Goukouni Weddeye, ancien président de la République, chef du GUNT (Gouvernement d’union nationale de transition) est aujourd’hui âgé de 77 ans. Il a dirigé le Tchad de 1979 à 1982. Il a finalement été renversé en juin 1982 par nul autre que son frère ennemi Hissène Habré. De 1982 à 1990, l’ex-président a vécu en exil en Algérie. Il est un des seuls présidents à avoir écrit ses mémoires avec un titre évocateur de « Combattant, une vie pour le Tchad ». Oui Goukouni a toujours gardé en lui une âme de combattant par sa simplicité et son affabilité. Son livre publié en 2019 aux Éditions Espaces & Signes à Paris trace cette vie de grand combattant. L’ancien Président Goukouni Weddeye a regagné le pays, il y a quelques années, après 22 ans d’exil. Il est une des rares personnalité politique à jouir d’un immense respect auprès des Tchadiens.
Après la mort du Maréchal président Idriss Deby Itno et la prise du pouvoir controversée du Conseil Militaire de Transition(CMT) dirigé par le fils du défunt Marechal président Mahamat Idriss Deby Itno alias Mahamat Kaka, voilà l’ancien qui reprend service. Il est nommé président du Comité technique spécial qui œuvrera pour la participation des politico-militaires au forum du dialogue national inclusif. La désignation du président Goukouni Weddeye a réjoui tout en suscitant des grincements des dents. Pas de critique envers le vieux combattant qui a été installé à la tête de son comité de 29 membres le samedi 21 août par le président du CMT, Mahamat Idriss Deby. Ce dernier a eu des mots gentils à son endroit, « je voudrais avoir un chaleureux mot de remerciement et d’encouragement à l’endroit de Président Goukouni Weddeye, sur lequel nous avons fait un choix de l’histoire et de la sagesse pour présider cette mission éminemment importante. »
Selon le PCMT, le choix des personnalités membres de ce Comité a été fait sur la base de leur expérience, de leur dextérité et de leurs capacités à dialoguer avec toutes les tendances politico-militaires. Il rajoute que cette grande mission repose désormais sur les épaules collectivement et individuellement de ses membres. Et plus particulièrement sur celles de son président Goukouni Weddeye pour son expérience et sa sagesse. Toujours selon le PCMT, l’ex-président est une personnalité qui a vécu tous les conflits militaires qui ont émaillé le pays. Par son parcours personnel, ses débuts professionnels dans la fonction publique tchadienne, sa vie de chef de guerre, de Président de la République jusqu'à son exil en Algérie, en passant par les différents sommets de réconciliations Kano 1 et 2 , sa participation à la Conférence Nationale Souveraine (CNS) etc. C’est pour plusieurs un homme d’une grande sensibilité dans les rapports humains. Pour le jeune président de la transition, c’est la personne idéale pour piloter cette dure mission.
Dans son allocution, le PCMT affirme que la réussite de ces négociations exige l’adhésion active de la société civile, le soutien des partis politiques et l’appui des partenaires du Tchad.
Il convie à la table des négociations tous les acteurs sans exception, « aussi, le Dialogue National Inclusif (DNI) ne sera ni national et ni inclusif sans la participation de tous. C’est pourquoi les représentants de nos frères politico-militaires sont conviés à la table pour des négociations franches, fraternelles et directes pour tourner la page de la violence qui a trop longtemps endeuillé nos familles et freiné notre développement. »
Sous le regard approbateur de l’ancien président, le PCMT a annoncé, par des mots forts, une éventuelle amnistie « notre bonne foi se traduira par des actions concrètes qui seront prises en matière d’amnistie, de libération des prisonniers de guerre, de restitution des biens et de réinsertion socioprofessionnelle suivant un calendrier précis ».
Un observateur chevronné de la vie politique affirme que la mission de ce comité spécial présidé par le combattant président Goukouni Weddeye est un défi à tout point de vue. La paix définitive n’est possible qu’avec tous les politico-militaires. Et le combattant reprend du service avec sa sagesse et son expérience. Il mène, peut-être, le dernier combat de sa vie pour la paix définitive au Tchad. Lui qui se rebella contre le gouvernement de l’époque il y a plus de 40 ans.
Mahamat Kao Adoum