samedi 23 septembre 2023

Édito

Édito (55)

Donc Deby père n’est plus. C’est Deby fils qui est là. Il est imposé par un groupe des généraux au mépris des textes de la République. Il est adopté par l’État-major militaire du grand chef blanc, la France, au mépris de la souveraineté du pays. Les deux cercles sont copains-copains. Ils ont créé le Conseil Militaire de transition et ses organes. Le Conseil National de Transition (CNT) et le gouvernement de transition. Un Premier ministre (PM) vient d’être nommé. Il s’agit de Pahimi Padacké Albert (PPA). Est-ce le bon choix? Que peut-il apporter de neuf celui qui a été le dernier Premier ministre du père? Et le tout premier Premier ministre du fils?

D’abord lorsque la primature fut abolie par le défunt président, PPA, dit-on, se vantait de dire que c’était parce que le président ne le supportait plus. Le voilà de retour. Espérons que le fils puisse le supporter durant les 18 mois de transition. Le choix de PPA donne le sentiment que le fils est dans les pas du père. Et PPA est la caution civile de la junte. Elle n’a pas fait beaucoup d’efforts pour trouver quelqu’un de plus rassembleur. Quelqu’un qui a une forte personnalité. Et qui peux animer un gouvernement de crise. Et qui puisse dire, de temps à autre, par nécessité et Intérêt Général non à la junte.

Aussi, le choix de PPA ne semble pas être un choix consensuel, mais plutôt un choix dans la droite ligne du père. Un choix comme une prière au nom du père. C’est un signe que Deby Itno vivant aurait fort probablement choisi comme Vice-président la même personne. PPA est réputé être un « accompagnateur professionnel ». Le nouvel homme fort aurait dû faire un autre choix. Un choix nouveau. Différent. Un choix osé dans un contexte particulier où il faut chercher à apaiser, à rassurer. PPA réussira-t-il? Surprendra-t-il? Difficile à dire. L’intéressé demande l’union sacrée. Vœux pieux. Impossible de l’avoir lorsqu’on est plus imposé que nommé. PPA n’est pas la solution, il est une partie du problème. Il est bien vrai qu’en politique presque tous les coups sont permis. La junte par son choix recycle PPA pour s’assurer que le système battu par le père puisse continuer à servir de levier au fils. Et d’accoudoirs aux alliés du parti au pouvoir. PPA n’apportera rien de nouveau. Rien de plus. Il est et restera une continuité. Il reprend la primature où il l’a laissé. Il fera semblant de faire du neuf avec le fils.

Ensuite, tout le monde suit depuis quelques jours les sorties baveuses du patron du parti au pouvoir le Mouvement patriotique du Salut (MPS).
Zene Bada se débat comme un diable dans l’eau bénite pour dire aux Tchadiens que le Tchad est un pays particulier. Et qu’heureusement il y a le CMT. Il est pieds et mains liées à la junte. Alors qu’il pouvait si le MPS était un vrai parti demander une transition civile. Cela aurait été au bénéfice du parti et de son Secrétaire Général. Le MPS aurait pu enfin se remettre en cause, débattre entre membres, restructurer, animer l’héritage du président Deby Itno et de mesurer son réel poids lors des prochaines échéances électorales. Au lieu de s’atteler à relever ce défi, le parti de Bamina s’adonne à son exercice favori : la paresse intellectuelle et la servitude volontaire au profit du fils Deby. Sur le plateau du journaliste Alain Foka, le militant des droits humains M. Ibedou a bien résumé les ambitions du MPS. Étape 1 : faire démissionner Mahamat Idriss Deby de l’armée. Étape 2 : le propulser président du parti. Étape 3 : faire de lui candidat. Étape 4 : le faire élire président.

Enfin, la junte change de position. Elle referme la porte du dialogue parce qu’elle a entendu de la bouche du grand chef blanc un soutien inconditionnel doublé d’une menace envers quiconque menacerait le pouvoir du fils de l’ami de la France. L’ami du père est forcément l’ami du fils. Quelqu’un disait que les pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Emmanuel Macron fait croire que son adoubement empressé n’est que de l’affection amicale au fils éprouvé. Les Tchadiens regardent tout cela étonnés et fâchés. La France n’a encore rien compris à ce pays. Son empressement à imposer la junte ne résoudra rien. Cela risque même d’envenimer les choses comme à l’époque du Conseil Supérieur Militaire (CSM). D’ailleurs ce CMT ressemble un peu au CSM. Le refus du dialogue avec la rébellion du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) est une mauvaise idée. La junte, forte du soutien de la « France jupitérienne » campe sur ses positions au nom du Père, du Fils et de de Jupiter, Macron.

Bello Bakary Mana

Donc le président Deby Itno est mort. Il est mort, peut-être, comme il le désirait : sur-le-champ de combats. Paix à l’âme de ce fils du pays. Ialtchad Presse salue ici le chef qu’il a été bien que la rédaction n’a pas toujours été d’accord avec sa méthode de gouvernance. Nos traditions tchadiennes nous obligent à jeter à la rivière les divergences après la disparition d’un compatriote. Les mêmes traditions nous obligent aussi à se tenir silencieux durant la période de deuil, mais la situation du pays oblige la rédaction à exprimer son désaccord.

Le chemin emprunté pour assurer la transition n’est pas le bon chemin. Suspension de la constitution, dissolution de l’assemblée nationale et du gouvernement. En lieu et place, les Tchadiens, surpris, ont désormais un Conseil Militaire de Transition composé uniquement des généraux. Durée :18 mois. Pourquoi ce schéma n’est pas bon pour le pays? Pourquoi la France est à la manette? Pourquoi? Pourquoi?

D’abord le rôle complice de la France dans cette boiteuse transition. On attendait que la France républicaine rappelle clairement à ceux qui tentent de garder le pouvoir de respecter la Constitution tchadienne. Non. Les Tchadiens constatent que la « France francafrique » s’embarque dans ses vilaines pratiques et s’autorise à parler pour les Tchadiens. On entend des analyses bidon sur les médias français jouer aux antennes propagandistes : alliés, partenaires, etc. Et cerise sur le gâteau, un communiqué de presse dit en substance « l’attachement de la France à la stabilité et à l’intégrité du territoire tchadien ». Dans le même communiqué, cette maladroite France dit prendre acte de la mise en place du Conseil Militaire de Transition (CMT). En quoi la France est-elle concernée dans le destin du Tchad? Dans cette sortie, la France cautionne non seulement un coup d’État du CMT, mais elle veut imposer aux Tchadiens les mêmes personnes, le même système qui durant plus de 30 ans a asservi le Tchad. Pire, ce CMT n’a aucune légitimité, aucune légalité. Il n’est pas créé et mis en place pour les intérêts des Tchadiens. Il est mis en place pour les intérêts de la France, du clan au pouvoir et de ses obligés. Ce CMT n’est qu’une machine à déclencher la guerre civile. Une guerre civile qui sera dévastatrice. Une guerre civile dont la France sera responsable.

Ensuite le CMT est une mauvaise idée. Les Tchadiens observent toutes ces manigances avec beaucoup de flegme, mais cela n’est que trompe-œil. Déjà les tensions sont constatées ici et là dans les casernes. Et surtout, une chevauchée de l’opposition armée n’est pas à exclure, si le CMT insiste ou persiste à vouloir confisquer le pouvoir. On entend les spécialistes d’un jour parler de l’armée tchadienne, mais les Tchadiens savent entre eux qu’il n’y a pas une armée tchadienne structurée qui pourra jouer son rôle d’arbitre en protégeant la République. Il y a plutôt une bande de guerriers habituée à protéger un système clanique sous les radars de la France. Une armée qui au fil du temps est devenue un supplétif de l’armée française. Tout cela, les Tchadiens en sont conscients. Ils ne veulent plus qu’on leur confisque leur destin par toutes sortes d’entourloupes.

Aussi, ce qu’il faut aux Tchadiens est simple. C’est premièrement que le CMT fasse marche en arrière en permettant un retour à l’ordre constitutionnel. Deuxièmement, former un gouvernement d’union nationale composé des Tchadiens compétents et dévoués à assurer la transition avec pour seule mission la réussite de cette transition. Troisièmement, cette transition convoquera une grande conférence de vérité où tous les Tchadiens viendront discuter de leur avenir. Cette transition aura aussi la responsabilité d’accoucher une nouvelle constitution et d’organiser des élections libres et transparentes. Une des règles de cette constitution consistera à bannir la lutte armée. À sacraliser la démocratie comme seul moyen d’accéder au pouvoir. À protéger la Presse et la consacrer comme chienne de garde de la démocratie. À limiter le nombre des partis à 4 grandes familles politiques, selon les valeurs dominantes socioculturelles du pays. Cela pour éviter l’héritage des myriades des partis politiques qui ne sont des partis que de nom. Et qui n’existent que pour pervertir les mœurs politiques.

Enfin, quelle honte! On entend les « petits caciques » du moribond parti au pouvoir le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) les Zen Bada et les Padaré de ce monde nous sortir la chansonnette de défense de la patrie,  de l’intégrité du territoire pour justifier le coup d’État du fumeux CMT. Le MPS est mort avec son président fondateur, cela il faudra que les dirigeants de cet ex-parti le comprennent, l’assimilent et l’acceptent.

Aux dernières nouvelles, le CMT propose dans sa Charte de transition la mise en place deux organes dénommés : Conseil National de Transition (CNT) qui jouera le rôle du parlement et un gouvernement de transition qui s’occupera des affaires courantes. Une autre manigance de taille est glissée dans l’article 89 de cette charte. Elle dit que la durée initiale de 18 mois peut être prorogée une seule. Bref, 18 mois de plus. Donc, offrir la possibilité au CMT de durer 3 ans.  La majorité des Tchadiens ne veut pas de ces combines qui mèneront le pays dans une aventure sans lendemain. Le Tchad de demain se fera sans ceux-là mêmes qui ont mené ce pays dans le gouffre. À moins d’être entendus et pardonné. Et la France n’imposera rien au pays des hommes libres et fiers.

Bello Bakary Mana

Donc le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, a fait le plus difficile : renverser une dictature féroce. Et n’arrive pas à faire le moins difficile : être un grand parti d’idées. Pourquoi?

D’abord, l’animation de la vie politique. Le MPS devait s'en occuper comme les prunelles de ses yeux. Hélas, le constat est plus qu’amer. C’est le désert politique. Ce mouvement qui s’est défini comme le Salut du pays n’a pas réussi à se transformer en un véritable parti politique porteur de grandes idées révolutionnaires. Il n’a pas non plus réussi à tirer vers le haut l’opposition. Depuis trois décennies ce parti n’a pas su ou pu conquérir les esprits. Le président Deby Itno et ses amis se sont contentés du pouvoir. Ils n’ont pas mis leur mouvement à l’abri de l’histoire. Pourtant, ce mouvement a une belle histoire. Pour rappel : tout a commencé avec le mouvement du 1er avril 1989, œuvre de quelques officiers à leur tête l’actuel président Deby Itno. C’est une histoire réelle mais qui avait un côté romanesque tellement le régime Habré semblait invincible. Ces jeunes officiers prennent le maquis. Un an plus tard, ils arrivent au pouvoir en chassant une dictature qui a fait 40 000 morts. Ils proposent à leurs compatriotes : la liberté et la démocratie. Ils avaient tout pour réussir. Ils ont tout fait pour échouer. Aujourd’hui la belle histoire a tourné en fiasco. Le MPS n’est plus que l’ombre de lui-même.

Ensuite, vu de l’intérieur, le MPS est un vrai « souk ». Sa structure administrative, sa hiérarchie, l’engagement militant sont vidés de leur sens. Un indescriptible désordre y règne. Le Secrétariat général du parti n’a aucune initiative sauf celle que le Palais Rose veuille bien le lui laisser. Il est réduit à gérer les batailles de tranchées des différents groupes d’intérêts. Pas de place pour des courants de pensée. Des clans sévissent les uns, les autres, se coltinent pour un oui ou pour un non. Une sorte de mêlée générale où les cancans des militants et des commerçants-militants a remplacé les idées. Il n’y a pas des visages porteurs d’idées. Ceux qui ont essayé d’implanter la culture de débats d’idées ont tous échoué. Au MPS on n’aime pas les idées. On déteste les intellectuels. On aime le folklore. La culture du « bling-bling » et du brouhaha stérile s’est incrustée au plus profond des entrailles du parti

Conséquences : le MPS est une maison vide. Pour comprendre cela, il suffit de suivre la présente campagne présidentielle. Aucune idée neuve. Aucun débat nouveau. Pourtant les sujets ne manquent pas comme par exemple le nouveau régime appelé avec pompes et sirènes « présidentiel intégral ». Il est en soi un sujet de débat. Les cadres du ce parti sont incapables de meubler leur maison fondée depuis plus de 30 ans.

Aussi, on n’entend ni le parti, ni le candidat, ni ses alliés aborder les problèmes du quotidien des Tchadiens. Par exemple les délestages intempestifs d’électricité. D’ailleurs, ils ont repris de plus belle en cette période de chaleur intense. Le mois de ramadan approche à grands pas, mais aucune solution ne pointe à l’horizon. Le parti du Maréchal candidat mène campagne en faisant fi de ce problème. Pas un mot, pas une seule idée pour amorcer un début de solution à un problème de plus de 15 ans. Fatigués, des citoyens se sont organisés pour dénoncer l’incapacité de la Société Nationale d’Électricité (SNE) à fournir l’électricité à ses clients. Une pétition pour une répartition équitable et permanente de l’électricité à N’Djamena circule sur le Net (secure.avaaz.org). Les Tchadiens veulent que le candidat du MPS parle de leurs difficultés : l’eau potable, l’électricité, la lutte contre le paludisme, la cherté de la vie, la santé pour tous, etc.  Le Maréchal est muet sur ces sujets concrets.

Enfin, au lieu de parler des difficultés de ses compatriotes, le Maréchal et ses amis se perdent dans des bravades stériles. L’une de dernière sortie du président candidat est de clamer publiquement que la démocratie n’est pas le désordre. Oui mais la démocratie c’est aussi la liberté de manifester pacifiquement. Une sortie en chasse une autre, la toute fraiche trouvaille du Maréchal est de dire publiquement lors de son meeting dans la ville d’ Amtimane ceci : « la démocratie nous ne l’avons pas apporté par avion ni par bus. Nous l’avons apporté par le sang et les combats ». Il faut se rappeler comment le Maréchal débarqua, à l’époque, l’ancien Premier Ministre issu de la Conférence Nationale Souveraine, Fidel Moungar. Il avait employé la même formule « M. le Premier Ministre, je ne suis pas venu au pouvoir par un vol Air Afrique ». Cette phrase rappelle des mauvais souvenirs. Elle retentie dans un Tchad sans espoir. Et au milieu duquel traîne une maison vide, le MPS. A l’intérieur de cette maison le maître des lieux croit dure comme fer que c’est lui ou le chaos. Certains copropriétaires préfèrent le garder pour éviter ce chaos. D’autres veulent l’éjecter en créant le chaos. Un dilemme cornélien.

Bello Bakary Mana

Donc la campagne électorale a commencé officiellement depuis quelques jours. Le candidat et président sortant Idriss Deby Itno rempile pour la 6e fois. Oui, vous l’avez bien lu. C’est la 6e fois. Dans un autre pays, le débat sur la candidature du candidat Deby Itno aurait fait débat. Pas au Tchad où l’attentisme et la paresse intellectuelle en sont les ADN. Bref la précampagne était injuste. Et la campagne électorale actuelle est terne et déséquilibrée. Pourquoi?

D’abord, la précampagne. Elle a duré quelques semaines. Il n’y avait que pour le président Deby Itno. Il a fait le tour du pays, posant une seconde première pierre sur la première pierre d’il y a 5 ans. Promettant les mêmes routes et les mêmes infrastructures d’il y a 6 ans. Le même disque rayé. Les mêmes endroits. Le même discours. Le Kaftan et le turban du raïs dépassaient un peu trop. Personne ne croit. Ces promesses sont insensées parce qu’électoralistes. Et tenez-vous c’était en pleine période de la Covid-19 et du couvre-feu. Seul, le Maréchal et son parti, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) étaient autorisés à braver le méchant coronavirus. Un film tragicomique où le scénario étaient écrit d’avance avec des acteurs qui s’affranchissaient allègrement des toutes les règles du plateau. La mise en scène était tellement grossière que le premier quidam aurait compris que c’était une campagne électorale avant l’heure. Une campagne déguisée en tournée présidentielle. Elle était injuste et inéquitable. Surtout que les médias publics comme des enfants de la chorale du dimanche étalaient sur les ondes, payés par tous les Tchadiens, cette grossière campagne. Tant pis alors pour les esprits naïfs qui croient qu’il suffit d’être président candidat pour réaliser des miracles. Simplement parce que même si le Maréchal Président Candidat veut, il ne peut rien, car les caisses de l’État sont vides.

Ensuite, la campagne officielle a démarré depuis le 11 mars. Le paysage politique est terne. Plusieurs poids lourds politiques se sont retirés de la campagne. Quelques poids légers sont dans la course. Pour combien de temps? Peu d’entre eux ont les moyens de continuer à battre campagne. La plupart sont, comme le disait un politologue, « des accompagnateurs ». Bien avant le déclenchement officiel la tension sociale avec la plateforme syndicale revendicative était un caillou dans la chaussure du président. Le caillou s’est métastasé. Il est partout dans le corps du candidat. Deby Itno ne s’est surtout pas aidé en continuant à verrouiller l’espace public empêchant l’expression de la société civile, de certains acteurs politiques et comme si cela ne le suffisait pas il a double-verrouillé Internet. L’affaire Yaya Dillo a été la gaffe de trop qui a permis de tout déverrouillé tellement la bavure était indéfendable. Le Maréchal s’est retrouvé, dans cette affaire, à découvert et sans troupe tout en offrant à Dillo une stature de brave opposant. Cette aventure montre deux grandes faiblesses du président : soit il n’a pas de bons conseillers autour de lui. Soit il n’écoute que lui-même. C’est là le danger d’un pouvoir seul. Et d’un système sclérosé par l’usure du pouvoir. Deby Itno apparaît alors comme le dirigeant d’un système qui n’a toujours pas compris que le bébé né en 1990, à son arrivée au pouvoir, est un adulte de 30 ans. Un adulte qui n’a aucune perspective devant lui à part être militaire et avec un peu de chance être fonctionnaire de l’État. Mais de quel État?

Le 13 mars. Jour de lancement de campagne du candidat du consensus Idriss Deby Itno. Lieu : au stade Idriss Mahamat Ouya. Les Tchadiens ont vu et entendu un candidat véhément, presque martial. Il a arrosé d’une insulte vulgaire ses adversaires politiques. Et a qualifié certains hommes politiques des officines au service de l’étranger. Une sortie qui donne le ton d’une campagne sans relief où les arguments ont laissé la place à l’improvisation. C’est à se demander si le candidat a un programme. Elle a parasité 1h de discours. Le public ne parle que cette injure. Elle semble être la seule vilaine idée restée gravée dans la mémoire du public. Tout le Tchad en parle. Les internautes tchadiens tournent le tout en dérision.

Enfin, le parti au pouvoir le MPS ne semble pas être un vrai parti. C’est un assemblage d’hommes et de femmes qui ne produisent aucune réflexion après 30 ans au pouvoir. Cela se sent. Cela se voit. Cela s’entend. Il suffit de discuter avec ses leaders pour comprendre qu’ils sont dans une impasse. Le MPS n’est finalement qu’une bannière où les plus opportunistes écrasent les plus travaillants. Et les plus roublards enfarinent les plus honnêtes. Plus personne ne sort du lot. Les uns par crainte d’être écartés. Les autres sont occupés à meubler la taverne du Maréchal à coup des « présidents fondateurs » et des « grâces à votre clairvoyance ». Ce manque de débat patent au sein du parti fera-t-il, enfin, revenir le Maréchal sur la confiance qu’il accordé à ses amis politiques incapables de lui proposer un programme et de le défendre. Ils sont fort probablement en train de conduire le candidat Deby Itno vers l’abîme. Parce qu’il n’y a aucune tête pour réfléchir et produire des idées innovantes. Ils préfèrent produire des éloges « gondwanaises » à la Mahamane. Entre temps, les Tchadiens ont évolué. Ils n’attendent rien du candidat président. Ils ont appris à le connaître depuis 30 ans. Il a désappris à les connaître depuis 30 ans. Dans cette élection, le candidat Deby Itno doit regretter n’avoir en face de lui que des poids plumes de la politique. Il compte certainement sur un fort taux de participation pour se consoler. Les Tchadiens se bousculeront ils le 11 avril devant les bureaux de vote? Surtout que plusieurs organisations politiques et de la société civile s’organisent pour appeler au boycott. Le Maréchal fait le pari de gagner cette bataille électorale avec un fort taux de participation. Cible presque inatteignable tellement cette campagne est terne et morose.

Bello Bakary Mana 

Qu’est ce qui a pris le leader de l’opposition tchadienne Saleh Kebzabo lors de sa déclaration à Backchoro, un village perdu dans la région du Mayo-Kebbi? Je me pose encore cette question. Je cherche encore la réponse. Lui Kebzabo tenir un discours pareil. Je voulais lui poser la question avant d’écrire cette chronique. Je me suis ravisé en monologuant « il me fera une réponse de politique ». Je me suis assis devant mon ordinateur. Une fine neige tombait sur la ville. Une idée me traverse l’esprit et me suggère un titre qui résume cette sortie : Kebzabo a fait son bachibouzouk à Backchoro. Il vient peut-être de signer sa mort politique. Je dis bien peut-être. Mes premières phrases claquent sur le clavier de mon ordinateur.

Ils sont ainsi….

Je le croyais homme d’État, il se révèle homme de tribu avec son « moi aussi je suis un Banana ». Je le croyais homme politique d’envergure, il se révèle politicien provincial. Je le croyais esprit espiègle, il se révèle un esprit tribal. Je le croyais tchadien, il se révèle « Banana ». Je le croyais franc, il se révèle expert en double langage. Un pour les intellectuels « éduqués ». Un autre pour les villageois sans éducation. Il a déçu beaucoup des gens.

Donc Kebzabo prend fait et cause pour les agriculteurs. Serait-il tombé bas? Oui il est tombé plus que bas. Au fond d’un fossé. Dans les entrailles de l’incitation à la haine entre Tchadiens. Dans la détestation de l’éleveur. L’essentiel de son discours dans le village de Backchoro se résume à cela. Qui l’aurait cru? Faudra écouter et réécouter ce discours pour s’en rendre compte.

À l’entame de son discours, Kebzabo se décrit comme « Banana » en opposition au « non Banana ». Sublimement il suggère d’être contre l’autre, ceux qui ne sont pas « banana » et qui peuplent la région. Surtout les pasteurs peuls et autres. Les non Banana qui agressent, envahissent leurs champs et détruisent leurs récoltes. Où? Au Mayo-Kebbi. La zone la plus pacifique du pays. Pacifié depuis des générations. Même au temps les plus troubles du pays éleveurs et agriculteurs ont vécu en parfaite harmonie. Dans un esprit que beaucoup d’autres tchadiens ne comprennent pas. Le génie MK. Je me rappelle feu mon grand-père l’illustre Imam Modibo Soudy lorsque dans la panique de la guerre civile amis et disciples accouraient vers lui. Qui réclamant une prière pour la paix. Qui s’interrogeant sur la malédiction de la violence qui ravageait le pays. Assis sur sa natte et son tapis en peau de chèvre, il interrompait sa lecture du Saint Coran, relevait la tête et leur répondait inlassablement : « vaguez à vos occupations. Bongor et le Mayo-Kebbi seront tranquilles ». Et ce fut le cas. Rien de grave ne s’est passé dans la région, mais ça s’était dans le passé me rétorquera-t-on. 

Les propos de Kebzabo, des propos aussi chargés, personne ne les comprendrait au Mayo-Kebbi. Surtout après une tuerie entre éleveurs et agriculteurs. Cette sortie manque de sagesse. Surtout qu’elle vient de la part de celui qui prétend diriger un jour ce pays. Ce n’est pas à la hauteur de l’homme. Quelles qu’en soient les circonstances, verra-t-on le défunt professeur Ibni Oumar tenir un tel langage après le sang versé? Il serait facile de dire que c’est la politique. C’est simpliste de dire que c’est précampagne électorale.

Dans sa diatribe, M. Kebzabo est allé loin. Trop loin comme aucun d’autre ne l’a fait. Est-ce de la frustration politique? Il y a quelques esprits retors qui tentent de justifier ces propos par la déliquescence de l’État. L’injustice du régime. Le comportement des généraux éleveurs. Faut-il pour cela s’attaquer à des paisibles citoyens? Pire, il semble que cette sortie est voulue, préparée et l’endroit pour le prononcer sciemment choisi. Si c’est un calcul politique, c’est une faute grave. Si c’est une stratégie délibérée, c’est une double faute politique. Kebzabo n’est, désormais, plus ce poids lourd politique reconnu par presque tous les Tchadiens. Il est, après sa sortie aux yeux de ceux qu’il appelle les « nordistes » sans éducation. Et qui ont des bons postes alors que les sudistes « clandoman éduqués » tirent le diable par la queue, un homme qui prône la haine.

« ..les éleveurs ont appelé au secours leurs parents de Kélo, de Moundou, de Laï, de Gagall. Ils sont venus de partout à cheval, à moto habillés en noir, ils crient partout Allahou Akhbar. Ils viennent égorgés. Tout ce qu’ils rencontrent, ils allument le feu ». Il rajoute, « …l’histoire des éleveurs avec les flèches doit s’arrêter. Pour l’arrêter, vous les jeunes, vous devez vous organiser, organisez-vous avec les sifflets. Ne dormez pas la nuit même par tour de garde organisez-vous avec les sifflets quand les bœufs s’approchent sifflez… » Cette phrase à elle seule suffit amplement. Ce n’est ni plus ni moins que d’appeler les villageois à s’organiser en milice d’autodéfense. Il relative tout cela en soutenant qu’ils n’auront pour toutes armes que leurs sifflets. Qu’est-ce qui garantit que ce sera le cas?

Kebzabo appelle aussi au nombre. Et donne la technique pour vaincre la horde des éleveurs venus envahir les terres des sudistes cultivateurs, les vrais propriétaires des terres, comme si être éleveurs est synonyme de citoyens sans droits, surtout sans droit à la terre. Cette histoire éleveurs agriculteurs est devenue un fonds de commerce pour tous. Kebzabo s’il était honnête devait expliquer l’origine de la rixe qui a vu les siens, « ces agriculteurs », égorger un paisible vieil éleveur rentré du marché à bétails avec une centaine de millions en poches. Plus quelques autres millions appartenant à ses proches parents qui, après des années de durs labeurs, se préparaient à aller à la Mecque, remplir leur devoir religieux. Non. Il passe tout cela entre pertes et profits politiques haranguant des gens qui ont vécu ensemble depuis la nuit de temps oubliant au passage que les éleveurs sont aussi de la région. Et peuvent aller, venir et s’installer où et quand ils veulent dans ce vaste pays.

Enfin, une épée de Damoclès pend sur la tête de l’ex-chef de file de l’opposition. Le ministre de la Justice a saisi l’Assemblée Nationale pour lever l’immunité politique du député Kebzabo qui a bien prêté le flanc. Certains de ses amis crient à la mise à mort politique. D’autres croient dur comme fer que c’est une cabale contre leur chef. Bref, ses adversaires politiques en profitent pour achever la bête politique. Kebzabo ne savait-il pas que la politique est une fosse à lions ? Même ses parents culturels, les Peuls, sont fâchés. Ils l’ont exprimé à travers leur association Tabital Pulaaku. Dommage. En bon bachibouzouk qu’il se débatte pour en sortir au plus vite. Sinon c’est peut-être sa mort politique…enfin, peut-être.

Bonne année.

Bello Bakary Mana

La Noël et la nouvelle année (2021) pointent à l’horizon. Le Président Deby Itno a l’occasion de jouer au père Noël. Il a dans son sac un cadeau pour les Tchadiens. Un gros cadeau. Il a voulu instituer la Vice-présidence. Il l’a formellement obtenu lors du second forum inclusif. Il y a quelques semaines, le conseil des ministres l’a approuvé. La semaine dernière, l’Assemblée nationale l’a adoptée. Quelques noms circulent. Analyse, portraits et pronostiques de potentiels noms sur la « short list » des vice-présidentiables. Et le Vice- président ou la Vice-présidente est…

Ngléndouksia Nassour Ouaïdou, le revenant

L’ancien Président de l’Assemblée nationale Nassour Glendouksia Ouaïdou (NGO) est semble-t-il en tête de liste. Il revient d’une longue traversée du désert, s’il est choisi. Et le revenant ne revient pas n’importe comment. Ni à n’importe quel poste : c’est comme Vice-président. Une douce revanche pour celui qui a un peu mal fini avec le président lorsqu’il a appris son lâchage comme Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) par fax, il y a quelque temps. Très remonté contre le président Deby Itno et ses amis politiques il est rentré se terrer loin de la capitale, dans son immense propriété, dans sa bourgade de Gounougaya. Il ruminait sa colère. Le président l’a laissé au repos, feignant de l’oublier tout en demandant de ses nouvelles par des intermédiaires. Fatigué de tomber dans l’oubli, il refait surface de temps à autre dans la capitale, N’Djamena, lors des grandes cérémonies. Il ne manque pas de signifier sa présence en grognant sur son abandon politique. Il a dernièrement été ramené aux affaires à la tête de l’Inspection générale d’État.  

Ses forces : Homme de terrain. Son isolement forcé lui a donné le temps du recul et de la réflexion loin des intrigues politiciennes. Natif du Moyo-Kebbi une des zones populeuses, il représente une figure sans histoire. Et même un trait d’union entre le Grand Nord et le grand Sud du pays.

Ses faiblesses : son âge avancé. Sa santé chancelante. Il est le favori, mais un peu en déphasage avec les réalités politiques du pays. Le président veut rattraper sa faute d’avoir oublié cet allié qui l’a bien servi sans chercher la confrontation lorsqu’il était Premier ministre. C’est un choix sentimental qui ne représente aucun risque. Et c’est surtout un cobaye pour tester le nouveau dispositif d’un système atypique, le régime présidentiel intégral. 

Calculateur, le Président Deby Itno fait le pari que l’ex-Premier ministre et ex-Président de l’Assemblée Nationale saura tenir sagement son rôle protocolaire. Sans plus. Sans moins.

Nourredine Delwa Kassiré Koumakoye, l’indémodable

Ancien Premier ministre, plusieurs fois ministres, chef du Parti Viva-RNDP, surnommé « Kascou » M. Kassiré Koumakoye (KK) a travaillé avec tous les régimes depuis l’indépendance du pays. Opposant et ami politique selon les opportunités et les alliances de circonstances, inconstant et versatile, KK a participé avec fougue aux deux forums qui ont conduit à la naissance de la 4e République. Il réclame en être le père. Redoutable animal politique, il n’a pas d’états d’âme. Selon nos sources, il serait le deuxième choix sur la liste du président Deby Itno.

Ses forces : sa fine connaissance des Tchadiens, du jeu et des intrigues politiques. Il est natif de la Tandjilé. Batailleur politique, il est un atout tant par son verbe facile que par sa connaissance du pays profond. Il se décrit lui-même comme fils de paysan, il parle sans retenue dans un langage très coloré.

Ses faiblesses : sa longue présence sur la scène politique. Son respectable âge et son état de santé précaire. Ses sorties à l’emporte-pièce lui ôtent un peu de sa sagesse. Il est difficilement contrôlable, prend des libertés avec la vérité. Il veut à tout prix être au-devant de choses. Si le choix du président se porte sur lui, ce sera par récompense à son appui au projet de la 4e République.

Le président Deby Itno craint une chose : M. Kassiré peut, une fois désigné vice-président, se prendre pour le vrai président. Faire le khalife à la place du khalife.

Mme Maryam Mahamat Nour, la consensuelle

Si M. Kassiré réclame à tout va être le père de la 4e République, Mme Nour peut aussi le faire, mais s’y refuse. Ce n’est pas son genre. Question de caractère probablement. Pourtant, elle était aux manettes comme présidente du présidium durant les 2 forums. Loyale elle fait de la politique à « l’ancienne » avec beaucoup de retenu sans se jeter dans des querelles politiciennes. Plusieurs fois ministres avant de quitter le pays pour diriger durant quelques années des agences onusiennes, elle est de retour au pays depuis quelques années. Cette native du Chari-Baguirmi a repris service comme ministre du Plan et présentement ministre Secrétaire général du gouvernement, chargé de relation avec le parlement et de la question du bilinguisme. Elle semble se plaire dans ce ministère. Elle fait jeu égal avec M. Gléndouksia comme premier choix.

Ses forces : Elle est consensuelle et respectée par les Tchadiens. Elle est une femme d’expérience. Et le président Deby Itno pourra jouer la carte féminine pour faire taire les critiques et brandir ce choix comme une avancée démocratique. Même plus, une avancée historique du pays voire de la région sahélienne et de l’Afrique centrale. Elle a aussi à son avantage, une parfaite connaissance des rouages de l’État et du fonctionnement des partenaires techniques et financiers. On dit qu’elle est une femme de principe, intègre. Et qui a une haute idée de l’État.

Ses faiblesses : ancienne école, peut porter aux combats politiciens au sens péjoratif. Elle n’est pas solidement ancrée dans le parti au pouvoir composé majoritairement d’hommes se réclamant militant de première heure. Elle place l’État au-dessus de tout, ce qui n’est pas du goût de l’entourage du « Raïs » et des caciques du parti qui peuvent contrer son autorité.

Le président Deby itno, veut marquer la modernité de son nouveau système en choisissant une femme comme Mme Nour surtout, dit-on, pour sa détestation de la politique « politicienne » et sa rectitude. C’est une femme consensuelle qui sait tenir son rang.

Moussa Faki Mahamat, le distant

Président de la Commission de l’Union Africaine (UA), les Tchadiens se rappellent de lui comme virulent critique du régime MPS lorsqu’il enseignait le Droit à la faculté d’Ardepjoumal. Récupéré par le président Deby Itno, il s’est mouillé la chemise. Plusieurs fois ministres, longtemps ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration Africaine, il doit tout ou presque au président. Notamment, le fait de l’avoir choisi, parrainé et l’avoir fait, habilement, élire à la tête de l’UA. Même l’intéressé ne s’attendait ni à ce parrainage ni à son éventuelle victoire. Cette consécration a poussé plusieurs à le désigner comme dauphin politique du président. Toutefois, il serait le dernier choix du président disent nos sources.

Ses forces : intelligent. Travailleur. A une grande expérience de la classe politique et des arcanes de l’État. Son élection à la présidence de la Commission de l’UA lui a donné une stature de présidentiable. Son éloignement du pays lui a donné le recul nécessaire. Son âge moins avancé par rapport aux autres est un atout. Il connaît le parti, tout en tentant de rester au-dessus des intrigues politiques.

Ses faiblesses : Peu reconnaissant envers le président et ses amis de longue date. Il n’y a pas longtemps, le président Deby Itno l’a boudé. Il le trouvait peu reconnaissant depuis son installation à Addis-Abeba. On le décrit comme arrogant et centré sur lui-même. N’a pas su ou pu bâtir un bon réseau de fidèles lieutenants au pays. Il semble être un homme seul. Son âge est un couteau à double tranchant. Il est en queue de liste.

Le président est très hésitant pour son cas. Son poste lui donne beaucoup de visibilité qui irrite parfois le locataire du palais Rose. Il lâche, dit-on, souvent en privée cette phrase, « …mais Moussa, pour qui se prend-t-il? ». Cela laisse deviner pourquoi Moussa Faki serait le dernier choix du président.

XXX, l’inconnu

Des nombreuses sources affirment que le président Deby Itno fera une surprise. Il sortira de son sac, tel le père Noël, un (e) ou un inconnu (e). Il voudra par ce choix marqué une rupture. Mais dans le fond, il aime surprendre et prendre à contre-pied les pronostics des observateurs de la scène politique. Il affectionne cela. C’est son dada.

Opinion

De toutes les façons, le poste de vice-président est créé et validé. Que cela soit à tort ou à raison une bonne ou une mauvaise chose ne changera rien. Le président Deby Itno sera mieux avisé de retenir 2 critères dans son choix. Il faudra que le poste soit occupé par une femme, peu importe sa provenance. Si c’est un homme, il faudra qu’il soit originaire de trois régions du Sud : le Moyen-Chari, le Logone-occidental et le Logone-oriental.

Pourquoi une femme? Ce choix marquera les esprits. Il sera historique. Et gagnera certainement l’adhésion des Tchadiens. Après tout, les hommes ont démontré depuis l’indépendance leurs capacités à ne pas parler des préoccupations quotidiennes des gens ordinaires. Une femme saura certainement mieux leur parler et les écouter. Après tout, la désignation d’une n’est que justice, elles sont majoritaires. Les frileux et les conservateurs diront que le Genre n’a rien à voir. Peut-être. Mais essayer ce qui ne l’a jamais été ne coûtera rien à personne.

Pourquoi un homme du Sud? Ce choix aussi n’est que justice. Il s’agit tout même de la vice-présidence. Ce n’est pas rien. Même symboliquement cela compte. Il faudra donc reprendra la vieille formule de la géopolitique. Une coutume politique qui a une vertu :  l’apaisement. Il faudra aussi qu’il soit un homme nouveau. Pas trop mêlé aux chicanes politiques. Ce choix aura aussi l’avantage de rabibocher le pays.

Bello Bakary Mana

Donc, il y a 30 ans depuis qu’un 1er décembre 1990, le président Idriss Deby Itno et ses compagnons arrivent au pouvoir. C’était comme hier. Le temps est passé. La plupart des compagnons d’hier qui ont renversé la dictature n’y sont plus. Beaucoup sont morts de mort. Beaucoup sont morts de politique. Beaucoup se sont éloignés de la politique.

30 ans au pouvoir. Que peut-on retenir ?

D’abord la démocratie et les libertés fondamentales. Difficile de ne pas reconnaître la démocratie. Difficile de la reconnaître. Il y a quelque chose qui n’est ni démocratie pleine et entière ni libertés fondamentales solidement ancrées. On sent des fragilités partout dans le pays. Quelque chose d’insaisissable et d’indescriptible. Une démocratie un peu inachevée. Bâtarde. Au goût sans goût. Fade. Un peu amer par la faute de nous tous. Surtout par la faute de cette génération au pouvoir qui n’a pas su asseoir un pays agité. Et qui léguera certainement à beaucoup des braves tchadiens, vaillants et généreux un pays désorienté. Peut-être encore agité. Sans boussole. Sans chapeau. Et pourtant, ces braves gens ont tant sacrifié. Tant enduré. Ils sont si endurants, si croyants qu’ils finissent toujours leurs phrases par des « InchAllah » et par « Grâce de Dieu ». Il y a donc raison d’espérer qu’une vraie démocratie, pleine et entière va éclore.

Ensuite, il y a le pétrole. Oui le pétrole. On croyait que le président Deby Itno avait la « baraka » avec lui. Il a pu faire jaillir l'or noir avec un immense espoir. Le chemin a été long. La pente raide. Il a réussi, enfin. Le pays respirait la confiance parce que le projet était bien ficelé. Une première dans l’histoire. Un modèle pour contrecarrer la malédiction du pétrole. Hélas, la malédiction était plus tenace. Le fameux modèle a volé en éclat. Aujourd’hui, l’or noir tchadien n’a laissé que des regrets. Et les regrets sont stériles. La faute là aussi à cette génération incapable d’anticiper l’avenir, à être des gens humbles, malgré des airs d’hommes et des femmes austères et solidaires de leurs compatriotes. Ils se sont jetés dans le matériel, le luxe, les dépenses futiles, la corruption. Ils se querellent comme pour alimenter ce besoin. Le pétrole aidant, ils se sont lancés à corps perdu dans d’interminables rebellions asphyxiant le pays, le déstabilisant forçant ainsi le prince à investir lui aussi dans les engins de mort. L’eldorado n’est plus atteignable. Le monde a changé. Le pétrole n’est plus ce qu’il a été. Il est arraché du jour au lendemain par « les fonds vautours ». L’or noir est presque passé entre les mains d’autrui. Le pays est endetté. L’économie est à terre. Les Tchadiens ont l’air fous. Les responsables encore plus fous.

Enfin, les politiques. La politique. Quel spectacle. Opposition et pouvoir sont sans espoir. Les tchadiens ont décroché. Les partisans du régime se sont couchés. Plus personne ne raisonne le raïs. Ils lui tapissent le chemin avec des offrandes inutiles. Ils empoisonnent à dose homéopathique le Président : maréchalat, forums, nouvelle constitution, nouvelle République, etc. tout est nouveau, mais dans les faits tout est compliqué. Ils y vont à fond. Eux-mêmes ne s’y retrouvent dans le système qu’ils ont créé. Un système qui ne rime à rien, mais qui ne profite qu’à eux, peu importe les conséquences sur leurs concitoyens. Peu importe l’incongruité de leurs idées.

Et l’opposition démocratique. Incapable de se réinventer. Elle est vieillissante, croulante empêtrée dans ses querelles. 30 ans déjà pour elle aussi. Elle s’accommode au vide. Elle a aidé à faire fuir les Tchadiens de la politique. 30 ans après, le Tchad est un désert politique. Les Tchadiens errent dans ce désert à la recherche du messie politique. Ils cherchent dans le silence ce messie. Ils psalmodient « inchAllah », « grâce à Dieu » ça ira. Ils ont foi en leur pays. Ils sont croyants. Dieu semble les avoir oubliés dans le désert. Dieu aussi oublie ceux qui s’oublient.

Bello Bakary Mana  

Donc, le Forum national inclusif-2 a clos ses travaux ce dimanche 1er novembre en présence du Maréchal Deby Itno. Il en a sorti 28 résolutions et recommandations sur 7 grands axes. Mais ce forum visait-il seulement à évaluer le premier forum qui s’est déroulé il y a 2 ans ? Pas vraiment.

Rappel : le forum inclusif-1 de 2018 avait accouché d’une nouvelle Constitution et d’une Nouvelle République : la fameuse 4e République.

Pour cela, il a fallu, entre autres, à l’époque.

Un, supprimer le poste de Premier ministre.

Deux, instaurer un serment confessionnel dans une république laïque. Pour dit-on, stopper la corruption en s’appuyant sur la Bible et le Coran. La magie des livres saints n’a visiblement pas opéré. Le forum 2 retire le serment confessionnel. 24 mois en perte temps. 750 jours en perte d’énergie. Alors que le serment républicain suffisait amplement.

Deux ans plus tard…

Est-il sérieux d’évaluer des institutions républicaines seulement 2 petites années plus tard? C’est trop court. Ce n’est pas sérieux. Pour la modernité qui devait naître avec cette 4e République, il faudra attendre encore et encore. La majorité des Tchadiens l’a compris. Ils ne se sont pas intéressés à ce forum. Et une grande partie de l’opposition et de la société civile l’ont boycotté.

Alors que peut-on retenir de majeur à la fin de ce forum inclusif-2? Un fait majeur : la création du poste de Vice-Président (VP). La « rumeur N’Djamenoise » l’avait annoncé il y a quelques années, le forum inclusif-2 l’entérine.

Mais la vice-présidence, pour en faire quoi? Suppléer le Président ? Lui succéder en cas d’empêchement majeur? Est-ce une recommandation? Est-ce une résolution? Ce poste sera-t-il adopté par voie référendaire ou par l’Assemblée nationale? Quand? Il faudra l’inclure dans la Constitution. Comment le faire? Il faudra modifier la nouvelle constitution de la nouvelle 4ème République. Trop des questions sont sans réponses.

En lisant les 28 résolutions et recommandations, le passage sur la création de ce poste tient en une courte phrase de 6 mots. Y a-t-il d’autres intentions derrière ce nouveau poste? Il semblerait que le VP sera un nommé par le Président. Il est révocable en tout temps. Il sera alors un VP « postiche » sans véritable pouvoir. Il doit avoir une qualité : la force d’avaler les couleuvres et se tenir au carreau comme un héritier. Oui un héritier.

D’autres sujets mineurs pour noyer la création de la VP y figurent dans la synthèse des travaux de ce forum-2.

Par exemple, le Senat. Une institution qui ne sert pas à grand-chose. Sinon à récompenser les amis politiques.

De plus, dans un système politique les règles sont claires. Il y a le système présidentiel, semi-présidentiel ou le système parlementaire etc. Il est évident que « les têtes pensantes » de cette 4e République ont plongé le Tchad dans un régime qui n’existe nulle part. Qu’ils se préparent alors à nous l’expliquer. Ils ont osé appeler leur trouvaille « Régime Présidentiel Intégral ».

Enfin, tout ce brouhaha du forum inclusif 1 au forum inclusif 2 ne semble viser qu’une chose : instaurer le poste de vice-président. Tout ça pour ça !

Bello Bakary Mana

Il y a quelques semaines, un colonel fou et assuré de son impunité a assassiné son jeune compatriote. Un mécanicien selon certaines sources, un simple badaud selon d’autres. Une minute après son odieux crime, un groupe de jeunes gens l’a lynché et a mis les images sur les réseaux sociaux tchadiens (RST). C’était l’ébullition. C’était un acte odieux de plus, sur le crime odieux de trop.

Depuis un temps, le feu couvait sur les RST. Pas par le fait de la nouveauté de ces réseaux, mais par la facilité et la liberté que procure cette technologie. L’esprit tchadien étant belliqueux, dit-on, la mauvaise utilisation des RS a trouvé sa niche grâce à la lâcheté de l’anonymat. Certains feignent de ne rien comprendre à ce phénomène dangereux. D’autres pensent, jusqu’aux récents évènements du marché de champ de fil, qu’il valait mieux cette utilisation maladroite que rien du tout. Puis, d’autres, extrêmes, ne jurent que par la censure pure et simple. Bref, l’usage des RS est devenu inquiétant, voire menaçant pour l’existence de notre Tchad éternel. À quoi sert Internet? En quoi est-il utile? Qu’est-ce qui s’est passé dans la tête du Tchadien? Quelle solution pour préserver le pays d’un cataclysme en gestation dont personne n’en sortira vainqueur?

Importance du Net

Internet fait partie de nous. Il nous a conquis. Le Tchad comme le reste du monde ne peut se passer de ce formidable outil indispensable à nos vies de tous les jours, à notre épanouissement personnel et au développement du pays. Internet contribue à rendre le monde agréable à vivre. Et rendre aussi le Tchad agréable à vivre, renforcer notre fameux vivre-ensemble.

Pour un pays pauvre comme le nôtre, il est aussi vrai que pour l’instant, Internet semble être un luxe, l'affaire d’une minorité, mais cette prétention est de plus en plus démentie par les réalités du pays. Même nos vieilles mamans, au marché, parlent les yeux étincelants de curiosité, de « donés », « pecebok», « fatsap » (donnés, Facebook, Whatsapp), etc. Cela dénote de l’importance qu’a prise cette technologie dans notre quotidien.

Internet est une technologie unique en son genre. Elle permet de disposer de plateformes pour l’innovation, la créativité et les opportunités économiques. Internet permet, avec un peu d’intelligence et de volonté, à améliorer la qualité de vie des Tchadiens. Il est utile pour la recherche universitaire et la recherche d’informations pour l’innover dans tous les domaines. Internet nous permet de communiquer de façon rapide et instantanée. Il ouvre et multiplie le champ du possible à l’infini. Il rapproche de tout, ouvre le monde à tous avec ses formidables outils : Facebook, Twitter, Instagram, etc. Au lieu d’en profiter pour en faire bon usage, beaucoup des Tchadiens, heureusement minoritaires, l’utilisent mal.

La haine

Ce qui se passe dans les réseaux sociaux tchadiens est guidé par la haine. La haine dans son visage le plus hideux. La haine de l’autre. La haine de soi. La haine de tous. La haine de son pays. Pour le cas de champ de fil, c’est la haine d’un homme envers un autre homme. Le colonel est un homme rempli de haine. Un homme qui se sent au-dessus de la loi. Cet évènement est l’addition de nos haines catapultées au regard du monde. La réaction de jeunes était aussi de la haine. Nous les avons tous vus hargneux animés par le seul esprit de venger leur frère mort. La haine dure. La haine pure. La haine au visage juvénile tellement la douleur et le sentiment d’injustice d’avoir perdu un être proche leur ont fait perdre la tête. Ce colonel qui est censé protéger le défunt a lui aussi perdu la tête. Pour une histoire de ferraille. Pour une affaire de quelques sous. C’est fou.

L’image de l’assassin ensanglanté, titubant, niant son crime est la personnification même de l’impunité. L’impunité incarnée qui nous parle en psalmodiant de stériles regrets. Le drame dans ce drame, c’est que presque personne n’intervient pour le secourir en calmant cette foule de jeunes emportée par la haine. La vindicte populaire. Oui, la justice populaire a fait place à la Justice. Beaucoup n’y croient plus en ce pays, en sa Justice. Ils se font alors justice.

Les images de l’assassin et des jeunes donnent froid au dos. Glace le sang. Ils nous enlèvent à tous un peu plus de notre humanité, un peu trop de notre âme tchadienne. À qui la faute? À nous tous. L’esprit tchadien si fraternel est mort disait un frère. Un autre le reprend, il est mort depuis fort longtemps.

À ces cruelles images a suivi un emballement dans les réseaux sociaux. Une explosion des attaques communautaires. Des groupes ethniques sont doigtés, qualifiés de tous les noms d’oiseaux mettant à mal le peu d’espoir qui nous reste à se rapprocher. À simplement s’aimer entre eux. Tribunal populaire. Tribunal tribal. Tribunal virtuel. Il y a quelque chose de diabolique dans les messages sur RS.

À cela, il faut ajouter la prolifération des nouveaux médias à base ethnique sur Internet. Il y a entre autres : Béri média, Toubou média, etc. Ces soi-disant médias passent leur journée à glorifier leurs communautés par toute sorte de subtilités. Ceux qui les animent ne représentent aucune communauté. Ils n’ont reçu aucun mandat, d’aucun groupe. Ils s’autorisent tout, sans avoir l’autorisation de personne. Nous sommes par nos proximités, notre culture, une société métissée. Une société mélangée. Nous sommes des « sangs mêlés ». Des tricotés serrés. Et l’avenir est dans le métissage disait le poète-président, Léopold Sédar Senghor.

Le Tchad est un pays magnifique. Un pays de diversité. Un carrefour culturel où se croisent toutes les origines de tous les horizons. Une richesse extraordinaire qui n’attend qu’un souffle positif. Les Tchadiens sont des gens bien. Ils ont des qualités humaines remarquables : l’amitié, l’hospitalité, le partage, la solidarité, la retenue, la dignité et d’autres valeurs insoupçonnées. Des valeurs disparues dans la plupart des contrées. Mais elles sont encore jalousement défendues par plusieurs d’entre nous. Nos grandes qualités font face à de grands maux : l’individualisme, le népotisme, le clanisme, le tribalisme, le matérialisme a tout craint, etc.

Les Tchadiens ont beaucoup souffert des déchirements entre eux. Des chicanes attisées par des hommes politiques à la recherche de leur propre gloire. Prêts à tout pour y arriver. Prêt à tout pour s’y accrocher. Les calculs politiques de certains de nos compatriotes tapis dans les salons doux à l’étranger sont malsains, insensés et surtout suicidaires lorsque ces calculs attisent les braises de la haine tribale. Mener des combats politiques, oui. Les mener de manière loyale et noble, oui. Rien ne peut justifier des engagements qui mêlent des sentiments tribaux à des évènements malheureux. L’engagement politique est un droit absolu. La liberté de s’exprimer, de choisir est notre Bien commun. L’engagement politique est à l’honneur de ceux et celles qui veulent servir leurs pays au plus haut niveau.

Le Tchad va bien? Va mal? Ce sont des interrogations légitimes. Chose certaine, il ne va pas bien comme on l’aimerait. Les détournements des deniers publics et les tares que charrie le pays sont des faits irréfutables. Ils parlent d’eux-mêmes. Même le président Deby Itno l’a reconnu publiquement. Et à plusieurs reprises d’ailleurs. La dernière fois, c’était à l’occasion de son élévation à la dignité de Maréchal.

L’usage malpropre des RS, menace le Tchad éternel. Ce pays est menacé par le communautarisme. Il est menacé par notre aveuglement d’aimer son ethnie plus que son pays. Il est menacé par nos inconsciences qui engendrent la détestation de ce pays qui n’attend que d’être aimé. Il est menacé par le manque d’amour envers les gens ordinaires qui peuplent ce pays. Ils sont à bout de souffle. Ils n’y croient plus. Il faudra recommencer à leur apprendre à espérer. Leur expliquer que le Tchad est une espérance infinie. Que la cohésion nationale est le socle sur lequel, il faut continuer à construire ce pays malgré toutes les difficultés et les mésententes. Qu’il ne faut pas le détruire à coup de messages haineux sur les RS.

Solutions

« L’amour seul ne solutionne pas. Le pouvoir seul ne suffit pas. L’intelligence seule n’aboutit pas. Il faut une combinaison des 3 », dit une sagesse peule. Les autorités tchadiennes doivent changer leurs approches des RS. La censure n’est pas la solution. L’interdit attire les hommes plus qu’ils ne les découragent. La censure est dépassée. L’interdit est impossible aujourd’hui. Alors que faire?

D’abord, il faut organiser un « Grenelle sur la liberté d’expression et l’usage des réseaux sociaux ». Parler des bienfaits de l’Internet. Se demander pourquoi ce formidable outil est devenu le lieu d’expression des frustrations des Tchadiens? Inviter des experts tchadiens et étrangers pour en débattre et proposer des solutions.

Avant cela, il faudra s’atteler à libérer encore plus et rendre plus accessibles les RS en forçant les fournisseurs privés à baisser les coûts de connexions par tous les moyens, même par la loi.

Ensuite, créer un grand ministère exclusivement réservé aux questions liées à Internet. Par exemple, créer un ministère des Nouvelles Technologies, de l’Économie numérique et du Bon usage des réseaux sociaux. Il aura pour mission d’implanter définitivement une culture de l’Internet, à faire émerger une véritable économie numérique, à attirer les jeunes africains à s’établir au Tchad à investir et s’investir dans le numérique.

Aussi, il faudra toiletter les médias publics qui croulent sous le laxisme, le favoritisme, l’amateurisme et la résistance aux changements, etc. Il faudra leur donner un nouvel élan avec de nouveaux hommes et de nouvelles femmes. Déjà, ces médias, par leur propre faute, sont doublés à leur droite par des initiatives privées. Et à leur gauche par les RS et les médias dits citoyens. Il faudra donc leur assigner la mission de sensibiliser les Tchadiens sur la mauvaise utilisation des RS. Cette mission doit s’effectuer dans une totale liberté journalistique à travers des émissions éducatives, politiques, sociétales où rien n’est tabou, mais tout est abordé avec professionnalisme.

Enfin, il faudra que les autorités ne se précipitent pas dans les bras des premiers « affairistes » flairant une opportunité d’affaire. Il ne s’agit pas d’une banale question de marché. C’est une question de survie, de notre cohésion sociale et de notre existence. Toute solution précipitée n’apportera aucune réponse durable. Il faut se donner le temps de la réflexion et des propositions avec des gens sérieux et professionnels.

Bello Bakary Mana

Ialtchad Presse, une décennie, un nouvel élan, le journal Ialtchad Magazine est lancé.

Créée exactement en 2000 sous une version électronique à l’adresse www.ialtchad.com, Ialtchad Presse fête aujourd’hui ces 10 ans d’existence. Le site web récapitule plus de 2,7 millions de visites, 6 millions de pages visitées, 182 mille courriels et enfin plus d’un millier de tchadiens ont signé le livre d’or. C’est un véritable outil de communication fondé sur des valeurs d’objectivité et de professionnalisme, une presse affranchie de toute appartenance autre que celle au Tchad. Avec abnégation, nous avons apporté notre contribution à la liberté et à la démocratie au Tchad, et nous en sommes fiers.

Aujourd’hui, notre indéfectible attachement au pays, notre assidu désir à participer au devenir de ce dernier et notre conviction en un Tchad en paix et prospère nous ont amenés à rééditer notre contribution à l’évolution de la presse privée. Nous voilà sur support papier pour signer notre entrée dans l’univers de la presse classique.

En effet, Ialtchad Magazine est le premier magazine tchadien intégrant le nouveau concept triple nord américain soit : information général, commercial de promotion et people. Le mensuel est publié en 5000 exemplaires, 32 pages, papier glacé, 100 % couleurs et dans un design authentique, très soigné. La qualité, le style et le contenu du journal résument l’expertise et le professionnalisme de notre équipe. Plusieurs rubriques vous sont proposées, elles abordent la société, l’économie, l’art et culture, la santé, l’environnement, etc. Le magazine est aussi vendu au Canada, en France, au Cameroun et au Sénégal.

Il faut souligner, Ialtchad Magazine se veut un outil d’information générale, d’encouragement de débats sociaux-culturels, et de promotion des biens et services. A ce titre, nos colonnes sont ouvertes à tous les acteurs de la vie publique et privée du pays. Le Magazine est une propriété de Ialtchad Media & Trade, un réseau d’information et une régie publicitaire. Le réseau d’information et de promotion comprend un labo pour montages numérique (audio-photo-vidéo) et création web, 4 sites web professionnels et un magazine commercial de promotion et people.

Aussi, le lancement d’un journal papier est aussi une occasion pour formuler des vœux. Que disparaissent à jamais la guerre et son miséreux cortège. Que l’intérêt personnel, les détournements des deniers publics, la gabegie, le népotisme et la médiocrité fassent place à la justice, à la démocratie, au développement, à l’excellence et à l’unité des tchadiens. Méditant cette dialectique, nous soutenons sans réserve la politique de la main tendue du président de la république Idriss Deby Itno. L’accord politique du 13 août 2007 entre le gouvernement et l’opposition politique et le rétablissement des relations diplomatiques entre le Tchad et le Soudan consolident la recherche de la paix et de la stabilité. Un Tchad de paix et de droit, est tout ce que les tchadiens attendent.

Enfin, nous sommes très heureux de vous compter parmi nos lecteurs. Ensemble, consolidons l’œuvre entamé il y a dix ans, l’œuvre dont le nom à seul « Ialtchad » en dit tout sur son objectif.  Vos suggestions, contributions et autres commentaires sont toujours bienvenues, n'hésitez pas à nous les envoyer.  Bonne lecture.

Moussa Yayami, Hamid

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