Reportage

Reportage (1420)

La marche pacifique dénommée « Week-end noir » initiée par la plateforme des diplômés en instance d’intégration à la fonction publique ce, 19 juin sur l’ensemble du territoire national a été très tôt dispersée par les forces de l’ordre et de sécurité. Plusieurs arrestations ont été signalées par les leaders de cette marche. Reportage !

20 personnes arrêtées dont 16 relaxées immédiatement, 4 femmes gradés au Commissariat de sécurité publique (CSP 15) de Boutalbagara, 6 blessures légères signalés selon Adissou Dibam, l’un des leaders de la plateforme des diplômés en instance d’intégration a la Fonction publique tchadienne. Devanture du lycée Sacré-Cœur, rond-point 10 octobre 7ème arrondissement, rond-point de Walia 9ème arrondissement et rond-point Farcha, 1er arrondissement sont les itinéraires de la marche pacifique dénommée « Week-end noir » initiée par la plateforme des diplômés en instance d’intégration à la fonction publique ce matin dès 6 heures. Tout au long du trajet, les forces de l’ordre et de sécurité déployés ont quadrillé les secteurs définis pour cette marche.

Atrone, dans le 7ème arrondissement, devant un hôtel de la place, nous les unités du Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP) en campement sont présents. Quatre véhicules en tout. Au rond-point du pont à double voie, quelques éléments de la commission mixte de sécurité sont aussi visibles. Sur l’avenue principale, la circulation est libre. Des citoyens vaquent à leurs occupations.  Au rond-point du quartier Chagoua, la présence policière est en alerte avec quatre véhicules bourrés d’hommes en treillis. Nous continuons notre ronde. 7 heures 30 minutes, devant le lycée Sacré-Cœur, pas de mouvement suspect. Même pas un élément de la Police. Juste à côté, au terrain Feest Africa, quelques éléments de la commission mixte de sécurité composés de la Garde nationale des nomades du Tchad (GNNT) et le Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP) sont encore visibles avec une dizaine de véhicules.

M. Adissou Dibam se félicite de la marche pacifique qui a eu lieu à N’Djamena, la capitale, ainsi que dans les provinces du pays. Selon lui, ce n’est pas la police nationale qui a arrêté les 4 manifestantes. C’est plutôt les Agents de renseignement (ANS) qui les ont arrêtés pour les confier aux forces de l’ordre et de sécurité. « Notre marche de ce samedi n’est pas un échec. La preuve en est que malgré que la ville de N’Djaména a été quadrillé par les forces de l’ordre et de sécurité, nous sommes sortis. Donc, c’est une réussite parce qu’il y a une détermination totale des diplômés », dit Adissou Dibam. Il souligne que s’ils n’obtiennent pas une solution idoine à leurs revendications, ils vont toujours continuer à manifester jusqu’à satisfaction totale. « Ce qui nous marque le plus à travers cette marche, c’est la volonté et la détermination des jeunes diplômés qui disent non à l’injustice sociale, au népotisme, au clientélisme et qui revendiquent de manière farouche leur intégration à la fonction publique particulièrement l’insertion sociale », note-t-il.

Il rappelle qu’ils ont eu une audience avec le feu président de la République Idriss Deby Itno qui leur avait promis l’intégration malheureusement, la mort l’a emporté.  « Aujourd’hui, le Conseil militaire de transition (CMT) dans son programme politique refuse de recruter les personnels civils mais entend recruter des militaires. Cela nous surprend parce que le pays n’est pas dans une situation de guerre. Ils disent que l’intégration des jeunes n’est pas une urgence », lance-t-il.

Aux dernières nouvelles, les quatre femmes gardées au commissariat de police de Boutalbagara ont été libérées.

Allarassem Djimrangar

Très facile de voyager il y a quelques années encore au Sud du Tchad. Aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire, le voyage vers cette partie méridionale est difficile. La voie est dans un état de dégradation très avancée à partir de Ndjamena-Guelendeng et plus loin Bongor-Kelo. Ialtchad lors d’un déplacement effectué par son équipe à Sarh a fait ce constat. Reportage

Si les voyages interurbains sous d’autres cieux se passent dans le confort, au Tchad cela demeure un véritable parcours du combattant. Difficile de comprendre, pour 153 km, un bus voyageur fait 5heures de temps entre Ndjamena-Guelendeng. Dans le passé, lorsque la route est bonne, 1heure et 30 minutes suffisent pour parcourir le tronçon N’Djamena-Guelendeng.  Juste sur cette distance, plusieurs accidents sont enregistrés chaque année. La route ne tue pas, mais c’est nous qui nous tuons, dit un adage. L’état de dégradation avancé de cette route est le résultat du sous-investissement des autorités publiques.

Sur cette route, les véhicules se sont frayés des rues en terre battue départ et d’autres de la voie principale impraticable. L’emprunter est une véritable séance de gymnastique et d’acrobatie.  Les bus voyageurs ont de la peine de descendre sur la terre battue puis remonter sur le bitume à chaque fois. Tout le monde se plaint, chauffeurs et passagers. Le bus se transforme en tribunal antigouvernemental. Les tons sont graves et vindicatifs. Pour certains, le gouvernement fait exprès. Kemtobaye Kossadinan est passager du bus de l’agence Kingui, très fâché, il raconte : « vous savez, la question des routes sont politisées. Aujourd’hui, c’est l’esprit géopolitique qui anime les autorités tchadiennes. Chacun estime qu’il faut plutôt se tourner vers sa région que d’investir dans une autre. Or, la route est un gage de développement. » Masra Rimtebaye va à Sarh. Il est désolé de constater que cet axe est négligé par la faute des gouvernants. « Écoutez, les routes qui se dégradent sont dues à la négligence des autorités. Elles ne se soucient même pas de leur population. Tout ce qui les intéresse c’est leur intérêt égoïste. Sinon comment comprendre que ce tronçon N’Djamena-Guélendeng reste jusque-là dans cet état », dit-il.

« Des recettes des péages qui ne servent à rien… »

Disons-nous les choses clairement, l’État tchadien est défaillant à plusieurs niveaux, déclare Taroumta Céline, une passagère. « Les gens nous font croire que les 500 F CFA, collectés aller-retour sur les véhicules devraient permettre d’entretenir les routes. C’est du bluff. Cet argent n’est même pas reversé au trésor public. C’est une vache à lait », s’insurge-t-elle. Un autre passager Ndomassal Clément estime que, « le ministère des Infrastructures devrait aussitôt arranger les routes dès qu’un nid de poule est constaté. Cela permettra d’éviter les dégradations avancées. On peut dire que les recettes des péages ne servent à rien. Et les cas des accidents sont imputables à l’État tchadien gestionnaire des routes », dit-il.

Le chauffeur du bus demande à parler sous le sceau de l’anonymat. Pour lui, la plupart des accidents sur cette voie sont dus en grande partie à l’état impraticable de la route. « Je vous dis que c’est difficile de manœuvrer un gros bus sur une route délabrée surtout au niveau de Ndjamena-Guelendeng et Bongor-Kelo. C’est pratiquement 1000 km pour arriver à Sarh. Nos bus prennent beaucoup de coups sur ce tronçon, mais on n’a pas de choix. Nous ne sommes que des chauffeurs, on rend compte de l’état de la route aux responsables d’agence de voyages. Il leur revient à eux de plaider auprès des autorités pour retravailler cette route », affirme-t-il.

Par rapport aux années dernières, il faut noter que des efforts sont en train d’être faits par le ministère des Infrastructures. L’intervalle du tronçon entre Guélendeng et Bongor est quasiment refait. Il ne reste qu’une vingtaine de kilomètres pour l’achever. Toutefois, le problème reste entier lorsqu’il faut 5 heures pour aller de N’Djamena à Guelendeng, villes distantes de 153Km.

Moyalbaye Nadjasna

Le pont de N’guéli qui relie la capitale tchadienne, N’Djamena, à la ville de Kousseri au Cameroun a été rouvert hier par le gouvernement tchadien. Mais du côté de la frontière camerounaise, le passage reste encore fermé. Ialtchad Presse est allé constater. Reportage.

Le pont de N’guéli à la frontière tchado-camerounaise était fermé en mars 2020 en raison de la propagation du coronavirus, a été rouvert du côté tchadien. La cérémonie officielle a été présidée par le ministre de la Sécurité publique, Souleymane Abakar Adam, le jeudi 17 juin 2021. Cette réouverture a suscité la joie chez des riverains qui ne pouvaient plus traverser ce pont depuis un an et trois mois. Cette joie a été que de très courte durée.

Ce vendredi 18 juin, la rédaction s’est rendue sur le site pour constater l’effectivité de la réouverture.  Sur le pont, rien n’indique que le trafic a repris. Pas de bousculade, pas d’embouteillage comme par le passé. Il y a la présence des agents de sécurité. Sur la chaussée, quelques gros porteurs sont stationnés en attendant les formalités de sortie pour traverser la frontière du côté camerounais. « Est-il possible de traverser le pont ? », la question est adressée à un agent tchadien. La réponse fuse : « La frontière est ouverte de notre côté. Donc vous pouvez passer. Le blocus est du côté camerounais. Traversez pour constater par vous-mêmes ».

Et nous traversons le poste, sans aucune formalité. Sur le pont, nous rencontrons un groupe de personnes, carnet médical en mains, marchant vers le Tchad. Un autre groupe de jeunes, voulant traverser pour aller au Cameroun, se fait repousser par les agents camerounais. Nous nous sommes rapprochés de la barrière gardée par les agents de sécurité camerounais. « La frontière est fermée. Retournez », nous ont-ils ordonné. En effet, la frontière est encore fermée du côté camerounais. « Pour avoir des explications sur le blocus, il vous faut un ordre de mission », nous ont-ils gentiment rétorqué. Nous rebroussons chemin.

Des personnes rencontrées sur le poste frontalier nous rapportent que seuls les cas d’urgence médicaux ou administratifs sont autorisés à traverser pour entrer ou sortir du Cameroun. Pour les autres, il faut attendre l’ouverture officielle de la frontière par les autorités camerounaises. Un gérant de parking nous raconte que des personnes qui ont eu à traverser lors de la réouverture du côté tchadien sont coincées au Cameroun puisqu’interdites de traverser à nouveau. « Vous voyez ces motos au premier, ce sont celles des personnes qui ont traversé hier et bloquées là-bas », nous fait-il savoir.

Le pont de N’guéli est rouvert. Mais au final, le pont est resté fermé. On peut franchir du côté tchadien mais pas côté camerounais. Au final la frontière reste fermée.

Christian Allahadjim
Orthom L’Or

La journée mondiale du lait a été célébrée le 1er juin passé. Au Tchad, le secteur laitier est embryonnaire et rencontre beaucoup de difficultés. Reportage dans une laiterie.

Klessoum à la sortie Est de N’Djamena. C’est dans ce village qu’Issa Adoudou Artine a implanté sa laiterie. Depuis 2015, il transforme localement des produits laitiers. Grâce au lait de vache que lui procurent des éleveurs à proximité de son usine, il fabrique du yaourt, de la crème liquide, du beurre, du fromage, etc.

Comme entrepreneur, investisseur et Tchadien, M. Artine tient à développer ses affaires dans son pays. Mais le climat d’affaires n’est pas propice, « il n’y a que des difficultés dans ce secteur. C’est vraiment pénible, intenable », dit-il d’air désabusé. Mais une seconde plus tard, il redevient combatif. Et s’emballe par son projet.

Difficultés

M. Artine évoque d’abord le manque de matière 1re : les vaches laitières. « Le Tchad est un pays d’élevage bien sûr. Mais le problème c’est quelle catégorie de cheptel dont le pays dispose ? », fait-il remarquer. Il est vrai que le Tchad est un pays agropastoral par excellence. Mais son cheptel ne compte vraiment pas des vaches productrices de lait. « Même si on a des millions de têtes de vaches, le lait qu’elles produisent est insignifiant et souvent ce n’est pas un lait de qualité », relève Issa Adoudou Artine. Il explique que cette faible production laitière est causée par le problème de pâturage et de traitement vaccinal.

« Le pâturage est un réel problème pour nos bétails », reconnaît un éleveur, fournisseur de M. Artine. Mal nourrie, la vache est incapable de produire du lait en quantité pour nourrir le veau, pour l’autoconsommation et pour la commercialisation. « Regardez, pour presque 20 vaches, elles ont produit à peine 2 litres de lait », dit-il en fixant le bidon de lait déposé sur la balance. 

Ensuite, le problème du personnel qualifié. Pour le patron de la laiterie Artine, on compte au Tchad assez de Médecins vétérinaires spécialisés en élevage, mais très peu « d’ouvriers qualifiés.» Pour le besoin, son organisation s’est dotée d’un centre de formation où des éleveurs sont formés sur des techniques d’entretien du bétail et de prélèvement du lait. « Avec ces b.a.-ba, ils nous rapportent du lait prélevé dans des conditions acceptables même si c’est en petite quantité », affirme Issa Adoudou.   

Enfin, la problématique de la commercialisation. Selon l’entrepreneur Issa Adoudou Artine, la transformation des produits laitiers est confrontée à l’absence « d’une politique de vulgarisation » et à un manque de prise de conscience à tous les niveaux. Ce qui entraîne, de facto, une méconnaissance des produits laitiers transformés localement. « Les gens continuent par consommer ce qui est importé alors qu’on a commencé par produire sur place », s’agace-t-il. Pour lui, il faut privilégier la production locale. Et pour cela, un plaidoyer est nécessaire. Car, dit-il, le produit laitier tchadien n’est pas compétitif.

Les difficultés sont légion, mais le patron de la laiterie Artine reste optimiste, « au Tchad, le secteur laitier est vierge ». Il évoque aussi le manque d’investissement des acteurs privés et un délaissement de l’État. « L’État ne donne aucune subvention, n’aide pas les éleveurs à entretenir leurs bétails contre certaines maladies », énumère-t-il.

Espoir

Malgré tout, il persévère. Pour ravitailler son usine de transformation, il a mis sur pied un projet pilote de croisement d’animaux productifs. Il a, pour l’instant, une cinquantaine de têtes dans ce projet. Il cultive aussi une variété d’herbe pour l’alimentation des vaches laitières. Et enfin,  il a un projet de construction d’une étable pour l’élevage sur place des vaches laitières.

Pour le décollage de ce secteur, Issa Adoudou Artine propose au ministère de l’Élevage de mener une politique de vulgarisation. Car, insiste-t-il, le secteur laitier est un secteur qui peut créer de la richesse et la prospérité d’un pays comme le nôtre qui est par essence un pays d’élevage. Mais regrette-t-il, « les autorités n’ont toujours pas compris les enjeux politiques et financiers liés à ce secteur. »

Christian Allahadjim

Pour rendre la ville de N’Djamena propre, les autorités municipales ont pris un certain nombre de mesures. Parmi celles-ci, il y a le décongestionnement des abords des marchés, l’interdiction de stationnement des bus des agences de voyages sur les abords des routes bitumées. Ialtchad Presse a fait un détour au grand marché « soukh kabir » et dans les agences de voyages de Dembé de la capitale tchadienne, N’Djamena, pour constater. Reportage ! 

11 heures. Marché central ou « soukh kabir », le grand marché en Arabe locale. La température oscille entre 35 et 37 degrés Celsius. L’entrée sud du grand marché, espace légumes, est déserte. Les vendeuses de légumes ont presque disparu. La circulation est fluide. Il y a des réparateurs de montres, des cordonniers, des vendeuses de mangues et quelques véhicules des particuliers stationnés sur la chaussée. Pas la moindre trace de vendeuses des légumes.

Ousman Ali est un commerçant. Il  est assis devant sa boutique à l’entrée sud du grand marché Central. Il vend plusieurs articles, notamment les cahiers, les sacs à dos, les chaussures, les prêts-à-porter pour hommes. Ce dernier, dit qu’il n’est pas contre le marché des femmes vendeuses de légumes, mais plutôt  la place qu’occupent ces femmes. Car elles obstruent le passage. « Depuis qu’elles vendent leur légume sur les abords du goudron, le marché est toujours sale et une odeur nauséabonde se dégage. La chaussée était aussi rétrécie », lâche Ousman Ali. D’après lui, depuis que les autorités municipales ont déguerpi ces femmes vendeuses de légumes, la voie est vide. Les usagers peuvent facilement garer leur véhicule. « Je déplore le comportement de certains agents municipaux véreux qui font payer ces vendeuses de légumes en contrepartie ils les laisser s’installer sur la chaussée. Il faut que le Maire trouve une solution définitive à cette situation le plus tôt possible », dit-il.

Certaines vendeuses de légumes rencontrées ne cachent pas leur mécontentement. Zara Abba en est une,  «  il y a de cela un mois que nous  sommes déguerpies de nos places initiales. Mais depuis lors on ne sait quoi faire et où aller. Pour l’instant, nous exposons nos légumes devant cette église. Le déguerpissement a donné une autre face pour nos commerces, et la place n’est plus une garantie pour nous.  On ne sait pas si un jour le propriétaire, nous dira de laisser le lieu. La mairie ne nous a pas trouvé un autre lieu, et si on a un appel à lancer, c’est qu’on a besoin qu’elle nous trouve une solution le plus tôt possible », demande-t-elle.

Félicité, une autre vendeuse de mangues, dit que dans leur ancien coin, elles font assez de revenus, mais depuis qu’on les a déguerpis, les affaires ne sont plus comme avant. « Le maire Ali Haroun veut qu’on fasse quoi au juste ? Puisque là où nous vendons nos légumes avant, est très stratégique. C’est l’entrée et la sortie du marché où l’on rencontre facilement les clients. On peut s’asseoir, mais en reculant tout en cédant la voie de pour la circulation. C’est grâce à la vente de nos produits qu’on se prend en charge nos familles », précise Félicité l’air fâché.

Un constat déplorable dans les différentes agences des voyages

Dans les différentes agences de voyage sis au quartier Dembé, la décision des autorités municipales interdisant le stationnement anarchique des bus voyageurs n’est pas du tout respectée. Les bus sont stationnés sur les abords des routes obstruant ainsi le passage aux usagers. 

Les responsables de l’agence Express Sud Voyage ont été interpellés par la rédaction pour réagir, mais ils refusent de se prononcer sur cette décision.

Allarassem Djimrangar
Younous Sidick Abakar

Le 10e congrès extraordinaire du Mouvement patriotique du Salut s’est ouvert ce 12 juin à N’Djamena. Un congrès placé sous le thème « redynamisation ». C’est aussi le premier congrès sans le président fondateur, le Maréchal Idriss Deby Itno,  décédé en avril 2021. Reportage.

L’auditorium de l’hôtel Radisson Blu est plein à craquer. Membres du bureau politique national, secrétaires généraux provinciaux, délégués départementaux et autres invités d’honneur sont présents. Sur le podium, une grande affiche du congrès trône encadrée par deux autres portraits du défunt président Idriss Deby Itno avec la mention « hommage au président fondateur ». Sur l’écran géant, le magazine de la Présidence intitulé « l’autre Idriss Deby Itno » est diffusé en boucle.

Dehors la sécurité est impressionnante. La Police, les unités spéciales anti émeutes et même des militaires sont déployées. Les alentours de l’hôtel sont gardés par des militaires. La fouille est minutieuse. Cela rappelle exactement l'époque du président fondateur Idriss Deby Itno. Autrement,  le MPS veut réaffirmer son statut de grand parti,  parti État malgré la mort de son président fondateur. De quoi a peur le comité d’organisation ?  « De rien », répond Me Jean-Bernard Padaré, président du comité d’organisation. D’après lui,  il y a ce dispositif pour dissuader ceux qui ne sont pas du parti et seront tentés de s’infiltrer dans la salle. « Notre congrès a toujours été sécurisé », rappelle-t-il.

10heures. Conformément au programme, la cérémonie d’ouverture commence. Me Jean-Bernard Padaré, président du comité d’organisation prend la parole. Il salue la mémoire du président fondateur du MPS,  Idriss Deby Itno, tué le 20 avril 2021. « Ce congrès se tient dans un contexte douloureux. Car c’est sans la silhouette de notre héros, notre guide que nous nous sommes réuni », a-t-il déclaré. Ensuite, un récit des versets du Coran a été fait suivi d’un poème en hommage au défunt maréchal et un documentaire sur la vie de Deby.  Un moment d’émotions. Vient enfin le mot d’ouverture de la secrétaire générale 1ere adjointe, Madjidian Padja Ruth. Elle a indiqué que ce congrès vise à toiletter les textes du parti pour l’adapter au contexte. D’où le thème « redynamisation ». « Le MPS doit être un parti fort dans un État fort », a-t-elle martelé.

Grand absent de ce congrès, le secrétaire général titulaire Mahamat Zen Bada. Il se trouvait en France pour des raisons de santé. Mais selon des indiscrétions, le SG serait de retour à N’Djamena. « S’il se trouve à N’Djamena, il doit être là. C’est un grand militant », a répondu Me Jean-Bernard Padaré qui rejette en bloc des rumeurs sur de sérieux problèmes entre les SG du MPS.

Pour rappel,  ce 10e congrès extraordinaire a été annulé pat Mahamat Zène Bada qui conteste la qualité de son adjointe à convoquer de telles assises. Mais l’évènement s’est tenu à son grand dam. Prévue pour deux jours,  la rencontre est réduite en un jour. À l’issue de ces assises,  le statut et le règlement intérieur du parti seront revus.

Christian Allahdjim

Il y a tempête au Mouvement patriotique du salut (MPS), ex-parti au pouvoir. Un congrès extraordinaire est attendu du 12 au 13 juin prochain à N’Djamena, capitale tchadienne. Une annonce faite à l’insu du Secrétaire général (SG) du MPS M. Mahamat Zène Bada partit pour des soins à Paris, en France. Il prend une décision et annule le futur congrès. Ses amis politiques maintiennent de facto le congrès. Ialtchad Presse dans un échange avec le Politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé vous propose son analyse de situation.

Selon le politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé, il est toujours inscrit dans les statuts des partis politiques qu’il peut y avoir de congrès extraordinaire lorsque la situation l’impose. Seulement dit-il, on est en droit de s’interroger pourquoi, cette précipitation au sein du MPS ?  D’après le politologue, entre l’annonce du congrès et la date de sa tenue il y a juste une semaine.  Il se demande ensuite, pourquoi avoir attendu le départ pour la France du SG titulaire pour lancer des invitations aux membres du parti ? Et en fin, Dr Évariste Ngarlem Toldé s’interroge sur les mobiles réels de ce congrès ?  « C’est vrai le Maréchal est décédé, mais on aurait pris tout le temps. C’est la précipitation d’organiser un congrès dans ce contexte. Ce qui amène à s’interroger sur les intentions des organisateurs. Mais aussi sur ce qui se cache derrière des ambitions inavouées des uns et des autres en ce moment », dit-il.

Pour le politologue, il ne pouvait en être autrement, le SG n’étant pas mis au parfum de la tenue de ce congrès, est dans son droit de réagir en signant une note pour annuler l’évènement. « En tenant mordicus à aller au congrès, les militants risquent de déterrer la hache de guerre. Parce qu’il y a des ambitions qui ont été longtemps étouffées. Vous savez, le MPS est un parti qui a un seul leader qui a dirigé de sa forte main de Maréchal, président de la République et président fondateur de ce mouvement politique. Et sa disparition laisse ce mouvement orphelin », affirme le politologue.  Il soutient que cette disparition subite fait éclater au grand les camps qui apparaissent sur des bases tribales, régionales, ethniques et voire même des courants idéologiques qui traverse le MPS. Toujours selon Dr Évariste Ngarlem Toldé certains caciques ont peur de voir les enfants de Deby récupérer le parti. « Puisque cela ne serait pas nouveau dans ce pays lorsqu’un président fondateur d’un parti décède, les enfants ont tendance a récupérer le parti qui pour eux est le bien de leur père ».

« Un parti politique n’est pas un héritage… »

 Le MPS d’après lui, n’est pas un parti comme les autres. C’est un mouvement politico-militaire qui a été une entente entre le colonel Idriss Deby, le colonel Maldome Bada Abbas et le général Nadjita Beassoumal et beaucoup d’autres en 1989. Aujourd’hui Zène Bada de sa position revendique l’héritage de son frère. « Maldom Bada Abbas était le président d’honneur du MPS jusqu’à sa mort. Donc Zène Bada qui est l’un des membres fondateurs de MOSANAT, revendique la paternité du MPS comme les enfants de Deby veulent en faire. Celui qui n’en tient pas trop c’est le GAL Nadjita Beassoumal, un vieux très sage et très silencieux en tant que religieux », rappelle le politologue.

Aujourd’hui, note-t-il, le MPS se trouve sans leader après le décès du Marechal. Dr Évariste indique cependant que, l’impression ou la perception qu’on a, « c’est qu’on veut écarter le SG qui ne semble pas être manipulable et mettre à sa place quelqu’un de plus maniable d’une part, et d’autre part, de trouver aussi un futur candidat aux élections présidentielles. Mais on peut penser également à un renouvellement et à un rajeunissement des cadres du parti, tout est possible avec ce congrès », mentionne-t-il. Il craint que le MPS sorte de ce congrès très affaibli et surtout très divisé.

Pour lui, chaque parti doit se référer à ses textes pour éviter des discordances. Le politologue relève que le MPS attendait un des siens même si ceux qui sont du Conseil militaire de la transition (CMT) sont plus ou moins MPS, il attendait à être associé à la gestion du pouvoir. « Or ce qui se passe aujourd’hui montre qu’on a tenu à l’écart le SG du MPS. En principe en cas de vacance de poste, de décès ou de disparition, les statuts prévoient tout, le vice-président ou le SG du parti ». Un parti politique n’est pas un héritage, surtout que le MPS est un mouvement politico-militaire, affirme Dr Évariste Ngarlem Toldé. À ce congrès il faut s’attendre à tout et à rien, conclut-il.

Moyalbaye Nadjasna

Le parti les Transformateurs vient d’obtenir officiellement le 8 juin dernier, son autorisation de fonctionner. A ce sujet,  Ialtchad Presse a recueilli les réactions de quelques citoyens. Vox pop.

Togra Ngarmongta, diplômé sans emploi

« D’après moi, le gouvernement a compris qu’il faut accepter le parti Les Transformateurs comme tout autre parti politique. La décision qui a été prise par l’Etat est un réajustement pour nous la population. Je suis très content du fait que Les Transformateurs soit officiellement reconnu. C’est une occasion pour le peuple tchadien de voir ce que le président du parti Les Transformateurs peut faire pour le pays. C’est aussi une opportunité pour la jeunesse tchadienne de se réveiller, de prendre conscience et d’adhérer à ce parti pour qu’il puisse progresser sur l’ensemble du territoire national ».

Djakanbaye Naingar, clandoman  

« Le parti Les Transformateurs est reconnu, c’est une bonne chose. L’acte posé par les autorités est salutaire, nous ne pouvons tarder de le soutenir en cas de campagne pour les élections à venir. Nous serons toujours à côté de ce jeune parti dans sa vision de transformation du Tchad. Donc, bon vent au parti et à son président Dr Masra Succès ».

Nadjilem Stéphane, électromécanicien

« C’est comme si les plus hautes autorités du pays sont en train de prendre conscience. Le Tchad est un pays démocratique et tout tchadien a le droit et la liberté d’expression, d’opinion, de créer son parti, d’adhérer à un parti politique de son choix. Les plus hautes autorités doivent revoir la constitution afin de permettre aux uns et autres de s’impliquer dans la chose publique. Je demande au président du Conseil militaire de transition (CMT) de venir en aide à la population et à la jeunesse tchadienne qui broie du noir depuis 30 ans ».

Nékia Rimbarné

« C’est une bonne nouvelle. Le feu Maréchal Idriss Deby Itno n’a jamais voulu l’accepter comme parti politique de l’opposition. Aujourd’hui, c’est une grande joie de voir le parti les Transformateurs légalement reconnu. Il ne reste qu’à faire amplifier ses démarches pour les élections présidentielles et législatives à venir ».

Propos recueillis par Allarassem Djimrangar

Prévu pour le 12 et 13 juin, le 10e congrès du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), s’annonce sous haute tension. Ialtchad Presse est allé rencontrer dans leur bureau de soutien de ceux qui se réclament « baministes » originel, c’est-à-dire ceux qui sont les membres fondateurs pour recueillir leurs réactions sur les tensions que vit le parti moins de 2 mois après le décès du président Deby Itno. Reportage

« Le congrès doit se tenir comme prévu », avait déclaré le Président du comité d’organisation Me Jean-Bernard Padaré. « Je suis le Secrétaire Générale du MPS, je suis le premier responsable du parti. Je prends acte d’abroger tout projet du congrès » avait affirmé Mahamat Zene Bada le Secrétaire Général (SG) du MPS.

12h. Quartier général (QG) de Bamina Assass au quartier Klémat. À l’entré, ils sont au moins 60 membres réunis dans leur QG. Ordre du jour : comment faire pour réussir ce premier congrès après la mort du président fondateur du MPS le Maréchal président Idriss Deby Itno. « C’est de notre responsabilité, nous qui sommes encore vivants de porter cette formation politique » mentionne le Coordonnateur Général du bureau de soutien « Bamina Assass » Brahim Khalifa. « Le MPS était à ses débuts un petit mouvement. Nous les « Baministes » lavons fait grandir. Et en sont les pères fondateurs », précise-t-il.

Selon le Coordonnateur, ils ne sont pas les militants ordinaires, mais les racines du MPS. Pour lui, toutes décisions qui vont dans le sens de la survie du MPS, Bamina assass est d’accord. À l’entendre, les polémiques, entre le SG du MPS et le Président du comité d’organisation sont dans les normes de la vie d’un parti, mais il faut qu’ils sachent que le moment n’est pas opportun pour se livrer à pareilles querelles.

« J’ai été choqué au début parce qu’on ne nous a pas demandé  conseil avant d’arrêter la date du congrès, » s’indigne Brahim Kalifa. Il estime normale la réaction de leur frère d’arme le Général Moussa Haroun Tirgo. Pour lui, 30 ans et les sacrifices consentis ne sont pas une mince à faire. Dans une vidéo postée, sur sa page, Moussa Haroun Tirgo a rappelé à l’ordre les organisateurs du congrès. Il exige une concertation avec les baministes avant toute décision au sujet du MPS. Le coordonnateur général du Bureau Bamina assass appuie à 100% la sortie du Général Turbo.  Pour  Brahim Kalifa,  ils ont porté le MPS de 1990 à nos jours dans l’union, ce n’est pas après la mort du Maréchal qu’ils vont se diviser. « C’est le moment de monter que le MPS, est un parti soudé et qui ne veut que la paix au Tchad », affirme M. Brahim.

« Les Baministes vont participer au congrès », dit le coordonnateur. Il appelle les Tchadiens à l’unité pour bâtir le pays. 

Djilel-tong Djimrangué   

Le bureau exécutif du MPS, ex parti au pouvoir, s’embrouille autour du congrès extraordinaire convoqué par la secrétaire générale 1re adjointe, Madjidian Padja Ruth. Dès lors, la confusion s’installe. Reportage.

Aura-t-il lieu ou pas ? La question est sur toutes les lèvres. Mais personne ne veut se prononcer. Même au sein du parti. « C’est un sujet sensible. Je ne veux pas être considéré comme un ennemi par tel ou tel camp » ont gentiment refusé plusieurs caciques du parti de répondre à notre micro. En tout cas, nous disent certains, tout est flou concernant la tenue ou non de ce congrès extraordinaire. Alors que d’autres affirment encore sous le sceau de l’anonymat qu’il aura bel et bien lieu.

Ce 10e congrès extraordinaire du Mouvement patriotique du Salut (MPS), convoqué par la secrétaire générale adjointe, Madjidian Padja Ruth, fait donc polémique. Le Bureau Exécutif (BE) dudit parti s’enflamme à propos. Le camp du secrétaire général titulaire, Mahamat Zen Bada boude la tenue de ces assises. Lui, qui se trouve actuellement en France, conteste la qualité de son adjointe à convoquer une telle session. Évoquant la violation des textes du parti, le SG a, dans une décision prise le 7 juin, annulé dans toutes ses dispositions la décision de son adjointe. Donc pas de congrès. Le camp de Madjidian Padja Ruth soutenu par Me Jean-Bernard Padaré, argue qu’aucune violation des textes du parti n’est constatée. Donc le congrès est maintenu. « Le 10e congrès extraordinaire du MPS aura bel et bien lieu comme prévu dans la décision 16 du 4 juin à N’Djamena », a assuré le président du comité d’organisation Me Jean-Bernard Padaré lors d’une communication faite ce mardi 8 juin.

Que disent les textes ?

D’après l’article 33 du statut du parti, le congrès est l’instance suprême du parti. Il se réunit en session ordinaire tous les trois ans sur convocation du secrétaire général. Cependant, l’exception est faite à l’alinéa 1er de ce même article : « il peut se réunir en session extraordinaire à l’initiative du secrétaire général du MPS ou à la majorité des deux tiers des membres du Conseil national du salut sur un ordre du jour bien précis. »

D’après Me Jean-Bernard Padaré, juste après les obsèques du président fondateur du MPS, Idriss Deby Itno, le bureau politique national s’est réuni pour mettre en place des comités de réflexion pour le bon fonctionnement du parti pendant et après la transition. « C’est sur la base d’un point phare du comité de réflexion que ce congrès a été convoqué par la secrétaire générale adjointe », fait savoir le porte-parole du parti, par ailleurs président d’organisation dudit congrès. Mais pour Mahamat Zen Bada, cette rencontre a des agendas cachés. Me Jean-Bernard Padaré réfute en bloc : « je peux vous rassurer que tout ce qui est fait est dans la totale transparence et la légalité ».

La pomme de discorde ?

Le 10e congrès extraordinaire du MPS est-il la pomme de discorde ? Non, répond Me Jean-Bernard Padaré, secrétaire général, chargé de la communication du MPS. D’après lui, le MPS est un parti de masse. « Donc c’est normal qu’il y ait des débats, où les tons peuvent parfois monter ». Même si des langues prédisent que le MPS est déjà engagé sur la voie de la dislocation, Me Jean-Bernard Padaré rassure « qu’il n’y aura aucune crise au sein de leur parti ».

Toutes les attentions sont orientées vers le 12 et le 13, dates du déroulement de ce congrès extraordinaire. Aurait-il lieu ? Oui ou non ? C’est une question à plusieurs réponses. Chaque militant coche la réponse qui arrange son camp. Tout porte à croire qu’il aura lieu mais en tordant des bras et dans une tension à fleur de peau.

Christian Allahadjim

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