Décidé en 2009, le projet de construction de la Maison des médias du Tchad peine à se réaliser. Une initiative de la Présidence de la République décide de louer un siège temporaire, mais problèmes, il y a aujourd’hui cumul d’arriérés de loyer. Le propriétaire menace d’expulser les locataires. Reportage.
C’est dans une position inconfortable que sont les dirigeants de la maison des médias du Tchad. Ils croulent sous la pression des arriérés de loyers et d’expulsion manu militari.
Tout commence depuis les états généraux de la communication de 2009. Au sortir de cette grande messe des médias tchadiens, des résolutions ont été précises. Parmi laquelle celle de construire une maison de presse. « En 2009, les états généraux ont recommandé à l’État de construire une maison de Presse », dit François Dingames, ancien directeur de la Maison des médias du Tchad (MMT), proche du dossier.
Mais à cette époque, l’État n’avait pas construit cet édifice. Il ne pouvait pas. Seul alternatif : louer une maison pouvant servir temporairement de siège aux médias. « Depuis lors, c’est le président qui paie le loyer régulièrement. Chaque fois, on lui envoie une note de rappel et il paie », explique l’ancien directeur de la MMT.
Mais cette année (2009), des inquiétudes ont été émises çà et là. En effet, selon, Abderamane Barka, président du conseil d’administration de la MMT, lors de l’ouverture de la formation des filles et jeunes femmes journalistes, « un notaire a menacé d’expulsion les occupants ». La raison ?
Arriérés accumulés
« Cette année, nous avons envoyé la note, mais cela a coïncidé avec le Covid-19. Depuis lors, on a envoyé des lettres de relance, mais c’est resté sans suite. Normalement, chaque année, nous payons. Mais cette année, c’est l’absence de la subvention qui a fait défaut », dit François Dingames.
Le propriétaire est décédé. Et ses biens sont gérés par un notaire. Le notaire, après deux notes d’avertissement et un coup de fil, a opté en dernier recours à l’expulsion. « Ils nous a dit de nous acquitter des arriérés parce que les enfants du propriétaire ont des besoins financiers », affirme M. Dingames.
1 million de francs CFA par mois
C’est 1 million par mois qui est tiré du guichet unique afin de payer le loyer. Depuis le mois de janvier, aucune somme n’a été versée. Ce qui constitue un cumul d’arriéré de presque onze mois. Soit 11 millions.
En une année, 12 millions sont payés rien que pour le local. Fort de ce constat, l’on se demande où en est la construction du siège ?
Et le projet ?
Les résolutions des états généraux de 2009 ne sont pas jetées aux oubliettes. La preuve : 20% du fond pour la construction a été versé cette année au trésor public. Mais malgré cela, d’autres obstacles se dressent.
« Ce qui nous manque maintenant, c’est le ministère de l’aménagement du territoire et de l’habitat. Ils nous ont donné une lettre d’attribution de terrain. Mais il manque une lettre qui précisera les dimensions. C’est au vu de cette lettre que les appels peuvent être lancés et démarrer la construction », dit l’ex-directeur.
Mbaidangrao Djekornondé Adelph
L’Union nationale des Étudiant du Tchad (UNET), section de N’Djamena exige le départ du Directeur général du centre national des œuvres universitaires (CNOU). C’était au cours d’un point de presse fait samedi, 07 novembre.
Ce matin, on peut lire sur la pancarte de l’Union Nationale des Étudiants du Tchad (UNET) section de N’Djamena, « Dégage DG de CNOU ». Le Secrétaire Exécutif Adjoint de Azibert MALLOUA au cours d’une déclaration demande la démission de M. Hissein Mamai Khamis qui dirige le Centre National des œuvres universitaire (CNOU). Selon lui, le Directeur manipule un groupuscule d’étudiants pour mettre le bâton dans les roues de l’UNET. Aujourd’hui, s’inquiète l’UNET, les étudiants ne parlent pas le même langage.
Pour certains étudiants, les responsables du CNOU sont depuis un temps dans des promesses sans lendemain. « Ils nous endorment avec des promesses fallacieuses et se sucrent les doigts », disent les étudiants mécontents. Ils demandent le retrait immédiat des nouveaux bus. « Nous ne voulons pas de ces bus, les responsables de CNOU, nous ont affirmé que les bus commandés sont au Cameroun, mais pourquoi ils louent les bus de transport interurbain alors », affirment-ils.
D’autres étudiants se disent satisfaits de l’arrivée de ces bus, même s’ils sont amortis comme le pensent certains. « Pour nous, c’est un moyen de déplacement qui va soulager un tant soit peu notre souffrance quotidienne », ont-ils confié.
Rappelons que depuis 2012 avec la création de la cité universitaire de Toukra, l’État tchadien a mis à la disposition des étudiants des bus de transport. La crise financière de 2016, n’a pas épargné la cause des étudiants. La bourse d’études a été supprimée par le gouvernement pour investir cette somme dans les œuvres universitaires. Mais disent les étudiants, le gouvernement n’a pas tenu sa promesse. La bourse est coupée et rien n’a été investi dans les œuvres universitaires.
Djilel-Tong Djimrangué
Les sinistrés de crue du fleuve Chari vivent dans la précarité sur le site d’accueil des victimes de Walia. Comme un malheur n’arrive jamais seul, même le site est menacé d’inondation. Reportage.
Walia, 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Un air tempéré accompagné d’une brume de poussière souffle en cette matinée du 6 novembre sur cette commune située au sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. À l’intersection de la route nationale et de celle menant à la frontière camerounaise, deux véhicules de la Police sont stationnés. Le long de la voie nationale, vendeurs à la sauvette de pains, de carburant, de cigarettes, voyageurs, citoyens lambda faufilent entre véhicules et motocycles. Un peu devant, le lycée de Walia, vide, se dresse. Plus loin dans la même direction, le site d’accueil des sinistrés du débordement du fleuve Chari apparaît avec des tentes bleues et des abris de fortune. Deux types de sinistrés nous accueillent. Les anciens sinistrés installés sous des tentes construites par le HCR et les nouveaux sinistrés qui dorment sous les abris de fortune et à la belle étoile.
Assis devant sa tente construite aux normes requises, Nondjé Rachel converse avec ses voisines. Elle s’est installée sur le site il y a un mois avec son mari et leurs 11 enfants. Elle se réjouit d’avoir trouvé un toit (même si c’est une tente) où loger avec sa famille. Le même sentiment est partagé par les 100 familles logées sous ses tentes bien disposées et aménagées. Elles offrent un minimum de confort et de protection.
Sur le même site sont installées des victimes de crue du fleuve Chari. Leur camp est un véritable désordre d’abris de fortune. Faute de prise en charge adéquate, les victimes vivent dans une précarité indescriptible. Certaines dorment sous des tentes de fortune faites des rideaux, des pagnes, des draps, des nattes, etc. D’autres encore à la belle étoile sous les moustiquaires. Femmes et hommes ne sont désemparés. « La situation est alarmante. Regardez, nous sommes entassés comme des animaux », dit M. Yalengar Fulbert, enseignant retraité et victime de la crue du fleuve Chari.
Protection et alimentation
Si les victimes des inondations vivant sur le même site n’ont pas les mêmes logements, elles partagent par contre les mêmes conditions de vie. Pas de protection de police ou de l’armée ni d’alimentation sur ce site. Et les victimes sont en colère. « Nous sommes ici depuis cinq jours. La Mairie devrait s’occuper de nous, mais elle en est incapable », dit M. Djimasdé Djimadoum qui ne dissimule mal sa colère.
C’est la question de l’alimentation qui préoccupe le plus les sinistrés. Anciens et nouveaux disent avoir reçu de l’aide alimentaire qu’une seule fois. « Depuis le 6 octobre jour de notre installation ici, nous avons reçu des vivres une seule fois », insiste Mme Nondjé Rachel. Le kit était composé d’un sac de maïs de 50Kg, 25Kg d’haricot, 10 litres d’huile, 20 sachets de pâte alimentaire de l’Office national de la Sécurité alimentaire (ONASA). La distribution de ce kit a été source de fortes tensions. Certains sinistrés crient au détournement. D’autres accusent les responsables de la mairie du 9e arrondissement de verser dans le clientélisme et le népotisme. « Il y a des tickets qu’on partage, mais je ne sais pas comment ils procèdent. De plus, il y a des faux sinistrés couverts par des parents à la Mairie », affirme Djimasdé Djimadoum. « Ce qui m’énerve c’est quand ils commencent le partage, certains ajoutent des noms fictifs pour avoir plus que les autres », soutient un jeune sinistré. Heureux hasard. Le ministère de la Santé et de la Solidarité nationale à travers l’Office national de la Sécurité alimentaire (ONASA) est venu distribuer une deuxième vague de vivres ce 6 novembre. Comme d’habitude sous une forte tension. « Lors de la distribution des vivres, un véhicule de la Mairie plus un camion d’un particulier sont venus prendre une grosse part. Destination inconnue », dit Chem.
La protection n’est pas passée sous silence. En fait, l’harmatan se fait déjà sentir à N’Djamena. Et les sinistrés estiment qu’ils ne sont pas à l’abri faute de moyen de protection. Ils réclament des couvertures et des moustiquaires. « Nous sommes dans la période du froid. En plus il y a les moustiques. Il nous faut de quoi nous couvrir », dit M. Djimasdé Djimadoum. Des victimes mal équipées, mal-logées, mal nourries, le paludisme a commencé à sévir. Haoua Choum, une mère, est terrassée par le paludisme lors de notre visite. Elle déplore le manque d’une unité de prise en charge médicale sur le site. En plus, les sinistrés demandent la distribution des cache-nez pour éviter la propagation du Covid-19 sur leur site. « En résumé, nous avons besoin des couvertures, des moustiquaires, des couchages et des vivres. Que les autorités y pensent. Ce sont nos besoins les plus urgents », dit M. Djimasdé Djimadoum.
Une nouvelle menace
Le site d’accueil des sinistrés du 9e arrondissement est menacé par les eaux de la crue. Cela inquiète sérieusement les habitants des lieux. Si le site est inondé, les habitants seront doublement sinistrés. Déjà qu’ils ont abandonné leurs habitations pour trouver refuge là. Mais la Mairie du 9e arrondissement s’active déjà à faire barrage à cette situation. Des bennes de terre sont déposées à différents points comme barrage pour endiguer la menace. « Que Dieu nous épargne de cette deuxième catastrophe », dit M. Yalengar Fulbert. Il interpelle les autorités à venir rapidement recenser les victimes et leur construire en urgence des petites tentes.
Christian Allahdjim
Le Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) de N’Djamena qui avait appelé ses membres, 26 octobre, d’entrée, a ordonné aux enseignants de reprendre les chemins des classes ce vendredi 06. Ce mot d’ordre est lancé par le Secrétaire Général de (SET). Reportage.
Depuis le lundi 26 octobre, les enseignants du public ont déserté les classes suite à la grève lancée par le SET. La cause selon les syndicalistes est le non-respect des promesses gouvernementales. Ce vendredi, au cours d’un point de presse, le SET appelle les enseignants à reprendre les cours.
Pour le secrétaire Général du SET, M. Mbairiss Ngartoide Blaise, « le gel des effets financiers des actes de carrières et les titres de transport de 2016 et 2019 sont tablés par les ministères de tutelle. Dès lors il est normal que les enseignants reprennent les chemins des classes. ».
Cet appel à la reprise des cours est mollement suivi par les enseignants et les élèves. Ce vendredi 6, IalTchad Presse s’est rendu dans quelques Lycées de la capitale, N’Djamena pour vérifier la reprise effective. Quelques élèves présents témoignent.
MENODJI Christine, élève en classe de seconde scientifique au Lycée Felix Éboué, « je suis ici pour reprendre les cours suite au mot d’ordre du syndicat des enseignants Tchad, mais les enseignants ne sont pas tous venus. Certains sont arrivés, mais ils ne veulent pas se présenter dans les classes. Cela m’inquiète puisque mon avenir en dépend ».
Un peu loin dans une salle, deux élèves de Terminal série D s’exercent en espérant que la reprise, si est nonchalante aujourd’hui, sera forte à partir de lundi, « nous sommes prêts pour la reprise. Rester à la maison ne nous avantage pas. L’année passée, les cours ont été perturbés par la pandémie. Pour cette nouvelle année, il faut que le Gouvernement prenne ses responsabilités pour nous puissions étudier dans des bonnes conditions », disent-ils.
Au Lycée technique commercial, le constat n’est pas le même. Un enseignant en introduction au Droit donne cours à deux (2) élèves. « Ces élèves sont nos enfants. Il n’est pas question de les punir. Nous devons retrousser nos manches pour leur éducation qui doit être notre priorité. J’appelle mes collègues enseignants de reprendre les cours rapides ».
Pour le proviseur du Lycée Technique Commercial Monsieur, Abdel Salam Idriss, il faut reprendre les chemins des classes « il est inadmissible de rester à la maison au moment où le SET nous ordonne de reprendre. C’est bien de revendiquer nos droits, mais il faut aussi penser à nos enfants qui vont perdre. Il faut assumer notre devoir d’enseignement », dit-il.
Le mot d’ordre du secrétaire général du SET, n’est pas suivi dans son ensemble, mais tout porte à croire que les cours sont déjà effectives à N’Djamena. Signalons que le SET, provincial, se dit non-concerné par ce mot d’ordre, mais tout sera décidé à la sortie de l’assemblée générale prévue ce 6 novembre 2020.
Djilel-Tong Djimrangué
Entrer dans les mœurs des Tchadiens, l’eau embouteillée appelée communément, l’eau minérale est produite par plusieurs sociétés. Elle se vend dans tous les coins et recoins de la capitale, N’Djamena. Les conditions de production, de conservation et de vente. Reportage.
L’eau potable est vitale à la santé. Elle est une question d’intérêt public et de santé publique. Un adulte en bonne santé consomme au moins 1 litre et demi de liquide par jour. Pour satisfaire ces besoins, la meilleure boisson est l’eau, qu’elle soit du robinet (filtrée ou non) ou en bouteille. Pour une bonne eau, plusieurs critères entrent dans sa production, sa conservation et sa commercialisation. La qualité de l’eau doit répondre à un protocole très sévère. Et à un contrôle qualité stricte. Elle convient normalement à tous et pour tous les usages. Malgré son prix élevé, l’eau en bouteille a ses adeptes.
Il y a une grande diversité des eaux en bouteille. Il y a 3 grandes catégories : les eaux de table, les eaux de source et les eaux minérales naturelles.
L’eau de table n’est rien d’autre que l’eau du robinet (ou de puits, de lacs...), mise en bouteille, après traitement, et parfois, ajout des minéraux.
L’eau de source provient d’une source souterraine. Elles doivent être bonnes à la consommation sans avoir subi d’autres traitements que la séparation des matières en suspension et des composés instables par des procédés physiques.
Paroles d’experts
Pour Akoïna Moursal, chef de service Bactériologie au Laboratoire National des Eaux, « toutes les eaux en bouteille ne sont pas des eaux minérales qui sont naturelles, car celle qui est naturelle est protégée de toute pollution. Et a des caractéristiques qui doivent être stables et de nature à apporter dans certains cas des propriétés favorables à la santé ». Pour ce qui est du contrôle de la qualité de ces eaux, le laboratoire national des eaux reçoit souvent des échantillons de la part des entreprises qui ont signé des conventions avec le laboratoire et procède ensuite aux analyses. En revanche, l’autocontrôle se fait par des entreprises en responsable de la production des eaux. Il arrive souvent et selon les protocoles que les techniciens du laboratoire descendent au terrain pour faire des prélèvements.
Selon M. Moursal, les fréquences de contrôle sont définies par le décret 616 portant procédure de contrôle et suivi de la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Pour les métaux lourds qui sont des éléments stables qui ne changent pas de temps en temps, leur fréquence est de 2 ans, mais pour les éléments majeurs, la fréquence est fixée à chaque production. Pour le cas des entreprises qui n’ont pas signé de convention avec le Laboratoire National des Eaux, c’est seulement sur instruction des chefs hiérarchiques du laboratoire que se font les contrôles de qualité des eaux au sein de ces entreprises. Akoïna Moursal précise que « le laboratoire à un rôle régalien de contrôler toutes les qualités des eaux sur le plan national ».
Consommateurs et vendeurs
Pour Jérémie Sava, un consommateur de ces eaux en bouteille, « leur conservation laisse à désirer ». Ces bouteilles d’eau sont exposées sous le soleil. Il trouve que ces eaux embouteillées sont chères. Saleh Issa, un autre consommateur de l’eau en bouteille est du même avis que Jérémie, « le fait de laisser ses bouteilles d’eau au soleil va certainement détruire certaines composantes de ces eaux », dit-il. Les commerçants de leur côté se disent conscients du risque qu’ils prennent en exposant ces eaux sous le soleil.
Akoïna Moursal estime « qu’il y a des eaux de bonne qualité tout comme des eaux de mauvaise qualité ». Mais, dans la ville de N’Djamena et de manière générale, la qualité physicochimique est bonne sauf quelques critères bactériologiques qui laissent à désirer. Ces eaux ont aussi une date de péremption qui va d’une année à deux ans et peuvent aussi perdre leur qualité suite à une mauvaise condition de conservation. Autrement dit, quand elles sont exposées pendant longtemps au soleil, elles peuvent perdre leur qualité.
Le résultat ou le rapport de tous ces contrôles, le laboratoire les envois prioritairement aux entreprises demandeurs dit le bactériologue. « S’il s’agit d’une campagne de contrôle, nous gardons les résultats à des fins de recherche, nous les publions ou les remettons directement aux autorités compétentes », soutient M. Akoïna Moursal.
Pour les sanctions à l’endroit des entreprises indélicates, Akoïna Moursal souligne « qu’il ne revient pas au Laboratoire Nationale des eaux de prendre des mesures coercitives. Il appartient donc à la Direction de Contrôle d’Hygiène au niveau du ministère de la Santé Publique de prendre des mesures à l’encontre de ces entreprises et ce, après un autre contrôle et qui se solde souvent par la fermeture de ces entreprises ». Le Laboratoire National des Eaux reste et demeure une institution d’appui technique qui aide à la prise de décision.
Akoïna Moursal appelle exhorte le public à consommer de l’eau de bonne qualité. Il demande au public de traiter l’eau en y ajoutant de l’eau de javel ou en la faisant bouillir avant consommation.
Si la production et la conservation respectent les normes, l’eau minérale naturelle est bénéfique pour la santé. Elle est aussi bonne pour la préparation des aliments des nourrissons, pour un régime pauvre en sodium, peut être laxative et diurétique et stimule la digestion. Il appartient aux responsables publiques de multiplier les campagnes de contrôle pour permettre aux citoyens de boire une eau de bonne qualité.
Ousmane Mahamat Alfahal
Le 2e forum national inclusif tenu du 29 octobre au 1er novembre 2020 est terminé. Des débats ont eu lieu. Des résolutions et des recommandations ont été adoptées. Ialtchad Presse a échangé, au lendemain du forum, avec les leaders religieux. Reportage.
Le Tchad a 3 grandes organisations confessionnelles. Pour les musulmans, le Conseil Supérieur des Affaires Islamiques (CSAI) joue le rôle d’autorité morale. Les chrétiens catholiques sont représentés par l’Archidiocèse. Pour les chrétiens protestants, il y a l’Entente des Églises et les Missions Evangéliques du Tchad (EEMET). Ces organisations jouent auprès du gouvernement le rôle de consolidateurs de la paix et de la cohésion sociale. Ils y ont activement participé aux travaux du forum.
Serment confessionnel
Selon le Coordonnateur de département Éthique et Justice de l’EEMET, Pasteur Dogos Victor, il faut remercier les hautes autorités pour avoir pensé à organiser ce 2e forum national inclusif. Pour lui, ce forum est l’exaucement de leurs prières adressées à Dieu. Pour le pasteur, jurer sur la Bible est contraire à la recommandation biblique. « En tant que chrétiens, nous avons notre ligne de conduite. Ce serment confessionnel, instauré précisément le 20 avril 2018, est contraire à notre doctrine religieuse. », dit le pasteur.
Il affirme qu’à l’époque, le secrétaire général de l’EEMET en accord avec le président de l’Alliance des églises pentecôtistes ont écrit au bureau du président de parlement pour demander le retrait du ce serment. « Il porte atteinte à notre foi parce que c’est dit très clairement dans la Bible (Matthieu 5/37) de ne pas jurer par le ciel parce que c’est le trône de Dieu ni par la terre ni par aucune autre représentation. Que votre oui soit oui et votre non soit non de façon claire. Cette lettre était restée sans suite », dit le Pasteur Dogos Victor.
Pour marquer le désaccord, le Secrétaire Général de l’EEMET Rev. Pasteur, Batein Kaligue, a écrit une lettre pastorale à toutes les églises pour dire que le serment ne rime pas avec les recommandations bibliques. Et que les chrétiens doivent accepter toutes les responsabilités, mais de refuser de prêter serment tout en refusant de démissionner. A l’époque estime-t-il, l’EEMET les leaders protestants ont demander une rencontre avec le Président de la République afin d’évoquer le sujet. Cela n’a pas été possible. « Aujourd’hui, la suppression du serment confessionnel est la réponse de Dieu à nos prières. Nous sommes joyeux et reconnaissants à Dieu », s’est-il réjoui. Pour l’EEMET, c’est peut-être par ignorance que le 1er forum a instauré le serment confessionnel, mais le débat est désormais clos.
Selon Abdadayim Abdoulaye Ousman, Secrétaire Général du CSAI, le serment confessionnel n’est pas venu des religieux. C’est retiré et c’est une bonne chose. Mais ce qu’on veut des autorités déclare le SG, c’est d’avoir la foi et de changer le comportement. « Dieu nous observe et nous surveille, si nous ne le voyons pas Lui nous voit. Il faut vivre dans la crainte d’Allah, si Allah est dans notre cœur nous ne devons pas faire de bêtises », dit le SG. Pour lui, le forum a débattu de plusieurs thèmes : le régime politique, le réaménagement des grandes institutions, le régime parlementaire, et les reformes en vue de la conciliation, de la paix etc. Ce qui l’a marqué ce sont les participants. Ils ont, dit-il, débattu en toute fraternité. En 1993, rappelle-t-il, lors de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), les Tchadiens de l’extérieur et de l’intérieur ont tenu des débats très chauds en s’accusant de tous les noms d’oiseau, parce qu’il y a un changement de régime. « Plus de 300 personnes, la moitié des participants a pris la parole, ce forum est à 80% une réussite. Ce qui m’a marqué c’est l’entente entre l’opposition et la majorité présidentielle. Je dis, les Tchadiens ont grandi et sont capables de conduire leur pays sans ingérence de quelque, manière que ça soit. », dit-il.
La paix
Le SG estime pour sa part que la politique de notre pays concerne tout le monde y compris les religieux. « Certains estiment que nous ne devrons pas nous impliquer. Il faut que cela soit clair. Lorsque nous participons à des forums, conférences, nous ne nous impliquons pas dans la politique. Nous sommes des hommes de foi. Nous participons à la consolidation de la paix et la cohésion sociale », dit-il.
Pour le CSAI, les religieux sont dans leur rôle. Ils ont été par exemple plusieurs fois des médiateurs entre les syndicats et le gouvernement. Toujours selon le SG, les religieux sont de nos jours des intellectuels il ne faut pas qu’on les prenne pour des analphabètes. Nous sommes exemplaires, affirme le SG du CSAI. « Sans la paix, il n’y a pas la vie, le développement et la liberté d’aller et venir. Nous sommes contre toute personne qui voudra détruire l’unité du Tchad. On va le combattre parce qu’il veut détruire nos vies », a signifié Abdadayim Abdoulaye Ousman. »
À propos du code de la famille il affirme que le CSAI se réserve sur 93 points, « les Tchadiens n’ont pas suffisamment lu ce Code. On ne peut pas coudre un boubou de 1.50 m à quelqu’un qui a 1. 20 m. Le code ne s’impose pas, on ne le rejette pas non plus, mais il faut que ce Code soit consensuel », conclut-il
Ialtchad Presse n’a pas pu recueillir les impressions du leader religieux catholique pour des raisons d’agenda.
Moyalbaye Nadjasna
Dès qu’on met les pieds dans les grands marchés de N’Djamena, capitale tchadienne, on est rapidement entouré par une ribambelle d’enfants. Tous très jeunes. Ils offrent leurs bras contre quelques pièces de monnaie pour transporter marchandises et provisions. Qui sont ces enfants ? D’où viennent-ils ? Reportage.
Jeudi 23 octobre. Marché central de N’Djamena, le soleil est presque au zénith. Le thermomètre indique 32°. À l’entrée sud du grand marché, vendeurs et clients se bousculent. A droite, des vendeuses de légumes et d’épices installent pêle-mêle leurs marchandises sur des étals ou à même le sol. À gauche, des vendeurs à la criée des habits, des chaussures, de la viande, des biscuits sous l’œil des agents de la Police municipale qui filtrent les entrées et les sorties.
Sur l’allée principale, Mme Solange, ménagère, est prise en chasse par un groupe de jeunes vendeurs de paniers. « Veux-tu un panier ? », disent en chœur ces jeunes. « Oui, j’en veux un. Et je voudrais aussi une personne parmi vous pour m’aider à faire mes courses », dit-elle. Cet échange témoigne de l’activité que mènent en parallèle les enfants mendiants : la vente des paniers et garçons de course.
Appelés communément « mouhadjirines » ou encore les enfants-talibés, ces enfants mendiants ont créé, depuis quelques années, d’autres formes d’activités pour gagner de l’argent. Certains vendent des paniers. D’autres proposent de transporter les paniers remplis de produit. D’autres encore font les deux. Ils sont visibles dans tous les grands marchés de la ville.
« Je fais ce travail par obligation », déclare Souleymane, un enfant talibé. Ce mineur, envoyé par ses parents pour faire des études coraniques, se retrouve en train de mendier, de vendre et transporter des paniers au marché central de N’Djame. Au début, il ne mendiait pas. Mais cette pratique, selon lui, ne lui rapportait pas grand-chose (argent) pour satisfaire son maître. Ce qui lui valait des coups de chicote chaque soir à la rentrée. Pour éviter ces traitements inhumains et dégradants, Souleymane se lance dans d'autres activités : celles de vendre les paniers et d’aider des personnes à faire leurs courses au marché. « J'ai décidé de prendre le chemin du marché où je vends les paniers et je me porte volontiers de les transporter pour les courses des clients », explique-t-il.
Moussa fait partie également de ces enfants. À l'âge de 5 ans, il quitte ses parents qui sont à Moundou pour regagner son maître à N’Djamena. Aujourd’hui âgé d’une dizaine d’années, il est porteur de panier. Il le fait depuis 3 ans. Il ne se plaint pas. Il dit gagner sa vie au quotidien. « Du matin au soir je peux gagner plus de 1 000F, avec l'argent de la vente de mes paniers, je peux avoisiner les 1 500F à 2 000F », se réjouit-il.
Après constatation, ces enfants proposent d’abord leurs paniers aux clients. Une fois acheté, ils se proposent d’aider le client à faire ses courses en portant son panier. Si l’offre est acceptée, celui-ci devient garçon de course. Le contrat est de transporter le panier durant toute la tournée du marché jusqu’à la station des bus ou des motos. Le prix du service est laissé à l’appréciation du client qui donne selon son bon gré. 50F, 100F, 250F. Rarement le montant dépasse 250F. Leur service est très sollicité.
David est un client satisfait. Il apprécie l’initiative de ces enfants. « Je trouve très bien cette initiative. Par exemple, j'ai trois paniers plus d’autres choses à porter. À moi seul, je peux faire 3 à 4 tours pour pouvoir amener à ma voiture, mais grâce à eux, je n'ai pas besoin de me fatiguer», dit-il. Mais pour d’autres personnes, c’est une forme d’exploitation de ces enfants.
Parmi ces enfants qui cherchent à gagner leurs pains quotidiens, il y a des brebis galeuses. Celles-ci disparaissent avec les paniers garnis de leurs clients. Mme Solange en a été victime. Un jour, elle a assisté au vol d'une femme au grand marché par ces enfants. Depuis ce jour, elle est vigilante. « Le jour où j'ai assisté à ce vol, quand je remets mon panier, je prends le soin qu'il soit devant moi afin de le surveiller », dit-elle.
Un commerçant du marché, qui requiert l’anonymat, « il y a une excuse des autorités qui font croire que la majorité de ces enfants sont venus des pays voisins, tels que le Niger, le Nigéria ou encore le Cameroun. Cela n’est pas aussi vrai. La plupart sont tchadiens. Ils sont confiés par les parents à des maîtres pour apprendre le Coran (le livre saint). Beaucoup d'entre eux sont des orphelins. Les maîtres leur mènent la vie dure, ils se réfugient au marché et empruntent d'autres chemins. Voilà la vérité », dit-il en colère.
Christian Allahdjim
Au quartier Abena dans le 7e arrondissement de la ville de Ndjamena, capitale tchadienne, le marché de poisson fumé appelé communément « Tarodona » « les déguerpis » en arabe tchadien, les prix flambent. Qu’est-ce qui justifie cette flambée des prix ? Ialtchad Presse s’est rendu sur les lieux pour comprendre pourquoi ? Reportage.
L’ambiance de ce mercredi 21 octobre au marché « Taradona » n’est pas celle d’antan. Les allées sont quasiment désertes. Les marchands attendent les clients en tuant le temps dans des longues causeries. Sur leurs visages, il se lit un mélange de tristesse et de lamentation. Selon les vendeurs, les affaires sont aux arrêts. Pour Moussa Abdoulaye, vendeur semi-grossiste, les prix du poisson flambent à cause du problème d’insécurité dans certaines zones de pêche au Lac Tchad. Il rajoute que le sac de poissons vendu à 20 000 FCFA auparavant est actuellement à 45 000 FCFA. « Nos clients n’arrivent pas à nous croire. Ils demandent le pourquoi cette montée des prix. Ils pensent que nous spéculons, mais c’est le prix d’achat du produit qui revient cher. Il nous faut bien faire un bénéfice, c’est ce qui fait tourner nos affaires. Nous ne pouvons pas vendre à perte tout de même. » Un second vendeur et pêcheur soutient « en période de crue, les poissons descendent en profondeur se cacher sous les herbes. Donc en tant que pêcheurs nous comprenons ces étapes, mais c’est toujours difficile du côté des clients. »
Les ménages désemparés
Une dame assise face aux étals d’Oumar Alhaji dit être dans une confusion totale et ne sait quoi faire. Sous le sceau de l’anonymat, elle déclare, « je vous assure, je n’ai que 5 000 F en main et je croyais comme d’habitude prendre le poisson pour 3 000 F, mais le tas que vous voyez devant moi coûte 5 000 f. » Impossible pour cette dame d’acheter. Si elle achète, elle n’aura pas assez d’argent pour se procurer de la farine pour la boule de mes enfants. « Ce que je crains si j’achète les petits poissions mon mari risque de ne pas me croire et me créer de problème. C’est cela ma crainte. Voilà les difficultés pour nous les ménagères Tchadiennes. »
Kostoingué Florent, la cinquantaine révolue, rencontré sur place, est en compagnie de sa femme. Selon lui, il faut se déplacer des fois pour découvrir certaines réalités. « J’accompagne ma femme pour baisser les coûts de transport surtout que nous habitons Toukra. Je me rends compte de ce dont endurent nos épouses sur les marchés. Les hommes être compréhensibles envers leurs femmes. Si nous voulons manger à notre souhait qu’on augmente l’argent de popote », dit M. Kostoingué.
Plus loin dans le marché, une vendeuse pour confirmer la flambée des prix, affirme, « je ne gagne rien, j’achète cher ». Et les clients poursuit-elle, « veulent toujours payer moins chers. ». Une autre vendeuse qui refuse de décliner son identité, déplore l’ambiance déprimante du marché.
Les vendeuses de poissons fumés demandent que l’Etat et toutes les sociétés paient le salaire les quinzaines du mois et la fin du mois pour relancer l’engouement des clients du marché de poissons « Taradona ».
Moyalbaye Nadjasna
A peine la saison de pluie est finie que le fleuve Chari déborde sort de son lit. Les habitants des quartiers Walia et Toukra dans le 9e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne sont victimes du débordement fulgurant des eaux du Chari. Reportage.
Le fleuve Chari a débordé. Il a vomi ses eaux sur certains riverains. Tous les autres sont inquiets. Ce n’est pas tous les carrés des quartiers Walia et Toukra qui sont touchés. Il suffit d’être sur les deux ponts pour voir une étendue d’eau à perte de vue. Ici au quartier Ngomna où nous nous sommes rendus, certaines concessions sont sous les eaux, des maisons se sont écroulées sous la pression du fleuve.
Dans une maison non loin de chez le chef de carré 5, cinq chambres construites en banco se sont écroulées. Les victimes ont récupéré les morceaux de tôles pour se bâtir un abri de fortune. « Les hippopotames et les serpents nous menacent chaque nuit », dit Hervé Baloua. Il ne sait pas où aller. « Je suis chômeur, il y a plusieurs personnes comme moi. Nous ne pouvons pas louer. Nous demandons aux ONGS et les personnes de bonnes volontés de ne pas nous oublier. Dans ce carré, il y a beaucoup de veuves et des orphelins voire des retraités. C’est difficile. », dit-il.
Selon Ngarlem Mougata, chef de carré 5 de Ngomnan malade et couché, sa zone était épargnée même pendant la période de fortes pluies et des inondations de cette année. « C’est un cauchemar. C’est depuis 4 semaines que le fleuve Chari nous inquiète. En saison pluvieuse, nous n’avons pas eu de difficultés. L’eau a coulé directement dans le grand Bouta. Mais avec la montée du Logone et du Chari, l’eau s’est déversée sur nous. Depuis 3 semaines, nos jeunes gens ne dorment pas la nuit », dit le chef sur un ton de dépit.
Ngarlem Mougata affirme que lorsque l’eau se fraie un chemin, les jeunes accourent avec des sacs remplis de terres pour construire des barrages de fortunes. Les résidents demandent assistance aux autorités communales qui les ont aidés avec seulement 80 sacs de sable. « Heureusement une ONG de la place nous a donné 150 sacs, 2 brouettes et 3 pelles. Cela a permis aux jeunes de faire un travail impeccable, mais nous sommes toujours inquiets. Nous redemandons à la mairie centrale sinon aux plus hautes autorités de nous venir en aide, nous sommes dépassés. »
Un site aux sinistrés
Madame la maire 1er Adjoint de la commune du 9e arrondissement affirme que depuis que l’eau a commencé à reprendre son lit, la mairie suit l’évolution de l’eau. « Comme vous le voyez, c’est un phénomène naturel. Le maire est à nos côtés matin et soir. Il est entrain de lutter pour mobiliser le gouverneur et des organismes qui sont ici au Tchad. Les gens sont descendus sur le terrain pour faire le constat, mais le constat est amer. » Pour elle, la commune a mis à la disposition de la population des sacs, des terres, des personnes ressources, etc. « C’est horrible à tel point que nous ne pourrons rien en cette période. Toute dépend de la volonté de Dieu et Il pourvoira. La commune seule ne pourra rien. Nos cris d’alarme ont fait échos partout et nous osons croire que dans les jours à venir, le gouvernement prendra des mesures », poursuit-elle. Pour elle, ils sont auprès de leur population. Au quartier Ngoumnan, explique-t-elle, même le curé à retrousser les manches pour aider la population, il est exemplaire, conclut-elle.
Quelques sinistrés regroupés déjà sur un site non aménagé en face de la commune sont en train d’être enregistrés par les agents communaux. Une opération qui va permettre d’avoir dans les jours à venir le nombre exact des sinistrés.
Moyalbaye Nadjasna
À la veille de la célébration de la Toussaint, une marée humaine envahit les cimetières pour nettoyer les tombes de leurs regrettés parents. Reportage.
Le ciel très bleu au cimetière de Ngonba ce matin du 31 octobre. Situé au sud de la capitale, N’Djamena, dans le 9e arrondissement, le cimetière de Ngonba n’accueille plus des corps. Ces personnes ne sont pas venues à l’enterrement, mais elles nettoient les tombes de leurs regrettés en cette veille de Toussaint. Pelles, râteau, balaie, l’eau, pioche, des cris des youyous, des chants de joie, l’ambiance contraste avec ce lieu où les parents viennent dans le silence se recueillir. Avec vivacité, hommes et femmes travaillent, balaient, astiquent les tombes pour les débarrasser des herbes et autres encombrements. Debeney Germaine, pelle à la main, remet la terre sur la tombe de son père, « ce n’était pas facile pour moi ce matin lorsque j’ai revu la tombe de mon père. Mais la parole de Dieu nous rassure qu’un jour nous verrons nos bien-aimés. Donc avec les conseils de mes grandes sœurs qui sont à mes côtés j’ai vite retrouvé ma sérénité », dit-elle.
Plus loin, Solkam Nodjigoto et sa famille nettoient les tombes de leur père et de leur oncle maternel. Ils ont construit les deux tombes depuis six ans. « Une fois le nettoyage terminé, nous allons prier et rentrer. À la maison, nous allons partager le peu qu’on a et nous allons chanter et encore prier pour leurs âmes afin qu’elles trouvent la miséricorde de Dieu », dit Mme Solkam.
Djikoloum Fulbert, la quarantaine révolue, a accompagné ses voisins. Pour lui lorsqu’on perd un être cher on ne l’oublie pas. « Dieu nous recommande de pleurer avec ceux qui pleurent et de nous réjouir avec ceux qui se réjouissent », alors je suis ici pour compatir.
Juste à côté de M. Fulbert, Quatorze Laporte Boyo semble très occupé. Il est le grand-père de feu Koumassem Ndolengar, administrateur scolaire, décédé depuis 2010. Il travaille avec une énergie débordante à coup de pioche pour retourner la terre argileuse du cimetière de Ngonba. Il arrange la tombe de son petit-fils en compagnie d’un autre de ses petits-fils. Selon lui, cela fait 10 ans qu’il vient remettre la terre sur la tombe de feu Koumassem. « J’ai toujours envisagé construire cette tombe, mais les moyens me font défaut. Franchement, je regrette que ce petit meure à fleur d’âge, mais Dieu est souverain. Notre prière est que Dieu lui accorde sa miséricorde », dit-il.
À propos de la célébration de la Toussaint, ABBE Allangomadji Hony Maximes, responsable de la Paroisse Saint-Paul de Kabalaye affirme qu’il y a une mauvaise compréhension de la Toussaint. Selon lui, lorsqu’on parle de Toussaint, les gens ou certains fidèles pensent directement aux défunts et se rendent dans les cimetières. « La Toussaint ce n’est pas la fête des morts », insiste-t-il.
Selon Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, dans son écrit « la Légende dorée » vers 1260, la fête de la Toussaint a été instituée pour quatre objectifs entre autres : commémorer la consécration d'un temple, suppléer à des omissions, expier les négligences, faciliter l'accomplissement des vœux des fidèles. À l'origine, elle est célébrée en mai. On l'a ensuite déplacée au 1er novembre.
Pour des raisons pratiques, selon Jacques de Voragine, cette fête a lieu le 2 novembre. Cependant, parce que la Toussaint est un jour férié, il est donc plus facile de se rendre au cimetière ce jour-là.
Moyalbaye Nadjasna