Le monde célèbre ce 05 octobre 2021, la 28e édition de la Journée mondiale des Enseignants. Cette commémoration est placée sous le thème « un esprit de cohésion pour une éducation de qualité ». Les enseignants tchadiens, à travers leur centrale syndicale, étaient en fête ce matin au ministère des Affaires étrangères. Reportage.
« L’enseignant a tout donné jusqu’au fond de son savoir », c’est l’hymne des enseignants par l’ensemble du corps présent dans la salle des Affaires Etrangères. Le secrétaire national du SET, Ngartoïdé Blaise informe que le thème national est, « hommages aux éducatrices et éducateurs disparus ». Selon lui, les enseignants tchadiens par cette célébration dire leur hommage à leurs collègues qui ne sont plus de ce monde. « La pandémie du coronavirus a emporté beaucoup des enseignants. Leur disparition a eu un impact négatif sur les élèves et sur la société ». dit-il. Aussi, de rendre hommage à tous les enseignants qui transmettent le savoir dans des conditions difficiles. L’occasion est ainsi offerte au porte-parole des diplômés en instance d’intégration Nanga Thierry de réitérer leurs vœux d’être intégrés à la fonction publique. Car selon lui, l’État les a formés pour le besoin de la cause.
Comme à l’accoutumée, les enseignants ont formulé quelques recommandations au gouvernement. Ces recommandations sont entre autres : la mise à disposition des enseignants des gels Hydro alcoolique et masques répondants aux normes sanitaires ; la désinfection des salles de classe et l’assainissement de l’enceinte des établissements ; l’augmentation du nombre des structures d’accueil ; l’affectation des enseignants arabophones selon les critères techniques dans les établissements scolaires sur toute l’étendue du territoire national et la répartition équitable des ressources humaines matérielles et financières en tenant compte de la carte scolaire.
Pour le représentant du ministre de l’Éducation nationale Mahamat Seïd Farah, en tant qu’éducateur, les enseignants doivent se rappeler de la déontologie, ligne directrice de tout enseignant pour accomplir normalement leur tâche. Il ajoute par ailleurs que l’enseignant est la clé de l’éducation, il doit continuer à apprendre pour être digne d’enseigner. Pour que l’enseignant accomplisse sa tâche, l’État doit mettre les moyens à sa disposition reconnaît-il. « Ce droit à l’éducation et à la formation suppose également une bonne gestion des ressources humaines, et matérielles, car un enseignant mal formé et mal géré ne peut donner un bon rendement ». Mahamat Seïd Farah appelle à une prise de conscience pour relever les multiples défis qui pèsent sur le système éducatif tchadien que sont l’accès, l’équité, la qualité et l’efficacité. Car selon lui, avec les absences répétées ou les grèves de longue durée, ne peuvent assurer la bonne gouvernance des enseignements par apprentissages. Il souhaite enfin le respect du pacte social signé ce 4 octobre par le gouvernement et ses partenaires sociaux. La cérémonie s’est terminée par la remise de 24 attestations de reconnaissance aux militants de quelques centrales syndicales pour service rendu. Un match de football se joue ce soir au stade de Paris-Congo. Il oppose le Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) au Syndicat National des Enseignants et Chercheurs du Supérieur (SYNECS).
Kouladoum Mireille Modestine
Le gouvernement de transition et ses partenaires sociaux ont signé un pacte social triennal ce lundi 04 octobre à la primature. La signature de ce pacte vise à mettre un terme aux problèmes qui opposent le gouvernement et les travailleurs du Tchad. Toutes les représentations des centrales syndicales et les ministres de la Fonction publique et celui des finances et du budget ont paraphé le document en présence du Premier ministre. Reportage.
Après quatre mois de négociation entre le gouvernement et ses partenaires sociaux, les voilà enfin arrivés à un compromis. Un pacte social d’une durée de 3 ans est signé afin d’apaiser la tension entre gouvernement et travailleurs sur les différents points de revendication des syndicats. Aussi, ce pacte va désormais contribuer à instaurer et consolider le climat social au Tchad disent les parties. La signature de ce pacte est rendue possible grâce aux fonds qu’a accordés la Banque Mondiale (BM) à la République du Tchad. Si les deux parties respectent les clauses du pacte, aucune grève ne sera observée durant les 3 prochaines années. Après quoi les négociations vont démarrer pour renouvellement. Ceci étant, à l’ instant où ce pacte a été signé, le mot d’ordre de grève lancé par certaines centrales syndicales est automatiquement levé. Il est indiqué dans le pacte que le gouvernement va procéder au paiement des arriérés des frais de transport de 2017-2021 et par secteur ; le versement à terme échu des pensions des retraités du Tchad et le rappel du salaire des médecins entre autres.
Pour le ministre de la Fonction publique, le gouvernement de transition a donné plus que ce que les travailleurs espéraient. « Je crois que le gouvernement a pris un certain nombre d’engagements qu’il est tenu de respecter. Nous voulons à travers ce pacte créer un cadre et les conditions décentes de travail à tous. Il faut absolument que ce pacte apaise le climat social du pays. » Le ministre appelle en outre les partenaires sociaux à adopter une attitude qui favorise le vivre-ensemble pour le bien-être social au Tchad. Le Premier ministre de transition Pahimi Padacké Albert dit dans son mot qu’il y a un temps pour tout. « Notre pays est appelé un moment à prendre des mesures difficiles afin de faire face aux problèmes financiers qu’il a rencontrés. Voilà que nous nous sommes parvenus à asseoir les performances de nos régies financières pour le bonheur de tous». Pahimi affirme en que la signature de ce pacte montre que les Tchadiens quand ils le veulent, sont capable de grandes choses. Il rassure les travailleurs quant au respect de ce pacte et les invite au travail.
Pour le président du Syndicat des Enseignants et Chercheurs du Supérieur SYNECS Guirayo Jérémie, c’est un jour historique pour le gouvernement et les différentes centrales syndicales. Car indique-t-il, la signature de ce pacte est l’aboutissement d’un long processus de négociation avec le gouvernement depuis l’instauration des 16 mesures. Toutefois, les syndicats restent sur leur garde quant au respect des engagements. Pour lui, si le gouvernement ne respecte pas les clauses, les syndicats n’ont aucune raison de le faire. Pour évaluer les engagements du pacte pendant les 3 années à venir, un haut conseil d’orientation tripartite et un comité tripartite seront mis sur pied.
Kouladoum Mireille Modestine
La coordination des actions citoyennes Wakit Tama fait le bilan de la marche pacifique organisée le samedi 2 octobre dernier, mais réprimée par les forces de l’ordre. Les manifestants avaient refusé d’emprunter l’itinéraire imposé par les autorités publiques. Toutefois celles-ci rejettent la responsabilité sur les organisateurs et comptent saisir la justice. Reportage.
La coordination des actions citoyennes Wakit Tama fait le bilan de la marche pacifique qu’elle a organisée le 2 octobre dernier. Cette marche était au départ autorisée par les autorités publiques, et a fini par tourner à la violence entre manifestants et la police. Raison : les marcheurs ont refusé d’emprunter l’itinéraire imposé par le Ministère de la Sécurité publique. Ils ont opté pour un autre chemin. Pour les responsables de la plateforme des marcheurs, les forces de la défense et de sécurité publique ont sauvagement réprimé les manifestants dans les quartiers sud de la capitale. Cette violence a malheureusement fait un mort du côté de la police nationale, causée par une chute libre lors d’une course poursuite des manifestants dans les quartiers. Les organisateurs de la marche ont également fait un bilan d’une vingtaine de blessés dont certains à balles réelles parmi lesquels une jeune dame atteinte au bas-ventre, un boutiquier atteint se trouve dans un état grave à l’hôpital général de référence nationale.
Selon toujours Wakit Tama, le responsable du Mouvement « Tournons la Page Tchad », Jacques Ngarassal a été blessé à la tête et à la poitrine. Plusieurs personnes, d’après eux, ont été arrêtées, 8 ont été relâchées, des femmes agressées physiquement, des destructions de biens au siège du Parti Les Transformateurs. Ils affirment aussi que l’opposant Dr Masra Succès serait visé par de tirs à balles réelles, mais qu’il a échappé. Wakit Tama affirme avoir saisi le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration depuis le 18 septembre dernier et ce dernier a attendu le 1er octobre pour notifier l’arrêté autorisant la marche en imposant un autre itinéraire dans le but de sévir contre les manifestants. Les responsables de la manifestation indiquent que tous ces actes de répression ne resteront pas impunis. Ils entendent rassembler des preuves pour constituer une documentation fournie à l’effet d’être transmise au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en complément du dossier pendant devant cette instance.
Du côté des autorités gouvernementales, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Abderamane Koullamala est monté au créneau. Il balaie du revers de la main les allégations des responsables du mouvement Wakit Tama. Et affirme que les manifestants n’ont sciemment pas voulu respecter le parcours et les règles comme ne pas s’en prendre aux édifices publics, aux personnes physiques et à la police. M. Koullamala soutient que les manifestants ont lancé des cailloux sur les forces de l’ordre. Ces attaques aux cailloux ont fait des blessés. Il estime qu’il est normal que la police réagisse de façon énergique contre ces actes manifestes de rébellion. « Nous avons décidé d’atténuer la situation politique en permettant à tous les Tchadiens d’exprimer librement leurs opinions », dit-il. Le porte-parole du gouvernement estime qu’une minorité qui refuse de se plier aux règles. Il dit que les autorités saisiront bientôt la justice et rien qui puisse remettre en cause le climat apaisé de dialogue ne sera toléré.
Jules Doukoundjé
Les sportifs tchadiens ont été honores hier 3 octobre. Une cérémonie dédiée s’est tenue dans un hôtel de la place. Ministre de tutelle, comité sportif, fédérations, associations, les sportifs de haut niveau, sportifs d’élite ainsi que les partenaires étaient tous conviés. Reportage.
Pour une fois, une soirée est dédiée au sportif tchadien. Commencée à 19 heures, l’ambiance dans la salle de cérémonie était conviviale. Un moment de détente et de retrouvailles entre amis. Une table ronde pour chaque invité. Le balai national à travers des pas de danse captivait l’attention des convives. Des jeunes filles d’une école de volleyball ont aussi par leur chorégraphie, apporté une touche spéciale à cette fête.
Selon la présidente d’organisation Mme Assel Memadji Solange, le sport est une activité sociale importante. « C’est un moyen idéal pour véhiculer le message de paix et du vivre ensemble. Un véritable vecteur de rassemblement. Le sport rassemble au-delà des considérations ethniques et religieuses », dit-elle. Elle demande aux Tchadiens de conjuguer leurs efforts pour le rayonnement du sport tchadien.
Promouvoir le sport tchadien reste une mission principale de l’Office national de la jeunesse et du sport (ONAJES), précise son coordonnateur. D’après lui, une telle soirée permet de repenser le sport tchadien dans son ensemble. Il évoque le manque d’assistance de son institution aux fédérations faute des difficultés financières. « Nonobstant tout cela, vous avez fait de votre mieux pour relever les défis sportifs tchadiens. Je vous rassure que nous resterons à jamais à vos côtés dans l’atteinte de tous vos objectifs. Certes, les moyens mis à votre disposition sont limités, mais je crois en votre engagement de donner des résultats », soutient-il.
Le président du Comité olympique sportif tchadien (COST) Me Djarma, est satisfait des indemnités octroyées par l’arrêté du ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de l’entrepreneuriat aux sportifs de haut niveau et ceux d’élite. Il affirme que les organisations sportives sans exception ont bénéficié de subvention. « Ce n’est pas le montant qui compte, mais c’est l’engagement continuel auprès du mouvement sportif pour avoir des résultats. Cet engagement a permis à chacune des organisations sportives de se doter d’un siège ». Me Djarma ajoute que la vitrine géographique d’une association sportive sont ses installations. Un tel environnement mettra les partenaires extérieurs en confiances et imposera le respect et la considération du Tchad précise-t-il. Aux sportifs, le président du COST déclare, « les moyens n’ont jamais fait un champion. Mais c’est lorsqu’on devient champion que les moyens arrivent. » Être un champion c’est un problème mental dépendant de notre volonté à relever le défi, renchérit-il. Pour lui, une telle vision doit être le leitmotiv du sportif tchadien. « Les résultats apportent plus de moyens pour faire davantage avec plus d’ambitions », insiste-t-il.
Dans son propos, le ministre Routouang Mohamed Ndonga Christian encourage et félicite les Olympiens 2020 et les sportifs tchadiens en général. Avant de signer les conventions d’objectif avec les fédérations, il appelle les bénéficiaires à plus de responsabilité, de traçabilité et de recevabilité. « Les perspectives de Paris 2024 doivent nous conduire à avoir au moins 50 athlètes pour participer aux Jeux olympiques. Tel est l’objectif de cette convention », précise Ndonga Christian.
Des projets de construction de la cité des jeunes à Mandjaffa et des centres multifonctionnels dans les différentes provinces ont été annoncés par le président du COST. La remise des chèques aux représentants du Tchad au JO de Tokyo a clôt la soirée des sportifs.
Moyalbaye Nadjasna
La rentrée officielle dans les écoles publiques pour l’année scolaire 2021-2022 prévue pour le 1er octobre dernier n’a finalement eu lieu que ce 04 octobre. Les élèves, en vacances depuis 4 mois, ont repris timidement le chemin de l’école. Ialtchad Presse est allé dans certains établissements publics de la capitale tchadienne, N’Djamena, pour constater l’effectivité de cette rentrée des classes. Reportage
Trois semaines après la rentrée des classes dans les établissements privés, c’est au tour des établissements publics ce 4 octobre 2021 de reprendre les cours. À l’école Annexe d’Ardepdjoumal A, tout est prêt pour commencer l’année scolaire 2021-2022. Tableaux repeints, emploi du temps et planning des activités annuelles sont prêts. La répartition des classes aussi est faite. Sauf les élèves la présence des élèves qui n’était pas effective. La cour et les salles de classe sont restées vides. Quelques parents sont venus pour les inscriptions et les réinscriptions de leurs enfants. Pour le directeur de l’école annexe d’Ardepdjoumal A Mahamat Djidda, « les élèves ont des idées reçues par rapport à la rentrée des classes. Ils pensent toujours que la rentrée ne sera pas effective les deux premiers jours, donc il faut attendre 4 à 5 jours avant de venir à l’école », affirme-t-il. Il a toutefois indiqué qu’il ne faut pas donner cette chance aux enfants de rester à la maison.
Au Lycée Félix Éboué, quelques élèves et enseignants sont présents dans la cour, mais pas dans les salles de classe. Les élèves font la queue devant l’administration pour les inscriptions et les réinscriptions. Le proviseur du Lycée littéraire Chamsadine Mahamat Dahab indique que la rentrée des classes n’est pas conditionnée par les inscriptions ou les réinscriptions, les élèves peuvent regagner les salles de classe. Selon lui, la loi 16 permet à l’élève de commencer les cours avant de payer les frais d’inscription. Il ajoute que la liste des élèves est même affichée par niveau devant chaque classe. Le proviseur exhorte ses élèves à vérifier leurs salles de classe où ils sont admis à faire cours. À la sortie d’une rencontre avec les chargés de cours, il annonce que les cours vont démarrer le 6 octobre, après la célébration de la journée mondiale de l’enseignant.
Kouladoum Mireille Modestine
Le président du Comité technique spécial relatif à la participation des politico-militaires au Dialogue national inclusif (DNI), l’ancien président Goukouni Weddeye a dévoilé lors d’une rencontre avec la presse la stratégie mise en place par le comité qu’il dirige pour amener les politico-militaires à participer au DNI. Il exhorte ces derniers à participer massivement à participer au DNI. Reportage.
Le président du comité technique spécial relatif à la participation des politico-militaires au DNI prévu en novembre prochain, l’ex-président Goukouni Weddeye est sorti de son silence. Au cours d’un point de presse animé hier vendredi, il a dévoilé le plan d’action détaillé, les moyens et les étapes à franchir qui doivent conduire à la réussite du DNI avec la participation des politico-militaires. Selon lui, toutes contradictions qui ont engendré des conflits violents à travers le monde ont pris fin par le dialogue entre les différents protagonistes autour d’une table.
Le président du comité technique, visiblement fatigué, affirme que l’histoire des grandes nations est jalonnée par de grandes crises. Et le Tchad n’a pas échappé à cette règle. « Il est temps pour nous de trouver par le dialogue, la formule idoine pour que cesse à jamais la guerre, ses destructions et ses ruines », déclare-t-il. L’ancien président souligne que les Tchadiens ont une obligation morale et éthique d’emprunter le même chemin du dialogue, de la réconciliation et de la paix pour consolider l’unité nationale. Ils doivent s’inscrire comme peuple sur le chemin de la coexistence pacifique, seule option pour relever les défis du développement socio-économique. Le président du comité spécial estime que le temps du dialogue est arrivé. « Nous devons nous accepter mutuellement, chacun dans sa différence pour engager un débat franc, direct et sincère sur l’avenir de notre pays. Le Tchad appartient à nous tous et personne ne doit se sentir exclu », dit-il.
Le dernier ex-chef d’État tchadien en vie, estime qu’à l’issue de ce processus, les Tchadiens auront l’obligation de jeter des bases solides pour lancer un projet de société et de nouvelles manières d’envisager l’avenir dans le respect des institutions. À l’entendre, la structure qu’il pilote s’engage à rendre compte régulièrement et fidèlement à tous les Tchadiens et aux partenaires de l’évolution des échanges du comité avec les politico-militaires.
L’ancien président a en outre salué le président du Conseil Militaire de Transition (CMT) pour avoir créé les conditions de convier toutes les forces vives du pays, de l’extérieur et de l’intérieur, à un DNI afin de débattre dans la confiance et la sérénité de l’avenir du pays. « J’ai bien voulu accepter cette lourde, mais exaltante mission après mûres réflexions, tout en pensant à l’avenir de notre pays et à l’avenir des générations futures. Je pense surtout à la possibilité de trouver toutes voies et tous les moyens qui peuvent nous conduire vers un dialogue franc et constructif pour faire taire à jamais les armes dans notre pays ».
Jules Doukoundjé
Rien n’avance dans la revendication entre Esso Tchad et ses employés. Depuis le 2 septembre dernier, les négociations n’avancent pas. Après concertation, les employés attendent de pied ferme la reprise des discussions. Reportage.
Les négociations avaient été suspendues depuis le 2 septembre dernier, dit Dahasseal Dekoundou, porte-parole de la délégation Esso Tchad. « Tout ce qu’on vit ce sont des actes d’intimidations, mais les employés maintiennent leur position », dit-elle. Selon Mme Dahasseal, les employés s’opposent systématiquement à toute visite étrangère sur le site pétrolier de Komé. Elle affirme que leurs revendications n’ont pas toujours été entendues. « La direction dit que c’est moi le chef. Donc on ne s’est pas encore entendu sur quoi que ce soit pour parvenir à une solution ». La déléguée des employées d’Esso indique que la validation de la vente entre Esso et Savannah Energy est conditionnée avec une visite sur le terrain. Elle déclare qu’ils ne sont pas impliqués dans leur discussion. « Mêmes les autorités tchadiennes ne sont pas non plus directement impliquées. C’est le paradoxe. Même si on devrait être impliqué, c’est côté personnel parce que c’est ce qui nous regarde. Les autres aspects c’est peut-être à l’État de voir », soutient Mme Dahasseal.
Selon les employés d’Esso Tchad, les deux sociétés sont très avancées sur d’autres points de la vente. D’après la déléguée, le problème qui se pose, Savannah Energy, n’est ni descendu sur les sites du Tchad ni sur celui du Cameroun. Pour elle et selon les informations qu’ils ont reçues, la délégation du nouvel acquéreur des actions d’Exxon Mobil semble visiter quand même un site au Cameroun. Juste après les employés camerounais les aurait aussi bloqués la suite de la visite de terrain, précise Mme Dahasseal.
La porte-parole de la délégation d’employés d’Esso rappelle que, le gouvernement a demandé le retour à la table de négociations, mais c’était resté sur la parole. « Il n’y a eu aucun cas pratique. Nous demandons peut-être au président du Conseil militaire de transition de s’impliquer personnellement pour qu’une solution puisse être trouvée », plaide-t-elle. Concernant la prise en charge de leurs revendications, Mme Dahasseal souligne qu’en principe, certains points doivent impliquer Savannah Energy. Mais selon elle, la directrice d’Esso leur a répondu clairement qu’aucun point de leurs revendications ne regarde Savannah Energy. « Tout notre vœu est de discuter et sérieusement avec la direction d’Esso Tchad pour de solutions définitives ».
Moyalbaye Nadjasna
La coordination des actions citoyennes Wakit Tama a appelé à une marche pacifique dite de protestation ce samedi 02 octobre sur toute l’étendue du territoire national et envers la diaspora. Les autorités en charge de la sécurité publique ont pris un arrêté autorisant la marche, mais l’itinéraire change. Changement d’itinéraire que les initiateurs n’ont pas digéré. Ce matin, ils se sont réunis au point de départ initialement prévu qui est le rond-point à double voie pour marcher jusqu’au stade Idriss Mahamat Ouya. Mais ils ont vite été dispersés par les forces de l’ordre. Reportage.
L’acte 4 de la marche pacifique de Wakit Tama prévu ce 2 octobre a été très vite dispersé par la police. Tôt ce matin, les forces de l’ordre ont été déployées autour du rond-point du pont à doubles voies et celui du 10 octobre. Et patatras, une véritable échauffourée éclate entre les marcheurs et les policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Déterminés, les marcheurs s'organisent en petits groupes. Mais les forces de l'ordre à leurs trousses multiplient les tirs de gaz lacrymogènes, sous cette pression, les marcheurs ont fini par se disperser. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvent tous au quartier général du parti Les Transformateurs pour reprendre la route. Quatre véhicules de la gendarmerie les devancent avant de les asperger des gaz lacrymogènes. Les usagers de l’avenue Jacques Nadingar et les riverains n’ont pas été épargnés par la poudre de lacrymogènes. Certains domiciles privés ont reçu de visites inopinées des éléments de la sécurité. Quelques jeunes disent avoir été brutalisés par les forces de l’ordre. « Nous nous sommes réfugiés dans une maison et ils sont entrés pour nous donner des coups de fouets et de cross », disent-ils.
Peu de temps après, les marcheurs retournent au siège des transformateurs toujours suivis de près. Surplace, un véritable théâtre de combat entre les forces de l’ordre et les marcheurs. Un spectacle violent entre les deux camps, les marcheurs et les forces de l’ordre. Les uns envoient des pierres et les autres du gaz lacrymogène. Quand les policiers parviennent à les disperser, ils reviennent à la charge jusqu’à casser la vitre de l’ambulance de la sécurité. Un boutiquier non loin du café des transformateurs serait blessé transporté d'urgence à l’hôpital.
Tout était parti de la modification de l’itinéraire de la marche par les autorités. Deux jours avant la marche, le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration Souleymane Abakar Adam a signé un arrêté autorisant la marche, mais change l’itinéraire demandé. Pour le ministre, la marche doit commencer au rond-point Hamama pour finir au palais du 15 janvier. Pas question de changer l’itinéraire. Wakit Tama campe sur sa position en maintenant l’itinéraire qu’elle a indiqué.
Depuis le siège de son parti, le président des transformateurs Dr Succès Masra affirme qu’il y a eu des tirs nourris des forces de sécurité sur le siège de son parti ou ils se sont retranchés. Selon Me Max Loalngar coordonnateur des actions citoyennes Wakit Tama, il y a eu 45 blessés dont 5 graves.
Kouladoum Mireille Modestine
Au Tchad, les Violences Basées sur le Genre(VBG) augmentent dans presque toutes les provinces. Face à cela, quelques femmes juristes créent un cadre de protection, de la promotion des droits de la femme et de la jeune fille contre les VBG. Il s’agit de l’Association des Femmes Juristes du Tchad (AFJT). Reportage.
Le soleil brille ce matin, du 30 septembre. Il est 8 heures. Ici, c’est le siège de l’Association des Femmes Juristes du Tchad (AFJT). Il fait face à l’avenue Charles de Gaulle non loin du champ de file. Sous un hangar à l’entrée du siège, un groupe de personnes, la plupart des femmes attendent. Elles sont très discrètes. Elles souhaitent rencontrer le personnel technique de l’AFJT. Pour causes, se confier à leur service suite aux atrocités subies dans leurs foyers. Elles refusent de se faire filmer.
Nous sommes accueillis à notre arrivée par Mme Mekonbé Thérèse, présidente de l’AFJT. Elle très courtoise. Tout est allé vite, elle nous présente son association. Selon elle, l’AFJT regroupe les femmes qui ont fait des études en droit. En 1991, rajoute-t-elle, ces femmes décident ensemble de créer AFJT. C’est une décision bien mûrie et réfléchie, insiste-t-elle. « Nous avons pris en compte la situation socioéconomique et juridique des femmes ainsi que de toutes les personnes victimes des violences sous toutes ses formes», explique la présidente de l’association. D’après elle, l’autorisation de fonctionner leur a été octroyée en 1992, un an après la création. «Depuis cette date, nous œuvrons à travers les formations, les sensibilisations, et les plaidoyers. En 1997, nous avons inscrit dans nos plans d’action le volet « Aide juridique et Assistance judiciaire » aux victimes des VBG et des violences faites aux femmes (VFF)», dit-elle. Mme Mekonbé Thérèse affirme que l’AFJT est un cadre qui a permis aux femmes de libérer la parole et de dénoncer toute forme de violences dont elles sont victimes. Mais il y a aussi des hommes qui vivent silencieusement ces violences et qui viennent aussi nous consulter, dévoile-t-elle.
Pour elle, le volet Aide juridique et Assistance judiciaire a beaucoup soutenus les femmes. « Dans ce mécanisme, les victimes reçoivent des orientations juridiques, pour un éventuel règlement à l’amiable. Si elles décident aller à la Justice parce qu’elles estiment traumatisantes les violences subies, nous leur rédigeons les requêtes et leur trouvons un avocat pour la suite de l’affaire ». Selon la présidente de l’AFJT, il n’y a pas une procédure spécifique. « La première chose c’est la sensibilisation de bouche à oreille. Les victimes viennent nous voir, après avoir obtenu gain de cause, d’autres leur emboîtent le pas », explique-t-elle. La chose la plus importante pour l’AFJT et primordiale, c’est l’écoute des deux parties (la victime et l’auteur), dit Mme Thérèse. « La Violence basée sur le genre (VBG) est une forme de violence commise à l’encontre d’une personne en raison de son genre ou de son sexe. Elle englobe les actes occasionnant des préjudices physiques, mentaux ou sexuels, les menaces de tels actes, la coercition et autre privation de liberté », note-t-elle.
Mme Thérèse précise que l’AFJT confronte les parties avant toute conciliation puis le règlement à l’amiable. Si cela abouti, les deux parties signent un procès-verbal, faisant foi et, consigné ensuite dans un document afférant pour d’éventuelles preuves. Tout se fait en respectant le principe de confidentialité, rajoute-t-elle.
Les statistiques des VBG
L’AFJT n’a jamais eu de problème avec les autorités judiciaires, elles collaborent plutôt bien, affirme Mme Mekonbé Thérèse. L’AFJT dit ne pas se mettre à la place des victimes. « Nous faisons un travail d’orientation, de plaidoyer et d’accompagnement. Nous fournissons chaque année des statistiques aux tribunaux et au ministère de la Femme, de la Famille et de la Petite Enfance ». D’après elle, l’AFJT fait des simulations pour dire que telle année, elle va écouter 100 à 200 personnes, mais cette estimation le plus souvent dépasse 300 victimes. « Nous sommes une véritable source d’information pour les autorités», précise la présidente de l’AFJT. Pour elle, leur association ne doit pas seulement être un centre d’écoute, mais une structure intégrée. « Nous avons d’autres volets comme la prise en charge médicale, psychologique sans oublier l’aspect administratif », dit la présidente. Pour le volet sanitaire, elle déclare que l’AFJT a un médecin qui assure la permanence deux fois par semaine pour recevoir les victimes des violences physiques avec des blessures parfois graves. Il les consulte et administre les premiers soins. Mais précise-t-elle, le médecin délivre le certificat médical aux victimes que si l’affaire doit être portée devant les tribunaux. « Les victimes qui ignorent cet aspect, dès qu’elles se présentent nous leur donnons cette information. Nous avons également un psychologue qui s’occupe des victimes des violences morales. Cette forme de violence est la plus dangereuse, car elle ronge et peut facilement tuer», lance la présidente.
Mekonbé Thérèse appelle à une prise de conscience des hommes et des femmes afin de stopper les VGB et les VFF. Pour ceux qui ignorent la mission de l’AFJT, la présidente réitère que l’AFJT ne pousse pas les femmes contre les hommes. Elle œuvre dit-elle, pour une vie sociale harmonieuse où chacun est respecté sans discrimination de genre ou de sexe. Elle salue l’accompagnement de ses partenaires notamment, l’ONG allemande « Pain pour le Monde » qui les accompagne depuis le premier jour. Aussi, elle n’oublie pas l’UNFPA qui appuie le volet écoute à N’Djamena et dans une quinzaine de provinces y compris au Lac Tchad ( Bol, Baga Sola et Liwa). « Mais la plus grande richesse, ce sont les femmes juristes et parajuristes qui constituent des ressources humaines importantes pour l’AFJT», conclut-elle.
Moyalbaye Nadjasna
Les maîtres communautaires ne supportent plus la manière dont ils sont traités par les autorités en charge de l’Éducation nationale. Ils réclament 3 mois de salaires coupés injustement par le projet PARSET, sans motif. Reportage.
Le bureau exécutif du syndicat des maîtres communautaires du Tchad menace de ne pas regagner les classes, si les autorités ne paient pas les 3 mois de salaire coupés, selon eux, sans motif valable par le projet PARSET. Pour le coordonnateur du bureau exécutif des maîtres communautaires, Balang-Nagué Jonathan la Banque Mondiale (BM) avait ordonné, dans un document, en juillet dernier le paiement par le ministère de l’Éducation nationale et de la promotion civique. Selon lui, dans ce document, il est ordonné un paiement de 6 mois de salaire, mais à leur grande surprise, ils n’ont reçu que 3 mois de salaire. Le coordonnateur estime que c’est injuste de couper 3 mois de salaire sans aucune explication. Les maîtres communautaires revendiquent le versement immédiat de ces 3 mois, sans cela, ils ne vont pas reprendre les cours. Ils énumèrent 6 points qui vont conditionner en classe. Ces conditions sont entre autres : le reversement à tous les contractuels et les lauréats maîtres communautaires de niveau 2, le paiement de tous les arriérés de la prise en charge de la BM, le paiement des arriérés de l’année scolaire 2014 à 2017, la rupture de contrat avec les 2 téléphonies mobiles, la nouvelle prise en charge de l’année scolaire 2021-2022 et la réhabilitation de tous leurs camarades pris en charge par la BM, qui n’ont pas gagné leurs subventions.
Le responsable du syndicat des maîtres communautaires affirme que sur les 19 000 enseignants pris en charge, seulement 12 000 perçoivent normalement le paiement par téléphonies mobiles. Selon Balang-Nagué Jonathan, 7 000 de ses collègues sont abandonnés. Il dénonce le mode de paiement par téléphonie et demande les autorités de résilier le contrat avec les 2 compagnies de téléphonie mobile. Le coordonnateur soutient que certains maîtres communautaires sont fatigués de faire recours aux responsables en charge.
Le responsable syndical affirme que ce mutisme est organisé par certains groupuscules qui cherchent toujours à saper le système éducatif pour satisfaire leurs intérêts égoïstes.
Jules Doukoundjé