IaltchadTribune

IaltchadTribune (111)

L’interférence du Soudan dans les affaires intérieures du Tchad est très ancienne, multiple et sous diverses formes. Ainsi comme la Libye, le Soudan a toujours servi de base arrière et même de sanctuaire pour les Opposants politico-militaires en rébellion contre le pouvoir de N’Djamena.

Depuis 1959, les Tchadiens installés au Soudan se sont constitués en comité de dissidents dénommé :<Comité du Tchad Libre>, siégeant à Khartoum. Mais compte tenu de son hostilité à l’égard de ce Comité, l’ancien président Tombalbaye accusa plus tard les autorités soudanaises d’entretenir <un Gouvernement de la République Islamique du Tchad en exil>. En fait, il ne s’agissait que du Mouvement National de Libération du Tchad, MNLT transformé le 20 Avril 1965 en Front de Libération du Tchad, FLT de Ahmed Hassan Moussa, un ancien membre du Mouvement Socialiste Africain, MSA de Ahmed Khoulamallah, l’un des partis politiques interdits par le président Tombalbaye en 1962.

En 1965, des milliers des Tchadiens vivaient au Soudan et le FLT bénéficiait déjà à l’époque du soutien des fonds collectés par les travailleurs tchadiens du Gesirah. Organisé et bien structuré, le FLT s’engagea dans la lutte armée contre le régime de N’Djamena. En 1966, les dirigeants de l’UNT à savoir Issa Dana, Président et Mahamat Abba, Secrétaire Général, se sont concertés avec Ahmed Hassan Moussa du FLT, pour créer à Nyala au Soudan, le Front de Libération Nationale du Tchad, FROLINAT placé sous la direction d’Ibrahim Abatcha, Ce dernier, originaire et natif de la capitale tchadienne est membre de l’UNT, parti politique crée depuis le 16 Septembre 1958, mais interdit également en 1962.

En 1966, le Frolinat a mené plusieurs actions militaires dans les régions du Guerra, Ouaddaï et Salamat. Ces offensives localisées se sont étendues plus tard au Batha, au Chari Baguirmi, au Lac et à Bardaï. En 1972, la rébellion s’est généralisée dans les régions Est du pays et des groupes de combat du Frolinat se sont apparus même au Mayo Kébbi et à Léré. En 1974, la rébellion avait même attaqué la Garde nomade surveillant les installations pétrolières de la Continental Oil Company, CONOCO dans la région de Doba.

Aussi, les premiers dirigeants du Frolinat ont reçu le soutien des Tchadiens servant dans l’Armée Soudanaise, pour assurer la formation et l’entraînement de leurs combattants. De 1965 jusqu’au 1972, le Soudan a été pratiquement une base opérationnelle du Frolinat. Mais suite aux accrochages survenus en mai 1972, entre l’Armée soudanaise et les combattants du Front Populaire de Libération, le Frolinat fut réduit à la clandestinité. Ses activités sont interdites et son Bureau fermé. Heureusement qu’un autre sanctuaire s’est ouvert plus tard en Libye, du Colonel Kadhafi qui continue toujours lui aussi, ses interférences au Tchad, en soutenant tantôt le pouvoir de N’Djamena, tantôt la rébellion et parfois en essayant de les opposer ou les réconcilier comme ces derniers temps.

De même en Avril 1989, lorsque le Colonel Idriss Deby est entré en dissidence contre l’ancien président Hissein Habré, c’est au Soudan qu’il s’est refugé avant de conquérir les régions Est du Tchad. Le 1er décembre 1990, il prend le pouvoir à N’Djamena, grâce d’abord à un soutien actif de la France, avec l’appui des combattants du MPS, de Tchadiens résidant au Darfour, mais aussi des Soudanais. Et durant ses premières années de pouvoir, la présence massive des nouveaux Soudanais au Tchad avait suscité l’hostilité générale de l’ensemble des populations tchadiennes. Pour les Soudanais, surtout originaires du Darfour, le Tchad était leur nouveau El Dorado….

Aujourd’hui encore, avec la détérioration de la situation politique au Tchad, beaucoup de Tchadiens opposants politiques et officiers militaires en dissidence, ont trouvé refuge au Soudan. Suivant les traces de leurs aînés du Frolinat, et surtout décidés à défendre leurs droits de revenir un jour participer librement à la gouvernance de leur pays, ces frères de l’Opposition se sont organisés dans différentes formations politico-militaires. Ces organisations se fixent toutes comme objectif de renverser le pouvoir de N’Djamena, mais n’arrivent pas à constituer une seule Coordination de lutte pour atteindre leurs objectifs.

Avec l’éclatement du conflit du Darfour, d’autres Mouvements soudanais de lutte armée sont créés, et leurs leaders réfugiés au Tchad, bénéficient du soutien des autorités de N’Djamena. Alors, en réaction au soutien ouvert du président Idriss Deby Itno au Mouvement pour la Justice et l’Egalité, MJE, du Dr. Khalil Ibrahim, le président Hassan El Béchir qui avait déjà donné de larges facilités au Front Uni du Changement, FUC du Capitaine Mahamat Nour Abdelkerim, autorise le rassemblement au Soudan, d’autres Mouvements politico-militaires tchadiens, tels, l’UFDD du Général Civil Mahamat Nouri, la Coalition CNT-RaFD de Timan Erdemi, et même le CPR de Mahamat Amine Ben Barka, récemment crée, mais bien constitué par des cadres très déterminés.

Le soutien discret mais très actif du pouvoir de N’Djamena au MJE, qui parfois participaient aux offensives des Forces Armées tchadiennes contre les forces de la rébellion, a conduit les dirigeants de Khartoum à s’engager fermement et ouvertement pour déstabiliser le Tchad. C’est ainsi que les milices armées Djan-Djaouites du gouvernement soudanais intervenaient à l’intérieur du territoire tchadien et souvent dans les camps de réfugiés du Darfour, troublant ainsi les activités et actions d’Assistance ou de Secours mené par les Organismes et Agences humanitaires. En appuyant la rébellion armée tchadienne du Front Unis pour le Changement, malgré « les tirs de semence » des Forces françaises de l’Opération Épervier, le soutien du Soudan a conduit le FUC le 13 Avril 2006, jusqu’aux abords du Palais présidentiel à N’Djamena.

Avec le retour au bercail du Capitaine Mahamat Nour Abdelkerim du FUC, suite à l’Accord signé avec le président Deby en Libye, c’est par l’Union des Forces Démocratiques pour le Développement, UFDD du Général Mahamat Nouri, que le Soudan persiste encore à déstabiliser le Tchad. En appuyant la rébellion armée de l’UFDD et la coalition CNT-RaFD de Timan Erdimi, le président El Béchir réplique ainsi aux interférences du président Deby Itno dans les affaires intérieures soudanaises.

Ainsi ayant constaté l’ampleur des attaques de la rébellion du FUC en Avril 2006 et surpris par les récentes offensives militaires de l’UFDD et de la coalition de CNT/RaFD, le Chef de l’Etat tchadien monta la surenchère pour qualifier la rébellion tchadienne, des Mercenaires puis des Terroristes à la solde du Soudan, de l’Arabie Saoudite et d’Al-Quaida. Khartoum a été certes un point de transit de Ossama Ben Laden, mais le FROLINAT crée depuis 1966 au Soudan, avait certes des combattants arabophones et musulmans, mais pas des Islamistes fondamentalistes. De Goz-Beida en passant par Abéché, Adré, Ounianga Kébir et Fada, l’actuelle rébellion tchadienne continue non seulement de troubler le pouvoir de N’Djamena, mais de menacer sérieusement la stabilité du Tchad. Malgré le ralliement de l’ancien rebelle, le Capitaine Mahamat Nour Abdelkerim du FUC, devenu aujourd‘hui Ministre de la Défense, l’accalmie n’est pas encore garantie. Sa présence au Gouvernement est certes un atout pour le pouvoir de N’Djamena, mais aussi un signe de provocation de certains membres de l’entourage du Chef de l’Etat. Bref, le Conflit du Darfour tout comme les récents affrontements armés ont entraîné des centaines de morts et le déplacement des milliers des civils tchadiens et soudanais.

Malgré les multiples Accords signés suite aux efforts du Guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi et du président français Jacques Chirac, ou encore des autorités iraniennes, les relations bilatérales entre le Tchad et le Soudan restent troublées et marquées par la méfiance réciproque. Les Mouvements de rébellion contre les pouvoirs de N’Djamena et de Khartoum continuent d’exister et se renforcent. L’ONU cherche à envoyer ses Casques bleus pour servir de Forces internationales d’interposition. Le Soudan est ferme et réticent et le Tchad embarrassé, hésite. Que faire pour sortir de cette crise ? Tout dépendra des efforts concrets de paix à consentir par les Généraux Idriss DEBY ITNO et Hassan EL BECHIR en acceptant de négocier avec leurs rebellions armées en vue de trouver de solutions pacifiques acceptables pour tous et dans l’intérêt de leur pays. Cet engagement honorable dépendrait non seulement de leur volonté politique, mais aussi de leur maturité d’Homme d’Etat, capable de faire la paix pour l’avenir des générations futures.

Hassane Mayo-Abakaka

Dès la prise du pouvoir par le MPS en 1990, le domaine où le président Idriss Deby Itno a vraiment réussi et brillé, était la politique Étrangère. En 1991, l’Honorable Soungui Ahmed Kotoko et le Général Mahamat-Ali Abballah Nassour ont su brisé la gérontocratie du régime dictatorial de l’ancien président Habré, qui servait de blocage à la Diplomatie tchadienne, au profit de l’affairisme de certains barons et leurs Agents, placés dans nos Ambassades à l’Extérieur.

Au début du règne du président Deby, et indépendamment des contingences politiques et tribales subjectives, des cadres qualifiés et dynamiques, tous issus des sensibilités politiques variées, ont été nommés dans les structures du Ministère des Affaires Etrangères. Cette élite compétente et diversifiée dans sa composante sociale que politique, se donnait corps et âme pour servir l’Etat tchadien et défendre sa souveraineté et ses intérêts sur le plan international. A cette époque, les Cadres et Agents du Département, même n’étant pas membre du Parti au pouvoir ou appartenant à des formations politiques de leur choix, ont la confiance de leurs Ministres qui leur confiaient des responsabilités au sein du Département des Affaires Etrangères, sans aucune susceptibilité. Oui, ils ont compris que l’importance de la Diplomatie est loin, au-dessus des calculs d’un parti politique.  

Cela a créé donc un stimulus au sein du Département et donné un souffle nouveau et dynamique à la diplomatie tchadienne. La crédibilité du Tchad sur le plan international est ainsi constatée et reconnue au niveau des Etats et des Organisations internationales. Bien qu’avec des moyens humains et financiers limités les Cadres du Département des Affaires Étrangères et les Diplomates tchadiens, encouragés par l’engagement sérieux de leur hiérarchie, étaient motivés dans leur travail pour faire rayonner l’image de marque du Tchad sur le plan international. Cette période était presque l’apogée de la Diplomatie tchadienne. Le Tchad était respecté par tous ses voisins et partenaires internationaux, au niveau bilatéral que multilatéral. Il n’y avait pas de discrimination, pas d’intimidation, ni d’hostilité même verbale à l’égard des Agents et Cadres du Département. Il n’y a pas non plus de belligérance à l’égard de nos voisins et nos partenaires étatiques, moins encore à l’égard d’un parti politique ou d’une composante ethnique du pays.
La courtoisie comme dans notre jargon diplomatique existait entre tous et les uns les autres se respectaient au Département. Au niveau de la hiérarchie, il n’y avait aucune intimidation politique, pas de menace voilée, ni de diatribes primaires à l’égard des agents et de leur Communauté, quel que soit leurs origines. Le respect et la dignité des hommes étaient de rigueur.

Les Ministres Soungui Ahmed Kotoko et Mahamat-Ali Abdallah Nassour ont toujours associé dans leur mission extérieure des Cadres du Département, même s’ils ne sont pas de leur ethnie ou de leur connivence. La grandeur d’esprit de ces Hommes d’Etat, est certes un signe de respect pour eux-mêmes, mais aussi pour leurs collaborateurs au Ministère. La course aux frais de Mission et aux Caisses d’Avance n’existait pas et chaque Fonctionnaire ou Agent qui traite un dossier est d’office désigné pour prendre part à la mission qui en résulte. Les Agents et Cadres du Ministère se perfectionnent dans leur domaine et zone d’activités. C’était réellement la transparence dans la gestion efficace de la Diplomatie tchadienne.

Aujourd’hui à l’ère pétrolière, le Tchad a suffisamment des ressources financières que dans les années 90. Les potentialités et ressources humaines existent et se sont même spécialisées grâce à l’expérience internationale des uns et des autres au sein du Département, mais aussi à l’Union Africaine, ou encore à l’ONU et dans ses Opérations de Maintien de la paix. Mais depuis ces derniers temps, la méthode de gestion de notre diplomatie qui devrait tenir compte des potentialités disponibles du Département, semble se stagner aux pratiques s’inspirant toujours des vestiges hérités de l’ancien régime. Des hauts cadres qui avaient servi au Département depuis des décennies, sont systématiquement combattus et injustement abandonnés à eux-mêmes et on puise des parents et cousins sans réelle qualification et expérience sérieuse pour faire leur promotion ; ou encore on déterre dans les quartiers ou a l’extérieur des inconnus du Département dont certains n’ont jamais été fonctionnaires pour les affecter dans nos chancelleries, au détriment des Agents qui ont servi longtemps au Ministère. Et on ne cesse de nous parler des reformes, d’économie à faire comme si l’Etat tchadien était en faillite. Tout cela au détriment des Agents et Cadres du Ministère qui croupissent et attendent l’exploit d’un messie, qui passent tout son temps à l’extérieur pour rouler pour lui-même et parfois évitant de rester au pays au moment des tensions avec la rébellion armée. Les Tchadiens n’ont-ils pas droit à un bilan, ou doit-on constamment continuer à naviguer à vue, sans évaluer ce qu’on fait et savoir vers quelle direction on va ?

Bien que le Département soit piloté par un Homme d’expérience, formé à l’ancienne École d’Outre-Mer, sa méthode de gestion semble démontrer ses limites. Ce Département qui doit être la vitrine du pays se présente à l’intérieur comme un Musée abandonné. Quels efforts ont été faits pour améliorer le cadre du travail des Agents ? Le travail de fond se fait à la base par les Agents, alors ne méritent-ils un environnement digne de la grandeur de notre Ministère de Souveraineté ?
Dans le contexte actuel de la mondialisation, chaque Etat doit tenir compte de sa spécificité et de ses moyens, mais n’y a-t-il un minimum de conditions de travail à ne pas ignorer ou tout simplement à respecter.

Vigilant ces derniers temps et bien informé de ce qui se passe au niveau des Ministères, le président Idriss Deby Itno a compris et décidé de décentraliser le Ministère des Affaires Étrangères et de le renforcer par la Coopération internationale. Cette décentralisation salutaire du Département des Relations Extérieures avec la création de Secrétariats d’Etat, confiés des Cadres politiques connus au niveau national et débarrassés du complexe néocoloniale de domination, nous espérons bien, s’il n’y a pas encore des entraves occultes, que les choses pourront s’améliorer positivement. Les Hommes d’Expérience et les Cadres de haut niveau existent bel et bien, alors pourquoi doit-on tergiverser par complaisance ? La Diplomatie qui est un problème d’Etat et non d’individu, doit être traitée en fonction des intérêts du Tchad et indépendamment de nos humeurs. Alors au cas où des tentatives du maintien du statu quo persistent, le Chef de l’Etat serait dans l’obligation de penser à une nouvelle alternative pour réellement sauver la Diplomatie tchadienne et honorer la crédibilité de notre pays.

La politique étrangère reste toujours un domaine réservé du Président de la République, qui est libre d’acquérir des conseils utiles auprès de qui de Droit, pour préserver les intérêts supérieurs de la nation tchadienne. Il n’y a pas certes dans ce domaine de monopole exclusif, ni de chasse à l’Homme, mais les Tchadiens doivent observer avec vigilance la gestion et le suivi de notre Diplomatie qui doivent être conformes aux intérêts du pays mais pas de ceux des individus.

Ainsi, comme la Diplomatie, la Mondialisation peut servir aujourd’hui de facteur de développement d’un Etat. Au moment où notre pays entre dans l’ère pétrolière, les Entreprises et Hommes d’Affaires tchadiens doivent avoir la possibilité de communiquer aisément avec le reste du monde, pour promouvoir le développement économique et commercial de notre pays. Depuis plus d’une année, il est impossible d’atteindre le Tchad par Fax à partir des Etats-Unis. Les responsables du Ministère et des Services des Télécommunications du Tchad ont-ils tenté de débloquer cette situation d’asphyxie partielle du Tchad ou bien continuent-ils de s’enfermer dans leur mutisme….
Et compte tenu des difficultés de l’Internet qui n’est pas à la portée de tous et du coup élevé du Téléphone dans notre pays, comment nos Opérateurs économiques, nos Entreprises et Sociétés nationales pourront-ils communiquer de manière régulière et réciproque avec les Etats-Unis d’Amérique. Actuellement les Tchadiens peuvent envoyer des Fax mais ne pas en recevoir des Etats-Unis. Alors, jusqu'à quand cela pourrait-il continuer ainsi ?

Préoccupée par cette situation d’isolement indirecte de notre pays, la Communauté Tchadienne de New York, saisie par beaucoup des Tchadiens, est dans l’obligation d’interpeller nos autorités en de ce Dossier. S’agit-il d’un problème d’arrière de contributions financières que le Tchad doit payer ou bien des problèmes d’ordre techniques à régler ? C’est le black-out total, on ne dit rien et ce sont les Tchadiennes en subissent. Contrairement aux allégations destructrices et tendancieuses de certains de nos responsables politiques en quête de notoriété auprès du Chef de l’Etat, il faut rappeler que l’Association des Tchadiens de New York, n’est pas du tout un parti politique, moins encore une faction politico-militaire. Elle a entre autres, parmi ses objectifs : - de promouvoir et de développer les relations Culturelles, économiques, commerciales et de partenariat d’Affaires, entre le Tchad et les Etats-Unis, mais aussi entre la Diaspora Tchadienne des États-Unis et les Tchadiens de l’Intérieur, y compris les Sociétés ou Entreprises commerciales, les Associations de Développement Communautaires. Alors notre question fondamentale est : Pourquoi le Tchad ne peut être atteint ou saisi par Fax, à partir des États-Unis d’Amérique ?

Nous constatons ces derniers temps, un défilé régulier du Chef de la Diplomatie tchadienne au pays de l’Oncle SAM. Il a certes des missions politiques importantes qui justifient son interminable tourisme, mais nous espérons aussi, qu’en dehors du Darfour, il a d’autres dossiers spécifiques qui peuvent rapporter au Tchad. La diplomatie de nos jours doit être multi dimensionnelle, mais surtout rentable pour le pays. Même s’il a des questions politiques traditionnelles relatives à la paix et la sécurité dans notre sous-région, le volet économique et commercial ne doit pas être minimisé, ni laissé aux oubliettes, car l’objectif final c’est de promouvoir le développement du Tchad. Pourquoi alors ne pas se concerter avec son collègue des Postes et Télécommunications pour faire d’une pierre deux coups, afin de tenter de débloquer cette situation d’isolement du Tchad face aux États-Unis. Nos Diplomates à New York, tout comme à Washington sont souvent bloqués et embarrassés par cette situation, car ils n’arrivent pas à saisir N’Djamena par FAX, et envoyer des documents urgents au pays. A-t-il songé à consacrer une minute de son séjour à cette situation ou s’est-il limité à s’épanouir uniquement de son tourisme de luxe au frais du contribuable tchadiens ?

Le Tchad malgré notre boum pétrolier reste toujours limité dans ses possibilités et ressources financières. Il est donc important de rappeler à certains de nos responsables politiques leur manière de faire. Le développement du Tchad ne doit pas également se reposer seulement sur l’Etat et les Services publics, mais aussi sur les activités de nos Opérateurs privés et leurs Entreprises. Mais, nos responsables politiques doivent leur créer les conditions et un environnement favorable permettant de concourir au développement et à l’épanouissement économique et social de nos populations. Alors quel effort notre Chef de la Diplomatie a-t-il déployé pour mettre un terme à cet isolement indirect du Tchad vis avis des États-Unis ? Est-il conscient que cela bloque le pays et crée un manque à gagner énorme pour nos Opérateurs économiques ?

Certes, la France est notre partenaire traditionnel, mais cela n’exclut pas la diversification de nos relations économiques et commerciales avec d’autres puissances incontournables comme les États-Unis qui pourront offrir au Tchad de grandes possibilités de développement rapide, durable et crédible. La course et l’agitation à la politique politicienne, sans une réelle évaluation sérieuse, ne doivent pas nous faire oublier la recherche des débouchés économiques pour le développement de notre pays. Ce second volet est beaucoup plus intéressant et rentable pour notre pays et ses populations.

Notre réflexion va certes retenir l’attention de certains et troubler celle des      autres. Mais c’est aussi une forme civilisée de confrontations pacifiques, qui pourrait améliorer notre méthode de gouvernance dans chaque secteur de l’Etat. Cela nous éviterait une généralisation globale couvrant des actes individuels toujours abusivement collés au dos du Chef de l’Etat, le Président Deby qui doit en supporter seul les carences ou les échecs de ses Ministres. Pour permettre au Tchad d’avancer, il est important de situer les responsabilités individuelles dans la gestion de chaque secteur de nos affaires publiques.

Les Tchadiens d’aujourd’hui ne veulent plus de discours vides, ni des diatribes primitives et discriminatoires sans lendemain, moins encore des déclarations belliqueuses qui divisent nos populations et entraînent des affrontements armés inutiles. C’est pourquoi les intimidations et campagnes des politiciens en mal d’assise sociale ne nous empêcheraient pas de continuer à réfléchir sur des questions politiques et économiques sensibles relatives au développement de notre pays, le Tchad. /-

Hassane Mayo-Abakaka

Dans notre observation et recherche sur les conflits du Tchad et la situation politique dans ce pays, nous avons identifié des centaines des formations politiques, des organisations politico-militaires et Associations de la Société civile. Toutes s’intéressent activement aux conflits qui déchirent le pays et opposent ses leaders politiques. De ce constat, nous nous posons la question de savoir : Pourquoi la question politique intéresse-t-elle si tant les Tchadiens ? La population du Tchad est inférieure à dix millions d’habitants. La Fonction publique tchadienne totalise moins d’un million de fonctionnaires. Depuis l’indépendance en 1960 à nos jours, le pays a connu plusieurs conflits sociaux, politiques et des affrontements armés, ayant entraîné des milliers de blessés et de morts.

Plusieurs tentatives de réconciliation nationale ont été amorcées selon chaque régime et de multiples Accords de paix sont adoptés et signés. Des élections législatives et présidentielles sont organisées, plusieurs Gouvernements d’ouverture ou de consensus sont formés, mais aucune solution définitive n’a été trouvée. Les dissensions entre les acteurs politiques, les défections au sein des partis politiques, dans les Organisations politico-militaires et les désertions au sein de l’Armée nationale, provoquent de vives tensions politiques et sociales dans le pays et entraînent souvent des affrontements armés avec leur cortège de malheurs sur des citoyens innocents.

Aujourd’hui les populations civiles tchadiennes en ont vraiment assez. Les militaires du gouvernement tout comme les combattants rebelles sont fatigués. Néanmoins, les leaders politiques du pouvoir ou de l’Opposition persistent dans leurs ambitions et tergiversent sur l’option à adopter pour aboutir à un compromis raisonnable. Vu la gravité et l’impasse de la situation, ces mêmes leaders politiques tentent de trouver une voie de sortie de crise. Des rencontres et concertations se multiplient, plusieurs émissaires dont l’ancien président tchadien Goukouni Weddeye, sont sollicités pour explorer la situation et rapprocher les positions. Certains des Opposants exigent un <dialogue inclusif> et le Gouvernement au pouvoir propose la <réconciliation nationale>. Bref, c’est déjà une bonne chose, car l’idée principale de négociation politique n’est pas écartée et il n’y a pas non plus de rupture totale. Mais comment avancer de manière concrète afin d’aboutir à des solutions acceptables pour tous et dans l’intérêt du Tchad ?

- Pour les partisans du <dialogue inclusif>, le débat sur les conflits du Tchad doit être soumis à une concertation générale, regroupant tous les acteurs de la crise tchadienne à savoir, les partis politiques, les politico-militaires, les Associations de la Société Civile, la Diaspora tchadienne, etc… sous la médiation de la Communauté internationale, pour aboutir à la mise en place d’un Gouvernement de Transition et organiser des élections libres et démocratiques. Cette position serait soutenue par les rebelles de l’UFDD de Mahamat Nouri et du RFC de Timan Erdimmi, mais aussi par les autres membres de la rébellion, tels le CPR du Dr Amine Ben Barka et la CNT de Dr Al Djineti  Allazam, tout comme l'Opposition politique de l'intérieur, telle la CPDC et le parti FAR, mais aussi  la Société civile.
Les enjeux de nos conflits sont importants et les stratégies à adopter semblent difficiles, mais est-il vraiment nécessaire de faire participer tout ce monde ? Cela ne nous ramènerait-il pas à une nouvelle forme de Conférence Nationale bis ? Le nombre des participants importe peu, mais c’est plutôt la qualité et la pertinence des propositions réalistes à présenter qui devraient mériter plus d’attention.

- Pour le Gouvernement tchadien, l’organisation d’une table ronde pourrait conduire à «la réconciliation nationale» et serait une opportunité de ramener au bercail les Opposants en exil. L’idée n’est pas mauvaise, si cela pourrait restaurer la paix et maintenir la stabilité dans notre pays. Mais cet appel lancé est-il général à tous, ou seulement aux politico-militaires de l’Est ? L’ancien président Goukouni Weddeye dans sa mission de bons offices a-t-il des propositions concrètes pour rassurer les frères de l’Opposition, non seulement de leur sécurité mais aussi pour un réel partage du pouvoir ? A-t-il de garanties pour l’amélioration de la méthode de gouvernance dans notre pays et dans l’intérêt national ? Son rôle à lui se limiterait-t-il à la médiation uniquement ou sera-t-il aussi impliqué avec son organisation, les FAP/CPR, comme partie prenante dans ces pourparlers ?

<Dialogue inclusif> ou <réconciliation nationale>, les belligérants ont-ils une réelle volonté de mettre fin aux conflits politiques et aux affrontements armés qui endeuillent les familles tchadiennes ? Les Tchadiens doivent-ils avancer vers l’essentiel ou perdre le temps sur des interminables querelles de procédure qui cachent d’autres intentions inavouées ? Cette <réconciliation nationale> ou ce <dialogue inclusif> doit-il être amorcé seulement avec les Groupes armés qui menacent la stabilité du pays ou également avec certains leaders politiques de Opposition de l’intérieur et de l’extérieur, afin de créer réellement une accalmie générale sur l’ensemble du pays ? L’objectif fondamental serait-il de restaurer la paix et la stabilité au Tchad ou bien de répéter les erreurs des années 79-80, en se limitant uniquement au partage des postes de responsabilité au Gouvernement et dans l’Administration ? Nos frères protagonistes cherchent-ils de vraie solution ou veulent-ils se reconstituer de nouvelles formes d’alliances stratégiques pour mieux gouverner et dominer la majorité silencieuse des Tchadiens généralement pacifiques ?
Les conflits en Afrique sont multiples, et quelle que soit leur ampleur, des solutions pacifiques sont trouvées, alors le Tchad ne fera pas l’exception. Les affrontements armés peuvent dissuader mais ne pas conduire à une solution définitive et durable. C’est pourquoi, le dialogue et la concertation sont toujours nécessaires, mais sur des bases objectives. La réconciliation nationale est certes bien possible, si les belligérants tchadiens font un effort pour ignorer leurs ambitions et intérêts personnels, penser à la souffrance des populations et trouver un compromis politique réaliste et viable pour restaurer la paix et la sécurité pour tous.
Tout leader politique Tchadien qui se respecte en tant qu’homme d’Etat, doit dépasser des visions clanique et régionale, pour accepter de gouverner le pays avec l’adversaire d’aujourd’hui qui pourrait être le partenaire sûr de demain. Et la mise en place d’un Etat démocratique et crédible fondé sur le respect des droits et libertés, sera un grand honneur pour le Tchad. Mais comment se présente aujourd’hui notre paysage politique de manière générale ?

Il y a d’un côté le Gouvernement, les politico-militaires et les partis politiques de l’Opposition. Et de l’autre côté, les Associations de la Société civile, les Syndicats, les Organisations de Droit de l’Homme et des personnalités indépendantes de la Diaspora. Bien que la chose politique intéresse tous les Tchadiens et chacun a ses ambitions, il faut faire preuve de retenue et aborder cette question de manière réaliste et objective, tout en situant chacun à sa place et devant ses responsabilités.

Les négociations politiques doivent se faire entre politiques, c’est-à-dire entre le Gouvernement au pouvoir, les Mouvements politico-militaires et les partis politiques de l’Opposition, légalement créés qui contestent le pouvoir et font des propositions réalistes. Les Associations de Droit de l’Homme, les Syndicats et les Organisations de la Diaspora, ne peuvent être que des témoins et observateurs, tout comme certains partis politiques alliés au pouvoir. Si certaines de ces Organisations ont des contributions importantes à faire, elles peuvent les présenter sous forme de propositions aux acteurs politiques en conflit. Mais de grâce, évitons des amalgames et le cafouillage, tirons les leçons des expériences passées pour avancer positivement et aboutir à de décisions historiques importantes pour enfin sauver le Tchad et l’avenir des générations futures. La paix et la stabilité dans notre pays mérite certes un effort de chacun et de tous, pour éviter la déstabilisation du Tchad et les ingérences intempestives d’autres Etats dans nos affaires intérieures.

Hassane Mayo-Abakaka 

La mise en œuvre des réformes des Institutions de la CEMAC, décidé par les chefs d’Etat de la sous-région lors du dernier sommet de N’Djamena (ironie du sort ?) est en passe de remettre en cause les acquis en ce qui le Tchad quant à sa position dans le Gouvernement de la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC).

En effet, l’entrée au gouvernement de 3 autres pays que sont le Cameroun, la RCA et la Guinée Équatoriale avec des titres de Directeurs Généraux se traduit par une mise à plat de la structure actuelle de la banque centrale et une nouvelle définition des « chasses gardés » des États. Malheureusement, cela se fait au détriment du Secrétariat Général, poste qu’occupe le Tchad. Le comité ad hoc mis en place, par le Vice-Gouverneur, au sein de la Banque, tout en œuvrant pour renforcer l’influence de celui-ci, a littéralement vidé le Secrétariat Général de l’essentiel de ses prérogatives, lui conférant désormais qu’un rôle symbolique. Le projet d’organigramme de la Banque, entériné par le dernier comité ministériel, qui s’est tenu le 12 juillet 2007 à Yaoundé, fait que le SG perd 3 des 4 départements qui étaient sous sa responsabilité. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le ministre tchadien des Finances ne s’est pas empêcher de souscrire à cette entreprise de démantèlement.

Les manœuvres du V/Gouverneur.

Avant cette série des reformes, cette personnalité qui ne faisait que de la figuration, ne supportait pas le fait que le SG ait pu tirer son épingle du jeu dans le trio de tête gouvernemental. Notamment, il voyait d’un mauvais œil la parfaite entente entre MAMAPELOT et GATA, collaboration qui parfois, frisait la complicité et qui le mettait hors-jeu. Le départ dans les conditions que l'on sait du gouverneur lui apparaissant comme une aubaine, régler le compte à GATA, constitue alors son objectif primordial. Ce faisant, il s’attaque aux intérêts de tout un État.

Sous le couvert de reformer les textes de base de la Banque, il a mis, dans la précipitation, en place un comité « d’experts » taillé sur mesure afin d’atteindre ses noires desseins vis à vis du Tchad. Sur la composition de ce comité beaucoup d’encre et de salive ont coulé. Mais rien n’y fait. L’on a relevé entre autres comme dérives, la désignation sur la base fantaisiste, clientéliste et symbolique (à titre de faire-valoir) de certains membres ; la mise à l’écart des personnes reconnues notoirement comme ayant une « autonomie et indépendance d’esprit ». Bref, il avait fait la part belle à son pré carré et ses obligés. En plus, ce comité a travaillé dans un black-out total, le projet de textes, issu de ses travaux n’a, d’ailleurs, fait l’objet que d’une diffusion limitée, auprès exclusivement des personnes choisies et sélectionnées en raison de leur sensibilité ou leur appartenance supposée ou avérée au pré carré du vice-Gouverneur. Incohérences et aberrations sont signalées çà et là dans ce document. À titre d’exemple, couper le lien entre les Ressources Humaines et la Formation ; la Drh relavant de la mastodonte Direction Générale d’Exploitation, la DF, pour sa part, de la Direction des Études, Recherche. Si on admet que la formation est un volet de la politique du management des ressources humaines, cette proposition nous laisse perplexe. En plus, on semble n’avoir pas pris en compte de l’épineux problème de l’équilibre des pouvoirs qui a justifié ces importantes réformes, la création d’une Direction générale d’exploitation qui représente à elle seule, plus de 95 % des activités de la Banque , en est une illustration. C’est d’ailleurs vers cette Direction Générale que vont l’essentiel des anciennes prérogatives du SG. Cela s’appelle déshabiller Paul au profit de Pierre.

Selon toute vraisemblance, cette direction générale échoirait à la RCA, ce qui non seulement renforcera sa position, mais aussi, lui conférera le statut de grand bénéficiaire de cette redistribution des cartes. Et pour cause !

Ajouter au nombre des incohérences, cette confusion délibérément entretenue, selon laquelle d’un côté, le SG est la troisième personnalité de la Banque et de l’autre, il est placé au même niveau que les 3 DG.

Incivisme tchadien

Si l’unanimité se dégage quant à la nécessité de défendre les intérêts de la Communauté, pour autant, l’on ne peut aucunement accepter toute transaction qui tend à remettre en cause les acquis du pays. En l’occurrence, le nouvel organigramme de la Beac, telle que définie dans les conditions évoquées ci-dessus et, qui, manifestement, porte atteinte à la place du Tchad au sein de cette institution, devrait être dénoncée avec toute la vigueur qui soit et rejetée en bloc. Cependant, force est de constater du côté des représentants du Pays, aussi bien, au niveau du comité ministériel et du Conseil d’Administration qu’au sein de la Banque où deux personnalités occupent des fonctions importantes (SG et DCG), aucune réaction, à la hauteur de cette inimitié, n’a été notée. En revanche, une lutte de positionnement s’est engagée, en sourdine, entre les différents protagonistes autour du poste de GATA, qui lui-même, n’a pris aucune initiative de nature à sauvegarder les acquis du Tchad.  Du côté des cadres, une trentaine au total, on l’était à l’expectative. Certaines personnes, craignant les foudres d’un camp ou l’autre, préfèrent esquiver la question. D’autres, une minorité, sont ceux qui estiment qu’il y a lieu de faire quelques choses mais, ils n’ont pas été écoutés soit, en raison de leur jeune âge, soit par rapport à leur relative ancienneté à la banque.

Le Comble de tout cela, c’est la légèreté et le manque de sens de responsabilité du Ministre des Finances qui, tout le long des travaux du Comité Ministériel, n’a, à aucun moment, cherché à connaître la position des cadres de la maison sur les différents enjeux de ces réformes. Suffisance, arrogance ou orgueil primaire ou alors incompétence ? En tout cas, son attitude a été contre-productive pour le pays. À ceux (ou celui) qui l’ont (a) mis à ce poste d’en tirer les conséquences.

Tout n’est pas totalement perdu.

La date du 28 juillet 2007 : une opportunité.  À cette occasion, Le Tchad doit marquer son refus en récusant le nouvel organigramme de la Banque. Il convient de faire appliquer les réformes sans porter atteinte aux prérogatives du SG. Mieux, par souci d’efficacité de l’organisation, il serait judicieux de lui donner les missions de coordination des activités des directions générales. Bien sûr, un regroupement des directions centrales suivant des affinités fonctionnelles est possible.

Les Tchadiens sont interpellés, chacun en ce qui le concerne, là où il se trouve, afin de faire face à cette conspiration « subtilement » montée contre le pays.

Merci.

Mahamat DJARMA BOURMA

En suivant docilement les reportages de la TéléTchad sur la cérémonie de signature de l’Accord politique entre l’opposition civile et la mouvance présidentielle au Palais Rose, surtout le discours du président Alingué Jean Bawoyeu de la CPDC et les itw d’autres barons, je n’ai pu m’empêcher de replonger dans l’Histoire passée de notre pays. Ce n’est pas une réaction volontaire mais un réflexe exprimant les séquelles de traumatismes cumulés du fait d’être une victime de cette Histoire tchadienne. Je me suis retrouvé plongé dans les images des années 85.

En effet, il y une vingtaine d’années (qui passent pour deux ans à peine de surplace !), le président Hissène Habré venait de gagner la bataille diplomatique reconnaissant sa lutte pour la défense du principe sacré de la défense de l’Intégrité Territoriale du Tchad. Les conséquences étaient alors évidentes : les différents groupes politiques en exil (Brazzaville, France, Bénin, etc.) opposés à Hissène Habré, n’avaient d’autres choix que de « regagner le bercail » et de participer à l’exercice du pouvoir de l’époque, sans condition. Le président Alingué (suivi du général Kamougué et d’autres barons) était l’un des leaders de ce mouvement de « réconciliation nationale » qui ramena la plus grande partie des barons des régimes précédents et de nouveaux loups au pays. Ce revirement historique important contraint les derniers groupes politico-militaires actifs de la zone sous occupation étrangère, de rallier à leur tour les FANT (Forces Armées Nationales Tchadiennes). Le général Oki Dagache convoya la colonne FAP (Forces Armées Populaires) du défunt GUNT (Gouvernement d’Union Nationale de Transition), sur les instructions du président Goukouni Oueddey. Avec ce sursaut patriotique, les tchadiens marqueront d’une pierre blanche leur seule vraie victoire nationale collective, pour la défense de l’Intégrité Territoriale, au cours de l’année 1987.

Le président Alingué put alors sillonner le pays pour proposer au référendum la Constitution de 1989, ayant donné lieu à des élections législatives correctes mais dont les élus n’auront eu droit qu’à moins de trois mois d’existence. Le 1er décembre 1990 rappela tout le monde à d’autres réalités bafouées de l’Histoire. Ce jour-là, le monde découvrit avec horreur la face cachée du pays, à travers les rescapés de la sinistre DDS. Le Dr Gali N’Gothé, le syndicaliste Younous Mahadjir et d’autres survivants pourraient mieux en parler. Or, la commission d’enquête du juriste Mahamat Hassane Abakar pu établir, dans ses archives non publiées, l’identité, la date d’arrestation, la date probable de disparition et la cause de mort de près d’un millier de tchadiens par la DDS au cours de cette seule année 1986 où la plupart des barons de l’opposition au régime de Hissène Habré avaient regagné « le bercail ». N’eusse été le surcroît de travail demandé par une telle démarche journalistique, les extraits des discours du président Alingué ou du général Kamougué à l’époque diffèrent peu de ceux qu’ils tiennent encore aujourd’hui. L’élément le plus notoire est d’annoncer, à chaque fois, que « tout va bien désormais et la paix est de retour au pays pour de bon !». La suite, bien sûr, n’est souvent que plaisanterie de mauvais goût.

Par exemple, sitôt l’Espérance renaissait en 1987, les « réalités tchadiennes » gravées dans les caractères et les logiques personnelles des acteurs politiques reprirent le dessus. Après les « sudistes » en 1984 et les groupes « hadjeraï », les Béri (Zaghawa et Bidéyat) allaient, à leur tour, subir une répression féroce des FANT et de la DDS réunies, au cours de laquelle rien que le clan Itno perdit près d’une centaine de ses membres. La satisfaction du président Alingué, à la tête de la toute nouvelle assemblée nationale, sera de courte durée, car cette seule réalité suffira à mettre un terme à la fiesta politique à N’djaména le 1er décembre 1990.

Pourquoi rappeler tout ça ? Entre 1986 et 2007, une nouvelle génération est née et réclame aujourd’hui sa place. Elle fait au moins 60% de la population tchadienne. La génération des jeunes qui fuirent leurs maisons voire leur pays en 1979 (et laquelle j’appartiens) n’a toujours pas trouvé la paix et la tranquillité promise par la seule génération des acteurs qui animèrent les négociations et la signature de l’Accord susmentionnée. D’autres compatriotes attendent à Hadjer Marfaïne un signe des temps pour se décider s’il faille venir à N’Djaména dans un vol Toumaï ou en Toyota. C’est beaucoup trop de choses à la fois ! S’il fallait revenir à l’expérience de la DCP (Démocratie Consensuelle et Participative) ayant accouché le cadre légal que contestent aujourd’hui ses propres géniteurs et promoteurs d’alors ? Deux générations bloquées à cause d’une seule, cette surpression ne tardera pas à exploser un de ces jours, et comment ? Dieu seul le sait !

J’avais cru entendre le président Alingué mettre en garde, dans son discours, ceux qui dénigrent déjà cet accord négocié au frais et en vase clos dans les grands hôtels de la capitale. Peut-être un coup de pied à M. Yorongar ? Qu’il aie au moins l’amabilité de reconnaître à une frange importante de son peuple la légitimité du réflexe de prudence et de scepticisme, après tant de mirages ? Je ne me donnerai pas la peine de décortiquer les failles de cet énième « accord historique » arrosé par de larges sourires au Palais Rose. Car, comme le disait subtilement M. Mahamat Hissène à l’occasion, « mieux vaut encore ça que rien ! ». En attendant aussi le cocktail que produira la combinaison avec la démarche du groupe du président Goukouni et d’autres. Cependant, comme les N’Djaménois l’ont démontré lors de la panique du 22 mars puis du calme olympien du 13 avril 2006, plus personne n’entend fuir sa baraque quand les faces cachées des acteurs tenteraient de produire des évènements contraires à la logique de la paix.

Parce que, pour arriver à l’échéance fixée de 2009, après que les acteurs politiques se seront renfloués avec les revenus pétroliers, il y aura mieux que la question du vote, celles du vécu quotidien des tchadiens face aux injustices, aux discriminations régionales, à la violence et à l’impunité, à la corruption massive et à la gabegie financière, etc., toutes choses qui préoccupent prioritairement l’écrasante majorité des tchadiens.

Il y a deux générations qui s’identifient comme les victimes réelles des actes posés jusqu’ici par leurs aînés. Au-delà de l’imperfection des papiers signés avec de larges sourires, ce que ces jeunes tchadiens de tous les bords veulent pour se convaincre, c’est de constater que ces fois-ci, ce sont les bonnes fois où les acteurs politiques tchadiens sont de bonne foi ! Ils n’auront pas une autre occasion pour se moquer encore des gens ! Car nous savons tous que c’est la volonté réelle des uns et des autres qui fera que, avec ou sans accord, la paix devienne une réalité définitive dans notre pays, avec pour fondement la justice, la tolérance et l’équité.

Enoch DJONDANG

S’il fallait matérialiser les rumeurs du gros village de N’Djaména en évènements réels, il y a longtemps que nous aurions ravi la vedette à Sadr City, le quartier rebelle de Bagdad ! En effet, les tchadiens ont cette prétention de produire de l’eau fraîche dans des récipients posés sur des braises ardentes. Ces derniers temps, les contradictions récurrentes de la vie publique nationale ont quitté les sentiers du maquis (la fameuse montagne aux hyènes Hadjer Marfaïne) pour converger vers la capitale, à l’occasion des signatures d’accords dits « classiques » avec les politico-militaires (spécificité tchadienne) d’une part, et de l’accord « historique » avec l’opposition civile. Deux visions toujours divergentes des symboliques de l’Etat tchadien.

1) La première catégorie d’accords baptisés par l’un des grands ministres ‘accords classiques’, c'est-à-dire sans concession sur l’essentiel, devrait permettre à des groupes tribaux armés du Nord et du Nord-Est, de revenir en force dans la gestion du pays, aux côtés du pouvoir actuel. Un retour possible, dans la mesure où ces groupes répondent de la même philosophie de l’Etat et de la république que tous ceux qui se sont succédé depuis une vingtaine d’années à N’Djaména. Une fois de plus, leurs combattants issus pour la plupart des mêmes souches régionales que leurs chefs, viendront grossir le nombre de gradés et autres intrus de l’armée, aux frais du trésor public. Le défi pour le pouvoir en place, consisterait à les contenir, pour éviter qu’ils ne deviennent à l’intérieur de la grande muette, le levier par lequel le pire arrive un jour. Aucun « politico-militaire » rentré au bercail, n’a été capable, depuis décembre 1990, de se muer en parti politique civil, pourquoi ?

Quant aux chefs, rien de mieux que de se retrouver gratifiés des traitements pompeux de leurs nouveaux grades dont ils savent pertinemment qu’ils n’ont court que dans un pays anormal. Ces grades qui permettent, par ailleurs, grâce à une certaine idée biscornue de l’amnistie et de la récompense du guerrier, de se livrer à toutes sortes de trafics illicites, des coupeurs de routes aux vrais faux commerçants et fournisseurs de l’administration. Pour d’autres, il y a l’appât que représentent la quarantaine de postes de gouverneurs et adjoints, la centaine de postes de préfets et adjoints, le demi-millier de postes de sous-préfets et adjoints, auxquels il faut ajouter le poste très prisé de commandant de brigade et celui de brigadier de douane. Les quelques intellos têtes de file pourront aussi prétendre aux postes juteux de gestionnaires de projets et des administrations. Difficile, avec de telles contraintes persistantes, quelle que soit la volonté politique affichée, de mettre en œuvre les recommandations des états généraux de l’Armée et ceux de la Justice !

Le casse-tête pour le pouvoir sera toute la gymnastique à mettre en œuvre pour faire passer la pilule des nominations face aux susceptibilités de l’opinion publique et aux murmures des partenaires extérieurs, tous devant comprendre que « la paix n’a pas de prix », que nous devrions passer par cette énième déviance historique pour « apaiser » le climat général à travers le pays ! Sans oublier qu’il y a les inamovibles qui n’accepteront à aucun prix de faire la place aux nouveaux prétendants, au risque de menacer d’aller à leur tour rejoindre les dernières hyènes dans les grottes de l’Est et du Tibesti, armes et bagages. Ils détiennent la bonne carte routière du pays qui permet de voyager en toute saison et en toute sécurité en convois armés vers ces sanctuaires de toujours. La bonne gouvernance et la lutte farouche contre la pauvreté des masses populaires peuvent attendre le siècle prochain ?

Notre histoire récente nous a démontré que la guéguerre tchadienne est motivée par la volonté de certaines composantes de s’accaparer de l’Etat et de le gérer comme un patrimoine privé. Depuis que les exceptions à la règle écrite (la loi), les distorsions justifiées par la logique du plus fort, l’impunité et la complicité active des parrains extérieurs dans le pourrissement de la conjoncture politique, ont renversé complètement les valeurs et les vertus, chacun se dit que le Tchad, c’est à prendre ou à laisser à l’autre ! La difficulté d’arriver à la paix durable ne se trouve pas dans les modes de négociation, ‘inclusif ‘, ‘exclusif’ ou ‘séparé’, mais plutôt dans cette vision rétrograde de l’Etat et de la république qui a court malheureusement chez les acteurs les plus « puissants » de la scène publique. Quoiqu’on fasse, les déceptions et les drames futurs des tchadiens viendront d’abord d’eux !

2) La seconde catégorie, les partis politiques signataires de l’accord du 13 août 2007, devront trouver leur voie dans les cafouillages créés par les premiers, les seigneurs de guerre. En effet, sans armes, sans être assurés du soutien actif de leurs militants - qui ne descendront jamais dans la rue pour eux (aussi bien par peur de mourir que par manque de confiance et de conscience)-, et dans la limite des interventions des diplomates en leur faveur, on voit mal comment les rapports de force leur seront favorables durablement. Les politico-militaires ayant conclu des accords « classiques » avec le pouvoir en place, n’ont pas explicitement marqué leur adhésion totale et sans réserve à la règle du suffrage universel, en d’autres termes à l’accord du 13 août 2007 qui reste – somme toute – la meilleure référence politique positive du moment. Ce qui signifie que l’application intégrale des accords mettrait en conflit ouvert les uns avec les autres, c’est évident ! Les intérêts et la vision de la république sont diamétralement opposés entre les deux catégories.

L’un des points clés de l’accord du 13 août stipule que l’administration territoriale, instrument fondamental de la bonne gouvernance, devra être totalement démilitarisée et assainie : voilà l’un des points d’éclatement de la coalition gouvernementale hybride à venir ! En effet, personne n’est allé au maquis par amour pour le Tchad, sinon que pour lui-même et les siens, vérité reconnue et affirmée publiquement par l’un des « grands ministres » négociateurs. Alors, que va-t-on faire de tous ces nouveaux et anciens « colonels » de la réconciliation, pour beaucoup analphabètes et encore jeunes ? Où va-t-on les caser ? L’opposition civile aura-t-elle le courage de s’assumer totalement sur ce point de la gestion commune transitoire avec le pouvoir en place ? Avec quels moyens de dissuasion ? A voir…

Un autre point d’achoppement en vue sera l’application intégrale des clauses de l’accord du 13 août 2007 concernant les recensements prévus. Comment les données fournies par un tel recensement ne seraient pas utilisées par certains groupes politiques radicaux pour complètement démaquiller la « légitimité » des scrutins précédents de l’ère démocratique ? Les thuriféraires du parti MPS n’ont pas pris la précaution de faire mentionner –sauf erreur de notre part – dans l’accord du 13 août 2007 – la non rétroactivité de la portée de tels recensements sur la période antérieure à l’accord ? Au contraire de la précaution d’amnistie que tous les aventuriers se dépêchent d’obtenir avant de rentrer au bercail, pour rééditer en toute tranquillité leurs anciens forfaits ? Nous évoquons ce point parce que la perversité et la versatilité de notre élite sont devenues chroniques, et le risque de poignarder dans le dos au premier couac n’est pas de la simple imagination.

Un point concomitant au précédent est la capacité, pour le parti MPS, de payer son tribut à la paix, en allant à des élections « propres », au risque de les perdre éventuellement. En effet, l’application intégrale de l’accord du 13 août 2007 implique un changement de comportement de tous les acteurs électoraux, de la « majorité » présidentielle comme de l’opposition. Car si les conditions étaient vraiment réunies avec cet accord dans quelques mois, aucun d’eux ne trouvera d’argument ni pour boycotter, ni pour tricher moins encore pour contester. Des processus de réforme interne aux partis politiques de tout bord sont inévitables pour les rendre réellement démocratiques, plus dynamiques, plus ancrés dans la réalité des aspirations populaires, capables de proposer et de rassembler au-delà du « fief naturel » de leurs leaders. Ce qui devrait aussi réduire à quatre ou cinq les blocs politiques représentatifs, en lieu et place d’une centaine de partis autorisés, se croyant investis du pouvoir d’engager le peuple sans en avoir été mandatés. Quand on sait l’incapacité de nos leaders de s’entendre durablement et de se surpasser, il faut s’attendre à ce que la transparence électorale consacre et confirme les profonds clivages et antagonismes régionaux. Ce ne sera que partie remise, en attendant une nouvelle génération qui fera l’unité des tchadiens.

Deux visions antagonistes irréconciliables du Tchad, le politico-militaire et le politico civil risqueraient d’entraîner le peuple traumatisé et abusé du pays du troglodyte Toumaï à sa ruine définitive dans les mois à venir. Pour les uns, il est très évident que le politico-militaire n’est qu’un savant business macabre avec ses dégâts, ses victimes par milliers, sa rapacité et son anachronisme qui est au cœur du mal tchadien. Le régime du général IDI n’est pas plus diabolique que les dictatures qui l’ont précédé pour prétendre que le recours à la violence armée était la seule solution possible. A la vérification des maigres résultats voire des fiascos et rififi que ce mode de revendication sectaire a produit dans notre pays sur trois décennies, il faut avoir le courage, au niveau des élites, de confirmer à la suite de la Conférence nationale souveraine, sa prohibition définitive de l’évolution de notre pays. Les 80% des maux qui engluent le Tchad actuel sont conséquences logiques du cumul des œuvres du politico-militaire, au Nord comme au Sud : c’est la triste vérité !

Aujourd’hui plus que jamais, ceux qui ont choisi les valeurs de la démocratie et de la république (égalité des citoyens, loi unique et suffrage universel), sont placés devant leurs responsabilités avec l’application des accords dits « classiques » et « moderne » conclus dans notre pays. Plus que jamais ils auront à peser le poids des gestions irresponsables et calamiteuses successifs basées sur la force des armes et la violence politique depuis trente ans. Il leur sera difficile de tenir des postes de responsabilités vidées de leur substance, où les leviers de décision et les moyens répondent d’ailleurs, de l’informel. Au premier plan de l’accord du 13 août 2007 sont alignés les leaders appartenant à une génération qui n’a que très peu de temps pour convaincre, parce que l’existence de deux générations intermédiaires ayant déjà été hypothéquée. Cependant, il faut encourager des personnalités telles que le président Lol Mahamat Choua ou Ibni Oumar Mahamat Saleh qui sont la démonstration irréfutable que les « nordistes » ne sont pas forcément synonymes d’adeptes de la violence politique, du tribalisme dominateur ou ennemis de la démocratie pluraliste, pour briser certains clichés répandus, à cause justement de la propension à la rébellion armée dans le grand « Nord » !

Gageons que la baraka exceptionnelle et la longue expérience du général IDI permettront de concilier toutes ces contradictions évidentes, pour que l’horizon s’éclaire un peu pour les tchadiens ? Car si les politico-militaires n’ont pas été capables de s’entendre, après l’avoir chargé de tous les noms d’oiseaux, et finissent par se remettre à lui pour garantir leur place au soleil, n’est-ce pas de leur part l’aveu que sa « mission n’est pas encore terminée », en termes militaires ? Certains observateurs avertis craignent qu’un climat de cacophonie et de tensions genre ex-GUNT ne s’instaure dans le pays, par trop de contradictions en face. Si la confiance devrait revenir entre les tchadiens durablement, il faudrait que la normalité républicaine prenne le pas sur l’éternel conjoncturel. Sinon, nous reviendrons à la case départ d’ici peu, pour aller où encore ? Ya djamââh ????

Enoch DJONDANG

Le 26 juillet 2007 à Dakar au Sénégal, le président français Nicolas Sarkozy livrait à la jeunesse africaine un discours fleuve dans lequel il accusait les Africains d’avoir vendu leurs frères aux négriers européens. Ce discours, il le prononça dans le temple de Cheick Anta Diop, à un jet de pierre de l’île de Gorée (tout un symbole!) où se suicidèrent les millions d’esclaves noirs qui refusèrent d’embarquer dans les négriers français en partance pour l’Amérique. Voilà que trois mois après, le 29 octobre 2007, survient au monde un évènement qui, comme commandé par les forces de la Nature, rappelle exactement ce qui s’était réellement passé pendant l’esclavage. Cet évènement, c’est l’enlèvement de 103 enfants tchadiens, organisé par l’Ong française dénommée l’arche de Zoé, sous le faux prétexte humanitaire que ceux-ci étaient des orphelins. Pourtant, même dans le cadre des activités de l’Onu en zone de guerre, on n’a jamais vu une opération d’envergure impliquant la trappe officieuse de plus de 100 enfants en plein jour.

Le président français a officiellement critiqué l’action de l’arche de Zoé, la Secrétaire d’État aux affaires étrangères a présenté la France sous un beau jour, le ministre de la justice a évoqué l’aspect illégal de la procédure de l’Ong, mais aucun membre du gouvernement français n’a pu, au nom la France, demander les excuses officielles auprès du gouvernement tchadien, et personne n’évoquera la question des réparations aux familles tchadiennes. Ce qui a paru plutôt beaucoup plus simple et évident aux yeux du président français, c’était d’appeler le président tchadien, Idriss Déby, et de lui demander de libérer les membres de l’arche de Zoé impliqués dans l’opération.

Pourtant, la réalité est plus grave qu’elle ne parait. Car, en effet, il n’existe pas un autre terme plus parlant pour décrire les activités de l’arche de Zoé en Afrique que celui de l’«esclavage», entendu comme commerce des Noirs. Comment croire en cet humanisme qui veut qu’en 2007 de l’ère chrétienne, des négriers aéroportés soient encore à quitter la France pour aller au Tchad arracher à leurs parents des centaines d’enfants âgés de deux à cinq ans ? Les Français peuvent-ils s’imaginer un seul instant l’inverse, pour avoir une idée claire de ce que ressentent les Africains face à ce crime ? Les familles françaises dormiraient-elles si les avions tchadiens atterrissaient dans les campagnes de France et arrachaient les petits enfants français pour les vendre aux familles tchadiennes – Car, il faut le dire, l’arche de Zoé ne remet pas ces enfants gratuitement aux familles françaises – ? On a l’impression d’assister à de scènes de trappe dans la jungle, et on ne résiste plus à la question de savoir si nous sommes encore vraiment des hommes.
Nous avons désormais la preuve de ce que décrit l’historien guadeloupéen Jean-Philippe Omotunde, lorsqu’il démontre que c’est en créant les conditions de guerre civile en Afrique que la France et ses alliés européens trouvèrent le moyen de remplir leurs cargaisons d’esclaves noirs, et que ce furent les quatre cents ans que dura le crime qui permirent à l’Europe de construire sa fortune actuelle sur le dos de l’Afrique. Nous assistons donc là aux derniers gémissements d’une pratique qui n’a que trop duré et dont la France a de la peine à s’en défaire. Car, tout comme les esclavagistes du 15ème au 20ème siècle, l’arche de Zoé ne s’est pas souciée de l’état d’esprit dans lequel se retrouveront ces enfants une fois qu’ils auront pris conscience de leur vraie histoire. Et comme elle ne doit certainement pas être à son premier coup, l’arche de Zoé ne s’est pas souciée des pleurs des parents, des lamentations des femmes qui les ont mis au monde, du mal qu’elle cause à la démographie africaine, de l’illégalité qui entoure sa pratique. Ce dont elle s’est souciée, c’est encore et toujours cet orgueil qui vient de la race ; c’est encore et toujours cette appartenance à un grand pays : la France. Si l’arche de Zoé avait vraiment aimé l’Afrique et ses enfants, si son œuvre avait vraiment été humanitaire, elle n’aurait pas contribué à valider la pauvreté et les dictatures qu’ont toujours soutenues les gouvernements français en Afrique. Elle n’aurait pas exploité le contexte de pauvreté dans lequel vivaient ces enfants pour se faire de l’argent auprès des familles françaises. Non, elle n’aurait pas fait de cette pauvreté la raison d’être de ses propres pratiques esclavagistes : elle aurait lutté pour l’instauration de véritables démocraties en Afrique ; elle aurait approché les gouvernements de France et d’Europe, et leur aurait dit : « L’Afrique n’est pas pauvre. Elle a plutôt été appauvrie. Et nous sommes pour une grande part responsables de son malheur. Ayons le courage de contribuer à changer son destin. » L’arche de Zoé serait alors devenue, pour les Africains, l’arche de Noé.

La France s’est donc empressée de sommer le président Idriss Déby de libérer les neuf Français de cette opération épervier. Le président français s’est rendu personnellement au Tchad pour s’occuper de cette libération, se contentant de dire que les conditions d’un procès impartial ne seront pas réunies au Tchad. Or, ce n’est pas en France qu’elles le seront. La partialité de la justice française sera à la mesure du service que l’arche de Zoé, à travers cet enlèvement, lui aurait rendu. Examinons de plus près à quoi aurait ressemblé ce service.

Les femmes françaises et les enfants adoptés : On n’a jamais suffisamment critiqué l’action de ces Français(es) qui, au lieu de lutter auprès de leurs gouvernements pour changer le destin de l’Afrique francophone, se contentent des solutions rafistolées en adoptant les enfants de ces pays appauvris. Lorsque ces femmes et ces hommes, nombreux qu’ils étaient  dans cet aéroport parisien à attendre les 103 enfants tchadiens, privilégient les plaisirs de la vie et la profession au détriment de la maternité, ils ne rendent pas justice à l’humanité, car par leurs actes, ils soutiennent la chasse aux enfants dans les pays appauvris au nom de la satisfaction d’un certain rêve; ils font mal aux femmes d’autres pays qui ont connu les douleurs d’enfantement, au nom d’un certain droit à l’adoption. Déjà, par leur attente organisée à l’aéroport parisien, ils ont légitimé la complicité du gouvernement français et on se demande si cette complicité n’est pas liée à la nouvelle politique de l’immigration choisie.

L’Immigration choisie et l’esclavage post-moderne : Si l’esclavage du 15ème au 20ème siècle consistait à vider l’Afrique des hommes et des femmes adultes pour des besoins pratique de main d’œuvre, il se trouve qu’une telle pratique aujourd’hui est presque impossible en raison de la mondialisation et de l’augmentation du niveau d’intellectualité des peuples. Dans les démocraties occidentales, on recourt depuis un certain temps à la politique d’immigration qui consiste à attirer les intellectuels. Or, en Amérique du nord par exemple, les études ont démontré qu’il faudrait au moins deux cents ans à une population immigrante pour se sédentariser au point d’adopter les mœurs locales. Du coup, les candidats à l’immigration ayant des enfants sont les plus sollicités et les mieux traités. Ils jouissent des avantages sociaux énormes et les administrateurs ne manquent d’affirmer que l’avenir de la nation repose non sur eux, mais sur leurs enfants. La pratique de l’immigration choisie dans sa formule actuelle en France semble donc présenter des lacunes sérieuses, car l’intellectuel africain adulte qui arrive en Hexagone ne peut se laisser transformer en dix ou vingt ans. À faire de lui une marionnette de chef d’État africain ne garantit nullement la poursuite de la politique postcoloniale française.  La nouvelle génération des hommes d’États africains ne sera pas faite d’enfants de cœur. Elle sera constituée des jeunes nés après les indépendances, des jeunes qui n’ont pas connu le fouet colonial et la subordination aux ordres du « maître » blanc. Ce sera donc une génération différente de celle de Paul Biya, de Omar Bongo, de Sassou Nguesso, d’Eyadema, etc. Pour le prolongement de sa politique postcoloniale, la France ne saura certainement pas faire avec elle. Il faudra d’autres stratégies, il lui faudra des enfants qui n’auront pas connu leurs parents géniteurs, des enfants qui n’auront connu de pères et de mères que les «Blancs» et les «Blanches» de France et qui, ayant subi « la bonne éducation », pourront, d’une part, mieux intégrer les valeurs de la France  pour ne pas avoir à mettre les banlieues à feu, et, d’autre part, rentrer gouverner le pays africain pour lequel, arbitrairement ou non, ils auront, depuis le bas âge, reçu la nationalité. Ils pourront alors gouverner un pays comme le Tchad en ne rendant de compte qu’à Paris, ou encore un grand pays comme le Congo-Belge, qui regorge tant de richesses et où trône le Non-Congolais Kabila.

L’arche de Zoé nous rappelle ainsi les souffrances de nos pères et de nos mères. Elle nous rappelle les conditions dans lesquelles l’esclavage et la colonisation eurent lieu et comment ce fut possible que quatre cents millions d’Africains fussent déportés et déplacés pendant plus de quatre siècles. Voici qu’au cinquième siècle de la déportation, nous vivons la même pratique et souffrons de la même souffrance.
Mais nous espérons qu’un de ces jours, l’Afrique se libérera et cessera de considérer la France comme la malédiction qui s’abattit sur elle.

Maurice NGUEPE, Ottawa
Secrétaire exécutif de la JAC (Jeunesse Africaine du Canada)

Le grand Napoléon, empereur des Français né en Corse, devrait regretter deux aventures de toutes celles qu’il connut dans sa vie de conquérant entêté : l’aventure russe et Waterloo. En effet, rien n’avait résisté à ce stratège téméraire depuis sa jeunesse. Il a été le père du colonialisme français, appelé au départ ‘empire français’ et qui se métamorphosera jusqu’à sa forme actuelle, sournoise, cynique mais toujours cruelle appelée par les gauchisants ‘la Françafrique’. L’aventure, c’est le grand mot dont il faudrait parfois se méfier, même quand l’on se croit toujours plus malin et plus fort que les autres. Les dirigeants de ce ‘machin’ arche de zoé ont cru avoir la chance de Napoléon, en s’engouffrant dans la savane tchadienne, en plein milieu d’un conflit majeur lié justement aux velléités hégémoniques nourris sur les pauvres héritiers perdus de Toumaï le troglodyte.

Toumaï, le singe avant l’homme, c’est comme ça que les tchadiens ont toujours été considérés. Il est vrai qu’ils n’ont rien fait ou presque pour enrailler cette image dégradante qui les suit un peu partout. Ils ont battu les records des contre-performances du siècle : le taux de civisme et d’attachement patriotique le plus bas, l’obscurantisme, le divisionnisme et l’anarchisme poussé à l’avant dernier degré (le dernier étant la somalisation !), l’obstination à piller le patrimoine national par tous les moyens, notamment par les armes, nombre record de ‘groupes révolutionnaires’ jamais égalé pour presque aucun changement positif de société, etc. Pendant que le fatalisme endort les masses et la démission permanente drogue les élites, et que des pans entiers du pays de Toumaï plongent dans une situation persistante de non droit (état d’urgence répété), la lecture qu’en font des prédateurs avertis tels que les dirigeants de ‘arche de zoé’ est plus qu’opportuniste ! C’est dans ce genre de pays, pensaient-ils, où l’on peut faire de ‘bonnes affaires’ sans trop s’encombrer de principes moraux, la seule chose qui compte étant la fin qui justifie les moyens !

Quelques rappels brefs ! Éclatement de l’affaire, grâce à la vigilance d’un préfet et d’un officier de police locale. Non ! Ce ne peut être qu’une erreur administrative, rien de grave ! On prend l’avion pour venir « arracher » certains des blancos présumés à la justice tchadienne. Cette justice jugée peu fiable par les uns et par les autres, est littéralement assiégée et menacée, par qui ? Par Napoléon ! « Quoiqu’ils aient fait… » ; Il est dans l’ordre des choses que les blancos ne peuvent répondre devant des … nègros de leurs forfaits. Alors, à travers les médias, on apprend à tout un peuple ce qu’est la présomption d’innocence.

Cette gifle coloniale ne sera pas la dernière. En effet, de manière détournée, on avait rappelé au gouverneur de ce territoire Militaire d’Outre-Mer qu’il a tout intérêt à obtempérer, sinon… il n’y aura pas de ‘coups de semonce’ la prochaine fois. C’est un message assez fort, comme une alerte terroriste pour créer une ambiance folle au palais de justice de N’Djamena, où les juges sont devenus, malgré eux, des acteurs de scènes fortement médiatisés et travaillent à un rythme anormal mettant en doute le sérieux de leurs conclusions prochaines sur cette affaire.

Cela ne suffira pas : deux des personnes ‘provisoirement libérées’, mais dont on sait qu’elles ne seront plus inquiétées par une justice tchadienne humiliée, ne devraient même pas bénéficier de cette présomption d’innocence télécommandée de Paris. La ‘journaliste’ venue à titre privée pour se procurer un enfant à adopter, pouvait-elle ignorer toutes les règles en la matière, même certains aspects grossiers du montage ? Le pilote belge qui, à 75 ans ne se plaignait jusqu’ici d’aucun problème cardiaque ni oculaire pour arpenter les pistes dangereuses du Tchad, se sacrifiait-il par amour pour les enfants ou par appât du gain facile des missions difficiles généralement confiées à des mercenaires anonymes ? Il osa même insulter depuis son pays, ces tchadiens qui ne ‘sont pas capables d’élever leurs enfants’, au point de continuer à justifier son forfait ?

Le plus étonnant dans cette affaire, c’est l’importance donnée aux bandits, au détriment des enfants kidnappés dont on ne regrette qu’une chose, les euros irrécupérables versés à la nébuleuse ‘arche de zoé’ pour l’achat de ces enfants. Il s’agit bel et bien d’un trafic d’enfants planifié de sang-froid, en exploitant à la fois le drame du Darfour fortement médiatisé et les faiblesses d’un encadrement administratif et sécuritaire déficient de l’Est du Tchad. L’assurance et l’arrogance exprimées par les bandits de l’arche de zoé démontrent bien qu’ils ne sont que la partie visible d’un monstre plus grand et plus méchant que des pauvres négros tchadiens n’ont pas intérêt à vouloir défier plus longtemps avec cette affaire. En effet, si l’on refuse de considérer que les bandits de l’arche de zoé ont été pris en flagrant délit, « le sac dans la main », pour être traités comme tels, comment peut-on expliquer l’une des opérations précédentes du même genre effectuée en septembre dernier ? Comment peut-on expliquer que l’un des bandits, présent le soir du 16 septembre à Abéché dans son faux accoutrement d’humanitaire, se retrouve le lendemain débarquant dans un aéroport militaire français et passant par une gare de Paris avec une bonne bande d’enfants kidnappés au Tchad incognito ? Air France aurait-elle un accord commercial stratégique avec la flotte militaire française au Tchad pour certains transports hautement sécurisés et top secret ?

Plus l’on examine les contours de cette affaire et de ses précédents, plus il apparaît évident qu’il s’agit d’une affaire d’Etat, très compromettante pour les institutions françaises et révélatrices des pièges qui risqueraient d’enterrer des ambitions hégémoniques devenues démentielles. Nous sommes convaincus que, pour cette raison seulement, cette affaire ne sera jamais jugée au Tchad. Quelques voyous français issus des banlieues de paris, qui entreprendraient une telle opération pour les intérêts de trafiquants anonymes, n’auraient inquiétés personne en hexagone par leur séjour dans les geôles tchadiennes.

La partie française dispose d’atouts en réserve pour aboutir à son ultime objectif, à savoir la délocalisation de cette affaire au profit des tribunaux français où elle perdra rapidement son intérêt médiatique et traînera les procédures pour de longues années. L’intérêt de l’ordre public et de l’image de la France canalisera la conduite de cette affaire dans le sens souhaité. Les tchadiens, pour leur part, seront bientôt rattrapés par leur triste réalité quotidienne conflictuelle habituelle, au point que l’instinct de survie ou d’en découdre avec le frère ennemi sera plus fort que l’attache sentimentale au sort d’enfants victimes de notre propre turpitude.

Ainsi, en dehors de quelques rares opposants politiques conséquents s’étant clairement exprimé sur cette affaire, nombre de leaders politiques et d’opinion connus auraient du remord, parce qu’ils espéraient vivement que leur adversaire de toujours IDI aie été pris « le sac dans la main » dans cette affaire, ce qui les arrangerait dans leur réflexe épidermique d’opposition hystérique. Alors, l’on crie à la manipulation de la jeunesse pour les manifestations publiques de ces derniers jours. C’est dommage qu’une frange d’élite aussi ‘civilisée’, ne perçoive pas la profondeur de l’émotion suscitée par cette affaire à travers toute l’Afrique et au-delà ? Simplement parce qu’on est habitué à s’entredéchirer pour faire carrière en politique et en opinion ? Quelle honte ! L’Histoire retiendra ces lâchetés, de toutes les façons ! Car si, parallèlement aux manifestants ‘pro pouvoir’, les autres exprimaient publiquement à leur manière, pour une fois, comme les 17-18 février 1992, leur indignation et leur mécontentement, qui aurait manipulé qui ? À quelle tendance politique appartiennent les enfants kidnappés de l’Est ? La lâcheté par l’abstention coupable ne paie pas en politique, surtout dans un contexte comme le nôtre, chose malheureusement incompris par certains leaderships en dérive !

Ce qu’il faut reconnaître : le sursaut de notre magistrature n’aurait pas eu lieu si ces jeunes ‘manipulés’ n’avaient pas maintenu la pression au départ, peu importe qu’ils soient de tel camp. Personne n’a empêché aux autres de manifester publiquement, pour cette affaire seulement !

Mais comme nous sommes au Tchad, les valeurs sont inversées. Rien n’étonne ! Le coup de l’arche de zoé devrait définitivement réveiller l’âme profonde du peuple tchadien. Parce que ces enfants kidnappés sont des innocentes victimes de nos éternelles turpitudes, les anges sont venus à leur secours pour les sauver d’un autre esclavage, et que la nébuleuse qui se cache derrière ache de zoé est tombée dans ses propres filets au Tchad. Mais attention ! Les jeunes qui manifestent aujourd’hui pour tout ou pour rien, avec violence à N’Djaména, sont les produits déséquilibrés de nos défaillances cumulées : très organisés, mobiles grâce aux NTIC et aux motos, ils sont en train d’expérimenter de nouveaux procédés de révolte. Peu formés civiquement et philosophiquement, cette jeunesse du désespoir permanent est la plus terrible des rébellions en gestation. Petit à petit, elle se met en place, face à des adultes qui ne réfléchissent plus et qui ne savent plus reconnaître les signes des temps. Un jour viendra où cette jeunesse se déchaînera, hors des clivages et des sentiers battus, et contre qui ? Comprenne qui pourra…verra qui vivra !

Enoch DJONDANG

La diplomatie, cette mission de prestige et de noblesse est utilisée au Tchad par les autorités officielles pour écarter ou pousser à l’exil, soit des Hommes politiques d’envergure nationale, soit des Hauts Cadres de grande compétence. Sous le régime actuel du président Idriss Deby Itno, combien des Diplomates ont abandonné leur mission ? Pourquoi certains démissionnent-ils pour rentrer au pays et d’autres quittent leurs fonctions pour aller en exil ? Qu’est-ce qui justifie de telle réaction et quels efforts le Gouvernement et les responsables du Ministère des Affaires Etrangères ont-ils fait pour éviter de telle situation ?

La gangrène de la diplomatie tchadienne est entretenue par des personnes connues, pour leur incapacité notoire de faire évoluer les relations internationales du Tchad. Dans les années 60, des recrutements pèles mêles ont été effectués pour combler l’absence des cadres qualifiés dans l’Administration tchadienne. Dans la Diplomatie, parmi les recrus tchadiens de l’époque, certains se sont adaptés et d’autres malgré les recyclages reçus, sont restés limités.  Aujourd’hui 40 ans après, certains s’accrochent au centre des décisions, mais ils restent plus préoccupés à se pérenniser au Ministère que de préconiser des innovations crédibles tenant compte du nouveau contexte international. Pour dissimuler leur incompétence, ils œuvrent que pour écarter de leur entourage des Cadres et Fonctionnaires, diplômés des grandes Écoles et Universités internationales. Ayant encore le réflexe du parti unique et des régimes de dictature, ces politiciens fatigués et souvent étourdis dans leurs agitations, n’ont d’autres moyens que de recourir à des basses pratiques pour étiqueter leurs collègues, « d’Opposants » au régime d’Idriss Deby, qu’ils sont d’ailleurs incapables de défendre correctement sur le plan international.

Dans le Scandale de l’Arche de Zoé, quelle a été la réaction du Ministère des Affaires Étrangères ?  Ceux qui doivent défendre la Souveraineté du Tchad sont devenus des sourds-muets. Le Ministère n’a même pas de Cellule de Crise, pour réfléchir sur des questions d’urgence, ni de Porte-Parole officiel, indépendamment du Chef du Département. Bien que ce dernier assume de facto ce rôle, il s’est éclipsé dans un mutisme absolu, quitte à laisser le Président Deby s’enfoncer, se noyer et s’en pâtir seul, dans cette turbulence politico judiciaire placée sous hautes pressions diplomatiques. Pourquoi d’autres Ministères réagissent et pas les Affaires Étrangères ? La fameuse réaction indirecte, était pour détourner l’avion du Ministre Espagnole qui venait prendre le pilote impliqué dans l’Affaire de l’Arche de Zoé. Cela est-il prioritaire par rapport aux questions de fond soulevées dans la Presse internationale, relatives à la Souveraineté du Tchad, à l’Indépendance de la Justice tchadienne et au respect de nos Institutions étatiques ? Où sont nos politiciens agités du Ministère et où sont les multiples Conseillers à la Présidence ? Malgré l’agitation de certains, pourquoi se cantonnent-ils à rester des figurants ?

Dans la diplomatie tchadienne, il y’a certes des cadres qui ont fait leur preuve au niveau national comme international et acquis l’expérience et la qualification nécessaire. Au lieu de les accepter comme des collaborateurs utiles, ces agitateurs incapables les considèrent plutôt comme des nocifs concurrents à éliminer. La léthargie chronique de notre Administration diplomatique entretenue, par ces « retraités repêchés » qui se préoccupent plus de leur survie que de l’avenir du pays, entraîne la frustration des Agents au Ministère, de nos Diplomates et ternit la crédibilité du Tchad sur le plan international.

Au lieu d’étoffer les Représentations diplomatiques tchadiennes par des cadres qualifiés, expérimentés et ayant assumé des réelles fonctions politiques au Ministère, ils préfèrent plutôt des fanfarons connus pour leur tourisme de façade dans les Ministères. L’expérience ne s’acquiert pas par l’agitation politique, mais plutôt par un travail effectif étalé sur une période donnée. Tant que les Officiels tchadiens ne feront pas recours à la compétence et à la technicité, le Tchad considéré déjà comme « une République bananière », sera toujours traîné dans la boue. Et des ONG tels l’Arche de Zoé, dont les autorités officielles ne connaissent ni leur nombre exacte, ni leur Statuts, trouveront leur idéal terrain d’expérimentation. On ne construit pas un Etat crédible par l’exclusion des Hommes politiques de grande envergure, ni par des menaces politiciennes à l’encontre des cadres de valeur, reconnus même sur le plan international.

Pour les dirigeants tchadiens actuels, les critères de qualification, de compétence et d’expérience ne sont pas nécessaires. C’est pourquoi, priorité est accordée aux « griots » du régime qui applaudissent sans conviction, tout en espérant que DIEU les délivre un jour de leur enfer. C’est lorsque le pouvoir tend à se basculer, que nos politiciens de paille cherchent dans la précipitation à associer les patriotes et frères en rébellion armée. Quant aux partisans de l’Opposition dite « démocratique », ils doivent attendre en instance, l’application hypothétique des Accords signés et mis en veilleuse en espérant l’adhésion des Politico-militaires qui menacent réellement la stabilité du régime.

Quant aux Agents du Ministère, pour survivre ils doivent gratter pour satisfaire d’autres qui s’accaparent même leurs missions techniques de courte durée. Leur affectation à l’extérieur dépend des humeurs du Ministre et certains de ses amis Ambassadeurs ou des membres de son entourage, dont certains ne réfléchissent même plus. Des postes sont supprimés et crées sans évaluer au préalable leur nécessité et définir leur mission. Les Agents du Ministère sont rarement affectés mais vite rappelés. Pour les « parents et cousins », ils sont nommés aux postes de leur choix. Affectés à droite, réaffectés à gauche et la valse continue sans aucune planification, ni respect des textes en vigueur. Peut-on bâtir une diplomatie fiable par le tribalisme et les intrigues du quartier Gardolé ? Pour le Général Président, plus préoccupé par les dossiers militaires et les finances, cette Diplomatie qui ne lui donne pas satisfaction, est abandonnée à elle-même. C’est donc l’occasion pour certains de tripoter à leur guise et de s’épanouir au frais de la Princesse aux mamelles pétrolières. Comme le Tchad n’est pas un pays de suivi de dossiers, en cas de rappel à l’ordre, un Compte-rendu oral, même au Conseil des Ministres, suffit pour satisfaire chacun, car les uns et les autres en font de même.

Déçus par la gestion discriminatoire de cette diplomatie, certains Diplomates nouvellement nommés, traînent avant de rejoindre leur poste. D’autres en fonction mais excédés par cette situation d’injustice flagrante, optent pour l’exil ou la lutte armée. Quand un Diplomate entre en dissidence armée, c’est grave car les possibilités de dialogue n’existent plus. Cette situation est la conséquence logique de l’incapacité des dirigeants politiques tchadiens, mais également à cause de la gestion irresponsable des ressources humaines et financières de notre Diplomatie.

Cette analyse va irriter certains, mais elle a le mérite de présenter des situations et faits réels, souvent occultés au Ministère, mais vécues par des fonctionnaires et personnalités tchadiennes. Cela permettra de connaître l’état de santé de notre Diplomatie et de comprendre les causes qui sont à l’origine des réactions de nos Diplomates.

Hassane Mayo Abakaka

Le mystère continue de planer sur les réelles intentions de l’Arche de Zoé pour avoir choisi un pays entraîné depuis quelques décennies dans la spirale de déclin. Contre l’impuissance de la justice et contre l’impuissance d’un pays qui se défait, l’Arche de Zoé et l’Elysée ont visé une cible tout à fait indiquée pour mener une opération scabreuse et rocambolesque, chargée de culpabilité et de honte et qui ne semble nullement être une première, renfermant des victimes et des responsables.

Les victimes :                                                                                 

-          Les premières victimes sont sans nul doute les enfants enlevés à leurs parents, mis en dehors des feux de la rampe et prêts à être embarqués nuitamment pour la France. Comment comprendre que des gamins de un an fassent partie de la cargaison ? Et ceux ayant déjà en mémoire les images de leurs parents et/ou de leur entourage et qui allaient grandir, sans explication aucune, dans des milieux totalement différents des leurs ? Où en est-on avec la question biologique liée à l’immigration, je veux parler des tests foncièrement racistes d’ADN ?

-          Les secondes victimes sont les parents à qui on a extirpé les progénitures en leur faisant croire que ces dernières seront scolarisées en français et en arabe à Abéché, qu’elles suivront des cours coraniques (une carotte très alléchante dans cette région du pays). Comment expliquer la stupéfaction des parents si, une fois arrivés à Abéché, ils découvrent la vérité au cas où …, des parents pour qui il n’y a pas de bonheur sans enfant ? Ne vivront-ils pas le restant de leur vie avec la psychose d’avoir eu à faire à un rapt ? Ce mensonge est-il né d’intentions généreuses ? Rien n’est moins sûr. Le spectacle de l’amertume est déplaisant y compris pour les parents d’accueil (qui ont déboursé) dont je ne mets guère en doute la bonne foi puisque roulées dans la farine à l’instar des parents tchadiens. La peau de l’ours a été vendue sans que l’ours ne soit capturé.

-          La troisième victime est l’Etat tchadien qui perd, à son insu, une partie de ses enfants, de son avenir. Pourquoi n’avoir pas emprunté alors la voie légale si l’opération est aussi humanitaire que cela ?

Les responsables :

-          Le premier responsable est l’Arche de Zoé, une ONG française non répertoriée au Tchad et qui s’est fourrée sous les plumes d’une Association humanitaire « Children Rescue », ONG dont les intentions restent jusque-là brumeuses. Pourquoi 103 enfants tchadiens alors que le Brésil compte plus de 12 millions d’enfants abandonnés ? Est-ce pour tester le contrôle d’un territoire en proie à toutes sortes d’opérations mafieuses ? Un mépris des autres absolument épouvantable.

-          Le second responsable est l’Elysée (à distinguer des communs des mortels français) dont la politique a toujours été décriée en Afrique aussi bien par les Africains que par nombre d’Européens résidant en Afrique. L’Elysée semble condamner l’opération avec une rage qui n’a d’égale que l’embarras des Autorités françaises elles-mêmes. En effet, l’Elysée était bel et bien au courant de ce qui se tramait puisque Mme Rama Yade, la Secrétaire d’Etat française aux Affaires Etrangères et aux Droits de l’Homme a déclaré avoir tenté de dissuader l’Arche de Zoé de ne pas entreprendre l’opération en question. Et pourtant, le bras armé de l’Elysée en Afrique, l’Armée française a été mise à contribution pour le bon déroulement des choses : des travaux de rallongement de la piste d’atterrissage d’Abéché (sous le contrôle de l’Armée française) ont été entrepris pour permettre au Boeing de se poser, alors qu’il fallait tout simplement l’empêcher d’atterrir si l’Elysée était d’avis contraire ; la mission a été scrupuleusement suivie par l’Armée française à travers les villages d’où sont issus les gamins, etc. Ici au Tchad, aucune action ne peut être entreprise par l’Armée française sans l’aval de l’Elysée et de surcroît aucune tourterelle ne peut voler dans le ciel tchadien sans se faire intercepter par l’aigle royal qui plane nuit et jour au-dessus de nos têtes, l’Aviation française. Comme quoi, l’Elysée est au parfum des choses et comme pour éviter le moteur à explosion, elle s’est subrepticement rangée du côté du Tchad dès que l’action a échoué et c’est malhonnête. Il faut parfois être seul que mal accompagné. L’Elysée aurait dû rester fidèle à l’Arche de Zoé plutôt que de se livrer à un double jeu, une tactique de Sarkozy bien connue, semblable à celle qui a émaillé les élections françaises de 1995 où Sarko s’est rangé du côté de Baladur en disant qu’en cas d’échec de ce dernier, il rejoindrait Chirac parce que c’est un homme qui pardonne, et ça a réussi. La rapidité avec laquelle Sarko a voulu étouffer l’affaire (un jour non ouvrable) en dit long.

-          Enfin, le troisième, vous vous en doutez, est bel et bien le Gouvernement du Tchad qui a une part de responsabilité non négligeable. Au fait, quel type d’images véhicule-t-on à travers les médias au moment où des pays africains entre autres le Burkina, le Mali, le Sénégal, le Niger, le Maroc… soignent méticuleusement leurs images de marque et les vendent ? Ou bien Madagascar dont plus de 70% de la population vit sous le seuil de la pauvreté et qui pourtant vend des orchidées en Europe comme image de marque ? Entre-temps, le Tchad est exposé au regard d’un monde inquisiteur : les uns nous regardent avec étonnement, les autres avec mépris, et pour cause : un des pays les plus pauvres du monde, pays le plus instable d’Afrique, pays continuellement en guerre, pays le plus corrompu du monde, plaque tournante de trafic d’armes, de drogues, de véhicules cambriolés, de contrefaçon des billets de banque…, comme si nous n’avons pas les mêmes modes d’emploi pour grimper les marches du bonheur de la vie. A longueur du temps, le Tchad véhicule des images d’enfants faméliques aux yeux larmoyants, aux visages assaillis par des nuées de mouches, les os décalcifiés, déambulant dans des milieux négativement décapés, des bébés tétant des seins vidés de leurs substances et comparables aux chaussettes pour cause de famine ; des enfants et femmes essuyant quotidiennement les salves des canons et autres armes nocives, des bombardements des avions…, bref, un milieu où la survie est une lutte quotidienne et que sais-je d’autres encore ? Quelles images véhiculons-nous à travers le monde si ce n’est que celles d’un pays dont les ailes atrophiées ne sont que des vestiges inutiles pour un décollage économique. Et tout ceci dans un but émotif en vue de susciter davantage des aides de l’extérieur, les bras tendus à longueur du temps sans aucun scrupule, des aides dont on ne connaît même plus les destinations. La vie prend quelquefois sa revanche. Le problème du Tchad n’est pas seulement diététique mais il est guetté par un autre danger, la désintégration. Le Tchad est un pays désespérément pauvre mais immensément riche : pays producteur et exportateur d’or noir (le pétrole), producteur d’or, un pays disposant de l’or vert (agriculture), de l’or blanc (l’élevage et ses sous-produits tel que le lait), de l’uranium à ciel ouvert, etc. Malgré toutes ces potentialités, il demeure un enfer au paradis. Un tel décor est alléchant pour des opérations indignes de confiance comme le cas d’espèce. Le Gouvernement tchadien ne sécurise nullement les populations vivant sur le territoire national et c’est l’occasion de le redire une énième fois. Tenez : depuis les cinq dernières années, autant que je m’en souvienne, les milliards qui ont atterri au Tchad ne peuvent être comparés à ceux d’aucune période précédente. Rien qu’en 2006, le consortium pétrolier a versé 683 milliards de frs cfa à notre pays. Pour 2007, la somme est encore supérieure alors que tout à côté, la population gère quotidiennement la misère. Ce n’est pas jubilatoire que de faire du Tchad un pays producteur et exportateur de pétrole. En outre, depuis 2006, des enfants et adultes sont kidnappés dans le Mayo Dallah (principalement dans les villes de Pala, Léré, …) et restitués contre rançons ou bien de fois, purement et simplement exécutés si la rançon n’est pas versée. En février 2007, la totalité des rançons versées se chiffraient à 110 millions de frs cfa. A-t-on mis fin à ces actes de brigandage et de vandalisme une fois les kidnappeurs arrêtés ? Non. Pour stopper le potentiel de nuisance, le Gouverneur de la région a demandé une peine maximale pour ces tueurs d’enfants. Malheureusement, la réprimande ne sera pas à la hauteur de la demande puisque des complices démasqués sont de hauts administrateurs de la région même. Pour jeter de la poudre aux yeux, il a été procédé à une vaste mutation des agents de l’administration de la région. Mais l’effet d’accoutumance s’y est incrusté et les enlèvements se poursuivent. L’année dernière, un fugitif de la prison de Sarh, douanier de son état, incarcéré pour avoir abattu à bout portant un commerçant yéménite, est nommé par le Ministère des Finances Chef de bureau des douanes du BET alors que recherché par le Ministère de la Justice. Où est donc la solidarité gouvernementale dont on parle tant ? Les exemples sont légion mais l’un des plus ignobles est celui survenu à Sarh dans les années 90 et relaté dans les journaux privés où des malfaiteurs défonçant nuitamment la porte d’un magasin ont été interceptés par une patrouille de sécurité. Le lendemain, l’on a découvert, à la stupéfaction de tous, que l’un des brigands savamment enturbannés, était le sous-préfet.

En somme, quelle sécurité assure-t-on à nos populations, aux enfants dans notre pays surtout que des adolescents sont enrôlés dans l’armée ? Quelle part de budget attribue-t-on à l’éducation nationale ? A la santé publique ? A la famille et à la femme ? Le Gouvernement ne cesse de crier sur tous les toits que les revenus pétroliers sont affectés en majeure partie à la Défense nationale et à la sécurité. Et pourtant, l’opération s’est déroulée au nez et à la barbe du Chef de l’Etat qui séjournait à Abéché et, heureusement dénoncée par les accompagnateurs tchadiens de l’Arche de Zoé plutôt que par les agents de défense et de sécurité, au moment de l’embarcation des gosses. Notre administration est trop mal gérée. Depuis 1982, lorsqu’un homme arrive au pouvoir, c’est toute son ethnie qui est au pouvoir disposant de tous les droits et les autres de tous les devoirs. L’administration tchadienne est bondée d’analphabètes dont le seul profil « académique » est de savoir compter des billets de banque, au moment où des lauréats des universités, de l’ENAM et autres instituts ne savent où poser les fesses. La longue agonie des Tchadiens sera toujours une source de vie des prédateurs.

A travers le monde existent des ONG crédibles et des ONG fantaisistes. « Laissez la porte entrouverte et les mouches auront tôt fait de revenir ». Depuis la guerre du Darfour, plusieurs ONG ont atterri au Tchad et y ont trouvé chaussures à leurs pieds, certaines pour la distribution des vivres alors que le pays dispose d’ONG et Associations locales capables d’exécuter ce boulot ; la conduite de gros véhicules assurée en grande partie par des expatriés alors que le pays dispose des chauffeurs au chômage : une distorsion de concurrence. Comment donc échapper à la dépression nerveuse ou à l’hypertension artérielle dans un pays qui marche à reculons en regardant le passé ? La Direction des ONG est impuissante face à ces Organisations qui, une fois au Tchad, plantent leur drapeau où elles veulent et sans coup férir, imposent leurs lois…

Bref ! Les autorités tchadiennes doivent avoir l’optimisme de la volonté plutôt que le pessimisme de l’intelligence. Elles n’ont pas besoin de trésors d’ingéniosité pour prendre soin de leurs concitoyens car il n’y a pas de mal à se faire du bien. Et puis, loin de nous, en Afrique, il y a des populations qui, comme un seul homme, se dressent pour réclamer le droit d’avoir des droits. « Que votre liberté puisse servir la nôtre ».

Par CAMAN Bédaou Oumar

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