Reportage

Reportage (1418)

Le ministre de la Santé publique Abdoulaye Sabre Fadoul a fait le point global sur la pandémie du coronavirus au Tchad. De mars à janvier 2021, 2 213 cas sont déclarés positifs.

Deux choses sont à retenir de cette communication du chef de département de la Santé publique. Primo, le bilan de la situation épidémiologique de la maladie à coronavirus au Tchad. Secundo, les mesures prises par le gouvernement.

Le bilan du 19 mars 2020 au 3 janvier 2021

Le bilan de la maladie s’élève à 2 213 cas déclarés positifs, selon le Pr Choua Ouchemi, coordinateur de la commission nationale de riposte sanitaire. Parmi ces cas, il y eu 104 décès et 389 patients sous traitement, la plupart à leur domicile.

D’après lui, pendant la première vague de contamination, la situation épidémiologique était maîtrisée. « De mars en juillet, on était arrivé à 11 cas ». Malheureusement, dit-il, entre mi-novembre et fin décembre, la courbe est remontée de façon exponentielle. « Rien qu’entre le 16 au 31 décembre, N’Djamena a enregistré 302 cas positifs ».  Cela s’explique par un relâchement par tous des mesures barrières, a dit le Pr Choua Ouchemi. « Nous sommes encore loin de la fin de cette pandémie ».

N’Djamena est considéré comme l’épicentre de la propagation de cette maladie. Sur les 2 000, plus de 1 000 sont déclarés à N’Djamena avec 63 décès sur 104. C’est pourquoi le gouvernement cherche vaille que vaille à casser la chaîne de transmission en renforçant certaines mesures déjà en vigueur.

Les mesures « impopulaires »

Sur les mesures prises par le gouvernement, le ministre de la Santé publique Abdoulaye Sabre Fadoul a rappelé que celles prises lors de la première vague sont toujours en vigueur. Mais, fait-il constater, elles ne sont plus respectées, surtout les gestes barrières. Vu la montée de la courbe en fin décembre, le gouvernement a pris un autre décret pour réaffirmer ces mesures et en renforcer certaines.

Il s’agit du décret 2585 du 31 décembre 2020 portant confinement de la ville de N’Djamena et renforcement des mesures sanitaires. Ces mesures vont de la fermeture des frontières terrestres et aériennes aux établissements scolaires et services publics et privés non essentiels à l’interdiction de rassemblement de plus de 10 personnes, du transport interurbain et urbain. Sauf dérogation est faite aux services de santé, bancaires, stations-service, commerces des produits alimentaires, hôtels et vols cargo. Le couvre-feu est revu de 20 heures à 18 heures. Toutes ces mesures ne concernent que la ville de N’Djamena pour une durée d’une semaine renouvelable.

Dr Abdoulaye Sabre Fadoul reconnaît que ces mesures ne sont pas populaires. « Ces mesures, s’il faut être honnête et sincère, ne sont pas gaies et populaires. Elles sont même insupportables pour nos citoyens les plus fragiles socialement parlant », admet-il. Effectivement. Mais, se défend-il, le gouvernement n’a d’autres choix de prendre des dispositions qu’impose la situation sanitaire. « Toutes ces mesures ne visent qu’un seul objectif, celui de limiter le rythme de contamination en cassant la chaîne de transmission de personne en personne », souligne-t-il.

Actuellement, le Tchad dispose d’un seul laboratoire pour poser le diagnostic. Neuf sites de prélèvement sont installés en provinces et cinq à N’Djamena. L’hôpital provincial de Farcha, aménagé pour hospitaliser les cas positifs, dispose de 18 lits en réanimation et est doté d’une centrale de production d’oxygène. Bientôt les villes comme Moundou, Bongor et Abéché seront dotées de cette centrale. 

Christian Allahadjim

Le président de l’Union des journalistes du Tchad (UJT) Abbas Mahamoud Tahir a fait un point de presse hier à la Maison des médias du Tchad. Cette sortie médiatique fait suite aux plaintes des journalistes brutalisés au lendemain du ré-confinement de la ville de N’Djamena. Reportage.

Le président de l’Union des journalistes du Tchad (UJT) Abbas Mahamoud Tahir constate le mépris avec lequel, les autorités en charge des mesures de riposte contre la covid-19 traite les hommes des médias.  Selon lui, cette mésestime est visible depuis l’installation de la cellule de veille jusqu’à la dernière mesure du confinement de la ville de N’Djamena. Il rappelle qu’aux termes du dernier décret du 31 décembre passé, N’Djamena est à nouveau confiné pour une semaine renouvelable.

Pour lui, les effets directs de cet acte sont entre autres, la fermeture des établissements scolaires, des universités des lieux de cultes, des bars, des magasins et des grands marchés, des services publics non essentiels et l’interdiction des transports urbains et interurbains. Toutefois, dit-il, les autorités ont choisi d’autoriser certains services tels que les centres de santé, les cliniques privées, les hôpitaux, les boulangeries, les pharmacies y compris les étals de commerce, le transport des produits alimentaires, les services des pompiers, les services d’eau, d’électricité des hôtels et les vols cargo.

Selon Abbas Mahmoud Tahir, le 2 janvier, le ministre d’Etat, ministres secrétaire général à la Présidence de la République Kalzeubé Payimi Deubet a fait une communication en affirmant que la capitale, N’Djamena, est totalement confinée. Personne n’est autorisé à sortir. Mais, déplore-t-il, les médias privés comme publics sont ignorés. Or, déclare Abbas Mahmoud Tahir, les autorités ont fait appel aux médias pour relayer les informations au public. A la sortie de la rencontre, plusieurs journalistes des médias et techniciens ont été brutalisés, dit le président de l’UJT.

Le Bureau Exécutif de l’UJT, rappelle Abbas Mahamoud Tahir, en a assez de rappeler aux autorités les difficultés des journalistes à exercer librement leur métier. « Sans les médias, aucune action de lutte contre la pandémie ne réussira ». L’UJT, dit-il, ne peut se servir de caution morale pour les violations de la liberté d’exercer des professionnels des médias.

Selon lui, cette violation par les forces de l’ordre et les autorités du rôle des médias dans la lutte contre la pandémie est inadmissible. Il affirme que les journalistes bravent tous les risques pour informer la population sur les mesures prises par le gouvernement. « Par conséquent, nous en appelons au bon sens du gouvernement afin de prendre une autre décision permettant aux journalistes d’exercer leur métier en cette période d’exception faute de quoi, nous serons dans l’obligation de convoquer une rencontre d’urgence et appeler les médias, journalistes, techniciens et communicateurs à rester chez eux jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée », conclut le président de l’UJT.

Moyalbaye Nadjasna

L’Association Tabital Pulaaka Tchad pour la promotion de la culture peule a, lors d’un point de presse tenu ce 31 décembre, réagi aux propos du député Saleh Kebzabo. Elle se dit indignée et qualifie ces propos d’incitation à la haine.

Selon Dr Sali Bakari, Secrétaire général de l’Association Tabital Pulaaka Tchad, les propos de Saleh Kebzabo tenus dans le Mayo-Kebbi et la Tandjilé sont hors de la République. Il qualifie ce discours d’un appel à l’extermination systématique des éleveurs, des propos incitant au massacre en appelant les jeunes et en leur conférant la responsabilité de sécurité au détriment de l’État, affirme le SG. Or, le député Saleh Kebzabo fait semblant d’oublier, indique-t-il, que seul l’État dispose la mission régalienne de sécurité des personnes et des biens. Pour Tabital Pulaaku, c’est un mode opératoire qui a déclenché morts, arbitraires et désolations partout à travers le monde.

En adoptant les mots Nord/Sud dans le contexte tchadien, nordistes / sudistes des mots chargés d’amertumes et des stigmates de la guerre civile passée est indigne de M. Kebzabo. Le débat Nord/Sud est colonial, dépassé et vénéneux. Cela ne doit pas être un credo de certains hommes politiques. Pour le SG de Tabital Pulaaka Tchad, le désarmement que le pays a connu s’est effectué sur l’ensemble du territoire national. Et les mesures relatives à l’interdiction de port d’armes s’appliquent aussi dans tout le Tchad, ajoute-t-il.

L’Association Tabital Pulaaka Tchad dit trouver irrationnel et hétérodoxe le raisonnement du président de l’UNDR. Pour lui, attribuer exclusivement les bœufs des éleveurs aux officiers de forces de l’ordre, aux administrateurs civils au sud du pays au-delà de la mauvaise foi, est un mensonge grossier. Dr Sali Bakari se dit désolé du fait que le député se fait une représentation imaginaire de profession éleveurs-agriculteurs. Il présente, dit-il, les éleveurs comme nordistes, détenteurs de pouvoir, bourreaux des sudistes dont la plupart sont agriculteurs.

Pour le SG, de tels propos ne sont pas dignes de Saleh Kebzabo, député et chevronné de la politique tchadienne, qui a pourtant toujours prôné l’unité nationale. « Kebzabo en tant que député, a un mandat national donc député des agriculteurs et des éleveurs », relève Dr Bakari. Il rappelle que dans cette région, les agriculteurs et les éleveurs ont toujours cohabité en harmonie depuis la nuit des temps. Ils se sont même mariés et par conséquent, condamnés à vivre ensemble, signifie-t-il.

Le SG appelle les jeunes de la région et au-delà, de ne pas céder à l’instrumentalisation par des esprits haineux et divisionnistes, « quel que soit le problème, ensemble, la solution est possible ».

Pour lui, l’Association Tabital Pulaaka Tchad pour la promotion de la culture peule condamne les propos haineux et d’incitation à la révolte du député Saleh Kebzabo qui compromet le vivre ensemble des Tchadiens.

Moyalbaye Nadjasna

Le député Saleh Kebzabo est visé par une action publique. Le ministère de la Justice lui reproche des délits d’atteinte à la paix et à la tranquillité publique. 

La note date du 28 décembre. Elle émane du Garde des Sceaux, ministre de la Justice M. Djimet Arabi. Dans cette correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale M. Haroun Kabadi, le Garde des Sceaux a exprimé son souhait de voir le député Saleh Kebzabo répondre de ses actes devant la Justice. Autrement, il demande de lever l’immunité parlementaire de M. Kebzabo.

Selon la note du ministère, il est reproché au député Saleh Kebzabo des propos incendiaires constitutifs des délits d’atteinte à la paix et à la tranquillité publique. Faits prévus et punis par les articles 181 à 183 du Code pénal tchadien, indique le ministère. Le document précise que les faits reprochés à l’élu de Léré remontent au 22 décembre lors de son déplacement au sud du pays, précisément dans la région du Mayo-Kebbi Est.

La procédure

Le député Saleh Kebzabo bénéficie actuellement de l’immunité parlementaire. Et selon l’article 109.1 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il ne peut être ni poursuivi ni arrêté en matière criminelle ou correctionnelle sans l’aval du parlement ; sauf cas de flagrant délit.

La demande du ministère de la Justice est sur la table du président de l’Assemblée nationale. Il ne reste que la composition d’une commission ad hoc de 21 membres. Les conclusions de cette commission présentées sous forme de proposition de Résolution doit recueillir la majorité des deux tiers (2/3) des membres de l’Assemblée pour son adoption. Si la commission conclut à un rejet de la demande, celui est considéré comme adopté, dit le point 8 de l’article 110.

Il n’y a pas un délai pour que l’Assemblée donne suite. Toutefois, le règlement intérieur indique que si la demande est intervenue en pleine session, la question sera débattue en plénière. Au cas contraire, donc hors session, ce n’est que le Bureau de l’Assemblée qui se prononce. Actuellement les députés sont en session. Ils seront en vacances le 5 janvier 2021. La question sera-t-elle débattue en plénière ou à huis clos ?

Enfin, les membres de l’Association Tabital Pulaaku Tchad qui regroupe les Peuls tchadiens disent être indignés par les propos du député Kebzabo qui vise leur communauté et au-delà tous les Hommes épris de paix. Selon eux, les propos proférés ne sont rien d’autre que de l’incitation à la haine envers les Peuls, une communauté déjà stigmatisée. Et dont les membres dans la zone en question sont en majorité des pasteurs (éleveurs). « Nous organiserons une conférence de presse très bientôt pour répondre à M. Saleh Kebzabo. Et nous examinons les possibilités d’intenter des poursuites judiciaires », dit le président de Tabital Pulaaku M. Ousmanou Ahmadou Bakary très remonté contre celui que les Peuls considèrent comme un de leur, rajoute-il.

Christian Allahdjim

Le président Idriss Deby Itno a inauguré le nouveau siège de l’Office national des médias audiovisuels (ONAMA), ce mardi 29 décembre. Un nouveau siège pour un nouveau départ.

L’Office national des médias audiovisuels (ONAMA) dispose désormais d’un nouveau siège. Le Président Idriss Deby Itno a inauguré le nouveau bâtiment.

C’est un joyau architectural constitué de sous-sol, de rez-de-chaussée et de 12 étages, étendu sur une superficie de 14000 m ² et d’une hauteur de 70 m. Il a 4 ascenseurs dont l’un est panoramique. Le bâtiment contient, la Direction générale, une Comptabilité, une salle technique centrale, de serveur, de maintenance, la régie, une salle de nouvelles, salle de conférence télévisée, des salles de réunions, un restaurant pour le personnel etc. Dénommé l’immeuble de la renaissance, l’édifice a été construit par le Groupe Al-Manna. Les travaux ont duré 6 ans.

Pour Cherif Mahamat Zène, ministre de la Communication, le 21e siècle exige un outil de communication adapté au contexte. Selon lui, cette infrastructure ultramoderne est un motif de fierté nationale. C’est une référence en matière de modernisation des médias du service public, dit-il. Pour lui, ce bâtiment est un défi majeur pour les journalistes et les techniciens de l’ONAMA. « Avec ces équipements de qualité, l’ONAMA doit rester plus près des attentes du public. L’heure est à l’amélioration et la diversification du contenu des programmes »

Le ministre a attiré l’attention du personnel de l’ONAMA sur le fait que l’espace médiatique est soumis à une rude concurrence des réseaux sociaux. Il appelle le personnel à la rigueur dans le travail et à une bonne gestion des ressources humaines, matérielles et financières. « ONAMA doit être un lieu de référence pour la culture de l’excellence, de mérite et surtout de travail bien fait. Il ne s’agit pas d’un vœu, mais d’un impératif pour atteindre des objectifs. Il faut aussi le changement de mentalités du personnel à tous les niveaux », a martelé le ministre Cherif Mahamat Zène.

Pas le droit de décevoir

Le président Idriss Deby Itno a affirmé que les journalistes de l’ONAMA ne doivent pas décevoir les Tchadiens. Le nouveau siège a tout ce qu’il faut comme nouveaux équipements. Il a exhorté le personnel à travailler fort pour amener les Tchadiens à suivre le quotidien du pays. « Il faut promouvoir la culture de non-violence, le vivre-ensemble et l’unité nationale et surtout être jaloux de la souveraineté nationale », indique-t-il. Le Président demande aux journalistes d’aller chercher l’information, la vraie.

Moyalbaye Nadjasna

Pour juguler le délestage quasi quotidien au Tchad, Youssouf Ali Mbodou crée la start-up dénommée Kouran Djabo qui signifie l’électricité est revenue. Reportage.

Son bureau n’a pas d’électricité ce 16 décembre en début d’après-midi. Il y a délestage. Porte et fenêtres sont ouvertes pour illuminer la pièce grâce aux rayons solaires. Youssouf est assis autour de la table avec trois membres de son équipe. « Vous n’avez pas d’électricité à ce que je vois ? », lui ai-je lancé. Il me répond, « tu connais le pays », d’un air rigolo. 

Situé au quartier Diguel dans le 4e arrondissement de la ville N’Djamena, Kouran Djabo est une entreprise sociale fondée en 2017 par Youssouf Ali Mbodou. Il ambitionne rendre l’énergie solaire accessible aux ménages à faible revenu à travers un paiement échelonné. Mais Kouran Djabo en arabe local tchadien qui signifie « l’électricité est de retour » veut être une solution aux délestages quasi quotidiens subis par les ménages au Tchad. 

L’idée de créer cette start-up est venue, selon le promoteur Youssouf Ali Mbodou, du fait des délestages et du difficile accès à l’électricité de ménages tchadiens. « Quand j’étais petit, j’utilisais la lampe tempête pour réviser. Plusieurs années après je me rends compte que l’accès à l’électricité demeure encore un problème pour les ménages », dit le fondateur.

Bientôt 4 ans que Kouran Ddjabo contribue à illuminer les ménages grâce à ses dispositifs d’éclairage constitué de kit solaire individuel. Le kit est composé de trois lampes, dont deux fixes.

Si l’acquéreur choisit de payer comptant, c’est 50 000 FCFA. Si au contraire, le client opte pour un paiement échelonné, il paie 60 000 FCFA. Cependant, le promoteur de Kouran Djabo préfère le paiement échelonné. Car, dit-il, en cash beaucoup de ménages ne seront pas à mesure d’acquérir le kit. « Mais avec le système de paiement échelonné sur six mois, tout le monde de pouvoir acheter le kit », mentionne M. Youssouf. 

Le paiement initial se fait à 10 000F pour une durée de 30 jours. Après cela, l’utilisateur peut payer selon ses possibilités : 2 500 FCFA pour une semaine, 5 000 FCFA pour deux semaines. Après 6 mois, le kit revient à l’utilisateur. Tout cela avec des conditions. « Si le client ne verse pas la redevance mensuelle jusqu’à 2 mois sans justification, nous retirons le kit ».

Bien que le système fonctionne avec de l’énergie solaire, le promoteur de Kouran Djabo a pris la précaution d’installer un dispositif de sécurité dans le kit. La technique est simple, chaque fois que le client ne paie pas à terme échu, le dispositif ne fonctionne pas. C’est exactement comme le système prépayé de la Société nationale d’électricité (SNE) où quand l’utilisateur épuise son crédit, il n’a pas d’électricité. « Ce dispositif est notre seule garantie pour obliger nos clients à verser régulièrement ce qu’ils nous doivent ».

Éviter que les clients ne soient insolvables, notre solution est financièrement inclusive. Il faut faire un paiement échelonné.

Cela fait 3 ans. La première année, c’était la phase pilote avec plus de 100 kits. Cette stratégie nous a permis de nous adapter en nous au marché et au besoin des ménages. Notre objectif global est de contribuer aux objectifs de développement durable (ODD).

Le problème d’accès à l’énergie est un dossier sérieux. Au Tchad, le taux d’accès aux énergies renouvelables avoisine 6% alors que la moyenne africaine est plus élevée. En même temps, l’Afrique centrale est la sous-région la moins électrifiée de l’Afrique. Il y a 125 000 000 de personnes qui vivent sans électricité.

La demande d’énergie au Tchad est de 10% par an. Il faut donc trouver des solutions alternatives. Il faut se tourner vers les énergies renouvelables qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie.

« Aujourd’hui il faut dire que nous sommes très sollicités. On est actuellement dans 7 villes du Tchad », fait savoir Youssouf Ali Mbodou. Mais l’ambition, il ne faudra pas s’arrêter là. « L’idée c’est de couvrir l’ensemble du territoire tchadien. C’est énorme ». Selon l’équipe de l’entreprise, les demandes viennent d’un peu partout jusqu’aux frontières camerounaises et centrafricaines, des endroits, très difficiles à atteindre. « On va travailler pour y arriver et on mettra le paquet qu’il faut. L’idée n’est pas aussi de rester seulement dans les grandes villes, mais de desservir les villages ».

Youssouf Ali Mbodou attend de l’État la création des conditions favorables aux entreprises Verts par exemple la baisse de la fiscalité pour attirer les investisseurs au pays. Ce qui est positif est la prise de conscience au niveau de l’État qui a défiscalisé les taxes sur les matériaux des énergies renouvelables et la mise à disposition d’un fonds pour l’entrepreneuriat des jeunes.

« Notre vision à long terme est de donner l’électricité dans toute la sous-région Afrique centrale. Avec le solaire, on va beaucoup innover. Pas seulement dans l’électricité, mais aussi dans d’autres secteurs. »

Christian Allahdjim

Le recyclage des objets, et surtout des bouteilles, est devenu une activité lucrative pour des jeunes démunis. Et cela n’est pas sans risque. Reportage.

Un métier comme tant d'autres. Le recyclage des objets est devenu un métier qui se pratique un peu partout au Tchad. A N’Djamena, la capitale tchadienne, certains jeunes ont fait leur gagne-pain en dépit des risques liés à la santé.

Âge moyen 17 ans, ces jeunes fouillent chaque jour les poubelles publiques, les bars, les marchés, les décharges illégales à la recherche des bouteilles. Un grand sac au dos et un panier à la main, ces jeunes fouineurs des poubelles sont en majorité des enfants appelés communément « les enfants de rue ».

Cédric est un de ces enfants. Il sillonne la ville depuis son jeune âge. « J'ai quitté la famille très tôt. Pour subvenir à mes besoins, je suis obligé de faire une activité et j'ai choisi celle de recyclage des bouteilles », explique-t-il.  Dès 5h, Cédric commence à fouiller. Pour avoir plus des bouteilles, « je sors très tôt pour faire le tour. Comme nous sommes nombreux à fouiller les poubelles, je me donne plus de chance en étant parmi les premiers à être sur place ».

Sur les dépotoirs publics, ils ramassent toutes sortes de bouteilles. En plastique ou en verre. Mahamat est comme Cédric, recycleur. « Je ne fais pas la distinction. Je ramasse tout ce que je trouve », fait-il savoir. C’est une fois, au lavage que le tri se fait. Les bouteilles déformées sont reformées grâce à la pompe à air pour leur redonner leur forme d’antan.

Après la collecte, c’est l’étape de lavage. Certains se rendent au fleuve, d'autres préfèrent se retrouver dans un coin de la ville. « Une fois que mon sac est plein, je me rends au fleuve pour laver mes bouteilles. Là-bas je ne paie pas l'eau. J'ai juste besoin du savon détergent », affirme-t-il.

Les clients sont exigeants, d'après Mahamat. Il faut prendre son temps pour bien laver. Les bouteilles sont vendues aux marchés, aux petits restaurants, dans les boutiques. Ces bouteilles ont une nouvelle vie. Elles sont réutilisées comme contenant d'huile, d'eau fraîche, les jus, les yaourts. « Quand j’ai fini mon lavage, je les vends. J’ai mes clients. Certains achètent en gros pour pouvoir revendre, d'autres prennent juste pour leurs besoins », dit Ali.

Madame Fatimé exerce ce commerce depuis bien de temps. Elle est grossiste, « je suis grossiste depuis longtemps. Je prends en gros et je revends à mon tour ». Elle affirme ne pas faire une marge bénéficiaire énorme, mais raisonnable.

Solange, vendeuse d'eau et jus d'oseille, « j’achète chaque jour les bouteilles. Chez mon fournisseur. Un enfant de la rue. Le prix est acceptable. 2 petites bouteilles à 25 FCFA, mais au marché, c’est cher. Une bouteille à 25 FCFA », relève-t-elle. Pour être sûre de la propreté, madame Solange dit qu'elle relave avec de l'eau tiède plus du détergent avant de les réutiliser.

Récupérer après l'usage est une bonne action. Cela évite la pollution de l'air et protéger l'environnement, mais la pratique de lavage après avoir collecté laisse à désirer.

Pour Oueye Noël, étudiant en 6e année de Médecine et stagiaire à l’hôpital général de référence nationale, cette pratique comporte assez de risques sanitaires. Car ces bouteilles ramassées dans des endroits très sales (caniveaux, ordures...) et non désinfectés pourraient contenir des microbes qui peuvent occasionner des maladies. Pour des raisons de santé publique, M. Oueye Noel, conseille à ces jeunes de laver ces bouteilles avec un détergent et les désinfecter avec l'eau de javel avant de les revendre.

Oueye Noël demande aux recycleurs de ramasser des bouteilles dans des endroits salubres (magasins, boutiques...) ou à l'occasion des cérémonies. Et de bien les laver et les désinfecter pour éviter aux consommateurs d’éventuelles maladies.

Il est également important que la population soit éduquée pour ne pas jeter les bouteilles partout, car jetées dans la nature, ces bouteilles polluent l'environnement, explique-t-il.

Orthom L’Or

Le 25 décembre de chaque année, les chrétiens du monde entier et ceux du Tchad commémorent la nativité de Jésus-Christ, Seigneur et sauveur de l’humanité selon la Bible. Quelle est l’origine de cette fête ? Que représente-t-elle pour les chrétiens ? Reportage.

La Noël se prépare activement dans les Églises et Paroisses de N’Djamena, capitale du Tchad. Dans la paroisse de Chagoua, une crèche de l’Enfant Jésus a été fabriquée. L’objectif est d’illustrer aux fidèles chrétiens de cette paroisse dans quelles conditions Jésus Christ est né. Et comment les mages sont venus l’adorer.

Pour le Pasteur Dogos Victor, Coordinateur Département Éthique, Paix et Justice de l’Entente des Églises Missionnaires et Évangéliques au Tchad (EEMET), la Noël a une origine païenne. Elle signifie la fin de l’année et le moment de la réjouissance. Dans l’empire Romaine, indique-t-il, avant l’arrivée du judaïsme, le christianisme et puis l’islam, beaucoup des peuples étaient de polythéistes. Selon lui, dans l’Empire Romain, il y avait qu’on appelait le « dieu soleil ». L’empereur Théodore a imposé le dieu soleil et tout l’empire doit l’adorer. Présents à cette fête, les chrétiens à cette époque ont décidé de donner un autre contenu. Christ est lumière, lorsque Siméon dans Luc chapitre 2, était avancée en âge et que l’Enfant Jésus était amené au temple pour la circoncision au 8e jour. Il prend l’enfant et dit : « Seigneur tu laisses ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole, car les yeux ont vu ton salut. Salut préparé devant tout ton peuple, lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël à son peuple ». Le Pasteur Dogos Victor, déclare que le Christ est venu comme une lumière pour éclairer les nations. Il a dit lui-même, explique-t-il, « je suis la lumière du monde celui qui me suis ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière pour la vie ». 

Pour Coordinateur Département Éthique, Paix et Justice EEMET, « même si la date du 25 décembre n’est pas la date précise de la naissance du Christ, cette fête doit commémorer la venue du Christ pour le Salut et la délivrance.»

Dans la Sainte Bible au chapitre 4 de Luc, versets 18 et 19, déclare, « l’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer la délivrance aux captifs et laisser libre les opprimés ».  Alors, relève Pasteur Dogos Victor que, Noel n’est plus une fête païenne célébrée en l’honneur du dieu soleil dans l’Empire Romaine mais une lumière venue de Dieu. C’est vrai même si l’origine n’est pas biblique, mais les chrétiens lui ont donné un sens. « Ce n’est pas un moment de jouissance faisant du tort aux familles par excès d’alcool, mais il faut plutôt le regard vers Dieu, manifester la joie, rétablir la paix du Christ là où il y a les difficultés, se détourner du mal et venir plutôt vers Dieu », conseille-t-il aux chrétiens. Pour lui, les gens étaient inquiets pour le réveillon, mais il faut remercier les plus hautes autorités qui ont repoussé jusqu’à 1h 00 le couvre-feu. Ce qui permet aux chrétiens de commémorer cette naissance du Christ.

Seul Dieu a le dernier mot

Cette année, le message de la Noël de la Conférence Episcopale du Tchad (CET) est accès sur trois points. Selon l’Abbé Xavier Omer Kouldjim, le Secrétaire général, « Dieu marche avec son peuple, le peuple tchadien marche-t-il avec son dieu et marchons ensemble vers une nouvelle espérance au Tchad.» Pour lui, il faut se tourner vers Dieu, source de la vie, afin de mieux apprécier cette année qui s’achève. Et de confier à Dieu la nouvelle année qui commencera bientôt. « La venue du Fils de Dieu que nous célébrons à Noël nous procure cette joie de la proximité de Dieu avec toutes les nations et entretient en nous l’espérance des temps nouveaux. »

Pour le SG du CET, la foi que Christ et ses disciples nous ont transmise exige de nous la fidélité. Mais surtout, poursuit-il, elle constitue pour nous une obligation de faire fructifier le message de la Bonne Nouvelle. « Frères et sœurs, quelle que soit notre religion, Dieu nous appelle tous à devenir un peuple qui marche en sa présence et à être gardiens et intendants de notre nation, serviteurs de la vérité, de la Justice et de la paix », dit-il. Pour les autorités ecclésiastiques catholiques, seul Dieu a le dernier mot pour toutes les situations humaines. Cette conviction de foi, disent-elles, se caractérise aussi par des initiatives de solidarité entre croyants face à la pandémie. « Que la venue de Jésus, Prince de la paix, procure à chacune et chacun de vous la paix qui vient de Dieu », pour la cohésion sociale.

Moyalbaye Nadjasna

Une fête émousse beaucoup d’envies. Habits neufs, plats spéciaux, boissons, mais aussi et surtout la beauté. Ialtchad Presse continue à vous faire vivre les préparatifs. Cette fois chez les coiffeuses et les tailleurs. Reportage.

Moursal, un des quartiers les plus mouvementés de N’Djamena, la capitale. Le froid semble s’installer dans la cité et l’habillement des N’Djamenois commencent à changer.

Sur l’avenue Marie Thérèse Mbaïlemdana, un salon de coiffure mixte est ouvert. Il n’y a pas encore de bousculade pour le moment. Des jeunes dames se font tresser. Elles se font belles pour la circonstance. Cinq coiffeuses et coiffeurs sont aux manettes. Une cliente se fait tresser. Une autre apporte des mèches pour le redressage. Et encore une autre exige une coiffure spéciale pour une cérémonie de mariage. L’ambiance est à la fête, les esprits aussi.

Moïse Sabo est coiffeur dans ce salon. Il coiffe homme et femme. Il a 17 ans de métier derrière le casque. Il est très apprécié de ses clients pour son talent et son ingéniosité. D’après lui, la fréquence de la clientèle est normale, en cette période de réjouissances. Toutefois il suppose qu’à la veille la demande sera plus grande. « Pour le moment, nous ne sommes pas encore débordés. Peut-être dans les jours à venir », dit-il.   Selon lui, le prix des coiffures varie selon les modèles. Le temps de fêtes n’influence pas ses prix de tresses, ils sont invariables. 

Si dans les salons, le tempérament est normal, les couturiers communément appelés « tailleurs », sont, eux bousculés par les attentes des clients.

Ahmat est assis dans son atelier de couture au quartier Ardepdjoumal semble débordé par le travail. Partout dans son atelier, les commandes non cousues ou à moitié cousues sont entassées pêle-mêle. « Il y a beaucoup de commandes. Je dois les finir avant le 25 décembre », dit-il, l’air soucieux.  Depuis le début de du mois de décembre, Ahmat est harcelé par la clientèle.  « Depuis le début du mois, je croule sous les commandes. Il y en a pour les cérémonies de mariage, de dot, de Noël, etc. À 3 jours de la fête, je reçois toujours les pagnes et les clients n’arrêtent pas », explique le couturier.

À côté de son atelier, il y a celui d’Ali. Il est spécialisé dans la couture des tissus bazins. Il vit le même problème. Son placard est rempli à pleine capacité. Pour finir dans le délai, Ali est obligé de travailler du matin jusqu'à l'heure du couvre-feu. « Je viens à 8h pour rentrer à 20h30. Je fais comme ça pour évacuer les commandes, mais ça ne fait qu'augmenter », se plaint-il. Pour faire le maximum avant le 25 décembre selon Ali, à partir de ce 23 décembre, il va commencer à veiller dans son atelier. « Les clients continuent d'apporter les tissus malgré mon refus ils insistent pour finir par faire des palabres », regrette-t-il. 

L’impatience des clients


Dans l'atelier d’Ahmat, les clients haussent le ton. Certains se chamaillent avec le couturier. Et profèrent des injures. Koutou Rosine, une cliente. « J’ai apporté des tissus de mes enfants depuis le 3 décembre pour éviter les problèmes d’être en retard. Malheureusement, jusque présent les habits ne sont restés pas cousus. Pourtant j'ai déjà payé », dit-elle, frustrée.

Julia Allarassem est l'une des clientes d’Ali. Elle aussi rumine sa colère. « Cette année, j'ai décidé de faire plaisir à mes filles. J'ai apporté les tissus depuis le 6 décembre. Il m'a demandé de passer une semaine après pour récupérer, mais depuis deux jours, je ne fais que défiler dans son atelier ». Elle rajoute, « je regrette, si je savais, j'allais acheter les habits prêts-à-porter ».

D’autres ateliers ne sont pas pris d’assaut par les clients. À Moursal, chez le couturier Dieudonné, son atelier est vide. « Cette année, je n'ai pas beaucoup de clients et ceux qui me sollicitent me demandent de coudre à crédit », soutient-il. D'après Dieudonné, les clients se plaignent de la situation socio-économique.

Orthom L’Or
Kadidja Mahamat Tahir
Moyalbaye Nadjasna

La Noël se prépare d’arrache-pied. Jour ‘’J’’ moins 72 heures. Pour rendre la fête belle, l’achat de cabris, de poulet et autres victuailles font parties des préparatifs. Ialtchad Presse vous propose la couverture média de cette grande fête chrétienne. Reportage.

Nous sommes à un point de vente de moutons, face au bâtiment de la Caisse nationale des Retraités du Tchad (CNRT). Ce n’est pas la fête de Tabaski, mais cette fois, c’est la Noël.  Les rues de N’Djamena, capitale tchadienne, s’animent. Les uns s’achètent des habits, les autres de moutons ou poulets malgré les plaintes sur la morosité économique.

Abakar Saleh est un vendeur de moutons. « Les clients viennent, mais à compte-gouttes pour le moment. Par jour, je vends 3 moutons. Ce n’est pas du tout fameux. Mais comme nous avons encore quelques jours devant nous. J’espère qu’avec le virement des salaires des fonctionnaires, les choses vont bouger », dit-il optimiste. Pour Mahamat, un autre vendeur, les prix de moutons ne sont pas élevés comme les clients le disent. Il y en a à toutes les bourses : 20 000 FCFA, 25 000 et 30 000 FCFA.

Dénemadji Sabine, la trentaine révolue, est accompagnée de sa cadette. « J’ai parcouru différents points de vente. Les prix sont très élevés. Mais ici, c’est acceptable. Je viens d’acheter un mouton à 23 500FCFA. Pour ma petite famille. C’est parfait », explique-t-elle.

Dounia, hors micro, nous indique que c’est devenu une habitude chez lui. Il commence à préparer la fête depuis octobre et il s’en sort bien. Il soutient que les prix sont élevés.

Même son de cloche du côté des volailles au marché de Dembé. Plusieurs clients se plaignent au sujet des prix. « Un poulet coûte entre 5 500 à 7 500FCFA, sauf les canards qui sont à bons prix, mais beaucoup n’en veulent pas », disent-ils. Les vendeurs soutiennent que cela n’est pas de leur faute « si nous vendons au prix que prétendent les clients, nous serons déficitaires ».

Autres denrées alimentaires

Delphine Denebeye est venue acheter le petit sac de la farine de blé, un bidon d’huile et un peu de margarine pour fabriquer les gâteaux. Selon elle, le prix n’a pas changé, « j’ai acheté le petit sac de farine de blé à 10 000FCFA, le bidon d’huile à 9000FCFA et Margarine à 4000FCFA. Les prix n’ont pas changé. » Selon Ahmat, commerçant au même marché, rien n’a augmenté, les prix de différentes denrées sont restés intacts. Aujourd’hui, dit-il, les gens achètent tout en gros et non en détail. C’est cela qui fait qu’il n’y a pas d’achalandages. « Les habits, oui. Les prix ont flambé. Moi je pense que la nourriture vaut mieux que les habits. Il faut bien manger durant cette période de la Noël et du Nouvel An », dit-il dans un éclat de rire.

Moyalbaye Nadjasna

 

 

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