Reportage

Reportage (1382)

Ce mardi 13 avril, la communauté musulmane du Tchad a entamé le début du mois de Ramadan. Comment les fidèles musulmans ont abordé cette première journée ? Reportage

Abdelmadjid Moustapha est un jeune musulman dans la vingtaine. Pour la 5ème fois, il jeûne en ce mois de Ramadan. En ce premier jour, il est venu acheter des fruits au grand marché de N’Djamena pour les consommer à l’heure de la rupture.   « Tout début est difficile mais avec le temps je vais m’adapter », nous dit-il, l’air souriant.

Durant 30 jours, les fidèles musulmans sont appelés à communier avec Dieu, se repentir et demander pardon pour des péchés commis, accomplir des œuvres de bienfaisance. C’est un devoir religieux consacré par le Saint Coran parmi les cinq piliers de l’Islam.

Ousmane Goudja est gérant d’un parking pour moto au marché central. Il observe le mois de Ramadan depuis plus d’une vingtaine d’années. Selon lui, le début de ce mois sacré commence bien. « Il n’y a pas de difficultés encore. Même le climat est favorable. Aujourd’hui, il ne fait pas très chaud », dit-il. C’est bien pour le début. Peut-être des difficultés surviendront. Même si ce sera le cas, Issaka Mahamat Nour interpelle ses compatriotes de cesser de se plaindre de tout et de rien. « C’est un mois béni et tous les musulmans doivent le vivre dans piété ». Propos partagé Ahmat Barka, agent de parking. « Quand tu es engagé devant Dieu, tu es obligé de prendre le Ramadan. C’est un devoir quelles que soient les difficultés. Sauf dans les cas d’exceptions prévues par le Coran », rajoute-il.

Abdoulaye Hassan est vendeur de téléphone à la place du marché. Il souhaite un « bon début de Ramadan à tous. » Il dit remercier Dieu du fait que ce mois saint commence presque sans des règles édictées dans la lutte contre le Covid-19. En 2020, le Ramadan s’est passé dans le respect strict des mesures de prévention prises par le gouvernement (fermeture des lieux de culte, interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes, etc.)

Christian Allahdjim

Les marchés de N’Djamena, capitale tchadienne, grouillent de monde. C’est la veille du ramadan, l’un des cinq piliers de l’islam. Les fidèles musulmans tchadiens vont s’abstenir de nourriture et d’eau pendant un mois. Pour préparer la rupture du jeûne, chaque ménage s’approvisionne aux différents marchésReportage

Les fidèles musulmans seront en carême. Pour cette période, les fidèles font des provisions. Le constat dans les différents marchés de la capitale tchadienne le montre.

10h 35, à l'entrée Est du marché à mil, l'accès est difficile, l’embouteillage est monstre. A l'intérieur dans les allées l'affluence des grands jours empêche la circulation au marché. D’un côté, certains clients s’alignent devant les étals de gingembre sec, d’autres devant ceux du sucre, de la farine du blé, etc. Impatiente et fatiguée d'attendre, Fatimé Youssouf clame être arrivée avant tout le monde sans être servie. « Je suis ici depuis plus 10 minutes, mais tu ne me sers pas », dit-elle. Habiba, une autre ménagère, « les prix des denrées nécessaires à la rupture de jeûne ont monté. La boutique d’Abakar à des meilleurs prix. C’est pourquoi il y a cet attroupement », dit-elle.  

« Depuis quelques mois, l'oignon est un peu moins cher à N’Djamena. Le « Coro » ou tasse était à 750 ou moins. À ma grande surprise, aujourd'hui il m’a coûté 1000 FCFA. Heureusement, c'est un vendeur que je connais. Sinon ailleurs, c'est même plus cher », affirme Mariam. Quelques mètres plus loin, c’est l’étal de Abdelkrim un vendeur d'oignons et d’ails. Selon lui, c’est la conséquence du prix de gros qui a flambé. Cela a obligé les détaillants comme lui, dit-il, de hausser le prix un peu sinon il n’a pas de marge bénéficiaire.

12h25 au marché Dembé devant les étals d’arachides nettoyés. Brahim, un client fait ses courses, « je fais de provisions pour ma maisonnée. J’achète de l’arachide pour la bouillie de mil », explique-t-il. Kadidja se lamente, « il y a quelques jours j’achetais le Coro d’arachide frit pour la pâte à 1000 FCFA. Aujourd’hui c’est 1500FCFA »

!4h 30 min, au marché central de la capitale aussi il y a achalandage dû aux préparatifs du début de ramadan. Il fait une chaleur torride. Dans les boutiques du marché, un balaie incessant des clients vont et vienne. Ici on achète en gros 2 à 3 sacs de sucre ou de farine, des cartons de spaghetti ou de macaroni, des bidons d’huile. C’est ce qu’a fait Mahamat. « J’ai trois femmes, je fais des achats pour les trois. Je n’ai pas pu le faire tôt faute d’argent. Là, les prix ont flambé. Je me limite à l’essentiel », dit-il.

Ustensiles pour mieux conserver le repas

Les vendeurs de tasses et des glacières font aussi des affaires. Hamidou, vendeur des glacières se frotte les mains, « le ramadan de cette année est tombé en période de chaleur. Avec les délestages au quotidien, les gens achètent les glacières pour conserver la glace. Depuis une semaine les clients ne manquent pas. Je vends jusqu’à 10 glacières par jour ».

Hawa Mahamat achète des tasses neuves qu’elle dit lui coûter cher, « mes tasses sont usées, il me faut d’autres bonnes tasses pendant la rupture de jeûne. Même si le prix est élevé je n'ai pas le choix. »

Rappelons que le ramadan est une période sainte, un moment de Pardon et de méditations pour les fidèles musulmans. Il est observé une fois chaque année et dure pour un mois.

Orthom L’Or

Dans quelques jours, les Tchadiens iront aux urnes pour élire l’homme ou la femme qui va présider à la destinée de leur pays. Il ou elle jouira d’un mandat de 6 ans renouvelable. Le dernier virage est entamé. La campagne malgré sa morosité continue avec plusieurs activités de formation des observateurs, des membres des bureaux de vote et les derniers meetings des candidats. Reportage.

Plus que quelque 2 à 3 jours pour que le Tchad vote un nouveau Président de la République. C’est le dernier virage. Les organisateurs, les militants et les candidats s’agitent. C’est aussi la phase de formation des membres des bureaux de vote et des délégués des partis politiques en courses, des observateurs nationaux, etc. Certains candidats en course se préparent également pour des meetings de fin des campagnes électorales. Pour Adoum Mahamat Adoum, président de la sous-commission de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du 5e arrondissement de la ville de N’Djamena, vient de lancer la formation des membres des bureaux de vote sous son autorité. Il affirme qu’une cérémonie officielle cumulée avec la formation des membres des bureaux de vote du 3e arrondissement s’est déroulée le 6 avril dernier au centre culturel Almouna. « On ne peut pas prendre des gens sans leur donner une petite notion sur les élections et les mettre dans les bureaux de vote. Autrement ça va être de la catastrophe », dit-il. Selon lui, la première étape consiste à former les présidents, les vice-présidents et les rapporteurs des bureaux de vote. « Ce sont des jeunes d‘un certain niveau. On les forme afin de remplir les conditions requises pour bien faire le travail » a rajouté l’intéressé. Il précise que son arrondissement compte 277 bureaux de vote et les membres en formation sont 831 personnes dont 277 présidents 277 vice-présidents et 277 rapporteurs. Les modules de formation concernent : l’emplacement des bureaux de vote, l’accueil des électeurs, la présentation des urnes vides aux électeurs, la tenue des procès-verbaux, du suffrage exprimé, entre autres.

Les candidats en course se démènent aussi pour faire valoir leur présence à cette élection. Le candidat du MPS Idriss Deby Itno a fait un meeting il y a 72 heures à Farcha, 1er arrondissement de N’Djamena. La Plateforme Alternance 21-URD, forme depuis hier ses délégués au CEFOD (centre d’étude et formation au développement). Selon eux, un dernier meeting est programmé pour le 09 avril à N’Djamena. L’ambiance au QG de l’URD de Romadoumgar Nialbé Félix est morose. La plupart des militants sont en campagne disent-ils. « Après le sud du pays, le cap est mis sur l’Est et le Nord », ont-ils rajouté. Au QG d’UTPC (Union des travaillistes pour le Progrès et la Cohésion), du candidat Yopombé, une animation musicale tente de maintenir une ambiance de campagne, mais le cœur n’y est pas. Selon des sources proches du parti, leur candidat a fait ce qu’il doit faire grâce aux mains tendues de ses militantes et militants. Une autre nous affirme clairement que les moyens financiers font cruellement défaut.

Retirer sa carte électorale, un acte citoyen

Au QG du parti, RNDT-Le-Réveil, le coordonnateur de la permanence Voulssou Dogsala Finé, affirme que le parti a fait le maximum possible et se réjouit du retour terrain de la campagne. Selon lui, leur candidat n’est pas inquiet parce que leur victoire au 1er tour est assurée. « J’appelle la population à sortir massivement retirer les cartes électorales pour être juge le 11 avril. Le fait de se résigner en refusant de retirer sa carte, c’est jouer contre l’avenir du pays ». Malgré les appels lancés par la CENI, certaines organisations de la société civile et des partis politiques un nombre effarant d’électeurs n’ont toujours pas retiré leurs cartes d’électeur.

Rappelons qu’après la révision des fichiers électoraux le 30 octobre 2020, la CENI a publié le 12 février 2021 un total de 7.03 880 348 électeurs dont 49,24% hommes et 50,76% femmes (3.699.775) ainsi que 45.276 des Tchadiens de la Diaspora.

Moyalbaye Nadjasna

Depuis l’amorce de la période la chaleur, les délestages intempestifs de la SNE fâchent les N’Djamenois qui se demandent ce qui se passe. Mahamat Adoum Ismaël, Directeur général (DG) de la SNE (Société Nationale d’Électricité) a donné des explications au cours d’une sortie médiatique le 3 avril passé, à la Direction de production au quartier Farcha. Reportage.

« En cette période de chaleur intense, les usagers de la SNE subissent des délestages continus à cause d’insuffisance de la production à laquelle se rajoutent des défauts sur les lignes et des pannes dans les postes », dit Mahamat Adoum Ismaël, DG de la SNE. Il s’est ensuite, excusé pour les désagréments causés. Selon lui, les informations inexactes et des rumeurs fantaisistes circulent et embrouillent les citoyens. « Nous voulons apporter des éléments d’informations de la source, pour contrecarrer ses rumeurs ». Pour lui, l’électricité est un important levier de développement d’un État qu’on ne peut au 21e siècle, s’en passer. D’après lui, la SNE fait de son mieux pour remplir sa mission de service public, fournir l’énergie électrique à tous ses abonnés. Il reconnaît les soutiens et les efforts de la plus haute autorité du pays pour enrayer la crise énergétique du Tchad.

Le DG affirme que 7 groupes électroniques sur 14 qu’utilise la SNE étaient aux arrêts. Il n’y a plus que 5 groupes qui fonctionnent 24h sur 24h. Et sur ces 5 groupes, il faudra tenir compte des travaux de révision, de maintenance et d’entretiens continus et l’attente des pièces de rechange, explique-t-il. M. Mahamat Adoum Ismaël soutient que la SNE a réceptionné un nouveau moteur MBH en provenance d’Allemagne d’une puissance de production de 4MW. Un autre générateur sera disponible bientôt, rajoute-t-il. « La puissance disponible actuelle est de 80 MW. Elle est supérieure à celle annoncée en septembre 2020 qui était de 70MW. La température ambiante est de 45°C et monte à presque 70°C dans la salle des machines. Cela impacte fortement le rendement des moteurs », justifie-t-il.

Le DG note également qu’en cette période de forte chaleur, le besoin en énergie de la ville est très élevé. Ce besoin annule les améliorations et fait que le consommateur ne ressent aucun changement. Pour le directeur général, près de 10 MW se sont ajoutés. Si c’était en décembre ou janvier, cette amélioration serait ressentie.  Il indique que la capacité de production de la SNE est de 80 MW. « Nous alimentons moins de la moitié de la ville, mais nous poursuivons nos efforts dans l’achèvement des travaux en cours sur les trois autres moteurs qui seront remis en marche d’ici à la fin avril ou début mai. Cela va porter notre puissance à 95MW », dit Mahamat Adoum Ismaël.

« Cesser les agressions à l’encontre des agents de la SNE »

Le directeur général de la SNE estime que les techniciens de la SNE sont quotidiennement victimes des agressions physiques. Selon lui, son personnel brave la chaleur et travaille à des heures tardives pour satisfaire ses abonnés. Il demande que ces agissements malveillants cessent. Il en appelle à la responsabilité de chacun. Il soutient aussi que plus d’un tiers de personnes s’alimentent au mépris des règles élémentaires établies par la SNE. D’après lui, cette délinquance prive la société de ses ressources et menace la pérennité de l’entreprise SNE. En filigrane, il impute la responsabilité de délestages intempestifs aux fraudeurs et autres trafiquants. « La stratégie d’électrification dans le court, moyen et long terme adopté par le gouvernement à travers le Plan d’Urgence d’Accès à l’Électricité (PUAE) 2021-2023 répond à cette préoccupation », lance-t-il. Par rapport à ce vaste programme, le taux d’électrification va passer de 6,4% à 38,12%, dit le DG de la SNE.

Moyalbaye Nadjasna

Les chrétiens du monde commémorent bientôt la Pâque. Au Tchad, la pâque est moins célébrée par les églises protestantes. Par contre, les chrétiens catholiques ont toujours respecté cette importante fête qui marque la crucifixion et la résurrection de Jésus-Christ. Après 40 jours de carême, un Vendredi saint est observé le 02 avril, avant la célébration dimanche prochain de la pâque. Reportage.

Selon Abbé Achille Djimwoï Teldjim, Curé de la Paroisse Notre-Dame-de-la-Paix, le Vendredi saint marque le jour de la mort du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ pour les chrétiens qu’ils soient catholiques ou protestants. « Vendredi saint fait partie du triduum pascal, les trois jours qui précèdent le jour de la pâque. Le Vendredi saint, prépare l’avènement de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ,», dit le Curé. À l’église, dit-il, ils sont appelés à jeûner parce que c’est un jour où ils ont perdu une personne qui leur est chère, le Christ. Pour mon père Achille Djimwoï Teldjim, en cette occasion, tout ce qui touche à la douleur de l’humanité au Seigneur. Car rajoute-t-il, c’est à travers la mort du Christ que jaillit la joie et la victoire sur la mort. « Les activités qui constituent le Vendredi saint sont entre autres : le jeûne et la prière, le chemin de la croix, et la vénération de la croix. Étant donné que c’est sur cette croix que le Seigneur a rendu l’âme, cet élément important qui a porté le Seigneur», précise Abbé Achille. D’après lui, dans l’Église romaine, la messe est célébrée qu’au jour où le Seigneur est sorti vivant du tombeau. 

Concernant la pâque, le Curé de la Paroisse Notre Dame de la Paix affirme que c’est une fête juive à l’origine. Cependant, la résurrection du Seigneur lui a donné un autre sens, lance-t-il. « Avec l’événement de la résurrection, la pâque devient la victoire sur la mort. Car de la résurrection, renaît une vie rayonnante et triomphante sur le mal », a expliqué père Abbé Achille Djimwoï Teldjim. Il ajoute que la pâque est un évènement fondateur. Autrefois, selon le religieux, la pâque commémorait la sortie des israélites de l’esclave en Égypte vers la terre promise Canaan.

« Les protestants ont besoin d’un enseignement… »

Selon le révérend pasteur Batein Kaligué, SG de l’Entente des Églises missionnaires et évangéliques au Tchad (EEMET), les chrétiens protestants font la pâque, mais à leur manière de façon très timide. « Ils ne suivent pas les pas du Seigneur pendant 40 jours et la dernière semaine difficile que le Seigneur a traversée. On le lit dans la Bible, mais on ne l’exprime pas ouvertement comme le font les frères catholiques », dit-il. Pour lui, les catholiques célèbrent très bien la pâque et respectent textuellement ce que la bible dit. « Je crois que nous avons besoin de faire un enseignement fort sur cette question afin d’amener les églises protestantes à comprendre la pâque. C’est une façon de matérialiser et d’actualiser les souffrances du Christ en marchant sur ses traces », confie Rev. Batein Kaligué.   Pour le SG de l’EEMET, la genèse de la pâque remonte dans l’Ancien Testament précisément du livre d’Exode écrit par le prophète Moise.

Dieu a parlé à Moise à travers un buisson ardant de repartir en Égypte dire à Pharaon de libérer son peuple qu’il tient en esclavage, dit le Rev. Batein Kaligué. « Dieu frappe l’Égypte par 10 plaies, dont la dernière, concerne l’extermination des premiers nés d’animaux et humains. Dieu, à cette occasion a recommandé à Moise que ménage Israélien immole un agneau sans défaut et d’en asperger le sang sur les linteaux de leurs portes afin d’être épargné de l’Ange destructeur. Les israélites doivent préparer les viandes et en manger tout en ceignant la ceinture et chaussure aux pieds. Un signe annonçant leur départ d’Égypte », explique le Rev. Tel a été la genèse de la pâque dans l’Ancien Testament, dit-il.  Selon lui, Jésus est aussi appelé l’Agneau pascal, c’est-à-dire l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. « Le mot pâque signe passer au travers, c’est-à-dire au-dessus.  Alors aujourd’hui, Christ est mort pour nous délivre de l’esclavage du péché. Donc paque signifie également délivrance du péché ».

Pâque vient de l’hébreu pessa’h, le passage devenu pascha en latin célèbre la fuite d’Égypte et le passage de la Mer Rouge. Au 16e siècle, Pâques s’écrit au pluriel par les chrétiens pour se distinguer de la fête juive afin d’évoquer à la fois, la passion, la crucifixion et la résurrection de Jésus-Christ mort à la veille du Sabbat. Pâques était aussi, selon les historiens, une fête païenne qui célèbre le printemps, le retour de la lumière après les longs et tristes mois d’hiver. Dans l’antiquité, plusieurs légendes illustrent cette joie par le retour sur terre et le réveil d’une déesse ou d’un dieu.

Moyalbaye Nadjasna

La Société nationale d’Électricité tchadienne (SNE) renoue les délestages intempestifs de l’électricité en période de chaleur. Depuis quelques jours, les N’Djamenois sont en colère. Ils sont nombreux à dénoncer « la mauvaise pratique habituelle de la SNE », disent-ils. Reportage.

« C’est la misère. Dans ce pays, l’énergie qui est une nécessité vitale est un luxe. Je suis désolé, la SNE joue la comédie. Elle donne le courant tard la nuit pour reprendre au petit matin. Une telle pratique n’est possible qu’au Tchad », dit, Jérôme Togyangar Gustave. En colère, il rajoute qu’après des décennies, les gouvernants sont incapables de résoudre le problème de l’énergie. C’est dommage.

Dans les quartiers nord comme sud de la capitale, N’Djamena, les ménages, les petites et moyennes entreprises et les petits commerçants se plaignent des coupures de la SNE. Dans un atelier de soudure non loin de l’avenue Charles de Gaulles, les employés et patron racontent, « vous le remarquer, même maintenant nous n’avons pas d’électricité. Lorsqu’on l’a, il faut attendre 72 heures après. Et le ravoir pour 2 à 3 heures. L’entreprise tourne à perte. » Comment ? Vous tournez à perte ? Ils répondent, « nous démarrons notre groupe électrogène qui consomme assez de carburant. Tous nos bénéfices sont engloutis dans l’achat de carburant. Les clients font pression pour avoir leurs produits. Ils sont rois donc il faut les satisfaire. »

Lui, Opportun Nadjasbé, résident au quartier Ridina. Il rappelle que le Président Deby Itno avait durant le 1er confinement dit que le gouvernement a injecté des milliards à la SNE. De quoi cette société se plaint-elle ? Pourquoi priver ainsi la population d’électricité au moment où elle en a plus besoin, s’interroge-t-il.  « Nous sommes fatigués de la SNE. Ceux qui la gèrent et nous font souffrir ne sont mêmes pas inquiétés, qu’est-ce que vous voulez M. le journaliste », dit-il résigné.

Diversifier l’énergie, rendre chaque localité indépendante

Selon Mahamat Saleh Issa, ingénieur spécialiste en production énergétique, les efforts du gouvernement dans ce domaine sont à saluer. Mais nous avançons dit-il, vers l’émergence. Il nous faut une permanence énergétique, « ce qui va amener les industries, les zones agroalimentaires et autres à « booster » notre développement ». Le jeune ingénieur explique et affirme qu’il est possible que le gouvernement rende l’énergie opérationnelle en trois temps. Par exemple explique-t-il, actuellement nous sommes en période de novembre-décembre-janvier-février, c’est l’hiver. Et les groupes électrogènes ne fournissent pas assez de températures donc ne se chauffent pas. « L’air ambiant et celui des moteurs sont favorables et peuvent déjà contrôler le groupe électrogène qui peut avoir en tout temps la production. En mars-avril-mai, c’est la chaleur. L’air ambiant et celui du moteur sont chauds. Il y a problème et le rendement du générateur est très faible, source de délestage intensif », dit Mahamat Saleh Issa.  D’après lui, le gouvernement devrait corriger ce mécanisme en basculant vers l’énergie photovoltaïque en période de forte chaleur.

Le spécialiste en production énergétique conseille vivement la diversification de l’énergie. C’est-à-dire, rendre chaque localité indépendante, dit-il. « Si nous voyons bien, la plupart de certaines localités au Tchad dépendent des sources d’énergie de N’Djamena. La centrale produit à partir de Ndjamena et envoie », explique l’ingénieur. Pour lui, même si on a des centrales à Moundou, Abéché, Sarh cela ne couvre pas la totalité des besoins de ces localités. Avec l’énergie renouvelable, on peut implanter des centrales photovoltaïques dans presque toutes les provinces et résoudre ainsi cette épineuse question d’énergie, affirme-t-il.

Moyalbaye Nadjasna

Aziz Adoum est un enfant de 10 ans. Il est victime des sévices corporels infligés par son père. La scène s’est déroulée durant 72 heures du vendredi 19 au dimanche 21 mars à N’Djamena, capitale du Tchad. Traumatisé par ses sévices, l’enfant a profité d’un moment d’inattention pour s’évader de chez son papa tard dans la nuit. Il est conduit par un bon samaritain chez une de ses parentes maternelles. Sa mère témoigne.

Des plaies, des enflures au dos et sur la tête sont les sévices subis par Aziz, un petit garçon de 10 ans, indique sa mère sous couvert de l’anonymat. Une torture infligée par son père, un homme habitant à N’Djamena, a-t-elle précisé. Selon elle, cette pratique dégradante s’est déroulée pendant 72 heures : « L’enfant aurait été faussement accusé par sa demi-sœur d’avoir volé sa carte mémoire dans sa voiture. Voilà la cause de la maltraitance de mon fils », dit-elle. Elle rajoute que cette dernière a frappé l’enfant, mais cela n’a pas suffi. Elle informe son père. Le papa sans vérifier la véracité des faits, frappe à son tour le petit garçon, affirme la mère d’Aziz. Elle poursuit son témoignage en affirmant que tard dans la nuit, alors que l’enfant dormait, le père est revenu pour tenter de l’étrangler, l’a battu à coups de chicottes et l’a mordu au dos.

Le Samedi 20 Mars, le supplice continue mais dans la journée seulement.

Dimanche 21 mars. L’enfant entend sa grande sœur confier à quelqu’un qu’elle aurait retrouvé la carte mémoire dans la même voiture, « lorsque ses informations nous ont été rapportées, la tante maternelle a appelé le père pour lui dire, qu’il n’est pas interdit de corriger un enfant. Mais le torturer, le mordre et l’étrangler c’est cruel ».

Selon la mère d’Aziz, le père tout furieux que l’enfant l’ai dénoncé et a informé son entourage avoir subi des sévices corporels, il recommence de plus belle et cette fois, en utilisant la manche de son pistolet pour frapper l’enfant. A minuit, l’enfant s’est enfui. « Dieu merci, il est tombé sur un bon samaritain qui l’a conduit chez sa tante. Pas content de la fuite de l’enfant, le papa appelle la tante et lui dit : il s’est enfui après que je l’ai corrigé encore et aller le chercher car je ne serais pas responsable de ce qui pourrais lui arriver », dit-elle.

Fâchée, la mère d’Aziz raconte « j’étais choquée en tant que mère. Un père qui va jusqu’à mordre son enfant, c’est plus que la haine. Mon enfant est victime de la folie de son papa. On s’est séparé il y a plus de 8 ans, il n’a jamais accepté cette séparation. Maintenant il se venge en maltraitant mes enfants ». Pour elle, le monsieur a demandé la garde des enfants, lorsque cette dernière s’est remarié et a obtenu la garde de ses enfants seulement en 2019. Et en moins de 2 ans, il les maltraite. Elle soutient que son garçon est certes turbulent, mais la correction infligée par son père à cause d’une carte mémoire est disproportionnée. Elle dit être effarée qu’un père puisse faire une telle chose à son enfant. D’après elle, ce monsieur déverse la haine qu’il a envers elle sur son fils.  « J’ai deux enfants avec ce monsieur. J’ai peur pour leur avenir. Je veux que justice soit faite. Les enfants ont des droits. On ne peut pas les torturer comme ça. Je suis une mère et je ne peux pas me taire et accepter une chose pareille ». Elle rajoute que les enfants sont des imitateurs. Elle a peur que ses deux fils ne copient négativement leur père pour le reproduire, adultes, dans leur propre famille.

C’est dommage déplore-t-elle, c’est un homme qui est censé éduquer, informer et de sensibiliser les citoyens sur de tels actes. Il est en déphasage, « mon enfant vit présentement avec nous. Il est en sécurité mais traumatisé ».

Affaire à suivre….

Moyalbaye Nadjasna

Le président du parti les Transformateurs, Dr Succès Masra a rencontré la presse, hier 17 mars dans son QG sis à Abena. Cette conférence de presse fait suite à sa rencontre la veille avec le président Idriss Deby Itno au Palais présidentiel. Cette rencontre a soulevé un tollé sur les réseaux sociaux tchadiens. Reportage.

Il est 10 h passé lorsque le président des Transformateurs commence sa conférence de presse en entonnant « ta liberté naîtra de ton courage » un ver de l’hymne national tchadienne. Ses militants reprennent en chœur la phrase. C’est la plus belle phrase du monde et s’applique dans tous les domaines, précise-t-il. Nous ne négocierons pas, le samedi prochain nous allons marcher, lance Dr Succès Masra. Pour illustrer leur lutte, Masra raconte l’histoire de prophète Moise, en mission en Égypte pour libérer les enfants d’Israël en esclavage. Selon lui, il a eu plusieurs dialogues avec Pharaon en lui infligeant des plaies. Cela est impossible jusqu’à ce que cela soit fait, dit Nelson Mandela, rajoute Masra.

Selon Dr Succès Masra, l’objectif de la rencontre avec le président Idriss Deby a consisté à parler de la transition et de l’alternance. « Pour être transparence, nous avons publié sur notre page Facebook l’information. Pour moi c’est de l’humilité, mais aussi de la grandeur. Le président Deby Itno a dit qu’il est un humain, qu’il peut mourir à n’importe quel moment. Bref, qu’il n’est pas éternel. Pour lui, la discussion a commencé par un constat et le président Deby a avoué qu’il suit régulièrement les Transformateurs sur les réseaux sociaux. « Je lui ai répondu que les transformateurs le suivent aussi littéralement. »

D’après le président des Transformateurs, le Tchad a des problèmes et eux (les transformateurs) de « solutionneurs ». « Nous sommes allés avec une bonne foi pour écouter. Il a juré la main sur le cœur dont il n’a jamais reçu les correspondances qu’on lui a envoyées. Nous lui avons cité les noms des membres de gouvernement qui ont reçu la correspondance avec décharges, explique-t-il.

2h d’horloge entre Deby Itno et Masra pour se parler. Pour M. Masra, jamais au Tchad on a combattu un parti pour sa reconnaissance comme c’est fut le cas des Transformateurs, dit-il. « Nous avons dit au président qu’il est le garant de la loi et séance tenante il a dit devant nous tous que les Transformateurs sont un parti totalement légal et personne ne doit nous emmerder ». Il déclare que son rôle en tant que président des Transformateurs est d’inscrire le parti dans la durée. « Nous ne sommes pas naïfs, il faut croire aussi qu’il le dit avec bonne foi ». Dr Succès affirme que les transformateurs ont insisté sur le dialogue national, la réconciliation, la protection de l’avenir de tous les Tchadiens y compris les anciens présidents, etc.

Le chef des transformateurs a souligné avoir demandé au président de surseoir à la campagne et reporté les élections. Il rajoute avoir demander de dialoguer, de définir un nouveau calendrier avec des nouvelles institutions pour créer des conditions ou tout le monde peut conquérir aux élections.

Libérer les militants

Dr Yombatinan Sitack Beni, Vice-président, c’était rendu à Krim-krim et Donia dans le Logone occidentale pour s’enquérir de l’arrestation de certains de leurs militants.  Le leader a demandé que les jeunes de Moundou arbitrairement gardés en prison. Pour le président des Transformateurs, le droit de marcher c’est le premier droit après le droit de ramper.

 Aux questions des journalistes, pourquoi n’avez-vous pas proposé un autre candidat plus âgé pour vous remplacer? Le poste de vice-président ne vous a-t-il pas été proposé? Pourquoi vous n’avez pas annoncé publiquement votre invitation par Deby? En résumé, le président des Transformateurs clame la discrétion. À l’en croire, même s’il devient président il ne dirait pas certaines choses. Même pas à son épouse. Et si elle est mécontente, elle peut être libre de le quitter. En conclusion, il affirme être allé dire au président Deby Itno que le temps de l’alternance est arrivé.

Moyalbaye Nadjasna

La plateforme syndicale revendicative a convoqué une réunion avec la base, vendredi 12 mars à la Bourse de Travail. Objectif : faire le point sur leur rencontre du jeudi, 11 mars avec le gouvernement. Reportage.

Bourse du Travail non loin de marché à mil, ce matin 12 mars. Il est 11 heures passées de quelques minutes. La cour du Quartier Général des travailleurs du Tchad grouille de monde. La base syndicale veut prendre connaissance des propositions du gouvernement. Barka Michel, porte-parole de la plateforme syndicale revendicative affirme que le gouvernement a reculé. Il propose dit-il, de payer un 1/12ème du montant total du titre de transport communément appelé le 13ème mois en avril au lieu de mai. « Nous sommes revenus à la base. Les camarades sont venus nombreux et nous avons échangé sur la question. Ce n’était pas du tout facile, le débat était âpre ». D’après M. le syndicaliste, après des discussions houleuses, les syndicalistes sont parvenus à ce consensus : les travailleurs exigent que le paiement s’effectue d’ici à la fin mars au lieu d’avril si le gouvernement est de bonne volonté. Sinon, la grève se poursuit. Au huitième jour, la plateforme va se retrouver pour une évaluation et voir ce qu’il y a lieu de faire, dit le porte-parole.  « La plateforme est chargée de renvoyer cette proposition vers le gouvernement », précise-t-il.

Selon Ngartoidé Blaise, Secrétaire National du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) la médiation des religieux a échoué malgré les 23 jours francs accordés par la plateforme. Pour lui, les deux rencontres qui ont eu lieu avec le gouvernement et la plateforme n’a rien donné. « Cela veut dire que les religieux eux-mêmes sont arrivés à la limite de leur négociation », affirme-t-il. Il rajoute que le gouvernement veut que la plateforme signe un pacte social sans aucune garantie. « Si les enfants restent à la maison, c'est la faute du gouvernement et non des syndicats ».

« La paix exige le dialogue et la patience »

Contrairement aux syndicalistes, les religieux ne parlent pas d'échec de leur médiation. Selon Cheick Abdadayim Abdoulaye Ousmane, SG du Conseil Supérieur des Affaires islamiques du Tchad (CSAI), les négociations sont avancées. Il n’est pas un échec. « Nous voulons que gouvernement et syndicats sortent satisfaits », précise-t-il.

Pour le Pasteur Batein Kaligue, Secrétaire général de l'Entente des Églises Missionnaires et Évangéliques au Tchad (EEMET), une étape est passée, une autre viendra. « Le dialogue est un processus. Nous n’avons pas démissionné de cette médiation même si la plateforme n’est pas satisfaite et veut relancer la grève », argumente-t-il. Nous croyons, dit-il, qu’un jour nous arriverons à mettre fin à toutes ces grèves. « Nous confions ce processus à Dieu qui a le dernier mot. Le gouvernement et ses partenaires sociaux sont tous des fidèles. Les religieux sont des partisans de la paix, de dialogue et non la violence ».

Pour lui, s'opposer au dialogue ne serait pas un comportement sage. Il se dit déçu d'écouter les gens les taxer déjà d’être progouvernementaux. D’autres disent que les religieux viennent à la Présidence pour sortir avec des enveloppes. C'est déplorable de dire de pareilles choses. « On n’a pas désarmé. On n’a pas non plus plié bagages. Nous sommes toujours en train de négocier ».

Moyalbaye Nadjasna

Les établissements publics d’enseignement sont en grève depuis 24h suite au mot d’ordre de sous-section de la plateforme revendicative des enseignants de la province de N’Djamena. Reportage

Il est 10h. Les cours des établissements publics sont presque vides. Il y a des moutons, chèvres, et quelques élèves traînent encore dans la cour. Motif : les enseignants sont en grève. Aux Lycées de Walia, Félix Eboué, le constat est le même. Mais, ce n’est pas le cas du Lycée la Liberté dans le 5e arrondissement où il y a eu quelques échauffourées entre les élèves et les forces de l’ordre.

A l’entrée de ce Lycée, les véhicules du Groupement militaire d’intervention police (GMIP) sont visibles. Un enseignant de la 6e est assis un bâtiment, corrige les copies. Il explique sous le sceau de l’anonymat, « on était surpris lorsque les forces de l’ordre sont montées à l’assaut de l’établissement. Le problème ne vient pas des élèves ».

Selon lui, le mot d’ordre de la grève vient des syndicats, mentionne l’enseignant. Il répète que cette grève ne concerne pas les élèves. « Quand les élèves étaient venus ce matin, on les a libérés. Ce sont les policiers qui ont attaqué nos élèves », dit-il. Toujours selon l’enseignant, cette manifestation ne vient pas des élèves, mais cel vient plutôt d’une bande inconnue. « C’est une manifestation est venue de dehors. Et comme le Lycée est en face du marché, les élèves qui étaient hors de l’établissement fuyaient pour regagner la cour intérieure. Les policiers ont profité pour jeter du gaz lacrymogène. C’est malsain, » déplore l’enseignant.

Un homme voisin de l’établissement qui a assisté à l’affrontement affirme, « cela est lamentable et regrettable que jusqu’à nos jours, les policiers continuent à tirer de lacrymogène sur les élèves et les paisibles citoyens ». Pour lui, les élèves rentraient, les policiers les ont repérés. Ensuite, ils ont commencé à tirer de gaz lacrymogène.

Dans une salle, un élève de la terminale D, seul, avec un livre de mathématique en main, nous reçoit.  « Tout est allé très vite. Cela à engendrer des désordres, » dit-il. Pour lui, les cours ont à peine repris. Et la grève reprend « le gouvernement ne se soucie pas de l’avenir de l’école tchadienne. Les policiers sont venus nous chasser dans notre cour de l’école à coup de gaz lacrymogène. »

Selon des sources sécuritaires, 3 véhicules des forces de l’ordre sont cabossés par les manifestants. Il n’y a pas eu, semble-t-il, des arrestations.

Djilel-tong Djimrangué  

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