jeudi 28 mars 2024

Gouverneur Samba, le maraichage comme legs

Juil 11, 2021

C’est la suite de notre série sur les maraichers, les pesticides, etc. Il n’y a pas de sot métier, l’essentiel est qu’il nourrisse son homme. Dieudonné Samba est un jardinier dans l’âme. Très connu dans cette activité de maraîchage sa renommée lui a valu le surnom de Gouverneur. Qui est cet homme ? Portrait.

Né à Fort Lamy (actuel N’Djamena, capitale tchadienne) en 1971, de son vrai nom Dieudonné Samba, il est plus connu dans son milieu sous le sobriquet de gouverneur. Teint bronzé, cheveux crépus, moustaches arrondies, Samba est un jardinier dans l’âme. Son titre de gouverneur marque son ancienneté dans le maraîchage. « J’ai une cinquantaine d’années ici et mon activité principale est le maraîchage », dit-il. Dieudonné Samba est l’aîné d’une fratrie de six enfants. Marié en 1994, Samba est père de 5 enfants. « Le papa est défunt et la maman est là sous ma responsabilité. J’ai commencé cette activité depuis 1985, j’aidais encore en ce temps mon père qui est lui aussi un grand jardinier. C’est vers les années 1990 que j’ai pris mon destin d’horticulteur en main jusqu'aujourd’hui », relate le gouverneur Samba.

Selon lui, au début c’était très rentable. Il n’y avait pas assez de produits maraîchers et il faisait de bonnes affaires. Mais maintenant, plusieurs personnes ont investi le secteur. L’écoulement des produits est très lourd, note-t-il. Sa grande expérience est un atout. Il est devenu quasiment un conseiller voir un consultant pour les jeunes jardiniers. Yagnda, un jeune jardinier grandi à l’ombre de Samba témoigne : « Samba est d’abord un grand frère. On est dans le jardinage depuis plusieurs années. Ce sont nos parents qui ont d’abord occupé la place au temps des colons. Nous avons appris à leur pied le travail de maraîchage. Samba est notre aîné et c’est lui qui nous guide dans certains travaux. Lorsqu’on est confronté à des difficultés, on vient vers lui pour recevoir des conseils. » Pour le gouverneur Samba, son secret c’est le savoir-faire. J’entretiens bien mes plants et cela attire les clients. « Ce travail que je fais, personne ne m’a aidé ou encouragé. Aucune ONG ni le gouvernement. À un moment donné, certaines gens sont venus nous demander de nous organiser, mais après ils ne sont plus revenus », affirme-t-il.

Le jardinier nous rapporte que ce travail nécessite beaucoup de patience et du courage. Au moment de chaleur, il arrose deux fois matin et soir. Samba, depuis un moment, confie ses produits à sa femme qui les amène au marché. À une époque dit-il, les hôteliers se ravitaillaient en légumes chez lui. Ce n’est plus le cas présentement, les légumes sont produits partout. « Je vais chercher à nouer peut-être de contacts avec les fournisseurs des hôtels de la place pour tenter ma chance pour la livraison de mes produits ».  Il indique que dans sa vision future, il entend préparer ses enfants afin qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement avec l’école qu’on gagne sa vie. « La terre est nourricière. Mes enfants vont à l’école, mais en même temps, ils doivent apprendre à travailler la terre ».

Nos ennemis sont des insectes…mais on s’en sort

Pour l’héritier jardinier, les difficultés qu’il rencontre sont liées aux insectes qui s’attaquent à ses plants. D’après lui, une espèce d’insectes résiste même aux pesticides. Je les pulvérise avec de landrine mais ils résistent. « Ils ne viennent pas à tout temps, mais par moment en janvier et février et c’est toute une perte. Lorsqu’ils arrivent, ils s’attaquent aux bourgeons des plants pour reprendre à zéro.  Ils sont des insectes difficiles à identifier », explique-t-il. Il affirme que le problème d’eau ne se pose pas tellement. Selon lui dans le passé, il utilisait l’eau du puits creusé à une profondeur de plus de 10 mètres et c’est un peu pénible. Nous avons des fontaines actuellement et cela aide.  « Je gagne beaucoup pendant le Ramadan. S’il y a un bon achat, je gagne de centaines de mille voire un million de FCFA. Mais cette année c’était difficile. Le peu d’argent gagné, il faut s’organiser pour assurer la ration et les imprévus », affirme Samba.

Yagnda, dit que le gouverneur est sans pareil, toujours souriant et courtois. « C’est un grand frère qui collabore avec tout le monde, il est tout pour moi », rajoute-t-il. Samba estime pour sa part qu’il n’y a rien dans cette vie. Les amis, c’est important. Il faut être sympa avec tous. Faire en sorte que chacun trouve une activité pour assurer ses besoins quotidiens, c’est mon objectif et mon principe de vie, dit Samba. Il informe que les racines de céleris soignent le problème de graisse, du goûte, le problème de rein (vessie urinaire).  « Je traite mes plantes avec les pesticides appelés landrine. Mais pour fertiliser le sol, certains font usage d’engrais chimique, mais j’utilise plutôt les excréments des chèvres. Les pesticides coûtent chers ici à N’Djamena. J’achète un litre a 7500 et 10 000FCFA or à Kousserie, c’est seulement à 5000FCFA. Les semences avant coûtaient moins cher, mais maintenant c’est trop cher », mentionne-t-il. 

Dieudonné Samba, dit le gouverneur, produit de céleris, des persilles, d’oseille et bien d’autres légumes. Il demande au gouvernement et aux ONGs d’entrer en contact avec eux pour les former sur l’utilisation des pesticides ou d’autres techniques de production.

Moyalbaye Nadjasna

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