïd. La CLTT estime que les Tchadiens doivent profiter de l’accalmie pour dialoguer et parler de leurs défauts les uns les autres.
Brahim Ben SAID estime pour sa part que pour un État comme le Tchad si on n’a pas un premier ministre, les choses sont difficiles et toutes les charges vont peser sur la Présidence de la République. Donc il est temps de s’arrêter pour voir si les changements apportés par l’ancien forum sont positifs ou négatifs. Par exemple, explique-t-il, la réhabilitation de la Cour de Compte est une exigence de la CEMAC et le problème de serment confessionnel mal vu. Il y a de choses à revoir avec les autres et un forum est l’endroit idéal. « Ce n’est pas mauvais un forum. Je pense qu’il faut parler avec les autres. Il faut vider son sac et voir qu’est-ce qu’on va nous proposer au lieu de subir ce qui se fait de l’autre côté », affirme le secrétaire de la CLTT. »
Pour leurs attentes, Brahim Ben SAID dit que le syndicat souhaite que des institutions soient créées afin de récupérer les 1000 personnes qui ont perdu leurs emplois. « Notre intérêt est celui des travailleurs, car la plupart de ceux qui ont perdu leur travail sont des jeunes. Une jeunesse sans emploi est une bombe à retardement. Il faut dire que notre richesse c’est que le jeune tchadien est conscient et calme. Le Tchad appartient à tout le monde, c’est une richesse commune et nous devons être présents en dialoguant sans tabou », a-t-il conclut.
Djilel-Tong Djimrangué Aimé
Moyalbaye Nadjasna
Le syndicat des enseignants du Tchad (SET) de N’Djamena dépose les craies. Ce lundi 26 octobre, les cours des écoles publiques sont désertes. Raison : une grève inattendue. Reportage.
Les cours des écoles publiques sont désertes ce lundi, matin 26 octobre 2020 à N’Djamena, capitale tchadienne. Les enseignants du SET de N’Djamena sont en grève. Raison invoquée par les grévistes : le non-respect de la promesse du gouvernement. Pour le secrétaire général du SET, section N’Djamena, Mbayana Laoukoura, les mesures visant le gel des effets financiers des actes de carrières et les titres de transport de 2016 et 2019 qui doivent être levés à compter du salaire d’octobre ne sont pas respectées. Il affirme que ce débrayage automatique du SET fait suite à une réunion élargie aux organes de base (sections académique, départementale, sous-sections et cellule) tenue, mercredi 21 octobre à la permanence du SET provinciale à l’école du centre.
Laoukoura affirme qu’en 2016, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures touchant la carrière et le salaire des fonctionnaires. Le 09 juin passé, poursuit-il, la plateforme revendicative a négocié avec le gouvernement. Les deux parties ont signé un protocole d’accords avec leurs centrales pour rétablir le gel des effets financiers des actes de carrière, les titres de transport et les primes coupées. Le 28 septembre, ajoute-t-il, le gouvernement a décidé de la levée du gel des effets financiers des actes de carrière et du paiement des titres du transport. Aussi, le ministère de la Fonction Publique a instruit la Direction des ressources humaines (DRH) de modifier des indices. Malheureusement, dit le SG, « aucun changement n’a été constaté sur le salaire d’octobre. C’est la grève. C’est fait ».
Combats d’éléphants
De l’École du Centre au Lycée et Collège de la concorde, en passant par le Lycée Félix Eboué et le Lycée Technique Commerciale sont vides. Pas de motocycle dans les aires des parkings. Quelques responsables administratifs et d’élèves curieux sont venus constater de visu la grève. Abdelkrim Zacharia est élève en classe de seconde au Félix Eboué, « un adage dit quand les éléphants se battent, les herbes souffrent. On vient à peine de commencer les cours, mais voici la grève qui s’invite. Le gouvernement et les enseignants exagèrent. Y en a mare de ce jeu. Ce qui fait mal, ce sont nous les élèves qui payons les pots cassés. Je déteste vraiment l’école publique. », dit-il.
Selon MA’AZOU Issa, jeune sociologue en chômage et « clandoman » (moto-taxi) devant le LTC, la grève dans les écoles publiques joue automatiquement sur leur activité. « Je demande aux enseignants et au gouvernement de s’entendre vite afin que les enfants reprennent les cours. Hier coronavirus a empêcher les enfants d’étudier. Et l’année a à peine repris, c’est déjà la grève. C’est dommage pour l’école tchadienne avec ce scénario à répétitif », déplore le jeune homme.
En réponse à la question du reporter d’Ialtchad Presse : Quand prendra fin de cette grève ? Mbayana Laoukoura répond d’un air contrarié : « nous avons toujours donné au gouvernement des préavis, mais cette fois-ci, c’est conditionné à un changement au salaire d’octobre. Cela n’a pas été respecté par le gouvernement. La grève s’arrêtera lorsqu’on notre demande sera satisfaite ».
Moyalbaye Nadjasna
La Place de la nation à N’Djamena capitale tchadienne est prise d’assaut par les parents, frères, sœurs et amis des 90 élèves officiers du Groupement des Écoles militaires Inter-armées GEMIA, il s’agit de la 28e promotion. Reportage.
Il est 8heures du matin à la Place de la nation à N’Djamena, le soleil brûlant est affaibli par une nappe de nuages ce vendredi 23 octobre. Les entrées et les sorties principales de l’aire de cérémonie sont bloquées par les véhicules de la police et de l’armée nationale. Sous le grand hangar démontable, différentes personnalités invitées à la cérémonie de la sortie de la 28e promotion des élèves officiers de l’armée tchadienne sont installées. La foule constituée en majorité des parents, frères, sœurs et amis des lauréats est montrée présente. On entend des youyous intermittents des femmes, des cris et des applaudissements. La fanfare militaire très bien drapée dans son uniforme rouge et noir tient comme d’habitude la foule en haleine. Chacun s’impatiente de voir la cérémonie prendre fin pour serrer les mains et donner des accolades aux lauréats.
Au cours des défilés, sous la mélodie et rythme de la fanfare, des pas et gestes des différentes troupes ont captivé la foule. Des applaudissements et des cris de joie youyous donnent de la saveur à l’évènement.
Les émotions s’expriment
A midi moins, la cérémonie se termine. Les parents, frères, sœurs et les amis s’empressent pour faire des photos de familles avec les lauréats. Lauréats, parents, amis s’entrelacent emportés par l’émotion. Corona virus et la distanciation sociale sont relégués au second plan pour refaire surface plus tard.
Une sœur d’un lauréat se dit émue de voir son frère finir dans de bonnes conditions et honoré publiquement. Une autre dit, « je suis très contente de voir mon cousin très beau dans sa tenue, ma prière est qu’Allah le guide dans sa carrière militaire. Je sais que ce n’est pas facile, mais Allah peut tout. »
Sur les 90 élèves officiers promus, il y a 85 Tchadiens, dont 3 femmes et 5 Nigériens. Le major de la promotion est un Nigérien. Les élèves nigériens ont remporté d’ailleurs les cinq premières places. Sur les dix élèves majors, les Tchadiens se sont contentés de la 6e aux 10es places. Ces élèves sont admis à l’école des officiers par voie de concours avec la licence. Cette formation s’est faite sur 2 ans et en deux étapes. Une phase au Tchad et une autre au Gabon.
Moyalbaye Nadjasna
La révision du fichier électoral a pris fin le 20 octobre. L’heure est au bilan. La question de la prorogation du délai fait débat. Reportage.
La révision du fichier électoral, lancée le 1er octobre par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), a été bouclée le 20. Cette première phase du processus électoral visait à enrôler les jeunes en âge de voter, ceux n’ayant pas pu se faire enrôler en 2015 et ceux qui ont changé de circonscription électorale. Dès la fin de cette opération, des partis politiques se relayent pour faire leurs observations. Déroulement de l’opération, la maintenance des kits d’enrôlement, le niveau des agents recenseurs sont passés au crible par les différents partis.
Dans le camp du Mouvement patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, le bilan de l’opération est, disent les ténors, satisfaisant. C’est ce qu’a fait savoir Me Jean-Bernard Padaré, porte-parole du MPS, « nous avons atteint notre objectif. Nos chiffres indiquent qu’il y a environ de 1 300 000 personnes recensées. Ce qui est largement positif », dit-il. Pour M. Padaré, c’est grâce à la campagne de sensibilisation effectuée par les membres du Bureau Politique National (BPN) du MPS dans les différentes provinces du pays. Toujours selon lui, les estimations de la CENI avoisinent 2 millions de personnes recensées.
Pour Me Bebzouné Bongoro Théopile, président du Parti pour le Rassemblement et l’Equité au Tchad (PRET) et porte-parole de la Coalition des Partis insoumis (CPI), coalition modérée cette révision du fichier électoral est biaisée et bâclée. « L’opération a été faite dans la précipitation et l’exclusion. Et c’est à dessein », dit-il. Pour lui, tout est orchestré par le parti au pouvoir. Il est souhaitable d’associer tous les acteurs de la scène politique tchadienne pour qu’il y ait un seul message à délivrer aux futurs électeurs. Mais, dit-il, « le MPS a confondu sensibilisation au recensement à la précampagne. » Au lieu de la révision du fichier électoral, Me Bongoro préférait plutôt un recensement général de la population. Idée soutenue par François Djekombé, président du parti Union sacrée pour la République (USPR).
Toujours selon l’opposition, des irrégularités dans le processus ont été relevées. La mobilité et le niveau des agents recenseurs, les problèmes techniques du kit d’enrôlement, la période choisie de l’opération ont porté préjudice au fichier. « La période (octobre) est mal choisie. La population est rurale. On devrait tenir compte du calendrier agraire », reproche le président du PRET.
Me Jean-Bernard Padaré rejette les arguments de l’opposition, « faux, le choix de la période était opéré par la CENI qui est composée à parts égales de la majorité et de l’opposition. » Toutefois, le porte-parole du MPS reconnaît que certaines zones du pays sont en ce moment inaccessibles par voie terrestre et qu’également la période retenue correspond à la saison des récoltes. « Malgré cela nous estimons que c’est un succès », soutient-il.
Un plaidoyer pour la prorogation du délai
L’Opposition est vent debout. Elle réclame la prorogation du délai de l’enrôlement. Pour l’Opposition, le choix de la période de l’opération et l’inaccessibilité de certaines zones dues aux aléas climatiques suffisent. Le PRET de Me Bongoro Théophile propose un décalage au mois de janvier 2021 pour la suite des opérations d’enrôlement. « Entre-temps les agents traitent les informations déjà reçues et les complètent avec la suite. C’est cela l’idéal et ça nous sortira d’affaire », dit Me Bongoro. Selon lui, les chiffres sont sacrés et doivent être pris en compte pour l’expression du suffrage universel. « Vaut mieux faire les choses bien que de les bâcler et avancer des chiffres fantaisistes », conseille-t-il.
Entre temps, le MPS estime que la question de prorogation n’a pas raison d’être. Selon Me Jean-Bernard Padaré, c’est le délai légal prescrit par le code électoral. « Si on proroge, de facto ça va jouer sur le chronogramme de la CENI », fait-il savoir. Le porte-parole du MPS explique qu’après la révision viendra le délai pour la publication des listes électorales, de la contestation et de la saisine des juridictions compétentes. « Donc c’est quasiment impossible », conclut-il. « Non c’est possible », rétorque Me Bongoro qui propose la formation d’un gouvernement d’union nationale ou de transition si le calendrier électoral glisse.
A la Céni, il n’y a rien d’officiel. Des sources disent qu’il n’est pas du ressort de la Céni de décider de la prorogation du délai. La tâche revient au Cadre national de dialogue politique (CNDP).
Chistian Allahdjim
Des élèves, des enseignants et des dirigeants des écoles privées comme publiques de N’Djamena, capitale tchadienne, font face à des grands problèmes de sécurité routière. Traverser la rue est véritable chemin de croix surtout pour les élèves qui met leurs vies en danger. Reportage.
Le constat est amer. Un tour durant les heures de pointe, en entrées et sorties des classes, devant certains établissements publics et privés comme le lycée Félix Eboué face à l’Avenue Mobutu et le Lycée Fort Lamy (LFL) sur la Rue de 40 m est un vrai chemin de croix. Au Lycée Fort Lamy où nous nous sommes rendus, les élèves ont toutes les peines du monde pour atteindre leurs salles de classe. Même scénario à midi lors des sorties des classes finissent.
« La problématique de la sécurité de nos élèves est délicate », a reconnu le proviseur du LFL, Ibrahim Mahamat Iguemir. Les responsables de l’établissement s’organisent chaque jour pour assurer la sécurité de leurs élèves. « Nous mettons chaque jour 2 surveillants avec des panneaux de signalisation-stop pour contraindre les usagers à s’arrêter et laisser traverser les enfants », dit le proviseur. Il reconnaît que la tâche est difficile à accomplir, « certains usagers tentent toujours de nous rendre la vie compliquée. De tels comportements ont causé un accident à fracture ouverte à un de nos élèves en novembre 2019.»
L’établissement appelle à l’aide souvent la Police. Un des parents d’élèves sous couvert de l’anonymat dit « La seule solution est de demander à la Mairie centrale de construire une passerelle à l’exemple de celle construite entre le lycée Félix Eboué et le Lycée technique commerciale. » Pour des raisons de sécurité routière, une passerelle est construite entre ces 2 lycées. Malheureusement cette passerelle n’est pas utilisée par les élèves qui préfèrent traverser la voie. Ce qui cause assez souvent des embouteillages. Manque de sensibilisation ? On ne saurait le dire. Mais selon les des élèves, emprunter la passerelle est fatigant.
La solution dos d’âne, mais…
Contrairement au LFL, l’École catholique Associe Notre Dame de la Paix communément appelée école Béguinage a réussi à se faire construire un dos d’âne pour la sécurité de ses élèves. C’est une école de niveau primaire. Elle compte environ 1 036 élèves. Et existe depuis plus de 60 ans. Selon la directrice Sœur Claude Marcelle BSAIBE, c’est grâce au Président de la République Idriss Deby ITNO que leur école a eu ce dos d’âne. Elle en est reconnaissante. « Seulement, la peinture du dos d’âne est effacée et on ne peut pas le voir de plus loin ce qui n’est pas trop sécurisant pour nos enfants. » Selon elle, plusieurs fois son établissement a formulé des demandes à la mairie pour remettre la peinture, mais jusque-là rien. Aussi, elle souligne qu’ils ont des panneaux de signalisation pour stopper les voitures et motocyclistes, mais qui ne sont pas bien agencés, « s’ils y a des gens qui peuvent bien les disposer ils sont la bienvenue », dit la soeur. Pour les entrées et les sorties, la responsable de l’école catholique Le Béguinage dit « je me suis rendue à la Police pour demander de mettre au service de l’école au moins 2 policiers pour assurer la sécurité. Il y a beaucoup de choses à faire à savoir, le thermo flash, les masques entre autres, c’est pourquoi la présence des forces de l’ordre va nous aider à avancer ».
Selon la Sœur Claude Marcelle BSAIBE, le problème se pose autour de l’école. « A l’intérieur, les enfants sont en sécurité. On exige que les élèves restent jusqu’à 17h si les parents tardent à venir les récupérer. Quelquefois je les amène dans ma voiture ce qui n’est pas normal, mais on fait avec », conclut-elle.
Dos d’âne ou pas, la sécurité est l’affaire de tous. Il est question de veiller à préserver la vie de tous, car la vie humaine est sacrée. Pour la sœur les automobilistes et motocyclistes doivent faire preuve de civisme. La sécurité de nos enfants en dépend.
Moyalbaye Nadjasna
En dépit de l’inondation de sa cour, le Lycée de Habbena se prépare pour la rentrée scolaire 2020-2021. Reportage.
10 heures 42 minutes. Le ciel dégage un air frais en cette matinée du lundi 12 octobre. Dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena, au quartier Habbena, se dresse le Lycée public d’Habbena. Deux bâtiments d’un niveau chacun. Il y a près de 2 mois, l’accès à la cour de cet établissement était impossible à la suite des inondations. La situation n’est plus la même aujourd’hui. Grâce aux digues faites de remblais, l’accès à l’administration et aux salles de classe est possible. Le Lycée reprend vie.
Élèves et parents se bousculent pour les inscriptions, réinscriptions, retrait de changement d’établissement et autres pièces académiques. Dans la pièce principale, deux surveillants se chargent des dossiers d’inscription et de réinscription. Juste à droite se trouve le bureau du proviseur. Une longue file d’attente se dresse devant sa porte.
Mme Habiba Idriss, proviseure du lycée nous reçoit enfin. Il nous a fallu près de deux heures d’horloge de patience. Dans son grand bureau, quatre chaises sont disposées pour les invités. Sur sa table, des lots de dossiers sont empilés çà et là. Elle est débordée par la charge de travail. Elle se permet de petits moments de pause par des gestes presque mécaniques. Elle ôte ses verres correcteurs, recule sa chaise et laisse tomber son dos, dans un grand souffle, sur le dossier de sa chaise en regardant la montagne de dossier sur son bureau.
Mme la proviseure dirige cet établissement depuis trois ans. Depuis le 1er octobre, les cours ont repris pour boucler l’année académique 2019-2020. Douze jours après, ces cours n’ont toujours pas démarré dans son établissement. Non pas à cause de l’inondation de la cour, mais plutôt à cause du « sabotage » des élèves. « Les enseignants viennent tous les jours. Mais aucun élève ne se présente. C’est un sabotage », dit Mme Habiba Idriss. La cause de ce « sabotage » est, selon elle, la décision du ministère de l’Éducation nationale de faire passer systématiquement les élèves en classe supérieure. « Cette décision leur fait prendre la grosse tête parce qu’ils savent que l’année est bouclée ou pas, ils passent en classe supérieure », lâche-t-elle, l’air dégoûtée. Finalement l’administration se prépare pour la nouvelle année académique prévue le 2 novembre. « Nous sommes prêts pour la reprise des cours. L’eau ne constitue plus un problème pour nous », a rassuré la proviseure.
Bien que les eaux se retirent peu à peu de son établissement. Le hic selon Mme Habiba Idriss, ce que ça fait 23 ans que cela se répète. « C’est un chantier inachevé », dit-elle. Selon elle, le lycée a été réceptionné sans clôture ni nivellement de la cour. Pourtant il est construit sur un bassin de rétention. Ce qui serait la cause de son inondation tous les ans. Toujours selon Mme Habiba, des efforts sont consentis tous les ans pour faire de ce Lycée, un établissement agréable. « Chaque année on déverse du remblai. L’année suivante, c’est comme si rien n’a été fait. Cette cour a englouti des bennes de remblai. Mais on le fait petit à petit aux frais de l’administration », a indiqué Mme Habiba Idriss.
Pour la proviseure, le chantier nécessite de grands moyens. Depuis 23 ans, le gouvernement n’a pas réagi. « Nous en référons à notre hiérarchie chaque année. Cela fait 23 ans qu’on le dit, mais rien n’est fait. Nous espérons toujours qu’un jour le gouvernement trouvera la solution », dit-elle. En attendant, elle appelle des personnes et organisations de bonne volonté à leur venir en aide pour la finition de la clôture et le remblayage de la cour.
Christian Allahdim
La finale du programme « École des Champions » initié par Naïr Abakar s’est jouée le 15 octobre à N’Djamena, capitale tchadienne. Ialtchad Presse vous fait comprendre ce projet en 6 points.
La phase finale de la sélection du programme École des Champions s’est jouée le 15 octobre dernier en présence du ministre des Sports Routouang Mohamed Ndonga Christian, du partenaire Samuel Eto’o, de l’initiateur Naïr Abakar et des 50 jeunes âgés de 10 à 15 ans. Tous présélectionnés dans trois provinces. Ils ont démontré leurs talents dans le cadre de ce programme.
Qu’est-ce que le concept École des Champions ?
L’École des Champions est un programme initié par le conseiller de l’Union africaine à la Jeunesse, Naïr Abakar. Le programme combine études et sport. Il est à sa première édition. Selon Naïr, le programme se focalise sur le sport parce qu’il (football) est un sport rassembleur au-delà de la race, de la culture. Mais, dit-il, d’autres programmes seront initiés dans d’autres domaines pour le développement de l’Afrique.
Quelle périodicité?
L’École des Champions est un programme annuel. La première édition n’a concerné que le Tchad avec pour partenaire Kadji Academy sport de Douala. Toutefois, selon l’initiateur, il va s’étendre aux autres pays africains avec le concours des autres académies.
Quel objectif ?
Le programme École des Champions vise à promouvoir le football africain à la base. Il est question de dénicher des pépites dans des ligues régionales et leur octroyer des bourses pour intégrer une académie de football afin de réaliser leurs rêves. Comme l’a reconnu Samuel Eto’o, lors de la phase de ce programme joué à N’Djamena, en Afrique, le football n’est pas assez promu et soutenu.
Qui est concerné ?
Le programme concerne les jeunes de 10 à 15 ans. Pour Naïr Abakar, c’est la base pour développer un potentiel. Pour cette première édition, 15 jeunes tchadiens sont bénéficiaires de cette bourse pour intégrer Kadji Academy Sport pour deux ans de formation.
Et l’avenir des jeunes ?
D’après l’initiateur, les jeunes retenus dans le cadre de ce programme ont deux ans de formation à Kadji Academy Sport de Douala. A l’issue de ces années de formation, il y aura des évaluations. Et ces jeunes seront prêts. Certains pourront obtenir des contrats et auront la chance de continuer en Europe, croit Naïr. D’autres non. Pour ces derniers, Naïr Abakar souligne qu’ils intégreront directement l’équipe pépinière des Sao, U13 et U15 du Tchad. Pour Samuel Eto’o, ce sera une fierté que l’équipe nationale tchadienne de football soit constituée dans dix ans de ces jeunes.
D’où vient le financement ?
Le programme est financé entièrement par l’Union africaine avec le soutien actif de Kadji Academy sport de Douala en tant que partenaire.
Christian Allahdjim
L'avenue du 11 août est située au quartier Djambal Barh dans le 3e arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djamena. Elle abrite sur ses abords un petit et sympathique marché au citron avec une particularité : pas des vendeurs mais seulement des vendeuses. Le produit vedette est le citron. Immersion sur cette avenue.
Il est 10 h 30 min en ce jeudi 9 octobre. Au contournement du ministère des Affaires étrangères, la petite plaque indique Avenue du 11 août, autrement avenue de l’indépendance en référence à la date de la proclamation de la République du Tchad). Cette avenue qui longe le mur du côté sud de l’hôpital de la Mère et de l’Enfant et les logements de la Mairie est connue des habitués pour son commerce de citron au bord de la route. C’est ce que lui a valu le surnom de la « rue du citron ». On ne peut parler de cette avenue sans se référer au petit marché au citron qui s’est implanté là, il y a 4 ans.
Sur cette avenue, dames de tous les âges et jeunes filles vendent de citron, gingembre, citronnelle, tamarin, pamplemousses, mandarines, etc. Les clients en voiture, à moto ou encore des piétons viennent acheter, discutent les prix dans un langage très fleuri.
Mme Martine est vendeuse. Devant sa table, elle guette patiemment les clients. Veuve et mère de 5 enfants, elle exerce ce métier depuis plus de 5 ans. Sur ce lieu, elle est à sa troisième année. Elle a choisi de s’installer sur cette avenue pour selon elle, sa proximité aux hôpitaux de la Mère et de l’Enfant et la Référence nationale. « Mais également pour sa fréquentation remarquée aux heures de pointe », dit Mme Martine.
Plusieurs vendeuses affirment que l’emplacement du petit marché au citron est stratégique. En fait, beaucoup d’usagers et de fonctionnaires évitent d’emprunter le tronçon de l’Avenue Charles de Gaule qui passe devant la Présidence de la République. Ils préfèrent prendre cette avenue. Et ils en profitent pour s’approvisionner. Pour eux, le petit marché au citron est accessible sans encombrement.
Fanta Oumar fait partie de ces femmes qui se débrouillent pour être indépendantes et subvenir à leurs besoins. Elle est étudiante en 2e année en Économie à l'université Emi Koussi. Elle se lève chaque jour de bonne heure pour s’approvisionner au marché de Dembé, plus au sud de la capitale tchadienne, N’Djamena, avant de revenir s’installer sur cette avenue. « Pour moi ce commerce est le seul moyen pour moi de préparer la rentrée. Je le pratique occasionnellement. Par exemple, je le fais à chaque congé ou pendant les grandes vacances », dit-elle. Le fameux marché de Dembé est le lieu du premier rendez-vous de toutes les braves dames de la capitale. Elles sont les « lève-tôt » et les « couche-tard » de la ville. Au petit matin, les silhouettes de ces vendeuses arpentent rues et ruelles des environs pour s’approvisionner en produits frais. Chacune selon ses capacités financières. Certaines par sac, d’autres par « coro ».
Ensuite elles prennent d’assaut les minibus pour rejoindre le petit marché au citron. Sur place, elles le tri des citrons. Les premières qualités (en bon état) sont vendues en l’espèce en détail. Les deuxièmes qualités (amochés) sont vendues aux propriétaires de stand ou espace qui fabriquent du jus. Un « coro » (tasse) de citrons amochés se vend à 1 000 F CFA. Un litre et demi de jus frais de citron est vendu à 1 500 F CFA. « C’est avec le revenu de ce commerce que je m'occupe de mes enfants et de moi-même. Dieu merci, je ne me plains de rien », explique Mme Martine.
Les vendeuses ont le vent en poupe grâce à la pandémie du COVID-19 au Tchad. Les affaires sont bonnes. « Depuis que le coronavirus est arrivé, le commerce marche bien. Je finis parfois mes marchandises avant de rentrer et les bénéfices sont satisfaisants », affirme Marguerite, vendeuse et voisine d’étal de Mme Martine.
L’Avenue du 11 août ou Avenue du citron ? C’est à chacun son avenue. Chose certaine, l’Avenue du 11 août est devenue l’endroit par excellence pour acheter son citron à N’Djamena. Pour commercer avec des dames fortes !
Christian Allahdjim
Les enseignants du Tchad ont célébré ce 5 octobre la journée mondiale des enseignants. À N’Djamena, capitale du Tchad, les festivités se sont déroulées au Centre Almouna. Ialtchad Presse était présent. Reportage.
« L’enseignant a tout donné, jusqu’au fond de son savoir, l’enseignant a donné. Si aujourd’hui tu es président, c’est le fruit de l’enseignant ». C’est par cet hymne dédié à l’enseignant que les festivités commémoratives de la journée mondiale des enseignants, édition 2020, ont démarré au centre Al Mouna de N’Djamena ce lundi 5 octobre.
À 7 heures du matin, le Centre est pris d’assaut par les enseignants. L’auditorium d’une capacité de 700 personnes était plein à craquer. À 9 heures, les protocoles indiquent qu’il n’y a plus de places disponibles. Les retardataires sont orientés vers l’École du Centre où la cérémonie de réjouissance aura lieu. 9heures 30mn, la cérémonie démarre en trombe.
Le président du Comité d’organisation est le premier à prendre la parole. Il rend un vibrant hommage aux enseignants-retraités avant de souligner que l’édition 2020 est placée sous le thème : « les enseignants : mener en temps de crise, repenser l’avenir ».
Il lance le débat sur les aptitudes et les compétences des enseignants à adopter afin de répondre au nouveau défi du Covid-19. Pour le secrétaire provincial du Syndicat des enseignants du Tchad, Mbayana Laoukoura, la journée mondiale des enseignants est le lieu indiqué de saluer l’engagement des enseignants qui se sacrifient pour la réussite de l’éducation de tous les enfants tchadiens. Malheureusement, fait-il remarquer, l’enseignant tchadien travaille dans des conditions défavorables caractérisées par la précarisation. En référence, il cite les mesures drastiques prises par le gouvernement en 2016 pour juguler la crise financière et le risque de contracter la maladie à coronavirus avec la reprise des cours. « La pléthore des élèves expose probablement l’enseignant aux mêmes risques que le corps médical », a-t-il relevé.
Aussi, M. Laoukoura s’est prononcé sur la qualité de l’enseignant. Il précise qu’elle est un critère à ne pas négliger. « La problématique de la qualité de l’enseignement dépend de la qualité de l’enseignant », dit-il. C’est pourquoi il invite la commission chargée de recruter les 20 000 diplômés à la Fonction de prendre en compte cet aspect. « Il faut recruter des enseignants de qualité sans discrimination, loin du clientélisme, du népotisme et de la géopolitique (salve d’applaudissements de l’assistance) », dit-il, sur un ton ferme.
Ensuite c’était au Secrétaire Général du SET M. Ngartoidé Blaise de s’adresser à l’assistance. Il a axé son discours sur les négociations en vue de l’application intégrale de l’accord du 9 janvier dernier. Il affirme qu’elles sont sur les bons rails. « La levée du gel des effets financiers des avancements et reclassements est prévue pour le mois d’octobre (acclamation de la salle). Le paiement des frais de transport est pour le mois de décembre (brouhaha). » Il souligne que 90% des revendications des enseignants sont satisfaites. Et le maître de cérémonie d’ironiser « l’enseignant a tout donné, mais il a aussi tout gagné. Nous aurons notre 13e mois avec la mention honorable (hilarité dans la salle). »
Le gouvernement de son côté dit avoir fait des progrès. Et soutient que les principes syndicaux n’autorisent pas à enclencher des actions au risque de mécontenter le partenaire. Le secrétaire provincial du SET de N’Djamena prévient, « le débrayage sera automatique si au mois d’octobre les salaires sont payés sans aucune augmentation (applaudissements). »
La célébration a pris fin dans une ambiance bon enfant au centre Al Mouna autour de 12 heures. Toute l’assistance se dirige vers l’École du Centre. « La fête se passe là-bas », lance au micro le maitre de cérémonie. Au rythme de la musique, des rafraîchissements ont été offerts, des pas de danse ont été esquissés le tout accompagné des fortes déclarations des différentes positons des syndicalistes. « Rendez-vous, l’année prochaine », disent les enseignants.
Christian Allahdjim