La circulation routière dans la ville de N’Djamena, capitale tchadienne, est d’un désordre indescriptible. Sur la voie de contournement qui longe le marché de Dembé, c’est un enfer au quotidien. Les policiers sont impuissants. Reportage.
Un spectacle de désordre est quotidien sur la voie de contournement de Dembé. Les automobilistes, les motocyclistes et les piétons se donnent en spectacle. Les uns comme des cascadeurs, les autres comme des suicidaires. Le top du spectacle se déroule entre 16h et 18h. Certains particuliers embarquent les passagers dans leurs véhicules mal garés sur la voie, les chauffeurs des minibus avides de clients s’arrêtent en pleine voie sans se soucier d’autres usagers.
Ces comportements non citoyens provoquent souvent des embouteillages et créent des embouteillages monstres. Certains usagers qui sont peu patients vocifèrent, d’autres klaxonnent, d’autres encore lancent des injures. Les piétons faufilent dans ce désordre en esquivant moto et véhicules en prenant des risques inimaginables. Les agents de la police municipale sont souvent débordés.
Bienvenue Telbaye, se fraie difficile un passage parmi les engins. Selon lui, chaque jour ces scènes se répètent comme s’il n’existe pas la puissance coercitive de l’État. « Chose curieuse, ces scénarios malheureusement se déroulent parfois en leur présence. Tout ce qui les intéresse c’est arracher la clé des motos, traquer les porte-tout pour quelques miettes », regrette-t-il.
Brahim Ahmat au volant de sa voiture, affirme que les Tchadiens sont bizarres et ne cessent de surprendre avec leurs comportements peu orthodoxes. Il soutient que si ces choses se répètent c’est parce qu’il manque des mesures drastiques de la part des autorités en charge de la circulation. Selon lui si ces usagers véreux sont traqués et sévèrement amendés, ils ne vont pas répéter ces gestes d’incivisme. Il y a trop de laisser-aller c’est pourquoi le désordre s’est installé.
Les usagers doivent faire preuve de civisme. Les routes sont de biens communs. Elles doivent plutôt faciliter les déplacements. Nasson Keremba estime pour sa part que les autorités en charge de circulation devraient veiller à ce que la circulation sur cette artère soit fluide. Car dit-il, si rien ne se fait à des heures de pointe entre 16h et 18h, un jour des bagarres éclateront ou des accidents graves surviendront.
Moyalbaye Nadjasna
Le surveillant du Lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo a été poignardé par son élève hier mercredi dans l’après-midi au quartier Amriguebé, dans le 5e arrondissement de la commune de N’Djamena. Il a perdu sa vie sur le chemin de l’hôpital. Reportage.
La violence scolaire ne cesse jamais de faire couler le sang. Chaque année, des enseignants se font agresser par leurs élèves, et certains en sont morts. C’est le cas de ce jeune surveillant du complexe scolaire Lycée Toumaï, Ismail Alhadj Koulbo, assassiné par un élève de la classe de 3e. Sefa Ousmane Idriss, est un élève récalcitrant, qui a plusieurs fois agressé et menacé de mort les enseignants et certains membres de l’administration du lycée.
Ce mercredi 10 novembre, l’élève dans ces habitudes a encore menacé son enseignant. Pour mettre fin à cette unième agression, l’administration a convoqué la mère de Sefa Ousmane Idriss, mais le conseil a tourné au vinaigre et a coûté la vie du jeune surveillant lâchement poignardé par le jeune délinquant. Pour le censeur, Defallah Hamid, c’est un élève turbulent. A l’entendre parler, le surveillant l’avait déjà suspendu pour une semaine. Selon lui, après avoir purgé la sanction, l’élève a repris les cours, mais il a récidivé en menaçant de mort un enseignant en plein cours. Il souligne que cette situation avait mis mal à l’aise l’enseignant qui est obligé de venir se plaindre auprès du surveillant. « Le surveillant a appelé le jeune élève dans son bureau pour lui prodiguer de conseils, mais il a menacé qu’il va le tuer », explique le censeur du lycée. Selon le censeur, le surveillant était surpris par les propos de l’élève. Il était obligé de convoquer sa mère vers 11 heures. Après le conseil de l’administration de l’école a informé la mère qu’elle va exclure son fils pour menace de mort sur les enseignants, le surveillant et le censeur. « Quand nous avons informé sa mère que nous allons exclure son fils de notre établissement, elle nous a suppliés, mais nous lui avons dit que nous respectons le règlement de l’école », ajoute Defallah Hamid, le censeur du complexe scolaire Toumai.
Toujours selon le censeur, dans l’après-midi vers 14 heures, l’élève est revenu lui demander son dossier d’inscription. Mais il lui a demandé de voir avec le proviseur. « Même dans le bureau du proviseur, il continue à nous insulter, mais on n’a pas répondu. Après, moi et le surveillant étions sortis, et c’est en sortant qu’il nous a suivis dans mon bureau. Je suis ressorti et c’est après qu’il était entré dans le bureau et a devancé légèrement le surveillant avant de le poignarder à la poitrine, côté gauche », témoigne le censeur qui était présent. Le censeur dit avoir tenté d’arracher le couteau, mais le coup fatal était déjà parti. Conduit à l’hôpital, amitié Tchad-Chine, le jeune surveillant qui était à sa 2e année dans ce lycée a rendu est mort en route.
En donnant de conseils à l’administration du complexe scolaire Toumaï, le secrétaire général de la commune du 5e arrondissement Youssouf Yacoub Ibrahim appelle à la vigilance des responsables de l’établissement et exhorte ces derniers à un contrôle strict de tous les élèves, à l’entrée et à la sortie des cours. « Il faut contrôler tous les dossiers de nouveaux élèves. Un nouvel élève est toujours dangereux, il faut faire attention et être vigilant », conseille-t-il. Pour le SG de la commune du 5e arrondissement, enseignant de métier, il faut toujours chercher à connaître le passé des élèves qui arrivent nouvellement dans un établissement. Selon lui, le complexe scolaire Toumaï n’a jamais connu ce genre d’incidence. Il faut être vigilant pour éviter d’autres incidents mortels de ce genre.
Le Lycée Toumaï est en deuil depuis hier. L’établissement ferme ses portes en attendant que la police judiciaire finisse ses enquêtes. Le jeune délinquant, tueur est en garde à vue au commissariat du 5e arrondissement.
Aux dernières nouvelles, une réunion s’est tenue ce 11 novembre 2021, le Syndicat des enseignants du Tchad (SET), section de N’Djamena suspend les cours dans tous les établissements de la capitale à partir du vendredi 12 au lundi 15 novembre. Causes : compatir avec leurs collègues du Lycée Toumaï, suite de l’assassinat de M. Ismail Ahmat Koulbou. La sous-section SET de N’Djamena exige que l’auteur et ses éventuels complices soient traduits en justice. Le syndicat réclame que l’État assure la sécurité des enseignants.
Jules Doukoundjé
Pour mettre un terme aux activités marquant octobre rose 2021, mois dédié à la lutte contre le cancer par la communauté internationale, le ministère de la Santé publique à travers le Programme National de Lutte contre le Cancer PNLC, organise un dépistage gratuit du cancer du sein. Le dépistage est lancé depuis lundi 08 novembre à l’hôpital Tchad-Chine sis à Diguel dans la commune du 8e arrondissement de la ville de N’Djamena. Il se poursuivra jusqu’au 13 novembre et compte dépister 2000 femmes. Reportage
Ce dépistage consiste à faire la palpation mammaire des femmes afin de détecter si les seins sont en bonne santé ou malades. Les femmes, cible principale de ce dépistage gratuit, sont trop peu nombreuses à se présenter. Ce qui va compromettre l’objectif qui consiste à atteindre 2000 femmes. Les sages-femmes chargées de dépister les femmes ont consulté à peine 10 femmes par jour. Pourtant le cancer du sein est une maladie qui peut se soigner avec une guérison totale à la seule condition qu’on arrive à faire le dépistage très précocement. C’est la raison qui a poussé le Programme National de Lutte contre le Cancer à organiser ce dépistage gratuit.
Pour la sage-femme Achta Youssouf, deux jours après le lancement, seulement 17 femmes sont venues se faire dépister. Elle affirme que 3 cas sur les 17 sont suspectés d’être atteints du cancer du sein. La sage-femme indique que les cas suspects sont transférés à l’hôpital Tchad-Chine pour des examens supplémentaires. Selon la sage-femme, une sensibilisation se fait dans tous les services de l’hôpital jusqu’aux garde-malades et même dans les quartiers pour atteindre l’objectif souhaité. Madame Achta déplore le désintéressement et la réticence des femmes pour se faire dépister. Cela explique qu’on dépiste peu de femmes par jour, ajoute-t-elle. Toujours selon elle, malgré le fait que le cancer ait fait beaucoup de victimes au Tchad, les femmes continuent à ignorer son existence. Une telle attitude ne peut faciliter la lutte contre cette maladie.
Madame Achta affirme que conformément aux autres maladies, le cancer du sein exige la prévention. Elle passe absolument par la palpation mammaire qui se fait actuellement, insiste-t-elle. Elle appelle les femmes à sortir massivement pour se faire dépister. « Quelques conseils pratiques sont donnés aux femmes après le dépistage pour une autopalpation à la maison. C’est-à-dire, s’allonger sur le dos au sixième jour de son cycle menstruel pour palper ses seins. Les presser pour voir si un liquide va sortir et identifier la couleur de ce liquide. Constater s’il existe une différence entre les seins ou une modification de la peau des seins », précise-t-elle.
La sage-femme demande aux femmes dépistées de sensibiliser les autres, car le cancer existe, c’est réel.
Kouladoum Mireille Modestine
Le président du nouveau parti l’Union pour la Refondation du Tchad (URT), M Siddikh Abdelkerim Haggar lors d’un entretien, ce 8 novembre au studio Saleh Gaba de Ialtchad Presse, affirme que l’État doit exister. Selon lui, il faut des lois républicaines applicables à tous sans distinction pour éviter que les Tchadiens se divisent. Reportage.
M. Siddikh Abdelkerim Haggar, président du parti l’Union pour la Refondation du Tchad (URT), il y a des questions qui divisent et fâchent les Tchadiens. Il cite d’abord les conflits agriculteurs-éleveurs, le foncier, le rôle et les prérogatives des autorités traditionnelles. Il évoque la question de réforme de l’armée réputée, non républicaine par certains des Tchadiens, les crimes économiques et les crimes de sang. « Ce sont là les questions qui sèment la division aujourd’hui au Tchad. Si ces problèmes ne sont pas résolus, je pense que le Tchad va éclater en mini-morceaux », dit le président de l’URT.
Selon lui, pour résoudre de telles questions, l’on doit commencer d’abord par l’État. « Il faut que l’État existe, il faut que l’injustice et l’impunité soient mises fin. 2e il faut résoudre le problème de la transhumance, du foncier et des autorités traditionnelles », précise Siddikh Haggar. Il souligne que ces points mentionnés constituent de principaux facteurs des conflits agriculteurs-éleveurs. Le leader de l’URT remarque qu’aujourd’hui au 21e siècle on ne peut pas voir 100 millions de têtes de bétails, transhumés 365 jours sur 365 jours d’Est en l’Ouest, du Nord au Sud. Il propose plutôt que l’élevage soit modernisé. Car, dit-il, la Hollande par exemple, ne fait même pas le Chari-Baguirmi en termes de superficie et est premier pays producteur de lait. Concernant le foncier, le politique indique que chacun dit que la terre lui appartient, soit à ses ancêtres, soit à ses parents, etc. Aujourd’hui soutient-il, certains officiels tels que les généraux sont devenus de grands éleveurs qui traînent des millions de têtes de bétail. « Ce n’est plus l’élevage classique connu qui avec 10 ou 20 têtes de bétail », déclare-t-il.
Or, affirme-t-il, la population a augmenté. De 3 millions en 1960, le Tchad compte aujourd’hui 16 millions d’habitants. « Toutes ces bouches il faut les nourrir. C’est pourquoi il faut moderniser l’agriculture, l’habitat, les infrastructures. Et tout cela empiète sur la dette. Il faut bien définir clairement le cadre normatif de gouvernance du foncier. Si cela n’est pas fait, nous allons continuer à voir les familles tchadiennes endeuillées par les conflits agriculteurs-éleveurs », explique Siddikh Haggar. Le président de l’URT insiste sur la modernisation de ces deux pôles d’activités. Mais il estime pour sa part qu’il faut, une intervention de l’État avec des lois réellement républicaines et sans distinction. « Il faut aussi une administration professionnelle. Car nos villes et nos villages sont gouvernés parfois par des illettrés qui ne connaissent rien de la loi et des principes de la République », affirme-t-il.
M. Siddikh Haggar soutient que le Tchad a un sérieux problème. A son avis, il faut se référer à certains pays ou musulmans et chrétiens, éleveurs, agriculteurs cohabitent harmonieusement. « Il faut partir de ces pays et voir comment ils vivent et sont régis par quelles règles. Il n’y a qu’au Tchad et au Soudan qu’on parle de conflits agriculteurs et éleveurs. Tout simplement parce que la République n’est pas là. Ailleurs les gens appliquent la loi », s’interroge-t-il. Il cite en exemple, le Niger, le Cameroun, la Guinée, le Mali, etc. D’après le leader de l’URT, il faut aussi se demander comment ces pays ont fait pour avoir un Code de la famille et de personnes qui est unique pour tous ? Et comment ont-ils réussi à avoir la règle de transhumance respectée par tous ? Il conclut en martelant qu’il suffit de faire comme eux.
Moyalbaye Nadjasna
Jules Doukoundjé
Le président du parti Les transformateur, Dr Succès Masra s’est adressé depuis le balcon du siège de son parti, appelé « le balcon de l’espoir ». M. Masra s’est exprimé pendant une heure d’horloge, il appelle la jeunesse à rester debout. Le président du parti Les transformateurs exhorte les autorités du CMT à saisir l’occasion de la dernière chance qui s’offre à tous les Tchadiens pour tenir un vrai dialogue. Il affirme être pour un dialogue sincère et non un monologue. Minus de drapeau, plusieurs milliers de jeunes ont transformé la devanture du siège en un stade. Reportage.
Un monde fou, composé majoritairement de jeunes s’est rendu massivement samedi dans l’après-midi au siège du parti Les Transformateurs, au quartier Habena, dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena pour écouter le message du Président du Parti les Transformateurs, Dr Succès Masra. Minus des drapeaux, les jeunes entonnaient l’hymne national la Tchadienne pour accueillir leur président. Il est 16 heures, l’homme sort sur le balcon du siège de son parti, vêtu en veste blanche, colle couleur du drapeau tchadien. Il s’est adressé à la jeunesse pendant plus d’une heure. M. Masra a abordé plusieurs questions, surtout l’épineuse question de la transition devant conduire aux élections dans les mois à venir. Il déclare que rien ne peut se faire désormais sans la jeunesse et que les autorités du CMT ne devraient pas avoir peur de la jeunesse et surtout du parti les Transformateurs. Selon lui, le Tchad a besoin d’une vraie transition et qu’il était le premier à proposer un schéma d’une transition civilo-militaire. Le jeune homme politique qui s’est vu refuser Stade Idriss Mahamat Ouya a réussi le pari de remplir la devanture du siège de son parti. Pour lui, rien ne sera comme avant, il faut compter sur la jeunesse, pour un Tchad de demain qui doit rester solide sur ses deux pieds.
Au sujet du combat politique, il ajoute que personne ne peut arrêter la marche d’un peuple debout pour sa dignité. À son avis, cette dignité ne se vend pas. S’adressant à la jeunesse, il dit « vous êtes cette énergie renouvelable pour une cause commune. La transition se fera avec nous tous, ou alors personne ne gouvernera le Tchad dans l’apartheid et l’inégalité ». Dr Succès Masra exhorte les autorités du CMT et tous les Tchadiens épris de justice et paix à s’asseoir autour d’une table pour dessiner l’avenir du pays. « Asseyons-nous et cogérons cet avenir dans la sincérité et la vérité, car la vérité nous rendra libre », souligne, le président du parti Les Transformateurs. Le Président Succès Masra estime que l’organisation du dialogue devrait être une dernière chance pour le pays et qu’il faut l’organiser d’une manière véridique et sincère, en impliquant toutes les entités de la nation. « C’est la dernière chance qui s’offre au Tchad pour quitter les murs et les trous d’un Tchad d’apartheid et d’inégalité, afin de construire les ponts d’un Tchad de justice, d’égalité et d’opportunité pour tous ses enfants », insiste le jeune homme politique. Il avertit par ailleurs que si cette chance d’un Tchad qui marche enfin sur ses deux jambes n’est pas saisie, personne ne gouvernera le pays et il y aura plusieurs Tchad à gouverner.
Concernant le creusage de la tranchée autour de N’Djamena, il précise qu’on ne construit pas une tranchée dans une ville, mais des ponts. Car, ce sont les ponts qui unissent et non une tranchée.
Il annonce un prochain meeting au stade Idriss Mahamat Ouya de N’Djamena, une caravane nationale dans toutes les provinces du pays pour une sensibilisation de la grande masse. Il demande à la jeunesse de se mobiliser pour remplir le stade et envoyer ainsi un message fort aux autorités de la transition que rien ne peut désormais être comme avant.
Jules Doukoundjé
Une foule immense des militants du parti les Transformateurs du Dr Succès Masra s’est fortement mobilisée ce 6 novembre. Le siège du parti à Abena dans le 7e arrondissement de N’Djamena capitale tchadienne était noir de monde. Danses, youyous entre coupés des chansons ont agrémenté une ambiance bon enfant. Reportage.
Prévu pour être tenu au stade Idriss Mahamat Ouya dans le 3e arrondissement de N’Djamena la capitale tchadienne, le meeting des Transformateurs n’a pas été autorisé par les autorités tchadiennes. Mais des milliers de militants se sont donné rendez-vous devant le siège de leur parti sis au quartier Abena. C’était la grande messe sous le « balcon de l’espoir », surnom donné par les militants lorsqu’ils se retrouvent devant leur siège où apparaissent le leader Succès Masra et ses lieutenants. Ce fut le cas ce 06 novembre. Une démonstration de force. Drapelets aux couleurs nationales en mains, inscriptions sur des papiers blancs dénonçant la France « non à l’ingérence de la France, révision de la charte », etc. Venus de tous les arrondissements de la ville et de ses environs, tous ont soif d’écouter le message de leur leader Succès Masra. Mais avant cela, sous le balcon les danses modernes, traditionnelles ou culturelles ont rythmé la rencontre, des vacarmes des chansons s’élèvent d’une manière stridente, des cris de youyous ont fait vibrer le siège des Transformateurs. Et voisins qui ont des maisons à étage, ont profité du spectacle de l’évènement.
Tour à tour, l’artiste rappeur Rais’Kym animateur de la cérémonie invite les leaders et jeunes transformateurs à prendre la parole. Selon lui, les jeunes transformateurs ne cesseront de s’insurger contre les barbaries que subissent à chaque fois les marcheurs. Ricardo Nanadoumngar, ex-animateur de la Radiodiffusion nationale tchadienne (RNT), a rejoint officiellement les rangs des Transformateurs. « Dans une République normale avec des hommes normaux, on ne peut pas réveiller à 5h du matin un citoyen avec de lacrymogène par ce qu’il se réclame transformateur. Moi Ricardo je n’en peux plus et je suis transformateur. Je n’ai pas servi le défunt président Idriss Deby Itno, mais le peuple jusqu’à sa mort et je l’assume parce que j’ai fait mon travail de citoyen », déclare-t-il. Les Transformateurs, dit-il, ne sont jamais dans la violence, ils veulent le dialogue, mais le vrai dialogue. « Je ne suis pas venu ici comme un plaisantin, je veux vous dire une seule chose, si je dois tomber sur-le-champ de bataille, j’ai dit à mes enfants, chaque fois que je sors de la maison considérée votre papa comme défunt. Mais pour la patrie je suis prêt à mourir avec les transformateurs », ajoute M Ricardo.
Une militante demande que la paix soit avec tous. Gédéon, un autre jeune transformateur, déclare « un jour, un jour nous allons vaincre ». Pour M. Masri, l’un des leaders des Transformateurs, « on a commencé avec un petit groupe aujourd’hui on tient 80% du Tchad. Parce que la jeunesse est l’avenir du Tchad et nous représentons la jeunesse. La Terre promise est à portée de main et soyons confiants Transformateurs. Nous arriverons inch Allah. » Selon Dr Sitack Yombatnan les Transformateurs et Wakit Tama empêchent le ministre de la Communication porte-parole du gouvernement Abdraman Koulamallah et le Conseil Militaire de Transition de dormir. Il se désole qu’on les empêche de tenir leur meeting au stade Idriss Mahamat Ouya. « Un stade qui a été construit par notre argent on nous refuse l’accès. Une personne au ministère de la Jeunesse m’a informé que même quand le parti Mouvement Patriotique du Salut (MPS) veut faire quelque chose là-bas il ne demande pas d’autorisation. Pourquoi a-t-on peur des Transformateurs et Wakit Tama ? Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil apparaîtra », lâche-t-il.
Moyalbaye Nadjasna
Le curé de la paroisse St Isidore Bakandja de Walia Goré, dans le 9e arrondissement de la commune de N’Djamena, abbé Madou Simon-Pierre a été agressé par les militaires qui accompagnaient la Société Nationale d’Électricité (SNE) dans sa mission de contrôle des clients. Selon les témoins rencontrés dans la paroisse, le curé qui cherchait à photographier les 3 véhicules militaires a été giflé, puis son portable a été arraché. Reportage.
3 véhicules remplis de militaires étaient arrivés le 3 novembre dernier sans demande d’autorisation pour se reposer dans la cour de la paroisse St Isidore Bakandja de Walia Goré, dans le 9e arrondissement de la commune de N’Djamena. Le gardien de cette paroisse s’est approché des militaires pour savoir l’objet de leur visite. Les militaires lui ont bonnement répondu qu’ils accompagnent l’équipe de contrôle de la SNE et en attendant l’arrivée du reste de l’équipe, ils veulent se reposer dans la cour de l’Église. Selon le gardien de la paroisse, c’est pour la première fois que les militaires entrent dans ce lieu de prière et en tant que premier responsable de la sécurité, il en a informé le curé. Pour le laborantin du centre de santé de cette paroisse et témoin des faits, les militaires étaient arrivés vers 8h30, sans demander l’autorisation d’entrer. Selon lui, informé par les membres de la paroisse et le gardien, le responsable de la paroisse a voulu photographier leurs camions et cela a irrité les hommes en treillis qui ont fini par le gifler.
Les témoins indiquent aussi que les agresseurs ont par la suite cherché à s’enfuir vers la forêt de Walia. Ils ont été rejoints par le prêtre et par quelques-uns de ses fidèles. Après les réactions des fidèles de la paroisse, les militaires ont tenté de justifier leur forfait en disant que le curé ne leur a pas spontanément offert la place au sein de son église pour qu’ils se reposent.
Cette violation du lieu de culte a fait réagir plusieurs communautés chrétiennes de la capitale, des intellectuels et certains membres de la société civile. Le président de la commission nationale des droits de l’homme (CNDH) Djidda Oumar Mahamat s’est insurgé contre de tels agissements qui constituent une violation d’un lieu de culte et un traitement inhumain et dégradant. Il appelle le ministère de la Justice et le ministère délégué à la présidence du conseil, chargé de la défense nationale que les auteurs de cet acte soient poursuivis et punis conformément aux lois en vigueur. L’archevêque de N’Djamena, patron de l’église catholique du Tchad, s’est rendu sur le lieu pour constater les faits. Une réunion diocésaine est en cours pour faire le point sur l’agression du curé, abbé Madou Simon-Pierre, de la paroisse st Isidore Bakandja de Walia Goré.
Jules Doukoundjé
Les ressources humaines (RH) constituent un capital important de développement d’un pays. Le système des Nations unies en partenariat avec le gouvernement tchadien œuvre pour améliorer les conditions de vie de la population. Reportage.
Pour atteindre les objectifs de l’axe 4 du Plan national de développement (PND) et s’inscrire sous l’Agenda 2030 des objectifs de développement durable (ODD), le capital humain est incontournable. Depuis quelques années le gouvernement du Tchad et son partenaire multilatéral, le système des Nations unies (SNU) investissent dans le développement du capital humain. Selon le rapport du SNU de 2020 publié en mars 2021, les secteurs clés sont l’éducation, la santé, le genre, l’environnement et l’économie. Toutes ces entités étatiques ont été mises à contribution ainsi que toutes les agences des Nations Unies activent au Tchad.
Au sujet de l’Éducation, d’importantes réalisations relatives au développement du capital humain se dégagent dans ce rapport. Il est écrit dans le rapport « l’amélioration de l’offre des services éducatifs et l’élaboration du plan intérimaire de l’éducation au Tchad(PIET) et la production de la statistique scolaire 2018-2019 et 2019-2020. Ce qui permet de mieux suivre les projets et programmes, mais aussi servir de base pour la formulation de politique éducative au Tchad. » Selon toujours ce document, la contractualisation et la formation des enseignants a augmenté la proportion d’enseignants qualifiés au niveau fondamental et non formel de 30% en 2029 à 67% en 2020. 24 % des jeunes de deux sexes en ont bénéficié en situation d’urgence dit le SNU.
En santé, le PNUD affirme que les années 2019-2020 à nos jours sont marquées par l’avènement de la Covid-19. Le système des Nations unies précise dans son rapport que la réalisation des objectifs a été perturbée. Les ressources autant humaines que financières touchées, signale le document. Toutefois, le SNU a disposé d’un appui technique et matériel dans le cadre de protection, de la surveillance épidémiologique et de riposte contre covid-19. L’institution onusienne relève aussi les efforts consentis en 2020 pour l’hygiène et l’assainissement. Le taux de défécation à l’air libre qui était à 67% en 2017 a baissé à 65,6 % en 2020. 414 770 communautés vivent désormais dans un milieu assaini. 72 947 personnes ont accès à l’eau potable et 26 680 personnes ont accès aux installations sanitaires dans les milieux ruraux.
Défis du développement
Les mesures sanitaires dues à la Covid-19 ont limité selon le rapport la mise en œuvre des activités du développement du capital humain. Il y a des difficultés de transfert de fonds, de collecte d’informations des partenaires qui ne disposent pas de bases de données pour le suivi des interventions inscrites dans le plan-cadre de développement. Les pesanteurs socioculturelles entravent la demande de service et développent la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH-Sida. Le document note l’insuffisance des ressources humaines sur le plan qualitatif et quantitatif tant au niveau opérationnel que central.
Le rapport du SNU recommande une évaluation des cours à distance pour s’assurer des impacts et l’accès au cours des enfants en milieu rural, évaluer l’année scolaire 2019-2020 avec le comité interministériel, élaborer un guide sur le minimum requis d’intervention dans une école au Tchad, etc.
Moyalbaye Nadjasna
Le comité technique, chargé de l’organisation du dialogue national inclusif (DNI) travaille d’arrache-pied pour la réussite de sa mission. Le président de ce comité, Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor Armand explique ici comment la structure qu’il dirige travaille sans relâche pour relever le défi de l’organisation. Reportage.
Le comité technique chargé de l’organisation du dialogue national inclusif (DNI) travaille sans relâche pour la réussite de sa mission affirme son président Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor Armand. Nommé le 2 juillet dernier, ce comité a pour mission de préparer les conditions permettant de prendre part au DNI prévu pour la fin de ce mois. Le comité technique se fixe une mission de créer un cadre à tous les Tchadiens d’identifier et d’analyser les maux qui minent le pays. Pour M. Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor Armand, la préparation avance bien.
Selon lui, la préparation a 3 étapes : la première étape après la mise en place du comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI). Cette phase rassemble les informations et prépare le prédialogue dans les provinces et la diaspora. Le 2e axe, ce sont les réflexions et les préparations des documents par les groupes thématiques composés de 6 sous-comités thématiques. Le président du comité technique indique que ces 6 sous- comités thématiques travaillent sur la question de reformes de l’État, la constitution, le processus électoral, les droits et libertés fondamentales, les politiques sectorielles, les questions sociétales et de l’organisation matérielle du dialogue. Pour lui, pendant que les consultations ou le prédialogue se déroulent dans les provinces et à l’extérieur, 60 pour cent des missions sont réalisées et que le reste de la mission va s’achever la fin de cette semaine. Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor indique que les sous-comités sont en train de préparer les premiers documents qui devraient servir, mais aussi, vont intégrer les recommandations et les conclusions du prédialogue. Il souligne par ailleurs que le 3e niveau qui concerne la préparation qui va précéder les rapports, est la consolidation et les discutions au cours d’un conseil scientifique de tout ce qui se prépare sur le plan thématique et tout ce qui vient du terrain, afin de finaliser le rapport. Il note que ce rapport sera soumis au gouvernement la fin de ce mois selon le calendrier prévu. Le responsable du comité technique de l’organisation du DNI précise que le gouvernement aura les éléments de proposition sur le format du dialogue, sur l’agenda, sur la liste des participants, sur les thématiques, sur les sujets et tout ce qui devrait alimenter le dialogue.
Au sujet de la frustration de certains membres de la société civile de l’organisation du prédialogue dans les provinces, M. Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor Armand déplore ces incidents et fait comprendre que le Tchad vient de loin et qu’aujourd’hui, il faut dire que le dialogue est avant tout citoyen, même s’il a des aspects politiques. À son avis, on a l’impression que certains hommes politiques s’empressent, alors qu’on aurait dû laisser la société civile et les citoyens se retrouver entre eux et parler du Tchad et que le politique vienne leur proposer son agenda. « Nous avons des questions de cohabitation, de coexistence, la forme de l’État. Toutes ces questions voudraient que ce soit discuter à visage découvert, mais parfois on a l’impression que certains courants pensent qu’à coup d’agitation on peut anticiper sur les choses », affirme le patron du comité technique de l’organisation du DNI. Il estime que tout Tchadien doit comprendre qu’on doit échanger à visage découvert, non pour faire le procès des uns et des autres, mais pour se projeter un nouveau Tchad. Il prévient qu’il ne faut pas s’attendre à ce que tout soit comme sur des roulettes, il peut avoir des ratés. Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor exhorte toutefois la société civile à s’approprier du processus. « Dans l’histoire d’une nation, quand il y a des tels moments, c’est important de savoir comment s’est tenu dans la roue de l’histoire et pouvoir apporter sa contribution », ajoute-t-il. À l’en croire, en tant qu’instrument technique, ils voudraient que tout aille au mieux, mais comme ils n’ont pas le monopole, il peut y avoir des ratés et qu’il faut travailler pour que le dialogue soit à la base un dialogue citoyen.
Il est urgent de remettre le pays sur les rails
Le président du comité technique de l’organisation du DNI affirme qu’il est urgent de s’asseoir et de discuter que de s’exclure et critiquer. Il estime que les Tchadiens se sont exclus pendant des années. Selon lui, cette stratégie n’apporte rien et que la nature a aurore du vide. « Il n’y a pas d’exclusion, nous faisons de notre mieux pour que tout le monde soit inclus », dit-il. Il appelle les Tchadiens à se surpasser et de croire aux vertus du dialogue, même si l’on n’a pas encore reçu à obtenir les vrais résultats d’un dialogue.
Au sujet de la participation, il souligne que les comités ad hoc seront mis en place dans les jours à venir et ces comités vont travailler sur les projets et les règlements intérieurs, sur la liste des participants et sur la configuration de l’agenda. Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor précise que la tournée pour le prédialogue se passe bien, il n’y a pas d’incident majeur, même s’il y’a de mécontentement exprimé. Il indique que les Tchadiens ne croient pas beaucoup à ce qui se passe et que cela constitue une barrière majeure. Il exhorte, tous les tchadiens, à s’asseoir autour d’une table pour discuter de l’avenir de leur pays. Personne ne fera ce travail à leur place.
28 ans après la première conférence nationale souveraine de 1993 qui devrait apporter un changement profond, le Tchad est toujours à la recherche des solutions pour jeter les bases pour sa refondation et pour le changement socio-économique.
Jules Doukoundjé
Les travaux préparatoires du dialogue national inclusif (DNI) de la commission technique avancent. La rédaction a rencontré ce 3 novembre 2021, Dr Alfred Ramadji, président de la commission technique numéro 2, chargée des réformes de l’État, des institutions et du processus électoral. Il explique la substance de la mission qui leur a été assignée. Reportage.
Selon Dr Alfred Ramadji, président de la commission technique numéro 2, chargée de réformes de l’État, des institutions et du processus électoral, sa commission est constituée d’une cinquantaine de membres. Il précise qu’ils ont commencé a travail depuis un mois. L’expert affirme que dans leur mission est de repenser les bases d’un nouveau Tchad pour l’ensemble des Tchadiens à fonder après le dialogue national inclusif (DNI). Pour lui, la principale question, c’est comment faire pour harmoniser les textes républicains avec les nouvelles institutions étatiques ? Répondre à cette question, c’est accomplir la mission qui leur a été confiée, affirme-t-il.
Le technicien soutient que sa commission est organisée en trois sous-groupes de travail. Le premier s’occupe de réformes constitutionnelle et institutionnelle, le second de la gouvernance locale et de l’administration territoriale et le troisième se charge des partis politiques et du processus électoral. Il précise que leur mandat n’est pas d’écrire une nouvelle constitution, mais de poser essentiellement les balises. L’analyste détaille que dans le chapitre constitution et institutions, ils partent de tout ce qui existe déjà sans inventer la roue. Il soutient que le Tchad a eu des textes et de constitutions (1996, 2018) qu’il suffit juste de faire des retouches à travers une analyse comparative. « Voir pourquoi cela n’a pas marché? Ce qui a été moins fait ou bien fait? Qu’est-ce qu’on peut améliorer, ôter ou changer ? », dit-il. Seulement, ajoute-t-il, en tant qu’experts, ils vont s’inspirer aussi de ce qui se fait ailleurs pour trouver une formule consensuelle.
M. Alfred Ramadji affirme que c’est le même travail qui sera fait au niveau de réformes institutionnelles. Selon lui, les techniciens se soucient d’une chose : mettre des institutions solides pour le Tchad. « Le défaut dans notre pays c’est parce qu’on érige des institutions à la tête des personnes. Cela n’est pas digne pour un pays qui doit survivre. L’essentiel pour nous les Tchadiens, nous devons doter notre pays des institutions fortes et démocratiques », argumente-t-il. Pour les tchadiens sont comme Sisyphe, condamné à rouler de grosse pierre jusqu’au sommet et à chaque fois qu’il fournit l’effort pour y arriver, la pierre retombe. Les Tchadiens sont dans une situation d’éternel recommencement. Il faut d’après lui, éviter de revenir à la case de départ. « On vient de tout bord pour une cause commune. On ne vient pas défendre une chapelle, mais pour diagnostiquer tout ce qui est mauvais et sans passion. Nous devons tirer les conséquences inhérentes, les forces et les faiblesses de nos travaux techniques et proposer de pistes de solutions ».
Pour le président de la commission technique n2, l’engagement des experts surtout pour celle qu’il conduit est encourageant. Il note la volonté et la détermination de son équipe. Selon lui, ils travaillent en plénière chaque jeudi, vendredi et samedi sans relâche pour atteindre leur objectif. Dr Alfred affirme qu’un doyen parmi les experts disait, « je pensais qu’en 1993 au sortir de la conférence nationale souveraine, la question de l’État de droit serait réglée définitivement au Tchad. Malheureusement, 30 ans plus tard, le pays revient au point zéro. » D’après lui, c’est regrettable, mais c’est aussi un défi lancé à tous les Tchadiens de ne plus revenir en arrière. Ce dialogue qui pointe à l’horizon doit être une véritable opportunité pour redresser le Tchad, insiste-t-il. Il martèle que dans sa commission, les experts discutent de manière franche et sans passion afin de faire de bonnes propositions.
« L’œuvre humaine n’est jamais parfaite, mais j’ai espoir que le dialogue à venir va bien se passer. Seulement les Tchadiens doivent comprendre qu’on ne vient pas au dialogue pour arracher le consensus, mais pour le trouver. L’enjeu c’est le Tchad. »
Moyalbaye Nadjasna