Le président de l’Assemblée Nationale (PAN), Dr Haroun Kabadi Jacques, a officiellement clôturé ce 30 juin, au palais de la démocratie sis à Gassi, dans le 7e arrondissement, la première session ordinaire 2021 de l’Assemblée nationale (AN). Retour sur cette cérémonie de clôture avec Ialtchad Presse.
Selon le PAN, Dr Haroun Kabadi Jacques, la clôture de cette session ordinaire 2021 revêt un caractère spécial à cause des profonds bouleversements intervenus au Tchad. Pour lui, au moment où les Tchadiens, épris de paix et de démocratie exprimaient leur devoir civique le 11 avril passé, jour de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle, un groupe de mercenaires terroristes attaquait le pays à partir du septentrion libyen. « Pendant que les tchadiens suivaient avec un immense espoir la proclamation des résultats provisoires du 1er tour de l’élection présidentielle par la CENI ayant plébiscité le candidat du consensus, le Maréchal Idriss Deby Itno, qui était en première ligne pour stopper l’avancée de ces mercenaires fut blessé et a donné son dernier souffle de retour à N’Djamena », dit-il. D’après lui, la clôture de cette 1re session ordinaire intervient également au moment où l’AN a déjà anticipé la mise en place prochaine du Conseil National de Transition (CNT), ce nouvel organe législatif. « Un comité chargé de l’élaboration du rapport bilan de la troisième législature a été créé. Ce comité, dont les travaux sont très avancés, centralisera tous les rapports bilans des différents organes et services de l’Assemblée nationale et déposera le projet de rapport au bureau pour adoption, afin de passer le relais au CNT, lorsqu’il sera installé », dit Haroun Kabadi.
Le PAN toujours lui affirme qu’au cours de cette 1re session ordinaire 2021 qui s’achève, la scène politique a été dominée par la campagne présidentielle, et le travail législatif n’a pas été très dense. « L’AN a délibéré et adopté 3 projets de loi portant respectivement, ratification de l’ordonnance instituant un médiateur de la République, modification de certaines dispositions du code électoral et création d’un pool judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme et des infractions connexes », indique-t-il.
Il ajoute que l’Assemblée nationale a également adopté 2 projets de résolutions. La première porte sur la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. La seconde fixe les modalités de présentation du programme politique du gouvernement.
À l’international, l’AN a pris part à la 12e assemblée des présidents des assemblées et de sections de l’assemblée parlementaire de la francophonie (APF) qui s’est tenue à Kigali au Rwanda et à la 4e session de la 5e législature du parlement panafricain à Midrand en Afrique du Sud.
À propos de la sécurité, l’AN condamne avec fermeté l’ignoble assassinat injustifiable du procureur de la République près du tribunal de première instance d’Oum-Hadjer dans l’exercice de ses fonctions.
Au plan diplomatique, l’AN apprécie les décisions sages et constructives de l’Union africaine, de la CEEAC, de l’OIF, des Nations unies et de tous nos partenaires bilatéraux et multilatéraux qui ont accepté d’accompagner la transition en cours au Tchad, et exprime à l’ensemble de ces organisations et partenaires la profonde reconnaissance du peuple tchadien.
L’AN relève que l’économie tchadienne a été fortement affectée et impactée depuis 18 mois par la pandémie du Covid-19 qui s’est installée dans les différentes villes et campagnes, réduisant ainsi de façon drastique les capacités d’intervention du gouvernement.
Sur le plan sanitaire, l’AN félicite le gouvernement d’avoir accéléré le processus d’introduction du vaccin contre la Covid-19 au Tchad et lancé la campagne de vaccination contre cette redoutable maladie.
Au plan agricole, l’AN constate avec préoccupation le retard de la pluviométrie variable d’une zone à une autre. Ce retard risque d’être préjudiciable à certaines cultures.
Au plan social, l’AN félicite le gouvernement de transition pour sa maîtrise de la crise sociale à travers la promotion d’un dialogue constructif avec les acteurs sociaux et l’encourage à trouver des solutions durables aux litiges en cours avec les employés de la Coton Tchad SN, et ceux de la compagnie pétrolière Esso.
Christian Allahadjim
Allarassem Djimrangar
Les lauréats des écoles professionnelles de l’État entament une grève de faim de trois jours ce mercredi 30 juin. Ils revendiquent leur intégration à la Fonction publique.
Réunis pour évaluer les pourparlers avec les autorités, les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration à la Fonction publique ont unanimement décidé d’observer une grève de faim de trois jours.
« En avant, en avant pour l’exil », c’est avec ce refrain de la chanson de « souffrance » que ces lauréats se sont réunis autour du porte-parole de leur collectif, Neuzilka Emmanuel. Pour la énième fois, ils évaluent l’évolution des pourparlers engagés avec les autorités.
« Les négociations n’ont abouti à rien », annonce Neuzilka Emmanuel à ses camarades qui, déjà, ont le visage triste. « Ils vont de promesse en promesse. Et là franchement on est fatigués. On est devenus allergique au mot « patientez », fait-il savoir. Car, d’après lui, cela fait une dizaine d’années que les lauréats des écoles professionnelles attendent d’être intégrés. « On a tout vu, tout écouté, sauf l’arrêté d’intégration », déclare-t-il.
La décision, observer une grève de faim de trois jours. « Nous allons nous primer de manger. Nous sommes déjà des mourants. Donc nous allons mourir collectivement ici », harangue-t-il ses camarades de lutte.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les grévistes, venus avec des couchages, se sont installés dans la cour de la Bourse de travail. Certains sont allongés, d’autres jouent à des jeux de distraction, d’autres encore animent de petits débats. La grève de faim est lancée.
D’après le porte-parole du collectif, la grève est aussi une forme de lutte. Même si la grève de faim est assez osée, Neuzilka Emmanuel trouve que ça résume leur souffrance. « Grève de faim, si c’est fort ce n’est pas plus fort que ce que nous vivons. Nous souffrons énormément. Nous n’avons plus besoin d’égrainer ici nos situations. Cette foule que vous voyez, elle est dépourvue, sans moyen de subsistance », tempête-t-il. Toujours d’après lui, c’est aussi un moyen de faire pression sur le gouvernement afin de statuer promptement sur leurs cas. « Nous n’avons pas encore baissé les bras. Nous étudions d’autres stratégies. Et l’option de quitter le pays n’est pas non plus écartée », rappelle-t-il.
Dans l’après-midi, les grévistes ont reçu la visite de Yaya Dillo Djerou, président d’honneur de la plateforme politique dénommée Front national pour le Changement (FNC). Celui-ci est venu leur apporter son soutien dans cette lutte. D’après lui, cette situation que vivent ces lauréats est la résultante de la mauvaise gouvernance entretenue depuis des décennies. « Sinon comment comprendre qu’un Etat normal mette en place des écoles professionnelles et ne trouve pas des points de chute aux personnes formées », s’interroge-t-il.
En réalité, dit-il, lorsque l’Etat créé une école professionnelle c’est pour répondre à un besoin particulier. « Créer des écoles professionnelles, former des jeunes et les laisser à la merci de la nature, je crois que cela démontre combien de fois notre gouvernement manque d’initiative et de politique efficiente pour développer le pays », juge-t-il.
Autre soutien, celui des pasteurs des églises pentecôtistes. Ces trois hommes de Dieu, suspendus par le ministère de l’Administration pour leur participation à une marche, étaient présents aux côtés des grévistes. Des prières ont été dites pour implorer la Miséricorde de Dieu. « Nous nous en remettons à Dieu », conclut Neuzilka Emmanuel.
Le 24 juin, ces diplômés en instance d’intégration ont tenté de quitter le pays. Mais ils ont été empêchés et dispersés par la Police. Les autorités ont engagé des discussions avec les leaders de ce collectif. Mais ça traine au point où cet ultime sacrifice a été décidé. Tiendront-ils ou pas pendant ces trois jours ? La suite le dira.
Christian Allahadjim
Lors d’une l’interview du président de la CMT GAL Mahamat Idriss Deby Itno, accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, beaucoup des questions ont été posées. Beaucoup des réponses ont été faites. Mais une réponse a retenu l’attention de tous. Le Président de la transition conditionne le respect du délai de transition prévue pour 18 mois par les aides financières. Réactions des certains citoyens tchadiens au micro de Ialtchad Presse.
Akalambi Sanigué Abdias, est le premier citoyen rencontré ce matin, il déclare : « Je pense que prolonger les dix-huit mois n’est pas une solution et même attendre l’aide venant de l’international ce n’est ni une solution parce que le Tchad est un pays indépendant. Le Tchad peut bien organiser une élection sans l’aide venant de l’extérieur. Le président du CMT n’a pas droit de se présenter aux élections prochaines, sa mission c’est d’assurer la transition.»
Un deuxième citoyen Allaramadji Basile affirme : « Mahamat Idriss Itno a promis de régner 18 mois non renouvelables alors il doit tenir à sa promesse. Le Tchad n’est pas la dynastie ou le pouvoir se transmet du père au fils. Le fait qu’il soit au trône n’est pas une occasion pour qu’il se présente comme candidat aux élections prochaines. Nous voulons des candidats civils et non des militaires. Ils ne connaissent pas les souffrances des citoyens. Nous attendons un changement réel dans ce pays. Conditionner le respect du délai des 18 mois de transition par l’aide financière extérieure est un argument qui ne tient pas la route. C’est trop tôt de remettre en cause ce qui est à venir à moins que ce soit intentionnel. »
Allarangar Françis, lui soutient que « la transition est de 18 mois, il reste 16 mois. L’Union Africaine a accepté le principe. Mahamat Idriss Deby doit tenir à sa parole, celle promise au peuple tchadien de ne pas se présenter aux élections à venir. S’il aime réellement ce pays, il doit être sincère. Cela ne vaut pas la peine de penser à une éventuelle prolongation de la transition. Ça va susciter encore des mécontentements. Il faut revoir la charte de transition. »
Un quatrième et dernier citoyen, Ousmane Ahmat , « l’élection présidentielle est un droit et un devoir civique. Les citoyens ont le droit de choisir en toute conscience leur futur président. Si les 18 mois accordés au Président du CMT prennent fin, il doit se reposer pour qu’une autre personne prenne le pouvoir et nous voulons un civil. Un autre président qui sera élu par les Tchadiens. On souhaite que l’élection soit libre et transparente. Un président qui va nous conduire vers l’émergence. Pour sa candidature, on dit Non et c’est impossible. Normalement il devrait même ne pas assurer la transition, mais après le refus du président de l’assemblée, le CMT s’est autoproclamé. »
Réalisation Orthom L’or
Depuis l’annonce de la vente des actifs de la société pétrolière Exxon Mobil à une jeune société britannique dénommée Savannah Energy, le torchon brûle entre cette société et ses employés. D’un côté, les employés revendiquent leurs droits. L’autre camp dit que ces revendications sont illégitimes. Ialtchad presse s’est rapproché du secrétaire général du Syndicat national du secteur pétrolier du Tchad, (PETROSYNAT). Reportage.
Restitution intégrale du plan épargne retraite, prime de séparation, régulation des droits sociaux, plan médical, remboursement des soldes de crédits des employés, convention sanitaire pour les retraites, constituent les nerfs de guerre entre employés et employeur de la société pétrolière Exxon Mobil.
Selon le secrétaire général du Syndicat national du secteur pétrolier du Tchad, (PETROSYNAT), Noubaïssem Christian, le conflit entre Exxon Mobil et ses employés est né suite à la déclaration de la présidente directrice générale d’Exxon Mobil. Elle voulait vendre les actifs de l’entreprise à une autre société pétrolière britannique Savannah Energy. Pour lui, les délégués du personnel d’Esso Tchad pendant la négociation en janvier et mars dernier ont évoqué ce problème de vente des actifs d’Exxon Mobil, mais la présidente directrice générale d’Esso a opposé un refus catégorique. Elle argumente que cette rumeur du rachat des actifs d’Exxon Mobil n’est pas du tout vrai et que la société pétrolière Exxon Mobil va rester au Tchad jusqu’en 2050. « Subitement, en mars dernier, ils ont signé la convention ce juin. Elle a annoncé que l’entreprise Esso Tchad allait vendre ses actifs. Donc, pour le personnel, cela veut dire qu’il y a du flou. Cette situation a créé une psychose, une opacité sur cette vente. C’est ce qui a mécontenté les employés d’Exxon Mobil à revendiquer leurs droits avant que cette entreprise ne soit rachetée », relate-t-il. D’après le SG du PETROSYNAT, les délégués ont dans un premier temps, rapporté au PETROSYNAT que c’est une information qui a été donnée par la présidente directrice générale d’Esso Tchad. Ils ont écrit dit-il, pour demander une rencontre avec la direction générale de la société pétrolière Exxon Mobil. « C’est ce qui a été fait. Ils ont eu des rencontres successives avec l’administration et c’est au cours de ces rencontres qu’ils ont eu à poser leurs revendications entre autres le paiement de leur épargne de retraite, le plan de retraite, le plan médical, etc. », explique Noubaïssem Christian. Le secrétaire général du PETROSYNAT rajoute que la présidente directrice générale Exxon Mobil de son côté, a refusé ces revendications en jugeant qu’elle qualifie d’illégitimes. Après le refus délibéré de la présidente directrice générale, les délégués ont saisi le ministre du Pétrole et celui de fonction publique par une correspondance, a-t-il informé. « Ils ont été reçus, mais rien de clair n’est sorti de ces rencontres. Les ministres leur ont rassuré que le gouvernement va suivre les négociations et jusqu’à présent, la direction d’Exxon Mobil est restée sur sa décision. C’est pourquoi les employés sont obligés d’entrer en grève. Même pas plus tard qu’hier, le Premier ministre de la Transition, Pahimi Padacké Albert leur a reçu, on attend les propositions ainsi le résultat », dit-il.
Exxon Mobil doit clarifier la situation des employés avant un éventuel départ…
Noubaïssem Christian souligne que la présidente directrice générale d’Exxon Mobil avait écrit au ministre de la Fonction publique pour demander son avis à une réquisition. La note de réquisition de la présidente directrice générale évoquant que le secteur pétrolier est très sensible, mais c’est d’abord le droit des travailleurs d’aller en grève, précise-t-il.
Pour lui, cette décision inopportune est une entorse aux textes de la République. Jusqu’à ce jour, les travailleurs sont restés dans leur position. Personne n’a repris le travail. « Je ne sais pas quel est le contrat qui lie Exxon Mobil à l’État et aux autres consortiums d’exploitation. En principe lorsqu’une entreprise vend ses actions à une autre, le code de travail exige qu’elle puisse transférer ses employés à la nouvelle entreprise qui prend les rênes de l’exercice », note-t-il. Cependant, déclare-t-il, le cas d’Exxon Mobil, « nous inquiète parce que c’est Esso qui avait signé avec ses employés. »
Il indique que le PETROSYNAT craint que cette convention ne sera pas être respectée par la nouvelle entreprise puisque ce n’est pas elle qui l’a signée. « Nous voulons que la situation soit clarifiée avant que la société pétrolière Exxon Mobil ne quitte le pays », conclut-il.
Il faut noter que les employés de la société pétrolière Exxon Mobil sont entrés en grève le vendredi 25 juin 2021.
Allarassem Djimrangar
Les magistrats ont plus de trois heures discuté hier lundi, 28 juin sur des questions d’insécurité en milieux judiciaire, de confiscation de procédure et d’outrage aux magistrats. C’était dans une grande salle d’audience du palais de justice de N’Djamena pleine comme un œuf. Reportage.
Les justiciables peuvent attendre, il n’y a ni de procès ni d’auditions. Les portes de la justice tchadiennes étaient fermées. Les magistrats sont en grève illimitée. La décision est prise à l’issue d’une Assemblée générale qu’ils ont organisé ce 28 juin. Ils étaient très nombreux à répondre à cette rencontre décisive. Au-delà du choc ressenti suite à l’assassinat d’un de leurs collègues, il y a cinq jours à Oum-Hadjar, c’est aussi un temps des retrouvailles entre les hommes de robe noire.
Pour Moussa Wadé Djibrine, président du Syndicat des Magistrats du Tchad, cette assemblée générale a été organisée par deux syndicats des magistrats. Notamment le syndicat des magistrats du Tchad (SMT) et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SAMT). Selon lui, les magistrats ont discuté sur plusieurs points : l’insécurité qui règne en milieu judiciaire, la confiscation de procédure et l’outrage aux magistrats. « Vous savez, il y a quelques jours notre collègue, le procureur de la République près le Tribunal de grande instance d’Oum-Hadjar a été froidement assassiné. Suite à cet acte odieux, nous avons décidé d’abord un arrêt de travail de trois jours pour observer le deuil et dans le même communiqué, on avait prévu une AG », rappelle-t-il. D’après lui, les magistrats sont exposés à tous les dangers puisque les tribunaux ne sont pas sécurisés. Il rajoute que, les magistrats ont toujours dénoncé le fait de travailler dans l’insécurité. « Il faut que l’État intervienne et plus particulièrement le Président du CMT en sa qualité de président de conseil supérieur de la magistrature, intervienne personnellement pour régler ce problème du milieu judiciaire », renchérit-il. L’AG a décidé d’une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire à compter d’aujourd’hui, et ce, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.
Quant à Taoka Bruno, président du Syndicat autonome des Magistrats du Tchad(SAMT), l’insécurité frappe tous les magistrats. « Les deux syndicats doivent conjuguer leurs efforts. C’est le résultat de nos frustrations endurées pendant longtemps. Nous avons toujours dénoncé ça et cette fois, c’est exagérer et nous disons non pour qu’on soit entendu pour une fois pour toute», soutient-il.
« Confiscation de procédure judiciaire…, outrage aux magistrats… »
Sur le second point de l’ordre du jour, la confiscation de procédure judiciaire, Moussa Wadé Djibrine du SMT l’AG note l’examen de la question de la ministre de l’Urbanisme qui a confisqué une procédure au sein du service cadastral. « Le tribunal sur la base d’une décision a effectué une descente et la ministre est intervenue et elle a arraché le dossier de la procédure entre les mains du tribunal. Pour ce comportement, l’AG a demandé que la ministre soit poursuivie », dit-il. A ce sujet son collègue du SAMT Taoka Bruno, déclare, « c’est une résistance à la décision de la justice en obstruant qu’une procédure judiciaire soit suivie dans son département. Et nous avons estimé qu’à ce niveau, elle doit être poursuivie pour ce genre d’infractions. La ministre n’est pas au-dessus de la loi, il s’agit de l’exécution de la loi pénale. »
Le dernier point abordé concerne l’outrage d’un magistrat par les éléments de la police, souligne le président du SMT. « Un de nos collègues a été outragé par les éléments de la police et l’AG a décidé qu’ils soient arrêtés et poursuivis conformément à la loi », précise-t-il. Pour rendre justice, il faut avoir une tranquillité d’esprit, confie-t-il. D’après lui, Tant que le juge n’est pas sécurisé, il ne pourra pas rendre une décision. « Il faut sécuriser les tribunaux, les procureurs de la République, les présidents des Tribunaux, les juges de paix, bref tous le corps judiciaire, comme on le fait pour les autres hautes autorités », dit-il.
Moyalbaye Nadjasna
Les Tchadiens s’adonnent de plus en plus aux cultures maraîchères. Pour preuve, les légumes et oléagineux pullulent sur les différents marchés de N’Djamena, la capitale. Dans un souci de rendement et du meilleur traitement des plants, les jardiniers utilisent divers pesticides pour s’attaquer aux insectes nuisibles à leurs plants. Ont-ils une maîtrise de ces produits chimiques ? Ialtchad Presse est allé à la rencontre de quelques maraîchers. C’est le premier article d’une série de trois reportages sur les pesticides et leurs conséquences.
Moursal, carrée 21 après le rond-point centenaire direction la rue Corniche de Sabangali. Dans un immense site clôturé, de jeunes hommes jardinent. Nous rencontrons un premier jardinier. Il s’appelle Dieudonné Samba, connu sous le nom du Gouverneur. Samba est depuis deux décennies dans la production maraîchère. Jovial, il accepte sans rechigner de parler de son métier. Première question : quels sont les produits chimiques utilisez-vous pour traiter vos plants ? Réponse du gouverneur, « on produit à base d’un fumier et après tout cela. Il y a des légumes qu’on récolte une fois et on brûle les tiges pour reprendre à zéro. D’autres comme les céleris on les cueille chaque dix jours. Oui tout produit maraîcher doit être traité. Nous utilisons des insecticides pour traiter nos plants et les préserver en cas d’attaque des insectes », dit-il. Selon lui, s’il n’y a pas d’insectes, il n’utilise non plus les pesticides. Généralement au mois de février avec la brume, explique-t-il, beaucoup d’insectes s’attaquent aux plants et seuls moyens de protection, c’est de les pulvériser d’insecticides. « Nous utilisons les insecticides dont font usage les cotonculteurs appelées communément « landrine ». Malgré cela, certains insectes résistent. En fait, ce sont des produits chimiques, mais tout produit chimique se révèle nocif a la santé, mais, je crois, il suffit de bien laver ces légumes avant de les consommer », dit-il. Dieudonné Samba affirme que pour avoir un bon rendement des produits maraîchers, c’est une question de savoir-faire. Il reconnaît que certains jardiniers font usage d’engrais chimique. Mais, dit-il, lui se sert depuis toujours des déchets des chèvres comme composts ou fumier. « Cela fait bien pousser mes plants. Je crois que c’est naturel et le meilleur ».
Kolwang Waré est aussi dans la maraîchère depuis 2012. Il est aussi étudiant. « Je paie mes frais académiques avec le revenu de cette activité. Je suis tranquille, la terre est toujours nourricière et le pauvre y trouve son compte », confie-t-il. D’après lui, le traitement des salades recommande absolument l’utilisation de pesticide. « Ceux qui disposent des pompes les utilisent, mais d’autres mélangent l’insecticide a l’eau pour arroser leurs salades afin de les mettre hors de nuisances des insectes ».
« Peut-être nous utilisons à tort ou à raison les pesticides… »
De l’autre côté du bitume se trouve un champ de salades. Les planchers s’étalent à perte de vue. Selon Mahamat Ahmat, ce dernier temps les insectes sont nombreux et très résistants aux produits chimiques. « Nous utilisons différentes qualités d’insecticides. Je ne maîtrise pas bien les noms pour protéger nos salades. Mais pour que les salades se développent bien, nous utilisons des engrais chimiques, mais aussi un peu du fumier. Les salades bien traitées, on peut les consommer après 40 à 45 jours », indique le maraîcher. Pour l’horticulteur, c’est un travail qui nécessite plus de vigilance à l’égard des insectes. « Nous contribuons à l’alimentation des N’Djamenois. Nous demandons aux techniciens d’agriculture de nous accompagner dans ce travail. Peut-être nous utilisons à tort les pesticides pour traiter nos plants. Leurs appuis en formation ou encadrement nous aideraient », rajoute-t-il. Le maraîcher mentionne qu’ils ne sont pas organisés, mais ils demandent aux organismes de la place de les accompagner pour le bien-être de la population. D’après lui, les légumes jouent un rôle très indispensable dans l’équilibre de l’être humain.
Moyalbaye Nadjasna
Acheik Ibni Oumar, Ministre d’État chargé de la Réconciliation nationale et Dialogue a rencontré les dirigeants des médias publics et privés le 26 juin à ce qui semble devenir son QG, l’hôtel Radisson Blu. Un contact au cours duquel, le ministre dit prendre contact et recueillir de suggestions et des propositions des médias relatives au Dialogue national inclusif à venir. Reportage.
La rencontre a démarré avec un petit retard. Le ministre d’État chargé de la Réconciliation nationale et du Dialogue Acheik Ibni-Oumar et son staff, ont trouvé devant eux des responsables des médias prêts à engager un débat de fonds en prélude au forum du Dialogue inclusif. Le ton est grave lors que le modérateur relève qu’il ne faudrait pas aborder le fond du sujet. Aussitôt la parole remise au ministre d’État Acheik Ibni-Oumar. Il explique sa mission. Selon lui, son portefeuille consiste à aller à la base pour faire remonter au sommet et aller aussi dans les provinces pour tout remonter à la capitale. « Le dialogue doit circuler verticalement de la base au sommet. Mais aussi horizontalement », dit-il. D’après lui, le dialogue inclusif et les élections transparentes que les Tchadiens appellent de leurs vœux ne doivent pas être comme dans le passé assimilé juste aux grands évènements, ponctuels et hautement médiatisés. « Pour redynamiser la marche historique de notre peuple vers le dialogue national et la consolidation du fondement de la démocratie dans cette phase exceptionnelle, il nous faut une approche aussi exceptionnelle. Cela nécessite une sensibilisation et une mobilisation de tous », affirme-t-il.
Pour le ministre, notre pays connaît déjà une situation très difficile sur tous les plans notamment, le terrorisme en interne et en externe, les difficultés de la jeunesse face aux perspectives d’épanouissement personnel et professionnel, la dégradation de la situation économique et financière, les conflits intercommunautaires, les boycotts des élections présidentielles, entre autres. « Nous nous sommes trouvés dans une crise dans la crise. Ce qui explique les imperfections, les défaillances et la lourdeur dans la mise en œuvre des programmes de l’exécutif. C’est ce qui cause l’impatience et irritation au sein de la population qui sont tout à fait compréhensible et légitime ». Il rajoute qu’une réflexion est en cours pour la mise en place d’un comité d’organisation du Dialogue inclusif. « Mais d’ores et déjà, nous avons enregistré des contributions individuelles ou organisées directement appréciables ou indirectement sur les différents médias », indique-t-il.
Les interventions musclées des responsables des médias
En résumé, les médias demandent d’un côté que les plus hautes autorités s’assument afin de mettre les choses à leur place. Associer de plus près la Presse dans le dialogue et ne pas la confiner à un simple rôle de couverture de l’évènement. Ils insistent en outre, sur la souveraineté et la nature inclusive du dialogue. Les questions de la protection et la sécurité des journalistes de l’accès aux sources d’informations sont relevées par la plupart de ceux qui ont pris la parole. D’autres estiment que le fait d’empêcher de toucher au fond du sujet préfigure de la nature du dialogue à venir. D’autres encore ont relevé la non-représentativité du Conseil national de transition (CNT) que les autorités de la transition entendent mettre en place. Pour certains responsables des médias, la Haute Autorité des médias audiovisuels (HAMA) est une institution qui a fait reculer la liberté de la presse. Elle est liberticide et supplée par moment à la justice. Ils notent aussi l’incohérence des actions du gouvernement de transition et se demandent si la transition de 18 mois a commencé ou pas. L’aide à la presse, la viabilité économique des médias ne sont pas perdues de vue dans les interventions. Les médias exigent qu’on définisse clairement le rôle et la place des médias dans le dialogue national inclusif à venir.
Selon M. Acheik Ibni-Oumar, certaines interventions sont de type syndical et relèvent des difficultés de la profession, d’autres concernent la gouvernance de l’État en général, les processus de la transition tels qu’il sont engagés (le pour et le contre) et les modalités appropriées pour engager le dialogue dans de bonnes conditions. D’après lui, un traitement différencié des suggestions sera fait. Des fiches seront aussi transmises aux autorités concernées dit-il. « Nous ne sommes pas un ministère de gestion. Nous sommes plutôt un ministère de mission. Donc nous n’avons pas la possibilité, la légitimité, ni les moyens pour répondre à toutes ces préoccupations. Certaines suggestions seront intégrées dans nos synthèses », précise le ministre. Pour le fond du sujet qui mécontente certains responsables des médias, Acheik Ibni-Oumar, justifie qu’ils ne l’ont pas voulu parce que le moment viendra pour en parler. Par exemple, on ne peut pas épuiser un échange sur le conflit intercommunautaire ou l’opposition armée en un petit temps, explique-t-il. « Notre objectif c’est de vous écouter. Nous sommes tous des citoyens et nous avons un cœur qui bat comme tout le monde. Chacun de nous a une sensibilité par rapport à tout ce qui se passe et brûle d’impatience de l’exprimer. Nous allons en faire meilleur usage de vos suggestions. Bientôt, nous mettrons en place des canaux d’échange à savoir, le site Internet, la page Facebook, les Emails », dit-il.
Moyalbaye Nadjasna
Les biens et personnes circulent depuis quelques jours librement entre Kousserie (Cameroun) et N’Djamena (Tchad). Pour constater la reprise du commerce et sa cadence, Ialtchad Presse est allé sur place. Reportage.
N’guéli à la frontière Tchad-Cameroun. Sous un soleil caniculaire, il était 12h. C’est l’un des quartiers du 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, reliant, Kousserie ville camerounaise à N’Djamena, capitale tchadienne, par deux ponts d’environ 500 km. A l’entrée du pont, quelques unités de contrôle, entre autres: la police, la douane, la police municipale montent la garde. Sous les ponts, les enfants barbotent dans l’eau. Les mouvements des personnes sur le pont prouvent que les affaires ont repris. Sur le nouveau pont, seuls les véhicules sont autorisés à passer. Les piétons se contentent de marcher sur l’ancien pont. Juste à son entrée, on peut apercevoir des agents de la Croix-Rouge avec leurs thermo flash. Ils vérifient les températures des corps des usagers. Un peu à l’intérieur, la police contrôlent les pièces d’identité. Plus loin, les douaniers fouillent systématiquement tout bagage en provenance de Kousserie. L’ambiance révèle bien que les affaires ont repris comme par le passé.
Alladjaba Tchitcha, est un citoyen tchadien habitant Kousserie. Il est en route vers N’Djamena. Il était présent à l’ouverture du pont du côté du Cameroun. C’était une grande fête, dit-il. « D’abord, je remercie les hautes autorités du Tchad d’avoir ouvert la frontière et ensuite à celles du Cameroun qui emboîtent le pas. Le plus important à mon avis, c’est le brassage entre les deux pays. Semble-t-il que les Camerounais ont mal accepté l’initiative prise par le Tchad d’ouvrir ses frontières », dit-il. Il rajoute que côté camerounais, les autorités n’ont pas apprécié. Deux jours plus tard, elles ont aussi décidé de faire la même chose. C’est qui est une bonne chose, affirme-t-il. « Je suis très content, j’étais le premier à traverser après les autorités tchadiennes. Du côté camerounais au lendemain, il a fallu un peu de dispute, mais on s’est accordé finalement j’ai pu traverser. C’est génial en tout cas on n’a pas de problème entre nous, pourquoi fermer alors nos frontières », conclut Alladjaba Tchitcha.
Plus loin, nous rencontrons M. Gambo Ladan, clandoman. Il se plaint du fait que les motocyclettes ne sont toujours pas autorisées à traverser le pont. « Avant toute chose, il faut remercier le Bon Dieu pour sa grâce dans la vie des deux peuples frères, tchadiens et camerounais. Que nos autorités de deux côtés reçoivent nos remerciements pour leurs efforts conjugués pour la réouverture de la frontière de Kousserie-Ngueli. Je vous assure la fermeture de cette frontière a été difficile pour nous les débrouillards », dit-il. Pour l’instant, il déclare qu’il n’y a pas de problème, même avec la police, ils leur présentent seulement leurs pièces d’identité pour traverser librement. « Je demande à nos autorités de laisser les motocyclistes circuler. Je suis clandoman. Il faut qu’on pense vraiment aux clandomen tchadiens coincés », indique Gambo Ladan.
Alnodji Margueritte, est une habituée de la traversée N’guéli-Kousserie. Ce midi, elle a renoué avec ses activités. Joviale, un paquet de marchandises sur la tête, elle raconte, « je suis très contente de renouer avec mes activités. Nos autorités ont pris une très bonne décision. Elle est salutaire pour des milliers de Tchadiens qui tirent leur gain quotidien des échanges commerciaux avec Kousserie. »
Riyayo Augustin, lui, part pour Kousserie. « La frontière est ouverte c’est une bonne chose. L’ambiance d’antan reprend avec les va-et-vient. Mon souhait est la pandémie ne revienne plus et que la frontière soit ouverte pour toujours.», souhaite-t-il.
Il faut noter que le Tchad a officiellement ouvert sa frontière terrestre de N’guéli, le 17 juin 2021. Les autorités camerounaises ont décidé de la réouverture le 20 juin 2021. Rappelons que la fermeture de la frontière Tchad-Cameroun fait suite à l’avènement dû au Covid-19.
Moyalbaye Nadjasna
Allarassem Djimrangar
Le collectif des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation nationale, en instance d’intégration à la Fonction publique, a tenu une réunion ce 24 juin, à la Bourse du travail, pour donner des orientations au sujet de leur départ pour l’exil. En chemin, ils ont été dispersés par les forces de l’ordre et de sécurité à coup de grenades lacrymogènes. Reportage.
Plusieurs prenaient leur menace de quitter le Tchad comme de la plaisanterie. Mais eux sont bien déterminés à le faire. La preuve, ce jeudi 24 juin, ils sont décidés de partir en exil. C’est une première fois dans l’histoire du Tchad que des diplômés réclamant l’intégration à la Fonction publique décident de s’exiler.
Bourse du travail, dans le 3e arrondissement de N’Djamena. Il est 8 heures 30 min. Le climat est calme et l’ambiance était bon enfant. La cour est pleine à craquer. Les lauréats des écoles professionnelles de l’Éducation nationale en instance d’intégration à la Fonction publique s’activent à régler des derniers détails de leur objectif.
Sac à dos, sac à main, valise, nattes, marmites et autres ustensiles de cuisine, sont entre les objets visibles qu’ils ont apportés. On peut lire sur leur visage la joie, la motivation, la détermination. Les derniers arrivés se font enregistrer en fournissant la copie de leurs diplômes et leurs photos d’identité auprès du collectif. « C’est une fierté que le Tchad perde cette jeunesse, ces mains d’œuvres », ironise Emmanuel, un membre du collectif.
Pabamé Deuzoumbé fait partie de ces mécontents qui veulent s’exiler. Il est lauréat de l’École nationale des instituteurs-bacheliers. Diplôme en poche depuis 10 ans, il se débrouille comme contractuels dans un établissement privé. Ce qui le démotive vraiment est le traitement salarial. « J’ai une activité, mais cela ne paie pas bien. Pour le mois, tu as 40 000F. Ce revenu ne couvre pas mes charges », explique-t-il. Là où le bât blesse, est que le paiement n’est pas régulier. « À compter des mois d’avril et mai, c’est hypothétique qu’on nous paie dans ces établissements privés », fait-il savoir. Aujourd’hui, il dit être content de quitter ce pays même si le lendemain en exil est incertain. Mais il compte bien continuer à enseigner dans son pays d’accueil. « On part pour revenir et non pas pour leur laisser ce pays pour lequel on a tant souffert », dit-il.
8 heures 30 min, la cérémonie d’au revoir a commencé. L’hymne national est entonné. Après, place aux discours.
Selon le coordonnateur du collectif des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation nationale, en instance d’intégration à la Fonction publique, Nanga Thierry, l’heure n’est plus au dialogue, mais à la concrétisation. Pour lui, ils ne vont pas accepter d’être esclaves dans leur propre pays. « Nous n’accepterons pas de voir souffrir nos familles à côté parce qu’on est impuissant de les secourir », dit-il.
Nanga Thierry affirme que dans le passé nos aïeuls ont toujours vécu en harmonie et dans la concorde nationale sans distinction d’ethnie, de religion moins encore d’appartenance géographique. Aujourd’hui, le Tchad est pris en otage par un groupe d’individu sans foi ni loi, qui rende la vie difficile à leurs concitoyens et à leurs enfants, déplore-t-il. « Mon cher pays le Tchad, ces groupes d’individus nous imposent une discrimination, le népotisme, l’arbitraire et le vol au détriment de la Justice, de l’équité et du mérite. Ce mode de vie unique au monde est insupportable. Il nous astreint et nous contraint à quitter malheureusement notre cher et beau pays », dit le coordonnateur du collectif.
Nanga Thierry affirme que les hommes sont éphémères, le Tchad est éternel et la vérité et le bien sont aussi éternels. « Le moment viendra où la justice réapparaîtra au Tchad où nous essayerons ensemble autour de la table à discuter. A Dieu nos familles, à Dieu notre pays et à Dieu la jeunesse tchadienne », conclut-il.
Le porte-parole du collectif, Neuzilka Emmanuel a pour sa part indiqué qu’ils ont mené des démarches pour avoir le visa collectif, mais les autorités tchadiennes le leur ont refusé. D’après lui, leurs partenaires, notamment certaines chancelleries ont répondu favorablement. Ils sont déjà prêts à les accompagner. « Nous quittons simplement ce pays de merde vers là où les droits de l’homme sont respectés et la valeur de l’enseignant est connue. Selon leur condition de vulnérabilité de ces ambassades, elles ne peuvent pas intervenir en notre faveur du moment où nous n’avons pas obtenu le visa collectif », affirme-t-il. Selon lui, ces partenaires les attendent juste à la frontière.
Pour le coordinateur de la plateforme Wakit Tama, Me Max Loalngar, tous ces diplômés réunis dans la cour de la Bourse du travail est un symbole fort. « Le Tchad aura noté qu’en cette date du 24 juin 2021, un millier des jeunes tchadiens se sont réunis dans la cour de la Bourse du travail pour exprimer leur dégoût d’un système qui devrait mourir de sa propre mort », lâche le coordinateur de Wakit Tama. D’après lui, aller en exil, comme le collectif des lauréats le souhaite, c’est aussi une façon de lutter. Cependant, l’exil est très compliqué. « L’exil est amer et l’exil a ses réalités. Tant que vous n’avez pas encore franchi les frontières de votre pays, vous ne pouvez même pas savoir quelles sont les réalités qui sont de l’autre côté », prévient-il.
9H32mn, c’est le départ. En rang de trois rangées, les diplômés, mécontents, quittent la bourse de travail. Sur la banderole qu’ils brandissent, on peut lire : « Ce n’est pas par gaieté de cœur que nous quittons notre pays, ce sont nos autorités sans foi ni loi qui nous y contraignent » ou encore « nous ne fuyons pas notre pays, nous fuyons l’injustice, la discrimination, l’arbitraire, le népotisme… », « Adieu le Tchad, adieu nos familles, adieu la jeunesse tchadienne ». Tous joyeux, ils font chemin vers la frontière camerounaise, où leurs partenaires les attendent pour les récupérer. Mais c’était sans compter sur les autorités policières.
À peine 100m parcourus sur l’avenue Bokassa, la Police en embuscade. 9H47mn, une pluie de gaz lacrymogènes s’abat sur les mécontents en partance pour l’exil. C’était la débandade. Par les ruelles du quartier Kabalaye, les diplômés rallient à nouveau la bourse de travail. Les autorités ont contacté les leaders pour une concertation. Le Conseil national consultatif de la jeunesse est impliqué. Le collectif a accepté le dialogue. Deux des leaders partent pour négocier le sort de leurs compagnons de misère. Une consigne a été donnée , « personne ne rentre chez lui. Restez sur place. Si à l’issue de notre rencontre, il n’y a rien de promettant, nous allons partir », a déclaré Nanga Thierry, le coordonnateur du collectif. Les négociations sont en cours. Partiront ? Ne partiront pas ? Le suspense reste entier. Au moment de publier cet article, les membres du Collectifpassent la nuit à la bourse de travail. Les tractations continuent.
Christian Allahadjim
Allarassem Djimrangar
La Commune de Sarh, chef-lieu de la province du Moyen Chari, située à l’extrême sud du Tchad fait frontière à la République centrafricaine. Depuis un certain temps, cette commune éprouve d’énormes difficultés liées à son fonctionnement. Ialtchad Presse a séjourné à Sarh et s’est imprégnée de la situation de cette ville. Et vous livre une série de reportages..
La commune de Sarh compte plus de 200 000 habitants. La ville est grande, elle était en moyenne de 2000 hectares il y a quelques années, mais aujourd’hui, nous sommes à plus de 3000 hectares avec une forte densité de la population. Sarh compte en tout 29 quartiers. Elle regroupe une population cosmopolite. Au cœur de la ville, la plupart des bâtiments administratifs n’ont pas changé leur aspect colonial, pour les connaisseurs de Fort Archambault, l’ancienne appellation.
Selon le Directeur technique de la Mairie de Sarh M. Mando Gali, pour satisfaire à tous les besoins d’entretien de la ville, la mairie fait face à de nombreuses difficultés. « Vous voyez que tous nos moyens roulants et techniques sont au garage. Les tractopelles, les chargeurs, les Benz sont en pannes. Nous travaillons seulement avec 2 Benz et cela est insignifiant pour une ville d’une superficie de 3000 hectares », dit-il. Le Technicien note que la mairie loue des Benz supplémentaires dans les quartiers avec beaucoup de peine compte tenu des moyens financiers très limités. D’après lui, c’est la Compagnie sucrière du Tchad (CST) qui leur prête son chargeur chaque fois qu’ils éprouvent des besoins d’entretien de la ville. « Qui dit forte densité de population dit de tonnes de déchets ménagers. Vous constaterez qu’en ville certains dépotoirs sont pleins et les ordures débordent. Cela est dû à ces difficultés financières, mais nous ferons toujours de notre mieux. La première vague de ramassage est finie. Nous entamerons la seconde vague avec le concours de notre partenaire, la CST », affirme-t-il. Pour lui, même si c’est avec beaucoup de gymnastiques que la mairie obtient l’aide de matériels techniques de la CST pour l’assainissement de la ville, c’est pour une bonne cause. « Toutefois nous sommes reconnaissants, ils nous aident énormément », mentionne Mando Gali.
Allaramadji Touroundjita Claude, habite le quartier Blabline, « Sarh, la verte est une très belle ville. Seulement, ce dernier temps la marie semble rencontré de difficultés et gère difficilement les ordures ménagères. Au dépotoir du quartier Paris-Congo par exemple, c’est plein et ça se déverse dans la rue qui se rétrécit. Je trouve cela dangereux avec la vitesse que font les motocyclistes. Sinon la mairie fait de son mieux. »
Difficile de collecter 20 millions qui représentent la masse salariale par mois
Le Technicien de la Commune de Sarh estime que les gens les accusent de ne rien faire tout en ignorant la crise que traverse la mairie. Selon lui, les employés sont restés trois ans sans salaires. « Depuis 3 ans, nous n’avons rien reçu de l’État. On nous demande de faire de notre mieux avec les petites collectes c’est vraiment insuffisant. Au début on était à plus de 400 personnels à la commune, nous en avions diminué jusqu’à 200 voire moins. La masse salariale est de 20 millions par mois. Pour recouvrir cette somme sur le marché, c’est un problème. On tire le Diable par la queue. Sur 5 mois, on ne paye qu’une seule fois », affirme le Directeur technique de la Commune. Il demande au gouvernement de leur venir en aide tout en rappelant les promesses non tenues des hommes politiques.
Alhadji Moussa, lui, vit au quartier Baguirmi. « En toute franchise, la ville de Sarh est une très belle ville. Les autorités communales font de leur mieux même si beaucoup des efforts restent à consentir. Ils disent souvent qu’ils n’ont pas de matériels. Comment une grande commune comme celle de Sarh doit continuer a demandé de matériels d’une société pour entretenir la ville. Ce n’est pas normal à mon avis, l’État doit faire quelque chose sinon c’est incohérent », confie-t-il.
Pour Mando Gali, la Mairie dispose de 29 comités d’assainissement dans 29 quartiers que compte la ville en guise de relais. Il renchérit que, ceux-ci font le travail de ramassage des déchets ménagers de porte en porte. « Les ordures sont déposées dans des endroits bien spécifiés et nous nous assurons le transport et l’évacuation globaux. C’est ce qui se fait en ce moment », dit-il. Il poursuit en précisant qu’ils ont équipé ces comités de moyens techniques et financiers grâce aux partenaires tels que la ville de Sherborne et d’autres ONG. « Cela a marché au début, mais actuellement ça va clopin-clopant. Il y en a qui marchent d’autres sont aux arrêts. Nous sommes déjà en saison des pluies et nous sommes en train de faire de notre mieux pour évacuer le plus tôt possible certains dépotoirs remplis afin d’éviter des maladies », conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna