Reportage

Reportage (1382)

A peine la saison de pluie est finie que le fleuve Chari déborde sort de son lit. Les habitants des quartiers Walia et Toukra dans le 9e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne sont victimes du débordement fulgurant des eaux du Chari. Reportage.

Le fleuve Chari a débordé. Il a vomi ses eaux sur certains riverains. Tous les autres sont inquiets. Ce n’est pas tous les carrés des quartiers Walia et Toukra qui sont touchés. Il suffit d’être sur les deux ponts pour voir une étendue d’eau à perte de vue.  Ici au quartier Ngomna où nous nous sommes rendus, certaines concessions sont sous les eaux, des maisons se sont écroulées sous la pression du fleuve.

Dans une maison non loin de chez le chef de carré 5, cinq chambres construites en banco se sont écroulées. Les victimes ont récupéré les morceaux de tôles pour se bâtir un abri de fortune. « Les hippopotames et les serpents nous menacent chaque nuit », dit Hervé Baloua. Il ne sait pas où aller. « Je suis chômeur, il y a plusieurs personnes comme moi. Nous ne pouvons pas louer. Nous demandons aux ONGS et les personnes de bonnes volontés de ne pas nous oublier. Dans ce carré, il y a beaucoup de veuves et des orphelins voire des retraités. C’est difficile. », dit-il.

Selon Ngarlem Mougata, chef de carré 5 de Ngomnan malade et couché, sa zone était épargnée même pendant la période de fortes pluies et des inondations de cette année. « C’est un cauchemar. C’est depuis 4 semaines que le fleuve Chari nous inquiète. En saison pluvieuse, nous n’avons pas eu de difficultés. L’eau a coulé directement dans le grand Bouta. Mais avec la montée du Logone et du Chari, l’eau s’est déversée sur nous.  Depuis 3 semaines, nos jeunes gens ne dorment pas la nuit », dit le chef sur un ton de dépit.

Ngarlem Mougata affirme que lorsque l’eau se fraie un chemin, les jeunes accourent avec des sacs remplis de terres pour construire des barrages de fortunes. Les résidents demandent assistance aux autorités communales qui les ont aidés avec seulement 80 sacs de sable. « Heureusement une ONG de la place nous a donné 150 sacs, 2 brouettes et 3 pelles. Cela a permis aux jeunes de faire un travail impeccable, mais nous sommes toujours inquiets. Nous redemandons à la mairie centrale sinon aux plus hautes autorités de nous venir en aide, nous sommes dépassés. »

Un site aux sinistrés

Madame la maire 1er Adjoint de la commune du 9e arrondissement affirme que depuis que l’eau a commencé à reprendre son lit, la mairie suit l’évolution de l’eau. « Comme vous le voyez, c’est un phénomène naturel. Le maire est à nos côtés matin et soir. Il est entrain de lutter pour mobiliser le gouverneur et des organismes qui sont ici au Tchad. Les gens sont descendus sur le terrain pour faire le constat, mais le constat est amer. » Pour elle, la commune a mis à la disposition de la population des sacs, des terres, des personnes ressources, etc. « C’est horrible à tel point que nous ne pourrons rien en cette période. Toute dépend de la volonté de Dieu et Il pourvoira. La commune seule ne pourra rien. Nos cris d’alarme ont fait échos partout et nous osons croire que dans les jours à venir, le gouvernement prendra des mesures », poursuit-elle. Pour elle, ils sont auprès de leur population. Au quartier Ngoumnan, explique-t-elle, même le curé à retrousser les manches pour aider la population, il est exemplaire, conclut-elle.

Quelques sinistrés regroupés déjà sur un site non aménagé en face de la commune sont en train d’être enregistrés par les agents communaux. Une opération qui va permettre d’avoir dans les jours à venir le nombre exact des sinistrés.

Moyalbaye Nadjasna

À la veille de la célébration de la Toussaint, une marée humaine envahit les cimetières pour nettoyer les tombes de leurs regrettés parents. Reportage.

Le ciel très bleu au cimetière de Ngonba ce matin du 31 octobre. Situé au sud de la capitale, N’Djamena, dans le 9e arrondissement, le cimetière de Ngonba n’accueille plus des corps. Ces personnes ne sont pas venues à l’enterrement, mais elles nettoient les tombes de leurs regrettés en cette veille de Toussaint. Pelles, râteau, balaie, l’eau, pioche, des cris des youyous, des chants de joie, l’ambiance contraste avec ce lieu où les parents viennent dans le silence se recueillir. Avec vivacité, hommes et femmes travaillent, balaient, astiquent les tombes pour les débarrasser des herbes et autres encombrements.  Debeney Germaine, pelle à la main, remet la terre sur la tombe de son père, « ce n’était pas facile pour moi ce matin lorsque j’ai revu la tombe de mon père. Mais la parole de Dieu nous rassure qu’un jour nous verrons nos bien-aimés. Donc avec les conseils de mes grandes sœurs qui sont à mes côtés j’ai vite retrouvé ma sérénité », dit-elle.

Plus loin, Solkam Nodjigoto et sa famille nettoient les tombes de leur père et de leur oncle maternel.  Ils ont construit les deux tombes depuis six ans. « Une fois le nettoyage terminé, nous allons prier et rentrer. À la maison, nous allons partager le peu qu’on a et nous allons chanter et encore prier pour leurs âmes afin qu’elles trouvent la miséricorde de Dieu », dit Mme Solkam.

Djikoloum Fulbert, la quarantaine révolue, a accompagné ses voisins. Pour lui lorsqu’on perd un être cher on ne l’oublie pas. « Dieu nous recommande de pleurer avec ceux qui pleurent et de nous réjouir avec ceux qui se réjouissent », alors je suis ici pour compatir.

Juste à côté de M. Fulbert, Quatorze Laporte Boyo semble très occupé. Il est le grand-père de feu Koumassem Ndolengar, administrateur scolaire, décédé depuis 2010. Il travaille avec une énergie débordante à coup de pioche pour retourner la terre argileuse du cimetière de Ngonba. Il arrange la tombe de son petit-fils en compagnie d’un autre de ses petits-fils. Selon lui, cela fait 10 ans qu’il vient remettre la terre sur la tombe de feu Koumassem. « J’ai toujours envisagé construire cette tombe, mais les moyens me font défaut. Franchement, je regrette que ce petit meure à fleur d’âge, mais Dieu est souverain. Notre prière est que Dieu lui accorde sa miséricorde », dit-il.

À propos de la célébration de la Toussaint, ABBE Allangomadji Hony Maximes, responsable de la Paroisse Saint-Paul de Kabalaye affirme qu’il y a une mauvaise compréhension de la Toussaint. Selon lui, lorsqu’on parle de Toussaint, les gens ou certains fidèles pensent directement aux défunts et se rendent dans les cimetières. « La Toussaint ce n’est pas la fête des morts », insiste-t-il. 

Selon Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, dans son écrit « la Légende dorée » vers 1260, la fête de la Toussaint a été instituée pour quatre objectifs entre autres : commémorer la consécration d'un temple, suppléer à des omissions, expier les négligences, faciliter l'accomplissement des vœux des fidèles. À l'origine, elle est célébrée en mai. On l'a ensuite déplacée au 1er novembre.

Pour des raisons pratiques, selon Jacques de Voragine, cette fête a lieu le 2 novembre. Cependant, parce que la Toussaint est un jour férié, il est donc plus facile de se rendre au cimetière ce jour-là.

Moyalbaye Nadjasna

A l’ouverture du deuxième forum national inclusif, Ialtchad Presse a tendu le micro à la population au sujet de ce forum. Vox pop

« Je n’attends pas grand-chose de ce forum. C’est un forum organisé autour d’un cercle. Il n’y a pas eu une sensibilisation au préalable à l’endroit des Tchadiens. De plus, les débats ne sont pas à la hauteur de l’attente des Tchadiens compte tenu de la situation socio-économique que traverse le Tchad. Écoutez les rumeurs nous parle de la modification du drapeau, de notre hymne national, alors je n’attends rien de ce forum ».

« C’est un ami qui m’a informé au sujet de ce forum. Mais de tout ce qu’il m’a dit, rien ne répond aux attentes des Tchadiens. Les problèmes sont là. Pourquoi organiser un forum pour la modification de du drapeau et de l’hymne national ? Je suis totalement contre ce forum. Je n’attends rien du Gouvernement. Et rien des participants ».    

« C’est très important. Ce forum s’ouvre dans un contexte très particulier. La jeunesse tchadienne est délaissée. Il est temps que les hommes politiques laissent de côté leur politique politicienne. Et qu’ils prennent en mains l’avenir de la jeunesse. Le temps n’est plus aux promesses politiques. Moi, en tant qu’étudiant, je demande aux hommes politiques, au sortir de ce forum, qu’une solution puisse être trouvée. Nous les étudiants, nous sommes les cadres de demain mais les conditions dans lesquelles nous étudions n’émeuvent pas les autorités. C’est déplorable ».

« Pour moi, ce forum n’est que poudre aux yeux des Tchadiens. Je dis cela parce que tout est déjà fait d’avance par le pouvoir. Ils veulent juste nous ennuyer. Il y a beaucoup des problèmes qui attendent des solutions. Au lieu de chercher les solutions, ils organisent un soi-disant forum inclusif. De toute façon j’attends de ce forum : la bonne gouvernance, la bonne gestion de l’économie tchadienne la paix entre les Tchadiens ».   

 

 Propos recueillis par
Djilel-Tong Djimrangué         

Les travaux du deuxième forum national inclusif ont été lancés ce jeudi par le président Idriss Déby Itno au Palais du 15 janvier à N’Djamena. Reportage.

Le deuxième forum national inclusif a été ouvert ce jeudi 29 octobre par le président de la République Idriss Déby Itno. La cérémonie s’est déroulée dans la grande salle du Palais du 15 janvier à N’Djamena. Différentes corporations politiques, religieuses, associatives ont répondu présentes à l’invitation du comité d’organisation.

Le président de la République Idriss Déby Itno, vêtu d’une djellaba simple le tout coiffé d’un « taguya » (bonnet), a fait son entrée dans la salle du Palais à 10 heures, accompagné de la Première Dame Hinda Deby Itno. Beaucoup d’invités ont pensé voir le président dans sa tenue de Maréchal. À 10 heures 17min, l’hymne national, la Tchadienne, a retenti marquant ainsi le début de la cérémonie. Il y a eu seulement deux interventions.

La première personne à intervenir est la présidente du comité d’organisation, Lucie Beassemda. Dans son mot de circonstance, très bref, elle a expliqué que la tenue de ce forum marque la concrétisation de la promesse du président Déby Itno à la clôture du premier forum. La rencontre n’a pour but d’évaluer les 74 résolutions du premier forum qui a donné naissance à la IVe République, a fait savoir Mme Beassemda. Organisé dans un contexte marqué la pandémie du Covid-19, la présidente du comité a indiqué que des pré-forums ont été organisés dans 10 zones. Et pour la diaspora, une boîte email a été créée.

Le second intervenant, c’est le président de la République Idriss Deby Itno lui-même. Il a axé son discours d’ouverture sur le bilan de la IVe République. Selon lui, les reformes issues du premier forum sont menées à terme. « Aujourd’hui, la citadelle institutionnelle née du premier forum national inclusif affiche complet », a-t-il dit. Toutefois, reconnaît le président, les premiers pas de la nouvelle République n’ont pas été du tout aisé compte tenu d’un certain nombre de contraintes externes et internes. Il a notamment cité la pandémie du Covid-19 et la lutte contre le terrorisme. C’est pourquoi selon lui, il est nécessaire d’évaluer les réalisations. « Il vous revient, cependant, d’analyser l’efficacité opérationnelle de nos institutions et de tirer les leçons qui s’imposent, pour que soit opéré un recadrage ou soit rectifié le tir », a dit le président.

En ouvrant les travaux, le président Déby Itno a rejeté en bloc les accusations de certains détracteurs de ce forum qu’ils qualifient d’exclusif et non inclusif.  « Ce forum revêt une dimension inclusive et participative. Je dis haut et fort que personne n’est exclu de ces assises qui visent au premier chef à consolider l’unité nationale et à renforcer la démocratie à la base », clame Idriss Déby Itno.

Après l’ouverture des travaux, un présidium a été mis en place. Il est présidé par Mariam Mahamat Nour. La composition de ce présidium a été contestée vivement par les participants qui soutiennent que les quotas n’ont pas été pris en compte. Encore présent dans la salle, le président Déby Itno a intervenu pour calmer les contestataires.

Autre fait insolite, c’est l’exclusion d’une partie de la presse. Des journalistes se sont vu refuser l’accès à la salle de cérémonie à l’exception de ceux des médias publics. Les exclus ont été confinés dans une salle avec un écran téléviseur pour suivre le déroulement de la cérémonie. Mécontents, ils ont voulu boycotter la couverture médiatique de l’événement avant que le comité n’autorise une partie à accéder à la salle.

Le deuxième forum s’étale sur 3 jours. 600 personnes y prennent part selon les organisateurs. Au menu des discussions, l’évaluation des différentes résolutions du premier forum fondant la IVe République.

Christian Allahdjim

Les musulmans du Tchad célèbrent, ce 29 octobre l’Aïd Al Maouloud. Cette fête commémore la naissance du prophète Mohammed. L’atmosphère ce matin à N’Djamena n’est pas festive. Reportage !

10 heures. L’ambiance dans certains quartiers de la ville de N’Djamena, capitale tchadienne est de plus ordinaire ce jeudi. Rien ne montre que les fidèles musulmans fêtent la naissance du messager d’Allah, fondateur de l’Islam, le prophète Mohammed. Les boutiques, les marchés et autres activités de la ville tenus par les fidèles musulmans sont ouverts normalement. A comparé avec la fête de mouton ou Aïd Al Fitir, la fête du Ramadan ou Aïd Al Moubarak, la Eid al Maouloud n’est pas célébrée en grande pompe cette année. Selon M’aichai Habib, marabout, imam d’une petite mosquée au quartier Naga I, 4e Arrondissement le contexte a changé. « Avec la pandémie de la covid-19 et les mesures sanitaires, que nous sommes tenus de respecter, cela change toute la dynamique. Sinon dans le passé, nous égorgeons des moutons et nous préparons assez de nourritures pour partager avec les personnes démunies », dit l’imam

 Abdoulaye Ahmat, est commerçant au marché Dombolo au quartier Ardep-djoumal a prié avec sa famille et a partagé le peu qu’il a avec ses enfants et ses voisins. « Vous savez il n’y a pas d’argent ce dernier temps. Même au marché les clients se font rares. Financièrement, rien ne va. Hier il n’y avait pas de souci, mais aujourd’hui la vie est devenue très compliquée surtout avec le coronavirus. Qu’Allah nous préserve de cette maladie et surtout qu’Il nous accorde la paix dans notre pays. » dit-il.

Pour le Marabout M’aichai Habib, avant, à la veille de Maouloud, ils prennent le temps d’enseigner le Saint Coran aux fidèles. De leur raconter comment le prophète Mohammed et né. D’expliquer sa vision de l’islam. Toujours selon M. Habib, les jeunes d’aujourd’hui s’intéressent de moins en moins aux fondamentaux religieux. Les parents et les leaders religieux doivent prendre leurs responsabilités pour conscientiser leurs enfants à la pratique religieuse. Et à leur rappeler que la vie sur terre est belle, mais elle a une fin. « Je pense que la prière est l’un des cinq piliers de l’islam, avec la profession de foi en un Dieu unique et en Mohamed son messager. Et c’est ce qu’on a fait hier dans notre mosquée afin d’invoquer la miséricorde d’Allah de bénir son prophète, les fidèles et le reste du monde. », conseille-t-il.

Allah bénisse le Tchad !

Selon Abdoulaye Ahmat, cette année, Maouloud est célébrée au Tchad au même moment que l’ouverture du 2e forum national inclusif. Il souhaite qu’Allah le Tout Puissant inspire les différentes sensibilités et les autorités à aborder les questions essentielles de bien-être de la population tchadienne.

Dans un passé récent, les fêtes musulmanes se déroulent dans une ambiance de joie : les fidèles rendent des visites familiales à des proches, les enfants se retrouvent dans les centres des jeux, etc.  « Coronavirus a tout bouleversé », dit M. Abdoulaye

Moyalbaye Nadjasna

Le 2e forum national inclusif démarre ses travaux ce 29 octobre. L’Union des syndicats du Tchad (UST) refuse pas participer à ce forum. Il le qualifie de vide. Tandis que la Confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT) y participe pour dit son leader « apporter des critiques positives ». Reportage

Deux ans après le premier forum national inclusif tenu en 2018, le second forum démarre ce jeudi 29 pour clore le 31 octobre. Les partis politiques et les acteurs de la société civile sont attendus pour une seconde fois à ce rendez-vous pour disent les organisateurs évaluer les résultats du forum passé. L’union des syndicats du Tchad (UST) refuse de participer à ce 2e forum.  C’était au cours d’un point de presse tenu, le mardi 27 octobre, par son Secrétaire Général GOUNOUNG VAIMA GAN-FARE à la Bourse de travail. Dans sa déclaration, le Secrétaire Général de l’UST, relève que le Gouvernement doit plutôt se concentrer à régler les problèmes vitaux des Tchadiens, « la mauvaise gouvernance s’est accentuée. Elle est marquée par la déliquescence de l’administration entre les mains des proches du Président de la République. »

Selon l’UST, la corruption, le pillage des fonds publics, l’instrumentalisation de la justice n’ont fait que s’amplifier aux dépens des citoyens ordinaires. Les problèmes économiques se sont aggravés par l’accaparement des entreprises privées et parapubliques par des « intouchables ». Ils ne sont soumis à aucune contrainte fiscale. Ils sont responsables de la faiblesse des recettes de l’État. Et le forum n’apportera aucune solution à ces problèmes cruciaux.

Pour GOUNOUNG VAIMA GAN-FARE ce 2e forum est une opération politique de diversion, « il vise à faire occulter la faillite du régime qui navigue à vue depuis trente (30) ans ». Il ne propose rien face à la crise sociale et politique dans laquelle le pays s’enfonce de plus en plus. Toujours selon le SG, l’UST et d’autres ont proposé des pistes qui sont entre autres, la pétition de 2012, le mémorandum de 2015, le manifeste « ça suffit » de 2016, la déclaration solennelle de Genève de 2018, mais le pouvoir n’a pas tenu compte. Toutes ces raisons font que l’UST ne participera pas à ce forum. « Participer c’est légitimer ce qui n’apportera aucun résultat profitable aux couches populaires », dit M. GAN-FARE.

Corriger les erreurs du passé

C’est un autre son de cloche du côté de la confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT). Elle accepte de participer au 2e forum national, « nous allons participer pour proposer des solutions », a dit son secrétaire général, Brahim Ben SAID NOH. Pour lui, certaines résolutions du 1er forum n’étaient pas salutaires pour les syndicats parce que beaucoup de travailleurs ont perdu leurs emplois. C’était dû à la suppression des institutions telles que la primature qui employait plus de 500 salariés, la cour de compte, la médiateur nationale, la cour constitutionnelle dit le secrétaire de la CLTT. « En politique on fait des erreurs, comme partout d’ailleurs. Mais si on constate ces erreurs, il faut les corriger. Et c’est cela qui fait grandir », estimé Brahim Ben SAID. Il faut s’asseoir et voir qu’est-ce qu’on peut faire ? Qu’est-ce qu’on peut corriger ?  « Je pense qu’il faut venir au forum. Il faut faire ses propositions mêmes si elles ne sont pas prises en compte, on les aurait au moins exprimés pour l’histoire », insiste M. Ben Saïd.  La CLTT estime que les Tchadiens doivent profiter de l’accalmie pour dialoguer et parler de leurs défauts les uns les autres.

Brahim Ben SAID estime pour sa part que pour un État comme le Tchad si on n’a pas un premier ministre, les choses sont difficiles et toutes les charges vont peser sur la Présidence de la République. Donc il est temps de s’arrêter pour voir si les changements apportés par l’ancien forum sont positifs ou négatifs. Par exemple, explique-t-il, la réhabilitation de la Cour de Compte est une exigence de la CEMAC et le problème de serment confessionnel mal vu. Il y a de choses à revoir avec les autres et un forum est l’endroit idéal. « Ce n’est pas mauvais un forum. Je pense qu’il faut parler avec les autres. Il faut vider son sac et voir qu’est-ce qu’on va nous proposer au lieu de subir ce qui se fait de l’autre côté », affirme le secrétaire de la CLTT. »

Pour leurs attentes, Brahim Ben SAID dit que le syndicat souhaite que des institutions soient créées afin de récupérer les 1000 personnes qui ont perdu leurs emplois. « Notre intérêt est celui des travailleurs, car la plupart de ceux qui ont perdu leur travail sont des jeunes. Une jeunesse sans emploi est une bombe à retardement. Il faut dire que notre richesse c’est que le jeune tchadien est conscient et calme. Le Tchad appartient à tout le monde, c’est une richesse commune et nous devons être présents en dialoguant sans tabou », a-t-il conclut.

Djilel-Tong Djimrangué Aimé
Moyalbaye Nadjasna

Le syndicat des enseignants du Tchad (SET) de N’Djamena dépose les craies. Ce lundi 26 octobre, les cours des écoles publiques sont désertes. Raison : une grève inattendue. Reportage.

Les cours des écoles publiques sont désertes ce lundi, matin 26 octobre 2020 à N’Djamena, capitale tchadienne. Les enseignants du SET de N’Djamena sont en grève. Raison invoquée par les grévistes : le non-respect de la promesse du gouvernement. Pour le secrétaire général du SET, section N’Djamena, Mbayana Laoukoura, les mesures visant le gel des effets financiers des actes de carrières et les titres de transport de 2016 et 2019 qui doivent être levés à compter du salaire d’octobre ne sont pas respectées. Il affirme que ce débrayage automatique du SET fait suite à une réunion élargie aux organes de base (sections académique, départementale, sous-sections et cellule) tenue, mercredi 21 octobre à la permanence du SET provinciale à l’école du centre.

Laoukoura affirme qu’en 2016, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures touchant la carrière et le salaire des fonctionnaires. Le 09 juin passé, poursuit-il, la plateforme revendicative a négocié avec le gouvernement. Les deux parties ont signé un protocole d’accords avec leurs centrales pour rétablir le gel des effets financiers des actes de carrière, les titres de transport et les primes coupées. Le 28 septembre, ajoute-t-il, le gouvernement a décidé de la levée du gel des effets financiers des actes de carrière et du paiement des titres du transport. Aussi, le ministère de la Fonction Publique a instruit la Direction des ressources humaines (DRH) de modifier des indices. Malheureusement, dit le SG, « aucun changement n’a été constaté sur le salaire d’octobre. C’est la grève. C’est fait ».

Combats d’éléphants

De l’École du Centre au Lycée et Collège de la concorde, en passant par le Lycée Félix Eboué et le Lycée Technique Commerciale sont vides. Pas de motocycle dans les aires des parkings. Quelques responsables administratifs et d’élèves curieux sont venus constater de visu la grève. Abdelkrim Zacharia est élève en classe de seconde au Félix Eboué, « un adage dit quand les éléphants se battent, les herbes souffrent. On vient à peine de commencer les cours, mais voici la grève qui s’invite. Le gouvernement et les enseignants exagèrent. Y en a mare de ce jeu. Ce qui fait mal, ce sont nous les élèves qui payons les pots cassés. Je déteste vraiment l’école publique. », dit-il.

Selon MA’AZOU Issa, jeune sociologue en chômage et « clandoman » (moto-taxi) devant le LTC, la grève dans les écoles publiques joue automatiquement sur leur activité. « Je demande aux enseignants et au gouvernement de s’entendre vite afin que les enfants reprennent les cours. Hier coronavirus a empêcher les enfants d’étudier. Et l’année a à peine repris, c’est déjà la grève. C’est dommage pour l’école tchadienne avec ce scénario à répétitif », déplore le jeune homme.

En réponse à la question du reporter d’Ialtchad Presse : Quand prendra fin de cette grève ? Mbayana Laoukoura répond d’un air contrarié : « nous avons toujours donné au gouvernement des préavis, mais cette fois-ci, c’est conditionné à un changement au salaire d’octobre. Cela n’a pas été respecté par le gouvernement. La grève s’arrêtera lorsqu’on notre demande sera satisfaite ».

Moyalbaye Nadjasna

La Place de la nation à N’Djamena capitale tchadienne est prise d’assaut par les parents, frères, sœurs et amis des 90 élèves officiers du Groupement des Écoles militaires Inter-armées GEMIA, il s’agit de la 28e promotion. Reportage.

Il est 8heures du matin à la Place de la nation à N’Djamena, le soleil brûlant est affaibli par une nappe de nuages ce vendredi 23 octobre. Les entrées et les sorties principales de l’aire de cérémonie sont bloquées par les véhicules de la police et de l’armée nationale. Sous le grand hangar démontable, différentes personnalités invitées à la cérémonie de la sortie de la 28e promotion des élèves officiers de l’armée tchadienne sont installées. La foule constituée en majorité des parents, frères, sœurs et amis des lauréats est montrée présente. On entend des youyous intermittents des femmes, des cris et des applaudissements. La fanfare militaire très bien drapée dans son uniforme rouge et noir tient comme d’habitude la foule en haleine. Chacun s’impatiente de voir la cérémonie prendre fin pour serrer les mains et donner des accolades aux lauréats.

Au cours des défilés, sous la mélodie et rythme de la fanfare, des pas et gestes des différentes troupes ont captivé la foule. Des applaudissements et des cris de joie youyous donnent de la saveur à l’évènement.

Les émotions s’expriment

A midi moins, la cérémonie se termine. Les parents, frères, sœurs et les amis s’empressent pour faire des photos de familles avec les lauréats. Lauréats, parents, amis s’entrelacent emportés par l’émotion.  Corona virus et la distanciation sociale sont relégués au second plan pour refaire surface plus tard.

Une sœur d’un lauréat se dit émue de voir son frère finir dans de bonnes conditions et honoré publiquement. Une autre dit, « je suis très contente de voir mon cousin très beau dans sa tenue, ma prière est qu’Allah le guide dans sa carrière militaire. Je sais que ce n’est pas facile, mais Allah peut tout. »

Sur les 90 élèves officiers promus, il y a 85 Tchadiens, dont 3 femmes et 5 Nigériens. Le major de la promotion est un Nigérien. Les élèves nigériens ont remporté d’ailleurs les cinq premières places. Sur les dix élèves majors, les Tchadiens se sont contentés de la 6e aux 10es places. Ces élèves sont admis à l’école des officiers par voie de concours avec la licence. Cette formation s’est faite sur 2 ans et en deux étapes. Une phase au Tchad et une autre au Gabon.

Moyalbaye Nadjasna

La révision du fichier électoral a pris fin le 20 octobre. L’heure est au bilan. La question de la prorogation du délai fait débat. Reportage.

La révision du fichier électoral, lancée le 1er octobre par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), a été bouclée le 20. Cette première phase du processus électoral visait à enrôler les jeunes en âge de voter, ceux n’ayant pas pu se faire enrôler en 2015 et ceux qui ont changé de circonscription électorale.    Dès la fin de cette opération, des partis politiques se relayent pour faire leurs observations. Déroulement de l’opération, la maintenance des kits d’enrôlement, le niveau des agents recenseurs sont passés au crible par les différents partis.

Dans le camp du Mouvement patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, le bilan de l’opération est, disent les ténors, satisfaisant. C’est ce qu’a fait savoir Me Jean-Bernard Padaré, porte-parole du MPS, « nous avons atteint notre objectif. Nos chiffres indiquent qu’il y a environ de 1 300 000 personnes recensées. Ce qui est largement positif », dit-il. Pour M. Padaré, c’est grâce à la campagne de sensibilisation effectuée par les membres du Bureau Politique National (BPN) du MPS dans les différentes provinces du pays. Toujours selon lui, les estimations de la CENI avoisinent 2 millions de personnes recensées.

Pour Me Bebzouné Bongoro Théopile, président du Parti pour le Rassemblement et l’Equité au Tchad (PRET) et porte-parole de la Coalition des Partis insoumis (CPI), coalition modérée cette révision du fichier électoral est biaisée et bâclée. « L’opération a été faite dans la précipitation et l’exclusion. Et c’est à dessein », dit-il. Pour lui, tout est orchestré par le parti au pouvoir. Il est souhaitable d’associer tous les acteurs de la scène politique tchadienne pour qu’il y ait un seul message à délivrer aux futurs électeurs. Mais, dit-il, « le MPS a confondu sensibilisation au recensement à la précampagne. » Au lieu de la révision du fichier électoral, Me Bongoro préférait plutôt un recensement général de la population. Idée soutenue par François Djekombé, président du parti Union sacrée pour la République (USPR).

Toujours selon l’opposition, des irrégularités dans le processus ont été relevées. La mobilité et le niveau des agents recenseurs, les problèmes techniques du kit d’enrôlement, la période choisie de l’opération ont porté préjudice au fichier. « La période (octobre) est mal choisie. La population est rurale. On devrait tenir compte du calendrier agraire », reproche le président du PRET. 

Me Jean-Bernard Padaré rejette les arguments de l’opposition, « faux, le choix de la période était opéré par la CENI qui est composée à parts égales de la majorité et de l’opposition. » Toutefois, le porte-parole du MPS reconnaît que certaines zones du pays sont en ce moment inaccessibles par voie terrestre et qu’également la période retenue correspond à la saison des récoltes. « Malgré cela nous estimons que c’est un succès », soutient-il. 

Un plaidoyer pour la prorogation du délai

L’Opposition est vent debout. Elle réclame la prorogation du délai de l’enrôlement. Pour l’Opposition, le choix de la période de l’opération et l’inaccessibilité de certaines zones dues aux aléas climatiques suffisent. Le PRET de Me Bongoro Théophile propose un décalage au mois de janvier 2021 pour la suite des opérations d’enrôlement. « Entre-temps les agents traitent les informations déjà reçues et les complètent avec la suite. C’est cela l’idéal et ça nous sortira d’affaire », dit Me Bongoro. Selon lui, les chiffres sont sacrés et doivent être pris en compte pour l’expression du suffrage universel. « Vaut mieux faire les choses bien que de les bâcler et avancer des chiffres fantaisistes », conseille-t-il.

Entre temps, le MPS estime que la question de prorogation n’a pas raison d’être. Selon Me Jean-Bernard Padaré, c’est le délai légal prescrit par le code électoral. « Si on proroge, de facto ça va jouer sur le chronogramme de la CENI », fait-il savoir. Le porte-parole du MPS explique qu’après la révision viendra le délai pour la publication des listes électorales, de la contestation et de la saisine des juridictions compétentes. « Donc c’est quasiment impossible », conclut-il. « Non c’est possible », rétorque Me Bongoro qui propose la formation d’un gouvernement d’union nationale ou de transition si le calendrier électoral glisse.

A la Céni, il n’y a rien d’officiel. Des sources disent qu’il n’est pas du ressort de la Céni de décider de la prorogation du délai. La tâche revient au Cadre national de dialogue politique (CNDP).

Chistian Allahdjim

Des élèves, des enseignants et des dirigeants des écoles privées comme publiques de N’Djamena, capitale tchadienne, font face à des grands problèmes de sécurité routière. Traverser la rue est véritable chemin de croix surtout pour les élèves qui met leurs vies en danger. Reportage.

Le constat est amer. Un tour durant les heures de pointe, en entrées et sorties des classes, devant certains établissements publics et privés comme le lycée Félix Eboué face à l’Avenue Mobutu et le Lycée Fort Lamy (LFL) sur la Rue de 40 m est un vrai chemin de croix. Au Lycée Fort Lamy où nous nous sommes rendus, les élèves ont toutes les peines du monde pour atteindre leurs salles de classe.  Même scénario à midi lors des sorties des classes finissent.

« La problématique de la sécurité de nos élèves est délicate », a reconnu le proviseur du LFL, Ibrahim Mahamat Iguemir. Les responsables de l’établissement s’organisent chaque jour pour assurer la sécurité de leurs élèves.  « Nous mettons chaque jour 2 surveillants avec des panneaux de signalisation-stop pour contraindre les usagers à s’arrêter et laisser traverser les enfants », dit le proviseur. Il reconnaît que la tâche est difficile à accomplir, « certains usagers tentent toujours de nous rendre la vie compliquée. De tels comportements ont causé un accident à fracture ouverte à un de nos élèves en novembre 2019.»

L’établissement appelle à l’aide souvent la Police. Un des parents d’élèves sous couvert de l’anonymat dit « La seule solution est de demander à la Mairie centrale de construire une passerelle à l’exemple de celle construite entre le lycée Félix Eboué et le Lycée technique commerciale. » Pour des raisons de sécurité routière, une passerelle est construite entre ces 2 lycées. Malheureusement cette passerelle n’est pas utilisée par les élèves qui préfèrent traverser la voie. Ce qui cause assez souvent des embouteillages. Manque de sensibilisation ? On ne saurait le dire. Mais selon les des élèves, emprunter la passerelle est fatigant.

La solution dos d’âne, mais…

Contrairement au LFL, l’École catholique Associe Notre Dame de la Paix communément appelée école Béguinage a réussi à se faire construire un dos d’âne pour la sécurité de ses élèves. C’est une école de niveau primaire. Elle compte environ 1 036 élèves. Et existe depuis plus de 60 ans. Selon la directrice Sœur Claude Marcelle BSAIBE, c’est grâce au Président de la République Idriss Deby ITNO que leur école a eu ce dos d’âne. Elle en est reconnaissante. « Seulement, la peinture du dos d’âne est effacée et on ne peut pas le voir de plus loin ce qui n’est pas trop sécurisant pour nos enfants. » Selon elle, plusieurs fois son établissement a formulé des demandes à la mairie pour remettre la peinture, mais jusque-là rien. Aussi, elle souligne qu’ils ont des panneaux de signalisation pour stopper les voitures et motocyclistes, mais qui ne sont pas bien agencés, « s’ils y a des gens qui peuvent bien les disposer ils sont la bienvenue », dit la soeur. Pour les entrées et les sorties, la responsable de l’école catholique Le Béguinage dit « je me suis rendue à la Police pour demander de mettre au service de l’école au moins 2 policiers pour assurer la sécurité. Il y a beaucoup de choses à faire à savoir, le thermo flash, les masques entre autres, c’est pourquoi la présence des forces de l’ordre va nous aider à avancer ».

Selon la Sœur Claude Marcelle BSAIBE, le problème se pose autour de l’école. « A l’intérieur, les enfants sont en sécurité. On exige que les élèves restent jusqu’à 17h si les parents tardent à venir les récupérer. Quelquefois je les amène dans ma voiture ce qui n’est pas normal, mais on fait avec », conclut-elle.

Dos d’âne ou pas, la sécurité est l’affaire de tous. Il est question de veiller à préserver la vie de tous, car la vie humaine est sacrée. Pour la sœur les automobilistes et motocyclistes doivent faire preuve de civisme. La sécurité de nos enfants en dépend.

Moyalbaye Nadjasna

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