Reportage

Reportage (1382)

La liste des candidats à l'élection présidentielle au Tchad prévue pour le, 11 avril prochain, à été publiée, le 03 mars dernier. Sur les 17 dossiers de candidature déposés, seulement 10 ont été retenus. Cependant, au rang des candidats retenus, quelques-uns se retirent. Ialtchad s'est intéressée aux partants et non partants pour comprendre leurs raisons. Reportage

Selon le candidat de l'Union nationale pour le Renouveau et la Démocratie (UNDR), M. Saleh Kebzabo, les motivations du retrait de leur candidature sont nombreuses. Il déclare avoir envoyé une lettre de retrait  à la cour suprême avant la publication de la liste. D’après lui, la cour suprême a retenu sa candidature soit pour leur faire perdre les 10 millions de caution soit le dénigrer.  «La cour suprême est tenue de respecter le chronogramme qui s’impose à tous. Selon la CENI, la date de publication de la liste des candidats est fixée pour le 09 mars. Ce que la cour suprême vient de faire n’est pas loin d’un parjure, sinon une forfaiture», indique le candidat de l'UNDR. De son avis, c’est un désordre politique créé.

Pour le président de l'UNDR leur retrait fonde beaucoup de raisons. En réalité, dit-il, les militants du Bureau politique national (BPN) ou Bureau exécutif savent depuis un an que la participation de l’UNDR allait être hypothétique. Kebzabo affirme que le régime MPS à tout ficelé  a son avantage. L'organisation donnant lieu à la 4ème République, la création de 50 départements et 23 régions, la modification du code électoral, l’élévation de Deby au rang du Maréchal sont entre autres les motivations de notre retrait.  « On s’insurge contre toutes ces causes», note-t-il. D'après lui, la date arrêtée pour les campagnes c’est le 11 mars. «Nous avons Il y a une dizaine de jours, publié un mémorandum en douze points afin de discuter avec la CENI et le gouvernement pour qu’on se mette d’accord sur les termes d’une élection transparente. Ils n’ont pas répondu à nos doléances», informe le présent de l’UNDR.

«Candidature avec un schéma de retrait à un moment précis »

Saleh Kebzabo souligne qu’il y a eu tentative d’assassinat d’un candidat à l’élection à la personne de Yaya Dillo, le dimanche dernier. C’est la 1ere fois, déclare-t-il, en 25 ans d’élections, qu’on assiste à une telle barbarie. A partir de ce fait-là, nous irons à quelle élection s’interroge-t-il ? Selon lui, l'UNDR n’a jamais fait d’accompagnement. Depuis 2016 poursuit-il, il n’y a pas d’améliorations et la situation politique s’empire. «J’ai déposé ma candidature avec un schéma de retrait de la course à un moment précis. Mais les gens ont précipité notre décision de retrait que nous ne regrettons pas notre retrait d’une fausse élection, une mascarade électorale qui va amener des résultats catastrophiques », martèle-t-il. Sur le plan politique, l’avenir de notre pays est de plus en plus hypothétique et notre démocratie est en danger, a-t-il signifié. «Je ne suis pas candidat de l’alliance mais de l’UNDR. J’ai représenté l’UNDR dans toutes les échéances et n’ont une alliance. L’accident de l’alliance qui s’est produit, la page est tournée. Nous avons été victime d’un complot mais les militants de l’UNDR ont très tôt compris et ont décidé que l’UNDR se retire donc c’est terminer», conclut-il.

Se retirer de la course c'est aller très vite au besoin

Romadoumngar Nialbé Félix est candidat du parti Union pour le Renouveau et la Démocratie (URD). Lui contrairement à Saleh Kebzabo, estime pour sa part que, le retrait d'une candidature respecte la procédure à laquelle on a été investi. « J'ai été investi  par un congrès extraordinaire qui a regroupé les militants de l’union pour le Renouveau et la Démocratie (URD) des 23 provinces du pays. Donc s'il fallait que je me retire  il va falloir que le congrès le décide», dit-il. Selon lui, Il s'est produit le 28 février, un problème judiciaire mal géré.

C'est tragique, les tchadiens en ont encore perdus leurs vie, regrette-t-il. C'est déplorable note-t-il que cela se passe au domicile d'un candidat qui, malheureusement n'a pas été retenu. «Mais il y a eu des événements plus grave que ça au Tchad qui n'ont pas empêché l'organisation des élections. L'arrivée de la rébellion en 2006 au cœur de N'Djamena en est une illustration», argumente, Nialbé Félix. Pour lui, dit-il, se retirer de la course suite à un problème judiciaire très mal géré, c'est aller très vite au besoin. «Ceux qui sont investis  par le bureau exécutif c'est facile de se retirer mais mon cas, il n'y a pas de raison pour me retirer», a terminé le candidat partant de L’URD.

La France demande qu’une enquête publique soit ouverte sur l’incident qui s’est produit au domicile de Yaya Dillo afin de situer les responsabilités. La RFI suggère qu’il y ait une couverture médiatique équitable des candidats. L’ONU pour sa part appelle au dialogue pour une meilleure organisation des élections libres et transparentes au Tchad.

Moyalbaye Nadjasna

L’incident qui s’est produit au domicile de l’opposant et candidat à la présidentielle d’avril 2021 Yaya Dillo fait l’objet de toutes les supputations. L’opposant accuse le pouvoir de vouloir l’éliminer. Le gouvernement l’accuse de rébellion armée en ville. Reportage

La première réaction du gouvernement venait du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Cherif Mahamat Zene. Sur les ondes de la RFI le 28 février, le ministre parle d’une interpellation qui a mal tourné. D’après lui, les éléments de la police, venus pour interpeller Yaya Dillo Djerou Betchi, ont essuyé des tirs venant de l’intérieur de son domicile. « Les forces de l’ordre ont agi en légitime défense », dit-il. Il donne un bilan de 2 morts sans préciser leurs identités. L’opposant Yaya Dillo, lui, parle de 5 membres de sa famille tués, dont sa mère.

La deuxième réaction est celle du procureur de la République près du tribunal de grande instance de N’Djamena, la capitale tchadienne, M. Youssouf Tom. Dans sa déclaration faite le lundi 1er mars, il affirme que M. Yaya Dillo fait l’objet d’une procédure correctionnelle orientée en citation directe depuis octobre 2020. « Ce dernier n’avait pas daigné comparaître », précise le procureur. Il affirme que le concerné se trouvait dans une zone difficile d’accès. Il a fallu attendre son retour à N’Djamena. Le samedi 27 février, les forces de sécurité sont allées exécuter le mandat d’amener, « n’ayant pas atteint leur objectif, le dimanche 28 février, les officiers de la police judiciaire chargés d’exécuter les mandats ont renforcé leur sécurité pour se rendre au domicile de Yaya Dillo. Ce dernier a opposé une résistance et il y a eu des échanges de tirs qui ont causé quelques morts, des blessés et des dégâts matériels, » déplore le procureur. Une enquête judiciaire est ouverte pour meurtre, coups et blessures volontaires et complicité de meurtre et de coups et blessures volontaires contre tous les auteurs, coauteurs et complices de ces infractions, informe le procureur.

La troisième et la dernière version est celle du patron de la diplomatie, M. Abba Siddick. Détails à l’appui, le ministre des Affaires étrangères a voulu convaincre les diplomates. Il a qualifié l’événement de rébellion en pleine capitale. « Les autorités judiciaires sont confrontées à une rébellion de M. Yaya Dillo qui a refusé d’obtempérer aux injonctions de la police venue lui présenter, le 27 février un mandat d’amener » dit-il.

Ensuite, il est revenu sur les faits reprochés à l’opposant. « Yaya Dillo est visé par deux plaintes déposées contre lui, pour refus de restituer trois véhicules de service après avoir quitté ses fonctions de représentant de la CEMAC, et de diffamation et insulte à l’égard de l’épouse du Chef de l’État », dit le patron de la diplomatie tchadienne aux ambassadeurs présents. Puis il est revenu en détail sur le déroulement de l’opération qui a mal tourné. 

Selon l’ambassadeur, Abba Sid Dick, au premier jour de son interpellation, Yaya Dillo, entouré de 5 hommes armés de fusil d’assaut, s’est montré hostile et menaçant. Face à ce comportement, les officiers de la Police judiciaire ont quitté son domicile. Après leur rapport à la hiérarchie, les autorités judiciaires ont instruit la Police de faire cesser cette rébellion de fait dans la capitale. C’est ainsi que le 28 février, les forces de l’ordre se sont présentées à nouveau à son domicile avec des moyens conséquents. À leur arrivée, dit le ministre, Yaya Dillo a directement ouvert le feu, blessant 3 agents des forces de l’ordre, tout en se protégeant derrière les membres civils de sa famille. Un tir de l’intérieur, précise le gouvernement, visant les forces de l’ordre a mortellement atteint la mère de Yaya Dillo. Une enquête établira les faits, promet le ministre. Le chef de la diplomatie tchadienne dit également que 3 agents des forces de l’ordre ont été blessés et 2 autres sont tués lors de l’opération.

Pour le ministre, il n’y a pas de doute. L’objectif visé par Yaya Dillo, candidat à la présidentielle, est de saboter la tenue de cette élection. « En réalité, l’objectif de Yaya Dillo n’est pas de se présenter à l’élection présidentielle, mais d’empêcher sa tenue », accuse Abba Siddick. Enfin, il rassure que le gouvernement tchadien ne laissera pas perdurer cette situation insurrectionnelle menée par un récidiviste qui refuse d’obéir aux lois. Il défie les forces de l’ordre et cherche, vis-à-vis de la communauté et la presse nationales et internationales à légitimer sa situation en se présentant faussement comme une victime. Et à provoquer des troubles graves.

Qui croire ? En attendant l’enquête ouverte pour situer les responsabilités, N’Djamena reste toujours coupé du monde. Pas d’internet, pas de SMS. Sauf les appels qui passent difficilement.

Djilel-tong Djimrangué
Allahadjim Christian  

Tôt dans la matinée du 1er mars, le domicile de l’opposant et candidat à la présidentielle d’avril 2021 M. Yaya Dillo a été le théâtre d’un incident qui a causé la mort 5 personnes. Reconstitution des faits. 

Ce matin du samedi 27 février des policiers selon le gouvernement, la garde prétorienne selon l’opposant ont fait irruption au domicile de l’opposant et candidat à la présidentielle 2021 Yaya Dillo Djerou Betchi. Sur sa page Facebook, Dillo alerte le public, « j’ai entendu des tirs devant ma porte à 3 heures du matin. À 6h des policiers entrent dans mon domicile et me demandent de les suivre. J’ai refusé, car il s’agit d’une intimidation suivie d’une violation de domicile. » Il n’a pas précisé l’objet de cette interpellation. Un peu plus tard dans la soirée, il est intervenu dans un direct Facebook pour éclaircir les motifs de cette tentative d’interpellation.

Il s’agit de l’action intentée par la première dame Hinda Deby Itno pour diffamation et injure.

Lendemain 28 février. 5 heures 14 minutes. Yaya Dillo alerte encore sur Facebook que « sa demeure est encerclée par l’armée et la police » puis « un blindé de l’armée a défoncé mon portail » et enfin « ils viennent de tuer ma mère et plusieurs de mes parents. » Selon l’opposant, 5 personnes sont mortes dans cet incident. La nouvelle s’est répandue très vite sur la toile.

9h 00. Les réseaux téléphoniques et Internet sont coupés. La capitale tchadienne, N’Djamena, est coupée du monde.

Quelques heures avant. Yaya Dillo parle sur les ondes de Radio France Internationale (RFI). Le candidat à la présidentielle accuse le pouvoir de vouloir l’assassiner. « Plusieurs éléments de l’armée appartenant au corps d’élite de la présidence ont tenté de pénétrer chez moi vers 5 heures du matin en défonçant le portail tout en tirant à balle réelle », fait-il savoir. « Ils veulent me tuer », affirme Yaya Dillo.  Pour lui, le pouvoir cherche à l’empêcher de dénoncer les systèmes qu’il a mis sur place pour truquer les élections présidentielles. Faux, rétorque le gouvernement qui parle d’une rébellion et un défi à l’autorité à l’État.

À N’Djamena, la situation est confuse après la coupure des réseaux téléphoniques et d’internet. Aucune information ne filtre. Le quartier Karkandjié dans le 5e arrondissement où réside l’opposant est quadrillé par les éléments de la Direction générale de la Sécurité et de la Surveillance Institutions de l’État (DGSSIE) et la Police. Plus tard dans la journée, la rue N’Djamenoise parle d’une médiation communautaire menée par des sages afin d’éviter un bain de sang. Jusqu’à là aucune intervention des autorités à part celle du ministre de la Communication porte-parole du gouvernement M. Chérif Mahamat Zène soutenant que M. Dillo refusait de se rendre à une convocation du Procureur de la République.

Lundi 1er mars. 16h. Le ministre des Affaires étrangères M. Amine Abba Sidick convoque un point de presse.  Il affirme, « malheureusement M. Yaya Dillo a refusé de se rendre ».

Dans la soirée, le lourd dispositif sécuritaire dans le quartier où résidait l’opposant est allégé. Plusieurs sources affirmaient que Yaya Dillo s’est exfiltré. Comment ? Mystère.  « Yaya Dillo s’est probablement échappé profitant de l’évacuation des civils. À l’heure actuelle, il n’est plus localisé et a déclaré sur les réseaux sociaux s’être caché ailleurs », dit le ministre Abba Sidick aux ambassadeurs.

Avant le ministre Abba Siddick, le procureur de la République a tenu presque les mêmes propos.

Djilel-tong Djimrangué

Le musée national est, ces derniers jours, régulièrement visité par des élèves. Ce jour du mois de février, un groupe d’élèves de plusieurs établissements privés de la capitale, N’Djamena ont visité le prestigieux pavillon qui retrace l’histoire du Tchad. Reportage.

L’ambiance ce matin dans les pavillons du musée national était bon enfant. Les élèves des écoles privées, collégiens et primaires déambulent, les yeux écarquillés de curiosité, dans les couloirs et pavillons du musée. Ils sont à la découverte de leur patrimoine national. Les encadreurs et les guides ne les quittent pas d’un pouce. Et arrivent par toutes sortes d’astuces à captiver leurs esprits. À les amener à se concentrer sur l’objectif de leur visite.

Amdam Ahmed Béchir est instituteur et enseigne l’histoire au Complexe scolaire Dar Al Salem de Diguel. Selon lui, leur établissement a organisé cette visite pour rapprocher la théorie enseignée aux élèves à la pratique. « C’est un petit groupe qui est ici. Nous leur avions conseillé de suivre avec sérieux ce qu’ils voient et entendent afin de les rapporter auprès de leurs camarades », dit Amdam. Il rajoute que cette visite permet de faire découvrir aux élèves, le vécu de leurs ancêtres et émousser leur appartenance au pays.

Mbodou Brahim Adoum, technicien arabophone du musée est le guide du groupe mené par Amdam Ahmed Béchir. Dans le pavillon paléontologie, où se trouve le crâne de Toumaï, il explique aux élèves, « Toumaï signifie espoir de vie en Gourane, une des langues tchadiennes. Il a été découvert en 2001 par un Tchadien au nord du Tchad dans le Djourab du Tibesti. L’équipe était conduite par le Professeur Michel Brunet de l’Université de Poitier en France ». Selon lui, c’est important que les élèves comprennent que le plus ancien des crânes découverts est tchadien. Et que l’ancêtre de l’humanité est Tchadien, note-t-il.

Les élèves pour témoigner de leur intérêt ont commencé par répéter à haute voix. « Nous avons vu Abel qui date de 3 millions et demi d’années, Tchadanthropus de 1 million et demi d’années, et Toumaï 7 millions d’années. Toumaï a été découvert en 2001 par le Tchadien Aounta Oudalbaye. Le crâne est ramené au pays en 2005 », crient-ils à tue-tête. Satisfaction se lit sur les visages. « Je remercie notre encadreur Amdam qui nous a conduits ce matin au musée national. Nous avons vu beaucoup des choses. Je suis très émerveillée », affirme Hawa Djibrine Mahamat, élève au Lycée-collège Dar Al Salem.

Mbodou Brahim Adoum encourage les élèves à sensibiliser leurs camarades d’emboîter leurs pas. « C’est important que les établissements scolaires publics et privés fassent découvrir l’histoire du Tchad à travers les objets d’art ».

Dans une circulaire conjointe de l’année dernière, les ministères du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat et celui de l’Éducation nationale et de la Promotion civique ont commencé une campagne d’information sur la valorisation du patrimoine national. Cette note circulaire vise les élèves de la classe de 6e et 3e.

Moyalbaye Nadjasna

Une femme enceinte est vulnérable. Elle est exposée à plusieurs risques liés à son état. Un suivi sanitaire de la mère et du fœtus est indispensable. Selon les spécialistes une consultation prénatale est recommandée. Reportage.

Souvenir Pauline est Sage-femme et RCS du Centre de santé de 3 zones : Ardep-djoumal, Kabalaye et Sabangali (AKS). La cinquantaine, taille moyenne, elle est presque la doyenne des sages-femmes. Selon elle, le sujet est indispensable parce que la vie humaine en dépend. Elle signifie que, la consultation prénatale (CPN) est un processus de préparation d’une femme enceinte pour un accouchement probablement saint. La CPN dit-elle, s’étale sur quatre temps. « Le premier temps commence à partir de 4 mois quand on voit l’enfant bouger. La femme peut déjà prendre la fansidar, on lui fait un bilan de santé. Et elle se soumet à l’échographie pour voir l’évolution de l’enfant. Le deuxième temps, la femme est soumise au Vaccin anti Tétanique 2 (VAT2) puis revient 1 mois après. À 6 et 8 mois, elle revient voir son médecin. Enfin, au dernier trimestre si elle ressent des malaises elle doit revenir, même en dehors des rendez-vous », explique-t-elle.

Pour la sage-femme, la CPN est importante. Elle permet de débusquer certaines maladies chez les femmes enceintes. « Le premier, rendez-vous, c’est la CPN1, on lui fait le bilan surplace au centre de la santé », dit Mme Souvenir Pauline. D’après elle, toute femme qui veut que son bébé soit en bonne santé le fait. Lors du bilan de santé, plusieurs tests de dépistage sont effectués. Entre autres : VIH/Sida, hépatite, paludisme, tension artérielle et la glycémie pour le diabète. Pour le VIH/Sida, si le test se révèle positif, la femme enceinte est systématiquement soumise au traitement aux anti rétroviraux (ARV), déclare la Responsable du Centre de Santé.  « Cela permet de diminuer le taux de charge du virus et préserver ainsi la vie de l’enfant. A l’accouchent, les nouveau-nés sont testés négatifs. On appelle cela la prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME) ».

Pour l’hépatite B, déclare-t-elle, si le résultat se révèle positif, les nouveau-nés sont vaccinés à la naissance. Cette méthode évite la contamination de l’enfant par l’allaitement. Mme souvenir note également que le groupage sanguin est aussi effectué. Pour Mme Souvenir Pauline, si le groupe sanguin de la femme est très tôt connu, elle peut échapper aux fâcheuses conséquences psychologiques de l’enfant mort-né, les enfants qui meurent à la naissance. Pour le cas de forte tension, la femme risque une crise d’éclampsie pendant l’accouchement. Pour la glycémie, dit-elle, la femme diabétique accouche d’un gros nourrisson.

 Examens pas tous gratuits

Au centre de la santé, deux femmes sont assises. Elles attendent d’être consultées. Le centre est très calme contrairement à d’habitude. « Nous respectons les rendez-vous que les sages-femmes nous donnent » déclarent-ellesUne troisième femme assise derrière un pilier en béton du bâtiment. Elle affirme être venue sans rendez-vous pour consulter les sages-femmes pour des conduites à tenir. Elle a un malaise et fait du vertige.

Le Centre tourne à pleine capacité, mais les difficultés ne manquent pas. Certaines femmes dit-elle, respectent la CPN mais d’autres non. « Certaines femmes sont démunies. Et les examens ne sont pas gratuits à part le dépistage de VIH/Sida. Par exemple, elles ne font pas le bilan santé. Elles ne reviennent pas parce qu’elles ne peuvent pas payer les frais. D’autres ne le font pas par négligence. Des examens gratuits à la CPN, cela pourrait aider les femmes »

 « Entre temps, Expertise France nous appuyait en nous livrant des vaccins contre les hépatites. Donc le dépistage et le vaccin sont gratuits pour les femmes. Maintenant, on n’a plus un partenaire qui nous appuie », plaide Souvenir Pauline. Elle demande à l’État et ses partenaires de rendre les examens de la CPN gratuits ou de les subventionner afin d’aider les femmes. « L’accouchement est gratuit, mais si cela nécessite des produits, la femme doit acheter les médicaments. On ne se comprend pas avec les femmes. Lorsqu’elles accouchent, elle croit que tout est gratuit. Or c’est l’acte d’accouchement qui est gratuit, les produits ne sont pas gratuits ».

Ce sont les produits les produits antipaludiques et les ARV qui sont gratuits.  Il n'y a pas longtemps, l’État remettait des moustiquaires aux femmes, maintenant il n’y a rien. « En fait, une femme enceinte lorsqu’elle attrape le paludisme elle risque de tomber dans l’anémie qui provoquera l’avortement, ou un accouchement prématuré », dit-elle.

En attendant que l’État agisse, Mme Pauline demande aux hommes de prendre en charge les frais d’examens médicaux de leur épouse.  « Je souhaite aussi que les époux accompagnent leurs épouses pour voir les réalités ».

Moyalbaye Nadjasna

Créée en 2019 par Gamaigué Watouing Léonard, l’école pour les enfants des éleveurs nomades a deux niveaux. Ialtchad Presse vous amène à la découverte cette école spéciale, dirigée par un homme à part dans la petite forêt de Walia. Reportage. 

Elle n’a rien à envier à école moderne avec des salles de classe en béton, des tables-bancs, un terrain de sport, etc. C’est à l’ombrage d’un nimiers, un tableau adossé contre le tronc, une forêt d’arbres au milieu d’un campement d’éleveurs nomades à la sortie sud de N’Djamena, la capitale.  Il est 8h. Sur le tableau il est écrit mercredi 3 février, M. Gamaigué Watouing Léonard, l’instituteur et fondateur est présent malgré le froid. Étudiant en Master 2 en Sciences de l’éducation, il est bien là fourré dans son manteau. Il est sur place depuis 8 heures. Les cours commencent à 8h30mn pour finir à 11h00mn du lundi au vendredi. Une table et une chaise lui font office de bureau. Un tableau est installé juste à sa droite. En face de lui, une soixantaine d’élèves du Cours préparatoire niveau 1 (CP1). Deux tapis, offerts par une ONG nationale, servent de tables-bancs. Assis pêle-mêle dans un brouhaha interminable, ardoises et cahiers de 32 pages en mains, les élèves du CP1 ont répondu présents à la séance du jour. Tant bien que mal, le maître Gamaigué Watouing Léonard tente de rendre moins bruyante la classe. Mésié, mésié, mésié, (mauvaise prononciation de monsieur) fusent de partout. Mais l’instituteur reste imperturbable.

La leçon du jour porte sur les chiffres de 0 à 10. Léonard les reproduit au tableau. Après plusieurs exercices de répétition vient le tour des écoliers de passer au tableau. « Qui va passer au tableau ? », demande Léonard. « Moi, moi, moi », répondent à la fois les élèves. Si certains attendent que le maître les désigne, d’autres se donnent volontiers. Puis arrive le moment de recopier sur les ardoises ou les cahiers. Un exercice délicat. Et enfin, le maître note.  

Répondre à un besoin

Le fondateur de cette école spéciale pour les enfants d’éleveurs nomades explique que la création de cette école de fortune est partie d’une constatation. « Un matin je partais à Toukra. J’ai vu les enfants des nomades en train de jouer sous les arbres. Ils étaient nombreux », dit-il. Et rajoute « C’était vers 8h du matin. Cela m’a touché. Je me suis demandé pourquoi tous ces enfants traînent à la maison. Leur place est à l’école. Et l’idée de créer cette école à germer dans ma tête », lâche-t-il. Gamaigué Watouing Léonard a rencontré les parents des enfants, « je leur ai expliqué mon idée. Ils ont accepté sans condition. J’ai démarré ».

Le jeune instituteur s’est engagé, « j’avais un peu d’argent entre temps. J’avais acheté un morceau de plafond et de « lambour ». J’ai fabriqué un tableau. Et l’aventure a commencé et dure encore depuis 2 ans ». Les élèves issues de la première promotion sont maintenant au CP2. « Après évaluation, ceux qui ont un niveau de compréhension acceptable sont admis au niveau suivant », explique le fondateur. Malheureusement, cette école n’est pas encore reconnue par l’administration tchadienne. Donc aucun document n’est délivré aux apprenants. « L’essentiel est que ces enfants puissent apprendre à lire, écrire et compter en Français. Le droit à l’éducation est fondamental », dit l’instituteur avec fougue.

Les difficultés sont énormes de cette école à commencer par le cadre et les autres conditions d’études. M. Gamaigué Watouing Léonard ne compte pas abandonner « si nous avons tenu près de 2 ans, ce n’est pas demain qu’on va abandonner ». Bien que chômeur, Léonard dit accomplir cette tâche par passion et non par ce qu’il est en chômage. Il dit être fier de son œuvre bien que n’ayant ni un salaire ni un quelconque avantage « ma récompense est la reconnaissance des parents d’élèves et des élèves. Cela suffit à mon bonheur ».

Christian Allahadjim

Suite à un communiqué de presse signé par la Cellule SET de Walia, le 17 février, les activités pédagogiques au lycée et collège de Walia sont suspendues. Objectif, libération immédiate et sans condition des élevés, enseignants et responsables de cet établissement public arrêtés par la police, le 15 février passé. Selon janvier Adamou secrétaire général cette suspension, compte du jeudi, 18 au samedi 20 février. Ialtchad Presse est allé s’imprégner de la réalité du terrain. Reportage.

Lycée et collège de Walia, il est 11 heures passées. Un silence cimetière règne dans la cour. Tout est suspendu, cours et activités pédagogiques du jeudi 18 au samedi 20 février. Et les autorités administratives et la cellule des Syndicats des enseignants tchadiens de Walia ont tour à tour arrêté leurs activités. Selon le communiqué de presse de la cellule, c’est suite à la bavure policière du 15 février lors d’une manifestation qui ne concernait en rien les élèves. Pour le signataire, janvier Adamou, secrétaire général, les forces de l’ordre ont tiré de lacrymogène dans la cour du lycée, saccagé les salles et bureaux, bastonnés, arrêté et humilié les enseignants et le personnel administratif de l’établissement. « La cellule du SET demande aux autorités compétentes de protéger les enseignants de cet établissement dans l’exercice de leur fonction. Elle se réserve le droit d’engager les actions de grande envergure », conclut le communiqué.

Pour Beakba Gabgaroua, proviseur du lycée de Walia, tous les élèves étaient dans leurs salles en train de faire cour ce lundi 15 février. Du coup dit-il, aux environ de huit heures, un groupe d’individus marche le long de la grande voie en face de leur établissement. « Ils commencent à brûler les pneus et la police intervient pour les disperser à coup des gaz lacrymogènes. Une partie des gaz tombe dans la cour du lycée. Stupéfaits, les élèves sortent de leurs classes en débandade », explique-t-il. Selon lui, paniqués certains élèves ont escaladé les murs, ceux qui ont de malaise respiratoire ils se sont réfugiés dans le bâtiment de l’administration et d’autres encore dans les toilettes. Un moment après, témoigne-t-il, la police investit la cour et leur demande de leur livrer les élèves qui gémissent. « Nous nous sommes opposés en leur expliquant que nos élèves ne sont pas des manifestants. Ils ont seulement pris peur et ils sont sortis de leurs classes. Du coup, on nous brutalise devant nos élèves et nous embarque », confie le proviseur.

Pertes des heures, plus grande inquiétude !

Beakba Gabgaroua, de poursuivre que les forces de l’ordre leur demandent pourquoi pousse-ils les élèves à manifester ? Réponse : « Nous sommes des agents de l’État et par conséquent, nous ne formons pas des délinquants », dit-il. D’après le proviseur, ils ont arrêté les élèves filles et garçons puis, sur-le-champ, les filles ont été libérées. Mais les garçons jusqu’aujourd’hui, personne ne sait s’ils sont libérés ou pas, note-t-il. « Pour des raisons d’accalmie, les autorités administratives ont suspendu les cours mardi et mercredi et normalement nous devons reprendre jeudi passé. Mécontent, de la bavure policière, le syndicat suspend lui aussi les activités pédagogiques jusqu’au samedi », précise le proviseur.

Selon le 1er administrateur du lycée de Walia, il y a eu déjà une longue grève et le lendemain, un tel événement c’est bien dommage ! « Ce n’est pas un bon signe pour une éducation de qualité. C’est une perte des heures », déplore-t-il d’un air frustré. Il plaide pour que les cours reprennent le plutôt que possible, ce lundi comme prévu, afin de rattraper le temps perdu.

Moyalbaye Nadjasna

Le musée national est par définition un grenier rempli d’objets d’arts. Une maison connue où le présent fait parler les repères du passé. Un nombre important des objets culturels qui peuvent enrichir les pavillons du musée se trouvent en France. Des efforts sont-ils entrepris pour leur restitution ? Ialtchad Presse est allé chercher les réponses. Reportage.

Pour Gariam Philippe, le Tchad est un des pays concernés par la restitution des objets d’arts pillés par la France. Il est le premier pays avec 9296 objets d’arts conservés dans les musées français. « La restitution de ces biens culturels spoliés par la France est un long processus », dit-il. Selon le directeur Gariam Philippe, plusieurs conditions sont à réunir pour assurer le succès de la restitution. Il s’agit entre autres : de faire un inventaire technique de ces objets, de mobiliser des ressources humaines et financières, de réviser les accords de coopération culturelle entre la France et le Tchad. « Depuis 2019 le Tchad a donné sa position officielle à la France par voie diplomatique. Un travail technique est en cours afin de mettre en place un Haut Comité National chargé de la restitution des biens culturels spoliés par la France », dit le directeur.

« Le Musée National du Tchad contient de nombreux objets qui retracent la culture du Tchad et de l’humanité tout entière », déclare-t-il. Pour lui, le crâne de Toumaï, ancêtre de l’humanité datant de sept millions d’années, constitue l’exposition phare du Musée National. Le Musée National explique-t-il, réserve un espace convivial pour l’exposition permanente des biens culturels. Il est reparti en huit (8) pavillons. « Le Patrimoine religieux, le Pavillon Préhistoire, le Pavillon Archéologie de l’art Sao, le Pavillon Histoire, Pavillon Arts et Traditions populaires, Pavillon Paléontologie et le Pavillon du Patrimoine mondial », a cité

Adoum Gariam Philippe. Selon lui, le Musée National est couramment visité par le public tchadien et les touristes.  Mais plus de 90% de visiteurs sont des élèves et étudiants. « Nous exhortons le public à s’intéresser au Musée National qui est un grenier de la culture tchadienne et de l’humanité », lance-t-il.

Qu’est-ce qu’une exposition permanente et une exposition temporaire ? Le technicien répond : une exposition, c’est un moyen de communication d'un musée, par extension, l'ensemble d’espace mural dédié.  Elle réunit un ensemble d'objets, faisant ou non partie des collections du musée, autour d'un thème, d'une idée, d'un fil conducteur, précise-t-il. « L’exposition permanente c’est une exposition fixe qui peut durer tandis que l’exposition temporaire, comme son nom l’indique, est une exposition sur une thématique donnée et pour une durée déterminée ». Jusqu’aujourd’hui, les expositions temporaires réalisées sont celles sur Joseph Brahim Séid (2017), la marche du Tchad vers l’indépendance (2018), Kelou Bital Diguel (2019).  Dans les différents pavillons, nous pouvons découvrir le moulage de Tchadanthropus uxoris, des collections d’arts et traditions populaires, de l’archéologie, de l’histoire, de la paléontologie et du patrimoine islamique.

La plupart des vitrines sont consacrées à la culture Sao. Toute une salle est réservée à la paléoanthropologie. On peut voir des moulages des fossiles de Tchadanthropus uxoris, d’Abel (Australopithecus bahrelghasali) et de Toumaï (Sahelanthropus tchadensis). On peut aussi voir les lacs Ounianga qui sont entrés déjà dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Le dossier du Lac Tchad qui avance. Ce sont-là, des potentiels touristiques favorables au développement du Tchad, conclut le directeur.

Moyalbaye Nadjasna

Le Tchad dispose d’un musée national. Il y a de nombreux objets qui retracent l’histoire et la culture du pays. Pour mieux connaître cette prestigieuse institution culturelle, Ialtchad Presse vous amène à sa découverte. Reportage.

N’Djamena, capitale tchadienne. Quartier Am-riguébé, au 5e arrondissement. En face du Palais du 15-janvier se dresse depuis le 28 novembre 2010, le siège du Musée National tchadien. Création : le 06 octobre 1962, « c’est le creuset de l’histoire et de la culture tchadienne, mais aussi de l’humanité », dit M. Adoum Gariam Philippe, directeur national du musée. Il dispose des annexes à Sarh et à Abéché. Avant cette bâtisse, le musée était logé dans un bâtiment colonial, construit en 1911. C’était l’ancien bureau du Gouverneur de l’Afrique Equatoriale Française (AEF). Le musée est géré selon la loi du 24 mars 2011 qui l’érige en établissement public à caractère administratif doté de personnalité morale et disposant d’une autonomie financière.

Selon le Directeur, la gouvernance du musée est le résultat des institutions fusionnées. Il s’agit de l’ordonnance, du 15 septembre 2016, créant la Maison des Patrimoines culturels du Tchad (MPCT). Cette maison affirme-t-il, est composée de la Direction de la Bibliothèque Nationale, de la Direction du Bureau tchadien du Droit d’Auteur, de la Direction du Centre National de Lecture publique et d’Animation Culturelle et la Direction de la Diffusion et de la Communication. Le musée a 3 services, « le Service administratif, le Service de l’Animation des Expositions et des Actions éducatives puis le Service de la Conservation et de la Recherche ».

Adoum Gariam Philippe explique qu’un musée comme celui du Tchad est une institution publique à but non lucratif au service public de la société. Pour lui, le musée est utile pour la recherche, les études, l’éducation et le tourisme. « La politique d’un musée consiste à protéger les œuvres patrimoniales, mais aussi, à les enrichir et à les diffuser dans le cadre d'une politique culturelle adaptée aux besoins », dit-il. C’est ainsi, précise-t-il, que le Musée National a toujours comme priorité l’accessibilité du public le plus large pour un égal accès de tous à l’éducation et à la culture. Enfin le musée a des difficultés comme « pas suffisamment des bureaux pour le personnel, pas de guides anglophones, pas assez de matériels, les finances sont à sec à cause de la conjoncture économique, etc. »

Moyalbaye Nadjasna

La marche du 13 février dénommée la marche pour la Justice, l’inclusion et l’alternance a eu lieu malgré l’interdiction. Ialtchad Presse était présent et vous décrit le fil des événements. Reportage.

Samedi 13 février. 6h 30 min. Le jour J de l’acte 2 de la marche du peuple pour l’inclusion, la justice et l’alternance initiée par une partie de l’opposition. Dix minutes ont suffi pour rallier le QG des initiateurs, le parti Les transformateurs, de cette marche politique.

Tout au long du trajet, aucun élément ne laisse présager une quelconque manifestation. Au rond-point du pont à double voie, quelques éléments de la commission mixte de sécurité sont visibles. Sur l’espace appelé « terrain Koulamallah » qui jouxte le siège du parti, rien en vue. Pas de mouvement. Pas un élément de la Police. À l’angle de la rue du terrain, un groupe de jeunes tenant des affiches avec des inscriptions se concerte. Au siège, quelques militants sont présents. Le président des Transformateurs s’y trouve aussi. Un point focal de la marche nous notifie qu’il n’y pas un point de départ. « Les gens s’organisent par secteur et là ils sont déjà en action. Il faut les chercher », nous dit-il.  Par où commencer ? Nous nous sommes résolus à sillonner le quartier Habbena et Chagoua, dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena.

6h 55mn. Départ du QG des Transformateurs à la recherche des manifestants. 4 véhicules des unités du Groupement mobile d’intervention de la Police (GMIP) se déploient tout autour du lieu.

7h 03 min. Avenue Mathias N’garteri. Un pneu brûle au loin, mais aucun manifestant en vue. Les éléments de la Police antiémeute s’activent pour éteindre le feu afin de libérer le passage. Tout au long du trajet, des habitants de la zone, tous curieux, observent les mouvements qui se font dans leur quartier. La Police patrouille dans le secteur. Sur l’avenue principale, la circulation est libre, les habitants vaquent à leurs occupations. Le marché Taradona commence à s’animer peu à peu.

7h 08 min. La Police se retire. Les premiers manifestants apparaissent. Ils ne sont que 3 âmes. Jouent-ils au chat et à la souris avec les forces de l’ordre ? Tous les trois sont des diplômés sans emploi. Ils traversent la voie bitumée et s’engagent sur la rue du marché Taradona. Ils avancent en chantant en arabe local. « Deby ne veut pas de nous. Donc, allons-y. Les armes c’est pour vous, mais la liberté c’est pour nous. Allons-y », entonnent-ils sous le regard étonné du public. « Nous revendiquons la liberté comme le président Deby nous l’a promis en 1990. Nous réclamons aussi de l’emploi », dit le leader de ce petit groupe. Il a un master 2 en Transit et Transport. « J’ai 32 ans je vis toujours chez mon tuteur. C’est inacceptable. J’en ai assez de ce régime », s’emporte-t-il. Le deuxième du groupe explique que c’est la peur qui empêche les Tchadiens de manifester, « les Tchadiens ont la rage, mais ils ont peur de la manifester à cause de la répression. Ce que le pouvoir fait du n’importe quoi ».

Pendant ce temps, les policiers du GMIP étaient en approche. Le leader du groupe hausse le ton, « personne ne fuit ». Les membres du groupe s’agenouillent, les mains sur la tête. Ils se sont laissés arrêter, sans résister, en entonnant l’hymne national.

Nous reprenons notre chemin vers Dembé. Direction : ambassade des États-Unis où le leader des Transformateurs M. Masra a trouvé refuge lors de la première marche. La zone est quadrillée par le GMIP. Sur presque chaque rue est posté un véhicule de l’Unité spéciale d’intervention de la Police (USIP) et du GMIP. La sécurité est renforcée à l’entrée. Aucun mouvement n’est à signaler.

7h : 42 min. Retour au QG des Transformateurs. En route un groupe de jeunes, plus de 100 sont sur une rue du quartier Habbena. Ils brandissent des inscriptions contre le pouvoir du président. Ils scandent le nom du leader des Transformateurs, Succès Masra. L’un d’eux s’adresse au public, « venez-vous joindre à nous. Il faut que nous exprimions ce que nous ressentons ». Personne n’a rejoint les marcheurs. Le groupe réussit à atteindre l’axe CA7. Il progresse sur le marché Taradona. La Police intervient : tire des gaz lacrymogènes. Les manifestants se dispersent. Les Transformateurs ont marché 5 min.

8h : 05mn. Retour au QG. Le gardien nous informe que le président des Transformateurs est parti avec les membres de son Bureau Exécutif pour marcher aussi. Où ? Personne n’a été à mesure de nous indiquer. Nous avons décidé de faire le tour de la zone en espérant croiser M. Succès Masra, en vain. Le cortège de Max Loalngar, président de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme et/ou de l’artiste Raïs Kim, est introuvable aussi.

8h : 22 min. Quartier Moursal. Les rues sont vides. Des boutiques fermées pour raison de salubrité. Elles ouvrent à partir de 10h 00. Nous avons fait un tour chez l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR). Le chef de ce parti M. Saleh Kebzabo, opposant historique soutient cette marche en affirmant qu’il allait lui aussi marcher. Au moment de notre détour, il était à sa résidence.

L’acte 2 de la marche du 13 février s’est déroulé de manière sporadique et en petits groupes comme le premier. Les manifestants promettent de ne pas lâcher.


Christian Allahadjim
Djilel-tong Djimrangu

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