Les examens de fin d’année scolaire 2020-2021, se préparent d’arrache-pied. Les corps enseignants et les élèves sont à pied d’œuvre. Mais l’on ne connaît pas avec exactitude la date de composition. Reportage
Un ciel orageux, sol mouillé, température favorable. Nous sommes à 09h d’horloge. Devant la porte principale du Lycée Felix Éboué de N’Djamena, quelques groupes d’élèves discutent de la date des examens. Quelques-uns parmi eux acceptent de nous parler, mais sous couvert de l’ anonymat. C’est un élève en terminale littéraire A4 au Lycée Felix Éboué, « nous ne savons pas exactement quand on va composer. Nous sommes très en retard sur le programme », déplore-t-il. Selon lui, il y’a trop de perturbations et les programmes ne sont pas exécutés comme il se doit. « Je souhaite que les examens se passent en août », s’exclame une autre élève de TD, série scientifique du même Lycée. L’année passée Covid-19 avait perturbé par les cours. Cette année les cours sont perturbés par les campagnes et bien d’autres problèmes, nous raconte-t-elle.
Dans une salle, un enseignant dispense ses cours, « je peux vous parler, mais je ne veux pas être cité », averti-t-il. « L’écoule tchadienne est à terre », dit-il. Selon lui, avant de prendre une décision concernant les examens, les autorités doivent consulter les enseignants qui sont sur le terrain. « C’est nous (les enseignants) qui connaissons mieux l’évolution des cours. Pas les proviseurs et les censeurs » souligne l’enseignant. Pour lui, l’éducation est apolitique, car la vie des jeunes en dépend. Les programmes ne sont encore évacués à 60%, il va être difficile d’organiser les examens dans ces conditions, « c’est massacré les élèves » déclare-t-il. En français, c’est difficile de finir le programme, c’est une matière très complexe, explique l’enseignant. Pour lui, le gouvernement est dans sa logique de faire savoir à l’opinion internationale que l’éducation au Tchad, va bien, mais c’est tout le contraire. Il le dit la mine tendue. « Les manifestations et grèves sont très récurrentes ces 5 dernières années, ce n’est pas sourcier pour nous les enseignants d’évoluer à 90% », a-t-il conclu.
Il est 10h passées, nous sommes au Lycée Hérédité d’Abena. Le proviseur Kimtolngar Ngartossoum nous reçoit. La date des examens est encore incertaine, dit le proviseur. Selon lui, les programmes sont exécutés à 70%. « Je crois que les élèves seront près pour les examens d’ici mi-juin », affirme le proviseur. Pour lui, la crainte c’est que jusqu’aujourd’hui les dates exactes des deux examens ne sont pas connues. Sinon généralement, le Baccalauréat et le Brevet d’études fondamental se déroulent au début du mois de juin, mais compte tenu des situations que traverse le Tchad l’on est obligé de faire avec.
Le cas des provinces et certains établissements de la capitale sont inquiétants avec la saison des pluies qui arrive avec son cortège des inondations. Un communiqué du ministère de l’Éducation soutient que les examens auront lieu à la mi-juillet.
Djilel-tong Djimrangué
Le Syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur (SYNECS) observe du 2 au 4 juin prochain, dans toutes les institutions de l’enseignement supérieur une grève d’avertissement pour multiples revendications. Reportage.
Arriérés de salaires, primes et indemnités, arriérés des heures supplémentaires de 2014, frais de vacation et de mission, frais du jury, paiement des titres de transport des années 2019 et 2021, dégel des effets financiers des avancements et titularisations, sont les points saillants des revendications égrainés par Dr Guirayo Jérémie, président du Bureau Exécutif (BE) national du Syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur (SYNECS). D’après lui, c’est une situation qui concerne tous les agents du ministère de l’Enseignement supérieur.
Dr Guirayo Jérémie précise que, les points immédiats de leurs revendications concernent les arriérés, primes et indemnités des institutions supérieures provinciales. « L’université de N’Djamena a signé un contrat avec Commercial Bank Tchad (CBT). Chaque fin du mois, elle payera les primes et indemnités en termes déchus, mais dans les provinces, cela traine jusqu’à 2 à 3 mois. Et lorsqu’on revendique, on nous paye qu’un seul mois. C’est ce qui nous plonge dans des arriérés », dit le président national du SYNECS. Selon lui, la situation est devenue récurrente et les arriérés s’accumulent. Dans les provinces, les conditions de vie et de travail des enseignants chercheurs du supérieur sont vraiment lamentables, déplore-t-il. « A l’heure actuelle, toutes nos sections provinciales accusent 2 mois d’arriérés de salaire, de primes et indemnités, des arriérés des heures supplémentaires depuis 2014, de frais de vacation et de mission et les frais du jury. C’est ce qui nous a conduits à cette grève d’avertissement de 3 jours », lance-t-il.
Dr Guirayo Jérémie soutient que, le décret portant le minima horaire, c’est-à-dire le volume horaire qui doit être assuré par les enseignants chercheurs, par grade et qualité pose aussi problème. Le SYNECS conteste l’arrêté 325 en vigueur à l’époque. Il indique qu’une commission a été mise sur pied au niveau du ministère de tutelle afin de travailler sur un projet de décret qui devrait prendre en compte toutes leurs préoccupations. Ce projet de décret déclare-t-il, se trouvait depuis un an au Secrétariat général du gouvernement (SGG) et devrait déjà être envoyé à la présidence pour signature mais jusque-là rien.
Avec la nouvelle donne, dit-il, il faudrait que le SGG ou la présidence leur sorte ce projet de décret afin que le SYNECS le retravaille et qu’il soit signé pour leur permettre de résoudre certains problèmes qui minent l’enseignement supérieur tchadien. « Tous ces problèmes qui minent l’enseignement supérieur, nous voulons les résoudre à travers cette grève d’avertissement. Si le gouvernement essaye de résoudre normalement nos revendications, on peut rattraper les retards de cours et voir l’élasticité de l’année académique. De ce côté, il n’y a pas d’inquiétude », rassure Dr Guirayo Jérémie. Il souligne que par le passé, le SYNECS était toujours en contact avec le ministre de Finances et du Budget, mais ces derniers il semble plus chargé. « Suite à la grève d’avertissement qu’on a lancé hier, le secrétaire d’État à l’enseignement supérieur cherche à nous rencontrer pour discuter avec lui des mesures de faisabilité de nos revendications. Cette rencontre aura lieu d’ici quelques heures », conclut-il.
Allarassem Djimrangar
A l’approche de la saison pluvieuse, l’opération de curage de caniveaux a commencé il y a quelques jours dans certains quartiers de la capitale tchadienne, N’Djamena. Au 4e arrondissement, les travaux sont très avancés, mais le ramassage des déchets après curage pose problème. Reportage
La saison pluvieuse avance à grands pas. La saison passée, plusieurs quartiers de la ville de N’Djamena ont été inondés dès les premières pluies. Les caniveaux qui permettent l’écoulement des eaux de pluie n’ont quasiment pas été curés. Pourtant ces caniveaux remplis d’immondices ne pourront pas écouler normalement les eaux des pluies.
Nous nous sommes rendus au 4e arrondissement pour rencontrer des jeunes du quartier en pleines activités. Abdoulaye Ali, un habitant raconte, « les accumulations d’eau chaque année nous met dans des difficultés, sans le caniveau l’eau ne coule pas et cela peut nuire à tout le quartier ». Il continue : la mairie a commencé tôt cette année à curer les caniveaux. C’est ce qu’il faut faire chaque année. Cela nous rassure d’éventuels dégâts que peut causer la pluie. Nous nous organisons à arranger les canalisations secondaires qui aboutissent aux grands drainages, dit-il.
Un autre habitant du même arrondissement, Indjaye Ismaël. Il indique que leur commune les aide toujours dans le curage des caniveaux. Mais dit-il, le gros problème réside au Centre social numéro 2. En pleine saison de pluie affirme-t-il, l’eau monte à un niveau très inquiétant, un risque pour les habitants et les usagers des routes. La mairie a fait un bon travail cette année. Nous leur demandons d’en faire davantage, dit-il.
Dans un autre quartier, à Hilé Leclerc Naga 1. Abdallah Ali y habite. Selon lui, cette année les responsables de leur commune suivent le travail qui se fait sur le terrain. « C’est un peu mieux, il y a du sérieux, car le maire du 4e arrondissement fait le terrain. Les chefs de quartiers font de porte en porte pour mobiliser les jeunes qui ont fait un travail en amont sur les canalisations secondaires », confie-t-il. Pour Falmata, la trentaine révolue, depuis 2 ans ils n’ont jamais vu la Mairie faire un curage approfondi. Ils ont enlevé du sable jusqu’à 5 à 6 voyages. Ce qu’on a déploré l’année dernière c’est qu’après le curage tout a été abandonné au bord des caniveaux. « Nous avons été obligés de payer les jeunes pour tout ramasser. Il ne faut pas que la même chose ne se répète. » Ces immondices poursuit-elle, peuvent repartir dans les caniveaux si elles ne sont pas ramassées. Elle estime que cela va être un non-sens.
Une commission de suivi des travaux est sur le terrain…
Neldé Matthieu, chef de service technique de la Commune du 4e arrondissement. Il a été désigné par le Maire pour faire partie de la Commission de suivi des travaux de curage des caniveaux dans la ville de N’Djamena. Une commission mise en place par la mairie centrale. « Je pense que les travaux de curage des caniveaux avancent bien dans le 4e arrondissement par rapport aux autres communes. Les caniveaux des grandes voies sont tous curés. Le problème qui se pose c’est le ramassage des terres d’ordures », dit-il.
Selon M. Neldé, la Mairie est dans la phase enlèvement des déchets avant l’arrivée des grosses pluies. « Si on n’enlève pas vite, les véhicules vont rouler dessus. Et ça va retourner dans les caniveaux. Autrement dit, le travail n’aura servi à rien. Nous avons parcouru déjà 6 grandes rues. Nous mesurons la profondeur du curage a l’aide d’une barre de fer de 3m », note-t-il.
Rappelons que la commune du 4e arrondissement compte 4 quartiers et 53 carrées. « Nous curons aussi les caniveaux secondaires, nous embauchons des manœuvres. La population aussi fournit des efforts à travers des petits groupes. On espère que tout ira mieux pour les habitants de notre commune », affirme M. Neldé Matthieu.
Younous Sidick Abakar
Les salles des classes des établissement scolaires publics de N’Djamena sont ouvertes ce 01 juin. Il y a une semaine le Syndicat des Enseignants du Tchad (SET), section de N’Djamena, a suspendu les cours suite à des bavures policières. Ialtchad Presse a fait un tour dans quelques grands lycées de la capitale tchadienne et au bureau du SET départemental pour constater et recueillir les avis des uns et des autres. Reportage.
Première étape. Lycée de la Liberté, 4e arrondissement de la ville de N’Djamena, est la première étape de notre tournée. Il est 12h, un groupe d’enseignants qui ont fini leurs cours discutent devant l’administration. Le surveillant nous conduit au bureau du proviseur section littérature M. Idriss Hassan Kabba. Il nous reçoit chaleureusement. Nous échangeons sur l’effectivité de la reprise des cours dans son établissement, il nous informe que la machine administrative de l’éducation est un peu lourde. Selon lui, les enseignants étaient tous présents, mais ce sont les élèves qui ne sont pas venus nombreux comme d’habitude. « Le nouveau ministre et le secrétaire d’État nous ont réunis au centre curricula et disent que les examens prévus en août doivent être ramenés en juillet. Dans notre établissement, Dieu merci, nous n’avons pas eu beaucoup de perturbations de cours », dit-il. Pour le proviseur son établissement est en avance, mais il espère rattraper les heures perdues. Idriss Hassan Kabba l’élève doit aussi être un chercheur. « Si l’élève met du sérieux dans sa recherche il peut même dans les 45 jours restants affronter les examens. Je les exhorte au travail. Ils ont un objectif bien déterminé et doivent suivre leurs cours pas à pas, les travaux dirigés et multiplier les exercices. Les parents doivent les suivre avec rigueur », affirme le proviseur.
Deuxième étape. Lycée Technique commercial (LTC). Le proviseur M. Abdel Salam nous reçoit. Selon lui, la décision de la reprise n’est pas unilatérale. Elle a fait l’objet de l’ordre du jour d’un entretien entre chefs d’établissements scolaires, ministres de tutelle et les inspecteurs. Nous nous sommes retrouvés pour une exécution de programme, dit-il. « Conformément aux informations reçues, par l’intermédiaire de la presse, nous également en tant que premiers responsables et techniciens, nous avons notre stratégie propre à nous. Nous avons relayé l’information à nos enseignants et nos élèves par des messages téléphoniques ». Pour le proviseur du LTC, beaucoup d’enseignants ont déjà achevé leurs Travaux Dirigés et Travaux Pratiques. D’après lui, la plupart ont achevé 90% du programme scolaire. « Dans l’enseignement technique, nous avons 1004 heures. D’après notre analyse, nous avons trouvé que la 8e heure et 9e heure sont une stratégie qui nous permettra d’exécuter ce volume horaire. Dans l’ensemble, d’ici la fin de ce mois de juin, nous pensons pouvoir exécuter les 1004 heures allouées à l’enseignement technique », conclut Abdel Salam.
Violation des cours d’écoles et l’humiliation d’enseignants doivent cesser…
« Nous avons décidé de nous-mêmes de la reprise des activités et de la levée du mot d’ordre de la suspension des cours. Cette suspension est une sorte d’ interpellation et des autorités en charge de l’éducation et celles de la sécurité par rapport au comportement peu orthodoxe des policiers envers les enseignants et les élèves. Malheureusement, ces autorités ont fait sourde d’oreilles comme si de rien n’était », dit Mamadi Atchim Jonas, Secrétaire Général Adjoint (SGA) du SET départemental de la commune de Ndjamena. D’après lui, cette reprise est la résultante d’une réflexion profonde des syndicats face à la situation des enfants. Pour lui, le syndicat n’obéit pas à l’ordre de l’administration, mais plutôt aux demandes de ses camarades enseignants. Le SET départemental, dit-il pour les autorités de tutelle qui méconnaissent, concerne l’Enseignement primaire francophone, mais il y a en son sein, l’enseignement moyen et secondaire, mais aussi une section du supérieur pour l’ensemble de la commune de N’Djamena.
Pour le SGA, la reprise des cours est actée, mais les enseignants ne vont jamais accepter que les enceintes des établissements soient violées ni les enseignants maltraités et humiliés.
Moyalbaye Nadjasna
Les lunettes sont des accessoires qui permettent de pallier aux défauts visuels ou de protéger les yeux. Aujourd’hui, les lunette de protection (dont les solaires) ont également un rôle de parure. Au Tchad, des nombreux Tchadiens les portent soit pour se protéger contre la poussière soit tout simplement par imitation en guise d’esthétique. Pourtant ces lunettes solaires doivent être aussi portées après une consultation ou le conseil d’ophtalmologue. Ialtchad Presse vous propose un deuxième reportage d’une une série de 2 suivi d’une entrevue.
Le port des lunettes surtout solaires se démocratise au Tchad depuis des années. Elles envahissent les rues et les marchés de N’Djamena, capitale tchadienne. Vendues par des colporteurs dans les coins et recoins des rues, elles sont faciles à s’en procurer. Tout le monde l’achète, piétons, conducteur des motocyclistes ou de voitures. Il s’appelle Baba, il a cassé ses lunettes correctrices qu’il s’est procurées chez l’opticien Maïna. « Je porte les lunettes sombres pour me protéger contre le soleil. Je suis clandoman et toute la journée je fais de tours donc sans ces lunettes, avec la poussière à N’Djamena, c’est difficile.», dit-il. « Je vous assure, s’il arrive que je ne porte pas les lunettes sombres un ou deux jours, je remarque de grains de sable dans mes yeux le matin au réveil. C’est vrai, au début lorsque je portais, mes yeux larmoyaient. Mais maintenant ça va nettement mieux», affirme Beassoum Ngueassal, habitant de Toukra, 9e arrondissement.
Pour Dr Mahamat Adam Dicko, ophtalmologiste, les lunettes du coin de la rue, surtout solaires, sont très dangereuses. « Lorsqu’on dit lunettes solaires, au niveau de la matière de sa fabrication (anti Ultra-violet : des rayons lumineux qui sont très nocifs pour les yeux). Les vraies lunettes solaires empêchent que ces UV pénètrent dans l’œil. Celles qu’on voit sur les marchés n’ont pas de traitement UV», indique-t-il. Selon lui, le port de ces lunettes mitraille l’iris. D’après lui, tous les UV entrent dans l’œil et le noir de l’œil se rétrécit sous l’effet du soleil. Ce qui peut causer de problème au niveau des cellules sensorielles, des rétines et à la longue cela entraîne des maladies encore plus graves, dit-il. « Or lors qu’il s’agit de vraies lunettes solaires, l’œil doit s’ouvrir si la lumière du soleil bloquée», conclut-il.
L’opticien Mahamat Maïna pour sa part estime que, les lunettes solaires sur les marchés sont dangereuses pour la vue. Elles ne sont même pas testées. Il faut que la population fasse attention. Les yeux sont la lumière du corps. Devenir aveugle peut provenir de notre propre négligence.
L’ophtalmologiste Mahamat Dicko conseille à la population tchadienne la prudence. Et, dit-il, la meilleure option du port de lunettes solaires demande un conseil ou une consultation ophtalmologique.
Moyalbaye Nadjasna
Le chantier de la reconstruction de la digue de Walia qui avait cédé l’année dernière de suites d’inondations dans le 9e arrondissement est à l’arrêt. Le défunt président Idriss Deby a ordonné la reconstruction de cette digue il y a longtemps. Mais les travaux n’avancent pas. Pourtant la saison de pluie avance à grands pas et les habitants de cette commune craignent que les inondations de l’année dernière reviennent encore. Ialtchad Presse est allé constater. Reportage
Tout est calme ce lundi 24 mai à Walia, 9e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Le soleil est à son zénith, un vent poussiéreux enlace la ville. Sous la canicule, certains habitants vaquent à leurs occupations. Mais d’autres ayant en tête les sinistres inondations de l’année dernière craignent le même scénario cette année. Alors certains riverains se préparent au mieux de leurs capacités en aménageant les routes et les devantures devant chez eux. Très sceptique, Tchedjibé Nathalie la trentaine révolue, se demande si la digue serait reconstruite ou pas ? « L’année dernière on avait cotisé pour acheter quelques camions de terre. Nous avions arrangé nos routes et malgré cela, l’eau nous a envahis. Le défunt président Deby Itno avait promis nous reconstruire cette digue malheureusement il n’est plus » rappelle-t-elle. Pour l’instant, rajoute Mme Tchedjibé Nathalie, la canalisation est un problème délicat dans notre commune. Jusqu’à là rien de concret, et nous risquerons de subir le même sort de l’année dernière, se lamente-t-elle.
D’autres habitants plus pessimistes pensent que la promesse de la reconstruction de cette digue est dans l’eau, rien ne va se faire. Sur le terrain, nous voyons de dunes de terre posées, apparemment depuis longtemps. Nous sommes chez le chef de carré n°10 Walia Gardolé Djédide, M. Makobeye Kabila un homme d’une quarantaine d’années. Selon lui, c’est depuis 2013 que cette digue a cédé. Il affirme que chaque année les résidents sont envahis par l’eau de pluie et l’eau communément appelée « almé-sel ». Le chef de carré indique qu’ils ont fait ce qui est de leur pouvoir, mais ils étaient dépassés. « Suite à l’inondation de l’année dernière, le défunt président a ordonné la reconstruction de cette digue. Avant sa mort il y a une société qui est venue déposer les machines pour travailler et après on ne voit rien. Or, la cession de cette digue nous a mis déjà dans des sérieux problèmes », se plaint-il. D’après lui, le plus grand souci, ce sont les maladies que charrient ces eaux. Et l’autre conséquence majeure c’est l’enclavement. « Si quelqu’un tombe malade pour le faire sortir et l’amener à l’hôpital, c’est un parcourt de combattant. Nous demandons au gouvernement de nous aider à reconstruire cette digue sinon nous serons encore des sinistrés », dit Makobeye Kabila.
Nous avons joint au téléphone M. Mahamat Saleh Kerima, maire de la commune du 9e arrondissement. Selon lui, les travaux de la construction de cette digue ont bien évolué avant la mort du président Deby. Mais poursuit-il qu’avec les perturbations dues à sa mort, les travaux sont à l’arrêt compte tenu de l'insécurité. « Mais depuis quelque temps, les travaux ont déjà repris à grands pas », dit-il. Il reconnaît que la digue est la seule solution viable. Par ailleurs, il demande aux habitants de sa circonscription de prendre conscience et faire bon usage de la digue qui est en train d’être construite.
« L’inondation dans le 9e arrondissement c'est une chose qui est récurrente et tout le monde le sait. Si j'ai un message à l'endroit des habitants du 9e arrondissement, c’est de s’organiser à leur niveau pour prévenir d’éventuels dégâts si jamais cela se répète encore. Je leur demande de ne pas casser la digue qui est en train d’être construite », affirme le Maire.
Les habitants de Walia estiment que la reconstruction de la digue n’est qu’un mirage. Sur le terrain, Ialtchad Presse n’a constaté aucune activité de reconstruction sur le chantier ce 21 mai.
Mitan Maxime
Younous Sidick
Les cours sont suspendus ce matin du mardi 25 mai, les salles des classes des établissements scolaires de N’Djamena sont hermétiquement fermées. Ialtchad Presse s’est descendu au bureau du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET), province de Ndjamena sis à l’école du centre pour comprendre les raisons de cette suspension. Reportage.
C’est un silence cimetière ce matin dans les établissements scolaires de N’Djamena. Les cours des écoles ressemblent à un village fantôme. Rien ne raisonne dans les cours et les salle de classes. Pas les voix des enseignants ni ceux des écoliers. Quelques enseignants regroupés dans quelques établissements visités condamnent la bavure policière dans les établissements scolaires. Au sujet de la suspension des cours, certains s’inquiètent du retard sur les programmes scolaires. À l’école du centre, quartier général du SET, comme d’habitude, sous l’ombre d’un gros arbre, quelques enseignants échangent amicalement. Nous nous présentons devant le bureau du secrétaire général. Il nous reçoit très cordialement et nous confie volontiers à son Adjoint M. Dion-Nadji Moise pour répondre à nos questions.
M. Dion-Nadji Moise, relève que par un communiqué du 24 mai, le SET, province de Ndjamena a suspendu les cours dans les établissements scolaires pour la commune de Ndjamena, jusqu’à nouvel ordre ce 25 mai 2021. Selon lui, l’arrêt des cours décidé par le syndicat vise à protester contre les bavures policières, répétitives dans les différents établissements scolaires de la capitale. « Les policiers pour une petite altercation entre les enfants interviennent pour jeter des gaz lacrymogènes de manière brutale et disproportionnée. Vous savez, la plupart des policiers ne connaissent pas le droit. Ils doivent comprendre que les établissements scolaires sont des sanctuaires inviolables », dit-il. Pour lui, la bonne procédure voudrait que les responsables de la police s’approchent des directeurs des établissements scolaires pour s’enquérir de la situation. D’après lui, si une telle démarche est respectée, cela permettra à la police d’agir correctement pour circonscrire le problème. Le gaz lacrymogène, dit-il, peut être utilisé en dernier ressort selon la situation.
« Nous allons nous concerter dès demain pour voir ce qu’il y a lieu de faire… »
« Ce qui fait mal ce qu’ils larguent sur leurs engins nocifs sur des enfants. Ce sont nos progénitures. Nous les avons envoyés à l’école pour apprendre. Pas pour être gazés. Surtout que cela se répète et sur plusieurs semaines déjà. Vraiment on en a ras-le- bol », peste M. Dion-Nadji. Le SGA du SET-Ndjamena, affirme que la vie humaine est sacrée et n’a pas de prix. Il renchérit que les enfants ne sont pas envoyés à l’école pour subir de telle maltraitance.
M. Dion-Nadji Moise rappelle que selon les informations qui sont parvenues à leur bureau, les diplômés en instance d’intégration qui seraient allés au lycée d’Amtoukouin demander aux responsables de l’établissement de libérer les enfants. « Après s’être opposés, ils ont sifflé et les bruits des sifflets ont alerté les enfants. Se sentant en insécurité, les élèves sont sortis en catastrophes et la police est venue larguer du gaz lacrymogène dans l’enceinte de l’établissement. Plusieurs élèves étaient mal en inhalant ce gaz toxique », relate-t-il. Le SGA soutient qu’ils sont aussi soucieux de l’avenir des enfants, mais ce qui s’était passé est inadmissible. « Nous comprenons aussi la préoccupation des enseignants qui tiennent à finaliser les programmes avant d’arriver aux examens prévus en août. Nous allons nous concerter au niveau de la province avec les membres du bureau dès demain pour voir ce qu’il y aura lieu de faire ».
Il rajoute que les enseignants veulent finir avec l’année scolaire 2020-2021. Il affirme que les cours reprendront sans préciser quand. Fait notable à signaler, il n’y a pas des cas d’arrestations d’élèves sauf qu’il y eu quelques blessés, conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna
Le recyclage des pneus usagés est un secteur d’activité très peu connu. Les artisans tchadiens font un formidable travail de transformation en redonnant une vie utile aux pneus contribuant ainsi à améliorer sans le savoir l’environnement. Ialtchad Presse vous amène à la découverte d’une des activités des artisans qui recyclent ces pneus usés en des pièces de rechange pour moto et véhicule ou en sandalette. Reportage.
Dembé, dans le 6e arrondissement de N’Djamena. Du côté du carré Bulldo, derrière le gouvernorat et la Caisse nationale des retraités du Tchad (CNRT), Brahim Abdoulaye est installé dans son atelier. Il est en train de limer une pièce de rechange fabriquée localement. Juste en face de lui, son client l’attend. La livraison faite, Brahim est disponible. Et top chrono le reportage sur son activité démarre.
Le quartier Bulldo, diminutif de bulldozer, est le quartier général des fabricants des pièces de rechange locales à base des pneus usés. Tout le long du mur du gouvernorat et de la CNRT, il n’y a que leurs ateliers.
Il y a deux ans que Brahim Abdoulaye a ouvert cet atelier de fabrique de ces pièces de rechange locales de moto et de véhicule. Plus précisément des pièces qui ne concernent que la roue. « Le plus souvent, j’achète les pneus chez des garagistes », dit-il. Le prix varie selon l’état et la taille des pneus : 7 500, 10 000, 15 000F, etc.
Pour se procurer des pneus, Brahim et son coassocié se permutent à l’atelier. Un jour, l’un va faire le tour des garages pendant que l’autre travaille à la fabrique. Ainsi de suite. Pour éviter des ruptures et faire face à la concurrence, les associés s’approvisionnent en quantité et selon leurs moyens.
Un travail simple, mais méthodique
Pour transformer ces mastodontes de pneus en de petites pièces détachées, Brahim Abdoulaye n’a besoin que des couteaux fabriqués artisanalement, des marteaux, de tournevis et de l’eau mélangée avec du détergent. « Ce n’est qu’avec ces matériels que je travaille », confie-t-il. Et le travail semble être facile pour celui qui redonne vie aux pneus. Il suffit qu’il trempe le bout du couteau dans l’eau composée, et le pneu cède facilement sous son action. Surprenant en le voyant à l’œuvre.
Quand le pneu est acheté, le fabricant enlève d’abord les fers qui s’y trouvent. Ce qui peut être utilisé pour la fabrication des fourneaux. Ensuite, le chef d’œuvre découpe le pneu selon le besoin. Avant de le modeler selon la commande. « On ne fabrique que des joints (sourambloc) pour les roues. Il suffit d’apporter le modèle et on s’y met », fait-il savoir.
D’après cet artisan, ces pièces de rechange locales sont plus sollicitées que celles originales. « Nous vendons moins cher et, en plus elles sont plus durables », vante-t-il la qualité de ses produits. Leurs clients favoris sont des mécaniciens et des vendeurs détaillants des pièces détachées. « On vend quatre joints pour la moto à 750 ou 1 000F ; pour les véhicules, un à 1 000, 1 500F », renseigne-t-il.
À côté des pièces de rechange, Brahim fabrique aussi des chaussures faites à base des pneus. Localement ces babouches sont appelées « moutt khali », littéralement « il te survivra » Ces sandalettes tout terrain se vendent à 750F pièce.
Évoluant dans l’informel, Brahim dit payer régulièrement des droits à la mairie. « Chaque mois je verse des droits à la commune », dit l’artisan à l’agilité enviable. Combien il paie à la mairie ? Il refuse d’en dire plus.
Christian Allahadjim
Allarassem Djimrangar
L’œil est une machine optique sophistiquée de grande qualité. Chez l’être humain, le fonctionnement du système visuel est souvent affecté par des nombreuses maladies oculaires. Ces maladies peuvent conduire à la cécité. Pour pallier et prévenir le pire, les spécialistes conseillent la consultation et le port des lunettes correctrices. Ialtchad Presse vous propose un premier reportage d’une série de 2 articles suivie d’une entrevue.
Beaucoup des Tchadiens portent des lunettes correctrices sans une prescription médicale. C’est le cas de Bienvenue Ningatoloum, 50 ans. Il refuse d’être photographié, mais confesse qu’il a l’habitude de se procurer ses lunettes au grand marché chez les vendeurs sans prescription médicale. Pourquoi vous ne consultez pas voir un ophtalmologue ? Il répond : « Je n’ai pas les moyens. Il ne me reste pas longtemps à vivre. Je me débrouille avec celles du marché pour ma lecture. Et ça marche.» Le vendeur, lui, refuse qu’on photographie son étal de lunettes. Mais il accepte de parler, « beaucoup de personnes achètent les verres correcteurs et les lunettes de soleil au marché. Ils les essaient sur place, si le produit leur convient, ils concluent le marché », dit-il.
Nous sommes à la clinique Espoir de Vue, au Nord de la capitale tchadienne, N’Djamena, dans le 3e arrondissement, sur l’avenue Maldoum Bada Abbass. Dr Mahamat Adam Diko, médecin ophtalmologiste à l’Hôpital Général de Référence nationale (HGRN) nous accueille dans son Cabinet. Nous engageons les échanges sur les maladies de vue et sur la nécessité du port des lunettes correctrices, Dr Dicko campe le décor, « en sciences, pour aborder un sujet, il faut les statistiques.» Les différentes maladies imputables aux corrections de vue, dit-il, sont nombreuses, les principales sont les amétropies sphériques, la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie. Selon lui, 80% de la population mondiale est porteuse de l’amétropie. « Je parle de mondiale parce qu’on n’a pas de statistique au Tchad. Aucune étude n’a été menée concernant le problème de la vue ici au pays ». D’après lui, une étude démontre que d’ici l’an 2050, 50% de la population mondiale sera myope.
À propos du port des verres correcteurs sans une consultation médicale, l’ophtalmologue se dit écœuré par le comportement de la population. « Aller se procurer les verres dans la rue est très dangereux. Il faut d’abord consulter un médecin ophtalmologue. Après examen, il doit prescrire une ordonnance de lunette avec toutes les informations. C’est la consultation qui détermine le degré du verre. C’est à l’opticien de les confectionner », affirme Dr Mahamat Adam Dicko. Pour l’ophtalmologue, les Tchadiens n’ont pas une culture de port de lunettes. Il donne un exemple en estimant que la majorité des femmes ont des problèmes de vision, mais elles refusent de porter les lunettes. « Les problèmes profonds de la vision ne peuvent être corrigés que par des lunettes médicales adaptées ».
Un opticien pour adapter l’équipement visuel
Avenue Goukouni Wedeye, non loin du grand marché. Nous sommes chez un opticien. Il s’appelle Mahamat Adoum Maïna. Nous essayons de comprendre le mécanisme d’adaptation d’équipements visuels. Il exerce ce métier d’opticien depuis longtemps. « Je monte les verres sur place. Nous ne fabriquons pas les lunettes correctrices, mais nous les importons. Elles viennent en pièces détachées et nous les montons et l’adaptons aux clients en fonction de leurs ordonnances délivrées par un ophtalmologue ». Il rajoute qu’il a des machines qui lui permettent de monter plusieurs qualités des verres. Les clients choisissent les cadres qui leur conviennent. Et on leur fait le travail, dit-il. « Il y a les verres médicaux qui viennent avec une photo antireflet, pour ceux qui ne supportent pas le vent, la lumière des ordinateurs, la lumière du soleil. Il y a aussi les verres pour la lecture pour ceux qui ont un problème de vue de près. Les verres progressifs sont combinés pour corriger les problèmes de vue de loin et de près en même temps», dit l’opticien. M. Maïna, affirme qu’il y a des personnes qui achètent les lunettes correctrices dans les rues. Après, ils viennent faire le test de degré. D’après lui, ils ne reçoivent que les personnes qui se sont fait consulter et possèdent des ordonnances délivrées par des ophtalmologues. « Nos verres sont testées et avec des numéros. Lorsqu’on les monte, on demande aux clients d’aller les confirmer auprès de leur ophtalmologue avant de les porter».
En conclusion, Dr Mahamat Adam Dicko, réclame des pouvoirs publics plus de sensibilisation sur les problèmes liés à la vue.
Moyalbaye Nadjasna
La vente du pain à la sauvette aux abords des différentes artères de la capitale tchadienne, N’Djamena, offre aux jeunes désœuvrés des revenus d’appoint. Cette activité pratiquée à la criée depuis belle lurette a le vent en poupe malgré les risques encourus. Reportage.
Chaque matin, dès les premières heures de la journée, les jeunes vendeurs de pain à la sauvette se placent aux carrefours stratégiques à grande circulation comme les ronds-points pour écouler leurs produits. Plastique en main contenant un tas de cinq pains, ils faufilent entre la circulation pour dénicher les clients. La présence d’un client les attire on dirait un essaim d’abeilles ou des mouches. Chacun cherche à brandir et faire valoir la qualité de son pain. Parmi ces vendeurs à la sauvette, il y a des pères de famille qui se battent à tout prix pour subvenir aux besoins de leur famille. Ce métier n’est pas sans conséquence. Ceux qui le pratiquent sont souvent victimes d’accident de voitures ou de motocyclistes. Ils perturbent aussi la circulation, et créent des embouteillages surtout aux ronds-points aux heures de pointe.
En cette matinée du 11 mai au rond-point double voie, les vendeurs ambulants du pain ne sont nombreux. Seulement quelques têtes se servent des tables, juste derrière la chaussée pour vendre leurs pains. Malgré la température très élevée ces derniers temps à N’Djamena, ces vendeurs sont courageux, et endurants. Les vendeurs accostent les clients dans les différentes langues parlées en ville. Cela va du Sara au Ngambaye en passant par l’arabe et le français.
Interrogés, des vendeurs affirment que plusieurs Tchadiens trouvent ridicule ce métier alors qu’il assure la ration familiale. « J’exerce cette activité non pas par suivisme ou encore par désir. C’est par contrainte. Car, après mes études en histoire, je n’avais personne pour m’appuyer. Et de surcroît, j’ai une famille. C’est la raison pour laquelle, depuis 2012, je me suis lancé dans cette activité pour subvenir aux besoins vitaux de ma famille», dit Ngarassem, un diplômé sans emploi rencontré au rond-point double voie. D’après lui, il achète un pain à 75 francs CFA, à la boulangerie Hanana d’Atrone pour les revendre à 100 francs CFA. « Dans le passé, je vendais plus de 200 pains par jour. Mais ces derniers temps, il y a une baisse notable de nos chiffres de vente. Sauf le samedi et le dimanche que j’arrive à vendre 100 pains ».
Ngardjim, est aussi vendeur du pain. Je me débrouille, dit-il. Il rajoute, la vie est difficile. Et tout le monde n’est pas appelé à travailler dans les bureaux. « Débrouiller n’est pas volé, dit-on. Je suis fier de cette activité, elle assure mon quotidien. Il faut créer, lutter par tous les moyens pour se prendre en charge», dit M. Ngardjim en guise de conseil à ceux qui sont oisifs. Selon lui, cette activité lui permet de faire beaucoup de recettes. « Je prends à la boulangerie Hybah d’Atrone, 100 pains à raison de 7000 francs CFA. Sur les 100 pains, j’ai un bénéfice de 3.000 francs CFA. Si c’est 50 pains, j’ai 1.500 franc CFA de bénéfice. C’est mieux que rien », conclut Ngardjim.
Allarassem Djimrangar