Il y a quelques semaines, le ministre de la Fonction publique, du Travail et du dialogue social disait que la Fonction publique est saturée. Il a profité pour appeler le patronat, c’est-à-dire au secteur privé, à recruter les diplômés sans emploi. L’un des membres fondateurs du patronat tchadien pose quelques conditions. Reportage.
M. Ali Abbas Seitchi, 60 ans est membre fondateur du patronat tchadien. Cet ancien Consul général du Tchad en Turquie fut aussi un opérateur économique tchadien rodé. 11 heures passées, il nous reçoit dans son bureau d’un air très jovial. Juste le temps de civilité, nous échangeons les propos du ministre in extenso : « la fonction publique du Tchad est saturée, le patronat doit employer les jeunes diplômés. » Selon Ali Abbas Seitchi, partout ailleurs, c’est le secteur privé qui constitue un grand pourvoyeur d’emplois. Mais si cela doit se faire, il faut incontestablement un accompagnement de l’État, dit-il. Cet accompagnement, précise-t-il, n’est pas une simple contribution monétaire ou faveur fiscale, mais dans la perspective que l’État joue son rôle régalien. « Ce rôle tient en trois dimensions fortes : il s’agit d’un rôle de régulateur, c’est-à-dire créer des conditions favorables pour les entrepreneurs légaux, les encourager et frapper ceux qui sont dans les fraudes ou contrebandes, bref ceux qui exercent dans le faux. Donc dans la régulation, l’aspect judiciaire est important pour donner des garanties à un investisseur. Il faut aussi une administration qui assure sa fonction en toute équité», souligne-t-il. Il rajoute que, le deuxième rôle que doit jouer l’État c’est le rôle d’investisseurs structurants. « Construire de grandes et bonnes routes, réaliser des ouvrages adéquats pour permettre une meilleure circulation des biens et personnes, améliorer la problématique de l’énergie, essentielle pour le fonctionnement et la création des entreprises », clarifie-t-il. L’opérateur économique note le troisième rôle qui est la facilitation. D’après lui, la facilitation (alléger la fiscalité) permet de « booster » les activités industrielles, et ceux qui sont dans l’informel vont s’inscrire rapidement dans le formel. « Dès l’instant que ces trois dimensions sont réunies, tout marchera très bien », affirme-t-il.
Pour monsieur Ali Abbas Seitchi, le constat actuel est que le secteur privé ne crée pratiquement pas d’emploi. « L’État nous appelle à employer les gens. Mais on va parler avec l’État et l’accompagner. Au niveau du patronat nous avons arrêté de jeter l’anathème sur l’Administration. Le déficit d’embauche est colossal dans le contexte actuel. La plupart des entreprises sont familiales. Elles ne créent absolument pas d’emplois. Seules les multinationales qui peut-être emploient encore assez », dit-il. Il renchérit en notant que, les entreprises formelles au Tchad malheureusement, le nombre diminue chaque année.
« Le gouvernement doit faire profil bas. La plupart des décideurs se comportent comme les administrateurs des années 60. Le monde a évolué. Ils pensent être les meilleurs et les opérateurs économiques leurs esclaves », lance-t-il. Ali Abbas Seitchi déclare qu’il n’y a pas un État fort sans un secteur privé fort. Il propose la refondation de l’État. Il estime pour sa part qu’il faut, renforcer les capacités dans les ministères prioritaires en les aidant à avoir des relations avec l’extérieur (OIT, OMS…). « Les maillons de l’Administration doivent être contrôlables. Les nominations rapides sans tenir compte de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut qui tue l’Administration publique tchadienne. Cela doit cesser. Il faut un leadership à la verticale et à l’horizontale, mais en renforçant plus l’horizontale tout en consolidant la verticale. C’est par cette façon qu’on peut construire une économie et faire de politique publique conséquente », indique-t-il.
M. Seicthi relève que, c’est le seul moyen de construire une plateforme et les choses vont se relancer d’elles-mêmes. C’est ainsi que les petites entreprises vont se créer pour résorber le problème de chômages, explique-t-il. Pour Ali Abbas Seitchi, le Tchad n’a pas d’excuses. Celle qui consiste à dire qu’on est pauvre ne tient pas. Les atouts pour créer des emplois sont là et nécessitent une réelle volonté publique. « Une jeunesse ne s’est faite jamais d’elle-même, mais elle est formée par les aînés. Le problème c’est que l’intergénérationnelle n’est pas prise en compte ».
Moyalbaye Nadjasna
Les habitants des carrés 1,2, et 3 du quartier Camp de Fil, commune du 5e arrondissement de la ville de N’Djamena n’arrivent plus à vaquer correctement à leurs occupations. Surtout la nuit, ils craignent d’être agressés par les bandits qui sèment la terreur. Ils appellent aussi les autorités compétentes à sécuriser le quartier. Reportage.
L’insécurité va grandissant dans plusieurs arrondissements de la ville de N’Djamena. Au quartier Champ de Fil, les carrés 1, 2 et 3, dans la commune du 5e arrondissement, les habitants n’en peuvent plus et appellent les autorités à sécuriser le quartier. Pour ces habitants, beaucoup sont victimes des agressions, surtout pendant la nuit à des heures tardives. Pour vaquer normalement à leurs occupations, ils souhaitent mettre en place une brigade de jeunes pour assurer leur sécurité. Ces derniers se plaignent d’une absence totale des agents de sécurité publique. Ils accusent aussi les gardes nationales et nomades du Tchad (GNNT) qui sont en faction devant le gouvernorat d’être la cause principale de l’insécurité dans leurs carrés. Le samedi 24 juillet dernier, un jeune a été agressé aux environs de 23 heures par les agents de sécurité publique en poste devant le gouvernorat. Pour Matibeye Remy, jeune d’environ 25, victime d’agression, ce sont les militaires qui sont devant le gouvernorat, qui les ont agressés. « Je rentrais avec un ami, nous sommes passés devant le gouvernorat vers 23 heures, 3 militaires nous ont brutalisé pour arracher notre moto. Ils nous ont demandé de l’argent, et je leur ai donné 1500 f pour qu’on nous laisse partir », relate-t-il, avant d’ajouter que ces agents de sécurité publique les ont intimé l’ordre de ne plus passer devant le gouvernorat à des heures tardives. Matibeye Remy, visiblement bien molesté par les agresseurs, dénonce le comportement non professionnel des agents de sécurité publique du gouvernorat. Selon lui, ces derniers, au lieu d’assurer la sécurité des habitants du quartier, ils se transforment en agresseurs, surtout pendant la nuit.
Le problème d’agression devient de plus en plus préoccupant, surtout pour les habitants du quartier Champ de fil. Certaines personnes rencontrées estiment que, hormis les agents de sécurité publique qui sèment le désordre, il y’a aussi certains délinquants du quartier qui agressent les honnêtes gens. Pour Djimhadem Christoph, couturier au carré 1, avant le quartier était sécurisé et que la majorité des agresseurs viennent d’autres quartiers pour commettre leur forfait. Selon lui, même s’il y’a de jeunes délinquants dans le quartier, la plupart des agresseurs viennent d’ailleurs. Ce dernier explique aussi que ce sont les fumeurs de chicha qui pullulent dans le quartier qui sont les vrais agresseurs.
Cri de cœur du chef de carré 1
Pour lutter contre l’insécurité et surtout les agressions de nuit de certains délinquants du quartier champ de fil, surtout dans les carrés 1,2 et 3, le chef de carré 1, Kana Goumbogo, estime qu’il faut organiser les patrouilles de manière permanente et de fermer certains débits de boissons tels que les cabarets et les locaux de fumeurs de chicha. Selon lui, dans ces carrés, il y’a toujours de bagarres, de menaces mort, de poignards et autres incidents. Le chef de carré note que, ces carrés renferment que de bandits, de drogués et certains commerçants qui vendent la drogue au vu de tout le monde. « Je n’arrive plus à gérer la situation. À chaque qu’il y’a problème, je renvoie au poste de police, mais souvent la police relâche ces briguants, c’est compliqué », explique-t-il.
Pour l’aider à gérer la situation, M. Goumbogo a plusieurs fois envoyé de correspondances aux autorités communales, à la police et au gouverneur, mais sans suite. Selon lui, il faut nettoyer les carrés 1,2 et 3 pour permettre aux habitants de vaquer à leurs occupations. « J’en ai assez, j’ai tout fait, mais pas de changement, je suis surpris du silence des autorités », souligne-t-il. Le chef de carré dénonce le comportement de la police de proximité qui serait en connivence avec les agresseurs. Concernant la correspondance au maire, avec copie au gouverneur, ce dernier explique que cette correspondance lui a valu de menaces et de sanction de la mairie du 5e arrondissement.
Jules Doukoundjé
Les maires premiers adjoints des communes du 7e et 8e arrondissement ont procédé hier vendredi 23 juillet à la démolition du dalot situé au carré 41 du quartier Amtoukouin Koudou dans la commune du 8e arrondissement. Objectif : évacuer les eaux de pluie du quartier Amtoukoui 1, dans le 7e. Les habitants du carré 41 avaient fermé ce dalot il y a deux semaines pour empêcher d’être engloutis par les eaux du bassin de rétention situé de Amtoukouin 1.
C’est un Ouf de soulagement pour les habitants du quartier Amtoukouin 1. Les maires premiers adjoints des communes du 7e et 8e arrondissement s’entendent pour démolir le dalot, situé au carré 41, dans le 8e arrondissement, pour permettre d’évacuer les eaux de pluies du quartier Amtoukoui 1. La dernière pluie diluvienne qui s’est abattue sur la ville de N’Djamena a plongé les habitants de plusieurs communes et surtout ceux du quartier Amtoukoui 1 dans un désarroi. Pour le maire premier adjoint de la commune du 7e arrondissement, M. Pascal Kemkoï Gueou, cette dernière pluie a fait beaucoup de dégâts dans sa commune. À tel point qu’il était obligé de discuter avec Mme la maire du 8e pour trouver une solution. « Bien que la population du 8e arrondissement n’est pas d’accord, nous sommes obligés de le faire. Nous avons pris l’initiative d’ouvrir le canal et de frayer le chemin pour évacuer les eaux », explique ce dernier. Selon lui, les travaux sont faits, et c’est un processus qui est en train d’évoluer progressivement. Il espère que les choses vont arriver au point où l’on ne parlera plus d’inondation dans sa commune. Il précise que sa commune est l’une de communes la plus vaste de la capitale et qu’on ne peut pas sentir des efforts des autorités. Il souligne que, ces travaux sont un soulagement pour la population de sa commune. Les deux maires ont décidé de curer le bassin de rétention d’Amkoutoui Koudou pour soulager les habitants de cette commune. Malgré l’accord de ces deux maires pour ouvrir le dalot, les habitants de la commune du 8e ne sont pas d’accord. Ils craignent d’être inondés par les eaux de pluie. Toutefois, pour mener à bien ces travaux, les deux maires ont fait appel à la police municipale et à la police de proximité pour empêcher l’affrontement entre les résidents de deux communes. Pour le président des jeunes du quartier Amtoukoui Koudou, Amza Togona, c’est le soulagement pour les voisins de Amtoukoui 1. Selon lui, leurs voisins du 7e n’ont pas pu dormir, et que ce geste est à saluer. Certains habitants du carré 41, de la commune du 8e arrondissent étaient sortis massivement pour donner un coup de main aux voisins du 7e.
Pour avoir de plus amples explications, Ialtchad Presse a tenté de recueillir les commentaires du maire premier adjoint de la commune du 8e arrondissement et du directeur de la voirie de la mairie centrale, qui étaient sur les lieux, mais ces derniers ont refusé de s’exprimer sur cette affaire de dalot.
Jules Doukoundjé
Une réunion des chefs des partis politiques, convoquée par le ministère d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue Acheikh Ibni Oumar, a failli tourner en ring de boxe. Il a fallu l’intervention du ministre d’État pour calmer les esprits. Retour sur la réunion avec Ialtchad Presse.
Remarques, motions, questions, opinions et propositions ont constitué les temps forts de cette rencontre entre les responsables des partis politiques et le ministère d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue. L’objet de la rencontre de ce jeudi 22 juillet est d’adopter les modalités de désignation des représentants des partis politiques au sein du comité d’organisation du dialogue national inclusif. Mais très vite, la réunion s’est transformée en une immense cacophonie.
La plupart des présidents et secrétaires généraux des partis politiques qui ont répondu présents et qui ont pris la parole ont relevé que le quota donné aux partis politiques est insignifiant et qu’il faut au moins 50 places pour les représentants des partis politiques. Selon la présidente du Rassemblement pour le Progrès et la Justice Sociale (RPJS), Mme Louise Ngaradoumri, la situation actuelle est purement politique et non technique. Donc, il ne faut pas les repousser en arrière pour dire que cela ne regarde pas les partis politiques, ça regarde que les techniciens. Pour elle, le dialogue national inclusif représente à peu près la conférence nationale souveraine donc, il faut inclure tout le monde. « Est-ce que vous voulez qu’on fasse ce dialogue politique semblable au deuxième forum national ? », demande la présidente du RPJS.
Le président du parti Mouvement pour l’Égalité et le Rassemblement des Citoyens (MERCI), quant à lui, trouve anormal qu’on donne cinq (5) places aux membres du Conseil militaire de transition (CMT). On ne comprend pas pourquoi donner 5 places aux militaires, s’interroge-t-il. D’après lui, le Conseil militaire de transition est égal au militaire. Donc, il faut qu’on augmente le quota pour les partis politiques à 50 places. Pour lui, il ne faut pas exclure les partis qui n’ont pas de représentation à l’Assemblée nationale. Il faut tenir compte de regroupement de chacun ou des partis politiques, suggère-t-il. « Monsieur le ministre en tant que garant de la paix, cette fourchette on vous a donné et vous savez parfaitement la situation du pays, je voudrai que vous soyez sage quand on vous envoie la liste de nos représentants, même si cette liste est individuelle. Tenez compte des propositions faites par les uns et autres », demande-t-il.
Étant donné que la plupart des interventions étaient des opinions et questions, le ministre d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue, M. Acheikh Ibn-Oumar a tout d’abord signifié qu’ils ne sont pas là pour régler les problèmes des partis politiques, ni en train d’organiser la conférence nationale souveraine. « L’objet de notre rencontre est très clair. C’est la concertation pour trouver les modalités afin de mettre en place le comité d’organisation du dialogue national inclusif. Moi en tant que ministre de la réconciliation, je n’ai pas la légitimité pour trancher certaines affaires. J’ai une mission très précise » a-t-il affirmé.
Le débat est tellement vif que la salle allait être transformée en ring. Certains chefs des partis étaient prêts à s’échanger des coups de poing. « Je n’ai peur de personne moi », lance un chef de parti à son collègue qui a pris le contrepied de son intervention. Comportement que le ministre d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue a déploré et qualifié d’indigne des présidents de partis politiques. « On a donné une mauvaise image à la classe politique tchadienne parce que si le public apprend cette nouvelle, il va dire que les présidents des partis politiques se sont réunis et ils se sont chamaillés », regrette M. Acheikh Ibn-Oumar.
La rencontre s’est achevée en queue de poisson. Les présidents des partis n’étant pas à mesure de s’accorder sur les modalités de désignation ont fini par se remettre au ministère en charge de la Réconciliation. En conclusion, les présidents et secrétaires généraux de partis politiques ont jusqu’au lundi 26 juillet pour faire parvenir leurs propositions ou la liste de leurs représentants au sein du comité d’organisation du dialogue national en vue. « Les partis politiques doivent nous envoyer leurs candidats individuellement. Une fois la liste envoyée, on va l’étudier pour tirer une conclusion », a dit M. Acheik Ibn-Oumar.
Il faut rappeler que lors de l’allocution du secrétaire d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue, Djimadjibaye Kantangar Aimé, le président d’honneur du Front nouveau pour le changement (FNC), Yaya Dillo Djérou Bétchi et ses éléments ont claqué la porte.
Allarassem Djimrangar
La déclaration du ministre de la Fonction publique Brah Mahamat « la Fonction publique est saturée » continue par mécontenter les diplômés sans emploi. Ce jeudi, le collectif des lauréats des écoles professionnelles a organisé une manifestation pacifique dans les locaux de cette institution. Reportage.
10h00mn ce jeudi 22 juillet 2021. A N’Djamena, la capitale tchadienne une grosse averse s’abat sur la ville. Dans les bureaux du ministère de la Fonction publique, logé à Farcha, les fonctionnaires vaquent à leurs occupations. Aux abords du ministère, des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration s’impatientent. Ils sont venus pour exprimer leur colère. Ils sont mécontents de la déclaration du chef de ce département, Brah Mahamat qui affirmait que « la Fonction publique est saturée ».
À 11h 20, les lauréats des écoles professionnelles décident de braver la pluie. Il ne tombe que des gouttelettes. Papiers imprimés en noir sur blanc sur lesquels les textes « non au clientélisme, non au népotisme, nous sommes fatigués de vos promesses masquées, fonction publique égale fonction parent, fonction publique saturée, Brah dégage » en mains, les mécontents avancent à l’entrée de la Fonction publique. L'hymne national « la Tchadienne » est entonné. Regroupés sous le hall central de l’institution, les manifestants ont commencé par faire leur show, sans violence. L’air triste, ils entonnent leur chant de détresse : " nous sommes les professionnels, nous sommes formés par l'État suite à un besoin, nous sommes la réalité du pays, nous sommes les enfants des pauvres, nous avons aussi les diplômes, nous voulons notre intégration, nous n'avons pas l'argent pour négocier, nous sommes aussi Tchadiens, nous sommes abandonnés, la Fonction publique n'est pas saturée, nous avons aussi droit, nous sommes humiliés pendant 15 ans, nous sommes maltraités pendant 15 ans et aujourd'hui la Fonction publique est saturée, non à discrimination, trop c'est trop." Ce chant est repris en chœur durant tout le temps qu’a duré la manifestation.
Selon le porte-parole du collectif, Neuzilka Emmanuel, cette manifestation est motivée par la cause pour laquelle ils sont engagés depuis 2019, l’insertion socioprofessionnelle. « Nous ne revendiquons que notre intégration, car nous le méritons aussi », a-t-il réaffirmé. Nouvelle exigence, le collectif demande la démission du chef de département de la Fonction publique.
12h. Les éléments de la police antiémeute surgissent par surprise dans la cour de la Fonction publique. Des grenades lacrymogènes fusent de partout. Aucune arrestation n’est signalée sauf deux cas de blessures et des vitres des véhicules parties en éclat, établit Neuzilka Emmanuel.
Le collectif d’indiquer que des actions seront organisées en continu jusqu’à satisfaction de leur revendication.
L’Or Orthom
Christian Allahadjim
Sur l’étendue du territoire du Tchad, 106 988 candidats dont 36940 filles entament ce 21 juillet 2021, les épreuves écrites du Brevet d’Enseignement Fondamental (BEF). N’Djamena, la capitale tchadienne elle seule compte 34 000 candidats. Ialtchad Presse s’était rendu dans deux établissements de la ville. Reportage.
Ce matin, dès 7 heures du matin, les candidats au Brevet d’Enseignement Fondamental (BEF) pour la ville de N’Djamena ont répondu présents dans leur centre de composition respectif. Ils sont 34 000 Candidats répartis dans 72 centres d’examen avec au moins 3500 membres de jury.
12 heures et demie, nous arrivons au centre du lycée Felix Éboué. Ce centre regroupe trois collèges notamment les deux collèges du Lycée Éboué et celui de l’Assemblee Chrétienne. Dès notre arrivée nous rencontrons les élèves qui viennent de finir les épreuves de la rédaction et de la mathématique. Un petit temps leur permet de souffler avant d’entamer la dernière épreuve, le civisme. Juste à notre côté se trouve un garçon et une fille, tous candidats des collèges du Lycée Éboué. Pour le garçon, « les épreuves sont abordables, je suis sûr que je m’en sortirai par la grâce de Dieu », confie-t-il. Pour la jeune fille, « l’épreuve de la rédaction parlait des élections qu’il fallait expliquer. C’est une surprise pour moi, mais je me suis bien débrouillée. J’ai confiance, je suis tranquille », dit-elle.
Nous marchons vers la direction, à l’entrée du bâtiment une infirmière est en poste avec des médicaments pour prévenir toute éventuelle crise. Tout semble organisé ici. Dans un bureau Mme Seid Farah Madjé, présidente du centre CEG lycée Felix Éboué est assise. Pour elle, il n’y a rien de grave, les premières épreuves étaient la rédaction et les mathématiques. Elle rajoute que, pour cette première journée, la dernière épreuve est le civisme. « Nous avons 499 candidats. Nous faisons un travail simultané, une équipe de correction est bien en place. Au fur et à mesure qu’une épreuve finie, les copies sont déposées pour la correction », dit-elle.
Au Collège du lycée Sacré-Cœur, c’est un centre d’examen. Nous avons en face de nous Allarangué Abel, il est le vice-président du centre. Selon lui, tout se passe bien, tout le monde est venu très trop notamment les candidats tout comme les surveillants. Il affirme aussi que toutes les conditions sont réunies, même les épreuves sont arrivées à temps. Nous avons 270 candidats, nous sommes un centre principal, au collège Évangélique il y a un centre secondaire avec 183 candidats. Leurs copies vont être convoyées vers nous. Actuellement la correction des deux premières épreuves est en marche. Le collège du Sacré-Cœur compte 183 filles.
« Cet effectif élevé des filles montre aujourd’hui, les filles sont aux études et c’est vraiment à encourager. Nous demandons aux parents d’encourager davantage leurs filles à étudier, car elles sont capables et peuvent bien réussir comme les garçons », souligne monsieur Allarangué Abel.
Nous avons rattrapé Elvira Ratomte, candidate au collège du Sacré-Cœur avant qu’elle n’entre en salle pour la dernière épreuve pour la journée. « J’ai bien entamé la journée. Vous savez, l’examen quand on le prépare on ne se fait pas de soucis. Je n’ai pas de raisons de m’inquiéter, ça ira », déclare-t-elle d’un air rassurant.
Pour l’ensemble du territoire national, une source du ministère de l’Éducation nationale et de la promotion civique note, 106 988 dont 36940 filles. Les épreuves écrites vont durer 3 jours pour les francophones et 4 jours pour les arabophones.
Moyalbaye Nadjasna
Pour réclamer leur pension de 3 trimestres, les retraités ont manifesté pour exprimer leur ras-le-bol. C'est ce 21juillet au siège de la Caisse nationale des retraités du Tchad (CNRT). Reportage.
Les retraités du Tchad, section de N’Djamena, ont encore fait parler d’eux. Dans la matinée de ce mercredi 21 juillet, ils ont manifesté devant le siège de la Caisse nationale des retraités du Tchad (CNRT) au quartier Dembé dans le 6e arrondissement.
Il était 10 heures. En face du siège de la CNRT, la circulation est bloquée. Des retraités en petits groupes se sont installés sur des chaises en plein milieu de la chaussée. « Nous ne réclamons que nos droits », récite en solo un retraité âgé. « Il faut qu’on nous paie seulement », chante un autre.
Selon le président du comité de crise, Blagué Jean, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la promesse du directeur de la CNRT d’enclencher la paie dès ce mercredi 21 juillet. « Il nous a promis de nous payer aujourd’hui et quand nous nous sommes présentés, il n’y a rien », rapporte-t-il, avec véhémence. D’après lui, ça fait 3 trimestres que les retraités n’ont rien perçu. « Nous demandons à la France de nous trouver la solution avec le pouvoir qu’il a nommé au Tchad », supplie Blagué Jean.
Assis ou debout, des retraités crient de partout. Et Blagué Jean, comme un directeur de la chorale, les harangue. « Nous allons mourir pour notre argent », « c’est mieux de se faire tuer que de mourir de faim », scandent-ils. La circulation est aussitôt déviée. Les éléments de la Police antiémeute interviennent. Débute la négociation. En vain. La Police tente de dégager les occupants du lieu, mais elle est confrontée à une résistance. Les gaz lacrymogènes pleuvent. Et c’est le sauve-qui-peut. La situation est rétablie. La circulation reprend.
Parmi les victimes de l’intervention policière, un élève de la classe de 3e. Il rentrait après le premier jour de composition du BEF. Il a reçu une grenade lacrymogène en plein œil. Il est évacué à l’hôpital par le président du comité de crise, Blagué Jean.
Dispersés, mais pas anéantis, disent-ils. Ils promettent de revenir pour fermer les locaux de la CNRT dans les jours avenirs si rien de concret n’est fait.
Koumassen Juste
Les habitants du carré 48 du quartier Ngonba situé dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena n’attendent plus les autorités communales. Ils décident eux-mêmes de s’organiser pour aménager leurs routes. Pour désenclaver leur quartier pendant cette période des pluies, ils cotisent de l’argent pour acheter des Benz de remblais et louer la niveleuse pour aménager une autre route pour éviter de traverser l’ancien cimetière en roulant sur les tombes. Reportage.
En saison de pluies, beaucoup de quartiers de la ville de N’Djamena s’organisent pour lutter contre les inondations. C’est le cas des habitants du carré 48 du quartier Ngonba, l’un des carrés le plus enclavé de la commune du 9e arrondissement. Pour éviter de traverser l’ancien cimetière, ils décident de cotiser de l’argent pour aménager une autre route qui leur permet de contourner le cimetière et de désenclaver le quartier. Pour l’initiateur du projet de désenclavement du carré 48 du quartier Ngonba, M. Agouzoum Dar Noel, il ne faut pas attendre tout de l’État, il faut s’organiser pour désenclaver le carré. « Nous avons beaucoup de difficultés pendant la saison pluvieuse pour sortir. Notre quartier et surtout notre carré sont enclavé pendant la saison des pluies », explique M. Agouzoum.
Ce jeune ingénieur qui est l’auteur du projet de désenclavement a loué un gradeur d’une somme de 250.000 F FCA pour aménager la route qui permet d’accéder à l’axe principal sans traverser l’ancien cimetière chrétien de Ngonba. « J’ai demandé aux voisins qu’on peut s’organiser nous-mêmes pour aménager une voie de sortie, mais ils n’ont pas cru à ma proposition. J’ai donc moi-même loué un gradeur et quand le gradeur se mettait à niveler la route, tout le carré s’est mis à cotiser », précise-t-il. Ce dernier se dit ému de l’engagement des habitants du carré 48 qui ont accepté unanimement de cotiser une somme de plus de 200.000F CFA pour acheter de remblais. Le jeune topographe estime que l’engagement des habitants du carré 48 du quartier Ngonba va servir de déclencheur aux autres quartiers de la commune de N’Djamena. Abondant dans le même sens, Gaksou Issakar, jeune du carré qui a participé au nivellement de la voie de désenclavement, souligne durant cette saison de pluie, leur carré va être soulagé. Selon lui, si les autorités communales leur donnent quelques Benz de remblais, la rue sera bien aménagée et les camions Benz ne vont plus traverser l’ancien cimetière.
Toutefois, M. Agouzoum Dar Noel lance un appel aux autorités de la commune du 9e arrondissement, de les doter des Benz de remblais pour bien aménager cette rue. Selon lui, les jeunes du quartier sont déterminés à aménager cette unique voie mais il leur faut de remblais. Concernant les camions Benz qui traversent l’ancien cimetière chrétien de Ngonba, il affirme que ce n’est pas normal que les camions roulent sur les tombes, et qu’il serait judicieux de respecter les morts, avant d’ajouter « les gens respectent les morts, mais ce qui se passe dans son quartier est inadmissible ».
Cette rue aménagée par les habitants du carré 48 a permis aux camions Benz qui transportent du sable et de remblais, de ne pas traverser l’ancien cimetière de Ngonba. Mais quand on demande à ces derniers de contribuer avec des voyages de remblais pour bien aménager cette voie, ils refusent de mettre la main dans… le remblais.
Jules Doukoundjé
La saison de pluie tarde à s’installer dans la capitale tchadienne, N’Djamena et ses environs. À Toukra, dans le 9e arrondissement, les paysans sont désespérés. Reportage.
Mercredi 21 juillet 2021. Il est 11 heures passées. Et le mois de juillet tend vers sa fin sans qu’une grosse pluie tombe sur N’Djamena et ses environs. Ce qui inquiète les cultivateurs.
Sur les espaces rizicoles de Toukra, un quartier de la commune du 9e arrondissement de N’Djamena, le sol est bien sec. Normalement, en cette période, la nature devrait être verdoyante. C’est tout le contraire ; aucune herbe n’a poussé. Conséquence d’une absence de pluie abondante. Malgré cela, certains cultivateurs s’activent. Le cas de Matchanga Hervé. Élève en terminale, il laboure du riz depuis trois saisons. Avec son cousin, ils préparent le champ en espérant la tombée éventuelle de la pluie. D’après lui, cette année, la pluie traîne. « On est vraiment en retard cette année. D’habitude en mai et juin, on prépare le champ. Et dès juillet, on commence avec le repiquage », fait-il savoir. Mais force est de constater que la plupart des cultivateurs sont encore à la première phase, la préparation du champ. « Ceux qui ont des moyens utilisent des motopompes pour irriguer leurs champs », dit Matchanga Hervé.
Sur les zones rizicoles près du fleuve, la culture contre saison est au rendez-vous. Grâce à des motopompes, l’eau est drainée pour alimenter les champs. Avocksouma André arrose ses pépinières. Il déplore le retard que connaît la saison pluvieuse de cette campagne agricole. « Logiquement en cette période, on devrait repiquer avec les eaux de pluie. Mais là on le fait avec l’eau du fleuve. Aussi ça devrait être la période de sarclage. Mais on est là encore avec le repiquage », fait-il la remarque. Dans leur secteur, il y a un groupement qui est mis sur pied. Mais le problème que relève Avocksouma André est le nombre des motopompes que compte le groupement. « Il n’y a qu’une motopompe pour 100 carrés. Et le programme n’est jamais respecté. Cela pose tous les jours des problèmes ».
Ibrahim Nangasou et ses copains sont en pleine opération de repiquage. Ils donnent un coup de main à un membre de leur chorale. Dans une ambiance bon enfant, ils piétinent la boue çà et là. Ils plongent les mains sous les eaux retenues par une petite digue pour repiquer les pépinières. Soudain, un serpent. Il est rapidement mis hors état de nuire. « C’est ça aussi les risques que nous courons », lâche Ibrahim.
« Il nous faut de la pluie sinon la récolte de cette année ne sera pas comme celle de l’année passée », soutient Matchanga. Il s’inquiète que la famine ne sévisse cette année. Toutefois, rassure le jeune agriculteur, « si en août la pluie tombe régulièrement, il n’y aura pas de problème. »
Le riz est le céréale la plus cultivée dans cette zone. Il joue un rôle non négligeable dans l’alimentation et le revenu des milliers des Tchadiens. « Grâce à la culture du riz, je paie ma scolarité. Beaucoup de familles s’en sortent grâce au riz. Sans cette culture, la vie nous sera difficile », dit Lassou Grégoire, un élève de la Seconde au Lycée de Malo, localité qui jouxte le quartier Toukra.
Christian Allahadjim
Le samedi 10 juillet dernier, les habitants du quartier Amtoukouin Roma dans le 8e arrondissement ont crié seuls leur désarroi. En quelques heures leurs maisons sont réduites en poussière par le Poquelin, l’engin bélier de la mairie de la ville de N’Djamena. Une opération baptisée « harmattan » sous la sécurité d’une force mixte. Reportage.
L’opération de déguerpissement du quartier Roma, une partie du quartier Amtoukouin dans le 8e arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djamena, se poursuit. Baptisée « harmattan », le vent chaud à soufflé très fort ce mercredi 14 juillet et a emporté tout sur son passage. Jusqu’à 13h, les chenilles appelées Poquelin, maîtres du terrain roulaient dans le creux de la vallée du bassin de rétention et remontent en surface pour casser les habitations riveraines. Les maisons cassées s’étalent à perte de vue. Les victimes, femmes, enfants, négocient l’ombre de quelques arbustes pour s’abriter. Sous leurs regards impuissants, leurs maisons sont réduites en poussière. L’ambiance est désolante, les visages sont tristes. Certains observaient les larmes aux visages les toits de leurs habitations enlever comme du papier à mâcher. D’autres louent les véhiculent pour ramasser quelques matériels nécessaires récupérés. D’autres encore, désemparés méditent leur sort, les mains sous le menton.
L’objectif de cette opération est de dénicher les brigands. Car ils constituaient, selon plusieurs responsables parlant sous le sceau de l’anonymat, un danger pour les paisibles citoyens. Selon toujours les mêmes sources, ce déguerpissement musclé visait, la plupart, des brigands qui poursuivis par la police y trouvent refuge et se feraient protéger par les résidents. L’ultime but de l’opération harmattan est de lutter contre la criminalité apparente, les vols à main armée et les braquages entre autres, dans la ville de N’Djamena. C’est ce que soutiennent hors microphone les responsables municipaux.
Moyalbaye Nadjasna